Les effets de l`altitude à Mexico

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Les effets de l`altitude à Mexico
Les effets
de l’altitude
à Mexico
Les opinions les plus fantaisistes ont été exprimées parmi le public comme dans la presse au
sujet des effets que l’altitude de Mexico (2200 m.)
aurait sur les athlètes concourant aux Jeux de
1968. II n’est pas dans nos intentions d’entamer
ici une polémique à ce sujet, mais bien d’informer nos lecteurs des constatations auxquelles
sont arrivés les médecins qui accompagnèrent
certaines des équipes participant à la Semaine
sportive de Mexico, en octobre 1965.
Voici donc les conclusions de la délégation
française, telles qu’elles ont été communiquées
au Comité d’Organisation des Jeux de Mexico:
« II ressort des différents rapports médicaux un
certain nombre de constatations:
— L’altitude est une forme de I’acclimatement
et doit se traiter comme telle. Il est impensable
d’arriver du niveau de la mer et de participer
d’emblée à des compétitions aussi dures que
celles des Jeux. Nos athlètes devront être habitués à l’altitude de 2400 m. dès la France, et ce,
au moins pendant les trois semaines précédant
leur départ. II est souhaitable, également, de
faire des stages courts et répétés en semi-montagne afin que l’organisme ait pris l’habitude de
régler son propre problème vis-à-vis de l’agression relative qu’est I’hypoxie.
— Le décalage horaire entre le Mexique et la
France est également un problème très important. Nous comptons qu’une heure de décalage
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se solde en gros par un jour de « recyclage ».
En effet, les troubles enregistrés par ce dérèglement du cycle nycthéméral (soit la succession
ordonnée et rythmée par le jour et la nuit des
périodes de veille et de sommeil — Réd.) sont
aussi graves que ceux engendrés par l’altitude
et doivent entrer en ligne de compte dans la
marche de l’entraînement.
— Tous les efforts en dessous de la minute sont
pratiquement identiques, voire légèrement supérieurs, à ceux exécutés en plaine. En revanche,
dès la minute passée, I’hypoxie entre en jeu et
I’organisme, en accentuant sa dette d’oxygène,
voit son rendement baisser.
— Les efforts brusques et répétés amènent une
fatigue qui s’installe un peu plus vite qu’en
plaine, bien que, pour les sujets déjà adaptés à
la montagne, il n’y ait pratiquement de différence
qu’aux périodes de récupération entre les efforts
qui s’allongent avec leur répétition.
— II existe pour tous une période de baisse relative de la forme bien connue sous le vocable
« crise climatique » et qui s’installe entre le
sixième et le dixième jour; nous devrons évidemment en tenir compte dans la mise sur pied
de nos programmes.
— La sécheresse de l’air et la relative pollution
atmosphérique à Mexico (phénomène malheureusement connu de toute ville moderne) repré-
RÉALITÉS
sentent à coup sûr un facteur à ne pas négliger
pour nos médecins. Aussi demandent-ils que les
locaux d’habitation et de séjour comportent au
moins des humidificateurs d’air, l’idéal étant le
climatiseur qui filtre, épure et humidifie en une
seule opération.
— Nous sommes entièrement de l’avis du médecin nutritionniste mexicain qui considère que
chanque délégation doit préserver au maximum
ses habitudes alimentaires, un changement brusque pouvant entraîner pour nos sportifs un
manque d’efficacité dans leurs efforts.
On constatera que notre mission a pu tirer de
nombreux enseignements précieux de son
voyage, que l’altitude n’est qu’un aspect particulier de la question, imoprtant certes, mais non
dangereux dans l’état actuel de nos connaissances. »