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ŒKONOMIA
Analyse du 2 août 2012
La création monétaire peutelle continuer ?
Il y a deux façons de faire monter le prix des
actions : soit leur potentiel de croissance à venir
est important et,
par anticipation, la valeur de ces
actions augmenteront ; soit on augmente la masse
monétaire, c’est-à-dire le
nombre d’euros en
circulation, et...ces nouveaux euros
fraîchement
créés vont chercher à s’investir coûte que coûte
dans les actions des sociétés, sans prendre la
moindre attention à la situation réelle et aux
perspectives réelles de ces entreprises.
Christophe Brochard
Conseil en investissements financiers agréé
Conseil en gestion de patrimoine certifié CGPC
14 rue Silbermann
67000 Strasbourg
+33 (0) 3 88 15 96 60
[email protected]
Analyse extraite du site
www.brochardfinance.fr
En effet, dans ce dernier cas, la seule certitude que la masse monétaire
continuera d’augmenter, suffit à vous donner la certitude de la hausse
ininterrompue de ces actions.
Nous sommes absolument dans la seconde situation, celle dans laquelle
ce n’est pas vraiment la solidité des entreprises et des perspectives qui
font monter les objets dans la baignoire ; mais simplement le fait que le
robinet d’eau à été ouvert avec force... En effet, les politiques
monétaires très accommodantes de la Fed, de la banque centrale du
Japon, ainsi que les 1039 milliards d’euros prêtés ces trois derniers mois
aux banques européennes ( !!!) pour leur éviter des faillites en chaînes
dès fin décembre 2011, ont créé les conditions pour qu’un torrent de
liquidités se déverse sur mes marchés du monde entier. La très forte
hausse de l’ensemble des marchés actions mondiaux ces trois derniers
mois en est la conséquence naturelle.
Nous avons également vu les taux d’emprunt des Etats européens
notamment baisser sensiblement (hors Portugal) – ce qui est une très
bonne nouvelle, et justifie les commentaires nombreux ces derniers
temps, selon lesquels la crise financière est derrière nous, et que tout
semble aller pour le mieux : de la même manière, ce n’est que la très
forte abondance de liquidités au niveau mondial depuis trois gros mois,
qui permet aux Etats en difficultés de la zone euro de trouver des
prêteurs, même à des taux en assez nette baisse.
2011 / 2012 : La troublante analogie
Nous sommes restés très prudemment exposés au risque marché
pendant cette période de très forte hausse, et continuons de conserver
notre parti pris de prudence affirmée.
En effet, nous avons déjà connu ce type de « distorsion » des marchés
au premier semestre de l’année dernière : souvenez-vous, la Fed
inondait le monde de dollars US fraîchement créés (le fameux QE2), et
cet argent s’est déversé sur l’ensemble des marchés actions, en
particulier sur ceux qui avaient le plus baissé (banques européennes en
particulier), sans considération aucune de leurs fondamentaux. Déjà au
premier semestre 2011, nous entendions les commentateurs optimistes
parler de la fin de la crise de l’eurozone, de la fin de la crise financière.
Et la valeur des banques européennes a progressé de près de 20%
pendant le seul mois de janvier 2011...
A cette époque déjà, nous ne croyions pas à ces sirènes optimistes :
nous sommes portés naturellement vers les fondamentaux...qui étaient
catastrophiques...
Or, la forte création monétaire de la Fed a pris fin le 30 juin 2011
précisément. Et, dans les semaines qui ont suivies, l’ensemble des
marchés se sont très brutalement effondrés ; les banques françaises ont
perdues près de 60% de leur valeur boursière en moins de deux
semaines (!) au courant...du mois d’août 2011 ; etc... Et finalement,
notre prudence a été plus que justifiée.
Il semble bien que l’année 2012 commence sous les mêmes auspices
que l’année 2011 : forte création monétaire (au niveau mondial cette
fois-ci, et plus seulement américaine), forte hausse des marchés actions
et vent d’optimisme généralisé...
L’Histoire se répète-t-elle ?
La grande question est la suivante : la fin de l’histoire sera-t-elle
identique à 2011 ? La baignoire est-elle pleine ? ou peut-on encore
ajouter des liquidités ?
L’Histoire ne se répète jamais : nous pouvons le tenir pour acquis. Mais
certaines époques présentent des analogies.
La plus importante de ces analogies est pour nous que, derrière une
apparente réussite du sauvetage européen (l’abandon de 50% de la
dette grecques par les banques a été réussie en mars ; le
déclenchement des CDS, moyennant une « loufoque » manipulation de
la commission de l’ISDA, a pu se faire sans conséquences ; le pacte de
rigueur budgétaire européen semble de plus en plus accepté ; et...les
taux d’emprunts des Etats baissent : que demander de plus ?), mais
derrière ces « réussites », la cohésion européenne semble en réalité de
plus en plus menacée. Comme en 2011.
A peine créées, les nouvelles obligations grecques (réduite à 50% de la
valeur initiale de la dette) ne valent plus que 20% de leur valeur (soit
10% de la valeur initialement empruntée) ; le Portugal est en
négociation d’un second plan de sauvetage, malgré son incapacité à
tenir les engagements assez irréalistes exigés en particulier par
l’Allemagne ; l’Espagne a présenté un déficit budgétaire 2011 très
nettement supérieur à ce qui avait été convenu avec le FMI et la
commission européenne en échange de son aide financière, et se trouve
officiellement dans l’incapacité d’honorer ses engagements pour 2012 ;
elle a donc négocié avec ses prêteurs un assouplissement des mesures
et des objectifs exigés (mais même ces derniers pourront-ils seulement
être tenus, alors que la zone euro confirme son entrée en recession ?) ;
l’Italie, juste après avoir adopté la « règle d’or » budgétaire européenne,
a officiellement déclarée qu’elle ne serait pas en mesure de la respecter
; puis à leurs tours, la Hongrie, l’Irlande...ont emboîtés le pas de
l’Espagne, en exigeant pour elles-aussi un assouplissement des mesures
exigées, voire menacent de ne pas rembourser certaines échéances de
prêts de la troïka (FMI, BCE, commission européenne) s’il ne leur est
accordé une remise sur leur taux d’emprunt déjà nettement inférieur à
ce qu’elles auraient pu obtenir sur les marchés (c’est le cas de
l’Irlande)... Citigroup vient d’annoncer qu’il lui semble inévitable
que...l’Espagne ait besoin d’un plan d’aide en 2012...
De l’autre coté, des grèves inédites en Allemagne témoignent du
mécontentement de la population allemande face à la rigueur salariale :
le point culminant est une grève d’avertissement nationale en Rhenanie
du Nord – Westphalie en mars 2012. Au cours de la première vague de
grève d’avertissement, 55 000 personnes avaient refusé de travailler.
Comment, dans ces conditions de mécontentement, faire accepter au
peuple allemand la facture immense du sauvetage des pays du Sud ? Un
accord « définitif » (que l’on attend depuis mai 2010...) nous est encore
une fois promis pour ces jours-ci. Nous verrons...
En outre, last but not least, des élections d’importance s’approchent
pour l’Europe. D’abord, en Grèce, tout a été fait pour annuler les
élections législatives (sic !!!) en Grèce initialement prévues au mois
d’avril. En effet, les mesures exigées de la Grèce étant particulièrement
lourdes..., il est nécessaire que soient élus les partis qui ont acceptés de
mettre en œuvre ce plan de réforme. Or, le parti communiste grec,
d’ordinaire crédité de moins de 5% d’intention de vote, est aussi le seul
à n’avoir pas signé la feuille de route exigée par la troïka. Il est
aujourd’hui crédité de près de 40% d’intention de votes. En cas de
victoire, l’ensemble des négociations entre la Grèce et le reste de
l’Europe serait simplement annulées.
Une situation analogue se présente en France : le candidat socialiste,
favori dans l’opinion, a annoncé qu’il renégocierait les accords
budgétaires européens ; et il semble que la politique proposée ne
tiennent pas compte aussi rigoureusement qu’il le faudrait des
nécessités d’assainissement budgétaire de la France. Que ne verrait-on
pas si la France, pilier de la construction européenne, venait elle-même
à ne pas respecter, et à remettre en cause officiellement, les accords si
durement obtenus (et pourtant si clairement insuffisant) ?
En résumé, la corde qui relie les pays du sud de l’Europe à ceux du nord
ressemble de plus en plus à la corde du pendu.
Mais l’abondance de liquidité injectées par les différentes banques
centrales (en particulier européenne) a permis aux marchés de raconter
une bien belle histoire.
La question est ainsi bel et bien : la création monétaire mondiale peutelle continuer ? La réponse, aujourd’hui, à cette question est des plus
difficile – c’est d’ailleurs ce qui explique la correction actuelle des
marchés, correction que nous attendions patiemment.
Aux USA, la Fed se demande si elle devra mettre en œuvre un QE3 ? Il
semble que, selon certaines rumeurs, certaines décisions seraient en
discussion pour permettre aux USA d’utiliser leurs réserves stratégiques
de pétroles en cas d’injection monétaire massive (QE3), afin d’éviter
que, comme en 2011, la spéculation sur le pétrole ne brise le peu de
croissance mondiale en cas de forte injection monétaire en USD... Des
discussions sont également en cours pour étendre ce dispositif en
Europe. Ceci pourrait être, pour nous, un vrai signal d’augmentation de
notre exposition au risque.
En Europe, des rumeurs (invérifiables mais persistantes), signalent que
l’Allemagne, ulcérée par ce prêt de 1039 milliards € par la BCE aux
banques européennes, l’Allemagne aurait « intimé l’ordre » à la BCE de
cesser ses achats d’actifs séance tenante. Il paraît dans ces conditions
difficile de penser qu’un nouveau prêt aux banques soit à l’avenir encore
possible.
Enfin, les pays émergents font face à des afflux de dollars US et d’euros
en masse, qui sont susceptibles de faire renaître certaines pressions sur
leurs devises et éventuellement inflationnistes (comme en 2011...). Pour
contrer ces effets peu souhaitables, la plupart des pays émergents ont
cessés préventivement les mesures d’accroissement des liquidités sur
les marchés et leur économie...dans l’attente des décisions de la Fed et
de la BCE.
Ainsi, beaucoup d’incertitudes pèsent sur le caractère durable ou non de
ces injections de monnaies. Nous surveillons ceci avec la plus grande
attention : face aux risques que le réel ne reprenne le dessus sur la
liquidité, nous demeurons pour l’heure particulièrement prudents au
sein de nos portefeuilles. Nous maintenons nos positions et n’avons pas
réalisé d’arbitrage depuis le début de l’année.
MANDAT SPECIAL
De même, nous n’avons pas encore investi notre mandat spécial n°1,
malgré le caractère positif de l’ensemble de nos indicateurs.
L’explication de notre prudence se trouve ci-dessus.
Par ailleurs, nous rappelons à nos clients entrerons une nouvelle sicav
(voire deux) lorsque nous investirons ce mandat : elles permettront
d’investir également sur les obligations des pays émergents, et non plus
seulement sur les actions.
En restant à votre entière disposition, et en vous remerciant de votre
confiance,
«»
Christophe Brochard
Conseil en investissements financiers agréé

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