APPENDICE Ier - Bibliothèque municipale de Senlis

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APPENDICE Ier - Bibliothèque municipale de Senlis
APPENDICEIer
CATALOGUE
DES
SEIGNEURS DE CANNY ET VARESNES
OBSERVATIONS PRELIMINAIRES
l 1" Notre but. — Les dernières pages du précédent Catalogue
contiennent le résultat partiel de nos recherches sur François de
Barbanson, seigneur de Canny et Varesnes et bailli de Senlis de 1543 à
1567. Cette étude nous a conduit à visiter plusieurs dépôts d'archives, à
interroger de nombreux documents, recueils et ouvrages. Grâce à eux,
nous avons vu cette seigneurie de Canny déjà constituée au XIe siècle ;
sa prospérité rapide et continue s'explique par la valeur des titulaires
et leurs nobles alliances. Aux Le Flamenc succèdent les de Barbanson,
à ceux-ci les Duprat-de-Barbanson. Mais, ces trois Maisons sont unies
par le sang ou le mariage : elles apparaissent à travers les âges,
comme trois branches issues d'un même tronc huit fois séculaire.
La Révolution a détruit ou dispersé les témoins de toutes ces gloires:
notre tâche est d'en recueillir les débris épars depuis les Croisades
jusqu'à nos jours.
§ IIe Nos Sources. — Le Précis Statistique de Graves sur le canton de
Noyon, art. Varesnes, est le point de départ do notre Notice. Mais, préoccupé de l'étendue d'une œuvre embrassant tout le département,
l'auteur n'a pu dire tout ce qu'il savait; il a surtout négligé d'indiquer
ses sources. Nous suppléerons difficilement à sa concision, comme à son
silence. — L'histoire généalogique . . . des Grands Officiers par le
P. Anselme, contient un article consacré aux Le Flamenc, dont l'un fut
Maréchal de France : il nous servira de guide pendant les trois premiers siècles. — Dom Labbé a composé une Histoire de Chauny, que nous
avons consultée avec fruit: Né à Blois en 1665, prieur de N.-D.
d'Harcourt, puis chanoine de la Congrégation de France, le Père
Christophe Labbé est en 1696, professeur de théologie à Ham et prieurcuré de l'église St-Sulpice de cette ville; il y publie, en 1700, la Vie de
Vaneng, patron de Ham et de Fécamp, rééditée en 1873 par M. Hardy,
avec Notice historique et biographique ( V. Reliques de St-Vaneng par
l'abbé Corblet, dans Le Vermandois t. IIe, p. 344); prieur-curé de
St-Martin de Chauny en 1704, il y écrit l'Histoire de cette ville et de ses
dépendances; il est en 1714, prieur-curé de St-Martin de Blois, où il
meurt en 1716 : ce dernier ouvrage est resté manuscrit ; l'original est
conservé au château du Mont-Renaud ( Comine de Passel, cant. Noyon);
— 4 —
mais, il en existe diverses copies, plus ou moins défectueuses, d'après
lesquelles ont été faites les publications suivantes : 1° Dans la revue
Le Vermandois, «Les Origines, l'Etat, l'Histoire de la ville de Chauny..»
t. 1er et IVe; ces divers articles, indiques dans les tables, ont été tirés à
part, en trois fascicules, St.-Quentin 187G; « Notices sur diverses
« paroisses relevant de Chauny dans les doyennés voisins, Ham, Genlis,
« Annois, Cugny, Essigny, Flavy, Happencourt, Jussy, Lier, Mannessie,
« Moy, Rémigny, St-Simon, Caumont, Âutreville, Bichancourt, Bac« Erbleincourt, Caillouel, Crépigny, Commanchon, Caumont. » T. Ier IIe IIIe
2° Dans le Journal de Noyon, année 1883, « Dépendances de Chauny
« dans le doyenné de Noyon, Âppilly, Babœuf, Beaugies, Beaulieu-le« Comte, Berlancourt, Candor, Grisolles, Guy, Dives, Flavy-le-Meldeux,
« Fréniches, Guivry, Magny, Maucourt, Mondescourt, Noyon, Ourscamp,
« 'Pimprez, La Potière-Pesée, Quesmy, Ribécourt, Salency, Sempigny,
« Ville »; l'article consacré à Mondescourt contient une liste des
seigneurs de ce lieu et de Cauni (Canny), qui enrichit cette Maison d'un
degré et la rattache à la première Croisade. — L'inventaire sommaire
des Archives de l'Oise, rédigé avec la plus judicieuse critique par
Me Coüard-Lhuys, nous a fourni des documents scrupuleusement
analyses et datés. Mais, le fond de la seigneurie de Varesnes n'a réalisé
qu'en partie nos espérances : ses huit portefeuilles, sommairement
classés et cotés, ne renferment pas de titres antérieurs au XVe siècle;
parmi les modernes, beaucoup de pièces de comptabilité d'un intérêt
secondaire. Il en est â peu près de même pour la seigneurie de Formerie:
ses dossiers ont été explores par M. Bellou, auteur d'une monographie
dudit bourg insérée dans le t. XIIe de la Société Académique de
Beauvais. Nous devons, néanmoins, à ces deux groupes de la série E.
plusieurs documents importants: leur analyse trouvera place dans notre
texte, ou leur transcription parmi nos pièces justificatives.
— Aux Archives Nationales, nos recherches ont été particulièrement
fructueuses : grâce à la bienveillance de l'Administration qui, à chacune
de nos demandes, a répondu par des listes d'originaux à consulter. De
notre dossier, coté 24215, nous extrayons ce qui suit: — « T. 138 1 à10,
« cartons contenant les papiers de la famille Barbanson classés et inven« tories par les commissaires de la République, après confiscation contre
« l'émigré Duprat-Barbanson: T. 1381, Terre de Vitteaux et Dépendances,
« Renseignements à la propriété, Pièces de procédure, Foys et Hom« mages, Aveux, Dénombrements, Lettres missives, Notes diverses.
« T. 138 2-4, Terre de la Vatteline, laquelle est une seigneurie des Grisons
« à l'entrée de l'Italie, près du canton de Bornio. Donation de la dite
« terre par le roi François I" à l'ex-cardinal Duprat, 9 novembre 1515, etc.
« T. 138 5-7, Terres de Précy, Sépeaux et Cudot, Recueil de titres depuis
« 1193. T. 138 4-5-7 , Châtellenie de Fresne-Saint-Mammets, Renseignements
« à la propriété, Arpentages, Dénombrements, etc ; Anciens titres;
— 5—
« T. 1387-9 Terres de Canny,
Varesnes, Pontoise,
Coarcy, Mondescourt,
« etc. Renseignements à la propriété, Etats, Mémoires, Hommages,
« Baux, etc. Varesnes, Fondation de l'hôpital, Acquisitions faites dans
« ce but, Plans de la terre de Canny etc. T. 13810, Terres de Maucreux
« Faverolles, Ancienville et Dépendances, le tout compris en la Baronnie
« de Formerie, Titres de propriété, Droits d'usage des habitants, anciens
« Aveux, Pièces justificatives des droits seigneuriaux, etc. Recueil de
« titres relatifs aux terres de Clessy et Geugnon depuis 1545 etc. Terre de
« Formerie et dépendances, anciens titres concernant la Forêt-le-Duc,
« autrement dite de Saint-Léger-des Fourcherets, etc. Maison de Vendôme,
« à Paris, Titres de 1699 à 1737. Hôtel de Barbanson, rue de Babylone, à
« Paris, prisée estimative, faite le 10 février 1791. —J.J. 145, (Registres du
« Trésor des Chartes) f° 60, no 140, Remissio pro N. Lecourt, 1394. —
« Série E. Divers arrêts relatifs à la famille de Barbanson. — Série II.
« L.L. 963 bis, Gilles Le Flamenc, clerc, natif de Bapaume. Extrait du t. IIe
« du Recueil intitulé: « Tombeaux des personnes illustres, nobles, célèbres
« et autres inhumées dans les églises de Paris. » — Titres généalogiques
« de la famille de Barbanson: M. 270, Hommage d'un fief à Quierzy par
« M™" veuve de Barbanson de Cani à Mre d'Halwin, 1568 et 1573 (deux
« pièces); Dénombrement d'un fief à Morlincourt, fait en 1464 à Chris« tofle de Barbenson de Cani; Partage entre les frères Jean et François
« de Barbanson de Cani, 1501 ; Contrat de mariage de Louis de Barbanson
« de Cani et Delle Catherine de Schomberg, 16 août 1588; M. 405, Acqui« sition de partie du bois du Caisnoy par Raoul Le Flamenc de Cani, 1256.
« Accord entre Raoul Le Flamenc de Cani et l'Evêque de Noyon, au sujet
'« du fief de la Quinzaine. — X. la 1484, f° 264 v°, Arrêt du Conseil concer« nant Christophe de Brebenchon de Cani; — X. la 1485; f° 5 v° Arrêt
« du Conseil en faveur de Jehan de Barbenchon de Cani, 1469; — X. la 1489,
« Seigneurie de Varesnes; V. 7. 401, Arrêt du Conseil entre M™ Duprat
« de Barbanson de Canny et divers, 1738-1744 ; Y. 73 et 74, Registre des
« Bannières pour l'enregistrement des actes et jugements publiés au
« Châtelet de Paris: Du 1" mars 1744, Acte de substitution par François
« Duprat, comte de Barbanson, en faveur de Antoine-Louis Duprat, marquis
« de Barbanson, son fils; Testament dudit Antoine-Louis Duprat, 1 mars
« 1774; Z. I? 585, L. P. de Barbenson (branche de Sologne), maître des
« eaux et forêt de Romorantin ; P. 16., Anciens hommages de la chambre
.« des Trésoriers de France : cote VIm VIIe IIIIXX XVII, hommage de la terre
« de Cani, en Normandie, par le prince de Condé, 23 août 1558. Nota que les
« titres de la Maison de Condé ont été remis par les archives Royales en 1816
« et sont conservés au château de Chantilly. . .. Quant à Canny en
« Vermandois, il n'a rien été trouvé ni sur les origines, ni sur les transo missions de cette seigneurie. Voir néanmoins an X. 1b 9615, Adjudica« tion de la terre de Roye, Crapeaumesnil, etc. le 17 janvier 1630 », Cet
— 6 —
obligeant avis ne nous laissait aucun doute sur la nécessité d'un recours
aux archives de Chantilly. Mais, les inqualifiables décrets d'exil récemment portés contre notre illustre Président d'honneur, Monseigneur le
Duc d'Aumale, ont rendu bien difficile l'accès de ce riche dépôt. A la
demande par nous adressée à l'archiviste, il a été courtoisement répondu :
« Une partie des archives à été transportée en Angleterre, avec les
« Catalogues. Les indications restées à Chantilly ne permettent pas de
« répondre avec certitude aux questions posées. D'ailleurs, un grand
« nombre des titres restitués en 1816, ont été réclamés par les acquéreurs
« des biens vendus à diverses époques », Nous avons compris qu'il
fallait attendre des temps meilleurs; et nous dirons, dans notre Pièce
Justificative n° 1, quelles lacunes subsisteront provisoirement dans
notre récit. (1) En tout cas, les détails qui précèdent provivent que les
seigneurs de Varesnes conservaient en leur demeure, à Paris, leurs plus
précieux papiers ; en province, leurs officiers ne gardaient que les pièces
administratives. Le lot échu aux Archives de l'Etat provient, sans doute,
des saisies faites rue de Babylone; celui de Chantilly n'est qu'un démembrement de ce dernier; celui de Beauvais a été fourni par les châteaux
situés dans l'Oise; le reste doit se trouver dans d'autres départements.
A Canny comme à Varesnes, les Archives communales possèdent
quelques documents modernes ; ils seront analysés ou transcrits
dans le présent catalogue ou ses annexes. — L'Inventaire des
Sceaux de la Collection Clairambault nous a fourni sur les Le Flamenc
et les de Barbanson de nombreux numéros indiqués dans les tables. —
Nous avons aussi parcouru avec un grand profit les divers ouvrages
de M. Peigné-Delacourt, notre regretté maître et confrère. Les Cartulaires
de Morienval et de Lieu Restauré ont été préparés on publiés avec le concours
de notre Comité, qui lient des exemplaires en nombre à la disposition des
érudits. Celui d'Héronval a été édité en 1883 par le Comité Archéologique de Noyon. Le Cartulaire et l'Histoire d'Ourscamp sont souvent
cités dans les deux Appendices qui suivent : l'éloge de cette double publication, fait par tant d'érudits, nous dispense de tout commentaire.
§ IIIe Les Chefs-Lieux. — Deux modestes villages du département de
l'Oise, arrondissement de Compiègne, distant l'un de l'autre de vingt
kilomètres environ, ont donné leur nom à notre Seigneurie. La Pièce
Justificative n° 1, contient sur Canny et Varesnes, une notice, à laquelle
le Lecteur voudra bien se reporter.
§ IVe Les Fiefs sont tellement nombreux que leur nomenclature seule
exigerait plusieurs feuillets, et leur monographie un développement
supérieur à celui du Catalogue même. Les Seigneuries annexées par
des héritages ou des alliances ont trouvé, pour la plupart, leur historien.
Le récit contiendra sur ce sujet des indications sommaires.
(1) Au moment où s'impriment ces lignes, le Moniteur nous apprend que nos
vœux sont en parte exaucés: Monseigneur le Duc d'Amale est libre de rentrer en
France par l'abrogation du décret du 13 juillet 1886.
§ Ier
LES LE FLAMENC
DE CAUNI (CANNY)
1096-1437.
HERMANN DE CAUNI, est inscrit par Michaud dans son
Histoire des Croisades, sur la liste alphabétique des notables
personnages engagés dans la première Croisade (1096-1103).
Dom Labbé constate aussi que « Ermand de Cauni » est en
Terre-Sainte avec Godefroi de Bouillon. Il a pour successeurs
« en la seigneurie de Cauni » les trois Raoul-Le-Flamenc qui
suivent, ses fils, petit-fils et arrière petit-fils.
Les armes, de sable à dix losanges d'argent posés trois fois
trois et un. — Diction. Héraldique.
Ier du nom, seigneur de Canny, Varesnes,
Carrépuis, Champien, Beauvoir, etc. Il vivait en 1128, dit le
P. Anselme.
RAOUL LE FLAMENC,
NOTA. — Carempuy (al. Quarrépuits), et Champien (al. Chempieng, Cempiègne) sont deux villages du canton de Roye (Somme),
dont nous adoptons l'orthographe actuelle ; il est souvent question de
ces fiefs dans les articles suivants: Beauvoir n'est plus qu'an simple
lieudit de la commune d'Elincourt-Sainte-Marguerite, canton de Lassigny (Oise). L'existence en ce Heu du manoir des Le Flamenc est attestée
par la 929e charte du cartulaire d'Ourscamp, rapportée à l'article de
Raoul IV.
IIe, seigneur de Canny, Varesnes et
autres lieux précités — P. Anselme.
« Radulphus Flamens» est l'un des témoins nommés en 1141,
dans une charte de Raoul de Coudun confirmant le don de
moitié de la dîme de l'Eglise du dit lieu, fait par ses frères au
prieuré de Saint-Arnaud. — Cartul. dud, prieuré, par l'abbé
Gordières, p. 158.
Il est plusieurs fois cité dans le cartulaire d'Ourscamp :
« Radulfus, Cognomento Flandrensis, » approuve, de 1150 à
1158, l'aumône faite aux religieux des dîmes de Warnaviler,
qui sont tenues en fief de lui et qu'il tient de même de Guillaume
de Mello (C. 321-23); en 1159, «signurn Radulfi Flamenc»
dans un vidimus de l'Evêque de Noyon enregistrant les dons
faits à l'Eglise de Saint-Amand sur le territoire de Lacheni
(Lassigny ), — C. 340.
De sa femme, dont le nom est ignoré, il laisse: 1° Raoul,
qui suit; 2° Henri sire de Beauvoir, qui fonde une chapelle du
consentement de son frère (P. Anselme) ; 3° Pierre Le Flamenc,
seigneur de Biarre et du Plessier, dont sera question à l'article
suivant. Il est ainsi désigné dans le rôle des chevaliers de la
châtellenie de Montdidier prêtant serment au roi PhilippeAuguste : « Petrus Flanmans, homo, tenet custodiam domus
« sue de Plesseio, propter ballium uxoris sue, et debet equita« tum et exercitum ad usum Viromandensem» — De Beauvillé,
Hist. Montdidier, I, 83, 492.
RAOUL L E FLAMENC
RAOUL LE FLAMENC IIP, chevalier, seigneur de Canny,
Varesnes, Carrépuis, etc.
Le P. Anselme constate son existence en 1199, mais non en
1299, comme le porte par erreur l'édition de 1712.
En 1198, il prend à bail, du Chapitre de Noyon, les terres et
bois du Mesnil, terroir de Lassigny. Le preneur est tenu de
payer deux muids de froment livrables chaque année en la
grange du bailleur à Champien; il oblige tous ses successeurs
en la seigneurie de Carrépuis. — Arch. Oise, G. 198k ; Invent.
somm. p. 358
« Raoul Le Flamand» est inscrit, au Cartulaire de PhilippeAuguste, parmi les chevaliers bannerets de Picardie qui ont
vaillamment secondé le roi dans la bataille de Bouvines, le
27 Juillet 1214. — De Beauvillé, Hist. Montdidier, I, 95.
« Raoul Flamand, » chevalier, seigneur de Carrépuis,
confirme une donation faite en 1220 par son frère Pierre
Flamand, seigneur de Biarre ci-dessus nommé. Ladite aumône
a pour objet la construction de l'église, du presbytère et du
cimetière de Biarre. — Arch. Oise, G. 198k; Invent. Somm.
p. 340.
Au mois de Février 1227, « Radulfus cognomento Flamenc »,
confirme la vente faite aux religieux d'Ourscamp par Gautier
d'Antheuil, son homme-lige, et renonce aux dîmes qui lui sont
dues autour des loges d'Arsonval. — Cartul. Oursc. G. 556.
Raoul de Cauni, surnommé Le Flamenc, quitte le parti du
comte de Flandre et prend celui du roi de France en 1227. —
Dont Labbé, Notice Mondescourt.
Flamand, seigneur de Quesmy, ayant une contestation avec
le Chapitre de Noyon, au sujet du terrage sur un essart détriché à Lassigny. le différend est réglé par arbitres en août 1429.
— Arch. Oise, G. 1984; Invent, p. 360.
Raoul Flament, sire de Cauni, ratifie en 1230 la vente faite à
l'abbaye de St-Martin-aux-Bois par Martin de Roye, fils de
Faucon, et par sa femme, de leurs droits sur leur vigne de
Brétigny. — Arch, Oise, H. 350.
Dans le rôle du tournoi donné à Compiègne, en février 1238,
et présidé par Saint-Louis, figure sous le n° 37 « Raous
« Flammens: d'or à dix mâcles de gueule en abîme posées
« en fasce 3. 3. 3. 1., un lambel de cinq pendants brochant sur
« les premiers. » — Le Vermandois (Revue) t. 1er p. 149.
De sa femme Hodierne il eut, dit le P.Anselme, « Adam, qui
suit et Regnaud, seigneur de Magny et Varesnes, mort sans
« enfans. »
NOTA — Pour découvrir ledit Renaud dans la Maison de Magny,
nous avons fait d'assez longues recherches, qui sont réunies dans notre
Appendice IIe. Elles nous permettent d'affirmer, dès maintenant: 1° que
ce Regnaud (al. Renaud) était le gendre et non le fils de Raoul III;
2° que le second enfant du dit Raoul était une fille nommée Helvide,
mariée à notre Renaud, né Magny et devenu Varesnes par cette alliance;
3° que de cette union vinrent plusieurs enfants.
— 10 —
Dans le même temps, nous trouvons encore les homonymes, ou membres de la même famille, qui suivent : Ingelrannus de Cauni intervient à
l'une des donations faites en 1179 à l'abbaye de Fonsomme. — De Beauvillé, Docum. sur la Picardie, t. II, p. 12. — « II est question en 1200 d'un
Hugo de Canny, Noviomensis arbiter. » — De la Fons, une Cité picarde,
p. 264. — Flameng (Fleming, etc.) est le qualificatif appliqué à Rainier,
Etienne, Guillaume, etc., qui sont présents es années 1200-38, à
différents actes transcrits au Cartulaire de St-Bertin, par l'abbé Heigneré.
seigneur de Canny, Varesnes, etc.
succéda à son père (et non à son frère, comme il est écrit par
erreure dans l'Hist. des Gds Officiers, édit. 1112). Il fonde
la chapelle d'Aucourt en 1226 et accorde plusieurs usages à
Varennes. Il est père de Raoul qui suit. » — P. Anselme.
ADAM LE FLAMENC,
«
«
«
«
NOTA. — Plusieurs paroisses de l'ancien diocèse de Noyon
peuvent revendiquer cette antique fondation. 1° Maucourt, canton de
Guiscard (Magny, Oise). La monographie de ce lieu a été jadis donnée
par Dora Labbé (v. ci-dessus; Observat. Prélimin.) et récemment par
M. A. Dufour (voyez Mém. Com. Arch. Noyon, VIII, 1-10). Longtemps unie
à celle de Quesmy, cette paroisse ne devient indépendante que vers 1650.
La seigneurie de Maucourt, arrière-fief du comté de Noyon, était de la
mouvance de la Maison de Magny (v. notre appendice II). Les droits féodaux s'étendaient sur divers fiefs : Ceux du Chapitre et de Ste Godeberte,
de Noyon; ceux de la Charité et des Religieuses de la Croix, de Chauny;
celui de l'Eglise de Quesmy, etc.; et enfin, sur le fief de Bugny, le seul qui
soit lié à notre sujet. M. Dufour ne donne la liste des titulaires que depuis
Jean de Canny, qui inaugure en 1533 1e célèbre pèlerinage de St-Leu-StGillcs. (V. ci-après p, 30.) Mais, cette nomenclature ne remonte
évidemment pas à l'origine du fief: l'auteur lui-même le pressent,
lorsqu'il rattache le présent seigneur « à la famille des sires de Babœuf
« et de Varesne. » Or, si Jean de Canny laisse son héritage à des
collatéraux, il peut néanmoins avoir eu pour prédécesseurs en ce lieu,
divers membres de la Maison de Canny, ses ancêtres : l'un d'eux ne
serait-il pas notre Adam Le Flamenc qui fonde la chapelle dont il s'agit
dans ce hameau privé d'église? L'invention du pèlerinage par l'un de
ses descendants ne serait qu'une pieuse tradition de famille. D'autant
plus que le cadastre, à son tour, atteste le long séjour do cette famille
dans le pays : l'un des bois de Maucourt a conservé d'âge en âge
jusqu'à nos jours le nom de Grand-Cani. 2° Sommette-Eaucourt, canton
de Saint-Sinon (Aisne), ne furent réunies qu'en 1819 en une même
paroisse : toutes deux ont leur article dans le Dictionnaire de l'Aisne
— 11 —
par Melleville. Il n'y est fait aucune mention de notre chapelle; mais,
nous savons par M. Dufour que Jean de Canny en possédait aussi
la seigneurie au XVI* siècle. Nous avons les mêmes raisons que
ci-dessus de croire qu'il là tenait des sires de Canny ses ancêtres, et
que l'une de ces deux églises peut être l'œuvre de notre Adam Le
Flamenc. 3° Nous mentionnerons aussi pour mémoire, le Haucourt,
canton du Câtelet, dont l'église est dédiée à Saint Géry, qui est aussi
le patron de Varesnes.
RAOUL LE FLAMENC IV, chevalier, seigneur de Canny,
Varesnes. Beauvoir, Morlincourt, etc. Il épouse une dame
nommée Marie, avec laquelle il donne les usages de Varesnes,
en 1248 — P. Anselme.
Nota que Graves dit simplement « que Raoul cède à sa
« femme Marie, les redevances dues sur les usages donnés par
« Adam, son père. » — Graves, Cant. Noyon, p. 152.
Ladite Dame Marie est probablement cette « quatrième
« fille de Baudouin de Créquy, épouse de Raoul Le Flamant,
« seigneur de Cany, » dont parle le P. Anselme au chapitre
des maréchaux de France, art. CXIX. L'auteur ajoute, p. 498,
édit. 1712, que « étant vieux, il épousa Jeanne des Barres. »
Dom Labbé lui donne pour femme Clémence de Saveuse.
En avril 1256, l'official de Noyon notifie que, moyennant
300 1. p. outre les droits de lods et vente, le tout à l'instant
payé, Gobert, maieur de Lacheny ( Lassigny), a vendu et déjà
livré « domino radulfo dicto flamenc militi » la huitième
partie d'un bois dit le Kaisnoi, situé près de Canny ( quod
dicitur le Kaisnoi situm inter villam de Cauni) et qui est tenu
en fief du seigneur Evêque de Noyon. Le dit bois appartenant
au sieur Gobert, comme héritier d'Albéric son père, jadis
maieur de Lachény. A cette vente sont présents et consentent:
Marguerite, veuve d'Albéric et mère de Gobert, dont les droits
dotaux sont reportés sur un autre bois, dit Granfon, sis au dit
Lachény ; Colard, Agnès, Emmeline, frère et sœurs du vendeur.
— Arch. Nation. M. 405: charte parchin, scels absents.
« Radulfus Flamens » est désigné, dans la 812e charte du
cartulaire d'Ourscamp, comme tenant à cens une parcelle de
terre comprise dans les biens aumônes aux religieux, en 1257,
par l'héritière d'Helvide d'Amblény.
— 12 —
Le Bailli du roi confirmant, en 1266, les dons précédemment
faits à la même abbaye, nous fait connaître d'autres liens féodaux entre Ourscamp et les sires de Canny: « à Bétencourt-ès« Vaux, trois muids de blé ; à Noyon, cinq setiers et demi de
« vigne et une maison de l'aumône de Mgr. Robert Lefèvre ;
« lesquels on tient de Mgr. Raoul Flamenc et mesires Raous de
« l'Evesque et l'Evesque du roi. » — Cartul. Ourscamp, C. 53k.
Règlement pour l'exploitation des bois du Caisnoy, fait en
janvier 1261, entre « Raoul de Flamens, chevalier sire de
Varesnes,» Aubert de Hangest écuyer, sire de Genlis, Aubry
de Lachény, écuyer, et l'Evêque de Noyon, propriétaires par
indivis. — A r c h . Oise G. 580.
Le 12 avril 1217, le seigneur de Canny reconnaît avoir reçu
de l'abbaye de St-Barthélemy de Noyon, patronne de la
paroisse de Varesnes, la permission, toujours révocable, de faire
chanter la messe en l'oratoire de son château : les offrandes et
redevances appartiendront au curé dudit lieu et non au
chapelain; ce dernier ne pourra « espouser nule fame, ne
« relever au devant dict oratoire, ( c. à. d. célébrer mariages
« ni relevailles) sans le congié le presbtre de Varesnes. »
— Arch. Oise. H. 512.
NOTA. — 11 ne s'agit ici que d'un renouvellement de privilège. Cette
chapelle a été fondée ici en 1261, par Helvide de Varesnes, dame
de Magny, fille de Raoul III, ci-dessus nommée ; cette fondation sera
plus amplement expliquée dans notre Appendice IIe.
En août 1276, échange de divers biens entre le même seigneur et l'abbaye d'Ourscamp. La terre cédée par « Raous
« Flamens, chevaliers, sires de Kauni, est située entre le
« bos que on apèle le Keue Sainct Eloi et l'iaue de l'Oise et
« le crois que on dit mgr. Renaut de Magni et Parviler. »
Celle qu'il reçoit, « est séans à la Carmoie entre le liu que on
« dit Lescouvillon et mon manoir de Biauvoir. » — Cartul.
C. 929.
NOTA — Beauvoir est encore un lieudit cadastral et l'Ecouvillon
vin hameau de douze feux, en la commune d'Elincourt-Ste-Marguerite ;
la Carmoie est une ferme isolée, sise près de là, sur Cannectancourt :
— 13 —
comme Canny, ces deux communes sont de l'arrondissement de
Compiègne, canton de Lassigny ( Oise ). En outre, des fouilles naguère
faites sur le mamelon boisé de Beauvoir, ont mis à découvert des
ruines importantes: fossés, murailles, tours, entrée d'une forteresse
avec pont-levis. ( v. Graves et Coët, ouvrages cités ). La charte dont
s'agit, ne laisse donc aucun doute sur l'existence de ce manoir au XIIe
siècle, comme sur son emplacement. Nous en prenons acte et reviendrons sur ce sujet à la date de 1430, à propos des différentes prisons
de Jeanne d'Arc dans cette région.
Les enfants de Raoul IV sont : 1° Raoul V qui suit. 2° Jean
chevalier sire de Carandeau [Candor, cant. de Lassigny, Oise),
et de Chéméricon (Crémery, cant. de Roye, Somme). Béatrix
sa femme meurt en 1262, lui-même en 1265. Leur fils Pierre,
chevalier, sire des mêmes lieux, décédé en 1296 après sa femme
Aénor, défunte en 1293. Les dessins de leurs tombes, les inscriptions, les armes, parmi lesquelles celles de Canny, sont reproduits en l'Histoire d'Ourscamp, p. 76-77: ces documents modifient sensiblement le texte du P. Anselme. 3° Renaud, sire de
Campian {Champien, cant. de Roye) en 1274, mort sans enfants. Le P. Anselme n'indique pas la source de ce renseignement. Mais, le nom de Renaud est tellement l'appellation
caractéristique de la Maison de Magny-Coucy qu'il nous reporte au gendre de Raoul III, dont est question plus haut
et dans notre Appendice IIe. Le présent Renaud parait être
le fils de celui que nous citions alors, et par conséquent le parent
ou l'allié et non le fils de Raoul IV. 4° Marie, abbesse de
Genlis : elle transige en 1293 au sujet des prés d'Abbécourt
avec les chanoines de St-Quentin; elle est encore présente
en cette ville pour les affaires de son abbaye en 1298. ( V. M.
Dufour, Notice sur Villequier-Aumont, p. 46, 53 ).
NOTA. — Flamens de Mons est, en 1278, l'un des chevaliers présents au tournoi donné à Hem, hameau entre Bray et Péronne. Le
nom de ce preux doit-il être rapproché de cette autre mention du
Trouvère parlant de Noyon et de Varesnes : « Là trueve on les bons
« joustéors — Les durs, les roides et les fors. . . . ?» (P. Delacourt, Li
Rouman dou Hem, Analyse,p. 9, 24). Les Le Flamenc du Noyonnais,
et ceux du Nord, paraissent en effet être les deux branches d'une
même famille.
— 14 —
RAOUL LE FLAMENC V, chevalier seigneur de Canny,
Varesne, Babœuf, Morlincourt, etc. Maréchal de France.
Il exerçait cette charge en 1287 avec Jean II de Harcourt
comme le prouve un état de la maison du roi Phillipe le Bel.
— P. Anselme.
L'Evêque de Noyon notifie, en 1289, que la paix est rétablie entre Raoul Le Flamenc et les religieux d'Ourscamp.
Raoul prétendait avoir des droits sur la terre de Valescourt
jadis aumônée à l'Abbaye par le comte de Vermandois; mais,
devant partir pour la Terre-Sainte, il est venu repentant
à Ourscamp; il a renoncé à ses prétentions et fait de nouvelles
largesses. — (Cart. Ourscamp, c. 036 ).
Il épousa d'abord Helvide, fille d'Eustache de Conflans,
Maréchal de Champagne et d'Helvide de Thourotte; puis,
Jeanne de Chaumont, enterrée à Morfontaines en 1299. Ses
enfants furent: 1° Raoul qui suit; 2° Isabel, épouse de Raoul
de Guny, seigneur d'Esmevilly ; 3° Florence , alliée à
Gilles de Wasquehal, châtelain de Douai; 4° Marguerite, unie
à Pierre de Moy, seigneur d'Anseauvillers en Beauvoisis;
5° Jeanne Le Flamenc de Canny, femme de Thomas, sire de
Cantaing et Marcoing en 1280. — P. Anselme.
NOTA. — Dans cette nomenclature, nous avons supprimé sous
le n° 2 : « Jean, sire de Carambeau ( Candor ), enterré au cloître
« d'Orcamp en 1297, père de Mathieu, mort jeune. » Cette mention
a été insérée ici par erreur: elle donne aux deux Raoul IV et V le
même fils, mort à pareille date, enterré au même lieu. Le dit Jean
est assurément le fils du précédent seigneur, ainsi que nous l'avons
indiqué.
RAOUL LE FLAMENC VI, chevalier, seigneur de Canny,
Varesnes, Appilly, Babœuf, etc.
En avril 1301, il abandonne aux religieux d'Ourscamp les
cens qu'ils lui paient sur une masure touchant à leur maison à
Noyon. —Cartul. C. 4O
Le sire de Canny est l'un des six mille chevaliers français
qui furent tués par les Flamands révoltés dans la bataille de
Courtrai, le 14 juillet 1302. — P. Anselme.
Eléonore (al. Aliénor) de Hangest Genlis sa veuve, bâtit la
-
15
-
grosse tour de Varesnes, de 1310 à 1313. Elle acquiert la
terre de Mondescourt vendue par le seigneur de Condren;
conjointement avec Mathieu de Hangest-Hugueville son frère,
elle plaide en 1329 contre la Comtesse de Soissons et la Dame
de Barbanson pour la succession de Dame Agnès de Bruyères,
leur mère. Elle soutient en 1336, un autre procès contre
l'évêque de Noyon. — P. Anselme ; D. Labbé.
NOTA. — L'auteur de la Notice sur Villequier-Aumont déjà
citée, donne ladite dame Eléonore comme l'épouse de Raoul V, le
maréchal de France; mais les documents qui précèdent ne permettent
pas de douter qu'elle fût réellement la femme du présent seigneur.
— (Confr. Mém. Com. Arch. Noyon, VII, 20).
RAOUL L E FLAMENC VII, chevalier, seigneur de Canny,
Varennes, Babœuf, Appilly, Mondescourt, du fief de la Quinzaine de Noyon, etc.
« Li sires de Varesnes est l'un des alliez de Vermandois, de
« Beauvoisis, d'Arthoys, de Ponthieu et de Courbie, contre le
« Roy, en 1324. » Les fédérés, considérant les excès commis
par le roi défunt dans l'altération des monnaies et l'augmentation des impôts, s'engagent à n'accepter aucune charge nouvelle que si la justice en est reconnue par douze chevaliers de
chacun des pays de Bourgogne, Flandre et Picardie. — De
Beauvillé, Hist. de Montdidier, t. 1er p. 103, 508.
Messire de Cauny, est Grand-Maître de l'Hôpital de Meaux,
(D. Labbé); Souverain-Maître de l'hôtel de la reine en 1324.
— (P. Anselme).
Il plaide en 1325 contre le vidame de Chartres, son beaupère, pour raison du legs que lui a fait Jeanne de Chartres,
sa femme, fille dudit vidame. — Ibidem.
Levasseur « a remarqué dans le Livre Rouge de l'évêché de
« Noyon, une chapelle fondée au château de Varesnes, qui
« consiste en dix muids de blé de rente, quatre stiers de bois,
« maison et jardin: de la fondation de messire Raoul Flamen,
« sire de Cauny, et confirmée par Raoul Flamen, son fils, de
« l'an 1343. » —Annales. Egl. Noyon p. 998.
Mentions analogues dans D. Labbé et dans Colliette, qui
indique la date de 1352 dans ses Annales du Vermandois,
— 16 —
liv. XVI, n° 139. Un ancien inventaire des titres de l'évêché de
Noyon porte à l'article Varesnes : « 1° Une liasse de parchemin
« contenant les titres de la fondation d'une chapelle en l'église
« de Varesnes, l'an 1343. » —Arch. Oise, G. 557, cote V.
« Flament Raoul, sire de Canny; sceau rond, écu à dix
« losanges 3,3,3,1, au lambel de quatre pendants, penné,
« timbré d'un heaume de fasce à volets et cime d'une chauve« souris dans un vol. — S. RA. . . . — Quittance de vins pour
« la garnison de St-Quentin, 6 septembre 1338. — Invent.
« sceaux, Collect. Clairambault, n° 3631.
En 1344 « Flamens, sire de Cauny » donna sa fille Jeanne
de Canni, déjà veuve de Jean de Préaux, en mariage à Philippe
de Coucy, vicomte de Meaux, e t c : « Comme l'enseignent
« des Lettres de 1344 à 1347. . . . gardées aux archives du
« chasteau de Varennes. » Les deux époux étant morts avant
1350, leurs deux filles mineures demeurèrent au bail et gouvernement de Jean de Coucy, seigneur d'Havrincourt, cousin
des défunts. Aliénor l'aînée devint la femme de Michel de
de Ligne et mourut vers la fin de l'année 1371, sans enfants.
Jeanne, la puînée, fut mariée à Jean de Châtillon ; le contrat
fut signé à Paris, le 12 mars 1360, entre « Flamens sire de
Canny, chevalier. » aïeul maternel de la future, d'une part . ..
etc. — Du Chesne, Mais. Coucy, p. 289, 450.
Raoul Le Flament est cité en 1339 parmi les seigneurs de
Quincy-sous-le-Mont. — Melleville, Diction. Hist. Aisne.
Le 28 novembre 1356, « Lettres du roy touchant l'accord
« faict entre l'Evêque de Noion et messire Raoul Flament sur
« les trois cas réservez en la Quinzaine : Rémission de la
« chasse en Louvetain; Arbres près le Croix messire Raoul
« Flameng; Droictz et Destroictz de justice, etc. »— Arch.
Nation. M. 405. — v. texte, Pièce Justifîcat., n° 2.
NOTA. — L'une des parties contractantes est Gilles de Lorris
évêque, comte de Noyon, Pair du royaume ( 1351-88 ). Prisonnier des
Navarrais, dans la déroute de Mauconseil ; il est encore captif en 1362;
on le trouve présent aux sacres des rois Charles V et VI (1364, 1380).
Quant au fief de la Quinzaine dont le nom sera souvent prononcé
dans la suite, nous indiquerons brièvement son origine.
— 17 —
Le pouvoir temporel de l'évêque provenait de son titre de comte,
sans que l'on sache précisément en quel temps fut institué ce comté,
quels en furent les premiers titulaires, à quelle époque il passa dans la
main des évêques avec la pairie. Les dates de 915, 987, 1160, 1213, sont
proposées, avec preuves à l'appui, par D. Germain, Colliette, Graves,
de la Forte-Maison et Lalanne. En tout cas, dès le XIIIe siècle le pouvoir
temporel des Evêques-Comtes ne rencontre plus qu'un seul obstacle
dans leur chef-lieu même. La Châtellenie, qui consistait à l'origine
en la garde de la forteresse, est devenue, dans la Maison de Thourotte,
une juridiction rivale de celle du Prélat. En 1293, Gauthier IIe, châtelain
de Noyon et Thourotte, négocie la cession de sa châtellenie au roi
Philippe le Bel. L'évêque Guy-des-Prés obtient du Souverain de lui
en laisser faire l'acquisition, pour lui-même, moyennant sept mille
livres parisis. A cet effet, il vend au Chapitre de Noyon une rente
annuelle de 80 muids de blé, ainsi que la forêt de l'Aigue. Moyennant
ce prix, Gauthier abandonne tous ses droits de justice et autres, tant
en la ville qu'en la banlieue, hormis ceux dont le présent texte nous
donne l'intéressante définition: de ceux-là, il fait expresse réserve
pour lui, ses héritiers et successeurs. Ces différents droits constituèrent
le fief dit de la Quinzaine, parce que le plus important de ses privilèges
consistait dans la juridiction sur la foire annuelle ouverte à Noyon
le 24 juin, fête de St-Jean-Baptiste, et durait quinze jours. A la garde
et gestion de ce fief étaient attachés : un bailli, un procureur fiscal,
un greffier, quatre commissaires, deux huissiers. La Maison de Thourotte s'étant fondue dans celle de Le Flamenc de Canny et celle-ci dans
les Du Prat-Barbanson, ces derniers se maintinrent en possession et
saisine jusqu'à la Révolution. Cette partielle emprise sur leur omnipotence n'empêche pas les Prélats de s'entourer de tout l'appareil
de la souveraineté féodale. Un gouverneur est institué pour remplir
les fonctions de châtelain. Le Bailliage, démembré de l'ancien GrandBailliage du Vermandois, comprend dans son ressort 83 paroisses
ou villages, dont Graves donne la nomenclature et de la Forte-Maison
la carte ; la prévôté royale de Noyon y ressortit ; les appellations sont
portées nûement au parlement de Paris. De nombreux offices sont
créés près de la Comté-Pairie à titre de fiefs : l'Ecuyer, le Monétaire,
l'Echanson, le Maître-d'hôtel, etc.; ces dignités sont recherchées par
les familles nobles du ressort; les sires de Canny-Varesnes occupent
l'un des premiers rangs parmi ces fieffés ou barons de l'Evéché. —
Graves, de la Forte-Maison, etc.
Messire de Canny prend part aux combats livrés dans la
Picardie par les troupes du roi contre les Jacques et les AngloIII
2
— 18 —
Navarraîs, es années 1357 et 1358. Il est accompagné par ses
fils Raoul, Jean et Aubert. Le premier est venu avec trois
chevaliers et dix-neuf écuyers. L'armée royale éprouve un
grave échec devant la forteresse de Mauconseil près Noyon.
Parmi les nombreux prisonniers, l'Evêque de Noyon déjà cité,
et le sire de Canny avec ses trois fils; leur rançon coûta dix
moutons d'or. — P. Anselme, — Froissart. — Hist. Ourscamp,
p. 249 et seq. — Graves, Gant. Ribécourt,
En secondes noces, le sire de Canny avait épousé Yolande
d'Enghien avec laquelle il est enterré à Ourscamp. « Dans le
« cloitre de l'Orient, vis-à-vis la porte de l'ancienne biblio« thèque, est placée une grande tombe bien façonnée, sur
« laquelles est tiré le gentilhomme dont elle couvre les cendres,
« avec son nom et sa qualité qui se lisent avec peine : Cy gist
« Raoul fils de Flament seigneur de Cauni, qui trespassa lan
« de grasce M.CCC.LX. — Nos archives lui donnent le titre
« de chevalier et il paraît honorablement dans le rang des
« bienfaiteurs. Sa dévotion lui donna la pensée de se faire
« enterrer auprès de ses ancêtres qui sont proches sa tombe,
« où se reconnaît encore l'écusson de Canny. » — Histoire
Ourscamp p. 81, texte et gravure.
Quatre de ses enfants nous sont déjà connus: Raoul est
l'objet de l'article suivant; Jean seigneur de Varesnes, mourut
sans enfants d'Isabelle de Walincourt; Aubert fut chanoine de
Reims, Arras, Soissons et coustre de St-Quentin; Jeanne fut
mariée comme il a été dit. Les autres sont : Vautier, seigneur
de Mondescourt et Brancourt, marié à Jeanne de Bantelu ;
Eléonore religieuse à Flines. — P. Anselme.
RAOUL LE FLAMENC VIII, chevalier, seigneur de Canny,
Varesnes, Babœuf, Appilly, Mondescourt, etc.
« Flament Raoul: sceau rond; Ecu a dix losanges 3, 3, 3, 1,
« timbré d'un heaume, cimé d'une chauve-souris dans un vol;
« dans le champ, un cercle de rinceaux: S. RA.... ENC,
« SIRE D' CAVNI. CHR. — Quittance délivrée au fermier de
« l'inspection foraine de Vermandois, 16 octobre 1362. » —
Invent. sceaux. Collect. Clairambault, n° 3632.
Il avait épousé, avant 1356, Marie de Nesles, fille de Guy de
— 19 —
Nesles, Maréchal de France. La dite dame jouissait encore
en 1363 d'une rente sur le trésor, qui lui était échue dans le
partage fait entre elle et ses frères et sœurs, le 25 juin 1353. —
P. Anselme, Edit. 1112, p. 499, 527.
Messire Raoul intervient de 1368 à 1371 dans les difficultés
soulevées par la succession de Jeanne de Coucy, sa nièce
déjà nommée. La dite dame était morte sans enfants;
par son testament, daté de 1368, elle instituait le sire de Cauny,
son oncle, comme l'un des exécuteurs de ses volontés. Le
Parlement le choisit aussi pour l'un des arbitres chargés de
règler toutes les difficultés qui s'ensuivirent. La sentence est
du 20 décembre 1371. — Du Chesne, Mais, de Coucy, p. 289 et
Preuves.
Il donne en 1376, son dénombrement de la terre de Mondescourt à Jeanne de France, dame de Chauny — D. Labbé.
Le 31 août 1387, transaction entre Raoul Flament, sire de
Canny, et l'abbaye St-Barthélemy de Noyon, au sujet des droits
dé justice et seigneurie sur Courcelles. —Arch. Oise, H. 497.
Ses enfants sont: Aubert qui suit et deux fils nommés Jean,
morts à la bataille de Nicopolis en 1396. — P. Anselme.
L'un de ces deux fils est nommé dans la pièce suivante,
extraite des archives du château de Varesnes : « Robert de
« Bethune, sire de Vendueil, vicomte de Miaulx, chevalier,
« fait savoir que messire Jehan de Cauny, chevalier, a servy
« le Roy en ces présentes guerres, en la frontière de Picardie,
« et encore sert, monté et armé..., et est de la carche et
« nombre de gens d'armes que le Roy nous a carkié. Scellé en
« ladite frontière le 1er aoûst 1383. » — Du Chesne, Mais. de
Béthune, p. 208.
AUBERT LE FLAMENC , chevalier seigneur de Canny,
Varesnes, Babœuf, Mondescourt, Beauvoir, du fief de la Quinzaine, etc., Conseiller et Chambellan du Roi et du Duc
d'Orléans.
En 1389 il épouse Marie d'Enghien, fille de Jacques de
Figreulles — P. Anselme.
Messire Aubert de Canny possède à « Escuveilly » un fief
— 20 —
mouvant de l'Evêque de Noyon — L. Mazières, Notice sur
Ribécourt. p. 39.
Lettres du roi Charles VI, notifiant la rémission accordée à
« Colin le Court dit le Pesqueux, povre varlet prisonnier dans
« nos prisons de Roye, qui pour gaigner sa vie loyaulment, se
« feust mis à servir un nomé Jehan Bouliot, pyonnier ou
« fossier, demeurant à un molin que on dit le molin attenant
« lez Noyon; lequel Bouliot alait ouvrer en un ouvraige d'un
« vivier séant à Morlaincourt, appartenant à notre amé et féal
« Aubert de Cauny, chevalier, seigneur de Varesnes. .etc.
« Donné à Paris au mois de novembre mil CCC IIIIXX et XIII,
« et de mon règne le XIIIIe. Par le Roy, à la relacion du
« Conseil, J. de Crespy. » — Arch. Nation. JJ. 145; Reg-.
Très. Chartes, n° 140: Remissio pro Nicholao le Court.
Il est parlé d'Aubert le Flamenc et de sa femme en 1419,
par Jacques Le Marchant dans sa Flandre. — D. L'abbé.
De 1414 à 1437, le sire de Canny intervient activement dans
la défense de la ville de Noyon comme dans ses rapports avec
les armées belligérantes. Nous en recueillons toutes les
preuves consignées par De La Fons dans ses Recherches sur
Noyon, et dans Une Cité Picarde au moyen-age.
Le 18 avril 1414, le Roi, séjournant à Noyon, confie le
commandement de cette ville à Messire de Canny. L'assemblée
communale décide que le vin d'honneur sera offert à M. de
Canny et à sa compagnie de gens d'armes. •—• Une Cité Pic.
p. 63.
Même décision, le 17 septembre 1418, à l'égard de MM. de
Luxembourg, de Genlis et de Canny: on paiera leurs dépens
durant trois jours, attendu qu'ils viennent pour le bien de la
ville. — Ibid. p. 65.
M. Jehan de Ruillecourt [est soldé par XX liv. de ses gages
de capitaine, en juin 1419. M. de Canny prend ladite
Capitainerie, le 7 juillet suivant. La ville lui fournit une torche,
le 17 août, pour visiter les remparts. — Ibid p. 26-28.
Le 18 mars 1422, M. de Canny permet la livraison des
poudres promises à Mgr. de Luxembourg; M. de Gribauval,
porteur de lettres clôses en donne quittance. — Ibid. p. 95.
Il est dit dans le même registre de l'hôtel de ville de Noyon
— 21 —
(fos 16 et seq.), que diverses assemblées furent présidées par
M. de Canny capitaine, en juin 1430. Le 22 dudit mois, sur
l'ordre donné par le duc et la duchesse de Bourgogne résidents
en cette ville, un habitant est exempté du droit de past et de
garde appartenant au roi. Cet acte prouve que Philippe le Bon
« se trouvait à Noyon lorsque la Pucelle y fut amenée chargée
« de fers. » — (Ibid. p. 105 et Recherches, p. 47 ).
«
«
«
«
Dans l'assemblée plénière qui suit, M. de Canny annonce
que Mgr. de Luxembourg a l'intention de mettre garnison en
la forteresse de Beaulieu aux dépens du pays. A cet effet, on
établit un impôt de XX s. sur chaque village et sur le blé
sortant de la ville et autres voisines. »
NOTA. — Ces deux montions sont étroitement liées au déplorable événement survenu depuis peu devant Compiègne. Les faits
relatifs à la captivité de Jeanne d'Arc ont été minutieusement
enregistrés par l'histoire. La tradition locale y ajoute néanmoins
quelques détails dont l'intérêt est justifié par la vénération qu'inspire
l'héroïne.
Depuis longtemps, ces créances populaires auraient été mises hors
de consteste si les archives du pays, décimées en 1793, n'avaient laissé
trop de prise à la controverse. Néanmoins, les cartulaires d'Ourscamp
et de la ville de Noyon, nous permettent de signaler plusieurs textes
qui apportent un utile concours à l'histoire comme à la légende.
1° La Pucelle prise le 24 mai par les archers de Jean de Luxembourg,
lui a été immédiatement livrée. Il la tient trois ou quatre jours
seulement en son logis au camp de Margny-Clairoix ; elle y est
visitée par le duc de Bourgogne et ses capitaines. Dedans briefs jours
ensuivans, le sire de Luxembourg l'envoie sous bon conduit au
château de Beaulieu; elle y passe les mois de juin, juillet et partie
d'août ; elle y tente même une évasion bien près de réussir. Cette
alerte provoque des précautions nouvelles et bientôt son transfert
à Beaurevoir en Cambrésis ( Parceval, de Cagny, Monstrelet, Cartier,
Quicherat, M. Wallon etc.). Or les mesures fiscales et militaires
consignées dans le registre noyonnais nous indiquent la nature et la
date des précautions prises à Beaulieu. Entrée « soubz bon conduict »
dans la forteresse, la Pucelle n'y avait assurément pas été laissée
sans gardiens; il ne s'agit donc ici que de renforts envoyés à la
garnison; leur arrivée a dû suivre de bien près la tentative de fuite.
Tous ces faits connexes ont donc pour date celle jusqu'ici non
indiquée des derniers jours de juin 1430.
22
2° La légende a conservé le souvenir d'autres stations imposées
à la captive dans notre département: elles prennent place entre
Clairoix et Beaulieu. Quelques auteurs ont écrit que la Pucelle
avait été conduite à Coudun devant Philippe le Bon. M. de la Fons
affirme, nous l'avons dit, que Noyon fut le lieu de cette exhibition.
Enfin on lit dans le manuscrit d'Hermant sur Beauvais, conservé
à la Bibliothèque Nationale : « L'on tient pour une ancienne tradition,
« dans l'extrémité de ce diocèse, que la Pucelle Jeanne a demeuré
« quelque tems au château de Bolinglise, de la paroisse d'Elincourt,
« entre Compiègne et Ressons : et cette croyance populaire est tout
« à fait vraisemblable. Mais je ne sais si cela est arrivé avant la
« prise. » Disons de suite que la critique substitue, à bon droit,
l'antique manoir de Beauvoir à celui plus moderne de Bellinglise.
L'autorité de ces traditions a été sérieusement défendue par les
érudits de la région (1). Beaulieu (2) était à dix lieues environ, au nord
de Compiègne: sans être absolument nécessaire, une étape entre ces
deux points n'a rien d'invraisemblable. Les chemins qui les
joignent existent encore et sont marqués sur les cartes: le plus
direct passe à Coudun et Beauvoir-Elincourt, etc., l'autre par Noyon;
tous deux sont sur cette rive droite de l'Oise, dont les territoires,
bourgs, villes et forteresses sont occupés par les Anglo-Bourguignons
depuis leur marche sur Compiègne. Coudun est dans les lignes
assiégeantes et le quartier militaire de Philippe le Bon ; mais Noyon
est son séjour habituel : le duc s'y trouve probablement encore au
moment de cette bataille à laquelle il ne peut assister. Préveuu du
résultat inespéré, il peut donc à son gré et sans aucun risque, appeler
la captive sur l'un ou l'autre point : aux courses de ces rudes soldats
effectuées à cheval, en pays soumis, on ne saurait opposer un écart
de quelques lieues, les difficultés et les périls du trajet. Il est vrai que
l'une de ces deux comparutions exclut l'autre ; mais, toutes les probabilités sont en faveur de Noyon. Peu importe dès lors, que la
chevauchée vers cette ville ait précédée ou suivie l'étape de Bauvoir :
quel que soit l'ordre de marche, la première deviendra d'autant moins
contestable que la seconde sera mieux démontrée.
(1) Peyruau et Lascoux : Revue des Sociétés Savantes (1875), VIe série, p. 22,
381 et seq. — Gomart, Etudes Saint-Quentinoises, t. III, p. 177. — Mém.
Comit. Archéolog. Noyon, t. II, v. table, — Soc. Hist. Compiègne, Bulletin, t. IV,
Excursions, p. 64, etc.
(2) Sur Beaulieu v. Graves et Coët, Cant Lassigny; Leroy-Morel, Notice;
Docteur Guiltert, Notice; etc.
— 23 —
Or, le nom de Beauvoir a été souvent prononcé dans les premières pages
de ce catalogue. Raoul Le Flamenc Ier est seigneur de ce lieu en 1128;
Raoul II le donne en apanage à son fils Henri ; et, pour qu'il ne
reste aucun doute sur la nature de ce fief, Raoul IV détermine luimême l'emplacement do son manoir de Biauvoir, en 127G (v. sup. p. 8).
Héritier de cette longue suite de titulaires, messire Aubert de Canny,
Beauvoir, etc. s'est rallié à Philippe le Bon; chargé de la garde du
prince, n'est-il pas admis dans ses conseils? Si la Pucelle est conduite à
Noyon, si elle traverse ses propres domaines, n'a-t-il pas un rôle assuré
dans l'entrevue comme dans le choix des étapes? D'autant plus que c'est
encore lui, ne l'oublions pas, qui sera chargé, le 28 juin suivant, du ravitaillement de Beaulieu: tant il est initié à toutes les combinaisons relatives à l'infortunée captive. Il nous est donc permis d'espérer que les
traditions dont s'agit ne tarderont guère à prendre place dans le
domaine de l'histoire.
En juillet 1431, le procureur de la Ville requiert le prévôt de
la Quinzaine pour M. de Canny, qu'il ait à lui rendre un
prisonnier comme bourgeois. — Ibid. p. 50.
Le 22 juillet 1432, vu le consentement donné par M. de
Canny, l'assemblée décide que l'on traitera avec Guillaume et
Charles de Flavy, gouverneur de Compiègne, qui incendient
les faubourgs pour obtenir remise d'un réfugié. — Ibid p. 213.
M. de Canny avec d'autres députés, se rend auprès de
Monseigneur de Luxembourg en juillet 1433, pour le prier de
garantir la ville contre les incursions dudit sieur de Flavy
(Ibid. p. 83.) Suivant un vidimus do 1434, cité par M. Coët, un
traité pour le respect mutuel des pays occupés est signé par
MM. de Canny et d'Offèmont et ratifié par MM. de Luxembourg
et de Flavy. — (Notice arrond. Compiègne, p. 198).
Le onze septembre 1434, plusieurs seigneurs du conseil du
duc de Bourgogne qui se trouvent à Ham, avec Monseigneur de
Richemond, ont écrit à M. de Canny, capitaine de Noyon, pour
qu'on leur permît d'acheter du vin : on délibère à ce sujet.
— Ibib.p. 81.
M. le capitaine de Noyon et son lieutenant Jean Louchart,
sont chargés d'assurer l'exécution du règlement, fait le 16
février 1435, pour le logement des étrangers.
Le 6 août suivant, P. Martine et P. Larché sont élus pour
aller à Arras, avec Monseigneur Jean de Canny, abbé d'Ours-
— 24 —
camp, qui représente la ville dans les négociations pour la
paix. Le traité est en effet signé le 22 septembre, — Ibid.
p. 139-47 ; 272-4.
NOTA — L'Historien d'Ourscamp, p. 268, inscrit Jean Ratton comme
abbé de 1449 à 1460 ; il mentionne à peine, et sous forme de variante, le
nom de Jean de Canny. L'auteur aurait pu consulter les archives de
Noyon qui confirment les notes et dessins de Gaignières cités par lui
en d'autres chapitres : la 38" gravure représente la tombe de cet abbé
avec ses noms et qualité; la légende explicative, p. 90, répète « tombe
de Jehan de Canny, abbé, mort en 1469, »
M. de Canny obtient de l'assemblée du 17 octobre 1435,
400 francs pour Mgr. de Bourbon qui doit entrer prochainement
dans Noyon. — Ibid. p. 68.
En 1435, Jehan Gossart, serrurier, fut commis quesnonier
de la tour estant à l'endroit du jardin de M. de Canny. L'assemblée décide, en août 1436, que la maison louée par la ville pour
M. de Canny sera rendue au propriétaire, à partir de Noël
prochain : « afin que si aucun autre venoit qui fut ordenné par
« le Roy cappitaine de Noion, il ne voulust contraindre lesdits
« habitans à lui livrer maison. » — Ibid. p. 31.
Le 23 juin 1437, le maire autorise Jean Louchart, bailli
de la Quinzaine pour M. de Canny, à conduire les prisonniers
dudit seigneur dans la prison St-Jean, en l'hôtel de Ville. —
Ibid. p. 39.
Messire Aubert Le Flamenc fut aussi chambellan du duc
d'Orléans, qui prit la dame de Canny pour maîtresse vers 1406.
Etant à son lit de mort, elle appela ses cinq enfants et leur dit
que l'un d'entre eux avait le duc pour père. Le prince le
reconnut en effet pour son fils. Il devint célèbre dans la suite
sous le nom de Bâtard d'Orléans, comte de Dunois. —
Ibid. p. 215.
Suivant le P. Anselme, Marie d'Enghien n'eut de son époux
qu'une fille nommée Jeanne, dame de Canny, Varesnes, etc. La
descendance de l'antique Maison des Le Flamenc était donc
éteinte dans sa ligne masculine. Du mariage de leur unique
héritière devait sortir la seconde branche des seigneurs qui
nous occupent.
— 25 —
Du reste, le nom de cette Maison ne disparait pas des annales de
la province; elle en a même depuis longtemps franchi les limites.
Li Flamens de Mons éprouve un grave échec, en 1278, dans les
joutes célébrées par Li Rouman de Hem. — P. Delacourt, Analyse. . . .
etc. p. 24.
Jean Le Flament écuyer, sire de Bonnelles, la Bretesche, des Bordes,
et de l'Etang-la-Ville, paraît avoir succédé à Jean de Montaigu comme
seigneur de l'Etang, vers 1409. Il devait être de cette famille des
Le Flamenc de Canny et Varesnes, dont l'un fut maréchal de
France, ou issu de cette Maison. De sa femme Alix de Puisieux,
il eut pour unique héritière, Jehanne Le Flament, dame des lieux
précités qu'elle apporta en dot à Guillaume de la Villeneuve, échanson
de Madame Michelle de France, fille de Charles VI. — Mém. Soc.
Hist. Paris. . t. XI, p. 225.
Jeanne de Cauny est l'épouse de Robert de Roussi, vivant vers
l'an 1420 et tué en 1450, sous les ordres de Xaintrailles, en Picardie. —
Haudicquier, Nobiliaire, p. 462.
Jeanne de Cauny, dame de Grémévillers, a épousé Hermand des
Courtils vivant encore l'an 1455 : d'où Guillaume des Courtils et autres.
- Ibid. p. 136.
En 1305, Renier Le Flamenc, bourgeois de Paris, maître de la
monnaie du Roi et son frère Pierre prennent part à des joûtes
faites à Paris. Leur hôtel est situé sur la place de Grèves. Jehan
Le Flamenc est condamné comme faux-monnayeur et noyé en Seine
— Mém. Soc. Hist. Paris. ., t. XL p. 17, 41.
Jean Le Flament et autres sont commis par le bailli d'Amiens
pour conférer une saisine en 1367. Le 14 mars 1470, Jehan Le Flament,
trésorier des guerres, reçoit à Amiens le rôle d'une montre de
la compagnie do messire Gauvinet du Bailleul. — De Beauvillé,
Doc. inéd. de Picardie, t. IIe, p. 95.
Dans un dénombrement de la châtellenie de Bray-sur-Somme, de
l'an 1374, figure à l'article XXIV messire Le Flament de Crèvecœur,
écuyer, à cause de diverses fiefs. — Mém. Antiquaires de Picardie.
t. X, p . 536 et seq.
Plusieurs Le Flamenc sont cités par le P. Anselme : l'un est trésorier
des guerres en 1371 et 1383; un autre clerc des arbalétriers en 1373.
Divers Le Flamenc sont bourgeois de Senlis au commencement
du XV" siècle. Ils y possèdent un hôtel qui porte leur nom. —
Voir notre Notice sur led. Hôtel, Sentis, 1878.
Les sceaux de Pierre Le Flament, bourgeois de Caen en 1340, de
Nicolas Le Flament, drapier, bourgeois de Paris en 1371 ; de Jean Le
— 26 —
Flament trésorier des guerres en 1380, sont dessinés sous les numéros
3627 à 30, dans l'inventaire de la collection Clairambault.
En 1419, Jean Le Flamant est envoyé de Noyon à Roye pour avoir
des nouvelles du canon qui y était. — De La Vous, ouvr. cit. p. 91.
§ II.
LES BARBANSON
Ier du nom, seigneur de Canny,
Varesnes, Babœuf, Mondescourt, des fiefs Coquerel et de la
Quinzaine, etc. Sénéchal héréditaire du Hainaut, comte de
Jeumont, seigneur de Werchin, conseiller et chambellan du
duc de Bourgogne, et autres terres en Flandre : voir Notice
sur cette Maison, Pièce Justificative n° 3.
« Jehan de Barbanson, chevalier, seigneur de Jeumont et
« de Mondescourt par Jeanne sa femme, fille unique d'Aubert
« de Cauni, fit la foy et hommage au châtelain de Chauny en
JEHAN DE BARBANSON
« 1444. » — Dom Labbé.
Jean de Barbançon, sénéchal de Hainaut, seigneur de
Wiège, est cité en 1447 parmi les seigneurs de La FertéChevrésis (Aisne), dans le Diction. Histor. de Melleville.
Dénombrement de la terre de Varennes en dix feuillets
présenté à Mgr. de Mailly, évêque de Noyon, le 22 juin 1449
par « Jean de Barbançon » — Arch. Oise, G. 557. Reg. coté V.
art. Varesnes.
Le 22 avril 1453, Jean de Barbanson, donne à cens une
parcelle de terre sise à Babœuf par un acte dont le réapmbule
est ainsi conçu: « A. T. G. e t c . . Jehan de Barbenchon,
« sénéchal de Haynau, seigneur de Jeumont et de Varesnes,
« et Jehanne de Cauny, nostre espouze, fille et héritière de feu
« Monseigneur Aubert, en son vivant seigneur du dict Cauny
« et de Varesnes
» — Arch. Oise, G. 444 bis. et Fond de la.
sgie Varesnes, portef. Babœuf.
27
Acte d'homme vivant et mourant donné, pour une parcelle de
vigne au même lieu, par le Chapitre de Noyon et reçu le 18
octobre 1456 par messire Drieu de Humerolles, seigneur de
Nampcel, comme bailli et gouverneur de Varesnes et de la
terre de « Babuef appartenante à Haut et Puissant seigneur
« Monsieur de Jeumont, sénéchal de Hainaut, seigneur de
Cauny... etc. » — Arch. Oise, G. 1733.
Dans l'ancienne abbaye de Thure, à Solre-sur-Sambre se
trouvait la double épitaphe du présent seigneur et de son
épouse : « Chy gist les corps de hault et puissant seigneur
« monseigneur Jehan de Barchenchon, chevalier, seneschal
« de Hainaut, baron de Verchin et de Chisoing, premier pair
« de Flandre, seigneur de Jeumont et de Wadelincourt, du
« Chasteler, des Ardennes, de Thy-le-Chasteau, du Pont-à« Rosne, Recourt, Préaulx, Villers-sire-Nicole, Blaregnies,
« Le Val, Monceau, Hestrud, Merlemont, Tongre, Bauffe,
« Acrène, Buisenal, etc., qui trespassa en l'an mil IIIIc LXX,
« le premier jour daoust.
« Et madame Jenne, dame héritière de Canny, de Faignolles,
« de Warennes, de Quarempuet, Cuinchy, Fresnes, Ville,
« Noène, Mont-Nostre-Dame, Wiége, La Ferté, Winchy,
« Recquigny, etc., son espeuse, qui trespassa en lan mil
« IIIIc LX, à la fin dapvril. » — Extrait d'une Note envoyée
par M. le Conservateur des Archives d'Etat à Mons : V. Pièc.
Justificat. n° 3, § 3e.
De cette union étaient venus plusieurs enfants, parmi
lesquels : Christophe qui suit ; Jean, qui continua la lignée de
Werchin, ainsi qu'il est expliqué en la pièce justificative
n° 3, § 3e.
Suivant D. Labbé, un fils illégitime dudit seigneur, nommé
Guillaume, Bastard de Cauni, fut seigneur de Mondescourt ;
Marie des Prés sa femme était veuve en 1461. Claude de Cauni
leur fils, seigneur de Mondescourt, vend cette terre à Jean de
Sains écuyer, qui fait la foi et hommage au châtelain de
Chauny en 1474.
— 28 —
CHRISTOPHE DE BARBANSON, chevalier, seigneur de Canny,
Varesnes, Babœuf, conseiller et chambellan du Roi, etc.
Il est aussi seigneur de Lagny (Oise) et de Quincy-sous-leMont (Aisne) en 1461. — Melleville, Diction. Histor.
Le 19 août 1462, voulant remettre en valeur sa terre et
seigneurie de Varennes, « laquelle à l'occasion de la guerre est
« alée en grant diminucion » il traite avec l'abbaye de StBarthélemy de Noyon au sujet de certains droits et rede-
vances. — Arch. Oise. H. 512.
Arrêt du conseil du Roi du mois d'août 1462 dans lequel
« messire Christophe de Barbenchon » paraît être demandeur
en appel d'une sentence rendue par le bailli de Noyon. —
Arch. Nation. X1A 1484, f° 264: — Pièce endommagée.
Cession faite le 29 novembre suivant par Christophe de
Barbenson à Guillaume Lortie de un setier de pré en la pâture
de « Babuef » moyennant un chapon par an. — Arch. Oise,
Sgie Varesnes.
Vers ce même temps, il épouse Jeanne de Sarbrück, quatrième fille de Robert de Commercy. Es années 1463 à 1474,
il donne trois quittances de ce qui a été promis en dot à la dite
dame. — P. Anselme, VIII, 536, A.
Du 1er octobre 1464, « Dénombrement d'ung fief nommé le
« fief de Morlincourt que Pierre-Philippe, sirurgien du Roy et
« son esleu à Paris, tieng et advoue à tenir en foy et hommaige
« de Noble et Puissant seigneur Mgr. Xtofle de Barbenchon,
« à cause de son chastel et seigneurie de Varesnes, duquel la
« déclaration s'ensuit.... » —Arch. Nation. M. 270.
« Messires Christophe de Brabenchon » est inscrit l'un des
premiers sur le rôle d'une montre, faite le 1er mai 1470, de
97 hommes d'armes et 194 archers cantonnés en Vermandois
et formant l'une des compagnies de Mgr. le Connétable de
France. — De Beauvillé, Docum. sur la Picardie.
Saisine de cinq quarterons de prés situés « derrière la
« chapelle de la réserve de Mgr. Xtofle de Barbenchon, »
donnée le 28 janvier 1476 par Me Olivier de Revelle, lieutenant
du bailli du dit seigneur. — Arch. Oise, Sgie Varesnes.
Il est fait allusion aux biens de Mgr. de Cauny en la paroisse
de Coarcy dans le bail d'une maison sise audit lieu fait le 8
— 29 —
mars 1478 par les religieux de St-Barthélemy. — Arch. Oise,
G. 496.
Diverses saisines pour des terres à terrage sont données les
13 février 1477, 20 février 1478, 10 juillet 1479, 2 avril, 18
septembre et 12 octobre 1486, par le même Olivier de Revelle,
lieutenant de messire Quentin du Bois « escuier, licenssié
es lois » conseiller et avocat du roi à Noyon, bailli et garde
de la justice de Varesnes, pour N. et P. sgr., Mgr. « Christophe
« de Barbenchon, chevalier, sgr. de Cauni et de Varennes. »
— Arch. Oise, Sgie Varesnes.
Dans le registre coté V. déjà cité, aux archives de l'Oise,
sont indiqués plusieurs dénombrements du fief de la FrancForesterie, sis à Pontoise-les-Varennes : l'un est présenté en
1482 à Mgr. de Barbanson par Pierre de Caisne; le dernier, du
17 août 1487, est donné par Mathieu le Grangiez à « M.
Devarennes. » Mais, comme les actes analysés dans cet
inventaire sont en déficit dans le fond de l'Evêché de Noyon
(G. 557), nous citerons un autre dénombrement, inséré dans le
fond non inventorié de la Seigneurie de Varesnes. Il est daté
de 1481 et transcrit in extenso aux Pièces Justificatives sous
le n° 4.
Parmi les enfants de messire Christophe: Jean, qui suit,
et François: procèdent ci-après au partage de la succession
paternelle; Blanche de Barbanson est mariée le 30 janvier 1482
à Jean, sire de Suzanne, etc., Vicomte de Breuil, etc., père de
deux fils. — Haudicquier, Nobiliaire Picardie.
II e du nom, seigneur de Canny,
Varesnes, Babœuf en partie, etc.
« Accord entre les deux frères Jehan et François de
« Barbenson pour les terres de la Frette, Bliard, Herly, Thilloy,
« le 7 février 1501. — A. T. C. Q. C. P. L. V. Pierre Cant,
« garde du scel de la Baillie de Vermandois establie à Roye,
« Salut. Sçavoir faisons que pardevant les tabellions soub« signez comparurent: Noble Personne Jehan de Barbenchon,
« seigneur de Cauni, fils aîné de feu Mgr. Xtophle de
« Barbenchon, seigneur de Cauni d'une part; Et messire
« François de Barbenchon, aussi fils du dit chevallier et dudit
JEHAN DE BARBANSON
— 30 —
« sire J e h a n . . . » Le dit sire de Canny approuve le don des
terres précitées jadis fait à son frère par messire Christophe
leur père. — Arch. Nation. M. 210.
NOTA. — Blihard est aujourd'hui La Ferté-Chevrésis; La Frette
est une maison isolée, jadis fief noble, dépendant de Fargniers
(v, Melleville, Diction. Hist. Aisne). Horly et Thilloy (Tilloloy?) sont
deux communes du canton de Roye ( Somme ). En 1519, ce même
François de Barbenson, seigneur de La Ferté-Chevrésis, marie sa fille
Marguerite, dame de Montgobert avec Robert de Joyeuse, comte de
Grandpré. — P. Anselme.
Le 21 janvier 1507, acte de retrait lignager passé devant
Me Cabaret, garde de la justice de Noyon, par Me Sézille
garde de la justice de Babœuf, au nom de « Noble homme
« Jehan de Barbenchon, escuier, seigneur de Cauni...etc. »
— Arch. Oise, Sgie de Varesnes.
Cession d'une parcelle de vignes à Babœuf, passée devant
le même officier pour le même seigneur, le 21 avril 1510.
— Ibidem.
Le seigneur de Barbenson de Cauni fournit son dénombrement à l'abbé d'Ourscamp en 1515. — D. Labbé.
Nous croyons trouver l'indication de son mariage dans le
P, Anselme. (Gds Mes des Arbalestrieis, art. Lannoy):
« Françoise de Barbançon, fille de Jean de Barbançon,
seigneur de Cany et de Gabriel de Bossut est la seconde femme
de Philippe de Lannoy-Molembais.
En tout cas, il est certainement le père de Michel qui suit ;
très probablement aussi de Antoine de Barbanson écuyer,
seigneur de Hangest, qui comparaît par procureur, pour son
fief sis au Sauchoy, à la rédaction des coutumes de la Châtellenie de Moreuil, le 29 septembre 1513. —( de Beauvillé, Docum.
Inéd. de Picardie).
Nous croyons voir encore un de ses fils dans « Jean de Canny,
« seigneur de Sommette et de Bugny: » Ces fiefs sont situés à
Maucourt et relèvent de Magny. En 1533, Jean, seigneur des
dits lieux, donne à l'église de Bugny une relique de St-LeuSt-Gilles qui devient l'objet d'un pèlerinage très fréquenté.
Cette donation est constatée par un procès-verbal fait, en 1530,
« sur un mémoire très ancien faisant mention de ses armes,
— 31 —
« qui sont dix losanges de gueule sur un fond d'or. » Dans la
même église, dont la fondation a été expliquée ci-dessus p. 10,
sa tombe datée de 1557. — A . Dufour: Notice sur Maucourt,
dans Mém. Corn. Arch. Noyon, t. VIII, p. 3.
« Jean de Barbançon » est l'un des lieutenants de M. de
Sarcus, capitaine général de la Légion de Picardie, instituée
en 1534 en remplacement du régiment de ce nom. — D. Grenier;
Introduct. à l'Hist. de Picardie, p. 32, 31.
écuyer, seigneur de Canny,
Varesnes, etc., Lieutenant du roi en Picardie, chambellan du
duc d'Orléans, etc.
Comme seigneur de « Cauni et de Mondescourt, » il donne
son dénombrement de cette terre au châtelain de Chauny
en 1515. — D. Labbé.
Dans un inventaire des titres du vidamé d'Amiens de l'an 1515,
on lit : « Item, une quictance sans datte de la Cousture des
« Biais, séante au terroir de Guivry, près Noyon, et tenue en
« fief du seigneur de Varennes-les-Noyon. » — De Beauvillé,
Docum. de Picardie, t. IIP p. 305.
Michel de Barbanson épouse en 1522, Péronne de Pisseleu,
l'une des trente enfants, des trois femmes, de Guillaume de
Pisseleu. Elle était la sœur aînée d'Anne, la célèbre duchesse
d'Etampes ; elles avaient pour mère Anne Sanguin. — Mém.
soc. Académ. Beauvais, t. XIII. 2e part. p. 311 et seq.
En 1523 et 1525, messire Michel est condamné par sentences
du bailliage de Noyon, à payer au Chapitre de cette ville cinq
muids de blé représentant les arrérages d'une rente de deux
muids due aux chanoines sur la terre de Varennes. — Arch.
MICHEL
DE
BARBANSON,
Oise, G. 1930.
Un dénombrement de la terre de Varesnes, contenant
260 fos de parchemin est présenté à Mgr de Noyon, le 15
novembre 1535 par messire Michel de Barbanson. — Arch.
Oise, G. 557., Reg. coté V.
La biographie de ce seigneur est résumée dans une épitaphe
très élogieuse transcrite en latin et en français par l'historien
d'Ourscamp, p. 59 et par D. Labbé dans sa Notice déjà citée.
— A peine adolescent, il suit la carrière des armes. Il fait
— 32 —
successivement les campagnes de Savoie, de Piémont, de
Flandre. En novembre 1523, il est nommé par le roi capitaine
d'une compagnie de gens-d'armes sous les ordres du duc de
Vendôme, lieutenant du roi en Picardie. En récompense de
ses bons services, il succède bientôt au duc dans cette importante fonction.
Le 19 février 1536, il signe l'acte suivant: « Jehan de
« Tourceville, chevalier, sgr. de Villebon. etc. garde de la
« prévôté de Paris, scavoir faisons que pardevant les notaires
« soussignés fut présent Noble seigneur Michel de Barbançon,
« escuier, sire de Cauni et de Varennes, lequel recongnust
« avoir délaissé, tant à tiltre de rente que par donacion pure et
« simple faite entre vifs, à honorable et saige Me Jehan le
« Mannyer, procureur à Noyon et Bailly dudit seigneur en sa
« dicte seigneurie de Cauni et Varennes, la quantité de quatre
« faulx de prez situez entre Sempigny et Pontlévesque. Cestz
« don, bail et prinse faictz, tant pour la bonne amour que
« ledict seigneur a au dict Mannyer et en considéracion des
« bons et loyaulx services qu'il à faictz au dict seigneur puys
« dix ans en ça... » — Arch. Oise, Sgie. Varennes., portef. 2e,
lias. Sempigny. Original parchemin, scels détruits. Au dos
est écrit : « Pour J. Le Mannyer. Pour les 4 faulx de pré de
« Sempigny baillés de Mgr de Cauny à 40 s. tz. de cens, 1536.
« Ces prez ont estes eschangès avec Mgr. de Noion. »
NOTA. — Que D. Labbé, do même que le panégyriste d'Ourscamp,
ont lu sur les épitaphes la date de sa mort fixée au 15 mai 1547; mais ils
ajoutent « âgé de trente-six ans. » Cette évaluation est évidemment
erronée, d'après les dates connues de son mariage et de son décès.
Marié en 1522, il devait être né à une époque assez voisine de l'an 1500:
il avait donc, en 1547, traversé près de la moitié du siècle, soit 46 ans.
«
«
«
«
«
«
«
« II avait eu de sa noble épouse Pérone de Pisseleux, sœur
d'Anne de Pisseleux, duchesse d'Estampes, maîtresse de
François 1", onze enfans dont il reste encors six vivans.
François, son fils aîné a... fait dresser ce monument pour
honorer les mérites et la mémoire de Monsieur son père
Dans la chapelle de Tous-les-Saints, ou des Canny.., un
beau mausolée élevé de 5 à 6 pieds, proche l'autel à côté de
l'épître, sur lequel paraît l'effigie d'un gentilhomme gisant,
PIERRE TOMBALE DE LA DAME DE WASIERS,
DANS L'ÉGLISE DE VARESNES.
— 32 —
« couvert de sa cotte d'armes semée de ses blasons et l'épée
« à son côté; et puis, au bas, ce docte épitaphe latin gravé sur
« une lame de cuivre
(suit le texte — En regard la gravure
«
«
«
«
d'après Gaignières). . . . Le corps de ce seigneur n'y a pas
été apporté, soit, qu'il ait été perdu en quelque bataille ou
pour toute autre raison... ; mais il a servi, depuis pour ses
successeurs. » — Hist. Ourscamp, p. 59 et seq.
Parmi ses enfants nous citerons : 1° François qui suit ; 2° Marie
de Barbanson, mariée à Jean de Barret, seigneur de Neuvi-surAllier. Devenue veuve pendant les guerres civiles, elle défend
son château de Bénégon, en Berry, contre les troupes du roi
Charles IX ; son héroïsme lui mérite les éloges du roi et la
remise de sa rançon le 6 novembre 1569. ( D. Grenier,
Introduct. Hist. Picardie, p. 31.) 3° Bienne de Barbanson,
épouse du chevalier de Rohan ; elle est usufruitière, en 1564,
de la seigneurie de Bures, par donation de la duchesse
d'Etampes, sa tante (Soc. Hist. Paris, II, 210). 4° Nicolas de
Barbanson, usufruitier dudit Bures, après sa sœur, 1566-72
[Ibidem). 5° Charles de Barbanson, puîné de son père, seigneur
de Cani (Canny) et d'Angervilliers (S e Oise), gentilhomme
ordinaire du roi. Usufruitier de Bures de 1572 à 1575, il en
devient propriétaire définitif, à la mort de la duchesse, 1580.
L'année suivante, il vend tous ses droits à Antoine de Chaulnes
(Ibidem). Acte de foy et hommage, pour le fief de Villefeu,
par Nicolas de Thou, évêque de Chartres, à Charles de
Barbenson, sire de Bures, chambellan du roi (Arch. Se-Oise
E. 1108) Charles de Barbanssoy, chevalier, sgr. de Cani et
d'Angervilliers, etc. passe différents actes, de 1580 à 1587,
chez les notaires des dits lieux (Ibid. E. 4012-17). Il meurt
vers la fin de l'année 1594, suivant un acte que nous citons
plus loin, et dans lequel les enfants de son frère aîné interviennent comme ses héritiers (Ibidem). Il est inhumé à
Ourscamp, dans le mausolée dont a été question ci-dessus
(Hist. Ourscamp, p. 60). Charles de Barbanson est cité par
Melleville, comme seigneur de Voüel (Aisne), en 1557. —
(Diction. Historiq).
III
— 34 —
FRANÇOIS DE BARBANSON , chevalier, seigneur de Canny,
Varesnes, Babœuf, Mondescourt, Davenescourt, etc. Bailli et
capitaine de Senlis.
Il avait été pourvu fort jeune du gouvernement de Senlis par
lettres patentes de François 1er, du 2 mai 1543. — Voir Mém.
Com. Archéolog. Senlis, 2e Série, t. VII, p. 113.
Quatre années plus tard, il devient chef du nom et des armes
de Barbanson-Canny, par la mort de son père. Il épouse
Antoinette de Waizières, l'une des plus riches héritières de
Picardie. En effet, dit l'historien d'Ourscamp p. 61, « la
« Maison de Noyelle, héritière de celle d'Hangest, est fondue,
« avec les terres d'Hangest et de Davenescourt et autres, en
« celle de Wasiers et l'une et l'autre en celle de Barbanson... ».
Messire François « servit dans les armées, » dit encore le
même auteur, p. 60; et sa vie paraît n'avoir été qu'une longue
suite d'expéditions, puisque sa présence est à peine signalée à
Varesnes aussi bien qu'à Senlis.
En 1550, François de Barbanson rachète à Jean de Follieule
la terre de Mondescourt aliénée en 1516, ainsi qu'il a été dit
plus haut. — D. Labbé.
Le 3 novembre 1556,. « messire François de Barbenson,
« chevalier, seigneur de Varesnes Rabeuf (Babœuf), Pontoise,
« Coarcy et Molancourt (Morlincourt) » comparaît à la Réformation des coutumes du bailliage de Vermandois prescrite par
ordonnance du roi Henri II des 19 août et 15 septembre
audit an. Il est représenté par « maistre Pierre Cordelier,
procureur général du Comté de Noyon », lequel s'est aussi
présenté comme fondé de pouvoir de « R. P. E. D. Mre Jean
d'Hagest ( Hangest), Evesque et Comte de Noyon, pair de
France, seigneur de ladite ville... etc ». —-B.de Richebourg,
Coutunier Général, t. IIe: Couturn. Baâge Vermandois;
Procès-verbal, p. 539 et seq.
Me Bergeron, bailli et procureur de François de Barbenson,
chevalier, sire de Canny, Varennes, etc. signe avec le chapitre
de Noyon, le 30 janvier 1564, un échange dont nous citerons
plus loin l'annulation. — Arch. Oise, Seigneurie Varesnes.
Le 15 septembre 1667, «messire François de Barbanson,
— 35 —
« chevalier, seigneur de Heudicourt, Manencourt, prévosté de
« Péronne; seigneur de Cany, prévosté de Roye; et seigneur
« de Hengest Davenescourt, prévosté de Montdidier », comparaît, par procureur, à la Réformation des coutumes de Péronne,
Montdidier et Roye, prescrite par Ordonnances royales des
12 février 1558, 4 juillet 1559, 1er juillet 1560, Moulins 10 février
1566. Il est représenté par Me Antoine de Haussi, avocat à
Péronne. — B. de Richebourg, Coutumier Général, t. IIe:
Cout. Péronne — Montdidier — Roye; Proc.-verb. p. 642
et seq.
« En 1567, en novembre,... le prince de Condé ayant fait
« dresser une armée à Saint-Denis, celle du roi étant conduite
« par le connétable Anne de Montmorency, fut donné une
« bataille le 10 dudit mois, en laquelle le connétable fut blessé
« à mort et, néanmoins, remporta la victoire. » — A. Bernier.
Mémoires Originaux (Sentis, 1835) p. 59.
Ainsi, les chroniqueurs Senlisiens n'ont pas su que M. de
Barbanson, bailli et capitaine de cette même ville dont ils
écrivent l'histoire, avait été tué près de son vaillant chef.
Toutefois, nous en avons pour preuves : 1° L'histoire d'Ourscamp
qui constate, p. 60, sa mort en cette rencontre ; son inhumation
dans le mausolée construit par ses soins; son union avec la
dame de Wasiers « qui lui donna de grands biens et trois
« enfans » ; 2° La pierre tombale de la dite Dame, en l'église
de Varesnes et sur laquelle sont gravés de précieux détails
biographiques. L'importance historique de ce monument nous
décide à le reproduire dans le dessin ci-contre. L'inscription,
transcrite par Graves, dans son Précis sur le Canton de
Noyon p. 154, contient des lacunes que nous avons facilement
comblées. Cette dalle, dont les marges ont été réduites,
mesure 2 m. 60 c. de long, sur 1 m. 28 c. ; elle sert aujourd'hui
d'avant-seuil à la chapelle latérale nord et ses derniers reliefs
ne tarderont pas à disparaître. Jadis elle recouvrait, dans la
chapelle même, les restes de la dame et bienfaitrice du lieu.
En 1793, de stupides profanateurs dévastèrent l'église, après
le château ; leur ciseau, heureusement inhabile, mutile partiellement l'épitaphe et les armoiries; la sépulture est violée; le
corps de la châtelaine, parfaitement conservé dans son cercueil
— 36 —
de plomb, est dispersé au milieu des plus grossières plaisanteries; le produit des matériaux, à l'instant vendus, enivre ces
forcenés dans le cabaret voisin. — ( V. Cambry, Descript.
du Département).
NOTA. — La marche des bandes Huguenotes vers Saint-Denis a
laissé d'amers souvenirs dans les anciens registres paroissiaux de
Nanteuil-le-Haudouin, (Oise). Nous citons ces textes dans la Pièce Justificative n° 6, à laquelle nous renverrons encore ci-après, à propos de la
première union de Louis de Barbanson, qui suit.
La Douairière de Varesnes, tutrice de ses trois enfants,
survécut vingt ans à son noble époux.
Le 3 avril 1568, « Reliefs du fief de Quierzy, avec un
« dénombrement, présenté à Monseigr Charles d'Halwin,
« marquis de Meignelay, etc., par Madame Anthoinette de
« Wasiers, veuve de messire François de Barbenson, et
« tutrice de noble personne Lois de Barbenson, son fils
« myneur. . . . etc. » — Archives Nation., M. 210.
Autre dénombrement du même fief donné par ladite Dame
au même seigneur, le 21 juillet 1573, et dont un extrait aux
Pièces Justificatives, n° 5.
Accord fait, le 18 octobre 1581, entre ladite Dame de
Barbenson, en son nom et comme tutrice de son fils Louis,
d'une part ; et ,les fondés de pouvoir de dame Madeleine
de Savoie, veuve du connétable Anne de Montmorency,
d'autre part: au sujet de saisies féodales pratiquées contre
la dite duchesse, à raison de devoirs féodaux non faits envers
la Dame de Varesnes, pour le fief de Mahéricourt ( Canton de
Rosières, Somme), mouvant de Varesnes à cause de la terre
de Hangest. Ainsi qu'il est expliqué dans le texte transcrit en
la Pièce Justificative n° 5.
Madame de Barbanson mourut le 23 mai 1587, laissant
trois enfants :
1° Louis de Barbanson, qui suit:
2° Anne de Barbanson, mariée d'abord à Antoine Duprat IV,
chevalier, seigneur de Nantouillet, Précy etc., baron de
Thoury, etc., prévôt de Paris le 19 février 1553: de cette union
devait sortir la troisième branche des seigneurs de Varesnes,
ainsi qu'il sera expliqué ci-après, p. 40. Ledit Antoine Duprat
— 37 —
était le petit- fils du célèbre Chancelier, et le fils de Antoine
Duprat III, prévôt de Paris en 1547, lequel avait épousé Anne
d'Alègre, dame de Précy et de Viteaux; de ce mariage étaient
venus quatre fils et trois filles, parmi lesquels Antoine, de cujus,
continue la lignée de Nantouillet, et François fonde celle de
Formerie et Viteaux, dont sera question dans la suite.
3° Marie de Barbanson épouse de Jacques-Auguste de Thou,
l'illustre jurisconsulte, président et historien. Dans une
procuration donnée, le 2 novembre 1594, par ladite Dame à
Me Picard, procureur au Châtelet de Paris, il est expliqué:
1° qu'elle est autorisée par justice, au refus du sieur de Thou,
son mari : 2° qu'elle est héritière de feu Charles de Barbanson
ci-dessus nommé, son oncle, vivant sire de Canny et
d'Angervilliers (Se-Oise); 3° qu'elle a, en outre, les droits cédés
de son frère Louis de Barbanson, sire de Cani et Varesnes,
aussi héritier bénéficiaire du défunt. — Signatures autographes, dont celle de Marie Debarbanson — Arch. Seine-etOise, E. 4019.
Louis DE BARBANSON, chevalier, seigneur, puis marquis de
Canny, Varesnes. Babœuf, Coarcy, Appilly, Morlincourt,
Mondescourt, etc., des fiefs Coquerel et de la Quinzaine;
baron et châtelain de Hangest et de Davènescourt, etc.
Il servit avec honneur sous les rois Henri III, Henri IV et
Louis XIII. — Hist. Ourscamp, p. 60.
Contrat de mariage de messire Louis de Barbanson et
Damoiselle Catherine de Schomberg, du 16 août 1588. — Arch.
Nation. M. 270.
NOTA. — Dans la Pièce Justificative n° 6, nous réunissons divers
renseignements relatifs à la dite Demoiselle, aux seigneurs de Nanteuil,
à leurs officiers, à leurs hôtes, aux curés de la paroisse, etc. Ces notes
sont extraites des anciens registres de l'état-civil du dit lieu.
En 1589, le sire de Barbenson-Cani est grièvement blessé à
Senlis, dans les rangs des Royalistes qui ont repris la ville et
la défendent contre les Ligueurs; mais, il guérit de ses blessures. — Afforty, Collectanea, t. XI, p. 5813.
Pendant le siège de Noyon, qui dure du 24 août au 19
septembre 1591, Henri IV a pour résidence la chartreuse du
— 38 —
Mont-Renaud ou le château de M. de Canny, à Varesnes. —
De la Forte-Maison: Antiquités de Noyon, p. 128-80.
Le 25 septembre suivant, la forteresse de Davenescourt,
appartenant à Messire Louis de Barbanson, sire de Canny,
est prise par Thibault de Mailly, capitaine au service de la
Ligue; il la remet à l'échevinage de Montdidier, dévoué à
à l'Union. L'assemblée décide; que ce repaire de Royalistes
sera détruit. Cet ordre est exécuté en mars 1592, par le
maître canonnier de la ville, qui y emploie de nombreux
ouvriers pendant quinze jours. — De Beauvillé: Hist.
Montdidier, t. 1er, p. 242.
Par contrat du 7 janvier 1598, Louis de Barbanson, veuf
sans enfants de Mlle de Schomberg, épouse Hélène de l'Isle,
seconde fille du sire de Marivaux. — P. Anselme, VIII, 193 B.
Il assiste aux assises de Chauny en 1609; il avait relevé en
1595 pour sa terre de Mondescourt. — D. Labbé.
Le 5 octobre 1609, « messire Louis de Barbenson, chevalier,
« seigneur de Canny et Varesnes, à cause du fief du Bois de
« Louvetain, de Babeuf, des onze Mazures y estans et de la
« Seigneurie de Mondescourt », comparaît, par procureur, à la
Réformation des coutumes du baillage et prévôté de Chauny
(al. Channy) prescrite par ordonnances royales du 30 avril
précédent. Il est représenté par Me Anthoine Souillard, procureur à Noyon. — B. de Richebourg, Coutumier général t. IIe:
Bâage de Chauny, Proc.-verbal, p. 601 et seq.
Veuf en 1610 pour la seconde fois, il épouse, peu de temps
après, Madeleine d'Angennes, veuve de Pierre de Bellay, prince
d'Yvetot, et fille de Nicolas d'Angennes, sire de Rambouillet.
— P. Anselme: Grands Offic. Edit. 1712, p. 1660. E.
Garantie fournie les 12 novembre 1612 et 22 avril 1613, au
Chapitre de Noyon, pour divers cens dûs par « messire Lois
« de Barbenson, chevalier, seigneur de Canny, Varesnes,
« Babœuf, etc. » — Arch. Oise, Sgie. Varesnes.
Le onze juin 1615, il achète à Me Geuffrin, un moulin à blé.
un tordoir à l'huile et deux viviers à Courcelles. —Arch. Oise,
H. 498.
Par Lettres-Patentes données à Paris au mois de juin 1616,
en faveur de Louis de Barbanson-Canny, la terre de Varesnes
— 39 —
avec ses dépendances, est érigée en marquisat.— Graves:
Précis sur Cant. Noyon.
Arrêt de la Table de Marbre en l'année 1620, dans un procès
entre Louis de Barbanson et les habitants de Pontoise et
Coarcy, d'une part ; et l'Evêque avec le Chapitre de Noyon,
d'autre part; touchant les droits respectifs des parties dans la
forêt de Laigue. M. de Barbanson est confirmé dans sa qualité
de Gruyer de la dite forêt comme attachée à son fief de
Coquerel, mouvant de l'évêché... etc. La jouissance des droits
contestés est définitivement réglée en 1627, par une transaction conclue entre les intéressés. — Arch. Oise, G. 1819.
« Ce généreux gentilhomme n'eut d'enfants d'aucune de
« ses trois unions... Ce qui le porta vers la fin de sa vie
« à reconnaître héritière de ses grandes possessions la Maison
« de Nantouillet du Prat, à condition que l'aîné porterait par
« substitution, le nom et et les armes de Barbanson. » [Hist.
Ourscamp, p. 60). Cet acte important, daté de 1622, est représenté dans le fond de la seigneurie de Varesnes, portef. 4e, par
une copie sur papier que nous transcrivons aux Pièces
Justificatives, sous le n° 7.
« . . . . Se voyant près de la mort, tant pour son grand
« âge que pour une violente maladie. . . ., il fit son testament
« en son château de Varesnes, le 21 mars 1627... Il ordonna
« que son corps fut déposé... dans le caveau de la chapelle do
« Canny. . . . , où il fut mis, avec les honneurs que l'on a
« accoustumé de rendre aux personnes de sa naissance,
« l'an 1630, au mois de mars ; ayant enjoint de plus à ses héri« tiers de donner aux Religieux de cette abbaye cent écus
« d'or, le jour de ses obsèques, ce qu'ils exécutèrent, y ajou« tant un ornement de velours noir. . . où partout se voyent
« les armes de cette Maison timbrées de la couronne de comte.
« L'on ne sauroit assez relever la charité chrétienne de ce
« gentilhomme. . , car il remit à tous ses sujets les cens et
« rentes qui lui étoient dûs jusqu'au jour de sa mort . . . .
« . . . Au-dessus de ce monument, l'on voit son portrait dans
« un tableau avec son casque, sa lance et sa cotte d'armes
« armoyée de ses blasons qui sont 3 lions d'argent en champ de
« gueule, couronnés et armés d'or... » — Hist, Ourscamp, p. 60.
§ IIIe
LES DUPRAT DE BARBANSON
LOUIS-ANTOINE DUPRAT DE BARBANSON. — Né marquis de
Nantouillet, etc. baron de Thoury, etc., il prend en outre le
nom et les armes de Barbanson de Canny, dès le mois de
mars 1630; en vertu de l'acte de 1622, transcrit en la Pièce
Justificative n° 7, il se qualifie Marquis de Canny, Varesnes,
Baboeuf, Morlincourt, Pontoise, Coarcy etc. Seigneur de
Mondescourt, Heudicourt, des fiefs de Coquerel, des OnzeMazures, de la Bretonnière, de la Quinzaine de Noyon, etc.
Baron et Châtelain de Hangest, de Davenescourt, etc.
NOTA. — La généalogie de la Maison Duprat (d'or à la fasce de
sable accompagnée de trois trèfles de sinople, deux en chef et un en pointe)
est sommairement indiquée dans tous les grands recueils ; mais, le
fonds de la seigneurie de Formerie, aux Archives de l'Oise, contient
des tableaux et documents généalogiques plus complets: ils nous
serviront de guides en ce qui concerne les derniers degrés des deux
branches de Formerie-Viteaux et de Nantouillet, dont la fusion sous
le nom de Barbanson de Canny sera expliquée ici-même, p. 46 de
ce catalogue. D'ailleurs, les auteurs et ascendants du présent seigneur
sont nommés ou interviennent en la donation de 1622 : Dame Marie
Séguier, veuve de Michel-Antoine Duprat, tué dans un duel en 1606,
comparaît et accepte comme tutrice de Louis-Antoine et Marie-Madeleine,
ses deux enfants mineurs; à la dite petite-nièce du donateur sont
attribuées cent mille livres, au jour de son mariage, effectué en effet,
en 1626, avec le comte de Castelnau; Dame Anne de Barbanson, sœur
dudit seigneur de Canny, donateur, ayeulle desdits donataires, veuve
en premières noces de feu Antoine Duprat, chevalier, sire de Nantouillet
( v. ci-dessus p. 36 et ci-desssous p. 46 ), et ensuite du sieur René de
Viaulx, est gratifiée de divers usufruits énumérés dans l'acte. Ajoutons
que le présent seigneur avait épousé, le 16 novembre 1626, Madeleine
de Baradat, fille du seigneur de Damery ; il avait donc pour beau-frère
François de Baradat, le favori de Louis XIII, dont il est parlé dans
les Mémoires de Saint-Simon, édit. de Boislisle, t,I,p,144.
— 41 Le marquisat de Varesnes a la bonne fortune de captiver,
pendant près d'un-demi siècle, l'attention de son nouveau
maître. Son premier soin est de se rendre adjudicataire de la
terre de Canny, vendue par arrêt du Parlement le 27 août 1630,
ainsi que nous l'expliquons en la Pièce Justificative n° 1.
Cette acquisition affranchissait ce fief de tous devoirs féodaux
envers la seigneurie suzeraine. « L'usage prévalut, dès lors, dit
« Graves, d'associer le nom des deux chefs-lieux sous la forme
Canny-Varesnes. » Pendant les vingt années qui suivent, l'embellissement du château est poursuivi malgré deux invasions et
des fléaux divers. Les Espagnols prennent Roye le 1*8 septembre
1636; ils laissent derrière eux le Noyonnais ravagé et décimé
par la famine et la peste. Les travaux entrepris à Varesnes
sont un bienfait pour la contrée. L'antique manoir transformé
atteint des proportions remarquables; le parc agrandi se
couvre d'arbres exotiques ; les belles avenues plantées à cette
époque ont laissé des témoins jusqu'à nos jours. En même
temps, le bac sur l'Oise est remplacé par un pont de pierres,
bientôt emporté par l'inondation de 1658: cet hiver est en
effet noté comme l'un des plus désastreux dans la Météorologie
du département par Bottée.
NOTA. — Ces détails sont extraits des Précis de Graves et de
M. Coët, déjà cités ; ils les empruntent à la Description du département
par Cambry. Mais ces récits contiennent une double erreur que nous
devons signaler : ils attribuent la restauration de Varesnes à l'évêquechancelier Duprat, mort depuis plus d'un siècle , ils mettent à l'actif
du présent seigneur la fondation d'un prix de vertu, institué par l'un
de ses descendants, (v. p. 52).
En 1634, Transaction entre le Chapitre de Noyon et M. de
Barbanson, seigneur de Varesnes, avec les habitants de
Pontoise et de Couarcy, par laquelle ceux-ci acceptent 130
setiers de bois, au chemin de Courcelles à Sempigny, comme
représentant les 120 setiers qui devaient leur être abandonnés
par la transaction de 1627, ci-dessus mentionnée. Compromis,
fait en 1641, entre le dit Chapitre et M. de Barbanson, gruier
de la forêt de Laigne à cause de son fief de Coquerel, au sujet
d'un abattis de bois fait par le Chapitre. —Arch. Oise, G. 1819,
— 42 —
On lit sur le mur extérieur de l'Eglise paroissiale une
mention grossièrement gravée, qui constate le séjour du Roi, au
château de Varesnes, du 28 mai au 13 juin 1640.
Deux actes de Louis XIII sont en effet, datés de ce lieu, dit
Graves : une déclaration du 29 mai proroge le délai pour la
conversion des anciennes monnaies d'or en nouveaux Louis ;
un édit du mois de juin règle le cours du billon et crée un
office de contrôleur spécial. Le 3 juin, le Chapitre de Noyon
vient offrir une relique de Ste Godeberte au Roi, qui en avait
témoigné le désir. A la même date « Louis XIII fut prié par
« M. de Salency, d'assister à la cérémonie de la Rose ; mais,
« se trouvant indisposé, il envoya à la Rosière une bague et
« son cordon bleu, et lui permit, et à ses compagnes, de le
« porter tant en ce jour qu'aux grandes cérémonies ». — Mém.
Histor. des Reliq. de St-Médard, p. 9, 96, 159. — Hist
Rosière Salency, p. 5 etc.
En septembre de cette même année, le curé soutenu par
Mgr. de Baradat, évêque-comte de Noyon, ne put triompher
de l'obstination des nombreux protestants de cette paroisse.
Bravant même un arrêt du Conseil d'Etat, deux fois ils replacèrent et maintinrent aux pieds de la Croix, sur la place du
village, le corps d'un réformé récemment décédé. — Arch.
de la Commune de Varennes.
De son côté, le bailli du marquisat réprimait les désordres
dans les veillées ; il frappait d'amendes les chefs de famille
dont les enfants ou les serviteurs enfreindraient ses ordres. —
Ibidem et M. E. Coët, Notice Arrondt. Compiègne, p. 259.
En 1642, 1648, 1652, sentences du bailliage de Noyon,
condamnant M. Du Prat de Barbanson à payer la rente, restituée au Chapitre de Noyon par l'acte d'annulation d'échange,
consenti en 1627 par Louis de Barbanson. — Arch. Oise,
G. 1133.
Sentences et procès-verbal de compulsoire en 1645, devant
servir à prouver, contre M. de Barbanson, que les religieux
de St.-Barthélémy de Noyon ont droit de percevoir certains
cens à Varesnes. —Arch. Oise, H. 512.
Une armée Espagnole envahit de nouveau la Picardie en 1653,
occupe Roye et menace Montdidier. Les maréchaux de Turenne
— 43 —
et de la Ferté, campés à Varesnes, écrivent aux Montdidériens
pour les féliciter de leurs adroites négociations avec l'ennemi,
qui renonce, moyennant rançon, au siège de cette ville. La
contrée n'en est pas moins ravagée par les gens de guerre. —
De Beauvillé, Hist. Montdidier, t. 1er, p. 295 et seq.
Louis XIV délivre, au mois de février 1657, des lettres
patentes, datées de Paris, portant confirmation et relief de surannatation, pour l'enregistrement de celles de 1616 constitutives du marquisat. — Graves, Op-cit.
L'acte généreux de 1622 imposait néanmoins au donataire
certaines clauses et conditions dont l'exécution fut rendue plus
onéreuse par les malheurs publics, les grands travaux et les
réceptions royales. Dès le 7 avril 1636, était formulée une
« opposition aux criées de la terre et seigneurie de Varesnes
« saisie à la requeste de Dame Marie-Magdeleine Duprat,
« femme authorisée, au reffus de messire Gabriel de Castelnau,
« comte de Clermont, son époux ». D'autres procédures analogues se succèdent jusqu'en 1679. — Archives-Nation.
T. 138 7-9.
Comme conséquence, les baux judiciaires prennent place au
dossier. L'un d'eux, fait le 27avril 1661, comprend «les revenus
« de ladite seigneurie saisye sur messire Louis-Antoine De
. « Prast de Barbanson à la requeste de Dame Marye-Magdeleine
« De Prast, sa sœur, faute de paiement des cent mille livres
« stipulées en la Donnation, et pour d'autres causes contenues
« en l'exploit de saisye réelle du VIP jour d'avril 1636 ».
L'adjudication est prononcée en faveur de Salomon Sézille,
pour le prix de 5,120 livres. — Arch. Oise, Seigneurie Varesnes.
En 1573, Louis-Antoine Duprat de Barbanson rend aveu et
dénombrement de la terre et seigneurie de Nantouillet à Louis
de Bourbon, prince de Condé, comte de Dammartin. — Arch.
Seine-Oise, E. 1644-45.
Il meurt au mois d'avril 1681, âgé de 81 ans, ayant eu de son
unique alliance plusieurs filles et fils, dont l'un, nommé
François, lui succède.
marquis de Nantouillet,
etc, baron de Thoury, etc., marquis de Canny, Varesnes, etc,
baron d'Hangest, etc., qualifié dans les documents Marquis
de Barbanson.
,
En 1684, Arrêt du Conseil du Roi déclarant la substitution,
faite par messire Louis-Antoine Duprat de Barbanson, ouverte
au profit de messire François, son fils et héritier. — Archives
FRANÇOIS DUPRAT DE BARBANSON,
Nationales, T. 1387-9, lias. 5e,
« François du Prat s'était distingué d'abord, sous le nom de
« chevalier de Nantouillet, au passage du Rhin, étant alors
« capitaine de Cavalerie au régiment de la Reinie (voy. Mme
« de Sévigné, Lettres, 3 juill. 1672; Boileau, Epitre IV, vers
« 107) Il avait acquis la charge de premier maître d'hôtel
« de Monsieur, en 1685; mais il n'en possédait plus que la
« moitié depuis 1688
De beaucoup d'esprit et de fort bonne
« compagnie (dit St Simon dans ses additions au Journal de
« Dangeau, n° 33 ), Barbanson excelloit en chansons et en
« désoloit Mme de Montauban et Terrat... Monsieur, avec qui
« elle vivoit beaucoup, défendit sérieusement à Barbanson
« d'en plus faire sur elle, qui s'y engagea. Mais les poëtes
« sont trompeurs : celle-ci lui échappa encore, qui, plus jolie
« et plus cruelle que pas une, fit grand bruit
» et fut
retrouvée plus tard (Avril 1693) dans les papiers de feue
Mademoiselle...» sur la plainte de la Dame, Monsieur
querelle Barbanson qui, ne voulant pas dire qui l'a faite,
répond froidement : « — Ma foi, Monsieur, vous verrez qu'elle
« s'est faite toute seule — Et, en effet, jamais chanson ne fut
« plus naturelle (voy. ce que Gaignières dit de l'auteur dans
« le Chansonnier, ms. Fr. 12691, p. 453) » — Mémoire de St Simon, Edit. de Boislisle, t. 1er p. 126,361; t. 11e 282,406, texte
et notes.
Le 16 juin 1689, « François de Prast, comte de Barbanson
« chevalier, seigneur de Canny, Varesnes, Pontoise, Coarcy,
« Morlincourt, Babeuf, Appilly, Mondescourt,et des fiefs de
« Coquerel, de la Bretonnière, de la Quinzaine de Noyon, etc.
« donne à bail, au 'sieur Sézille, les revenus dudit marquisat
« moyennant 12,400 livres
» signature autographe de
François du Prat de Barbanson — Arch. Oise, Sgie Varesnes.
En même temps, il se préoccupe de l'administration de son
marquisat de Nantouillet. Les Archives de Seine-et-Oise
possèdent de nombreux dossiers relatifs à cette terre. Mais
l'absence absolue de dates dans les cotes de l'inventaire sommaire ne nous permet pas de les utiliser : voir ledit inventaire,
t. 1er p. 231-50 et notamment les cotes E. 1640-49.
Le 13 juin 1692, il cède, à l'abbaye St-Barthélemy de Noyon,
les chaussées existant entre les viviers de Courcelles, en se
réservant la justice. Dans le même temps, réception d'homme
vivant et mourant présenté par les dits religieux pour les dits
viviers tenus à cens de M. de Barbanson. —Arch. Oise, H. 498.
« Barbanson, premier maître d'hôtel de Monsieur, mourut
« aussi, (23 juin 1695, d'une attaque d'apoplexie), si goûté par
« le sel de ses chansons, et l'agrément et le naturel de son
« esprit... (Voir la Gazette d'Amsterdam, p. 203).. C'étoit un
« homme de beaucoup d'esprit et ' dont les sentimens ont
« toujours été regardés comme décisifs sur les beaux ouvrages
« (Mercure, juin 1695, p. 262) ». — Mémoires de St-Simon,
Edit. de Boislisle, t. II, p. 282 et Notes.
NOTA. — L'Editeur ajoute : « Nous avons écrit Barbanson au
« t. Ier p. 126, note 5; mais de nouvelles recherches nous font croire
« que c'est le même nom que celui de la Maison flamande de Barbançon.»
Le présent Catalogue apportera, nous l'espérons, une utile confirmation
aux présomptions du savant annotateur.
De son union avec Anne-Marie Colbert, fille de Charles
Colbert, seigneur du Terron, conseiller d'état, il laissait
François, qui suit, et Henri du Prat, chevalier de Malte, dit le
chevalier de Barbançon. — Moréri.
FRANÇOIS DUPRAT DE BARBANSON, chevalier, Comte de
Barbanson, seigneur de Canny, Varesnes, etc. Marquis de
Nantouillet, etc., baron de Thoury, de Formerie, de Viteaux,
etc. Colonel d'un régiment d'infanterie, puis Brigadier des
armées du Roi, Grand-Veneur de S. A. R. Mgr le duc
d'Orléans, etc.
Il épouse Claire-Charlotte-Séraphinedu Tillet, de St-Mathieu,
dans la dot de laquelle est la terre de Brunfay, mouvante de
la châtellenie de Bray. — Mémoires Antiq. Picardie, t. VII,
p . 370.
— 46 —
« Après la mort du dernier maréchal d'Estrées (le duc Jean,
« 19 mai 1707), M. le Comte de Barbanson est mis à la tête
« de la capitainerie des chasses du Valois, qu'il transmet à
« M. le Marquis, son fils. » — Carlier, Hist. Valois, t. II, p. 539.
« Haut et Puissant seigneur Mgr François de Prast, comte de
Barbanson, sgr de Canny, Varesnes etc., colonel d'infanterie,
afferme les revenus de la terre de Varesnes pour neuf années.
Fait en son château dudit Varesnes où il réside habituellement,
le 11 novembre 1711. » — Arch. Oise, Sgie Varesnes.
En 1715, les domaines, déjà si vastes, du comte de Barbanson
reçoivent un accroissement considérable. Par contrat passé
devant de Savigny, notaire à Paris, le 24 août audit an, Mre
Louis-Antoine Duprat, marquis de Viteaux, seigneur de
Formerie, etc. fait donation entre vifs de la plus grande partie
de ses biens, terres et seigneuries, à Mre François Duprat,
comte de Barbanson, seigneur de Varesnes, Nantouillet, etc.
son parent, à défaut d'héritiers directes : le donateur se
réserve l'usufruit de toutes les choses comprises en la donation, sa vie durant.
NOTA. — Nous n'avons pu retrouver l'original de ladite donation ;
mais elle est citée dans diverses pièces de nos dossiers et notamment
dans l'acte de foi et hommage dont il sera question ci-apres. Quant à
la parenté des deux contractants, il est facile de l'expliquer en peu de
mots :
Louis-Antoine Duprat, dont s'agit, est baron-châtelain de Formerie,
marquis de Viteaux, châtelain de Fresne-Saint-Mammetz, seigneur
de Maucreu, Blargies, Jumeau en Bourgogne, etc. depuis 1659; il est
né le 29 janvier 1637 : il a donc 78 ans et pas d'héritiers de son union
avec Anne Lenet, fille d'un procureur au Parlement. — Louis-Antoine
Duprat, son père occupa les mêmes seigneuries depuis 1631; Anne des
Barres, sa femme. — Antoine Duprat, père du précédent et seigneur
des mômes lieux en 1572, est resté avec deux sœurs, sous la tutelle
d'Anne Séguier sa mère, et la curatelle de son cousin ( neveu de son
père), Antoine Duprat-Nantouillet, abbé de Bonlieu (al. Beaulieu);
il épouse Chrétienne de Sayve qui lui apporte la châtellenie de FresneSaint-Mammetz, ainsi qu'il sera expliqué plus loin. — François Duprat,
père dudit Antoine, est qualifié d'abord baron du Turt; il épouse Anne
Séguier et devient, en 1560, marquis de Viteaux et baron de Formerie,
du chef d'Anne d'Alègre, sa mère. — En effet il est le quatrième fils
— 47 —
d'Antoine Duprat, marquis de Nantouillet, prévôt de Paris en 1552
(fils et héritier de l'évêque-chancellier ), il épouse en 1527, Anne
d'Alègre par laquelle, les domaines de Viteaux et Formerie entrent
dans la Maison de Duprat et n'en sortent plus, grâce à un procès
gagné par les enfants Duprat contre leur mère remariée. Ces enfants
sont : Antoine qui continue la branche aînée de Nantouillet ; Nicolas
et Guillaume, dont les biens retournent à leurs frères ; François qui
reçoit en partage l'héritage maternel et fait la présente branche de
Viteaux, Jumeaux et Formerie ( F . Moréri; Anselme; La Chesnaye,
Diction, de la Noblesse ; Mém. Soc. Acadêm. Oise, XII, 710 et seq.
Les signataires de l'acte de 1715 sont donc petits-cousins, étant
issus d'une souche commune. Ainsi se réalise, après cinq générations,
le retour à la branche aînée des biens d'Anne d'Alègre et la fusion
des deux branches par nous annoncée plus haut. Les indications
qui précèdent sont d'ailleurs confirmées par l'extrait suivant d'un
mémoire rédigé vers 1781 et inséré en T. 1385-7, aux Archives Nationales : « . . . La châtellenie de Fresne-Saint-Mammetz fut vendue
« par MM. les Commissaires députés pour la vente et revente des
« domaines du Roy en Bourgogne. Une première adjudication faite le
« 6 février 1570 étant devenue nulle, une seconde fut faite le 20 décembre
« 1596 au profit de noble Antoine de Sayve, seignr de Mont, président
« de la Chambre des Comptes; après lequel elle passa à Dame Charlotte
« Noblet, sa femme, qui la transmit à Dame Chrestienne de Sayve,
« leur fille et unique héritière, épouze de messire Antoine Duprat,
« chevalier, baron de Formery. De Madame de Sayve, douairière Duprat,
« cette terre passe à Messire Antoine Duprat, son fils, baron de Vitteaux,
« Formery, Fresne-St-Mammetz, et autres lieux ; duquel elle passe à
« Messire Louis-Antoine Duprat, marquis de Vitteaux. Après ce dernier,
« M. l'abbé Duprat, son fils, en a joui jusques en l'année 1748, qu'elle
« passa à Mr le marquis de Barbanson, père de M. le comte de Barbanson
« actuellement possesseur de la dite terre et châtellenie, qui est ainsi
« restée dans la même famille depuis 185 ans. . . » Sur une autre pièce
de la même liasse, la mention suivante : « Par le testament de M. le
« marquis de Vitteaux, devant Savigny, notaire à Paris, le 15 juillet 1721
« il fait donation en toute propriété de la terre de Fresne à Mre François
« Duprat, comte de Barbanson, lequel testament est au rang des titres
« de famille du dit seigneur, marquis de Vitteaux. . . »
En conséquence des dites donations, le comte de Barbanson,
retenu par le service du Roi, se présente par procureur le
20 septembre 1715, pardevant le bailli du comté-pairie de
— 48 —
Beauvais et vidamé de Gerberoy, afin de faire acte de foi et
hommage, avec serment de fidélité, pour les dites terres, fiefs,
seigneuries et dépendances de Formerie, Blargies, etc. envers
Mgr l'évêque-comte de Beauvais, duquel elles relèvent en plein
fief: ainsi qu'il a été fait envers le précédent évêque-comte de
Beauvais par Mre Louis-Antoine Duprat, le 25 avril 1685. Le
comparant requiert en outre la saisine et investiture des dites
seigneuries : laquelle lui est donnée, après paiement des droits
de chambellage et aussi de quint et requint, modérés à 7m 500
liv. — V. le texte transcrit en la Pièce Justiftcat. n° 8.
Néanmoins, le comte de Barbanson n'est encore que le nupropriétaire, l'héritier désigné, des biens de son généreux
parent. Le marquis de Viteaux conserve l'usufruit et l'administration de ses domaines pendant les 15 années qui suivent.
Nous en avons pour preuves, différentes pièces du fonds de la
seigneurie de Formerie, aux Archives de l'Oise: Le 18 mars
1724, un bail de la Ferme de l'Eglise est fait à Jean Beaurains,
pardevant St.-Aubin, notaire à Amiens, « par H. et P. seigneur
« Mre Louis-Antoine Duprat, marquis de Viteaux, sgr châtelain
« et baron de Formerie, etc. . . se portant fort pour Mre
« François Du Prat, comte de Barbanson, à qui doit appar« tenir la dite terre de Formerie après le décès dud. seigneur
« marquis de Viteaux.
Même formule, le 27 novembre 1728, dans un bail des halles
de Formerie: le marquis se porte fort pour le comte de
Barbanson. . . , Brigadier des armées. . . etc.
Mais, dès les 1er et 10 mars 1731, la receveuse de M. le
comte de Barbanson à Formerie, loue à Sombret, jardinier,
une maison que feu M. le Marquis a fait construire, et une
masure audit lieu.
Désormais, tous les actes sont passés par « H. et P. sgr.
« Mgr. François Duprat, comte de Barbanson, marquis
« de Nantouillet, châtelain et baron de Formerie, etc.
« demeurant ordinairement à Paris, en son hôtel, rue d'Orléans,
« paroisse de St -Jean-en-Grève proche les Capucins du
« marais. » Tel est le bail de deux moulins à vent à Formerie,
du 10 juin 1733; tels, divers contrats relatifs à des locations
de terres, de fermes, etc. sur différentes paroisses, et datés
— 49 —
des 7 oct., 3 nov., 14 déc. 1734; tel, un échange de biens du 14
juillet 1742, au bas duquel: « j'aprouve le présent échange
« à Paris ce 9 juin 1744 — Barbenson. » Citons encore des
baux des 28 janv. et 28 mars 1747. — Arch. Oise, Sgie
Formerie.
Quant à Varesnes, les documents ne sont pas moins
nombreux. Le 16 sept. 1723, M. de Barbanson fournit un
dénombrement de cette terre à l'évêque comte et pair de Noyon
(Arch. Oise, G. 557, registre coté V.) Un bail à ferme des
revenus du marquisat est fait le 10 août 1744: l'état des
immeubles divers dépendant de la recette générale de Varesnes,
pour H. et P. sgr. Monseigr le Comte de Barbanson, est
constaté dans un procès-verbal de visite et rapport d'experts,
du 10 juillet au dit an. Une déclaration de biens de Mgr. Duprat
de Barbanson au terroir de Babœuf, datée du même temps,
contient ce qui suit :
«
«
«
«
«
« 100 setiers de terre valent 800 1. — 13 faulx de pré. . 192 1. — 5 setiers
de vignes. . . 30 1. — Plusieurs masures. . . 200 1. — Le vinage. . . 100 1.
— Diverses censives... 90 l. — Le moulin à vent. .. 350 1. — Un petit
terrage et un demi rouissage dans la rivière.. . 25 1. — Total du
revenu 1807 I. — Suit, l'état de tous les autres propriétaires possédant
un revenu quelconque en cette paroisse. » — Arch. Oise, Sgie Varesnes.
.Le 30 oct. 1734, Délimitation des Sgies d'Héronval et de
Mondescourt entre le duc d'Aumont sgr. d'Héronval, et
François du Prat, marquis de Varesnes, Babœuf etc. — Cartul.
d'Héronval, Préf. p. X.
Expédition d'un arrêt du Conseil d'Etat, dans une constestation pendante en 1738-44, entre M. de Périgny, abbé de
Chastillon. Mme la comtesse de Chamillard et M. François
Duprat, comte de Barbanson — Arch. Nation, V.7 401.
Acte de substitution, par François Du Prat de Barbanson, en
faveur de Louis-Antoine Du Prat, son fils, du 1er mars
1744 — Voir un extrait de cet acte en la Pièce Justificative n°
8bis, d'après l'original aux Archives Nationales, Y. 74, f° 139.
Bail de la terre et seigneurie de Canny, consistante en
château, bâtiments, basses-courts, deux fermes, enclos, terres
labourables, près, moulins, droits de lots et ventes, censives,
usages, champarts, etc. ; ledit bail consenti par M. le comte
III
4
— 50 —
de Barbanson, en faveur de Prieux Boulanger, receveur demeurant à Popincourt, le 8 oct. 1748. — Arch. Nation. T. 1387-9.
Haut et puissant seigneur François Duprat, comte Barbanson
« est décédé à Paris, en la paroisse St-Sulpice, le l5 déc. 1749 »
laissant tous ses titres et biens à « Louis-Antoine Duprat,
« marquis de Barbanson. . . lequel étoit son seul fils et unique
« héritier féodal. . . » (Mém. Soc. Académ. Oise, XII, 716).
Le défunt avait en outre une fille, Elisabeth-Eléonore, dont
sera question ci-après p. 56 et, plus amplement, aux Pièces
Justificatives n° 10 et seq.'
chevalier,
marquis de Nantouillet, etc., baron de Viteaux, Formerie,
Hangest, vicomte de Puisieux, seigneur de Canny, Varesnes,
etc. ; Maréchal des camps, puis Lieutenant-général des armées
du Roi; Inspecteur général de la cavalerie-dragons et des
écoles d'équitation; Commandant pour S. M. en la généralité
et province du Soissonnais ; Gouverneur des villes et châteaux
de Villers-Cotterêts, Coucy, Folembray, Noyon et province
de Valois ; Capitaine des chasses de la capitainerie royale de
Villers-Cotterêts ; Premier veneur de S. A. R. Mgr le duc
d'Orléans; Grand Gruier de la Basse-Aigue, etc.
Son union avec Delle de Thiard de Bissy en 1735, ainsi que
la substitution consentie à cette occasion par son père et
confirmée en 1744, nous sont connues par la Pièc. Justificat.
n° 8, art 2e. Demeuré veuf avec un fils, qui sera son héritier,
il prend une seconde alliance ' avec Delle Antoinette-Eléonore
du Fay de la Tour-Maubourg ( V. Lefeuvre, Ancien. Maisons
de Paris, t. IV, p. 120 et seq. )
Le 24 février 1752, pardevant notaire à Amiens, M. le
marquis de Barbanson, fait bail des grand et petit hallages
de Formerie. — Arch. Oise. Sgie Formerie.
Il signe, le 20 janvier 1753, en son hôtel rue de Varennes, à
Paris, un bail pour neuf années de tous les revenus de sa
terre de Varennes. — Arch. Oise, Sgie Faresnes.
Vers le même temps, il prend à cens une parcelle de terre,
sur Courcelles ; elle lui est cédée par l'abbaye de St-Barthélemy
de Noyon pour être plantée en bois. — Arch. Oise, G. 1133.
ANTOINE LOUIS DUPRAT, MARQUIS DE BARBANSON,
En 1754, « saisie réelle de la terre et seigneurie de Nantouillet,
à la requête du sieur Joseph Gallais, bourgeois de Paris.
— Décret de la dite terre — Plan de la dite terre et seigneurie,
levé à la requête de Mre Lallemant de Nantouillet, devenu
seigneur du dit lieu et du comté de Marly-les-Louvres, en
Parisis. — Arch. Seine-et-Oise, E. 1641-54.
Echange de terres, conclu le 23 mars 1756, avec l'abbaye
St-Barthélemy de Noyon. — Arch. Oise, II. 519.
Inventaire, fait le onze mai 1759, du mobilier du château de
Villers-Cotterêts. La prisée commence par le logement de
M. le Marquis de Barbanson. — Bullet. soc. Archéolog.
Soissonnais, t. X, p. 193 et seq.
Suivant Carlier, le marquis de Barbanson fut Capitaine des
chasses du duché de Valois, après son père; Maître des
Eaux et Forêts, après Louis Racine et autres ; Gouverneur du
Valois, après le duc de Gêvres, qui était décédé le 19 sept.
1757 — Hist. Valois, t. 2e, p. 528, 539; t. 3., p. 112.
Deux Brevets sont contresignés par lui, en avril et mai 1752,
en vertu desquels le sieur Tuffreau est nommé capitaine en
second dans la capitainerie de Coucy, par S. A. R. Mgr. le duc
d'Orléans — Arch. Oise. Sgie Formerie.
Ordonnance de M. le Marquis de Barbanson, lieutenant
général des armées, etc. capitaine des chasses du duché de
de Valois, sur l'exercice des droits de chasse — Arch. Nation.
B. 3133.
Par ordre du Roi, du 1er mai 1765, le marquis de Barbanson,
lieutenant général, passe en revue le régiment de LanguedocDragons — Mém. soc. Acad. Oise. t. XII, p. 714.
Le 15 sept. 1771, transaction, pour la délimitation de leurss
seigneuries, entre le Marquis de Barbanson, seignr de
Morlincourt, et Mre Antoine Dauré, sgr de Salency — E. Coët,
Notice Arrondt Compiègne, p. 262.
Testament olographe de M. Duprat, marquis de Barbanson
du 1er mars 1774, avec un codicille du 15 dud. mois — Arch.
Nation. Y. 73. f° 31 v°. Nota que nous transcrivons ce document
aux Pièces Justificat. n° 8, art. 3, à cause des renseignements
qu'il contient et qui sont intimement liés à la suite de notre
récit: désignation de son fils comme unique héritier féodal;
— 52 —
fondation, à Varesnes, d'un hôpital et d'un prix de vertu imité
de la Rozière de Salency ; choix éventuel d'héritiers indirects,
dont plusieurs joueront, dans la liquidation de cette seigneurie,
un rôle important. Le marquis mourut à Paris le 4 décembre
1775.
AUGUSTIN-JEAN-LOUIS-ANTOINE DUPRAT DE BARBANSON,
chevalier, comte de Barbanson, comte souverain de la Valteline,
baron de Viteaux, de Formerie, etc. seigneur de Canny,
Varesnes, etc. et des fiefs Coquerel, la Bretonnière, des OnzeMazures et de la Quinzaine de Noyon, etc., gruier féodal de
la Basse-Aigue ; Colonel du régiment d'Orléans infanterie, puis
Mestre de camp du régiment d'Orléans cavalerie, Gouverneur
général du Valois et de Villers-Cotterêts, Coucy, Follembray
et Noyon, Capitaine des chasses de la capitainerie royale de
Villers-Cotterêts et, en survivance, premier Veneur de S.A. S.
Mgr le duc d'Orléans, etc.
Le premier soin du comte de Barbanson est de hâter l'établissement de l'hôpital de Varesnes, déjà commencé par son
père en l'année 1774. Il veut y joindre une école de filles
dirigée par les mêmes sœurs hospitalières. Le Conseil de
Fabrique présidé par le curé messire Arnoult de Chaulne, émet
un avis favorable. Les documents relatifs à ces négociations
sont nombreux en T. 1387-9 aux Archives Nationales: nous
les avons indiqués aux Observations préliminaires et les
analyserons dans les Pièces Justificatives nos 1, 9 et seq.
Le 26 avril 1776, H. et P. Sgr. A. J. L. A. Duprat de
Barbanson... etc., demeurant ordinairement en son hôtel à
Paris rue de Babylone, paroisse St-Sulpice, étant actuellement
en son château à Varennes, près Noyon en Picardie, mais
retenu par le service du Roi, comparait par fondé de pouvoir
au palais épiscopal de Beauvais, devant les officiers du
bailliage et comté-paierie dudit lieu : et après avoir payé le
droit de chambellage, ledit procureur « a fait à mon dit
« seigneur évêque de Beauvais, les foy et hommage, serment
« de fidélité, loyauté et service qui sont dûs pour la seigneurie,
« châtellenie et baronnie de Fromerie, ensemble les fiefs de
« Belleville, Blargies, Secqueville, Redderie et Beaumentel,
— 53 —
« à la charge d'en donner dénombrement dans le tems pres« crit par la coutume. »
NOTA. — A 'cet acte, transcrit par M. A. Bellou (Mém. Soc. Acad.
Oise XII, 714) est annexée la procuration donnée à Varesnes, devant
le notaire Guibert, le 5 janvier précédent. Les droits héréditaires du
comparant sont rappelés dans ces deux pièces : « il est le seul fils
« et unique héritier féodal de M" Antoine-Louis Duprat, marquis de
« Barbanson, son père, décédé à Paris le 4 déc. 1775; lequel étoit seul fils
« et unique héritier féodal de Mre François Duprat, comte de Barbanson,
« décédé à Paris le 15 déc. 1749, ayeul dud. comparant, . . . » et par
lequel a été présenté le 20 sept. 1715, l'hommage que nous avons mentionné ci-dessus p. 47 et transcrit aux Pièces Justificatives.
Le 28 Février 1780, acquisition d'une maison à Follembray
par M. le comte de Barbanson, titulaire de la Capitainerie des
chasses dudit lieu — Arch. Nation. T. 138.10
En avril de ladite année, à la requête de M. de Barbançon
et des religieux de S'-Barthélemy de Noyon, procès-verbal
d'arpentage et plan des terrains entrepris par la nouvelle route
que ledit seigneur fait construire vers Noyon. Transactions
diverses entre les Parties — Arch. Oise, H. 505, 513.
Suivant un compte de gestion, tant en recettes qu'en dépenses,
présenté par le sieur Augé, régisseur, pour l'année 1881, la
dépense annuelle faite à Varesnes s'élève à la somme totale
de 50, 035 l. 4 s. 10 d., savoir: Frais d'entretien des bâtiments
et autres, 14,764 l. ; Dépenses de l'équipage, 23,479 l. 16 s. 8 d. ;
Id. pour l'attelage, 10,33 1.8 s. 2d, ; Id. pour la nourriture
des chevaux 14601. — Arch. Oise, Sgie Varesnes: où ces
sortes de comptes sont très nombreux.
Le 25 Mars 1786, déclaration, faite au greffe de l'Election de
Noyon, par Guibert, notaire audit lieu, au nom de H. et P.
sgr. Augustin J. L. A. Duprat de Barbançon, etc. « Attestant
« vouloir jouir, exploiter, faire valoir, récolter, toucher..,
« par lui-même et à son profit, tous les immeubles, revenus et
« droits à lui appartenans et dépendants de ses dites terres
« et seigneuries, à commencer par la présente année 1786
« inclus. De laquelle déclaration a requis acte, à lui
« octroyé... » —Arch. Oise, Ibid.
« M. le Comte de Barbançon, est nommé, en 1789, député
— 54 —
suppléant de la Noblesse aux Etats-Généraux, pour le bailliage
de Villers-Cotterêts. Le marquis de Barbançon, son père, était
seigneur d'Ancienville vers 1774; il portait d'argent à trois
lieus de gueules, armés, lampassés et couronnés d'or. » —Bulletin soc. Archéol. Soissonnais, X. 193.
M. de Barbanson quitte la France dans le cours de l'année
1791. Déjà l'assemblée Nationale se préoccupe de l'émigration.
Elle espère en arrêter les progrès par ses décrets des 19 juillet,
1er août, 14 sept., 13 oct. 1791, contenant défense de sortir et
ordre de rentrer. Mais leur efficacité est atténuée par le veto
royal. Aussi, le conseil général de la commune de Formerie,
tout en signifiant au représentant du sieur de Barbanson,
« ci-devant seigneur et propriétaire des halles dudit lieu », de
les enlever promptement, lui permet encore d'en disposer à son
profit — Arch. Oise, Sgie Formerie.
De même à Varesnes, le régisseur J. B. Augée adresse son
comte de gestion pour l'exercice 1791 finissant au 15 janvier
1792, à Mgr. Duprat de Barbançon, maréchal des camps et
armées du roi. Le tout conformément aux usages et aux
comptes antérieurs. Parmi les pièces à l'appui: « Etat des
« aumônes faites par Monsieur de Barbançon, aux pauvres des
« paroisses de Varesnes et dépendances, pendant l'année
« 1792. » Des secours en nature, des sommes de 6 et 15 1. sont
donnés à des infirmes ; 361. à des incendiés et des mandiants :
la colonne du 12e mois est restée vide, sans doute par suite du
séquestre dont sera question ci-après. L'apurement de ce
compte est longtemps suspendu et donne lieu à des procédures
administratives qui sont résumées dans les Pièces Justific. n°9.
NOTA. — Le décret de l'Assemblée Législative mettant les biens
des émigrés sous la main de la Nation, est adopté le 9 et sanctionné
le 12 février 1792. L'inventaire des titres et biens séquestrés est
immédiatement prescrit et exécuté par des commissions spéciales.
Les unes sont chargées des titres: elles opèrent soit au chef-lieu
départemental, soit dans les immeubles saisis; nous avons indiqué
dans nos Préliminaires p. 5, quelle dut être la marche suivie quant
aux papiers du présent seigneur. Les autres sont chargées de la prisée
des biens : les procès-verbaux de ces opérations sont nombreux dans
— 55 —
les Archives de l'Oise ; nous en donnons quelques extraits ici-même
et dans la Pièce Justificative n° 10.
Le 13 septembre 1792, le Directeur du département de
l'Oise, vu la loi du 8 Avril précédent relative aux biens
des émigrés, etc., déclare que les biens situés à Formerie
et qui doivent être administrés conformément aux articles
III et IV de ladite loi, consistent : 1° En 142 acres de terre
à labour ; 2° en 20 acres d'herbages; 3° 132 acres de bois;
4° deux moulins à vent avec leurs maisons assis sur 3 acres ;
5° le château et dépendances ; 6° des champarts, censives
et autres droits — Mém. Soc. Acad. Oise, XII, 118 : ou Description et plans dud. château.
Le 25 décembre suivant, le conseil général de ladite commune se déclare propriétaire de l'avenue, bordée d'arbres
fruitiers, qui conduit du château au bois ci-devant seigneurial :
le sieur Duprat-Barbançon ayant été dépouillé de ses
propriétés comme de ses prérogatives féodales, par les art. 14
et 15 de la loi du 28 août 1792. — Ibidem, p. 744.
Le seigneur de Varesnes était en effet officiellement classé
dans la « Liste générale, formée par le procureur syndic du
« département de l'Oise, des particuliers y possédant des biens
« et déclarés Emigrés par le Directoire, faute par eux d'avoir
« justifié de leur résidence dans la République Française. —
« D. n° 122 : Duprat, dit Barbançon, propriétaire à Mondescourt,
« Warpond, Lassigny, Salency et Dominois, Brétigny,
« Pontoise, Morlincourt, Babœuf, Varesnes, Canny et Noyon,
« district de Noyon; à Formerie, Elargies etc., district de
« Grandvilliers. » — Imprimerie Desjardins, Beauvais, 1793.
« L'ex-comte Duprat » est l'un des trente-cinq condamnés
à mort par le Tribunal Révolutionnaire, le 15 floréal an XI
( 4 mai 1794 ). — Moniteur n° 226.
Les ventes mobilières ouvrent à Formerie la série de ces
opérations dites Nationales. La municipalité y achète, le 25
août 1793, moyennant 4 liv. une cloche pour la commune.
Les biens-fonds, dont rémunération précède, sont mis en
adjudication les 25 messidor et 21 thermidor an 2 (13 juillet
8 août 93) .
— 56 —
A Varesnes, la prisée des objets mobiliers existant dans les
divers châteaux séquestrés est close le 3 septembre 1793 ; elle
monte a 124 mille 619 livres. Le produit des ventes de cette
nature, tant audit lieu qu'ailleurs, s'élève à 169 mille 356 livres.
— Pièce Justificat. n° 9.
L'inventaire de tous les biens-fonds, situés dans le département de l'Oise, est terminé dès le 13 septembre 1792. —
(Ibid.).
La première adjudication de ces biens est faite le 1er janvier
1794; la onzième et dernière le 12 novembre 1795. Elles produisent une somme totale de cinq millions huit cent-neuf mille
livres en assignats, équivalente à six cent dix-neuf mille quatre
cent-dix livres en numéraire. — Pièce Justificat. n°s 9 et 10.
Tandis que les folles enchères dispersent son immense
fortune, le comte de Barbanson est officier général à l'armée
de Condé. Il meurt à Manheim le 19 mars 1797; il y est inhumé.
Célibataire, il laisse pour héritiers : dans la ligne maternelle,
des cousins, déjà nommés dans le testament de son père
(V. Pièce
Justific.
nos 8, 10);
dans la ligne paternelle,
Dame Elisabeth-Charlotte Duprat de Barbanson dont il est
question ci-après. Avec elle, nous verrons s'éteindre un nom
dont nous avons rappelé les origines, les splendeurs et les
revers.
LES HÉRITIERS
DE M. AUGUSTIN-JEAN-LOUIS-ANTOINE
DUPRAT DE BARBANSON.
« La succession du défunt comte de Barbançon, réglée par la loi du
« 17 nivôse au 2e (6 avr. 94), fut dévolue pour la moitié à la ligne
« paternelle représentée par la Dame Charlotte-Elisabeth Duprat de
« Barbançon, sa tante et ancienne abbesse de l'abbaye de Saint-Remy (1),
« seule héritière de son neveu, ainsi qu'il résulte de l'acte de Notoriété
« du 19 mars 1797; et pour l'autre moitié, à M. Louis-Marie-Palamède
« Gènestel, comte de Saint-Didier, seul héritier également, du côté
« maternel : qualités qui ont été reconnues aux représentants de ces
« deux branches par différents jugements, et notamment par le Tribunal
« Civil de la Seine, le 4 juillet 1806 », et autres dont sera question ci-après.
— Pièce Justificat. n° 10
Le nom de Barbançon est rayé de la liste des Emigrés, le 22 décembre
1801. Les héritiers du défunt comte obtiennent du Préfet de l'Oise, le 5
avril 1802, un arrêté ordonnant la main-levée du séquestre sur les biens
non vendus situés dans le département, « à l'exception seulement des
« bois sis à Formerie, Varesnes et Canny, excédant la contenance de
300 arpents ». Cette restitution toutefois, pour devenir effective, exigeait
des formalités et des enquêtes dont Mme de Barbanson ne devait pas
voir la solution. Par testament authentique du 5 mai 1803, elle institue
son légataire universel l'abbé François-Biaise de Malafosse, prêtre, au
détriment d'héritiers naturels dont les prétentions se révéleront dans la
suite. Le 28 juin suivant, ladite Dame prête encore son concours à un
acte de vente de la ferme de Canny, rapporté en extrait, pièce Justificatives n° 10 le véritable acquéreur est le citoyen Bidermann, propriétaire
à Paris, en faveur duquel est signée une déclaration de Command. —
Pièces Justificat. n° 10
Après la mort de la donatrice, survenue en cette même année 1803,
l'abbé de Malafosse est envoyé en possession de son legs universel par
jugement du tribunal de Soissons. Au surplus, les droits des héritiers
précités, ou de leurs représentants dans les deux branches, sont amplement reconnus par divers jugements, parmi lesquels celui du tribunal
(1) L'abbaye de St-Remy fondée à Senlis vers l'an 1040 fut transférée à VillersSaint-Georges, faubourg de Villers-Cotterêts. Mme de Barbanson, dernière abbesse,
en fut chassée, avec ses religieuses, par la Révolution. — M. Müller, Senlis,
Rues et Monuments, p. 591 et seq.; et Notes sur Villers-Cotterêts, par le
même auteur.
— 58 —
civil de la Seine du 4 juillet 1806. Dans le môme temps, ils sont réintégrés dans l'avenue du château de Formerie, naguères usurpée par la
commune.
Mort vers cette époque, l'abbé de Malafosse laisse pour héritiers des
frères ou leurs enfants, qui font reconnaître leur qualité par un acte de
Notoriété en date du 25 juillet 1807. — Pièce Justifiat., n° 10.
La loi du 5 décembre 1814 lève enfin le séquestre qui pèse sur les
bois dépendant de la succession. Leur restitution est ordonnée, le 20
janvier 1818, par la Commission officielle de liquidation. Cette décision
est signifiée au comte de St-Didier en son château de Clépé, canton de
Boen, par le Préfet du département de la Loire, le 2 mars suivant; aux
héritiers Malafosse, par le sous-suspecteur forestier de Noyon, le 20
dudit mois.
Mais alors apparaissent des héritiers inconnus jusque-là, du défunt
comte de Barbanson.
1° MM. du Tillet et de Pleure se prétendent seuls aptes à recueillir,
dans la ligne paternelle, le bénéfice de la restitution desdits bois. Leurs
prétentions sont admises par le Tribunal de la Seine, le 15 juillet 1820 ;
par la Cour d'appel, le 26 mai de l'année suivante; par la Cour de
Cassation, le 18 février 1823. En conséquence, il est procédé, entre eux
et M. de St-Didier, au partage en deux lots des bois dont s'agit, devant
Me Herbette, notaire à Paris, dès le 21 novembre 1821. Ces deux lots
sont mis en vente, le 5 mai suivant, par les soins de Me Mouy, notaire
à Noyon, l'un à titre de licitation entre les héritiers paternels, l'autre
volontairement par l'héritier maternel. Les bois de Formerie et de
Canny sont adjugés à M. de Pleure, et ceux de Varennes à divers.
2° Mais voici venir Dame Marie Bayeux de Poyanne, princesse de
Chalais, épouse contractuellement séparée, quant aux biens, de M. ElieCharles Talleyrand de Perigord, duc et Pair de France, etc., avec lequel
elle demeure à Paris et de lui autorisée, Le 22 avril 1823, ladite Dame
obtient du tribunal de 1" instance de la Seine un jugement qui la
reconnaît la plus proche héritière paternelle du feu comte du Prat de
Barbanson; elle est substituée en tous les droits précédemment attribués à MM. du Tillet et de Pleure, qui sont condamnés à lui restituer
les bois par eux acquis et le prix de ceux qui sont vendus. Ce jugement
parait avoir été accepté par les évincés, puisque le 29 juin 1824,
Me Defresne, notaire à Paris, procède à une nouvelle adjudication des
bois, qui sont adjugés à M. le duc de Gazes. — Pièce Justificative n° 10.
Quant aux héritiers Malafosse, victimes de la première éviction, ils
ont conservé leurs droits sur les autres parties de la succession. Conjointement avec M. de St-Didier, ils vendent en 1821, à la commune de
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Formerie: 1° moyennant 3 mille 100 fr. l'avenue du château qui leur a été
restituée dès 1806; 2° les halles naguère usurpées par le même procédé;
ils présentent une requête au Préfet de l'Oise, le 22 octobre 1825, à
l'effet d'être admis au bénéfice de la loi du 27 avril précédent, qui
accorde aux émigrés une indemnité de 30 millions de rente. Le Conseil
de préfecture, attendu que les parties justifient de leurs droits et
qualités ; que les de Malafosse produisent l'extrait de l'enregistrement
du jugement du tribunal de Soissons envoyant leur successeur en possession du legs universel de la Delle de Barbanson ; le certificat authentique de la destruction par les flammes, pendant le siège de 1814, des
archives de ce tribunal, rendant impossible la production de l'original
même... admet la demande des impétrants et fixe à 201 mille 616 francs
la somme à admettre en liquidation. — Pièce Justificat. n° 10.
Enfin, par un dernier acte passé devant M" Budin, notaire à Noyon, le
2 juillet 1827, ces mêmes héritiers vendent aux enchères l'avenue du
château de Varesnes et diverses parcelles qui sont adjugées au sieur
Dufour, maire de ladite commune, à laquelle il fait don de son acquisition par acte du 12 mai 1828. — Pièce Justificat n° 10.
PIÈCES JUSTIFICATIVES
PIÈCE N° 1
LES CHEFS-LIEUX DE LA DITE SEIGNEURIE.
§ Ier — Canny-sur-Matz ( Cauni, Cani, Cautiurn, Caunisium
Cannetum, Caniacum) appartient au canton de Lassigny (Oise),
( V. les Notices déjà citées de Graves, p. 48, de M. E. Coët,p. 189).
Au point de vue ecclésiastique, cette paroisse dépendait de
l'évêché de Beauvais, prolongé sans doute jusque là par l'influence des anciens Pagi. Les Archives de l'Oise possèdent
plusieurs Pouillés ; l'un deux, daté de 1707, provient de la vente
après décès de M. Mathon, archéologue à Beauvais: « Saint« Michel de Canni, doyenné de Ressons. Le Pouillé du Chapitre
« de Beauvais, en 1405, porte ainsi: Ecclesia Sti Michaelis de
« Canni, ad decimam 15 l.; Patronus, Abbas de Compendio.
« Décimes ordinaires LVIs IIII d ; d° ordinaires et extraordinaires
« IV1 VHP III d ; Hameau nul. — Présentation, à la Cure, de
« Me Florent Esgret, du 16 mars 1626, par M" Simon Le Gras,
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«
«
«
«
«
«
«
«
«
Evesque de Soissons, comme abbé de St-Corneille de Compiègne. — Provisions : Il y en a dans les registres de l'Evesché eu 1526, et dans les insinuations ecclésiastiques en 1557
et 1595. — Visites d'Evesques : Le 1er may 1618, en présence
de Me Antoine Capul, où il est dit que les dixmes du lieu
appartiennent au curé, en rendant 50 liv. par an à l'abbé de
St-Corneille, lequel est condamné à paier un missel, et les
Marguiliers les processionels ; défense de bénir pain
Cormiau (al. Cornudeau, —nuiau), le Jeudy Absolue. »
Dans un autre Pouillé coté G. 2. (1701-91): « Canny, 160
« communiants; valeur de la Cure, 500 liv. ; Patron, l'Abbesse
« du Val-de-Grâce ; Curés : Me Jacques Lavisse, de ce diocèse,
« 1726-31; Me Gabriel Varlet, de ce diocèse, 1731; Me Charles
« Hennon, du diocèse d'Amiens, le 17 septembre 1743 ; Me Louis
« Faverotte, prêtre du diocèse de Paris, pourvu le 23 septem« bre 1753; Me Hilaire Woidier, de ce diocèse, par permutation
« avec le chapellain de St-Pierre à Longueil-sous-Thourotte,
« le 6 may 1760; Me Jean-François Le Maire, par institution
« canonique, le 19 may 1791... »
Aux Archives de l'Oise, série Q., dans le registre des ventes
nationales, parmi les biens de première origine, on ecclésiastique, on trouve: « District de Noyon; Canny; Chapelle de
« Neelle, 245 liv. — Cure de Canny, 2054 liv. etc. — Fabrique
« de Fresnières, 2908 liv. »
L'Eglise paroissiale a remplacé l'antique et vénérée chapelle
construite sur la fontaine du Matz (M. Coët, p. 191). Elle est
cruciforme et d'architecture gothique tertiaire; la nef est
lambrissée et moderne (Graves, p. 49). Mais, le portail avec
son modeste clocher, le chœur, le transept et ses deux chapelles
datent du XVIe siècle ; les voûtes, hardiment surbaissées, sont
soutenues par des arcs très saillants, aux arêtes prismatiques.
Les clefs de voûtes sont ornées de sujets variés ; celle du
chœur porte l'écusson de Canny, à dix losanges. Les retombées s'appuient sur des culs-de-lampes, ou des motifs divers ;
l'un d'eux est un chevalier armé; en face de lui, une femme
ornée de ses coëffes : les seigneurs du lieu, peut-être ? Plusieurs
fenêtres conservent des fragments de vitraux de la même
époque ; dans la chapelle du nord, dédiée à la Sainte-Vierge,
— 61 —
un Père Eternel, en pied, tenant le globe du monde, est d'une
large facture et d'un beau coloris. A l'entrée du Chœur, une
pierre tombale fatiguée porte : « Cy gist le corps de vénérable
« et discrette personne Me Liouville, en son vivant presbtre
« Curé de Canny, lequel trespassa le premier jour de may,
« l'an mil six cent . . . deux. » Les murs sont, en partie, garnis
de boiseries provenant dit-on, de l'abbaye d'Ourscamp. (V.
Graves, Notice Archéolog.; Woillez, Répertoire Archéolog.).
Dans l'ordre civil, comprenant les rapports militaires, administratifs et judiciaires, à quel ressort devons nous rattacher
Canny? La réponse se dégagera clairement de l'analyse sommaire des procès-verbaux insérés par B. de Richebourg dans
son Coutumier Général, t. IIe p. 455 et seq. ; 543 et seq. ;
663 et seq.
Les officiers royaux en la ville et gouvernement de Roye
refusent de comparaître à la Rédaction des Coutumes de
Vermandois en 1556, parce que depuis les années 1418 et 1420
qu'il a été créé, « le gouvernement de Péronne, Montdidier et
« Roie est distinct et séparé dudit bailliage de Vermandois....
« Que par ci-devant et de tout temps, il est régi et gouverné
« par coustumes différentes à celles dudit bailliage: Que pour
« exercer la Justice audit gouvernement, y a un gouverneur,
« lieutenans généraux et particuliers, ausquels sont addressées
« commissions pour le Roy, pour ce qui concerne le gouver« nement dudit pays, tant pour le ban, arrièreban, emprunts
« sur villes closes, soultes de 50 mille hommes de pied, qu'au« très subsides et aides, dont l'argent se porte en la généralité
« et recepte de Picardie, en la ville d'Amiens tant par les rece« veurs des domaines que des aides et tailles. Davantages...
« que dès l'an 1510... a esté rédigé un cayer des coustumes
« dudit gouvernement : lequel toutesfois n'a encores esté
« omologué...; mais, que le seigneur de Humières, gouverneur
« dudit pays, est à la poursuite pour obtenir lettres patentes...
« pour la promulgation desdites coustumes. . . » Les extraits
suivants du même procès-verbal prouvent que la dite protestation était fondée et qu'il y fut fait droit. La rédaction des
cahiers de Noyon, qui font partie de ceux de Vermandois,
amène naturellement « la comparition » de l'Evêque, du
— 62 —
Chapitre et des principaux Abbés de ladite ville ; de M" de
Barbenson, seignr de Varesne et autres lieux dénommés en
notre Catalogue; du prince de Condé pour ses comtés, châtellenies, seigneuries, fiefs sis en Vermandois ; « de Pierre de
« Salnove pour son fief de Cauni » ; des manans et habitans
du Plessis de Roye. Les comparans avaient un évident intérêt
à maintenir leur ressort dans les plus larges limites ; nous
devons croire qu'ils y mirent tous leurs soins, si l'on en juge
par l'exposé ci-après des luttes soutenues par eux ultérieurement. Néanmoins, la Liste alphabétique des localités attribuées
à Noyon ne comprend aucun des fiefs mouvant de la seigneurie
de Roye, à l'exception d'un seul : le Plessier-les-Roye, dont
les attaches avec Noyon paraissent remonter à l'ère féodale.
Onze années plus tard (1567). les cahiers Coutumiers du
gouvernement des trois villes sont enfin révisés et approuvés.
Parmi les comparants : « Jean Chocquet, curé de l'église de
« Camy [Canny?] »; Le prince de Condé, pour ses seigneuries en la prévôté de Montdidier, et pour le fief de Roye, les
terres et seigneuries de Crapaumesnil, Cessoy, les fiefs de
Clermont, Etangs de Trivot, Clabout, et autres en la prévôté
de Roye; Mre de Barbanson, sgr de Cany. prévôté de Roye;
( V. Catalogue) ; les manans et habitans de Canny ; dans la Liste
des localités: Canny.
A la question précédemment posée, nous sommes donc
autorisés à répondre : dès le XIIIe siècle, Canny est compris
dans le ressort de Roye. Avec cette ville, il est successivement
attaché au grand bailliage de Vermandois, au gouvernement
de Picardie, à la gouvernance des trois villes.
Resterait à déterminer quelle a pu être la mouvance féodale
de Canny, dans les différents âges que traverse notre Catalogue ?
C'est une question que nous examinerons à la fin de cette
Notice, au moment où nous décrirons les ruines du château.
La Mairie, l'Ecole, l'Instituteur sont installés, proche l'église,
dans un modeste bâtiment sans étage. Dans la salle du Conseil,
une armoire humide renferme les Archives municipales: 1° une
série incomplète des registres de l'Etat-civil, depuis 1679. Le
premier fascicule, non relié, contient des actes disséminés
jusqu'en 1717: « le 31 may 1705, décès de Me Georges Langlois,
— 63 —
« curé de cette paroisse; En août 1716, est inhumé, en
« l'église, Adrien Chevallier, recepveur de la terre de Canny
« pour M. de Barbenson, avec Elisabeth Boullanger, sa
« femme. — Le tome IIe, couvert de parchemin, est intitulé :
« Registre.... cotté et paraphé par Nous Claude Gaullière,
« président, lieutenant général au Bailliage et Gouvernement
« et Prévosté de Roie, pour servir pendant l'année 1751... »
Même mention sur les cahiers consacrés aux trois années
suivantes. En 1764, paraphe et visa de « L. Ch. Billecoq,
« conseiller du Roy, lieutenant criminel au Bailliage de Roie,
« pour l'empeschement de M. le Lieutenant-général. Le 4 mai
« 1767, décès de Me Boulanger, receveur des Dames du Val« de Grâces. Le 16 janvier 1772, inhumation, dans l'église, de
« Pierre Boulanger, fermier audit lieu, en présence de Florens
« Boulanger, conseiller du Roye en l'élection de Montdidier,
« fermier de Foirestelle, paroisse des Boiteaux ; de Adolphe
« Boulanger, fermier de Popincourt, et du sieur Pierre
« Boulanger de la Marlière, seigneur de Pontlétrier, officier
« chez le Roy. » — Le t. IIIe comprend les années 1788-91 :
« le 23 janvier 1791, inhumation de Jean-Antoine Langlet,
« receveur de M. de Barbanson en cette paroisse, signé Dobel,
« curé de Canny; Chemitte, curé de Lassigny». 2° Une collection incomplète des Actes et Documents administratifs depuis
1790. 3° Deux Registres ainsi cotés : « Premier Registre de la
« paroisse St-Michel de Canny, district de Noyon, départe« ment de l'Oise, contenant cent feuillets paraphés par Michel
« du Pouchy, élu Président de l'assemblée de la dite paroisse,
« le 24 janvier 1790. Au f° 193, délibération du 1er pluviose an 2
« (20janv. 1794), dans laquelle sont nommés deux commissaires
« pour assister à la vente des biens de la Fabrique, à laquelle
« criée il doit être procédé le 12 dudit mois (31 janv., » un peu
plus loin, on lit: « Le 5 nivôse, troisième année républicaine,
« (25 décembre 1795), le Conseil général de la commune assem« blé à l'effet de choisir deux citoyens pour opérer l'évaluation
« des biens de l'émigré du Prat, conjointement avec le citoyen
« Billa, commissaire nommé par le Directoire du District de
« Noyon, pour en dresser procès-verbal d'après l'estimation
« desdits Experts: ont été nommés MM. Vasseur et P.-F.
— 64 —
« Gonnet, qui ont accepté et prêté serment ». Ce recueil est
clos en 1820. Le « Deuxième Registre destiné à inscrire les
« actes de délibérations du Maire et du Conseil de la commune
« de Canny, à compter des six derniers mois de l'année 1820,
« paraphé par Vasseur, Maire dudit Canny », n'est pas épuisé.
4° Un dossier relatif aux Biens et Droits de la Commune.
Il est divisé en deux parties : la première contient un Règlement des Usages : « Le Maire
considérant qu'à défaut
« d'un règlement clair et constant, . . . . il résulte souvent des
« contestations entre les Usagers,.... a l'honneur de pro« poser
(à l'approbation préfectorale) le règlement
« suivant. — Art. 1er — Les biens communaux consistent en
« 37 hectares, 85a 79c ( 84 journaux environ, ancienne mesure
« de Roye), savoir: 31 h., 77 a., 36c, en terres labourables,
« divisées en soixante-huit lots et demi ( non compris celui
« assigné à l'instituteur ) renommés contenir chacun 45 ares
« 7 c. environ, ou un journal ; et 6 h., 8 a., 43 c, en pâtures
« et friches communes, soit 13 journaux 1/2, y compris le
« grand chemin qui les traverse. Art. 2. — Ces biens sont
« inaliénables : ceux ou celles qui sont appelés à en jouir,
« sous les conditions ci-après, n'ont qu'un simple usufruit.
« Art. 3. — La jouissance ne peut s'obtenir : 1° que par suc« cession directe des père et mère aux enfants ; 2° par droit
« d'ancienneté de cotisation aux contributions (soit foncières,
«
soit mobilières, soit des portes et fenêtres,
art. 6).
A r t . 4. —
« Il n'est rien innové à l'égard de ceux qui sont actuellement
« en jouissance.. ; elle sera transmise comme les autres.».
Art. 5. — Les enfants seuls ont droit au lot paternel; les
petits-enfants et autres parents en sont exclus. Art. 6. — En
cas de concurrence entre des enfants mariés et des célibataires,
la préférence sera donnée soit au plus ancien marié, soit au
plus ancien cotisé, soit au plus âgé. Art. 7. — La veuve succède
à son époux défunt; les enfants succèdent, en commun, au
survivant ; en se mariant ils perdent leur droit, qui reste au
dernier. Art. 8. — Tout ménage nouvellement venu dans la
commune n'a droit à un lot qu'après un an et jour de cotisation.
Art. 9. — Une absence d'un an et jour entraîne la déchéance,
excepté pour les militaires en service. Art. 10. — Les réfrac-
r ancien potager
— 65 —
taires à la loi militaire perdent tous leurs droits. Art. 11. —
Les célibataires vivant en commun n'ont droit qu'à un lot.
Art. 12. — Les nouveaux mariés ayant chacun un lot ne gardent que celui du mari. Art. 13. — Et ils le conservent encore
s'ils vivent en commun avec leurs parents usufruitiers euxmêmes; mais, ils n'en gardent qu'un au décès de ceux-ci.
Art. 14. — Le preneur d'un lot vacant par décès avant le
1er juillet remboursera « les labours, semences et amendises »
aux héritiers du défunt; après cette date, ceux-ci ont droit
de faire la récolte pendante. Art. 15. — « L'Instituteur de la
« Commune jouira toujours d'un l o t . . . de 35a 20c ( 3 journ.
« environ)....» Art. 16. — « Lorsqu'un lot... devient vacant,
« celui ou celle à qui il échoit... doit, avant de se mettre en
« jouissance, faire la déclaration au Maire, qui reconnaît son
« droit sur un registre à ce destiné et... l'envoie en possession.
« Art. 17. •— Tous règlements, antérieurs à celui-ci, qui pource raient exister, soit aux archives de la Mairie, soit ailleurs,
« seront considérés comme nuls et non avenus. — Fait et rédi« gé en la Mairie de Canny ce 10 décembre 1810... Signé au
« registre Vasseur, Maire.
« En marge est écrit: Vu et approuvé, conformément à la
« délibération du Conseil municipal du 3 avril dernier et à
« l'avis du Sous-Préfet, à titre de règlement pour l'avenir, du
« droit d'usage... Beauvais, 9 juin 1820. Pour le Pair de France,
« Préfet de l'Oise, le Conseiller de Préfecture délégué. —
« Signé D'Elbée. »
NOTA. — Les litres de propriété desdits Usages ne sont pas rappelés
dans l'acte; la Mairie de Canny ne possède aucun document de ce genre;
notre Catalogue ne nous fournit aucun renseignement sur ce sujet.
Néanmoins, nous avons cru devoir donner l'analyse du présent Règlement, parce qu'il enregistre des coutumes locales probablement très
anciennes.
La deuxième partie de ce dossier contient l'arrêté préfectoral
du 25 avril 1804, portant liquidation de l'ancien hôpital du
marquisat de Varesnes; les modestes droits de la commune de
Canny sont fixés à un lit affecté à ses indigents malades, dans
l'hospice de Noyon. Nous transcrivons cette pièce à l'article
Varesnes, qui suit:
III
5
— 66 —
5° Le Cadastre, avec des annexes, portant la date de 1820.
Nous en extrayons les indications topographiques suivantes:
— Rues du Village; Grande-Rue; rue Bastien; rue du Matz;
rue du Sac; rue Basse; ruelle du Four; rue Pierre-Adem;
rue Pierre-Diot; rue de Nesles. — Cours d'eau: Le Matz.
(Massum), prend sa source (SonC.) lieudit le Bouillon; il a pour
affluent le Rû des Royots, qui traverse la Son B.
Section et Lieux-dits : — Son A. dite du Mesnil, les Alisons,
le Mesnil, le Verlot, les Vingt Journaux de la Croix, les LongsChamps, les Haies-Friquettes, la Fossette, le Cimetière aux
Chevaux, le Mont Pierre Gros. Son B. dite des Royots; le Clos
aux Faînes, la Sole de la Ruelle de Nesles, la, Hulotte, les Royots,
la Cognée, le Champ Gamin, la Croisette, les Usages, les
Bassiers, les Petits-pieds, les Fosses, le Champ du Loup; les
Quatorze Journaux, les Douze Journaux, la Fontaine Meunier,
le Chemin Perdu ; Son C. dite du Village : le Bouillon, le Village,
la Marlière, la Soie du Moulin, la Chaussée, le Marais. Son
D. dite de la Ferme de Canny: le Bois du Château, les
Croupes, le Bouillon, la Ferme; la Grande-Pièce, les Cinquante
Journaux. — Les Chemins : 1° Chins de grande communication :
de Compiègne à Roye par Ressons, n° 41 ; de Compiègne à Roye
par Lassigny, n° 142; de Noyon à Beauvais, n° 146 ; de Gury à
Roye, n° 160;. 2° Ch ins vicinaux ordinaires : de Roye a Com-
piègne, n° 3; chin dit Ruelle de Nesles, n° 4; de Plessier
de Roye à Canny n° 5; de Fresnières à Roye-sur-Matz; de
Canny à Gury; de Beuvraigne à partir de la Ferme; du
Poirier; de Canny à la Ferme; du Tour-de-Ville ; du
Moulin; du bois du Mesnil, de Canny à la Taulette; de
Fresnières à Lassigny; sente des Usages; Chin de Beuvraignes
à partir du Bouillon de Canny, sente dite de la Brèche à
Sauvis ; sente du Mont Pierre Gros ; sente du Chin Blanc.
Le Château et ses dépendances. — A sept cents mètres environ
de l'église, vers l'Ouest, sur un plateau qui se relève lentement
depuis les rives du Matz, était assise la forteresse (castellum),
dont parlent Graves et Coët, sans indiquer leurs preuves. Les
épaisses murailles, avec tourelles et mâchicoulis, le manoir, sa
chapelle mentionnée dans les Pouillés, ont été rasés, disent-ils,
par ordre de Richelieu, en 1629. Toutefois, la plate-forme
— 67 —
quadrangulaire qui les portait, les fossés doubles et profonds
qui les entouraient, sont restés à peu-près intacts. Les dessins
ci-joints nous dispensent d'une longue description.
Ce tertre, évidemment artificiel, suppléait au relief insuffisant
du terrain. Sans aucun doute, il succédait à l'une de ces Moites
de l'ère féodale primitive, si nombreuses dans la région (V.
Graves et M. Coët ) et dont de Caumont a cité tant d'exemples
dans son Cours d'Antiquités, t. Ve. La motte de Canny paraît
avoir été constituée par les seuls déblais dès fossés ; l'eau de
ces derniers, aujourd'hui disparue, était alimentée par les
égoûts de la plaine et des bois prochains. Dans le massif central étaient ménagées des galeries voûtées en pierres de moyen
appareil; l'une d'elles sert encore de cave ou de silo. De cette
éminence, l'œil embrasse le panorama de tout l'ancien domaine.
Au premier plan, vers le nord, la Ferme contigüe aux ruines
et entourée de ses cultures; plus loin, à gauche, le Bois du
Château (111 hect. 68 a.) ; à droite, le bois du Mesnil (35h. 50 a.);
et celui du Mont-Pierre-Gros (20h. 91 a.). Les bois de Canny
ne se distinguaient pas de la forêt de Bouveresse (Graves,
Cant. Lassigny, p. 93, 95), et passaient pour les plus beaux du
pays avant les modernes défrichements ; séquestrés par la
Terreur, ils furent restitués aux héritiers de nos seigneurs par
le Consulat, ainsi qu'il est expliqué plus loin, pièce n° 10. —
Fort modeste, sans doute, aux premiers temps de cette histoire,
la demeure des tenanciers a pris ensuite de sérieux développements. Les bâtiments d'exploitation, construits avec les débris du
château, occupent les quatre côtés d'un vaste quadrilatère. Le
Colombier seigneurial y est représenté par une tour cylindriques du XVIe siècle. A l'extérieur un bandeau large et saillant
indique sa division en deux étages, dont le premier n'a jamais
perdu sa destination primitive. Le rez-de-chaussée est orné
avec un luxe imprévu: la voûte en moyen appareil, est soutenue par six arcs en ogive, aux arêtes prismatiques, qui s'appuient
sur les élégants châpiteaux de colonnettes munies de leur socle :
c'est trop d'honneur pour la gent gallinacée que lui offrir un
pareil séjour. Près de là, le logis et une grange: les restaurations successives n'ont pas effacé l'empreinte des anciens
maîtres ès arts de maçonnerie. Dans l'habitation, tout est
— 68 —
adapté aux usages modernes, sans que l'hospitalité y soit moins
patriarcale; plusieurs pièces sont décorées de panneaux et
boiseries provenant, dit-on de l'abbaye d'Ourscamp, comme
celles de l'église.
Les origines de cette seigneurie, ses relations féodales pendant le moyen-âge, ne pouvaient manquer de nous préoccuper.
Par malheur, le destin commun à toutes les seigneuries secondaires est d'avoir perdu les actes de leur naissance. Elles se
sont obscurément constituées dans le chaos des IXe et Xe siècles,
au sein duquel s'est élaboré le nouveau régime politique et
social. L'historien les surprend florissantes vers l'an 1000; il
ne peut qu'interroger les ruines qu'elles ont laissées dans
leurs fréquentes et rapides transformations. Les restes, dont
le plan précède, nous répondront, discrètement sans doute,
mais leur témoignage n'en a pas moins sa valeur. Et d'abord,
ne nous rapprochent-ils pas de l'enfance du régime, cette motte
avec son donjon et ses remparts de terre, « imitation plus ou
«moins altérée du prétoire des camps romains (De Caumont,
op. cit. ) ? Les preux qui s'y abritent ont assurément des
hommes d'armes derrière ces palissades, des domaines pour
les nourrir, des serfs pour les cultures et les corvées. Ils ont
aussi des ancêtres ; déjà ils considèrent ce lieu comme leur
plus ancien patrimoine, sinon comme le berceau de leur race:
à preuve, cette pieuse et persévérante tradition qui obligera
chacun de leurs successeurs, jusqu'à nos jours, à inscrire le
modeste nom do Canny comme le premier de leurs titres.
Toutefois, ils ne prétendent avoir jamais été ni comtes, ni
barons. A l'exemple de tous les chevaliers de même ordre, ils
se rangent sous la bannière de l'un des grands vassaux de la
Couronne; en échange de son patronage, ils lui rendent l'hommage et la foi. Or, le feudataire le plus proche est celui de
Vermandois. Il est représenté à Roye par un lieutenant; ce
dernier a d'abord le titre de châtelain, parce qu'il a la garde de
cette forteresse et autres voisines ; mais il devient promptement seigneur héréditaire, et la plupart des fieffés d'alentour
reconnaissent sa suzeraineté. Telle est la logique du système:
elle n'est contredite ici par aucune des données de l'Histoire.
Mathieu III de Roye est d'abord seigneur du Plessier et
— 69 —
dépendances, tant à cause de l'acquisition par lui faite en 1323,
qu'en vertu des droits cédés par Marguerite de Ville, sa
femme. Devenu seigneur châtelain de Roye par la mort de
Mathieu II avec lequel s'éteint la branche aînée, il réunit ses
propres titres à ceux de ses prédécesseurs (M. Coët, Hist. Roye
I, 78). Or, « la terre de Canny
appartenait aux seigneurs
« de Roye, à la branche cadette qui possédait la seigneurie de
« Plessier ; elle resta dans cette famille jusqu'au mariage
« (juin 1551) de Léonore de Roye, unique héritière du nom.
« avec Louis 1er de Bourbon, prince de Condé, qui devint ainsi
« seigneur de Canny, » M. Coët (Ibid. p. 178-86 ; Notice.
arrondt Compiègne, p. 189), L'auteur envisage, sans doute,
ici la mouvance féodale et non la seigneurie utile et directe qui
est aux mains des Le Flamenc depuis plusieurs siècles. En ce
cas, nous aurions une fois de plus sous les yeux un complet exemple des multiples relations créées par ce Régime : Canny, arrièrefief, centre lui-même d'une hiérarchie secondaire, relève du
Plessier; celui-ci meut médiatement do Roye, fief suzerain,
lequel est tenu lui-même du Roi, à cause de sa gouvernance
des Trois Villes. Toute vraisemblable qu'elle soit, la situation
féodale de Cauny méritait d'être éclairée par des textes précis.
Dans les ouvrages précités, M. Coët n'en indique aucun et
nous dirons plus loin pourquoi nous ne pouvons suppléer à son
silence. Il propose, néanmoins, deux arguments favorables à sa
thèse.
1°. — Nous avons, dit-il, une lettre du prince de Condé
au gouverneur des trois villes, dans laquelle il semble considérer Canny comme faisant partie de ses domaines : « La
« Fère, 15 avril 1564. Monsr d'Humyères, je scay.... qu'il y
« a grand nombre de personnes de Roye, le Plessier, Guerbigny,
« Crapeaumesnil et autres lieux circonvoisins qui sont de
« la religion refformée.... je leur ay permis et accordé que,
« es terres qui m'appartiennent, hors la ville de Roye et
« ses faulxbourg, ils puissent... exercer le ministère de lad.
« religion, sans aucun empeschement, et mesmes aler à Cany,
« si bon leur semble... A quoy je m'asseure que scaurez bien
« et prudemment pourveoir... » Des quelques mots souslignés
par nous naissent deux questions: De quel droit le prince pré-
— 70 —
tend-il assurer à ses coréligionniaires le bénéfice des édits
« es terres qui lui appartiennent, mesmes à Cany » ? Evidemment en vertu de ses prérogatives seigneuriales, et d'elles
seules, puisque la plupart des localités qu'il désigne ne sont
pas comprises dans son gouvernement de Picardie. Mais,
pourquoi s'arrête-t-il aux portes de cette ville de Roye dont
ses prédécesseurs ont jadis pris le nom et réglé les destinées ?
Parce que ce brillant état des anciens seigneurs du lieu n'est
plus maintenant qu'un souvenir. Cette décadence a commencé
dès la réunion du pays à la Couronne ; elle se poursuit par la
création des bailliage et prévôté, par la rédaction des coutumes ; elle est accélérée par les luttes de Condé en faveur
de la Réforme, par les confiscations prononcées contre lui,
par la chute du nom dans la Maison de la Rochefoucauld.
Mais qu'importe, après tout, que le siège de la seigneurie soit
transféré dans quelque château voisin, si les relations entre
suzerain et fieffé n'en gardent pas moins leur valeur relative ?
Or, nous la retrouvons entière au XVIIe siècle, dans la liquidation de la seigneurie de Roye, qui nous fournit notre second
argument.
2° — « Le petit-fils de Charlotte de Roye, François II de la
« Rochefoucauld, comte de Roye et de Roucy, perdit
« la terre et seigneurie de Roye ; elles furent adjugées par
« arrêt du Parlement du 17 août 1630, au profit de M. de
« Belleforière de Soyecourt, seigneur de Thilloloy..., déjà
« acquéreur, en 1626, de la terre de Guerbigny vendue par
« Henri II de Bourbon..: Il fut défendu à l'acquéreur de pren« dre le titre de seigneur de Roye, et à ses officiers de se dire
« bailli ou procureur fiscal de ladite seigneurie ; la seule quali« fication permise fut celle de seigneur du fief de Roye, confor« mément au procès-verbal de la Coutume. » (M. E. Coët,Hist.
Roye, t. 1 er , p. 46, 118, 123, etc.
NOTA. — Dans nos Remarques Préliminaires et dans notre Catalogue,
nous avons déjà cité l'acte d'adjudication de la terre de Roye et dépendances, conservé aux Archives Nationales en X. Ib 9G15.
« Quant au domaine de Canny, il fut aussi vendu... et devint,
« par acquisition, la propriété de la Maison Duprat de Bar-
— 71 —
« banson, dont les membres prirent le titre de Barbançon« Canny, seigneurs de Varennes... » (M. Coët, Notice, arrondt.
« Compiègne). Graves donne une autre version tout autant
dénuée de preuves : « Le domaine de Canny appartint aux
a seigneurs de Monchy-Humières, ensuite à M. de Barbanson..»
(Précis, Cant. Lassigny, p. 49). Quel que soit le texte de ces
contrats restés jusqu'ici introuvables, quelle qu'ait été, dans
les temps passés, la situation féodale de Canny, les droits
honorifiques et utiles sont désormais réunis dans la même
main, qui portera devant la Comté-Pairie de Noyon l'hommage
du sire de Canny-Varesnes.
Sans doute, l'analyse sommaire qui précède, laisse place à
plus d'une objection. Pour les prévenir, nous avons eu recours,
mais en vain, à toutes les sources qui nous étaient indiquées.
A Paris comme à Laon, il n'a rien été trouvé, malgré la parfaite obligeance des Directions spéciales. M. l'Archiviste de
la Somme n'a rencontré qu'une seule pièce relative à ce lieu :
« Alexandre de Fescamps seigneur de Fescamps, fait donation
« à Quentine Hubert, sa cousine, de tous les droits qu'il peut
« avoir dans une maison sise à Canny, 1662-72 — G. 554. ».
A Beauvais, Canny est représenté dans le fonds des communes,
par une liasse insignifiante ; dans le fonds de l'évêché de Noyon,
un registre contenant l'inventaire des titres dudit évêché, au
XVIIIe siècle, aurait pu nous fournir de grandes lumières:
« Boette P. — Plessis de Roye — 1° Dénombrement en par« chemin de la terre de Plessier fourni par Mathieu de Roye,
« 1372. 2° Idem de partie du même fief, 1425. 3° Id. du même
« fief en 20 fos parchin par Charle de Roye, 1537. 4° Relief du
« même fief au nom de M. le prince de Condé, copie papier,
« 1555. 5° Idem par Charles de Bourbon, sans date. 6° Dénom« brement par Antoine de St-Germain, 52 fos parchin, 1628.
« 7° Bail fait par le même des étangs du Plessier et du fief de
« la Bucaille 1637. 8° Accord entre le même et le sieur
« François Godefroy au sujet de lade terre, 1639. 9° Relief par
« le même Godefroy, 1639. 10° Réception de foy et hommage
« et serment de fidélité pour lade terre, 1631. 11° Dénombre« ment fourni par ledit Godefroy, 90 fos parchin, 1663. 12° Idem
« par Félix de Vrévin, 1687. 13° Procédures faites par M.
III
52
— 711 —
« Declermont contre Marie-François, marquis de Hautefort, et
« son père, touchant les dixmes de Templeux.... 14° Procédures
« pour le relief de la terre de Plessis de Roye.... etc. »
G, 557, f° 13. — Par malheur, les pièces originales visées dans
cet inventaire n'existent plus, et le nom de Canny n'est pas
prononcé dans ces cotes sommaires.
A Chantilly, dans le fond de Condé signalé à notre attention
comme il a été dit dans notre préface, nous espérions trouver : soit à l'acquisition du Plessis en 1323, soit les contrats
de mariages de différents seigneurs de Roye ; quelques-uns
des actes féodaux rendus au suzerain par les fieffés de
Canny; le décret des saisies de 1568, ou des rémissions postérieures ; le dossier des ventes de 1628 à 1630? Mais, le
déplorable exil de Mgr le duc d'Aumale a longtemps mis
obstacle à l'ouverture des Archives. Des travaux entrepris
depuis son heureux retour, n'en permettront l'accès que dans
quelques mois. Nous publierons donc prochainement un nouvel
appendice à cette partie de la présente Notice.
§ IIe— Varesnes ( Varinae, Varenna) est dit aussi Varennesles-Noyon, pour le distinguer de ses homonymes en Seine-etMarne et Somme. Cette commune compte environ 560 habitants ;
elle est située sur l'Oise, à 6 kilomètres sud-est du chef-lieu,
auquel son sort est lié depuis l'origine des temps historiques.
Cette partie du Noyonnais abonde en vestiges de l'occupation
romaine. L'antique Chaussée de Varennes (calceia, cauchie)
conduisait les rois Mérovingiens de Noviomagus (Noyon) à
leur Palatium Carisiacum (Quierzy). Les cartes enregistrent
encore diverses sections rectilignes de cette voie : elle sort de
Noyon par le faubourg de Chauny, confondue avec la route de
La Fère jusqu'à la rencontre du chemin d'Hesdin; là, elle reprend
son nom, passe au delà de Morlincourt et franchit l'Oise à
Varesnes; le château à droite, l'église à gauche, les lieux
publics, les demeures privées s'échelonnent sur son parcours
vers le sud; elle quitte le bourg avec le chin de Pontoise, tourne
à l'est sous le nom de Chemin de Brétigny, longe la colline de
Crémont semée de débris gallo-romains, traverse les défrichements de la forêt du Louvetain, et pénètre dans Brétigny qui
confine à Quierzy ( V. Graves, Précis cant. Noyon ; Notice
— 712 —Archéolog. ). Il va sans dire que Varesnes fit toujours partie
du Bailliage de Noyon, comme de son diocèse. Pendant la
période féodale les juridictions temporelle et spirituelle, réunies
dans les mains de l'Evêque-Comte et Pair, ont les mêmes et
très larges limites : l'une ressortit au grand Bailliage de
Vermandois, l'autre à l'archevêché métropolitain de Reims.
Mais, la réunion du Vermandois à la Couronne (XIIe siècle),
avec toutes ses dépendances, les rapides progrès du Pouvoir
royal, diminuent singulièrement l'autorité des justices seigneuriales: elles sont bientôt soumises à des officiers placés par le
Roi dans les chefs-lieux mêmes. Nous en avons pour exemples
Roye, Chauny et surtout Noyon dont le ressort perd une partie
du terrain attribué aux deux autres. La rédaction des coutumes
au XVIe siècle, consacre ces graves changements; nous empruntons aux procès-verbaux officiels les mentions qui intéressent
la seigneurie de Varesnes et ses dépendances. Les « Coutumes
« générales et particulières du bailliage de Vermandois et
« anciens ressorts d'icelui » sont datées de 1556. L'Evêque de
Noyon, le Chapitre, les Abbés de cette ville y comparaissent
pour leurs diverses seigneuries sises dans le ressort de Noyon;
messire François de Barbenson, comme seigneur de Varennes,
Babeuf, Pontoise, Coarcy, Morlincourt. Ces mêmes localités
sont inscrites sur la Liste Alphabétique des lieux soumis à
ladite coutume.
« Les cayers coutumiers de la Gouvernance, Bailliage et
« Prévoté de Channy (1510), ou de Chaulny (1609) » sont plus
explicites. Parmi les comparants : « Messire Louis de Barbençon,
« seigneur de Canny, Varesnes, Mondescourt et des fiefs du Bois
« de Louvetain, de Babeuf et des Onze-Mazures y estans ; Le
« Curé de l'Eglise de Babeuf, à cause des Onze-Mazures sises
« audict lieu; Le sieur Eloy Henne, lieutenant dudict Babeuf, à
« cause dudict fief des Onze-Mazures. Les Officiers du Roi en la
« ville de Noyon protestent contre la convocation des seigneurs
« et communautés de divers villages, parmi lesquels Sempigny,
« Appilly, Babeuf, Mondescourt, Varenne, etc. pour la juri« diction desquels il y a procès pendant au parlement entre eux
« et les Officiers de Chauny : lesquels ont obtenu, par surprise,
« un arrêt contre lequel il y a requeste civile obtenue, reçue et
— 71 3 —
« jointe au principal. Tous lesquels villages ont toujours été
« régis suivant la coutume, tant du bailliage de Vermandois,
« que de la particulière, et appartiennent à la juridiction de
« la dite ville. — Par les Officiers de Chauny a été dit que
« ceux de Noyon feignent ignorer les actes royaux par lesquels
« les sièges des deux villes ont été érigés et séparés. Dès l'an
« 1186, sous Philippe VI, Chauny a été réuni au domaine royal
« de l'Ile-de-France et distrait du Vermandois ; en 1354 il a
« été donné en appennage au duc Philippe d'Orléans, qui l'a
« transmis à ses successeurs sous le nom de Fief d'Orléans. Il
« fut alors pourvu d'une juridiction particulière, de la quelle
« furent distraits les vassaux de l'Evesque, et créez Juges et
« Officiers pour iceulx audict Noyon et sons titre d'Exemp« tion de Chaulny à Noyon : de quoy se voyent encore plusieurs
« titres et actes... Lequel état des deux ressorts n'a pas été
« modifié par le retour de Chauny à la Couronne en 1498, sous
« Louis II d'Orléans devenu le Roi Louis XII; car la ville de
« Noyon ne fust oncques Royale, ains appartenante aud. sieur
« Evesque, fors quelques maisons qui sont du fief d'Orléans; Or,
« du Roy, à cause de son chastel aud. Chaulny et fief d'Orléans,
« sont mouvans.... tous les villages et censés dont s'agit... »
La paroisse de Varennes faisait partie du diocèse dont le
siège fut transféré, en 531, de Vermand à Noyon, par StMédard ; elle y fut maintenue par le concile provincial tenu
dans cette ville en 814, qui fixa les limites entre les évêchés de
Noyon et Soissons, sur la rive gauche de l'Oise. Il est dit, au
Cartulaire de St-Barthélemy, que Lambert, évêque de Noyon
et Tournai, confirma à la dite abbaye les cures données par
ses prédécesseurs ; il y ajouta celle de Varennes, sous réserve
d'un droit de contrôle, qui explique l'intervention de ses successeurs dans les concessions de chapellenie au château dudit
lieu (V. notre Catalogue, an. 1261, 1271, 1343). On lit dans le
Pouillé de ce diocèse au XVIIIe siècle, par Peigné-Delacourt :
« Varesnes; Patron, St-Géry, 11 août; Nominateur, l'abbé de
« St-Barthélemy ; seignr, M. de Barbanson ; Bailliage et
« Election de Noyon ; Intendance, Soissons; Revenu, 550 liv.
« La chapellenie du château rapportait plus de 400 liv., suivant
« le titre d'érection conservé aux archives de l'évêché... »
— 714 —
La Mairie, ses Archives. — Au centre du village, une place
ornée de tilleuls encadrant un calvaire : en face, à l'est et
séparé par la grande rue déjà décrite, un modeste bâtiment
contient la Mairie, les Ecoles, le logement du Maître. Les
Archives municipales ne renferment que des documents
modernes.
1° Une série de « Registres des Baptesmes, Mariages, sépul« tures de la Paroisse de Saint-Gaugeri commençans en l'année
« 1621. » Dans le tome 1er, trois sentences du bailliage seigneurial
relatives à des legs faits à l'Eglise pour des Obits. Les deux
premières sont rendues le 29 mars 1639 « ès plaids tenus à
« Varennes par Charles Le Pannetier, conseiller et procureur
« du Roy, Bailli général de la terre et seigneurie de Varennes
« pour Mgr le marquis de Nantouillet ; » l'autre, le 3 décembre
1641. par Me Barthélémy Le Brun, lieutenant du précédent
bailli. Le 10 septembre 1640, sont transcrites les pièces
suivantes : « A Monseigneur le Révérendissime, Evesque de
« Noion, pair de France. Remonstrent humblement François
« Boulanger, prebstre, curé de Varennes et Barthélemi Le
« Brun, lieutenant dudit village..., que plusieurs habitans
« appartenans à la religion réformée s'efforcent d'enterrer un
« des leurs en la place publique, aux pieds de la Croix...,
« encore bien que le Curé ait ordonné que le défunt fût mis
« en son propre jardin... » suivent, une sentence conforme de
l'Evêque et le procès-verbal des opérations du lieutenant
criminel envoyé par lui. Cette procédure était autorisée par un
arrêt du Conseil d'Etat interdisant aux Réformés toute sépulture en ce lieu. La cote analytique de toutes ces pièces se
trouve aux Archives de l'Oise, en G. 557, Registre coté V.
Les souvenirs de Calvin à Noyon,(1) l'influence du prince de
Condé à Roye et à Canny expliquent aisément cet engouement
passager pour la Réforme ; mais, les Varennois nous donneront ci-après la mesure de leur affection pour l'antique foi de
leurs pères.
2° Deux registres, relatifs à l'administration de la commune,
(1) Sur Calvin, voir les Historiens du Noyonnais: De La Fons,p. 65; De
La Forte-Maison, p. 237.
— 715 —
embrassent les faits accomplis depuis la fin du XVIIIe siècle.
Le premier porte ce titre : « Le présent Registre a été coté et
« paraphé par Nous, Bailly général de la Justice dudit Varesnes
« et dépendances, pour servir au Sindic de l'assemblée
« municipale de lade paroisse pour y inscrire tous les ordres
« qu'il recevra dont il mettra les dattes en marges, y inscrire
« aussy les déboursés qu'il fera, même ceux qu'il peut déjà
« avoir fait pour la communauté de lade paroisse. Ce premier
« mars mil sept cens quatre vingt huit. — Muisvert. » Ce
répertoire est parfaitement tenu, et sans lacunes, jusqu'au
2 septembre 1792: les pages suivantes contiennent les délibérations municipales depuis 1829 — Le second registre est paraphé,
à la même date, par le même bailli « pour servir à inscrire
« toutes les délibérations et arrêtés de l'assemblée municipale
« de la paroisse de Varesnes, avec indication en marge de
« chaque acte de l'objet dont il sera traité, en conformité de la
« lettre circulaire du Bureau Intermédiaire de l'assemblée
« d'Election de Noyon, du 25 févr. dernier... » Au f° 49, sous
la date du 16 sept. 1792, on lit: « Souscription pour fournir des
« subventions au District de Noyon, en vertu de la lettre
« circulaire de MM. dudit District du 12 de ce mois, afin d'aider
« à nourrir et coucher les volontaires nationaux qu'on est
« obligé de cantonner dans ledit district: 1° Le Cen Augée,
« pour M. de Barbançon, 36 matelats, 30 paillasses, 72 draps,
« 36 couvertures.... etc. » — Au f° 73: « Le 25 prairial an IIe
« (13 juin 1794), Nomination d'un commissaire pour la décla. « ration, et estimation des terres et prés et denrées y crois« santes appartenans à la Nation, à cause de l'émigration de
« Duprat-Barbançon » — Puis, viennent les sombres jours de
la Terreur: l'interdiction du culte, le pillage de l'église, la
vente des cloches, etc. Toutefois, la majorité, sage et clairvoyante, proteste contre ces violences insensées. Nous en trouvons
la preuve au f° 82 et suivants : « Cejourd'hui vingt-cinq ventôse,
« an IIIe de la République Française (Dimanche 15 mars 1795),
« la Municipalité étant assemblés : d'après que la lecture à été
« faite le jour d'hier, dans l'après-midi, dans les rues de cette
« commune, au son de la sonnette ordinaire, par l'agent
« national de ladite commune, de la circulaire à lui adressé
— 72 —
« par l'agent national près le District de Noyon en datte du 17
« de ce mois (7 mars 95) concernant l'exercice des cultes; le
« peuple ayant manifesté que son vœu étoit d'exercer le culte
« catholique tel jour que bon lui sembloit, et qu'au moyen de
« ce qu'il ne se professoit dans cette commune que ce culte, et
« qu'au surplus la ci-devant église n'étant pas vendu et ne
« servant à rien, il entendoit faire son rassemblement dedans ;
« que, puisqu'elle faisoit partie des biens nationaux et que lui
« dépendoit de la république, ce seroit lui faire la plus grande
« injustice de l'en priver. En conséquence, ledit agent, vu la
« rixe qui auroit pu arriver en voulant résister contre le vœu
« général du peuple, s'est retiré; et surtout, d'après qu'il lui a
« été déclaré qu'il ne devoit pas ygnorer que tous les citoyens
« et citoyennes assemblés le décadie dernier avoient tous
« adoptés le culte catholique, puisqu'il y étoit présent, et que
« le dit jour ils avoient nommés le citoyen de Chaune pour
« leur ministre.
« Et ce jourd'hui, voyant qu'effectivement l'intention du
« peuple étoit de célébrer son culte en la dite ci-devant église,
« nous nous y sommes transportés pour lui faire les observa« tions qu'exige la loi et la lettre dudit citoyen agent national ;
« mais, ayant trouvé un rassemblement de plus de cinq cents
« âmes, et considérant le danger qu'il y avoit à courir de part
« et d'autre en opposant au vœu général des citoyens qui
« n'étoient rassemblés que pour l'exercice de leur culte, et
« que de tous cottés il en arrivoit: raison pour quoi, et surtout
« vu l'impossibilité de nous opposer à leur vœu, nous avons
« crus qu'il étoit de la prudence de rester neutre pour éviter
« des massacres. De tout quoi nous en avons fait et dressé le
« présent acte pour servir et valloir ce que de raison.... Fait et
« signé en présence de l'agent national lesdits jour et an » —
Au f° 104 v°: « Le 1er jour complémentaire de l'an XI ( 18 sept.
« 1803), Procès-verbal d'installation de Mon Sieur Charles
« Merlieu, nommé par Mon Sieur l'évêque d'Amiens, Beauvais
« et Noyon, et agréé par le Gouvernement; lequel s'est prê« senté et a célébré le Saint-Sacrifice de la messe dans l'église
« de cette commune comme desservant y préposé. Nous maire
« et adjoint, assistés du conseil municipal, l'avons admis dans
— 721 —
« ces fonctions.... Nous obligeant à son égard à tout ce à quoi
« le Gouvernement jugera à propos de nous astreindre tant
« pour le logement que pour la pension et autres émoluments
« due à ces fonctions... » —F 0 115: réparations faites à l'église
en 1810, — F0 124 : Le 2 sept. 1817, Etat de marché fait entre la
Commune et M. Cavillée (Nicolas), fondeur à Carrépuits, pour
refondre la cloche St-Géry, de Varesnes et en faire deux autres.
NOTA. — Nous donnerons ci-après les inscriptions de ces trois cloches.
3° Une liasse contenant les documents relatifs aux Usages
de Varesnes, qui les doit à la libéralité de ses seigneurs : la
première donation est enregistrée par notre Catalogue en
1226 ; d'autres sont notées en leur temps. Mais le dossier
moderne n'en garde pas le souvenir ; il ne remonte pas au
delà du XVIIe siècle.
« Archives du Royaume, Son Domaniale. — Déclaration
« du 31 mars 1634, des marestz et pasturages occupés et que
« jouissent les manans et habitans de Varesnes, ensemble
« les terres et prez séans sur le terroir et prairye du dict
« Varesnes, appartenant au ban ville et commune du dict
« lieu...., chargez du droict de terrage vers Monseigr le
« Marquis de Nantoillet, seigr de Canny, du dict Varesnes
« et aultres lieux, assavoir : pour les terres, de unze zerbes
« l'une, et pour les prez, de trois marchept l'un, qui est le
« tier de la dépouille. » — Suit la désignation : 1° de 43
faulx de marais ou pâtures, en 3 pièces : l'une de 25 faulx,
dite le grand marais, « où va pasturer le bestial dudit lieu, »
jusque vers Pont à la Fosse ; l'autre de 8 faulx, dit des Vouloires, et Marquais Hubert; le dernier de 18 faulx, dit des
Warnaulx « où les habitans de Ponthoise et Courcy ont
« aussi le droit de pasture. » 2° de 15 pièces de terre, dont
la recette totale est de 53 liv. 1 sol. 3° de 12 pièces de pré
donnant une recette totale de 116 liv. 15 s. — « La somme
« totalle des receptes se montent à huict vingts neuf livres
« seize sols tournois. Sur laquelle fault prendre, chascun
« an, cinquante-trois liv. un sol pour satisfaire aux frais
« et despences pour l'Eglise, attendu que le revenu d'icelle
« n'est suffisant...., et le surplus est emploie tant à la
« nourriture des pauvres enfans orphelins, que pour l'entre-
— 722 —
« tennement des pavez et chaussées du dit Varesnes. —
« Pardevant Nous, nottaires royaulx héréditaires à Noyon,
« soubsignez.... sont comparez.... Jehan Flaman, procureur
« sindicque de la terre et seigneurye du village de Varesnes,
« Election de Noyon, ressort du Parlement de Paris, Jacques
« Topinart, procurr d'office, Guillaume Rollin, greffier,
« Anthoine Oudebois, habitans du dict village, disans avoir
«Charge dé la commune des dicts habitans du dict village
« de Varesnes; lesquelz, satisfaisans à l'ordonnance de MM.
« les Commissaires généraulx dépputtez par le Roy pour la
« levée des droictz de francs fiefs et nouveaux acquestz, ont
« dict et affirmé qu'à la dicte commune.... appartiennent les
« marestz et pastures contenus es trois premiers articles de
« la présente déclaration qu'ils estiment valloir, par chascun
« an, la somme de 38 liv. tourn. (1) ; comme aussy.... les
« terres et prez mentionnez es articles suivans.... affermez....
« huict vingt neuf livres seize sols, faisant avec le revenu
« desdictz marestz la somme de deux cents neuf livres seize
« sols : de laquelle somme les dictz habitans sont contrainctz
« de prendre 53 liv. tourn. pour subvenir à l'entretenement
« de leur Eglise en sorte qu'il ne reste que sept vingts seize
« liv. seize sols tournois.... Et ont aussy.... desclaré que
« la pluspart desdictz deniers sont par eulx annuellement
« emploies tant à l'entretenement des chaussées que aux
« aulmosnes qu'ils font aux pauvres honteux du dict village,
« qui y sont en grand nombre. — Signé à la minutte, parles
« comparant et les Notaires. Copie collationnée, scellée et
« délivrée à Paris, le 8 juillet 1844, par Letronne, garde« général des Archives, sur la minute cotée 2,848, en un
« volume faisant partie de l'ancienne chambre des Comptes, et
« déposée Son Domaniale, n° 748 P. »
« Déclaration du 4 sept. 1708. — D'un rôle pour les Usagers
« de la Généralité de Soissons est extrait ce qui suit : Rolle
« des sommes que le Roy.... a ordonné estre payées, avec
« les deux sols pour livres d'icelles, à ses procureurs
(1) Cette évaluation ne figure pas dans la Déclaration qui précède
et porte le total du revenu à 207 liv. 16 s. que les commissaires inscrivent plus bas pour 209 liv.
III
53
— 723 —
« préposez en exécution de l'Edit du mois de may 1708.de
« la Déclaration.... du 28 juillet en suivant, et des arrestz
« rendus.., par les Communautez laïques de la généralité de
« Soissons pour les droitz de nouveaux acquestz par elles
« deües à cause des droitz d'usages qui leur appartiennent:
« le tout sur le pied des liquidations qui ont esté faites en
« exécution de la Déclararation.... du 9 mars 1707. — Election
« de Noyon. Article 467. — La Communauté de Varesnes,
« à cause du droit d'usage sur trente-quatre arpents de
« marais et quatorze arpens de brossailles, en dix articles ;
« le Premier du droit de pasture sur les chemins qui
« tournent autour du pré du parc, en commun avec les
« habitans de Babœuf; le Deuxiesme, de faire boire leurs
« bestiaux dans la rivière d'Oise par les dits chemins ;
« le Troisiesme, de quatre arpens de pasture dite de Lombry ;
« le Quatriesme, de vingt arpens de pasture appelez le
« grand marais ; le Cinquiesme, de trois arpens de marais
« appelez le marquais Hubert et de Vouloir ; le Sixiesme de
« dix arpens de pasture en brossailles appeliez les Pastyes ;
« le Septiesme, de dix sept septiers de marais appeliez le
« marais de Warnaulx ; le Huitiesme, de douze septiers de
« marais scituez entre le dit Varesnes et Pontoise, en commun
« avec les habitans de Pontoise et de Couarcy; le Neufviesme,
« d'un septier de marais, appeliez le marais de Queussiez,
« en commun avec les habitans de Pontoise et de Couarcy ;
« et le Dixiesme de trois faulx de marais appeliez le Hautain;
« Estimez mil huit cens quarante livres, à cinquante livres
« l'arpent de marais, et dix livres l'arpent de brossailles :
« Payera, pour le droit de nouvel acquest, à cause de six ans
« et quatre mois de jouissance, la somme de vingt neuf livres
« trois sols — Fait et arresté au Conseil royal de finances tenu
« à Versailles le 4 sept. 1708. — Signé Louis, et plus bas,
« Phélippaux, Daguesseau, de Beauvillier, Desmarestz —
« Extrait collationné par nous garde général des Archives du
« royaume, sur la minute... dudit rôle déposé à la Son Domaniale,
« portefeuille QQQ. 86; Paris 8 juillet 1844, Letronne. »
Parmi les biens communaux figure, en outre, l'ancienne
avenue du château, longue d'environ 325m sur 25m,.créée au
— 724 —
XVIIe siècle, ainsi que nous le dirons en son temps, séquestrée
en 1793; restituée vers 1820: elle est comprise dans la licitation
générale faite peu après, par les héritiers et dont un extrait
aux pièces justificatives qui les concernent. Ci-contre, l'acte
généreux des donateurs qui transporte à la commune le bénéfice
de leur acquisition.
« Pardevant Me Budin, notaire à Noyon... le 12 mai 1828,
« furent présents M. Sébastien Dufour, propriétaire, maire
« de Varesnes, y demeurant, et dame Vauvillé son épouse..;
« Et M. François Cléroy, marchand de bois, demeurant aussi
« à Varesnes, et dame
Driencourt son épouse; lesquels ont
« par ces présentes fait donation entre vifs, en la meilleure
« forme que donation puisse se faire, à la commune de Varesnes,
« d'un terrain de la contenance de 77 ares 44 cent. ( ou 2 setiers
« 3 verges) planté de jeunes arbres, formant autrefois l'avenue
« du château ; appartenant aux donateurs comme leur ayant
« été adjugé suivant procès-verbal du 27 juillet 1827... contenant
« adjudication définitive d'une partie des biens dépendant de
« la succession de M. Augustin-Jean-Louis-Antoine Duprat
« de Barbançon... » Suivent, les détails relatifs 1° au paiement
de la somme de 2,800 francs, outre les frais, payée par les
acquéreurs; 2° l'établissement du droit de propriété, qui sera
transcrit en la pièce Justificative n° 10.
4° Le Cadastre daté du 19 février 1833 nous a fourni les
renseignements suivants :
Limites du territoire : Au nord, sur une longueur d'environ
4 kilom., le territoire est séparé de Morlincourt et Salency
par le lit très sinueux de l'Oise; de Brétigny, à l'est, par le
rû de Camelin, qui atteint la rivière au lieu dit le Pré-de-fer ;
à l'ouest, par le ruisseau des Trouées qui longe les terres
de Pontoise, jusqu'à la Marteloye où il se jette dans l'Oise; au
sud, vers Caisne et Cuts, par le Chin de grande communication
n° 2, de Noyon à Amiens, et par une ligne conventionnelle.
NOTA. — Les fréquents débordements de cette rivière ont
laissé d'amers souvenirs dans toutes les communes riveraines :
à Pontoise on a noté ceux de 1858, 1726, 1816 (v. Graves,
Précis Cant. Noyon, p. 5. — Bottée, Météorolog. Département.); à Varesnes le niveau de plusieurs crûes est tracé sur
— 725 —
l'église, ainsi que nous le dirons plus loin. Pour prévenir ce
fléau, de sérieux projets avaient été formés dès le XVIIe siècle;
« Rivière d'Oise — Arrêts collationnés des libéralités accor« dées au Duc de Guise pour rendre cette rivière navigable de
« Noyon à Guise, lui accordant, en outre, trois perches de terre
« de chaque côté, droits seigneuriaux et taxations de Nouvion
« à Simpigny et à La Fère, 1662. » (Saffroy, libraire, Près StGervais, Seine, Catalog. Avr. 1881, n° 3120 : in f° 16 p. )
Chemins. — Extrait du Tableau général dressé en exécution
de l'arrêté préfectoral du 20 janvier 1840: Chemin de Varesnes
à Brétigny; id. de Varesnes à Pontoise; id. à la Marteloye;
Autre Voirie de la Marteloye; Chin Vert, de Pontoise à
Brétigny, appelé Chin du Haut et du Bas de Crémont depuis
l'embranchement du Chin du Bas de Varesnes et de la Collinière;
Pied-de-sente d'entre deux Marquais; Chin de la Fondrée;
Chln Mitoyen des Parties; id. de Varesnes à Cuts, au chin des
Vaches ; id. de la Carrière; id. de la Sablonnière ; id. du Turbier ;
id. du Pont-à-la-Fosse ; ruelle de l'Hôpital ; Chin des Ponchons ;
id. des Cinq Saulx; id. de la Derrière; Pied-de-Sente de la
Marteloye au pont de Pontoise.
NOTA. — Plusieurs de ces chemins ont été successivement
classés dans les différentes catégories de la voierie départementale; ainsi, le Chin vers Pontoise et Cuts est devenu vicinal, et
se relie au chin de grande communication de Noyon à Blérancourt ; celui de Brétigny porte le n° 87 dans la même catégorie.
Rues du Village.—Rue du Grand Pavé; id. de l'Hôpital;
id. du Turbier; ruelle de l'Eglise; id. du Passeur; id. du Port;
le Port; rue du Greffier; ruelle Marmande; Avenue du Château,
ou La Plairie; rue de l'Auditoire; id. du Grand Marquais; id.
du Boucher; ruelle Chenard; id. Requin; rue St-Géry; id. du
Moulin; id. du Capitaine; ruelle des Cinq Saules; rue des
Hurteaux; ruelle Entre deux Marquets.
Divisions cadastrales: — Section A, dite du Village: La Haute
Partie; la Basse Partie; la Place; Près de la Place; le
Marquet Hubert ; l'Eguillon ; entre deux Marquets ; (1) le
Marais du Bouloir ; la Collinière; Bois des Basses Parties ; le
(1) Marquet, Marquais : forme picarde de Mercasius, Marais; Les lexiques
donnent aussi Marcais, Marchais,
— 73 —
Haut de Crémont ; (2) l'Epinette ; le Bas de Crémont; le
Ch in Vert; les Cinq Saulx; la Marteloye ; Près le Port; le
Camp Pinot; le Marais de la Derrière; le Pré Mal-à-Bras ;
le Pré Plantin; Au-dessous du Plantin; Près le Verger; la
Derrière; le Moulin à Vent; En face le Moulin; le Village. —
Section B, dite la Haute et Basse Prairie: le Grand Marais;
la Fosse Quatrin ; Prés la Ruellette ; la Petite Bosse; le
Camp des Saulx; la Grande Bosse ; la Haute Prairie ; Près la,
Fosse des Bédents ; le Cailleux ; Au-dessous du Champ
couvert; Entre le Turbier et le Champ couvert ; le Champ
couvert ; Entre le Cailleux et le Champ couvert ; le Pré de la
Ville; la Grenouillère; la Senseigne; le Chin de Brétigny; le
Viez Maupin; les Prés Ponchon ; la Basse Prairie ; Au-dessous
du Ponchon ; le Pré de l'Horloge ; les Prés Lumière ; les Longs
Tiers ; la Bloquette ; le Pré Harang ; la Sensurelle ; le Bois du
Lombry; le Camp Guérin ; le Marséclin ; le Pré Saint-Pierre.
Peigné-Delacourt (dans son Histoire d'Ourscamp, p. 269, et
sa Technologie Archéolog. p. 46) indique un autre lieu-dit du
territoire de Varesnes, dont le Cadastre ne fait pas mention;
l'auteur lui-même ne détermine pas clairement son emplacement. Il dit simplement « qu'un lieu dit La Pallée se rencontre,
« dans une situation analogue, à Compiègne comme à
« Varesne, aboutissant également à l'Oise... Dans ces mentions
« d'une pallea (palissade) se trouve la preuve de l'existence
« des appareils de chasse décrits dans de précédents mémoires
« sur la chasse à la haie . » Ce lieu-dit nous parait devoir être
cherché vers la Marteloye, dans le voisinage de la Chaussée de
Varesnes et du Bois de Louvetain.
L'altitude moyenne du village est de 35 mètres ; mais, le
territoire se relève sensiblement vers le sud où le Haut de
Çrémont est le point culminant. Là, s'étendait naguère, jusque
sur les pays voisins, la forêt de Louvetain, contenant 1004
arpents divisés en 13 ventes. Les seigneurs de Varesnes l'avaient
merveilleusement aménagée pour la chasse, ainsi qu'il se voit
(2) Une tradition, dénuée de preuves, signale en ce lieu des souterrains.
On y rencontre, il est vrai, des tuiles et autres débris gallo-romains;
les eaux s'y infiltrent dans la terre avec une surprenante facilité.
aucune fouille, aucune constatation scientifique, n'a jamais été faite.
— 731 —
sur le plan conservé aux Archives Nationales en T. 138 10.
Vendue vers 1824 par les héritiers de Barbanson (v. pièce
Justificat. n° 10), elle fut défrichée et livrée à la culture. En
1836, « M. Dermigny, maire de Crisolles, propriétaire de la
« forêt de Varesnes, entreprit l'exploitation d'un dépôt de
« cendres pyriteuses mises à découvert par les défrichements ;
« Mais, ayant reconnu la richesse de cette minière, analogue
« à celle de Brétigny, il organisa, en 1846, une usine pour en
« extraire des sulfates de fer et d'alumine. » Après quelques
années de prospérité, cette fabrique fut fermée en 1863. La
portion de cette forêt située sur Pontoise porte encore le
nom de Bots de Varesnes ; elle contient 38 hectares aménagés
en 6 coupes bisannuelles. Deux autres bois bordaient celui de
Louvetain: le Bois des Hautes-parties (al. Pastis) contenait
17 hectares, dont une fraction appartient à la commune; le
Bois du Lombry (Lambris) de 4 hectares, est aussi une
propriété communale. Tous deux ont été défrichés et mis
en culture en 1866 (v. Graves, Précis, p. 10, 201, 215; Topographie Géognostiq. p. 223).
Les Ecoles. — « Extrait des minutes aux contracts reçus
« par Me Margerin et son confrère notaires à Noyon. Du 14
«juin 1749, Furent présentes..., sœur Marie-Marguerite
« Gourdin, supérieure, et sœur Berthe, dépositaire de la
« Maison des Nouvelles Catholiques de la Sainte-Famille de
« Jésus, à Noyon, toutes deux représentant la communauté de
« ladicte Maison, et administratrices de la fondation faicte
« par messire Charles-Nicolas-François Margerin, presbtre,
« chappelain de l'Eglise de Noyon et curé de la paroisse de
« St-Etienne dudict Noyon et déservie en la chappelle St« Nicolas de Morlincourt, y demeurant, par contract passé
« devant ledict Margerin... le 15 juillet 1746, en faveur de la
« sœur d'école de Varennes pour instruire les pauvres enfants
« de ladicte paroisse gratuitement : lesquelles ont par ces
« présentes reconnues... avoir octroyé à tiltre de ferme et
« redevances en argent.... à Claude Magnier, marchand de
« chanvre audict Varennes et Barbe Lebrun, sa femme... les
« immeubles dont la déclaration ensuict... » — Archiv. Oise,
Sgie Varesnes.
— 732 —
« Etat des revenus de l'Ecole des Filles de Varennes — La
« Fabrique de la paroisse donne 30 livres. — Le Sindic de la
« communauté des habitants, 30 livres. — L'Ecollage des
« enfans, sur le pied de 3 sols par mois, suivant l'usage, les
« pauvres estant exempts, 36 livres. — Revenus Ordinaires;
« Nicolas Mannier, doit 6 liv. ; Claude Mercier, 3 liv. : Une
« faulx de pré et cinq quartiers de terre donnent un revenu
« susceptible d'augmentation de 31 liv.; une maison et un
« jardin, 40 liv. — Total général: 176 livres. » — Arch. Oise,
Sgie Varesnes.
Cette dotation fut notablement accrue par les libéralités des
deux derniers seigneurs de Varesnes. « Le 7 juillet 1776,
« Délibération du Conseil de Fabrique présidé par messire
« Arnoult de Chaulnes, Curé de la dite paroisse. Le Conseil
« consent à l'établissement de l'Ecole des Filles dans l'Hôpital
« fondé audit lieu par feu Monseigneur le marquis de Barbanson,
« père du présent seigneur comte de Barbanson, et à ce que
« la direction de la dite école soit confiée aux sœurs du dit hôpital;
« ainsi qu'il est porté au testament dudit seigneur donateur.. »
— Arch.
T. 138 7-9: où plus. lias, intitulées
Ecoles, Hôpital. — Voir aussi Pièce Justificat. n° 8 § 3e.
Hôpital. — II a été fondé par le testament de messire AntoineLouis Duprat, marquis de Barbanson, en date du 14 sept. 1774,
dont est extrait ce qui suit:
« Je fonde sur les terres de Varennes et de Canny une
« somme de deux mille livres de rente pour l'entretien des sœurs
« grises, ou autres hospitalières, pour avoir soin des malades
« de Varennes, Pontoise, Morlincourt, Babœuf, Apilly et
« Mondescourt. On leur fera bâtir, indépendamment de cette
« somme, une maison commode, où il puisse y avoir six lits
« pour les malades; on y joindra un jardin d'un arpent... Les
« sœurs seront nommées et subordonnées au seigneur, à qui
« elles rendront compte des deniers. » Le codicille daté du jour
suivant, ajoute: « J'augmente de mille francs de rente la fonda« tion de mon hôpital de Varennes... s'il fallait des lettres« patentes, on les obtiendrait, et seroient payées sur le fond
« de mes biens... » Les travaux ordonnés par le Marquis luimême; sont promptement achevés par son fils et successeur.
— 73 3 —
Les sœurs
y sont installées dès le mois de
juillet 1776; elles acceptent en outre la direction de l'école des
filles; et l'une des pièces du dossier ajoute: « sous la surveillance de M. le Curé. » D'autres documents sont relatifs à
des acquisitions de terres faites en 1780, pour la même
fondation. — Arch. Nation. T. 138 7-9
La pièce suivante, dont la copie est conservée dans lès
archives municipales de Canny, commune de Varesnes, nous
dira quels furent les destins de cette fondation.
« Le Sous-Préfet de Compiègne, vu la délibération prise le
« six de ce mois (27 mars 1804) par la Commission de Bienfai« sauce du canton de Noyon, par laquelle, pour l'emploi de
« trois parties de rentes appartenantes à l'Hospice de Varesnes
« liquidées à 1033 fr. de rente annuelle avec jouissance du 1"
« Vendémiaire an XII (24 sept. 1803).... elle propose: 1° de
« faire transférer dans les bâtimens composant l'hospice de
« Noyon six lits destinés, suivant le titre de fondation de
« l'hôpital de Varesnes, aux pauvres malades des communes
« de Varesnes, Mondescourt, Apilly, Babeuf, Pontoise, Canny
« et Morlincourt. ainsi que le linge faisant partie de chacun des
« dits lits ; 2° De payer annuellement aux administrateurs de
« l'Hospice de Noyon la somme de Neuf cents francs à raison
« de 150 francs par lit, pour être employée tant à l'entretien de
« ces lits qu'à l'acquit des médicaments et autres secours....
« Considérant qu'il est de notoriété publique que depuis
« longtemps l'hospice de Varesnes est destitué des moyens
« nécessaires pour remplir le but de sa fondation et qu'il est
« instant de prendre les mesures convenables pour faire jouir
« les pauvres, pour l'avantage desquels il a été fondé, des
« secours que permet de leur accorder la réduction au tiers
« des revenus dont jouissait cet hospice;
« Considérant que les mesures proposées par la Commission
« de bienfaisance du canton de Noyon paraissent propres
« à atteindre cet objet en perpétuant, autant que les circon« stances actuelles le permettent, le but de la fondation de
« l'hospice de Varesnes
« Considérant enfin que les mesures proposées pour utiliser
« le restant des revenus de cet hospice paraissent également
— 734 —
« conformes au but de la fondation et aux instructions rela« tives à la répression de la mendicité;
« Estime qu'il y a lieu d'approuver la dite délibération et
« d'en autoriser l'exécution, aux conditions suivantes :
« 1° Que le Maire de la commune de Varesnes procédera,
« après.... publications faites
, à l'adjudication au plus
« offrant et dernier enchérisseur, en présence de l'un des
« membres de la Commission de bienfaisance de Noyon au
« Bail à loyer, pour trois, six ou neuf années, des bâtimens
« composant l'hospice de Varesnes et des jardins en dépendant;
« du Mobilier existant dans le dit hospice, le linge excepté
« qui sera remis à l'hospice de Noyon ; pour le produit
« tant de cette Vente que de la dite Location être employé
« à la distribution des secours à domicile aux indigens
« invalides dans chacune des communes intéressées ; 4° Que
« le maire de Varesnes adressera le procès-verbal de cette
« adjudication à la Sous-Préfecture de Compiègne pour y
« être approuvé ; 5° Que le maire de Varesnes assistera à la
« remise des six lits dont s'agit aux administrateurs de l'hos« pice de Noyon et signera les inventaires qui en seront
« dressés ; 6° Que les administrateurs des hospices de Noyon
« s'obligeront au bas de l'un des inventaires portant leur
« reçu des lits et du linge...., à recevoir, sur les invitations
« qui leur en seront faites par les maires des communes de
« Varesnes, Mondescourt, Appilly, Babœuf, Pontoise, Mor« lincourt et Canny, les pauvres malades des dites communes
« et de les y faire soigner et traiter à l'égal des autres
« malades reçus audit hospice: et ce, moyennant le
« paiement annuel de la somme de neuf cents francs, à
« raison de cent cinquante francs par lit, à laquelle se monte
H la rétribution proposée par la dite délibération. — 7° Que la
« Commission de Bienfaisance du canton de Noyon, justifiera,
« dans son compte annuel, de l'emploi fait en distribution de
« secours à domicile aux pauvres invalides demeurant dans
« lesdites communes et dont l'état leur sera remis par le
« Bureau-auxiliaire de chaque commune, tant du surplus de
« la dite rente de 1033 fr., que du produit de la vente du
« mobilier et de la location des bâtimens et jardins dépendans
— 735 —
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
de l'hospice de Varesnes. — A Compiègne le 28 germinal
an XII (18 avr. 1804) de la R. F. signé Jarry-Mancy — Vu et
approuvé l'avis du S.-Préfet de Compiègne, à la préfecture
de l'Oise, le 3 floréal an XII (23 avr. 1804 ), signé Belderbusch,
Préfet de l'Oise... — Envoyé par le S.-Préfet à la Commission de Bienfaisance du canton de Noyon, laquelle est
chargée de prendre, de concert avec le maire de Varesnes et
la commission de l'hospice de Noyon, les mesures néces-,
saires pour l'exécution des dispositions contenues en l'avis...
ci-dessus, Signé J. Mancy—Pour copie conforme... Reneufve.
Graves écrivait en 1851: « Il ne reste plus aux pauvres de
« Varesnes qu'une rente de 96 fr. 98 c. avec un lit dans l'Hôtel« Dieu de Noyon ; les lits affectés aux cinq autres communes ci« dessus nommées, ont la même origine. » — Préc. Cant. Noyon.
Prix de vertu. — Il avait aussi son origine dans le même
testament du marquis de Barbanson: « Je fonde, sur les terres
« de Varesnes et de Canny, une somme de mille francs par an
« pour marier trois filles de la terre de Varesnes, Pontoise,
« Morlaincourt, Babœuf, Apilly et Canny. Tous les ans, elles
« seront choisies par le seigneur, et ne pourront épouser que
« des garçons des dites terres ; cette dot sera employée en
« choses utiles pour le ménage des mariés, et dix écus seule« ment pour frais de noces ». Et dans le codicille : « Pour les
« filles à marier chaque année, on choisira les plus pauvres. »
L'Eglise. — L'église est moderne, sauf le chœur dont les
voûtes ornées d'écussons mutilés sont soutenues par des arcs
du XVe siècle ; et une fenêtre à meneaux, dans le transept
méridional (Graves, Précis, p. 158; Notice Archéolog. p. 394.
— Woillez, Répertoire Archéolog. p. 149). Le clocher carré,
haut de 18m, en charpentes cloisonnées, couvert en ardoises,
est placé sur le portail ; il contient trois cloches portant les
inscriptions suivantes.
Grosse Cloche : « L'an 1818, J'ay été Bénite par M. Maillet,
« Curé de Varesnes, et nommée Marie-Thérèse-Charlotte par
« M. Sébastien Dufour, Maire dudit Varesnes, et Dame
« Vauvillé, son épouse. M. Cadet, instituteur. »
Moyenne: « L'an 1843, J'ay été Bénite par M. Thièble, Curé« doyen de Noyon, assisté de M. Persuart, Curé de Varesnes,
— 74 —
«
«
«
«
«
et nommée Marie-Madeleine ; le parrain, M. Dermigny,
Maire de Crisolles, propriétaire de la forêt de Varesnes ; la
marraine, Dame Baudoux, épouse de M. Cléroy, membre du
conseil municipal; M. Dufour, Maire dudit lieu; Auguste
Margottet, instituteur. »
Petite: « L'an 1843, J'ay été Bénite par M. Thièble, Curé« doyen de Noyon, assisté de M. Persuart, Curé de Varesnes,
« et nommée Catherine-Prudence; le parrain M. Louis-Michel
« Lequeux, marguillier; la marraine, Dame Cadet épouse de
« Charles-Auguste Margottet, instituteur. M. Dufour, Maire
« dudit lieu. »
Chacun des collatéraux est terminé par une chapelle ; celle
du nord, dédiée à la Vierge renfermait la sépulture de Madame
de Barbanson (V. Gravure et Légende au Catalogue); dans
celle du sud, dite de St-Joseph, une dalle plus ancienne,
« couverte de caractères gothiques, » fut enfouie dans le caveau
qu'elle recouvrait, pendant la réfection du dallage, vers 1846
(Renseignement transmis par un ancien Instituteur de ladite
commune)
Autour de l'Eglise, un vaste Cimetière, entouré de solides
murailles ; il domine l'Oise, dont les crues fréquentes sont
notées par les clercs: sur les contreforts du nord, plusieurs
repères d'inégale hauteur avec des dates illisibles. Peut-être
ces signes correspondent-ils aux mentions copiées par Graves
dans la vieille sacristie de Pontoise : « Débordement en 1726;
« les 6 août et 7 septembre 1816.... » En tout cas, nous lisons
ici : « Entre les 24 et 25 février 1638, la rivière a débordé un
« pied de haut en l'Eglise de Varesnes. » Non loin de là, cet
autre souvenir: « LE 28 DE MAY 1640 LE ROY EST VENV A
VARESNES ET EST REPARTY LE 13 DE JVIN 1640. »
Le Château. — En face et à l'ouest de l'église, un manoir
féodal commandait le passage de l'Oise et défendait l'entrée
du village. Une dérivation de la rivière entourait l'enceinte,
dont les substructions, signalées par Cambry, Graves et
Woillez, apparaissent encore dans les basses eaux. Les deux
vues ci-jointes sont les seuls souvenirs conservés de la forteresse aux XIIIe et XVIIe siècles. Elles proviennent d'une
collection de clichés acquise par M. Payen, notre obligeant
— 741 —
confrère, à la vente après décès de M. Delacourt. Sans en
indiquer l'origine, l'auteur les a insérées sous les n°" 25 et 26,
dans son Pouillé du Diocèse de Noyon, p. 9; tous ces bois
(150
environ) étaient aussi par lui destinés au projet d'une France
Monumentale, et à la Topographie Archéologique, arrêtée
dès ses débuts par un procès, dont lui-même a noté les phases
(V. aussi Cambry, Description du Départem., t. lerp. 407).
L'habitation moderne occupe le même emplacement ; mais,
elle n'a rien conservé de ces anciennes splendeurs. Quelquesuns des faits qui la concernent nous sont transmis au nom de
la propriétaire actuelle par M. Papegay, son petit-fils :
« Varesnes, 4 août 1887. — Madame Chrétien, ma grand'« Mère, ne possède aucun des contrats relatifs à la transmis« sion de la propriété. Si quelques-unes de ces pièces existent
« encore, on pourrait les trouver dans l'étude de Me Brasset,
« notaire à Noyon, successeur de Me Sézille-Vernon qui a
« passé les actes par lesquels notre famille a été mise en
« possession de cette propriété.
« J'ai vu tout-à-1'heure un des plus anciens habitants de
« Varesnes, vieillard de 86 ans, qui tient de son père beaucoup
« de détails sur les événements de 1793 en ce pays. Je résumerai
« ses souvenirs et les miens.
« Après l'émigration de M. de Barbançon, le château fut
« saisi comme bien national et mis en vente en 1794. Il fut
« adjugé à un habitant du pays nommé Rollin, au prix de cent
« mille livres, en assignats. Il le démolit l'année suivante,
« vendit les matériaux, combla les fossés et, après en avoir
« détaché quelques pièces de terre qu'il conserva, il vendit à
« M. Herbet, négociant à Paris, l'emplacement sur lequel est
« bâtie la maison actuelle ; les quatre murs et la cave sont de
« cette époque, la disposition intérieure seule a été changée
« depuis. Vers 1818, M. Herbet céda son acquisition à M.
« Waubert de Genlis, mon bisaïeul, qui fit démolir les deux
« orangeries encore existantes ; il y fit dessiner les jardins et
« le parc, par un jardinier écossais nommé Lowely, qui est
« aussi le dessinateur des jardins des châteaux de Compiègne
« et de Ribécourt. En 1859, après la mort de sa mère et d'un
« frère, tué colonel en Italie; ma grand'mère, mariée à l'Inten-
— 742 —
« dant militaire Chrétien, eut Varesnes en partage ; son autre
« frère, le général Waubert de Genlis, s'étant fixé ailleurs.
« La grille de l'ancien château n'a pas été détruite; elle
« sert actuellement de clôture au château de M. de Poilly, à
« Folembray.
« Les précédents châteaux étaient bâtis sur le bord de
« l'Oise, faisant face à Morlincourt; il existe encore, dans la
« rivière, un ouvrage en maçonnerie qui servait de fondation
« à la terrasse détruite. Tels sont les renseignements que j'ai
« pu recueillir, et regrette de ne pouvoir vous les donner
« plus complets... Veuillez agréer... Signé Papegay. »
§ III e — Les Fiefs. — Le jeu des Institutions féodales
divise naturellement ce paragraphe en deux parties : la première
devrait comprendre tous les fiefs que des alliances, des
acquisitions, des contrats de toute nature, ont placés dans la
mouvance de Canny-Varesnes ; la seconde embrasserait tous
les fiefs possédés, par des seigneurs étrangers, dans les limites
de notre seigneurie. Mais, notre Catalogue n'est en partie déjà
que l'exposé de cette double situation ; et, nous avons consigné
dans des notes les explications les plus nécessaires. D'ailleurs,
les sources nous feraient assurément défaut pour une plus
minutieuse analyse. Aux Archives de l'Oise le fond de la
commune de Varesnes n'est pas plus riche que celui de Canny.
Le Répertoire imprimé de la Série H, p. 46, affirme, il est vrai,
que les fonds des abbayes de Saint-Barthélemi et de SaintEloi de Noyon, de Collinances, etc. peuvent fournir quelques
éléments à l'histoire de notre paroisse : mais aucune table ne
peut servir de guide à travers ces dossiers. En G. 557, de
l'Inventaire Sommaire, « un registre coté V. contient un
« ancien état des titres de l'évêché de Noyon; » au mot
Varesnes, sont analysées six liasses relatives au fief de la
Franc-foresterie, sis à Varesnes, et mouvant de la Comté-paierie:
mais, les originaux sont tous en déficit, et ces cotes
insuffisantes sont tout ce qui nous reste. En G. 601, plan
colorié des environs de Varesnes, Pontoise, etc.; en H. 418,
registres des contrats notariés relatifs aux mêmes lieux:
mais ces documents sont modernes et d'un médiocre intérêt.
En outre, les cartulaires imprimés de la région sont peu nom-
— 743 —
breux, et les chartriers du comté ont été particulièrement
ravagés en 1793.
Nous inscrirons donc seulement ici quelques mentions qui
n'ont pas trouvé place dans les précédents chapitres.
1° Babœuf est l'une des plus anciennes dépendances de CannyVaresnes: à preuve, ces Onze-Mazures et Louvetain, déjà
nommés, et cette fontaine qui porte encore le nom de Cany.
A Mondescourt, le moulin fut réédifié, en 1607, par messire
Louis de Barbanson. Au XVIIe siècle, les moulins de Coarcy
et d'Apilly appartenaient à la même famille (Graves, op. cit.
p. 8, 218-20).
2° Un état sommaire des revenus de la trésorerie du Chapitre
de Noyon, au XVe siècle, « constate que des Cazées étaient
« dues auxdits chanoines par l'Evêque de Noyon, par le baron
« de Varesnes, le baron de Catigny et celui de Sermaize, par
« le chancelier de la comté-pairie, le sire de Voyennes, par
« les chartreux pour le fief de la Bretonnerie, par le baron de
« Divette, le sire de Lagny, etc. » — Arch. Oise, G. 1454.
PIÈCE JUSTIFICATIVE N° 2
28 novembre 1356: Transaction et Accord concernans les
droits de justice et seigneurie à Noyon pendant la Quinzaine
Saint-Jean-Baptiste —13 février 1357: Arrêts d'omologation
de la transaction du 28 novembre 1356 qui y est transcrite
ainsi que les lettres de permission du Roy du 7 novembre
1356 (4).
Johannes, Dei gratia Francorum Rex, universis presentes
litteras inspecturis salutem. Notum facimus quod a procuratoribus dilectorum et fidelium nostrorum Episcopi noviomensis
ex una parte, et Radulfi dicti flamenc, militis, domini de Cauny,
ex altéra, de licentia curie obtemperantis litteris nostris, in
hac parte procuratoreque nostro consenciente, concordatum
exstitit [sicut] (2) in quibusdam litteris, sigillis dictorum
(1) Titre inscrit hors texte par le rédacteur d'un inventaire moderne.
(2) Les mots ou les points placés entre parenthèses représentent des
passages dont la lecture est rendue incertaine par les détériorations de
l'original. La feuille de parchemin déchirée a été recousue sur une
— 744—
episcopi et militis ut prima facie apparebat sigillatis [et a]
dictis procuratoribus nominibus quibus supra unanimiter et
concorditer traditis, continetur, quarum tenor talis est: A tous
chiauz qui ches présentes lettres verront, Giles par la grace de
dieu evesques de noyon, et Raoulz flamenc sires de cauny,
salut en nostre seigneur. Comme (1) tant des temps de noz
prédécesseurs comme de nous, plusieur débat aient esté meu et
soient espéré à mouvoir entre nous, Premiers pour ce que noz
prédécesseurs et nous Evesques de noyon, disiens et mainteniens
que durant le quinzaine de la navité Saint-Jehan chascun an
au dit Seigneur de cauny, à cause de son fié de Varennes que il
tient de nous à cause de la dicte eveschie, appartenoient et appartiennent en le ville et commune de Noyon tele iustiche et seignourie tant seulement comme le prevoz de Noyon garde et exerce
et fait jugier par les éschevins de Noyon hors de le dicte quinzaine ; et que à nous Evesque de Noyon appartenoit et appartient
seul et pour le tout à cause de le dicte eveschie durant le
dicte quinzaine et comme à seigneur souverain, et souz moyen
du dit seigneur de Cauny à cause de son dit fié de Varennes,
toute lautre iustiche et mesmement tout le cas de haute iustiche et de ressort et que diceulz se puet dépendre, et avoient
esté et estoient acoustumé de garder et exercer hors de la
dicte quinzaine par les bailliz de Novon; et que en excédant
le iustiche appartenant au dit seigneur de Cauny durant le dicte
quinzaine et à ses prédécesseurs, et avoient fait les esploiz qui
ensuient: Est assavoir priz et levé par eulz ou leur gens un
pélerin trouvé mort et ochiz dedens les termes de le commune;
Et fait cryer à le banquie mandemens du Roy nostre Seigneur
tant sur cours de monoyes comme autres et pour ventes et
subhastations de héritages ; Et avoient priz le mache du
sergent à mache de noz prédécesseurs et de nous; Et avoyent
défendu à brasser godale; Et avoyent priz mesures pour fausseté
es pain des boulengiers comme trop petit ; Et avoient osté
seconde feuille portant un autre texte dont diverses phrases sont encore
lisibles : « Vidimus pour Monsr de Canny à cause de la sentence contre
« le Sr Dernanville dis le besgues — Pour ung prisonnier prins devant
« la ville de Noyon. . . . XXXVI' — etc. . . . »
(1) En marge est écrit: Desbats et motifs.
— 745 —
estachons qui paravant le quinzaine avoient esté miz par le licence
et auctorité de nos prédécesseurs et de nous et de noz genz; Et
avoient durant le qninzaine donné licence et auctorité de fichier
en le cauchie et lever hayons et estachons. Et nous sires de Cauny
disiens et mainteniens que nous teniens et tenons en une foi et
hommage de monsr de Noyon à cause de son éveschie le terre
de Varennes et de Babuef et le justice de Noyon durant chascun
an le dicte quinzaine, et que à cause a noz prédécesseurs
et à nous, à cause du dit fié et hommage, avoir appartenu et
appartenoient chascun an durant le dicte quinzaine en le dicte
ville de Noyon et en le commune, toute le iustice et seignourie
haute moyenne et basse, seul et pour le tout, autele comme noz
prédécesseurs et nous avons eu et avons à Varennes, à Babuef
et en toutes les parties du dit fié et que messires de Noyon et
ses prédécesseurs, à cause de leur éveschie, ont exercé et exercent en le dicte ville et commune de Noyon hors de la dicte
quinzaine, et que loisablement et sanz excéder noz prédécesseurs et nous avions fait les esploiz dessus diz ; Et que tant par
le dit monsr de Noyon comme par ses prédécesseurs avoient
esté amis à nous Sire de Cauny et noz prédécesseurs empeschemens indeuz es esploiz dessus diz et en chiaux qui ensuient :
Est assavoir, Premiers, sur che que nous aviens priz et emprisonné Jehan de laigny lors barbier et demourant à Noyon pour
certain maléfice fait et perpeté en le dicte ville de Noyon,
durant le quinzaine, ens avoir bastu un homme et bouté dune
loge à terre, les genz de monsr de Noyon pour le temps disans
que on fait avoir péril de mort et estoit murdres et défait
appense ostèrent le dit Jehan de laigny hors de noz prisons,
et après en firent tele délivranche les genz dudit monsr
levesque pour le temps comme il leur pleust ; Et sur che que
durant le quinzaine nos genz gardans nostre iustiche avoient
pris un faux flourin que uns s'efforçoient de vendre au cange
Cristien lemerchier, les gens de monseigneur levesque avoient
priz le dit flourin et emporté en disant que à monseigneur de
Noyon appartenoit la cognoissance et la confiscation et li
espaves du dit flourin ; Et sur che que en certain temps passé,
durant le quinzaine, messire de Noyon pour le temps weillans
faire procession pour le Roy. nostre seigneur loys duc de
— 75 —
normandye, avoit fait défendre par son bailly que nulz ne
venst ou meist en vente quelconque marchandise iucques
après la procession ; Et en che que li bailly de Noyon pour le
temps sestoit efforciez de retenir le court et le cognoissance ou
palaiz monseigneur de Noyon dun fié tenu de nous seigneur de
Cauny à cause de nostre fié de Varennes et de la quele cause
nous avions requiz le retour ; Et en che que en certaine hostise
tenue de nous sires de Cauny aviens recheu à Noyon le déport
et délaissement dune cause meue en nostre court à Varennes
en cas de retrait pour un certain fié tenu de nous à cause de
nostre dit fié de Varennes; Et en che que messires de Noyon
et si devanchier avoient miz empeschement que durant le dicte
quinzaine nous eussions un seul sergent qui peust faire arrez
et non plus ; Et en che que durant le dicte quinzaine lan mil
troiz cenz cinquante cinq li bailliz de Noyon avoit fait prendre
un baston ferré que li bailliz disoit mache, que portoit lors
Jehan de Carmes de par nous seigneur de Cauny, et par deux
commissions données par le dit bailli de Noyon tant pour che
comme pour messire Pierres de Bericourt sestoit portez lieutenant du bailly pour nous seigneur de Cauny, sur les quelz deux
caz procès pent en Parlement en cas dapel ; Et nous Evesques
disiens et mainteniens les esploiz et empeschemens dessus diz
faiz par nous et noz devanchiers avoir esté et estre faiz bien et
deuement, veue le justiche, seignourie et souveraineté que nous
avons en le ville et commune de Noyon et sur le fié que li diz
sires de Cauny tient de nous à cause de la dicte éveschie ;
Item comme débaz et descors feussent meu et espéré à mouvoir
entre nous parties dessus dictes pour autres causes non touchans le dicte justiche de le quinzaine, Est assavoir : pour
cause de branches cheues dun arbre séant ou grant chemin
entre Pontoise et le ville de Cus, et pour certain boz coppé ou
dit chemin, et que nous parties dessus dictes disiens à nous
appartenir les branches, le boz et le iustiche ou dit chemin ;
Et pour cause de branches cheues d'un autre arbre séant ou
grant chemin par lequel on va de Noyon à Chauny assez prez
de le croiz appelée le croix messire le flamenc ; Et pour ce que
les genz de nous sires de Cauny avoient priz les sergens du
prevost de Noyon trouvez portans verges en nostre ville et
— 76 —
iustice de Mollaincourt, pour lequele prise nous Evesques
aviens fait à nostre gardien complainte en cas de nouveleté et
pour lopposition procès pent en parlement ; Et pour cause de
le souveraineté et gouvernement de lostel dieu de Pontoise, et
de mettre et instituer maistre ou dit hostel. Sachent tuit que
nous, parties dessus dictes, eue grant et meure délibération par
noz bons et féaulz conseilliers pour bien de pais et pour le
proufit de chascune partie et enquise à noz pooirs la vérité
sur les débaz dessus diz, sommes venuz à pais et à accort en la
manière qui ensuit, de lauttorité et par la grace que li Roys
nostre Seigneur nous a faite en ceste partie, duquel la temporalité de leveschie est tenue en Conté et en Pairie, si comme il
appert par ses lettres dont la teneur sensuit : Johannes (1)
Dei gratia francorum rex, universis presentes litteras inspecturis salutem. Notum facimus quod nos ad supplicationem
dilectorum et fidelium nostrorum Episcopi noviomensis et
Radulphi flamengi domini de Cauniaco militis, significantium
quamdam causam appellationis emisse per dictum militera ad
Parlamentum nostrum parisiis contra Episcopum predictum,
et a baillivo ipsius Episcopi et curia sua in ipso Parlamento
nostro motam fuisse, et in ea tantum processum inter partes
fuisse quod declaratum exstitit per arrestum ipsas partes in
factis contrariis esse, de et super quaquid causa partes predicte
tractare componereque et pacificare proponunt, nostra super
hoc obtenta licencia, qua a pena inde nobis debita vel debenda
sint immunes ut dicunt, ipsis partibus licenciam huius modi
pacificandi et componendi in et de causa predicta sine emenda
quacumque inde prestantes nobis dedimus concessimus damus
et concedimus per presentes de gratia speciali dantes in
mandatis dilectis et fidelibus Gentibus Parlementi nostri
predicti ceterisque iusticiariis nostris, prout ad eos pertinuerit,
quatenus huiusmodi gracia et concessione partes predictas et
ipsarum quamlibet uti et gaudere faciant et permittant, nichil
in contrarium faciendo vel fieri ab aliquo permittendo. Datum
in monte leyrico septima die novembris anno Domini millesimo trecentesimo quinquagesimo sexto.
(1) En marge est écrit : Permission du Roy pour transiger. — Datte des
dites lettres du Roy : VII novembre 1356.
— 77 —
Premiers (1), accordé est que chascun an durant le dicte
quinzaine nous Evesques de Noyon et noz successeurs perpétuelment et à touziourz arons à cause de le dicte Eveschie
seul et pour le tout toute le iustiche et seignourie en cas de
rapt de murdre et darsin et tout che qui sen dépent et puet
dépendre diceulz, aussi arons le ressort et souveraineté sur
le dit seigneur de Cauny et sur ses gens comme devant;
estant pour user des troiz cas dessus diz, comme pour user
du ressort et de le souveraineté, li offices du bailly et du
sergent à mache de nous et noz successeurs Evesques de
Noyon ne cesseront mie le dicte quinzaine durant, mais
demourront et pourront user de leurs offices et porteront li
machiez qui est à présent, et li autre successeur du machier
le mache comme en autre temps hors de le dicte quinzaine.
Et pour ce que fraude ne soit commise en imposant volenté
rapt murdre ou arsin, li bailliz de Noyon et li sergent à mache
qui sont et qui ou temps avenir institué seront, feront serement
à nous Evesques de Noyon ou à noz successeurs que il ne
commettront fraude ou mal en yceulx cas ou préiudice de
nous seigneurs de Cauny et de noz successeurs, et ne imposeront aucun d'yceulz caz a aucune personne hors présent
meffait, se ce nest par bonne et deue information précédent.
Item toutes cryées et subhastations regardans et touchans les
troiz cas dessus diz et les ventes et exécutions des fiez tenuz
de leveschiet, souz moyen desquels, exécutions seront acquises
à nous Evesques de Noyon et à noz successeurs et pourront estre
et seront faites durant le dicte quinzaine par le bailly
de Noyon. Item, généralement toute lautre iustiche et seignourie en quelconques caz civilz et criminelz, cryées et
subhastations et tout che qui se dépend et puet dépendre, et
li espaves demourront perpétuelment et à touz jours à nous
sire de Cauny, à noz hoirs et à noz successeurs, et pourrons
avoir et aurons autel, nombre de sergens faisans arrez comme
a messire de Noyon hors de le dicte quinzaine, sauf que nous
sires de Cauny et noz successeurs ne pourront défendre le
brassin à ceulz qui seront fermiers de nous Evesques de
(1) En marge est écrit : Accords. — Datte de la Transaction,
— 78 —
Noyon et de noz successeurs, maiz nous sires de Cauny et
noz successeurs pourront punir les diz fermiers se il meffont
en leur brassin ou en autre manière ; et sauf à nous et à
noz successeurs évesques de Noyon que les hayons ou
estachons mis par nous et noz successeurs ou par le bailly
de Noyon sanz fraude et en bonne foy de chascun ou avant
le dicte quinzaine demourront durant le quinzaine sanz ce
que nous sires de Cauny et noz successeurs ou noz genz les
puissions oster se notablement il ne faisoient empeschement
aus huisseries ou [...reries] ou aus autres marcheans. Item pour
ce que nous sires de Cauny teniens que en délaissant les
troiz caz de rapt, de meurdre et darsin, noz fiez estoient et nous
sambloient aminnez ou enlaidiz, Nous Evesques en considération de ce et pour embelir le fié du dit seigneur de Cauny
et noz successeurs évesques de Noyon, nous cesserons dores
en avant à touz jours de la chace que nous avons eue iucques
à ore à cause de nostre dict Eveschie es boz de Louvetain
appartenans au dict seigneur de Cauny, laquele chace nous
avons remise et délaissié et remettons et délaissons du tout
et à ses hoirs au proufit de son dit fié et à touz iours et tout
ce qui à ladicte chace peut appartenir. Et voulons, gréons
et accordons que ou dit chemin de Pontoise depuis le fosse
qui vient du lieu dict les pendus à le cauchie iucques à le
pierre Saint Eloy delez le ville de Cuz, ou quel nous sommes
voyer et y avons le justice à cause de nostre dicte Conté et
Pairie, le dit sires de Cauny, si hoir et si successeurs pour
les maléfices ou dommaiges faiz en leur boz, terres et iustiche,
puissent par eulz et leur gens arrester et prendre tant en
fresque poursieute comme hors fresque poursiente les malfaicteurs sanz fraude, et mener yceulz malfaicteurs ès prisons
du dit seigneur de Cauny et de ses successeurs à Varennes
et yceulz punir et corrugier. Et voulons et accordons que
se les gens dudit seigneur de Cauny et de ses hoirs et successeurs trovoient ou dit chemin quelconques autres malfaicteurs
meffaisanz ou chemin, quil les puissent prendre et detenir,
sauf que se les gens de nous et de noz successeurs évesques
de Noyon survenoient à le prise, les gens dudit seigneur de
Cauny et de ses successeurs seroient tenu de rendre et
— 79 —
rendroient sanz delay les diz malfaicteurs trouvez en meffait
ou chemin et priz pour meffaiz faiz ou chemin. Et se les
gens de nous et de noz successeurs évesques de Noyon
ne survendent a le prise ou as prises, toutevoies nous
sires de Cauny noz hoirs et noz successeurs et noz gens seriens
et serons tenu signifier à monseigneur de Noyon, ses successeurs ou à leur gens en bonne foi le plus tôt que bonnement
pourront et de rendre à eulz les prises et les prisonniers sanz
difficulté ; et ne pourront noz dictes gens prendre les sergens
ou les serviteurs dudit seigneur de Cauny ou dit chemin pour
maléfice, se il ne sont priz en présent délict et en présent
mefïait ; et pareillement se les gens de nous et de noz successeurs évesques de Noyon trouvoient ou dit chemin personnes
qui eussent mefïait ou porté dommage es boz, es terres et en
le iustiche du dit seigneur de Cauny et les prendroient, il
seroient tenu de rendre et de signifier, et les rendroient au dit
seigneur de Cauny et ses successeurs ou a leur gens en bonne
foy et sanz difficulté ; et de ce faire seront les sergens de nous
parties dessuz dictes et de noz successeurs tenu a faire et
feront serement, est assavoir li sergent de Varennes à monseigneur de Noyon et à ses successeurs, et li sergent de Carlepont
au seigneur de Varennes et à ses successeurs. Et aussi pour
ce que li hostelz Dieu de Pontoise est assiz en le iustice et
seignourie temporales du dict seigneur de Cauny en son dit fié,
li gouvernement et li administrations demourra au dit seigneur
de Cauny et à ses successeurs, sauf que li maistres sera
présentez à nous et à noz successeurs évesques de Noyon, à
noz vicaires ou à noz genz et nous confermerons ou loorons
les personnes présentées. Quant aux branches cheues de larbre
séant prez le croiz messire Raoul Flamen ou lez devers
Varennes, li esploiz et tout che qui en est avenu sera ainsi que
se onques ne feust escheuz ou avenuz sanz porter preiudice à
lune partie ou à lautre ou temps avenir. Et par voie pareille
dune prise faite à Mollaincourt par robert chalot des sergens
du dit Eveschie, de la quele sestoit doluz le procureur du dit
Eveschie en cas de nouveleté au gardien de leveschie de nous
Raoul dessus dit comme dessuz. Et parmi les choses dessus
dictes nous parties dessuz dictes voulons et accordons que tous
— 80 —
les esploiz, complaintes, commissions et procès quelconques
faiz ou entretenuz pour les choses dessuz dictes ou aucunes
dycelles soient tenues et réputées et les tenons et réputons
pour non faites et non avenues; Et promettons loyaument et
en bonne foi, c'est assavoir nous Evesques pour nous et noz
successeurs evesques de Noyon, Et nous Sires de Cauny pour
nous et noz successeurs ou dit fié, à tenir garder et remplir
dores en avant perpétuelement et à touz iours toutes les choses
contenues en laccort dessuz dict et chascune dycelles, Et
consentons nous parties dessuz dictes estre condempnées par
le Roy nostre seigneur ou par sa court à tenir et garder ce
présent accort; Et nous sires de Cauny renonchons autant à
nostre dict appel et à ce qui sen est ensuy parmy laccort dessuz
dict. En tesmoignage des queles choses nous Evesques et nous
Raoulz flamens chevaliers dessus dictz, avons miz noz seaulz à
ces présentes lettres faites lan de grâce mil troiz cens cinquante
six le vint huitième iour de novembre. Quibus quidem litteris
curie nostre ut predicitur traditis, Ipsa Curia partes predictas
et earum quamlibet ad omnia et singula in suprascriptis litteris
contenta, tenenda, complenda et ad firmiter et ad inviolabiliter
observandam requestam et de consensu procuratorum ipsarum
partium nominibus quibus supra per arrestum condempnavit, et
ea ut arrestum eiusdem curie et executionem emandaret
voluit et precepit. Tenor vero dictarum nostrarum litterarum
sequitur sub hiis verbis : Johannes D. G. F. R. . . . etc. ( même
texte que ci-dessus p. 75).. In cujus rei testimonium sigillum
[camerarii.., parvi] in absentia magni est appensum. Datum(1)
parisius in Parlamento nostro, de consensu Eblonis Seguini
dicti Episcopi et Johannis Croleboiz dicti Domini de Cauny
procuratorum, XIII a die februarii, anno Domini millesimo
CCC° quinquagesimo sexto. — Archives Nationales M. 405:
Original, parchin in f, scels absents.
En marge est écrit: Datte de l'arrest d'omologation.

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