Soyons de bons anges - Eglise catholique de Martinique
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Eglise catholique de Martinique > S’informer - Se former > Diocèse de Martinique > Archevêque émérite > Edito > Soyons de bons anges Soyons de bons anges mercredi 25 septembre 2013, par Mgr Michel Méranville La fête des saints Archanges Michel, Gabriel et Raphaël rassemble toujours, dans notre île, une foule impressionnante de pèlerins au milieu desquels se distinguent les parachutistes en uniforme qui se réclament de leur saint patron Michel. A cette occasion, quelques voix dubitatives ne manquent pas de demander : "Les anges existent-ils vraiment ou ne sont-ils qu’une invention de l’Eglise ?". La Bible répond à cette question en mentionnant, déjà dans son premier livre, la Genèse (ch. 16,7), la présence de l’Ange du Seigneur aux côtés de la servante Hagar, pour la réconforter. Dans son dernier livre, l’Apocalypse (chap. 21), la Bible parle d’un ange mesurant les remparts de la Ville Sainte. Tout au long des soixante-dix autres livres qui la composent, la Bible fait état des anges qui manifestent la volonté et la présence de Dieu en de multiples circonstances. Cependant, la meilleure preuve de l’existence des anges nous est donnée par le Seigneur Jésus lui-même. Non seulement il a affirmé leur existence et leur présence aux côtés de chacun de nous, mais encore, plusieurs fois, il s’est vu proposé leur aide. Un chrétien ne peut mettre en doute l’existence des anges. Cependant, les anges ne sont pas des créatures dotées d’un corps comme le nôtre. Ils sont des êtres spirituels et, par conséquent, invisibles. S’ils sont représentés dans notre iconographie comme des humains asexués, dotés d’une paire d’ailes, c’est uniquement grâce au fruit de notre imagination. Les anges n’ont pas besoin d’attributs humains pour s’acquitter auprès des hommes de leur mission de messagers de Dieu. Ils tiennent leur nom précisément de la mission qui leur est confiée par Dieu. Angelos signifie en grec envoyé et ce mot est à l’origine du latin angelus qui a donné ange en français. Les anges sont, par définition, des messagers de Dieu. La Bible nous révèle qu’il existe une multitude d’anges et, parmi eux, une hiérarchie au sommet de laquelle se trouvent les archanges . Trois de ces archanges sont particulièrement présents dans la Bible et personnifiés : ce sont les Archanges Michel, Gabriel et Raphaël. Michel - dont le nom hébreu signifie : Qui est comme Dieu - est le prince des anges. Il livre un combat incessant au mal et remporte la victoire finale sur le Diable appelé Satan. Gabriel - qui se traduit par Force de Dieu - est le messager par excellence. Celui qui porte à Zacharie l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste et surtout celui qui vient annoncer à la Vierge Marie qu’elle a été choisie par Dieu pour être la Mère du Sauveur. Raphaël enfin - dont le nom signifie Dieu a guéri - personnifie la Providence divine qui accompagne tout homme au long de son itinéraire, comme Raphaël a été la présence tutélaire qui a protégé le jeune Tobie tout au long de sa route semée d’embuches et d’épreuves. Les anges nous accompagnent en permanence. Notre ange gardien surtout, auquel il ne nous est pas interdit de nous adresser, bien au contraire, pour lui demander conseil, intercession pour nous auprès de Dieu et protection. Les anges sont des compagnons qui nous rassurent et nous encouragent à faire la volonté de Dieu, c’est--dire à faire le bien. Ils nous proposent leur exemple, eux dont l’existence consiste à obéir à Dieu et à manifester son amour. Nous avons, nous aussi, reçu la mission d’être des messagers de Dieu. en venant dans ce monde et en donnant sa vie pour nous, le Christ a dit : Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. Le mot mission provient du verbe latin mitto, missum, mittere qui signifie envoyer. Missus , c’est-à-dire envoyé, est étymologiquement synonyme de anglos ou ange . A quelques jours de la Semaine missionnaire mondiale, nous avons besoin de redécouvrir notre vocation d’envoyés et nous devons demander à Dieu de nous donner d’être ses envoyés, porteurs de la bonne nouvelle de sa présence avec nous jusqu’à la fin des temps, témoins de sa bonté et de son amour. On n’est pas chrétien pour soi tout seul. Notre foi doit briser les tours d’ivoire dans lesquelles nous avons le mauvais réflexe de nous réfugier. Nous devons nous préoccuper des autres et de leur être solidaires. Quelques exemples, parmi de nombreux autres : A la Martinique la grève des transporteurs publics a duré plus d’un mois et n’est pas terminée, affectant les plus démunis, ceux qui ne possèdent pas de véhicules et qui ne peuvent compter que sur ces transports pour aller au travail, faire leurs courses, se déplacer. Mais comme la majorité des habitants de l’île possèdent un véhicule, on a entendu dire : "cette grève peut durer aussi longtemps que la guerre de cent ans, elle ne me dérange pas". Cet état d’esprit peut être transposé dans de nombreux domaines de la vie. Par exemple, des jeunes passent leur temps à arracher les chaînes et les boucles d’oreilles de personnes qui ne peuvent se défendre. Ils vendent le produit de leurs agressions à des bijoutiers malhonnêtes qui ne posent aucune question sur la provenance de ces vols qui affectent sérieusement l’état physique et psychique des victimes. C’est "chacun pour soi" dit-on et on ajoute parfois : débouya pas péché = débrouillardise n’est pas péché". Il faut attendre d’être personnellement concerné pour dire que cette situation ne peut durer ! Dans nos cités existent des poubelles, tout est mis en œuvre pour que la Martinique soit propre, évite les épidémies de dengue ou la leptospirose que propagent les rats. Mais c’est plus pratique de jeter ses ordures n’importe où, de se débarrasser sans frais de ses encombrants, à condition de ne pas se faire prendre. Qu’en pensent saint Michel et nos anges gardiens ? Eux qui veulent nous faire sortir de notre égoïsme pour être porteurs, comme eux, de l’amour de Dieu par notre courage, notre altruisme, notre solidarité. Pouvons-nous décemment leur demander de nous protéger, alors que nous faisons le jeu des anges mauvais qu’ils ont combattus ? Il existe, en effet, des anges de malheur à la manière de Satan, "l’accusateur de nos frères", comme l’appelle la Bible. Il y a, heureusement, des anges de bonheur et de paix : ils ont comme émules ces personnes convaincues qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir et qui donnent de leur temps et même de leur argent pour que le bien triomphe de l’indifférence, de la haine, de la violence et de toute forme d’injustice. Que les saints Archanges que nous fêtons nous encouragent à être comme eux des anges de lumière, en étant tout simplement de meilleurs disciples du Christ Jésus.