Si ce n`est pas maintenant, c`est pour quand ?

Transcription

Si ce n`est pas maintenant, c`est pour quand ?
éco
NEGOCIATIONS CLIMAT COPENHAGUE - DECEMBRE 2009 LETTRE DES ONG
17
Décembre
Edition
Rose
Edition Francophone
ECO est publié par les Organisations non gouvernementales depuis la Conférence de Stockolm sur l’environnement en 1972. Cet exemplaire
est produit de façon collective par les groupes du Réseau Action Climat mondial présents à COP15 - MOP 5 , Copenhague, Décembre 2009
Pour recevoir ou ne plus recevoir ECO par email chaque matin lors des négociations : écrivez un message en ce sens à [email protected]
D
Si ce n’est pas maintenant,
c’est pour quand ?
epuis le lancement de ces négociations,
à Bali, une horloge symbolise notre
course contre la montre. Or, les aiguilles
indiquent bientôt minuit. Tout naturellement,
les yeux se tournent vers nos dirigeants.
Auront-ils enfin l’audace de sortir d’un
processus qui s’enlise ?
Le président Obama a semblé
mesurer l’enjeu, la semaine passée à Oslo,
lors de la remise de son prix Nobel de la
paix. « La communauté scientifique nous
dit que si nous ne faisons rien, nous devrons
affronter plus de sécheresse, de famine et
de déplacements de population. Autant
de facteurs de guerre pour les décennies
à venir. Pour cette raison, ce ne sont pas
seulement les scientifiques et les militants
associatifs qui appellent à une action rapide
et énergique - ce sont aussi les dirigeants
militaires de mon pays et d’autres qui
comprennent que notre sécurité commune
est dans la balance. » Partout dans le monde,
les dirigeants ont délivré de semblables
messages, tout en soulignant les fantastiques
opportunités offertes par la signature d’un
nouveau « green deal ».
Ce week-end, près de 100 000 personnes
ont défilé à Copenhague et dans d’autres
villes du monde. Cette manifestation sans
précédent n’avait pour seul but que de que de
réclamer la conclusion d’un véritable accord
sur le climat. Un appel relayé par tous les
Etats de la société : syndicats, entrepreneurs,
religieux, scientifiques, médecins.
Cette doléance s’oppose aux intérêts des
industries polluantes. Mais cela n’est
plus un obstacle insurmontable depuis le
changement d’administration américaine.
Les économies les plus riches doivent
NUMERO 10
maintenant s’engager et ont tout intérêt à le
faire dans un cadre global. Les pays pauvres
et vulnérables rappellent que, pour eux, la
conclusion d’un accord est une question de
survie. Or, cet accord ne pourra être signé
sans confiance ni engagement.
Ne vous méprenez pas : un
échec à Copenhague serait un grave
revers et porterait un rude coup à d’autres
négociations multilatérales sur la régulation
financière ou le commerce international.
Pendant ce temps, la crise climatique
empirera. Augmentant, du même coup le
montant de la facture et la difficulté à la
juguler. C’est maintenant ou jamais. Alors,
qu’attendons-nous ? Les dirigeants doivent
s’accorder sur trois sujets : des objectifs
de réduction d’émission compatibles avec
ceux formulés par le GIEC, un mécanisme
de financement à long terme et un cadre
juridique. Ce n’est qu’en progressant sur ces
trois thèmes que l’on établira la confiance
nécessaire pour progresser sur les autres
thématiques majeures, depuis l’adaptation
jusqu’à la maîtrise de la déforestation.
PUBLICATION CXXII
Problèmes
de Fonds
ECO est [très] [profondément] [préoccupé]
[soucieux] vis-à-vis du texte [entièrement]
et [à 100%] entre crochets sur la
gouvernance de la finance climatique et
les spécificités proposées pour le [Fonds]
[Dispositif] [Machin-truc] pour le Climat
de la CCNUCC.
Derrière la multitude de crochets du texte
des négociations, les États-Unis et leurs
alliés tentent de placer ce fonds sous
contrôle de la Banque Mondiale.
ECO soutient la position des pays en
développement, selon lesquels le fonds
devrait être contrôlé par un Conseil qui
serait sous l’autorité de la COP, et où
les pays récipiendaires devraient détenir
une majorité des sièges. Or le texte est
[silencieux] [confus] en ce qui concerne les
relations entre le Conseil et la COP.
Le texte réduit aussi le montant d’argent
nouveau qui doit alimenter le fonds en
affirmant que seule « la principale source de
financement », et non « tout le financement »,
devrait être un versement d’argent nouveau et
additionnel de la part des pays riches. Le point
décisif, qui déterminera si ce financement est
vraiment nouveau et additionnel ou non, est
de savoir si l’argent viendra oui ou non en
plus des objectifs existants pour l’ODA.
Le texte ne parvient pas à déterminer le
montant requis pour un financement à
moyen et à long terme, ni à définir une
formule fixant la part des contributions
attendues pour chacun des pays riches.
Il ignore aussi les sources innovantes
de financement public telles que la mise
aux enchères des AAUs, les mécanismes
destinés à s’attaquer aux émissions issues
de l’aviation et des transports maritimes,
ou les taxations sur les - suite page 2
GRATUIT
NEGOCIATIONS CLIMAT COPENHAGUE - DECEMBRE 2009 LETTRE DES ONG
Etats-Unis : les Etats fédérés
réduisent leurs émissions
Les Etats-Unis sont sur le point d’atteindre
des réductions d’émissions significatives
grâce à des politiques climatiques et
énergétiques menées par ses Etats fédérés.
Un rapport récent d’Environment America
estime que les politiques climatiques et
énergétiques menées par les Etats fédérés
vont permettre de réduire les émissions
américaines d’environ 536 millions de
tonnes d’équivalent CO2 par an pour 2020,
par rapport au scénario business as usual.
Ces réductions sont significatives ; elles sont
plus importantes que ce qui est actuellement
émis par tous les Etats du monde sauf huit,
et représentent environ 7% des émissions
totales américaines de 2007.
Il ne fait aucun doute que le Congrès des
Etats-Unis doit faire passer un projet de loi
général sur le climat et travailler activement
à un accord international juste, ambitieux
et contraignant pour arrêter le changement
climatique. Les études montrent que des
dizaines d’années d’action au niveau des
Etats ont permit de verser un acompte par
rapport aux réductions bien plus importantes
qui sont nécessaires pour éviter les pires
effets du réchauffement climatique.
En mettant en place des politiques climatiques
et énergétiques fortes -comme des plafonds
d’émissions, des normes pour l’électricité
renouvelable, des normes d’efficacité et
des normes pour la consommation des
automobiles- les Etats fédérés montrent que
les Etats-Unis sont prêts à répondre au défi
du changement climatique.Le gouverneur
de Californie Arnold Schwarzenegger,
un des grands défenseurs des politiques
climatiques et énergétiques menées à
des échelles infranationales, en fait la
promotion cette semaine à Copenhague.
« Le réchauffement climatique est un
problème global qui nécessite une solution
globale, et la Californie est la preuve
que les gouvernements infranationaux
peuvent y contribuer significativement »
a-t-il fait remarquer récemment.
Il a également annoncé cette semaine la
création d’un nouveau partenariat régional
entre gouvernements infranationaux pour
travailler ensemble à des actions contre le
changement climatique.
Selon le sénateur Kerry, qui s’est exprimé
hier à Copenhague, 33 des 50 Etats
américains se sont déjà volontairement
engagés dans des accords de réductions
d’émissions.
La conséquence, c’est que plus de la moitié
de l’économie américaine se prépare déjà à
l’application de mesures contraignantes de
réduction des émissions. Kerry a également
annoncé que trois régions se préparaient
à instaurer des systèmes d’échanges de
carbone.
Ce message entre en résonance avec celui
d’autres gouverneurs américains venus à
Copenhague.
Mais bien que les Etats américains n’ont pas
attendu d’action nationale ou internationale
pour agir, un accord à Copenhague reste
absolument fondamental pour assurer
la protection de notre planète et des
populations vulnérables contre la menace
du changement climatique.
Suite « Problèmes de Fonds » transactions financières, qui seront pourtant
nécessaires pour créer des sources de
financement nouveau et additionnel fiables
en quantité suffisante.
Les pays en développement ont longtemps
répété que l’organisme actuellement en
charge du mécanisme financier de la
CCNUCC – le Fonds pour l’Environnement
Mondial (FEM) – ne correspond pas à leurs
besoins. Le financement du FEM a été très
difficile à mettre en place, à cause des
exigences de co-financement, des procédés
d’application onéreux, et parce que les
pays en développement étaient obligés de
travailler au sein d’entités multilatérales
plutôt que de pouvoir directement accéder
à l’argent. (ECO croit que le financement
du Fonds Global pour le Climat devrait être
directement accessible aux gouvernements
nationaux, aux gouvernements locaux et
aux organisations de la société civile.)
De plus, la structure de gouvernance du
FEM pèse lourdement en faveur des pays
riches financeurs. La Banque Mondiale est
devenue un candidat majeur pour diriger
toute nouvelle finance climatique. Mais
l’héritage historique de la Banque, avec
l’échec de ses modèles de développement,
avec ses investissements continus dans
les énergies fossiles, et avec le fait qu’elle
doit finalement rendre des comptes à ses
financeurs (qui sont pour la plupart les
pays riches) et non à la CCNUCC, rend
cette candidature inacceptable pour de
nombreux pays en développement et pour
la majorité de la société civile.
ECO appelle les Parties à urgemment
recentrer leurs discussions sur ces points,
de manière à assurer la création d’un
mécanisme financier équitable et efficace.
UE : Le jour de la dernière chance
L’Union Européenne se doit de tirer les
négociations vers le haut. En premier lieu,
l’Union Européenne doit impérativement et
immédiatement s’engager à une réduction
des émissions de 30%. Selon l’Agence
Internationale de l’Energie, l’objectif actuel
de l’Union Européenne de 20% de réduction,
additionné aux crédits d’opportunité résultant
de la crise économique et aux compensations
internationales, « ne permettrait que
d’atteindre
un
niveau
d’émissions
domestiques en 2020 au mieux égal à
celui d’aujourd’hui ». Ce n’est clairement
pas acceptable au regard des propositions
faites par d’autres parties, des exigences
des scientifiques, du principe d’équité, et
de l’obligation pour l’Union Européenne
NUMERO 10
d’assumer enfin une position de leader.
Deuxièmement, l’Union Européenne doit
mettre les chiffres sur la table en ce qui
concerne le financement à long terme, et
enfin permettre un accord sur ce sujet. Si
l’Union Européenne ne prend pas position,
c’est toute la réputation de ses leaders qui
en sera affectée.
ECO tient à toutefois à souligner certains
événements positifs. D’abord,
l’Union
Européenne a clairement exigé que le résultat
des négociations de Copenhague permette de
rester en-dessous des 2°C d’augmentation de
la température. Deuxièmement, le ministre
suédois de l’environnement Carlgren a
annoncé que l’Union Européenne « était
préparée à réduire ses émissions de 95%
PUBLICATION CXXII
d’ici 2050 comparé aux niveaux de 1990 ».
Enfin, des propositions communes au Nord
et au Sud ont enfin émergé pour la mise en
place d’un nouveau Fonds Climat, soutenu
par des sources de financement novatrices et
automatiques. Bien que cela ne permette pas
d’atteindre les sommes nécessaires exigées
par les scientifiques pour 2020, ce petit pas se
doit d’être souligné.
REMERCIEMENTS
Le RAC-F remercie le ministère français de l’écologie
(MEEDDM) et la Fondation du Prince Albert II de Monaco pour leur soutien financier (le contenu de ce bulletin
n’engage en rien ces deux partenaires) ainsi que tous ceux
qui ont participé à la rédaction de ce numéro et l’équipe de
l’ECO anglais. ECO français est disponible sur :
www.rac-f.org
GRATUIT

Documents pareils