CORÉE DU SUD Demande de libération de Kang Ki-hun

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CORÉE DU SUD Demande de libération de Kang Ki-hun
AMNESTY INTERNATIONAL
ÉFAI
Index AI : ASA 25/22/93
DOCUMENT EXTERNE
Londres, juin 1993
CORÉE DU SUD
Demande de libération de
Kang Ki-hun
Amnesty International demande instamment que soit libéré Kang Ki-hun, un
militant politique âgé de vingt-sept ans, qui purge une peine de trois ans
d'emprisonnement. On lui reproche d'avoir aidé et encouragé l'un de ses
camarades à se suicider en signe de protestation. L'Organisation pense
que Kang Ki-hun est un prisonnier d'opinion, détenu du seul fait de ses
activités politiques non violentes et injustement condamné à l'issue d'un
procès inique qui n'avait pas apporté la preuve de sa culpabilité.
Kang Ki-hun travaillait pour le mouvement dissident Chonminnyon (Alliance
démocratique nationale de Corée). Il a été arrêté en juin 1991, alors que le
pays traversait une période de troubles suscités par la mort d'un étudiant
entre les mains de la police antiémeute. Lors des manifestations qui
suivirent, neuf jeunes gens se sont immolés, en signe extrême de
protestation. L'Alliance démocratique nationale de Corée était l'un des
leaders de la contestation, et beaucoup sont persuadés que l'arrestation de
Kang Ki-hun visait à restreindre les activités du mouvement et à le discréditer aux yeux de l'opinion publique. Cette interpellation, et celle d'autres
figures de proue de la dissidence, a effectivement mis un terme aux
manifestations de rue.
Kang Ki-hun a été inculpé en vertu du Code pénal pour avoir aidé et
encouragé son camarade Kim Ki-sol, qui s'est immolé lors d'une de ces
manifestations. L'accusation a affirmé que Kang Ki-hun était l'auteur d'une
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lettre trouvée près du corps et qui expliquait ce geste. Nul élément probant
n'indiquait le lieu et l'heure où il aurait rédigé ce mot, ni la manière dont il
aurait incité ou aidé Kim Ki-sol à se donner la mort. Malgré cela, en
décembre 1991, il a été déclaré coupable et condamné à trois ans
d'emprisonnement. Le jugement rendu par le tribunal s'est fondé sur une
analyse graphologique réalisée par l'Institut national de recherche
scientifique – une étude contredite par une
seconde analyse
indépendante et contestée devant le tribunal.
Il semble que les juges eux-mêmes ont douté de la culpabilité de Kang
Ki-hun et ont de ce fait négligé le principe juridique, selon lequel l'accusé
doit être acquitté si sa culpabilité ne peut être prouvée au-delà de tout
doute raisonnable. Lorsqu'il a rendu le verdict, le président du tribunal aurait
déclaré : « Nous ne sommes pas convaincus de rendre un jugement
conforme à la vérité objective et absolue. »
Il semble que l'arrestation et la condamnation de Kang Ki-hun reposaient
sur des motifs politiques. Nombreux sont ceux qui ont déclaré à Amnesty
International que les autorités accordaient une grande importance à cette
sentence, car elles n'étaient pas disposées à accepter les retentissements
politiques d'un verdict d'innocence.
En février 1993, le nouveau président Kim Young-sam entrait en fonction et
promettait que la justice « coulerait comme une rivière » dans une Corée
plus libre et plus démocratique. En février et en mai 1993, son
gouvernement annonçait deux amnisties, mais Kang Ki-hun, ainsi que
d'autres prisonniers d'opinion, ne figuraient pas parmi les bénéficiaires de
ces mesures. Amnesty International demande aujourd'hui au
gouvernement d'apporter la preuve de son engagement en faveur de la
protection des droits de l'homme, en reconnaissant l'innocence de Kang
Ki-hun et en le libérant.
Veuillez envoyer des appels au gouvernement sud-coréen pour demander
la libération immédiate et sans condition de Kang Ki-hun.
À qui adresser vos appels :
à Monsieur le Ministre de la Justice
adresse :
M. Kim Doo-hee, Minister of Justice
Ministry of Justice
1 Chungang-dong
Kwachon-myon, Shihung-gun
Kyonggi Province
République de Corée
Fax : +82 2 504 3337.
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à Monsieur le Président
adresse :
Président Kim Young-sam
The Blue House
1 Sejong-no
Chongno-gu
Séoul
République de Corée
Fax : c/o Ministry of Foreign Affairs :
+82 2 720 2686
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Vous donnerez plus de poids à votre lettre en envoyant une copie aux
représentations diplomatiques sud-coréennes de votre pays.
La version originale en langue anglaise de ce document a été éditée par Amnesty International,
Secrétariat international, 1 Easton Street, Londres WC1X 8DJ, Royaume-Uni, sous le titre South
Korea: Appeal for the release of Kang Ki-hun. Seule la version anglaise fait foi.
La version française a été traduite et diffusée aux sections francophones et au Secrétariat international par LES ÉDITIONS FRANCOPHONES D'AMNESTY INTERNATIONAL - ÉFAI - août1993.
Pour toute information complémentaire veuillez vous adresser à :
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