Face au Front national, les journaux et les sites

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Face au Front national, les journaux et les sites
Face au Front national, les journaux et les sites Internet ne présentent pas un front
uni. A la différence des stations de radio et des chaînes de télévision, contraintes
par le CSA de respecter l'égalité des temps de parole entre candidats, les supports
écrits peuvent exercer en toute liberté leurs choix éditoriaux. C’est ce qu’a fait
Mediapart en invitant dans le cadre de ses émissions spéciales quatre candidats
incarnant une alternance républicaine. Et pas Marine Le Pen (lire nos explications
ici). En représailles, celle-ci a fermé à notre journal les portes de sa convention
présidentielle qui se tient ce week-end à Lille (lire ici).
Il est assez rare que le FN balaye ainsi la liberté d’informer. Mais ce n’est pas une
première. En janvier 2011, lors du Congrès de Tours, les Le Pen décident de
bloquer l’accès à Azzedine Ahmed Chaouch, journaliste à M6, mais surtout auteur
du livre Le Testament du diable (Les éditions du Moment), qui a déplu aux
dirigeants du parti. Les hebdomadaires Rivarol et Minute n’ont pas pu couvrir le
congrès non plus : Jean-Marie Le Pen leur reprochait d’avoir trop servi Bruno
Gollnisch dans la bataille interne au parti.
Si un journaliste assiste à une scène sans y avoir été invité, il peut aussi se trouver
physiquement en danger. Lors du congrès, Mickaël Szames, journaliste de France24, a été agressé par deux hommes du service d'ordre, condamnés le 18
novembre «pour violences commises en réunion, suivies d'incapacité de travail
n'excédant pas huit jours». Les deux ont écopé d'une amende, en réparation des
préjudices moral et matériel.
Voilà donc un parti qui met tout en œuvre pour se dédiaboliser, mais nie les droits
des journalistes. Une preuve de plus, si nécessaire, qu’il ne s’agit pas d’un parti
comme un autre. Est-ce pour autant qu’il faut traiter le FN différemment ? Ne pas
l’interviewer ?
Tous les médias écrits traitent du Front national, Mediapart comme les autres (ici,
le décryptage de son programme). Par des reportages, des enquêtes. En citant les
leaders du Front national, mais en prenant soin de contextualiser leurs propos, de
garder une certaine distance. Une interview stricte, faite uniquement de
questions/réponses permet d’embarrasser un candidat, de lui poser des questions
gênantes, mais lui donne également l’occasion de développer dans la longueur ses
thèmes et ses thèses.
Interviewer le Front national a longtemps fait débat. Anne Sinclair s’y refusait à 7/7
(elle était remplacée en période électorale). Laurent Ruquier a dû s’y plier malgré
lui. Mais dans la presse écrite, c’est une problématique plus rarement posée.
Mediapart n'est pourtant pas le seul à avoir adopté cette position. Tour d’horizon
afin de mieux comprendre les enjeux du débat, en commençant par le journaliste
qui s’est vu interdire de congrès en raison d'un livre.
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Azzedine Ahmed Chaouch, M6, auteur du livre Le Testament du diable (Les
éditions du Moment) : «Ils ont eu l’impression que je leur plantais un couteau
dans le dos»
Avant le Congrès de Tours de janvier 2011, Azzedine Ahmed Chaouch avait été
accrédité. Mais à quelques jours du congrès, Alain Vizier, responsable de la
communication au FN, l'appelle pour lui dire que ça va être compliqué. «Je lui ai
répondu qu’il n’avait pas à choisir quels journalistes couvraient l’événement. J’y
suis allé. Mais mon nom était barré. J’ai insisté. Alain Vizier m’a dit:“Vous
n’entrez pas! Dehors !” »
Avant son livre, tout se passait bien. «Ils étaient très bienveillants. Voire trop. Au
déjeuner, ils me préparaient une assiette sans jambon, alors que j’avais rien dit,
rien demandé. Jean-Marie Le Pen me disait: “Je vous aime particulièrement
bien.” Il faisait quelques blagues limites, provoquait, mais ajoutait que c’était de
l’humour. Tout m’était ouvert, même la maison familiale. Jany (la femme de JeanMarie Le Pen) s’était livrée, notamment sur ses mauvaises relations avec Marine.
Pourtant, je ne cachais pas que je faisais une enquête. J’enregistrais tout. Mais
quand le livre est sorti, ils devaient s’attendre à une biographie : ils ont eu
l’impression que je leur plantais un couteau dans le dos. C’est bizarre pour un
vieux briscard.»
Les Le Pen ne portent alors pas plainte ; il n'y a pas matière. Mais ils lui barrent
l'accès au Congrès. «Quand j’ai été refoulé à Tours, l’AFP a fait une dépêche.
France Info, Le Point.fr,leparisien.fr ont réagi. Mais beaucoup de confrères étaient
indifférents. Je me suis dit que c’était très français : les journalistes ne se serrent
pas les coudes.» Pour Azzedine Ahmed Chaouch, «cette façon de refuser l’accès à
un journaliste, c’est la preuve d’un grand amateurisme. Ils se comportent comme
des enfants, ne prennent pas la mesure des règles du jeu.»
Les choses se sont ensuite calmées. «Marine Le Pen m’a réaccepté aux déjeuners
de presse tout en me disant que mon bouquin, c’était de la merde. Jean-Marie Le
Pen, lui, a refusé de me voir à la même époque. Pour cette campagne, j’aimerais
bien faire un sujet sur lui, mais du coup, je ne sais pas trop comment m’y prendre.»
Said Mahrane, Le Point : «Marine Le Pen fait tout pour être dédiabolisée. Elle
ne supporte donc pas qu’il y ait toujours un cordon sanitaire»
Said Mahrane suit le FN au Point depuis 2006. Pour lui, «la culture du blacklistage
du FN» s’exerce en cas de déception : «Avec Libéet L’Humanité, ils connaissent la
tonalité des papiers. Mais ça ne les gêne pas.» Selon lui, quand Marine Le Pen est
excédée, «c'est parce que dans le fond, elle est obsédée par la dédiabolisation. Elle
fait tout pour s’inscrire dans le débat républicain et démocratique. Elle ne supporte
pas qu’il y ait toujours un cordon sanitaire alors qu’elle fait tout pour se
démarquer de son père. Elle fait par exemple beaucoup plus de procès que son
père à tous ceux qui la caricaturent.»
En vue de cet objectif de dédiabolisation, rejeter Mediapart est pour Said Mahrane
aussi «absurde» que «contre-productif» : «Ça donne du grain à moudre à ceux qui
l’accusent d’être anti-démocratique.»
Au Point, en revanche, on ne traite pas Marine Le Pen d’une façon différente des
autres candidats. «La diabolisation du FN a été contre-productive. Autant montrer
leurs limites sur le fond, en les interrogeant sans agressivité. On verra alors que
par exemple sur l’économie, leur programme est archaïque et inadapté. Le débat
doit avoir lieu dans nos pages. On doit traiter Marine Le Pen comme on traite
Mélenchon.»
Le journaliste explique qu’en l’interviewant normalement, il parvient à lui faire dire
des choses qu’elle n’aurait pas déclarées sinon : «Je ne crois pas qu’elle aurait dit
que “les camps nazis ont été un summum de barbarie” si j’avais fait preuve
d’agressivité.»
Au tout début de son traitement du FN, Said Mahrane voyait les choses
différemment : «Mais la sociologie des militants a changé. Dans les meetings, on
voit de plus en plus de mères de famille, d’ouvriers, de gens de la diversité. C’est le
métro à 18 h. Tous ces gens ne sont pas racistes. Et quand j’ai vu comment ils
considéraient les journalistes, comme des suppôts de l’establishment parisien, j’ai
pris le parti de traiter le FN normalement. Sinon, il faut interdire le FN ou
l’empêcher de se présenter aux élections.»
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Au Monde, « on ne débat pas avec le FN »
« La position traditionnelle au Monde, c’est de couvrir l’actualité de Marine Le
Pen et du FN comme celle des autres partis, y compris par des interviews, en tant
que de besoin », explique Patrick Jarreau, à la tête du service politique du
quotidien. En revanche, on ne leur donne pas accès aux pages Débats (où passent
les tribunes), qui relèvent d’un choix éditorial. En cela, Le Monde ne débat pas
avec le FN. » Un point de vue signé Marine Le Pen a ainsi «été refusé il y a deux
ou trois mois», raconte Caroline Monnot, chef adjointe à la «Newsroom
présidentielle» et corédactrice du blog Droites extrêmes sur lemonde.fr. «Pas
question de leur donner la parole ex cathedra, sans contradiction.»
Pourquoi, s’il n’existe aucune opposition à la publication d’entretiens avec les Le
Pen, aucun n’est paru depuis le 5 avril 2007 ? «La parole de Marine Le Pen a
largement saturé l’espace médiatique depuis le congrès de Tours (en janvier 2011),
de façon très répétitive, donc on n’a pas vu l’intérêt, précise Caroline Monnot. On
a privilégié l’enquête et les décryptages. Si un jour (cas improbable) la droite
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propose une alliance au FN, là oui, une interview de Marine Le Pen nous paraîtra
apporter quelque chose.»
Sur le site internet du journal, la rédaction a tout de même tenté des«chats» entre
l’eurodéputée et les lecteurs. «Parce que c’est un exercice un peu différent de
l’interview classique, plus imprévisible, argue la journaliste. On espérait que
Marine Le Pen, pas très habituée, sortirait de ses réponses toutes
faites.» Résultat ? Caroline Monnot n’a plus de souvenir précis. Pour les derniers
mois de la présidentielle, aucune décision n’a encore été arrêtée. «Je n’exclus rien,
mais ça relèvera d’une discussion collective.»
Elle, en tout cas, ne s’est jamais vu interdire de meeting. «La décision du FN (à
l’égard de Mediapart) est anormale», tranche Patrick Jarreau.
Thierry Richard, chef du service politique à Ouest France :«Le souci de
l'équité»
A Ouest France, quotidien généraliste le plus vendu en France, Thierry Richard,
chef du service politique, explique «avoir le souci de l’équité à défaut de l’égalité».
Il explique que, sous Jean-Marie Le Pen, la question s’est longtemps posée de
savoir s’il fallait lui accorder la parole. «Mais on a décidé que pendant la période
électorale, il fallait lui accorder le même espace qu’aux autres.»Bien que «les
valeurs du journal soient à l’exact opposé du message du FN».
Le journaliste explique plus généralement que pour tout papier touchant au FN, la
vigilance et la distance sont de mise : «Si on interroge des ouvriers qui se tournent
vers le FN, on va faire attention d’interroger parallèlement des syndicats ou des
experts qui démontent la mécanique du FN.»
En revanche, le Front national a fait évoluer le journal dans la façon de titrer les
papiers : «Le tournant, ça a été la phrase de Jean-Marie Le Pen : “Les chambres à
gaz sont un détail de l’histoire de France.” On s’est dit : on ne peut pas un jour
titrer une interview comme ça. Depuis lors, on a changé notre façon de titrer les
interviews, pour le FN comme pour les autres. On évite les citations. On ne veut
pas être le tableau d’affichage du Front national.»
La décision de respecter l'équité est déclinée dans toutes les locales, par exemple
lors des cantonales. «Mais si le représentant du FN local tient des propos qui sont
incompatibles avec nos valeurs, on le prévient que cela ne figurera pas dans
l’interview. C’est arrivé plusieurs fois. Par exemple, on n’attaque pas les
personnes.» Pour Thierry Richard, exclure Mediapart «relève du scandale. Mais ce
n’est pas étonnant quand on sait ce qu’ils ont dans les gènes».
A Libération: « Depuis Serge July, on n'interviewe pas les leaders du Front
national »
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Christophe Forcari, qui suit le parti depuis plus de dix ans, explique que la règle qui
prévaut à Libération depuis des années a été instituée par Serge July (fondateur du
journal) : «On ne fait pas d'interview des leaders du FN. Pas question de donner la
parole à des représentants d'un parti politique qui ne partagent pas les valeurs
fondamentales et fondatrices de Libé et ne s'inscrivent pas tout à fait dans le champ
républicain.» Christophe Forcari explique que «face à cette règle du jeu édictée il y
a fort longtemps, le FN n'a jamais réagi de manière virulente».
Paul Quinio, directeur adjoint de la rédaction, explique que la règle ne changera pas
cette année. «Il y a eu des avis divergents dans la rédaction, c’est normal, mais on
n’invitera pas Marine Le Pen àLibération comme on invite d’autres candidats.» La
question s’est toutefois posée : «Elle n’est pas exactement comme son père. C’est
normal d’avoir des interrogations. Mais cela reste un parti dont les valeurs sont
antirépublicaines.»
Paul Quinio estime que l’exercice de l’interview est trop particulier :«On fait le
boulot sur le FN. On le suit, on l’ausculte. Si elle prend de l’importance, le
traitement en prendra aussi. Mais a priori pas sous forme d’interview. Quel titre on
choisirait pour une interview de Le Pen ?» Pour lui, Libé n’a pas vocation
à«donner la parole à une personne raciste, xénophobe, en contradiction avec les
valeurs qu’on porte. Libé n’est pas TF1, France-2, ni même Le Monde. On a notre
histoire. Après, je comprends tout à fait que d’autres journaux le fassent en
fonction de leur histoire.» Quelque chose pourrait-il faire changer la ligne ?«Peutêtre que ce sera différent dans deux ans si on se retrouve dans un scénario à
l’italienne et qu'elle fait alliance avec la droite. On se reposera alors la question.»
Au Figaro, « pas de fatwa »
Philippe Goulliaud ne se souvient pas d’un entretien avec Marine Le Pen dans ses
pages depuis qu’il dirige le service politique (2007).« Mais
personnellement, (il) n’a aucune opposition de principe. Elle est dans le débat, il
faut la traiter comme les autres candidats.» Philippe Goulliaud n’a jamais compris
les « traitements vexatoires ou punitifs » que certains collègues font subir à la
famille Le Pen, «en refusant de lui serrer la main, par exemple». La patronne du
FN a ainsi été invitée, «sans dispositif particulier»,au « Talk-Orange-Le
Figaro » (interview vidéo uniquement diffusée sur le net), en décembre dernier.
Une interview « papier » n’est pas programmée d’ici le premier tour de la
présidentielle, mais « il n’y a pas de fatwa ». Au Figaro(propriété de l’industriel
UMP Serge Dassault), le sujet – délicat – sera tranché par la direction. Comme le
glisse Philippe Goulliaud,«une partie de notre lectorat peut se retrouver dans les
idées de Marine Le Pen...». Autrement dit, se détourner de Nicolas Sarkozy.
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Interrogé sur l’attitude du FN à l’égard de Mediapart, le chef du service politique
du Figaro réagit au quart de tour : «C’est inadmissible. C’est là qu’on voit que la
dédiabolisation du parti est loin d'être aboutie.»
Sylvie Maligorne, chef du service politique à l’AFP : «S'ils interdisent un
journaliste, ce n’est même pas un parti digne de ce nom»
L’AFP n’a jamais eu de problème avec le Front national. «On est des grossistes.
On alimente toute la presse. Ils savent qu’ils ne peuvent pas se le permettre»,
explique Sylvie Maligorne. L’AFP traite le Front national comme les autres
partis : «On ne fait pas de choix éditorial. On couvre tout le monde. Mais on a les
questions qui vont avec les interviewés.»
Cette année, l’agence de presse a décidé d’interviewer tous les candidats. Marine
Le Pen comme les autres, si elle obtient les 500 signatures d’élus nécessaires pour
se présenter. Hors période électorale, l’agence fait peu d’interviews. Mais traite
beaucoup Marine Le Pen. «Les étrangers sont très demandeurs. Pour eux, c’est un
phénomène.»
La journaliste explique le rapport étrange du parti aux journalistes : « Sous JeanMarie Le Pen, je me souviens d’une époque où les journalistes étaient tous parqués
dans la salle. A un moment, Jean-Marie Le Pen nous désignait et tout le monde
nous criait dessus. C’était incroyable.» Que le FN boycotte un média lui paraît
encore plus «inacceptable, inadmissible. S'ils interdisent un journaliste, ce n’est
même pas un parti digne de ce nom. Elle ne peut pas le faire. On sera très attentifs.
C’est une campagne présidentielle. Si Marine Le Pen veut être fréquentable, il
faut au moins qu’elle accepte les journalistes.»
A Rue 89, «un coup de chaud»
Pierre Haski, cofondateur du site, l’a théorisé en janvier dernier : puisque « le FN
se nourrit de son rejet par le "système"», il faut interviewer Marine Le Pen,
candidate « qui, jusqu’à preuve du contraire, entend participer à un scrutin
parfaitement démocratique, et que les sondages créditent de près d’un cinquième
de l’électorat ». La patronne du Front a ainsi été interrogée lors d’un chat, au titre
informatif : « Marine Le Pen veut mettre au pas le Planning familial ».
Nolwenn Le Blevennec, en charge du FN à Rue 89 depuis février 2011, s’explique
mal le boycott de Mediapart par le parti d’extrême droite, mais remarque : « En ce
moment, ils sont dans un contexte où le bras de fer semble payer ; Laurent Ruquier,
par exemple, a dû finir par les inviter (sur France-2).» Elle, en tout cas, n’a«jamais
subi de pressions» des leaders du Front. «Quand ils râlent, c’est vite oublié, me
semble-t-il. Ils ne tiennent pas très longtemps.» Le seul «coup de chaud», en un an,
c’est avec la présidente du Front national de la jeunesse (FNJ), Nathalie
Pigeot :«Elle n’avait pas aimé mon portrait du nouveau porte-parole du FNJ,
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Julien Rochedy (« Philosophe propre sur lui »), et mon enquête sur David
Mascré (star des frontistes en herbe accusé de«faire mousser son CV»). Du coup,
elle m’a téléphoné : “Vous n’aurez plus jamais accès à un jeune du
FNJ !”» Nolwenn Le Blevennec l’a aussitôt «contrée» en passant un coup de fil au
chargé de communication du FN lui-même, Alain Vizier : «Je lui ai dit que si on
était boycotté, c’était une info, et qu’on en ferait quelque chose. Les relations sont
aujourd’hui cordiales.»
Au Nouvel Observateur, la «tradition» du refus en débat
«Traditionnellement, dans nos pages, on n’a jamais fait d’interview de Jean-Marie
Le Pen ni de sa fille, affirme Michel Labro, directeur de la rédaction. Mais nous
avons débattu de cette question il y a un mois.» Certains membres de la rédaction
jugent qu’un entretien combatif et instructif est possible. «A titre personnel, je ne
suis pas contre», confie Maël Thierry, en charge du FN, déjà auteur d’un entretien
avec Marine Le Pen sur le site internet en 2010 (dans un dossier sur «les extrêmes
droites en Europe»).
«A titre personnel» aussi, Michel Labro serait plutôt favorable, jugeant réussi le
tête-à-tête entre la patronne du FN et Anne-Sophie Lapix, le 15 janvier dernier sur
Canal +. Tout en sachant que«l’écrit donnerait un bonus à Marine Le Pen». Faute
de réponse de la part du directeur des publications, Laurent Joffrin (sollicité par
Mediapart mais à l’étranger), difficile de savoir si la ligne de l’Obs a une «
chance » de bouger d’ici le premier tour.
Interrogé sur le boycott de Mediapart, Michel Labro répond en tout cas : «C’est
inadmissible. La liberté de la presse suppose d’ouvrir l’accès à ses réunions
politiques. »
Olivier Beaumont, journaliste chargé du FN au Parisien : «Ni traitement de
faveur ni de défaveur»
Au Parisien, Olivier Beaumont explique interviewer Marine Le Pen «au comptegouttes» : «Elle n’est pas aux commandes, pas dans l’opposition parlementaire. En
même temps, elle représente 15 à 20 % des suffrages. C’est légitime qu’on
l’interroge. Sans traitement de faveur ni de défaveur. On fait une à deux grosses
interviews par an.» Olivier Beaumont considère également qu’«on la voit tellement
partout qu’il ne faut pas en faire trop».
Comme les principaux candidats, Marine Le Pen sera cependant invitée «Face aux
lecteurs». Olivier Beaumont précise : «Avec nous, il est arrivé qu’ils se fâchent
après des articles, mais ça reste ponctuel. Ils ne rappellent plus pendant un
moment, et puis ça ne dure jamais très longtemps.»

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