A 107 ans, Ferdinand Gilson fait ses mots croisés en allemand LE

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A 107 ans, Ferdinand Gilson fait ses mots croisés en allemand LE
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Lis le texte ci-dessous et réponds ensuite aux questions de la page 2.
A 107 ans, Ferdinand Gilson fait ses mots croisés en allemand
LE MONDE | 08.11.04 | 14h38
Ce petit homme, qui a participé aux deux guerres, se vit comme "un Européen,
tout bonnement".
Les Choux (Loiret) de notre correspondant régional
Le petit village des Choux rendra hommage, jeudi 11 novembre, à l'un de ses
"enfants" - âgé de 107 ans -, Ferdinand Gilson, un des derniers poilus survivants de
la Grande Guerre. "La vie, c'est du hasard. Quand j'ai reçu le baptême du feu, j'avais 19 ans et 3
mois. La guerre, je ne pouvais pas la voir en peinture !"
Le regard de ce petit homme, à l'esprit encore étonnamment agile, s'allume
brusquement. Mobilisé en 1917, Ferdinand Gilson, qui était artilleur, a tellement
vu d'hommes tomber autour de lui qu'il ne peut pas "regarder un cimetière militaire"
:"Je pense à tous ces malheureux, dit-il, mais je ne suis pas pour la vengeance ."
Le jour de l'armistice, le 11 novembre 1918, il se rappelle qu'il s'est mis à danser
la polka avec un camarade. "J'ai pensé la même chose qu'un condamné à mort à qui l'on vient
d'annoncer qu'il est gracié." Et il ajoute : "J'avais réussi à mettre ma petite gueule en or à l'abri !"
Bien que gazé deux fois, Ferdinand Gilson a réussi, après la guerre, à monter une
petite entreprise de mécanique de haute précision. Puis il s'est engagé, en 1939,
dans les services de renseignement, aidant ensuite la Résistance et les
réfractaires au service du travail obligatoire (STO). Il évoque son amitié avec
Pierre Mendès France, lorsque celui-ci était député de l'Eure. "Lui était dirigiste, et moi
libéral. Mais nous avions un amour commun : la France" , dit-il.
"UNE VIEILLE GANACHE"
La Légion d'honneur est venue récompenser tardivement l'ancien combattant. "Je
ne l'ai pas volée, celle-là !" , lance-t-il dans un éclat de rire, jouant avec délectation au
vieux monsieur indigne. "Il ne reste plus qu'une vieille ganache dans la région : c'est moi ! Mais
tout le monde est charmant avec nous."
Avec son épouse, il occupe un logement dans l'école du village. Le brouhaha des
élèves le distrait. Il n'a qu'à pousser la porte pour se retrouver dans une salle de
classe.
"La guerre est le résultat de la sottise et de la méchanceté humaines" , reprend-il. Il croit dur
comme fer à l'éducation. "Chaque fois qu'on me le demande, je vais dans une classe, et je dis
aux enfants : "On vous volera peut-être plus tard votre argent, vos bijoux, mais ce que vous avez appris
et qui se trouve dans votre tête, et qui sera votre dot, cela, jamais personne ne pourra vous le
dérober"."
Le monde d'aujourd'hui est-il moins barbare ? L'ancien de 14-18 ne répond pas.
"C'est l'incompréhension qui mène les hommes au désastre. Il vaut mieux essayer de convaincre les
gens quand ils sont vivants. On ne peut plus convaincre un mort." "Si on apprenait les langues, on
ferait déjà un petit pas vers la paix" , est-il persuadé.
Lui-même parle "quatre à cinq langues" et il continue à s'entretenir en faisant des
mots croisés allemands. "Je suis un tout petit polyglotte, dit-il avec modestie, je suis un
Européen, tout bonnement."
Régis Guyotat
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 09.11.04
© Nathalie Bruguier
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Questions de compréhension
 Réponds aux questions suivantes en rédigeant des phrases complètes.
1.
En quelle année Fernand Gilson est-il né ?
2.
A quel âge est-il parti à la guerre ?
3.
A-t-il été blessé lors du conflit de 1914-1918 ?
4.
Occupait-il le même poste pendant la Deuxième guerre mondiale ? Que faisaitil exactement?
5.
Que pense-t-il de la guerre en général ? Es-tu d’accord ou en désaccord avec lui ?
Explique.
6.
Quel est le caractère de M. Gilson ? Décris-le en quelques phrases.
7.
Comment rythme-t-il sa vie de retraité ? Donne au moins deux exemples.
8.
Penses-tu qu’il soit un modèle pour les jeunes Européens ? Explique.
 Pour plus de renseignements sur M. Gilson et sur la Grande guerre, visite le
site de Okapi :
http://www.okapi-jebouquine.com/okapi/article/article.jsp?docId=2248356&rubId=15047
 Au cinéma, à partir de 12 ans : Joyeux Noël, sur les écrans depuis le 8
novembre 2005. C’est l'histoire de la fraternisation entre deux soldats, l'un français,
l'autre allemand, pendant la période de Noël 1914.
© Nathalie Bruguier
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