Influence de la pratique de sports en fauteuil roulant sur la survenue
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Influence de la pratique de sports en fauteuil roulant sur la survenue
IFPEK INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES Influence de la pratique de sports en fauteuil roulant sur la survenue de douleurs d’épaule : cas du basket et du tennis Travail personnel présenté par Julie MALINGE En vue de l’obtention du diplôme d’Etat de Masseur-Kinésithérapeute Année scolaire 2011/2012 Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est illégale. IFPEK INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES Influence de la pratique de sports en fauteuil roulant sur la survenue de douleurs d’épaule : cas du basket et du tennis Travail personnel présenté par Julie MALINGE Sous la direction de Mr Hubert GAIN, directeur de mémoire En vue de l’obtention du diplôme d’Etat de Masseur-Kinésithérapeute Année scolaire 2011/2012 Résumé Contexte : La pratique d’un sport en fauteuil roulant est devenue courante chez les personnes handicapées. Cependant cette activité peut augmenter les contraintes sur des épaules déjà très sollicitées par leurs activités de la vie courante. Objectif : Ce travail a pour vocation d’identifier des situations, facteurs, techniques favorisants la survenue de tendinopathie de la coiffe des rotateurs dans la pratique de basket-ball et de tennis Handisport et d’étudier le vécu des sportifs face à ce problème. Plan : Dans un premier temps, une recherche dans la littérature d’éléments de compréhension concernant les tendinopathies de la coiffe des rotateurs, les techniques de propulsion en fauteuil roulant et les gestes techniques dans le basket-ball et le tennis a été réalisée. Ensuite, un questionnaire destiné aux sportifs pratiquant le basketball et le tennis en fauteuil roulant a été élaboré puis diffusé. Résultats : L’analyse des questionnaires retournés a montré qu’une forte proportion des sportifs interrogés se sentent confrontés aux douleurs d’épaule. En conséquence de ces douleurs, une gêne et parfois des difficultés sont ressenties dans les activités de la vie quotidienne et la pratique sportive. Des interrogations sur les solutions disponibles face à ces douleurs ont été exprimées. Conclusion : Des facteurs favorisants les douleurs d’épaule ont été identifiés dans l’activité sportive en fauteuil roulant. L’élaboration d’axes de traitements et de prévention pourrait permettre de répondre aux plaintes constatées. Mots clés : épaule, tendinopathies, handicap, sport, fauteuil roulant, prévention Abstract Background: More and more disable people practice a wheelchair sport. However, this activity can increase the stress on their shoulders, which are already involved a lot and stretched by daily life activities. Objective: This study aims to identify situations, factors, technics, favoring the occurrence of rotator cuff tendinopathy in basketball and tennis Handisport practice and study the experiences of athletes dealing with this problem. Plan: In a first time, a literature search of understanding elements of rotator cuff tendinopathy, the wheelchair propulsion technique, and technical moves in basketball and tennis has been performed. In a second time, a questionnaire for athletes practicing wheelchair basketball and tennis has been elaborated and sent. Results: A high proportion of athletes surveyed have expressed shoulder pain. Discomfort seeing difficulties are felt in consequence of the pain. Questions about the solutions available to address these pains are expressed by respondents. Conclusion: Factors predisposing shoulder pain were identified in the wheelchair sports. The development of lines of treatment and prevention might respond to complaints recorded. Keys words: shoulder, tendinopathy, disabilities, sport, manual wheelchair, prevention Sommaire INTRODUCTION :.................................................................................................................................1 PARTIE 1 .............................................................................................................................................5 I – HANDISPORT ..............................................................................................................................5 1 – Développement du Handisport ..............................................................................................5 2 – Basketball Handisport ............................................................................................................5 3 – Tennis Handisport .................................................................................................................6 II –DOULEURS TENDINEUSES DE L’EPAULE ......................................................................................6 1 – Tendinopathie et conflits de l’épaule .....................................................................................6 2 – Mécanismes étiologiques ......................................................................................................6 3 – Relation entre les douleurs, la vie quotidienne et la pratique sportive ................................. 10 III – L’EPAULE DANS LE HANDISPORT : BIOMECANIQUE ET CONTRAINTES ..................................... 11 1- La propulsion du fauteuil ....................................................................................................... 11 2 - Le basket Handisport ............................................................................................................ 13 3 - Le tennis Handisport ............................................................................................................ 15 PARTIE 2 ........................................................................................................................................... 19 I – METHODE ................................................................................................................................ 19 II – RESULTATS .............................................................................................................................. 20 1 - Informations personnelles .................................................................................................... 20 2 - Apparition et évolution des douleurs .................................................................................... 21 3 - Caractéristiques de la douleur .............................................................................................. 22 4 - Gêne ressentie ..................................................................................................................... 23 5 - Gêne occasionnée lors de la pratique du sport ..................................................................... 23 6 - Commentaires...................................................................................................................... 24 III - DISCUSSION ............................................................................................................................ 24 1 – Analyse des résultats ........................................................................................................... 24 2 – Confrontation à la littérature ............................................................................................... 28 3 – Limites de l’étude ................................................................................................................ 29 CONCLUSION .................................................................................................................................... 30 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................. 31 ANNEXES ............................................................................................................................................1 INTRODUCTION : Aujourd’hui, le Handisport est une activité répandue, on dénombre 20000 licenciés auprès de la fédération nationale [1]. Comme toute activité sportive, sa pratique occasionne des blessures et des problèmes de santé. Cependant à la différence des blessures rencontrées dans les sports destinés aux personnes valides, elles viennent s’ajouter au handicap initial. On peut ainsi se questionner sur l’impact de ces problèmes de santé sur le quotidien des sportifs. Par ailleurs, le Handisport tend dans sa pratique et ses règles à se rapprocher au maximum des sports destinés aux valides. La présence du handicap implique alors la mise en place de compensations qui se traduisent par l’utilisation de matériels différents (fauteuil, sangle, protection pour les mains…), mais également par des compensations physiques. Lors d’un triathlon, j’ai pu observer des sportifs Handisports, leurs performances et les compensations qu’ils utilisent m’ont amené à me questionner. En effet, les gestes sportifs sont modifiés et les membres ou parties du corps déficient induisent des compensations dans d’autres parties du corps. La biomécanique et les contraintes engendrées sont ainsi perturbées. Cette observation m’a amené à m’interroger sur les blessures spécifiques ou plus fréquentes dans le Handisport. Dans la littérature, les problèmes les plus souvent décrits, sont les troubles trophiques (escarres), les infections, la spasticité, les troubles vésico-sphinctériens, les troubles de la thermorégulation, les douleurs neurogènes et la fatigue chronique [2] [3]. Mais le problème qui a attiré mon attention est la douleur d’épaule. L’épaule et ses structures péri-articulaires sont fragiles comme le prouve l’incidence élevée des douleurs d’épaule dans la population générale. L’épaule est une articulation très sollicitée chez les personnes handicapées. Ainsi on retrouve chez les paraplégiques et tétraplégiques bas handicapés, depuis plus de 25ans, une incidence des douleurs d’épaule atteignant 100% [4]. Ces douleurs sont beaucoup plus rares chez les tétraplégiques hauts, les épaules de ces derniers étant peu ou non fonctionnelles. A terme, la survenue de ces douleurs peut créer une restriction des activités de la vie quotidienne, une perte d’autonomie et entrainer une diminution des capacités cardio-vasculaires, le sujet entre alors dans une boucle de déconditionnement à l’effort. 1 Ces données interrogent sur l’intérêt de réduire la sollicitation des épaules des personnes handicapées en fauteuil, dès le début du handicap, ou de prévoir des solutions permettant de reculer au maximum l’apparition de ces douleurs et sur l’influence d’une activité sportive en fauteuil roulant dans la genèse de douleurs d’épaule. Parmi les sports proposés pas la fédération française, on retrouve des sports dans lesquels les pathologies de l’épaule sont fréquentes chez les valides, comme le tennis où l’incidence des atteintes de l’épaule chez les pratiquants varient entre 25 % et 46 % selon les études [5]. D’autres sports, comme le basket, sont peu contraignants pour les épaules chez les valides : 3 % des blessures rencontrées chez les basketteurs touchent les épaules [6]. Cependant dans le Handisport, 72% des pratiquantes rapportent des douleurs de l’épaule [7]. Ces sports sont d’autant plus contraignants pour les épaules dans la pratique Handisport notamment puisque s’ajoute aux gestes de lancer et de frappe des balles, la propulsion du fauteuil nécessitant une activité supplémentaire non négligeable du complexe de l’épaule. Au-delà des ces aspects négatifs, la pratique d’un sport a des vertus qui s’avèrent particulièrement intéressantes pour les sujets en situation de handicap physique. Les divers bénéfices de l’activité physique vont s’opposer aux restrictions créées par le handicap : - sur le plan social : par l’intégration qu’elle permet, par les liens qu’elle crée et par le partage d’émotions qu’elle offre ; - sur la santé physique : par ses nombreux bienfaits sur le corps et son fonctionnement ; - sur la santé psychique : l’activité physique « véhicule des notions de réussite, de dynamisme et de dépassement de soi » [8] qui participent à valoriser l’image de soi et à procurer une sensation de bien-être ; - sur le handicap : une étude sur des sportifs de haut niveau Handisport, montrent que 79% « considèrent que le sport leur a permis de mieux vivre avec leur handicap » et 60% « que le sport leur a permis d’accepter leur handicap » [9] ; - sur l’autonomie des personnes handicapées : Barbin et al. [10] ont montré que l’indépendance fonctionnelle des paraplégiques est améliorée chez ceux qui pratiquent un sport. Le sujet de ce travail n’est donc pas de remettre en question la pratique Handisport, mais d’apporter des éléments participant à améliorer cette activité et à réduire les conséquences 2 négatives de celle-ci. L’étude citée ci-dessus [9] conclue qu’il « existe une mauvaise maîtrise des risques sportifs chez les athlètes de haut niveau Handisport » et préconise « avec l’aide d’un professionnel de santé » un plan de prévention permettant « de rendre l’athlète acteur de sa santé ». Les étiologies des douleurs tendineuses de l’épaule ont été bien décrites dans la littérature. Des causes intrinsèques aux tendons ont été identifiées ainsi que des causes extrinsèques liées à l’architecture de l’épaule et aux activités. Les recommandations concernant la prise en charge masso-kinésithérapique de ces douleurs dans la population générale découlent de ces étiologies. L’identification par le masseur-kinésithérapeute des causes de tendinopathies permet d’apporter à chaque patient une prise en charge adaptée à sa pathologie et contribue à optimiser la rééducation. Dans la pratique de sports en fauteuil roulant, une incidence importante des douleurs d’épaule a été constatée, cependant les causes spécifiques liées à cette pratique ont été peu étudiées et n’ont pas été identifiées. Curtis et al. [11] ont cherché à mettre en évidence les Handisports les plus à risque de blessures. Il en ressort que parmi une liste de 32 sports, le basketball en fauteuil est le deuxième sport le plus à risque, le tennis est classé quatrième. Je me suis donc intéressée à ces deux sports en cherchant à étudier les causes et facteurs spécifiques influençant le développement des douleurs d’épaule dans leur pratique. La finalité de ce travail est de pouvoir identifier les causes des problèmes d’épaule et d’établir un support pour la mise en place des traitements, des axes de prévention, des conseils d’hygiène de vie ou encore des conseils techniques spécifiques à chaque sport. La recherche des causes liées au handicap et à la pratique en fauteuil roulant permettra de proposer une rééducation plus spécifique, donc susceptible d’être plus efficace. La problématique de recherche est l’étude de l’influence de la pratique de sport en fauteuil roulant sur la survenue de douleurs d’épaule : cas du tennis et du basketball. Il s’agit d’une étude descriptive transversale. Cette recherche, par les connaissances anatomiques et biomécaniques qu’elle nécessite et par la place occupée par les traitements masso-kinésithérapiques dans la prise en charge des douleurs d’épaule, s’inscrit dans le champ de compétences des masseurs-kinésithérapeutes. Nous aborderons en premier lieu la recherche d’informations dans la littérature concernant la pratique du handisport et plus particulièrement du basket et du tennis, les tendinopathies, les 3 contraintes appliquées à l’épaule dans le Handisport et les aspects biomécaniques et techniques des sports étudiés. Puis dans un deuxième temps, nous analyserons un questionnaire destiné aux sportifs Handisport pratiquant le basket ou le tennis. Ce dernier a pour but de mieux connaître les répercussions de ces douleurs sur la vie courante et d’analyser le vécu et le ressenti des sportifs face à ce problème de santé afin de répondre au mieux à leur demande. Pour cela, j’ai utilisé les moteurs de recherche Pubmed, google scholar, l’université de Rennes 1, et le centre de documentation de l’IFPEK. L’étude de la littérature disponible sur ce sujet et les réponses au questionnaire m’ont ainsi permis de dégager des éléments de réponse à cette problématique. 4 PARTIE 1 I – HANDISPORT 1 – Développement du Handisport Le Handisport caractérise les sports pratiqués pas les personnes handicapées. La pratique et les règles sont adaptées aux handicaps de la population visée. Cette activité est apparue après la seconde guerre mondiale en Angleterre, dans le cadre de la réhabilitation des blessés de guerre. C’est un neurochirurgien, Ludwig GUTTMAN, à l’hôpital de Stoke Mandeville, qui a eu l’idée de proposer des activités sportives, telles que le tir à l’arc et le basket aux paraplégiques, dans le but de les distraire et de les encourager à avoir une activité physique. Le Handisport est arrivé en France au début des années 1950. Aujourd’hui, l’organisation et le développement du Handisport sont gérés par la fédération française Handisport (FFH), cette association compte 20000 licenciés et plus de 35000 pratiquants. Elle promeut plus de 45 sports. 2 – Basketball Handisport Le basketball Handisport a été le sport le plus pratiqué dans un premier temps. Au départ, il se jouait sur des terrains plus grands, avec des panneaux plus bas et des règles différentes de celles du basketball destiné aux valides. Cependant pour faciliter l’accessibilité à ce sport et l’organisation de compétitions, ces modifications ont été réduites, seules quelques règles du jeu liées à l’utilisation du fauteuil roulant restent aujourd’hui différentes. Une des particularités du basketball Handisport réside dans la classification des joueurs [12]. Selon leurs capacités fonctionnelles et le niveau de la lésion (médullaire ou de l’amputation), il est attribué un certain nombre de points au joueur (entre 1,0 et 4,5). Plus les capacités fonctionnelles sont importantes, plus le score du joueur est élevé. A tout moment du jeu, la somme des points des joueurs sur le terrain dans chaque équipe ne doit pas dépasser un total de 14,5 points pour les clubs et 14 points pour les équipes nationales. L’objectif de cette classification est de contribuer à l’égalité des chances entre les joueurs et d’équilibrer le potentiel des équipes. En plus des équipements classiques, les joueurs doivent se munir d’un fauteuil spécifique et de sangles permettant de fixer certaines zones du corps au fauteuil selon le niveau et le type de lésion. 5 3 – Tennis Handisport Le tennis Handisport est apparu plus tardivement mais il a connu un succès important dès les années 80. Il se pratique sur tout type de surface et sur les mêmes terrains que le tennis destiné aux valides. Seules quelques règles sont différentes, la principale étant la possibilité de laisser la balle rebondir au sol une fois de plus avant de la frapper. Comme pour les valides, un classement selon le niveau de jeu permet d’établir des rencontres. Aucune règle n’encadre le choix du fauteuil. Cependant les qualités de mobilité sont essentielles aussi les joueurs sont amenés à acquérir un fauteuil spécifique. Comme pour le basketball Handisport, d’autres équipements peuvent être utilisés pour pallier le handicap. II –DOULEURS TENDINEUSES DE L’EPAULE 1 – Tendinopathie et conflits de l’épaule Les tendinopathies et les conflits de l’épaule touchent les muscles de la coiffe des rotateurs : le supra-épineux, l’infra-épineux, le petit rond et le sub-scapulaire. Le chef long du biceps brachial est également concerné par ces tendinopathies. La tendinopathie est une pathologie de sur-utilisation des muscles de la coiffe des rotateurs de l’épaule qui occasionne des douleurs aiguës ou chroniques localisées au niveau du moignon de l’épaule. Le risque de survenue de tendinopathie augmente avec le vieillissement et en présence d’un conflit. 2 – Mécanismes étiologiques Les mécanismes biomécaniques des tendinopathies de l’épaule se divisent en 2 catégories : les mécanismes intrinsèques et les mécanismes extrinsèques. La combinaison de ces différents mécanismes favorise la survenue de douleurs tendineuses de l’épaule. a -Mécanismes intrinsèques propres aux propriétés des tendons Les mécanismes intrinsèques regroupent tous les facteurs influençant les propriétés du tendon en terme de constitution et de performance et favorisant l’apparition de tendinopathie de la coiffe des rotateurs. Ainsi on classe dans cette catégorie la dégradation du tendon liée au vieillissement naturel qui entraine une modification des propriétés du tendon. En termes de performance, on observe une réduction de la courbe contrainte-déformation impliquant une diminution de l’élasticité des tendons et une réduction de la résistance à la 6 traction [13]. Au plan histologique, on retrouve chez les sujets âgés, ne présentant pas d’antécédent de tendinopathie, des modifications à type de calcification, de prolifération cellulaire, de dégénérescence fibro-vasculaire et une diminution globale de la teneur en collagène associée à une augmentation de la proportion de collagène de type 3 (collagène moins résistant et plus irrégulier) [13]. Aucune étude n’a pour l’instant déterminé si ces modifications sont dues simplement à l’âge ou si elles sont la conséquence d’une réponse cicatricielle de moins bonne qualité face aux microtraumatismes. Parmi les mécanismes intrinsèques, des modifications de la matrice tendineuse et de la morphologie du tendon [13] ont été constatées. Dans les lésions aiguës de la coiffe, on retrouve une augmentation diffuse de l’épaisseur du tendon associée à des modifications de la matrice (accumulation de certaines protéines et désorganisation des fibres de collagènes) liée à la réaction de cicatrisation. Dans les tendinopathies chroniques, on observe un amincissement du tendon lié à une dégénérescence. Cet amincissement engendre une diminution de la résistance du tendon à la traction et une diminution des performances musculaires [13]. b - Mécanismes extrinsèques : propres aux tendinopathies Les tendinopathies de l’épaule sont des atteintes micro-traumatiques dues à une surutilisation excentrique. Elles concernent les muscles de la coiffe des rotateurs ou la longue portion du biceps créant des contraintes de tractions sur les tendons de ces muscles et à terme des lésions dans la structure tendineuse pouvant progresser jusqu’à la rupture complète. C’est la répétition d’un geste traumatisant pour ces tendons qui va progressivement créer les lésions tendineuses et provoquer l’installation d’une douleur aiguë ou chronique. Cette notion de sur-utilisation est notamment présente chez les travailleurs manuels mais aussi chez les sportifs utilisant les membres supérieurs [14]. Les muscles de la coiffe des rotateurs ont une activité importante d’abaissement de la tête humérale dans les mouvements réalisés au-delà de 90° d’élévation ou d’abduction de l’épaule. Les gestes répétés au-delà de cette amplitude seront donc à risque pour les tendons de la coiffe des rotateurs. Dans la plupart des cas, les tendinopathies occasionnent des douleurs de type mécanique localisées au niveau de l’épaule, augmentées à la palpation des tendons concernés et dans les 7 mouvements qui créent une traction sur ces mêmes tendons. Aucune étude n’a retrouvé de processus inflammatoire classique localisé au niveau des tendons de la coiffe dans le cas des tendinopathies chroniques [15]. Les bourses séreuses sub-acromiales et sub-deltoïdiennes par leur proximité et leur rôle vis-àvis des tendons de la coiffe des rotateurs sont également le siège de modifications histologiques, mais qui diffèrent des modifications inflammatoires classiques [16]. Les plaintes de douleurs nocturnes et de repos sont pourtant fréquentes chez les sujets atteints de tendinopathies ou de conflits. propres aux conflits On peut retrouver plusieurs types de conflits au niveau de l’épaule, le plus fréquent et le plus décrit dans la littérature est le conflit sous-acromial de Neer. Dans le mouvement d’élévation du bras, la face antérieure de l’acromion et le tendon du supra-épineux se retrouvent en contact [14]. L’abaissement de la tête humérale par rapport à la glène, par les muscles de la coiffe des rotateurs, ainsi que le glissement de ces muscles par rapport au muscle deltoïde, qui est contrôlé par la bourse synoviale sous deltoïdienne, permettent un contact physiologique non traumatisant pour les tendons de la coiffe des rotateurs. Cependant des facteurs peuvent modifier cet équilibre et favoriser l’apparition d’un conflit sous-acromial. Les facteurs identifiés ont un point commun, ils réduisent l’espace entre la voute acromiale et la tête humérale, réduisant ainsi l’espace réservé aux tendons de la coiffe des rotateurs. Ces derniers sont alors en conflit avec la partie antérieure de l’acromion. Les facteurs anatomiques identifiés sont : la forme « crochu » de l’acromion, plus agressif vis-à-vis des tendons, la pente « plus horizontale » de l’acromion et l’épaississement du ligament sous-acromial. Ils réduisent l’espace sous acromial disponible. De plus, la présence d’éperons sous-acromiaux peut irriter les tendons. Enfin le conflit sous-acromial peut trouver son origine dans un décentrage supérieur de la tête humérale. Les études [13] associent ce décentrage à une perte de force des muscles de la coiffe des rotateurs et à un raccourcissement de la capsule articulaire gléno-humérale postérieure et inférieure. 8 les altérations de la cinématique scapulaire Des altérations significatives de la cinématique scapulaire ont été mises en évidence chez les sujets souffrant d’un conflit sous-acromial ou ayant une coiffe des rotateurs symptomatiques, comparées à des groupes témoins [16]. Les auteurs [16] supposent que ces altérations sont des mécanismes contribuant aux conflits et aux tendinopathies de la coiffe des rotateurs, bien que tous les sujets dans un échantillon ne sont pas susceptibles de les présenter et qu’il est difficile de déterminer si elles sont contributives ou compensatoires. Pourtant, les auteurs semblent favorables à l’hypothèse d’un mécanisme compensatoire dont la finalité serait d’optimiser l’élévation du bras en présence d’un dysfonctionnement de la coiffe des rotateurs. Différents mécanismes contribuant potentiellement à une cinématique anormale ont été décrits. La raideur de certains tissus mous pourrait influencer les amplitudes de bascule de la scapula. Les recherches récentes montrent que chez les sujets présentant une hypoextensibilité du muscle petit pectoral, on constate une diminution de la bascule postérieure de la scapula au cours de l’élévation du bras [13] [16]. De plus, une raideur de la capsule postérieure de l’articulation gléno-humérale serait liée à une augmentation de la bascule antérieure [16]. L’activation musculaire serait également en cause chez des sujets atteints de conflits sousacromiaux. Une activité réduite du muscle dentelé antérieur a été reliée à une diminution de la bascule postérieure et de la sonnette latérale de la scapula [13] [16]. En théorie ces altérations peuvent réduire l’espace sous-acromial et ainsi contribuer à l’apparition ou à l’évolution d’un conflit. La fatigue musculaire a également été étudiée, la preuve qu’elle modifie la cinématique scapulaire a été apportée [16]. Cependant aucune relation n’a été établie avec des muscles isolés. Enfin la posture thoracique peut également influencer la cinématique scapulaire. Chez des femmes présentant une augmentation de la cyphose thoracique, il a été montré une augmentation de la bascule antérieure et de la rotation interne de la scapula par rapport à la clavicule [16]. Par ailleurs, des preuves significatives de réduction de l’espace sous-acromial ont été identifiées en position d’antépulsion [16]. Les auteurs ont alors supposé que le mouvement de bascule antérieure de la scapula (composante de l’antépulsion) serait responsable de la diminution de l’espace sous-acromial. 9 Tous ces facteurs montrent que les origines de conflits et de tendinopathie sont multiples. Des preuves supplémentaires seraient nécessaires pour confirmer certaines relations entre les mécanismes causaux et les lésions de la coiffe des rotateurs. Toutefois la connaissance de ces éléments sera à prendre en compte dans l’élaboration de bilan et d’axe de rééducation des épaules douloureuses. 3 – Relation entre les douleurs, la vie quotidienne et la pratique sportive conséquences des douleurs sur la vie quotidienne La fonctionnalité des membres supérieurs est indispensable pour les actes de la vie quotidienne (toilette, habillage, alimentation…) mais également dans certains cas de handicap pour assurer une autonomie de déplacement (transferts, utilisation de fauteuil roulant manuel…). Toute douleur au niveau des membres supérieurs et notamment au niveau de l’épaule va donc occasionner une gêne, voire une difficulté pour l’accomplissement des tâches de la vie courante et perturber la qualité de vie. Par ailleurs, l’activité professionnelle nécessite bien souvent une utilisation importante plus ou moins contraignante des membres supérieurs. Il apparait donc qu’une douleur de l’épaule peut créer des difficultés dans l’activité professionnelle. Dans le cas des blessés médullaires, la fréquence des douleurs d’épaule est élevée. La chronicité de ces douleurs va engendrer des limitations dans les activités de la vie courante. Ces limitations peuvent être à l’origine d’une perte d’autonomie qui va avoir des conséquences sur le conditionnement à l’effort. La réduction des capacités cardio-respiratoires et posturales peut alors favoriser l’apparition d’autres complications comme l’obésité, une scoliose, des escarres … [4]. Influence de la vie quotidienne sur les douleurs D’un autre point de vue, la sollicitation des membres supérieurs et donc des épaules dans les activités de la vie courante est plus importante chez les sujets en situation de handicap. Certaines situations à risque pour l’épaule dans la vie quotidienne ont été identifiées [17] : les transferts, la propulsion du fauteuil ou l’utilisation de cannes, le chargement du fauteuil dans la voiture, la musculation, la manipulation d’objets lourds en hauteur. Chivilo et al [17] se sont interrogés sur le rôle de rééducateurs dans la survenue de douleurs d’épaule chez les patients paraplégiques et sur les solutions permettant de développer l’indépendance fonctionnelle du patient sans provoquer l’apparition de douleurs d’épaule. Ils ont alors 10 préconisés la mise en place de « mesures de prévention et d’éducation des patients […] dès le début de la rééducation en institution » [17]. De plus, selon Curtis et al. [7], les utilisateurs de fauteuil roulant n’ont pas seulement un risque plus important de développer des douleurs d’épaule, ils risquent également de perturber la cicatrisation par la difficulté de mettre au repos l’articulation suite à une blessure. Influence de la pratique sportive sur l’autonomie dans la vie quotidienne Barbin et al [10] ont étudié les différences dans l’indépendance fonctionnelle entre les paraplégiques sportifs et les paraplégiques non sportifs. Ils ont montré que « la pratique sportive précoce et régulière optimise les capacités fonctionnelles et accélère le processus d’autonomisation » [10]. En effet, 60% des paraplégiques sportifs ont une indépendance complète contre 22% des paraplégiques non sportifs. III – L’EPAULE DANS LE HANDISPORT : BIOMECANIQUE ET CONTRAINTES Dans le but de pouvoir proposer des éléments de traitement et de prévention dans le cadre de la pratique handisport, il apparait essentiel de rechercher les causes ou situations qui peuvent affecter l’épaule. 1- La propulsion du fauteuil La propulsion du fauteuil roulant est une caractéristique essentielle commune aux deux sports étudiés. Elle apparait donc comme un potentiel facteur favorisant des douleurs d’épaule. La technique de propulsion du fauteuil varie fortement en fonction de différents paramètres, comme le type de fauteuil, la hauteur du siège, l’inclinaison du dossier, mais également selon les sujets et les pathologies [18]. Malgré cela, certains auteurs ont tenté de généraliser la technique et ont décrit de manière détaillée ce geste. Deux phases distinctes ont été décrites. La phase de propulsion qui correspond à la période du mouvement pendant laquelle la main du sujet est en contact avec la main courante du fauteuil, et la phase de récupération lorsque la main est libre. L’observation des utilisateurs de fauteuil roulant manuel montre que le geste n’est pas le même d’un sujet à l’autre ainsi Shimada [19] a décrit trois modèles de propulsion. On distingue les utilisateurs réalisant un mouvement semi-circulaire, ceux réalisant une boucle 11 unique de propulsion et ceux réalisant une double boucle de propulsion. Dans une autre étude, Boninger [20] a décrit un modèle supplémentaire, la propulsion en arc. Les quatre modèles de propulsion sont présentés en annexe 1. Il est décrit que les sujets valides utilisant un fauteuil roulant vont plutôt réaliser une propulsion en arc, alors que les sujets paraplégiques utilisent un modèle de propulsion semi-circulaire ou en boucle unique de propulsion [21] [22]. Il serait intéressant de savoir si certains modèles sont plus traumatisants que d’autres pour l’épaule. Cependant aucune de ces études n’a comparé l’impact de ces modèles sur les contraintes ou douleurs d’épaule. Gorce et al [22] ont montré que l’activation musculaire durant la propulsion était plus importante chez les sujets paraplégiques que chez les sujets sains. Ce constat amène donc à penser que le modèle de propulsion utilisé pourrait avoir des conséquences sur le niveau d’activation musculaire, bien que cela puisse également s’expliquer par l’athlétisation des membres supérieurs des sujets paraplégiques. Par ailleurs, la diversité de ces modèles explique les difficultés à identifier les séquences d’activation musculaire ainsi que les forces et contraintes s’appliquant à l’épaule et aux autres articulations du membre supérieur dans la propulsion. Etant donné la fréquence des plaintes concernant l’épaule chez les utilisateurs de fauteuil roulant manuel (30-50 %) [18], des auteurs ont étudié l’influence de la propulsion sur les douleurs d’épaule. Cependant, aucune n’étude n’a pu mettre en évidence un lien entre l’utilisation régulière du fauteuil roulant manuel et les douleurs d’épaule. Ces plaintes au niveau de l’épaule pourraient s’expliquer par la nécessité de stabiliser l’articulation glénohumérale lors du mouvement de propulsion, mais également par les caractéristiques de la propulsion. C’est une tâche répétitive qui requiert un développement de force important et qui s’effectue dans des amplitudes articulaires extrêmes, essentiellement au niveau du poignet mais également dans les amplitudes d’extension de l’articulation gléno-humérale [18]. D’autres études se sont penchées sur l’impact de l’installation au fauteuil sur les contraintes au niveau de l’épaule. Concernant la hauteur de l’assise, des auteurs [23] ont montré qu’avec une assise plus haute, le temps de poussée était diminué et le temps de récupération augmenté. Cela peut s’expliquer par une accessibilité aux roues moins importante lorsque l’assise est haute. Gorce et Louis, [21] ont récemment confirmé ces résultats. Ces mêmes auteurs ont montré qu’un siège haut, 12 implique une activation musculaire moins importante [22] et des amplitudes de flexion/ extension de l’épaule réduites. Considérant que l’intensité des forces appliquées à l’épaule et les mouvements à proximité des limites articulaires sont des facteurs de risques de troubles musculo-squelettiques, ces auteurs ont émis l’hypothèse qu’un siège plus haut en diminuant l’intensité du recrutement musculaire et les amplitudes articulaires serait moins traumatisant pour l’épaule. La diminution du temps du cycle corrélée avec l’augmentation de la hauteur du siège induit une augmentation de la fréquence du cycle, mais de manière négligeable. Ainsi les auteurs préconisent un siège plus haut pour réduire le risque de lésions musculo-squelettiques du membre supérieur. Il est à noter que dans leur précédente étude, Gorce et Louis [22] indiquaient que la position basse de l’assise du fauteuil permet une propulsion plus efficace. Un autre critère de la position du siège a été étudié : il s’agit de l’axe du dossier. La plupart des utilisateurs quotidiens de fauteuil roulant ont un dossier positionné avec un axe plutôt vers l’avant du fauteuil. La position plus postérieure du dossier étant réservée aux sujets en institution ou nécessitant une stabilisation antéro-postérieure importante. Similairement à la hauteur du siège, une position antérieure du dossier induit au niveau de l’épaule des amplitudes de mouvements [21] et un niveau d’activation musculaire [22] plus importants. Une position plus antérieure du dossier semble donc augmenter le risque d’atteintes musculo-squelettiques. Cependant, Bonniger et al [23] ont montré que l’augmentation des amplitudes du geste impliquait une diminution de la cadence et une diminution des forces appliquées. La position du dossier la plus favorable semble donc être une position intermédiaire. Les paramètres d’installation du fauteuil seront donc à régler en fonction de la morphologie du sujet, de son confort au fauteuil et des particularités du sport et du joueur, afin de procurer une bonne maniabilité du fauteuil, une bonne efficacité de la propulsion et des contraintes limitées. 2 - Le basket Handisport Les douleurs de l’épaule sont peu fréquentes chez les basketteurs valides (3 % des blessures rencontrées chez les basketteurs [8]). Les causes de douleurs d’épaule dans la pratique du basketball ont donc été peu étudiées. Cependant, l’incidence de ces douleurs est très nettement 13 augmentée dans la pratique Handisport féminine (72 % des pratiquantes rapportent des douleurs) [11]. On peut donc s’interroger sur la responsabilité de la propulsion dans cette augmentation, mais également sur l’importance des membres inférieurs dans la transmission de force lors des passes et des tirs. Liu et al [24] ont cherché à analyser les modèles des mouvements dans le tir au basket aux membres inférieurs et aux membres supérieurs. Ils ont conclu qu’aux membres inférieurs le modèle de mouvement est beaucoup plus constant qu’aux membres supérieurs, où il est difficile de mettre en évidence un modèle de réalisation du tir. Ils ont alors émis l’hypothèse que les membres inférieurs fournissent un support de base en termes de force pour le tir, alors que les membres supérieurs ont une action de contrôle de la précision du geste. D’autres études se sont intéressées au modèle biomécanique du tir au niveau des membres supérieurs. Schmidt [25] a essayé de mettre en évidence un modèle de mouvement en analysant le tir du lancer franc. L’échantillon de population étudiée comprenait des joueurs de tout niveau, dans le but d’identifier des classes de schémas de mouvements susceptibles d’expliquer des niveaux de compétences différents. Cependant, les variations interindividuelles sont tellement importantes qu’aucun modèle n’a pu être isolé. Une étude sur des joueurs d’un niveau de compétence expérimentée serait nécessaire. Malone et al. [26] ont cherché à identifier des différences dans la technique de lancer selon la classification des joueurs. Ils ont ainsi établi des différences significatives visibles notamment à travers l’aspect du mouvement de tir et à travers la trajectoire du ballon entre les classes 1 et 2, dont les capacités fonctionnelles sont moindres, par rapport aux classes 3 et 4. Les paramètres de libération (annexe 2) du ballon ont été analysés, les classes 1 et 2 lâchent le ballon à une hauteur inférieure, avec une vitesse et un angle de libération plus importants (angle entre la direction de la force au moment du lancer et l’horizontale) que les classes 3 et 4. La diminution de la hauteur de libération et l’augmentation de l’angle de libération sont considérées comme des facteurs diminuant les chances de tir réussi et nécessite une vitesse du ballon plus importante pour atteindre la cible, donc un niveau de développement de force supérieure. La réalisation d’un tir réussi demande donc aux joueurs des classes 1 et 2, une précision et une production de force plus importantes par rapport aux joueurs des classes 3 et 4. 14 S. Miller [27] propose d’expliquer l’augmentation du taux de réussite avec un angle de libération plus faible, par la diminution de la vitesse de libération qui minimise l’ampleur de la force à générer par les joueurs lors du tir et diminue ainsi la variabilité du mouvement. Chez les joueurs en fauteuil roulant, la distance du joueur par rapport au panier est augmentée et l’aide propulsive des membres inférieurs est absente. Les forces à développer pour atteindre le panier sont donc plus importantes, il sera donc avantageux pour ces joueurs de tirer avec un angle de libération petit. Par ailleurs, Malone et al. [26] et Hudson [28] préconisent pour améliorer la hauteur de libération, d’augmenter la flexion de l’épaule, l’extension du coude lors du tir et de libérer le ballon lorsque les segments du bras sont en fin d’amplitude. L’étude de ces paramètres du geste de tir permet d’identifier des conséquences de la pratique en fauteuil et du handicap sur la gestuelle du tir. Cependant peu d’éléments permettent de faire le lien avec l’incidence des douleurs d’épaule chez les basketteurs Handisports. On note seulement que l’absence de propulsion et de transmission de force par les membres inférieurs ainsi que l’augmentation de la distance entre les joueurs et le panier pourraient avoir des conséquences. On pourrait émettre l’hypothèse que ces modifications entrainent une production de force plus importante au niveau des membres supérieurs et par conséquent augmentent les contraintes. Par ailleurs ces articles n’analysent que le geste de tir, le rôle des gestes de passe ainsi que des gestes de défense (bras levés pour gêner les tirs,…), n’est pas étudié. D’après Curtis et al. [7] ces gestes créent des risques de traumatismes de sur-utilisation et de conflits entre les tissus mous. On peut donc raisonnablement penser qu’ils participent au développement de tendinopathie de l’épaule. 3 - Le tennis Handisport Parmi les blessures retrouvées dans la pratique du tennis, on distingue des pathologies dites de surmenage ou de sur-utilisation en lien avec la répétition de gestes sportifs microtraumatisants. Ces pathologies touchent fréquemment les structures tendineuses. Les tendons des muscles de l’épaule étant particulièrement vulnérables, on retrouve couramment des atteintes de ces tendons chez les joueurs de tennis. Ainsi, Kiblera et al [6] ont montré dans une étude sur les jeunes joueurs que 24% d’entre eux se plaignent de douleurs d’épaules actuelles ou passées. La fréquence de ces atteintes de l’épaule dans le tennis peut s’expliquer en partie par le rôle de cette articulation dans cette activité. Elle est à l’origine d’accélérations et de 15 décélérations maximales du bras et doit dans le même temps contrôler de façon précise la raquette dans l’espace [6]. Cette activité sollicite donc à la fois les muscles puissants de l’épaule et ceux permettant l’orientation précise du membre supérieur dans l’espace. Selon Perkins et al [29] les athlètes peuvent présenter un conflit pur et isolé, généralement il s’agit des athlètes plus âgés, le conflit est alors considéré comme secondaire aux modifications dégénératives. Chez les athlètes plus jeunes, Perkins et al décrivent que les microtraumatismes répétés sur le labrum et les structures capsulo-ligamentaires de l’articulation gléno-humérale vont créer une hyperélasticité des structures pouvant conduire à une instabilité et secondairement à un conflit. Aucune publication n’a mis en évidence de liens directs entre la lésion et l’activité réalisée au moment de sa survenue [6]. Des études se sont intéressées à la biomécanique de l’épaule et aux séquences d’activations musculaires dans les gestes du tennis, notamment le geste de service décrit comme très contraignant pour l’épaule, par les amplitudes qu’il sollicite et la puissance qu’il requiert. Le service est le geste qui requiert le niveau d’activation musculaire le plus important dans la pratique du tennis [6], mais également de large amplitude de mouvement dans les articulations gléno-humérales et scapulo-thoraciques. Les vitesses et forces de rotation produites sont importantes. On peut le décomposer en quatre phases successives [30] : - La phase d’armement : Elle débute quand le bras initie le mouvement, et se termine quand l’épaule est en position d’abduction, rotation latérale maximale. - Une phase d’accélération : Elle suit immédiatement la première phase et se termine lors de l’impact avec la balle. - Une phase de décélération : Elle prend fin lorsque l’extension du coude est maximale. - La phase de « follow-through » : Elle se termine à l’arrêt du mouvement. La combinaison de ces 4 phases a pour finalité de transmettre un maximum de vitesse à la balle, en augmentant le trajet au cours duquel la raquette prend de la vitesse et en mettant en tension les muscles impliqués dans la phase d’accélération. L’énergie emmagasinée par ces muscles lors de la phase d’armement est ainsi en partie restituée lors de la deuxième phase. L’énergie restituée sera d’autant plus importante que la phase de transition entre la phase d’armement et la phase d’accélération est courte [31]. 16 Kibler et al [30] ont analysé le modèle d’activation musculaire impliqué dans le service au niveau de l’épaule chez des joueurs de tennis valides. La durée totale de l’enregistrement du geste de service était en moyenne de 621ms, l’impact de la balle était enregistré en moyenne au milieu de cette phase, c’est-à-dire à 325ms. Les muscles enregistrés qui s’activent dès le début de la phase d’armement sont successivement le dentelé antérieur, le deltoïde antérieur, le trapèze supérieur et le petit rond. Ensuite en fin de phase d’armement, le deltoïde postérieur, le trapèze inférieur, et le supra-épineux se contractent également. Enfin, quelques millisecondes après l’impact de la balle, l’infra-épineux se contracte. L’activité des autres muscles de l’épaule n’a pas été enregistrée. Tous les muscles cités étaient contractés pendant plus de 50% de la durée du service. Reid et al [32] se sont intéressés au pic de force des rotateurs de l’épaule lors du service chez les joueurs de tennis Handisport, en différenciant deux types de service, le service kické (service qui permet de donné de l’effet à la balle, utilisé par les joueurs expérimentés), et le service plat (service qui permet de donner plutôt de la vitesse à la balle). Ils constatent comme chez les joueurs valides, un pic de force négligeable des rotateurs latéraux lors de la phase d’armement et un pic de force important des rotateurs médiaux juste avant l’impact de la balle. Les différences observées entre les deux types de service n’étaient pas significatives. Les muscles rotateurs ont donc un rôle essentiel dans les gestes de service et de frappe au tennis. On peut raisonnablement penser qu’il y ait un lien entre la fréquence des atteintes de la coiffe des rotateurs et l’activité de ces muscles dans la pratique du tennis. Des auteurs se sont interrogés sur le ratio entre la force des muscles rotateurs médiaux et celle des muscles rotateurs latéraux. En effet, il a été montré que le service et les coups droits au tennis impliquent un pic de force des rotateurs médiaux important qui permet de donner de la vitesse à la balle. Alors que le pic de force des rotateurs latéraux lors de la phase d’armement est négligeable. Or un ratio déséquilibré entre ces muscles peut perturber l’équilibre de l’épaule. Forthomme et al [33] trouvent ainsi que le ratio mixte (rotateurs latéraux excentriques par rapport aux rotateurs médiaux en concentrique), mesuré sur dynamomètre isocinétique, chez les joueurs de tennis valides est inférieur à la « valeur limite […] [minimale] du ratio mixte normal chez les sujets sédentaires ». Gozlan et al. [34] ont également mesuré la force des muscles rotateurs de l’épaule chez le joueurs de tennis valides sur dynamomètre isocinétique et ont comparé les valeurs de l’épaule 17 dominante et non dominante. Ainsi chez les hommes et les femmes, la force des muscles rotateurs médiaux est significativement plus importante du coté dominant à vitesse rapide et surtout à vitesse lente. Le ratio concentrique des rotateurs latéraux par rapport aux rotateurs médiaux est significativement plus faible du coté dominant chez les femmes, en revanche chez les hommes la différence trouvée n’est pas significative. Forthomme et al [33] se sont aussi intéressés aux autres sports où ce ratio peut être perturbé. Ainsi chez les joueurs de volley-ball, une étude prospective a montré qu’une diminution de ce ratio (mesuré en début de saison), semblait liée à l’apparition de douleurs tendineuses de l’épaule au cours de la saison. Il a également été montré que chez les volleyeurs que le renforcement des muscles rotateurs latéraux ne diminue pas les performances sur le terrain. La technique des gestes de frappe au tennis, décrite chez les sportifs valides, implique les membres inférieurs. En effet, il est décrit que la « poussée des jambes favorise la rotation du haut du corps en vue de l’impact» [31]. Chez les sportifs en fauteuil cette action est absente. Pour compenser cette limitation de la rotation, les joueurs doivent une fois la balle lancée en l’air, utiliser leur main libre pour réaliser une traction du fauteuil de l’arrière vers l’avant [35]. Cette action permet également au joueur de prendre appui sur la main courante ou la roue du fauteuil pour se stabiliser. Il peut ainsi augmenter la translation de son centre de gravité sur le coté ou la main est en appui et par conséquent libérer l’appui du coté ou il tient la raquette. L’amplitude de rotation de la ceinture scapulaire et du tronc sera donc plus importante. Chez les joueurs de tennis, l’épaule est donc une articulation très sollicitée. Un certain nombre de facteurs semblent favorables à l’apparition de douleurs d’épaule. Les gestes de service et de frappe sollicitent des amplitudes extrêmes mettant ainsi les structures péri-articulaires de l’épaule en situation d’étirement et pouvant potentiellement créer des tractions sur les tendons. Les muscles moteurs de l’épaule sont sollicités de façon importante, et pour certains dans un mode excentrique. D’après Middleton [36], c’est cette activité frénatrice des muscles supra-épineux, infra-épineux et du chef long du biceps, dans les gestes de service et de smash, qui est à l’origine des lésions tendineuses de la coiffe des rotateurs. Enfin la sollicitation de ces muscles n’est pas physiologique, elle est ainsi à l’origine de déséquilibre musculaire des muscles rotateurs et potentiellement d’un conflit. 18 PARTIE 2 I – METHODE L’analyse de la littérature permet d’obtenir de nombreuses informations théoriques sur ce sujet. Je souhaitais avoir l’avis des sportifs afin d’observer la réalité du problème sur le terrain et confronter les données de la littérature aux observations tirées du questionnaire, mais également connaître le ressenti et l’attitude des sportifs face à ce problème. Il me paraissait intéressant de savoir : - s’ils se sentent concernés par ces douleurs, s’ils y sont confrontés, - s’ils ont pu observer un lien avec leur activité sportive, - quelles conséquences ces douleurs peuvent avoir, à quel niveau et à quelle intensité, - quelle est leur réaction face à ce problème, - s’il existe des liens entre les pathologies, l’âge, le sport,… et les plaintes de douleurs d’épaules. J’ai ainsi établi un questionnaire s’adressant aux sportifs Handisports pratiquant le basket ou le tennis quel que soit leur handicap, leur âge et leur niveau de pratique. Les pratiquants d’autres Handisports ont donc été exclus des résultats. Les pratiquants valides de tennis et de basket Handisport ont été inclus dans l’étude, les pratiquants d’autres sports ont été exclus des résultats. Le questionnaire était divisé en 5 parties : 1) les informations personnelles, 2) le mode d’apparition et l’évolution des douleurs, 3) les caractéristiques de la douleur, 4) la gêne ressentie au quotidien, 5) la gêne ressentie lors de la pratique sportive. Le questionnaire est présenté en annexe n° 3. Les questions s’intéressant aux conséquences de la douleur se sont inspirées du questionnaire DASH, ce questionnaire est recommandé par la haute autorité de santé, pour l’évaluation des 19 douleurs d’épaules et de leurs conséquences sur la vie quotidienne. La dernière question concernait les possibles remarques, commentaires, compléments d’informations que les interrogés pouvaient avoir. J’ai contacté dans un premier temps les clubs de basket et de tennis Handisport de Rennes. J’ai ainsi pu aller observer le déroulement des entrainements et prendre contact avec les joueurs et les responsables. Pour faciliter le recueil des données et obtenir un maximum de réponse, j’ai choisi de diffuser ce questionnaire par e-mail en utilisant le support de « google document ». J’ai alors contacté, par e-mail, les comités régionaux de Handisport en France. Huit responsables ont accepté de transférer le questionnaire. J’ai ainsi reçu 63 réponses, après avoir exclu les participants ne rentrant pas dans les critères d’inclusions, j’ai analysé 55 réponses. Afin d’étudier la cohérence des résultats et de savoir si les résultats de cet échantillon pouvaient être extrapolés à la population des sportifs Handisport pratiquant le tennis et le basket, il fallait calculer la valeur p ainsi que les intervalles de confiance. Lorsque la valeur p est inférieure à 0,05, la probabilité que les résultats soient dus au hasard est inférieure à 5%, elle est alors considérée comme significative. Les intervalles de confiance sont calculés à 95 %, ce qui signifie qu’il y a 95 % de chance que le pourcentage réel établi à partir de la population soit compris entre l’intervalle de confiance minimum et l’intervalle de confiance maximum. Le calcul de ces valeurs a été réalisé avec le logiciel « R ». II – RESULTATS Le tableau des résultats est en annexe n°4. Certains graphiques sont présentés en annexe n°5. 1 - Informations personnelles Les sujets ayant répondu aux questionnaires ont entre 20 et 63 ans, la médiane d’âge étant de 41,5 ans, la médiane de l’ancienneté du handicap est de 24 ans avec un minimum de 2 ans et un maximum de 53 ans. La pratique de handisport la plus récente est de 1 an, la plus ancienne de 43 ans, la médiane est de 18 ans. Une grande majorité des interrogés sont de sexe masculin, 94 %. En ce qui concerne les pathologies 47 % des sujets ayant répondu sont des blessés médullaires, cependant ce résultat n’est pas significatif. Les autres pathologies représentés sont la poliomyélite (18 %), les amputations (13 %), les paralysies cérébrales (8%), le spina bifida (8 %), les myopathies (3 %), et le pied bot varus équin (3 %). La grande 20 majorité des interrogés pratiquent le basket (73 %), et 6 % des interrogés pratiquent les 2 sports. La fréquence médiane des entraînements et/ou compétitions par semaine est de 2, avec des valeurs allant de 1 à 6 fois par semaine. Enfin la dernière question de cette première partie intéressait les problèmes de santé les plus souvent rencontrés, 28 % ont répondu qu’il s’agit des douleurs d’épaule, et 18 % de tendinites sans préciser la localisation de celles-ci. Seuls 13 % déclarent ne rencontrer aucun problème. problèmes de santé rencontrés % 50 40 30 20 28 18 10 13 12 8 7 5 douleur douleur musculaire dos entorse doigt douleur coude 0 douleur tendinite d'épaule aucun 5 douleur poignet 3 lésions cutanées Figure 1 : Diagramme présentant les pourcentages des problèmes de santé rencontrés dans l’échantillon et leurs intervalles de confiance dans la population 2 - Apparition et évolution des douleurs Seule une personne a répondu qu’elle avait des douleurs d’épaule avant la survenue de son handicap, 98 % déclarent qu’ils n’en avaient pas. Le pourcentage de sujets déclarant ne pas avoir eu de douleurs d’épaule avant de pratiquer un Handisport est de 80 %. A la question : « avez-vous déjà ressenti des douleurs localisées aux épaules », 85 % des sujets ont répondu oui. Parmi ces derniers, 92 % déclarent que ces douleurs ont été ressenties pendant ou suite à la pratique de leur sport. Enfin parmi les mécanismes d’apparition des douleurs proposés dans le questionnaire, 29 sujets ont répondu que les douleurs étaient apparues de façon progressive, 11 qu’elles sont apparues brutalement suite à un geste rapide, 2 brutalement suite à un geste ample, et 6 lors d’un choc. 21 mode d'apparition des douleurs % 80 60 40 20 0 60 23 13 4 progressivement brutalement sur un geste rapide brutalement sur un geste ample lors d'un choc Figure 2 : diagramme représentant les pourcentages des différents modes d’apparition de la douleur dans l’échantillon et leurs intervalles de confiance dans la population 3 - Caractéristiques de la douleur Concernant l’intensité des douleurs au repos, 20 personnes répondent que la douleur est légère, 16 qu’elle est moyenne, 6 qu’elle est importante, 6 qu’elle est nulle, et 1 sujet qu’elle est extrême. L’intensité des douleurs lors de la pratique sportive est différente : 15 sujets déclarent qu’elle est moyenne, 14 qu’elle est importante, 9 qu’elle est légère, 8, qu’elle est nulle, et 2 qu’elle est extrême. Certains n’ont pas de moyens de soulager ces douleurs : 22%, parmi ceux qui en ont, les techniques sont diverses : 18 % ont recours à des médicaments (antalgiques ou anti-inflammatoires), 16 % utilisent des crèmes antiinflammatoire, 14 % ont consulté un masseur-kinésithérapeute, 12 % ont recours à des massages, 11 % au repos, 7 % à des étirements, 9 % consultent un ostéopathe. Face à cette douleur, la plupart des personnes interrogées attendent qu’elle s’estompe (30 %), consultent leur médecin (30 %), ou arrêtent temporairement leur activité physique (25 %). douleur au repos % 60 41 40 20 33 12 12 2 0 nulle légère moyenne importante extrême Figure 3 : diagramme représentant les pourcentages des différents niveaux de douleurs ressenties au repos et leurs intervalles de confiance dans la population 22 4 - Gêne ressentie Une partie des sujets se sont sentis gênés par ces douleurs dans leurs activités quotidiennes ou dans leur travail, 33 % se sont sentis moyennement gênés, 31 % légèrement, 8 % se sont sentis très limités et 29 % n’ont ressenti aucune gêne. Concernant la gêne occasionnée sur la vie sociale et les relations avec autrui, 22 % ont ressenti une gêne légère, 12 % une gêne moyenne, 4 % se sont sentis très limités, les autres sujets ont répondu qu’ils n’avaient pas ressenti de gêne. Ces douleurs ont perturbé le sommeil de certains sportifs, 33 % ont eu un sommeil moyennement perturbé, 20 % légèrement perturbé, 18 % très perturbé, et 29 % n’ont pas du tout été gêné. % perturbation du sommeil 60 40 33 29 20 20 18 0 0 pas du tout un peu moyennement très perturbé insomnie complète Figure 4 : diagramme représentant les différents degrés de perturbation du sommeil ressentie dans l’échantillon et leurs intervalles de confiance dans la population 5 - Gêne occasionnée lors de la pratique du sport Pour pratiquer leur sport avec leur technique habituelle, 25 % des sujets se sont sentis légèrement en difficulté, 25 % moyennement en difficulté, 15 % en difficulté importante, 2 % en impossibilité, 33 % n’ont pas été en difficulté. Pour pratiquer leur sport à cause de leur douleur, 28 % ont ressenti une légère difficulté, 24 % une difficulté moyenne, 22 % une difficulté importante, et 2 % ont été dans l’impossibilité de pratiquer, 24 % des sujets n’ont ressenti aucune difficulté. Pour pratiquer leur sport aussi bien qu’ils le souhaitaient, 30 % n’ont ressenti aucune difficulté, 30 % ont ressenti une difficulté moyenne, 20 % une légère difficulté, 17 % une difficulté importante, et 2 %, une impossibilité de pratiquer. Enfin, pour passer le temps habituel à leur pratique sportive, 34 % n’ont ressenti aucune difficulté, 24 % une difficulté moyenne, 20 % une difficulté légère, 18 % une difficulté importante et 2 % une impossibilité. 23 6 - Commentaires Parmi les 25 interrogés ayant laissé un commentaire en fin de questionnaire, 5 ont seulement laissé leurs coordonnées. Les autres ont souhaité préciser leur expérience personnelle dans le handisport ou face à ce problème. Plusieurs interrogés ont subi une suture d’un ou plusieurs tendons de la coiffe, un sujet a pu reprendre son activité sportive normalement, un sujet a pu reprendre son activité sportive mais souffre toujours de douleurs, enfin un sujet a dû cesser son activité sportive. Parmi les 4 sujets ayant une subi une rupture trois pratiquaient le tennis. Plusieurs sportifs disent être en difficulté vis-à-vis de ces douleurs et sont en recherche de solutions face à celles-ci. Une personne a exprimé que des séances de masso-kinésithérapie avaient soulagé ses douleurs. Enfin un sportif a exprimé qu’il n’avait pas de douleur d’épaule pour l’instant mais qu’il sait « que ces douleurs arriveront un jour ». III - DISCUSSION 1 – Analyse des résultats Informations personnelles La diversité de l’âge des pratiquants de Handisport a été respectée allant de 20 à 63 ans. L’ancienneté de la pratique est également très variable, il semble que les sportifs Handisports prolongent cette pratique longtemps. D’après G. Masson, président de la fédération française de Handisport, chez les valides le sport est un bienfait alors que pour les personnes handicapées, il y a une « une nécessité de faire du sport […] [afin de] rester dans de bonnes conditions physiques » [37]. Parmi les sujets n’ayant jamais ressenti de douleurs d’épaule, la médiane d’âge est de 34 ans, celle de l’ancienneté du handicap est de 25,5 ans et celle concernant l’ancienneté de la pratique est de 21,5. Les médianes de l’ancienneté du handicap et de la pratique handisport sont très peu différentes des moyennes obtenues sur l’échantillon, ces facteurs ne semblent donc pas influencer la survenue de douleurs d’épaule. En revanche, on constate que la médiane d’âge est plus basse (7,5 ans de différence), chez les sujets n’ayant jamais ressenti de douleur. Il semble donc que l’âge puisse influencer l’apparition de douleurs d’épaule. On 24 peut penser que ce résultat illustre la part des mécanismes étiologiques liés aux modifications des propriétés du tendon avec l’âge. Etant donné l’impact des activités de la vie quotidienne chez les blessés médullaires sur les douleurs d’épaule, on aurait pu penser que ces derniers seraient plus confrontés à ce problème. Pourtant, on constate que 72 % des blessés médullaires interrogés ont déjà ressenti des douleurs d’épaule contre 85 % de l’ensemble des participants à l’étude. Le faible pourcentage de femmes dans l’échantillon interroge sur la part des femmes dans le handisport. Cependant aucun chiffre national n’a permis d’apporter des réponses. Concernant les handicaps recensés, la proportion des différentes atteintes semble cohérente et est en accord avec les résultats trouvés dans l’étude de Curtis et al [7]. Cependant, il aurait été plus approprié de faire une liste de handicaps possibles à choisir au lieu d’utiliser une question ouverte. Cette question était mal posée, certains sujets ont donc précisé le type d’accident à l’origine de leur handicap. Cette remarque est également applicable à la question relative aux problèmes de santé, les réponses manquent de précisions et par conséquent sont difficiles à analyser. Apparition et évolution des douleurs On constate que la quasi-totalité des sujets n’avaient pas de douleurs d’épaule avant la survenue de leur handicap, 80 % n’en avaient pas avant de pratiquer un Handisport, 18 % ont donc eu des douleurs d’épaule suite à la survenue de leur handicap. Ce pourcentage illustre l’impact des activités de la vie quotidienne sur les douleurs d’épaule chez les sujets présentant un handicap physique. Cependant, certains sujets n’ont pas répondu aux questions 9 et 10 concernant la survenue de douleurs d’épaule respectivement avant la survenue du handicap et avant le début de la pratique de Handisport. Il aurait été judicieux de proposer un troisième choix de réponses, permettant aux sujets de répondre : « je ne sais plus ». 92% des sujets ayant déjà ressenti des douleurs d’épaule considèrent que ces douleurs sont apparues pendant ou suite à la pratique de leur sport. Il existe donc un lien important entre ces douleurs et la pratique de sport en fauteuil roulant. Il a été demandé de choisir parmi 3 modes d’apparition possible, progressivement, brutalement lors d’un geste rapide, brutalement lors d’un geste ample ou lors d’un choc. Il en 25 ressort que la majorité décrit une douleur d’apparition progressive : 60 % des sujets interrogés. Ce pourcentage permet de penser que la majorité des douleurs d’épaule ressenties pourraient correspondre à des tendinopathies de sur-utilisation. Il serait intéressant de réaliser un interrogatoire plus précis pour confirmer cette hypothèse. Caractéristiques de la douleur Concernant l’intensité des douleurs, on constate qu’elles ont tendance à être d’intensité légère, voire moyenne au repos et plutôt moyenne, voire importante lors de la pratique sportive. Il semble donc que l’intensité des douleurs soit augmentée lors de l’activité sportive. Par ailleurs, il aurait été judicieux de poser des questions supplémentaires concernant la durée pendant laquelle les sujets ont ressenti ces douleurs (ont-elles duré quelques jours, plusieurs semaines…) mais également sur la fréquence d’apparition de ce type de douleurs voire la possible chronicité de celles-ci et depuis combien de temps ce douleurs sont apparues. La durée des douleurs associée à leur mode d’apparition auraient peut être permis de distinguer la part des courbatures dans les douleurs d’épaule. La plupart ont des moyens de soulager leur douleur mais seulement 14 % d’entre eux ont eu recours à la masso-kinéstihérapie. Seuls 30 % ont déjà consulté un médecin pour ces douleurs, globalement ces sportifs essaient de se soigner seuls, en utilisant des médicaments (antalgiques et anti-inflammatoires), des crèmes anti-inflammatoires, des massages et du repos. De plus, 22 % des sujets disent n’avoir aucun moyen de soulager ces douleurs, les conséquences sur leur qualité de vie peuvent donc être importantes. A travers ces résultats, on peut se poser 2 questions : - Quels moyens le masseur-kinésithérapeute peut proposer pour soulager ces douleurs ? - Quels moyens le masseur-kinésithérapeute peut proposer pour prévenir ces douleurs ? Un mauvais traitement de ces douleurs peut amener une mauvaise cicatrisation, les douleurs risquent de réapparaître de plus en plus fréquemment et progressivement devenir chroniques. Une prise en charge précoce voire préventive pourrait permettre d’éviter le passage à la chronicité et donc la mise en place du processus de dégénérescence du tendon. Il apparait intéressant d’informer ces sportifs sur les bénéfices de la prise en charge massokinésithérapique de ces douleurs et sur l’intérêt d’un programme de prévention de ces douleurs. 26 Gêne ressentie Globalement, on constate que les sujets ont ressenti plutôt une perturbation du sommeil (71 %) et une gêne au travail et dans les activités de la vie quotidienne (72 %). Les sujets ayant ressenti une gêne dans les relations avec autrui sont moins nombreux (38 %). Ces chiffres indiquent que les douleurs ont dans la majorité des cas un impact dans la vie courante. La durée pendant laquelle ces douleurs persistent aurait également pu permettre d’analyser la durée de la gêne. En complément, il est à noter que les sujets interrogés présentent un handicap, la gêne induite par les douleurs peut donc entrainer des difficultés supplémentaires et une fatigue venant s’ajouter aux perturbations du sommeil. Le nombre important de sujets ayant ressenti une gêne confirme l’intérêt de proposer des moyens de traitement et de prévention de ces douleurs. Gêne occasionnée lors de la pratique sportive Parmi les interrogés, nombreux sont ceux qui ont ressenti une gêne dans leur activité sportive, entre 66 % et 76 % selon la question considérée. Ce constat amène également à réfléchir sur l’intérêt du traitement et de la prévention de ces douleurs. Commentaires Ces commentaires apportent des informations supplémentaires, il en ressort que les sportifs se sentent confrontés à ces problèmes d’épaules mais qu’ils semblent manquer de solutions face à ceux-ci. En effet, il était proposé aux interrogés de laisser un commentaire ou des précisions s’ils le souhaitaient ainsi que leurs coordonnées s’ils souhaitaient avoir un retour. Près de la moitié des participants (45 %) ont laissé leurs coordonnées, on peut donc penser qu’ils souhaiteraient recevoir des informations, conseils, ... leur permettant de mieux faire face à ces douleurs. 85 % des sujets interrogés disent avoir déjà ressenti des douleurs mais seulement 45 % sont à la recherche de solutions. Cette différence pourrait s’expliquer par la faible intensité ou la faible fréquence de survenue de ces douleurs chez les sujets n’étant pas à la recherche de solutions. On peut également penser qu’une partie de ces sujets selon leur handicap voient l’apparition de ces douleurs comme une fatalité. En effet, un des sujets a exprimé que « ces douleurs arriveront un jour. En attendant, je me préserve et croise les doigts pour que mes épaules résistent le plus longtemps possible.». Une question destinée à connaître plus précisément leurs attentes ou leurs souhaits aurait été intéressante. 27 2 – Confrontation à la littérature Concernant la fréquence des douleurs d’épaule chez les pratiquants de Handisport, le questionnaire rapporte que parmi les 85 % ayant déjà ressenti ce type de douleurs, 92 % jugent que ces douleurs sont apparues suite à leur activité sportive. 78 % des interrogés ont donc déjà été confrontés à ces douleurs en lien avec leur pratique sportive. Aucun article n’a été trouvé concernant la fréquence de ces douleurs chez les pratiquants de tennis Handisport, en revanche, d’après Curtis et al [7], 72 % des pratiquantes de basketball Handisport rapportent des douleurs d’épaule. Bien que Curtis et al aient étudié les douleurs d’épaule chez les femmes pratiquants le basketball en fauteuil roulant alors que le questionnaire réalisé dans cette étude a interrogé à 94 % des hommes, on retrouve une similitude entre la fréquence de ces douleurs décrite dans la littérature et celle établie à partir du questionnaire. Aucune relation n’a été établie entre les douleurs et l’ancienneté du handicap ou l’ancienneté de la pratique sportive. Curtis et al. [7] ont réalisé le même constat et ont également constaté que l’âge des participants n’influence pas les douleurs d’épaule. En revanche, on note dans les résultats du questionnaire que les sujets n’ayant jamais ressenti de douleurs d’épaule ont une médiane d’âge plus basse. Les problèmes de santé les plus rencontrés par les athlètes présentent des écarts par rapport à ceux décrits dans la littérature. En effet, il est à noter que dans la littérature [2] [3], les atteintes articulaires, musculaires et tendineuses sont peu décrites, alors que dans les résultats du questionnaire, ces atteintes représentes 83 % des problèmes de santé décrits. Ce résultat peut être lié à la formulation de la question, mais également à l’énoncé présentant le questionnaire qui mentionnait que celui-ci est réalisé dans le cadre d’un travail de fin d’études de masso-kinésithérapie et qu’il s’intéresse aux douleurs d’épaule. On peut se demander si sans cet énoncé, les réponses auraient été différentes et si les douleurs d’épaule seraient apparues comme le problème de santé le plus souvent rencontré. L’analyse du questionnaire confirme l’impact du handicap sur la survenue de douleurs d’épaule décrit dans la littérature [4] [7] [17]. Le questionnaire met également en avant le rôle du Handisport dans la survenue de ces douleurs et montre que les sportifs observent fréquemment un lien entre leur pratique et ces douleurs. L’analyse de la littérature a permis de mettre en évidence certaines caractéristiques des douleurs tendineuses de l’épaule, qui peuvent être corrélées à certaines réponses retrouvées 28 dans le questionnaire. En effet, l’apparition est le plus souvent progressive, ces douleurs perturbent le sommeil chez une forte majorité des sujets. Ces caractéristiques retrouvées dans le questionnaire coïncident avec les données dans la littérature sur les douleurs d’épaule. Cependant l’analyse des douleurs d’épaule dans le questionnaire manque de précisions. Des questions concernant la durée pendant laquelle les douleurs ont persisté et le délai d’apparition des douleurs après l’activité sportive auraient pu aider à préciser le type de douleurs ressenties par les sujets interrogés. Par ailleurs, la gêne provoquée par ces douleurs que ce soit dans les activités de la vie courante ou dans la pratique sportive semble être un élément important. Hormis dans les relations avec autrui, on note que la majorité des sujets ont ressenti une gêne ou une difficulté d’intensité variable dans les différents items abordés. Cet aspect est décrit également par Curtis et al. [7], qui ont expliqué que les douleurs d’épaule peuvent interférer avec les activités de la vie quotidienne et notamment lors de la réalisation des tâches ménagères, la propulsion sur des rampes ou avec inclinaison, le soulèvement d’objets au dessus de l’épaule et le sommeil. Ils ont ainsi conclu à l’intérêt d’une prévention de la douleur et des blessures chroniques chez les athlètes en fauteuil roulant. 3 – Limites de l’étude La portée de cette étude est faible, en effet malgré une significativité de la plupart des résultats, la taille de l’échantillon analysé est faible (55 personnes). Un certains nombres de points auraient pu être améliorés dans la réalisation du questionnaire. La formulation de certaines questions manquait de précisions, ce qui n’a pas permis aux sujets de répondre correctement. D’autres questions étaient difficiles à répondre car les choix de réponses étaient trop restreints ou n’offraient pas la possibilité d’apporter une réponse différente des choix proposés. Enfin des questions supplémentaires auraient pu permettre d’affiner l’analyse du questionnaire. On peut également se questionner sur les biais liés au mode de distribution de ce questionnaire qui a été distribué par e-mail. Il était spécifié dans cet e-mail que le questionnaire s’intéressait aux douleurs d’épaule. On peut donc penser qu’un certains nombre de sujets ne se sentant pas concernés par ces douleurs, ils n’ont pas souhaité répondre au questionnaire. Ainsi les résultats obtenus ne sont peut-être pas représentatif de la population des sportifs Handisports. 29 CONCLUSION Ce travail avait pour objectif d’identifier l’influence de la pratique d’un sport en fauteuil roulant sur la survenue de douleurs d’épaule dans le cadre de la pratique du basket et du tennis. A travers l’étude de la littérature et des réponses au questionnaire, il apparait que les douleurs d’épaule sont très répandues chez les pratiquants de sports en fauteuil roulant. Des facteurs anatomiques, morphologiques et mécaniques pouvant contribuer à l’apparition de ces douleurs ont été identifiés dans la littérature. Les résultats du questionnaire ont permis de confirmer le lien entre les douleurs d’épaule et les activités sportives étudiées et d’identifier les conséquences de ces douleurs. La fréquence de ces douleurs, leur lien étroit avec la pratique d’un sport en fauteuil roulant, et leurs conséquences mettent en évidence un problème récurrent et handicapant chez ces pratiquants. L’enjeu d’une prise en charge précoce, voire préventive, de ces douleurs est d’améliorer la pratique sportive, la qualité de vie, et d’éviter le passage à la chronicité de ces douleurs qui risque à terme d’avoir des conséquences sur l’autonomie et l’indépendance des personnes en situation de handicap. L’identification des facteurs potentiellement favorisant permet d’apporter des bases pour la mise en place d’outils de prévention. A partir de tous ces facteurs, il serait intéressant de réfléchir à des solutions et conseils destinés à prévenir les douleurs d’épaule chez les pratiquants de sports en fauteuil roulant. La réalisation de ce travail a permis de développer des capacités d’analyse d’une situation à travers des données théoriques et des observations concrètes sur le terrain, et de les confronter à l’avis des sujets concernés. 30 BIBLIOGRAPHIE [1] Site internet de la fédération française de Handisport : www.handisport.org [2] ROHNER E., ZOBRIST R., Problèmes de santé rencontrés par les athlètes en chaise roulante se préparant pour les jeux paralympiques de Pékin 2008, Mains libres, 2009, p. 125137. [3] PIERA J.B., les handicapés physiques sportifs, kinésithérapie scientifique, mai 1980, N°180, p.17-22. [4] BENDAYA S., THEVENIN LEMOINE E., LEBRETON F., HENNEBELLE D., AYMARD C., Le vieillissement du paraplégique, Médecine physique et de réadaptation, la lettre, 3ème trimestre 2002, n° 64. [5] KIBLERA W. B., SAFRANB M., Tennis injuries, Epidemiology of Pediatric Sports Injuries, Individual sports, 2005, vol. 48, p. 120–137. 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Centre Européen de Rééducation du sportif - Capbreton [37] PAILLER D., L’hygiène de vie du sportif handicapé, réadaptation, juillet/aout 2009, n°562, p. 14-16. 34 ANNEXES Annexe 1 : schémas des différents modèles de propulsion selon Boninger et al [20] Légende : A : modèle semi- circulaire B : modèle en boucle unique C : modèle en double boucle D : modèle en arc Annexe 2 : schéma de la libération du ballon selon Malone et al. [26] θr: angle de libération du ballon Vr : vitesse de libération du ballon Annexe 3 : questionnaire QUESTIONNAIRE : La pratique du Handisport et les douleurs de l’épaule Bonjour, étudiante en masso-kinésithérapie à Rennes, je réalise un mémoire sur les douleurs de l’épaule chez le sportif handisport. Pour cela j'ai besoin d'informations sur votre vécu et votre ressenti. Ce questionnaire (anonyme) pourra ainsi m'aider à résoudre ma problématique et à réfléchir à des moyens de prévention et de suivi de ces douleurs d'épaule. Merci d’avance Julie Malinge I/ Informations personnelles Q1 : Age ? Q2 : Sexe ? Q3 : Depuis combien de temps avez-vous un handicap ? Q4 : Depuis combien de temps pratiquez-vous un Handisport ? Q5 : Quelles pathologies à amené ce handicap ? Q6 : Quel sport pratiquez-vous? Q7 : Quelle est la fréquence de vos entrainements/compétitions ? (par semaine) Q8 : Quel problème de santé rencontré-vous le plus souvent dans votre pratique sportive ? II/ Apparition et évolution des douleurs Q9 : Aviez-vous des douleurs d’épaule avant la survenue de votre handicap ? Oui □ Non □ Q10 : Aviez-vous des douleurs d’épaule avant de pratiquer un sport en fauteuil ? Oui □ Non □ Q11 : Avez-vous déjà ressenti des douleurs localisées aux épaules ? Oui □ Non □ Q12 : Si oui : était-ce pendant ou suite à la pratique de votre sport ? Oui □ Non □ Q13 Si oui : cette douleur est apparue : - de façon progressive □ - brutalement lors d’un geste rapide □ - brutalement lors d’un geste ample □ - lors d’un choc □ III / Caractéristique de la douleur Q14 : Comment décririez-vous l’intensité de ces douleurs au repos ? □ nulle ; □ légère ; □ moyenne ; □ importante ; □ extrême Q15 : Comment décririez-vous l’intensité de ces douleurs lors de votre activité sportive ? □ nulle ; □ légère ; □ moyenne ; □ importante ; □ extrême Q16 : Avez-vous un ou des moyens de soulager ces douleurs ? □ oui □ non Q17 : Si oui le(s)quel(s) ?.............................................................................................................. Q18 : Face à cette douleur avez-vous : - rien fait, attendu qu’elle s’estompe □ - arrêter temporairement votre activité sportive □ - consulter votre médecin □ - autres………………………………………………………………… IV / Gêne ressentie Q19 : Avez-vous été limité dans votre travail ou vos activités quotidiennes habituelles du fait de vos douleurs d’épaule ? □ pas du tout ; □ légèrement ; □ moyennement ; □ très limité ; □ incapable Q20 : A quel point vos douleurs vous ont-elles gênées dans vos relations avec votre famille, vos amis ou vos voisins ? □ pas du tout ; □ légèrement ; □ moyennement ; □ très limité ; □ incapable Q21 : Ces douleurs ont-elles déjà perturbé votre sommeil ? □ pas du tout ; □ un peu ; □ moyennement ; □ très perturbé ; □insomnie complète V / Gêne occasionnée lors de la pratique de votre sport Aucune difficulté Q22 : Pour pratiquer votre sport avec votre technique habituelle Q23 : Pour pratiquer votre sport à cause de vos douleurs Q24 : Pour pratiquer votre sport aussi bien que vous le souhaitiez Q25 : Pour passer le temps habituel à pratiquer votre sport Difficulté légère Difficulté moyenne Difficulté importante Impossible VI / Commentaires N'hésitez pas à donner d'autres informations, précisions ou à laisser votre adresse e-mail, si vous souhaitez un retour Annexe 4 : Tableaux présentant les résultats du questionnaire Concernant la valeur p : S indique qu’elle est significative NS : indique qu’elle n’est pas significative n° question 1 3 4 7 n° question 2 5 6 8 9 10 11 12 13 moyenne 40 26,1 18,85 2,45 Médiane valeur min valeur max 41,5 20 63 24 2 53 18 1 43 2 1 6 Réponse Homme Femme Blessés médullaires Poliomyélitiques Amputés Paralysés cérébraux spina bifida Myopathes pied bot varus équin Basket Tennis basket et tennis douleur d'épaule Tendinite Aucun douleur musculaire et articulaire douleur dos entorse doigts douleur coude douleur poignet lésions cutanées doigts Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non Progressivement geste rapide nombre 51 3 18 7 5 3 3 1 1 39 11 3 17 11 8 7 5 4 3 3 2 1 48 10 41 46 8 44 4 29 11 % 94 6 47 18 13 8 8 3 3 73 21 6 28 18 13 12 8 7 5 5 3 2 98 20 80 85 15 92 8 60 23 valeur p 2.9e-12 S 2.9e-12 S 0.87 NS 0.00012 S 4.3e-06 S 6.7e-08 S 6.7e-08 S 2.9e-10 S 2.9e-10 S 0.0008 S 2.2e-05 S 5.5e-12 S 0.001 S 7.6e-07 S 5.2e-09 S 7.7e-10 S 1.0e-11 S 9.1e-13 S 6.3e-14 S 6.3e-14 S 3.1e-15 S 1.8e-13 S 1.8e-13 S 1.5e-05 S 1.5e-05 S 1.4e-07 S 1.4e-07 S 1.5e-09 S 1.7e-08 S 0.19 NS 0.00022 S IC min 85 1 31 7 4 2 2 0 0 60 11 1 17 10 6 5 3 2 1 1 0. 4 0 89 10 67 73 7 80 3 45 12 IC max 99 15 64 34 28 21 21 14 14 85 34 16 41 30 25 23 18 16 14 14 12 11 100 33 90 93 27 98 22 74 37 14 15 16 17 18 19 20 21 22 geste ample lors d'un choc nulle Légère Moyenne Importante Extrême Nulle Légère Moyenne Importante Extrême Oui Non médicaments (antalgique, antiinflammatoire) crème anti-inflammatoire kiné massages repos étirements ostéopathe autres rien fait, attendu qu’elle s’estompe arrêt temporaire activité sportive consulter un médecin autres pas du tout légèrement moyennement très limité incapable pas du tout légèrement moyennement très limité incapable pas du tout un peu moyennement très perturbé insomnie complète aucune difficulté difficulté légère difficulté moyenne 2 6 6 20 16 6 1 8 9 15 14 2 38 11 10 4 13 12 41 33 12 2 17 19 31 29 4 78 22 18 8.4e-12 1.0e-07 5.8e-08 0.25 0.021 5.7e-08 1.86e-13 3.3e-06 1.5e-05 0.013 0.0055 8.4e-12 0.0065 8.7e-06 7.5e-07 S S S NS S S S S S S S S S S S 0.5 5 5 27 20 5 0.05 7 9 19 17 0. 5 56 10 8 14 25 25 56 48 28 11 30 33 46 44 14 81 33 30 9 8 7 6 5 4 8 14 12 14 7 14 15 16 4 0 30 11 6 2 0 14 10 16 9 0 17 13 13 16 14 12 11 9 7 14 30 25 30 15 29 31 33 8 0 61 22 12 4 0 29 20 33 18 0 33 25 25 1.5e-07 2.7e-08 4.2e-09 5.7e-10 6.4e-11 5.9e-12 2.7e-08 0.0079 0.0011 0.0079 1.1e-06 0.0038 0.0094 0.021 8.2e-10 3.5e-15 0.15 0.00014 5.7e-08 4.4e-12 3.5e-15 0.0038 3.8e-05 0.021 9.3e-06 3.6e-15 0.017 0.00041 0.00041 S S S S S S S S S S S S S S S S NS S S S S S S S S S S S S 7 6 5 4 3 2 6 17 14 17 6 17 18 20 2 0 46 12 5 0. 5 0 17 10 20 9 0 20 14 14 28 26 24 22 19 17 26 45 40 45 28 43 45 48 20 7 75 37 25 14 7 43 34 47 32 7 47 39 39 difficulté importante impossible 23 aucune difficulté difficulté légère difficulté moyenne difficulté importante impossible 24 aucune difficulté difficulté légère difficulté moyenne difficulté importante impossible 25 aucune difficulté difficulté légère difficulté moyenne difficulté importante impossible S : valeur p significative NS : valeur p non sigificative 8 1 12 14 12 11 1 14 9 14 8 1 17 10 12 9 2 15 2 24 28 24 22 2 30 20 30 17 2 34 20 24 18 4 4.0e-07 2.3e-14 0.00030 0.0026 0.00031 9.0e-05 9.1e-14 0.011 4.1e-05 0.011 9.2e-06 1.3e-12 0.032 2.3e-05 0.00030 5.6e-06 2.3e-12 S S S S S S S S S S S S S S S S S 7 0. 05 13 16 13 12 0.05 18 9 18 8 0. 06 21 10 13 9 0. 4 28 10 38 42 38 36 11 46 34 46 31 12 49 34 38 31 14 Annexe 5 : Diagramme des résultats du questionnaire question 5 % 70 60 50 40 47 30 20 18 13 10 8 8 3 0 blessés poliomyélite médullaires amputés paralysés cérébraux spina bifida myopathes 3 pied bot varus équin Diagramme présentant les pourcentages de pathologies rencontrées dans l’échantillon et leurs intervalles de confiance dans la population question 8 % 45 40 35 30 25 20 15 28 18 13 10 12 8 5 7 5 5 douleur coude douleur poignet 3 0 douleur tendinite d'épaule aucun douleur douleur musculaire dos entorse doigt lésions cutanées Diagramme présentant les pourcentages des problèmes de santé rencontrés dans l’échantillon et leurs intervalles de confiance dans la population question 13 % 80 60 60 40 23 20 13 4 0 progressivement brutalement sur un geste rapide brutalement sur un geste ample lors d'un choc Diagramme représentant les pourcentages des différents modes d’apparition de la douleur dans l’échantillon et leurs intervalles de confiance dans la population question 14 % 60 50 41 40 33 30 20 12 10 12 2 0 nulle légère moyenne importante extrême Diagramme représentant les pourcentages des différents niveaux de douleurs ressenties au repos et leurs intervalles de confiance dans la population question 15 % 50 40 31 30 20 29 19 17 10 4 0 nulle légère moyenne importante extrême Diagramme présentant les pourcentages des différents niveaux de douleurs ressenties lors de l’activité physique et leurs intervalles de confiance dans la population question 17 % 35 30 25 20 15 10 5 0 18 16 14 12 14 11 9 7 Diagramme présentant les pourcentages des différents moyens de soulagement de la douleur utilisés dans l’échantillon et leurs intervalles de confiance dans la population question 18 % 50 40 30 30 20 25 30 15 10 0 rien fait, attendu qu'elle s'estompe arrêt temporaire de l'activité sportive consulter votre médecin autres Diagramme présentant les pourcentages des différents choix face à la douleur dans l’échantillon et leurs intervalles de confiance dans la population question 19 % 60 50 40 30 20 10 0 33 31 29 8 pas du tout légèrement moyennement 0 très limité incapable Diagramme présentant les pourcentages des niveaux de gêne ressentie dans les activités de la vie quotidienne ou le travail et leurs intervalles de confiance dans la population question 20 % 80 61 60 40 22 20 12 0 pas du tout légèrement moyennement 0 4 très limité incapable Diagramme présentant les pourcentages des niveaux de gêne ressentie dans les relations avec autrui et leurs intervalles de confiance dans la population % question 21 60 50 40 30 20 33 29 20 18 10 0 0 pas du tout un peu moyennement très perturbé insomnie complète Diagramme présentant les pourcentages des niveaux de perturbation du sommeil ressentie ou le travail et leurs intervalles de confiance dans la population % question 22 50 40 30 33 25 20 25 15 10 2 0 aucune difficulté difficulté légère difficulté moyenne difficulté importante impossible Diagramme présentant les pourcentages des niveaux de gêne ressentie pour pratiquer l’activité sportive avec la technique habituelle et leurs intervalles de confiance dans la population % question 23 50 40 30 20 24 28 24 22 10 2 0 aucune difficulté difficulté légère difficulté moyenne difficulté importante impossible Diagramme présentant les pourcentages des niveaux de gêne ressentie pour pratiquer l’activité sportive à cause de la douleur et leurs intervalles de confiance dans la population question 24 % 50 40 30 30 30 20 20 17 10 2 0 aucune difficulté difficulté légère difficulté moyenne difficulté importante impossible Diagramme présentant les pourcentages des niveaux de gêne ressentie pour pratiquer l’activité sportive aussi bien qu’ils le souhaitent et leurs intervalles de confiance dans la population % question 25 60 50 40 30 20 34 20 24 18 10 4 0 aucune difficulté difficulté légère difficulté moyennedifficulté importante impossible Diagramme présentant les pourcentages des niveaux de gêne ressentie pour passer le temps habituel à la pratique l’activité sportive et leurs intervalles de confiance dans la population