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fiche de Mme RÉALINI – professeur de lettres au lycée Descartes – 78180
LE THÉÂTRE : TEXTE et REPRÉSENTATION
cours de 1ère
[ plus bas  : fiches sur la "comédie" et sur la "tragédie"  cours de 2nde ]
fiche méthodo 1ère
Le théâtre est un phénomène social autant qu'artistique. Il est à la fois un texte écrit, et un
spectacle joué (avec une mise en scène qui peut varier), qui entrent en résonance avec la
sensibilité et les préoccupations d'une époque. L'œuvre théâtrale nécessite la « collaboration triple
de l'auteur, des interprètes, et du public » (M. Descotes). A chaque représentation, le texte de la
pièce peut recevoir de nouvelles significations, à travers le jeu des acteurs, les choix du metteur en
scène, et les réactions des spectateurs.
1 / le texte théâtral
 Le texte d'une pièce de théâtre comporte deux parties distinctes : les paroles que doivent
prononcer les acteurs, et les didascalies, qui sont les indications concernant par exemple le décor,
les costumes, l'époque, les objets, les gestes et intonations des acteurs, les éclairages, l'illustration
sonore… ou l'indication des actes, des scènes, les noms des personnages.
 Le discours théâtral se présente très souvent sous la forme d'un dialogue et il et caractérisé
par une double énonciation : les acteurs échangent entre eux des répliques, mais il parlent aussi
à destination du public. Donc, le ton, les gestes, les silences, prennent souvent une importance
aussi grande que les paroles prononcées.
 La longueur des répliques détermine le rythme plus ou moins rapide de la scène. On appelle
réplique tout ce que dit un personnage sans être interrompu par un autre ; une réplique peut
faire un ou deux mots ; si elle très longue, on l'appelle alors une tirade. Une tirade est destinée à
expliquer, ou bien à convaincre, à persuader
 L'enchaînement entre les répliques peut se faire selon différents procédés :
- un jeu de questions et de réponses ;
- un dialogue vers par vers ou par répliques très courtes (cela s'appelle la stichomythie)
- la reprise d'un mot, d'une expression déjà prononcé(e) ;
- l'interruption.
 La tirade d'un personnage seul en scène s'appelle un monologue ; il s'adresse à lui-même,
mais aussi au public. Le monologue permet à un personnage de faire le point sur sa situation,
d'exprimer son trouble, de dévoiler son état d'âme au spectateur. Il se présente parfois comme
un dialogue simulé, avec des questions/réponses ou des destinataires différents.
 Enfin, on appelle aparté une réplique qu'un personnage dit à part (pour lui-même) et que seul
le public est censé entendre.
2 / l'action et la situation
 L'action est, au théâtre, l'ensemble des événements et des actions qui conduisent à la
réalisation d'un ou de plusieurs objectifs.
(ex : dans Les Caprices de Marianne, Coelio voudrait se faire aimer de Marianne)
 On appelle le nœud dramatique la manifestation d'un conflit entre les forces qui participent
ou qui s'opposent à l'action principale.
(ex : Marianne est plus attirée par Octave que par Coelio...)
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 L'intrigue est l'ensemble des péripéties (= des incidents, rebondissements) qui font avancer
l'action, ou la retardent, au gré des combinaisons imaginées par les personnages.
(ex : Octave va tenter d'obtenir de Marianne qu'elle accorde un rendez-vous à Coelio)
 La situation est l'état des relations entre des personnages à un moment donné de l'action.
 Un quiproquo est une situation qui résulte d'une méprise, d'une erreur commise sur un objet
ou sur une personne.
 L'exposition d'une pièce de théâtre est généralement les premières scènes ; elle répond aux
questions : où ? quand ? qui ? que font-ils ? que se passe-t-il ?
Elle présente au public les principaux personnages, les relations qu'ils ont, ainsi que les faits qui ont
précédé l'action. Et surtout elle indique quel est le "problème" qui se pose au lever du rideau, donc
autour de quoi va tourner l'intrigue.
 Le dénouement, dans les dernières scènes, marque l'achèvement de l'action et la résolution
du problème.
 L'action au théâtre est généralement découpée en actes (marqués par le tomber du rideau) et
en scènes (marquées par l'entrée ou la sortie d'un personnage).
3 / les personnages
 L'importance d'un personnage peut être mesurée par la part qu'il prend à la résolution de
l'action, mais aussi par sa présence en scène, et son temps de parole.
 On distingue
- le sujet de l'action (= le personnage principal, le héros)
- l'objet (= ce qu'il veut obtenir  une personne, une position sociale…)
- les adjuvants et les opposants (qui aident le héros, ou résistent à son action).
[ ex : Dans Les Caprices de Marianne, Coelio est le sujet de l'action, Marianne est l'objet ;
Octave est un adjuvant ; Claudio, le mari de Marianne, est un opposant ]
 Il existe des personnages traditionnels, qui se sont plus ou moins transformés au cours des
siècles (ex : le roi ou prince, le père avare ou sévère, l'amoureux, le valet rusé ou la servante au
grand coeur, le soldat vantard, le sot ou naïf, etc.).
 Des relations complexes se nouent entre le personnage et le public, selon ce que chacun sait
de l'action. (ex : le spectateur prend plaisir à la méprise d'un personnage qui ignore des faits que le
spectateur, lui, connaît. C'est le ressort comique du quiproquo). D'une manière générale, le
spectateur en sait souvent plus que les personnages qu'il observe ; il est en situation de
supériorité, et c'est la source du plaisir qu'il éprouve au théâtre !
4 / le temps, l'espace, et les objets
 Le temps de la représentation (= la durée réelle du spectacle, environ 2-3 heures) doit bien
être distingué du temps de l'histoire vécue par les personnages. Cette histoire a commencé
avant le lever du rideau ; des faits antérieurs peuvent être évoqués par des récits ou dialogues
dans l'exposition.
 Pour réduire l'écart entre le temps de la représentation et le temps de l'histoire, une convention
du théâtre classique (XVIIe siècle) a fixé à vingt-quatre heures la durée de l'action représentée 
cf. la règle des trois unités : unité de temps (en un seul jour), unité de lieu (dans un décor
unique) et unité d'action (une seule intrigue principale).
 Au XIXe siècle, les règles du théâtre classique sont rejetées par les Romantiques ; l'action peut
alors s'étendre sur plusieurs mois, voire plusieurs années, pour offrir une vision plus complète de
l'histoire représentée.
 L'espace scénique, les déplacements des personnages, la symbolique des lieux et des objets,
jouent un rôle essentiel dans une représentation.
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5 / la tragédie
 Dans la tradition classique, la tragédie met en scène des personnages nobles ou de rang élevé
(rois, princes, seigneurs…) prouvant leur héroïsme dans une lutte contre le destin, contre la
fatalité (qui peut être la volonté des dieux chez les Grecs, ou le pouvoir des hommes chez
Corneille, ou encore leurs propres passions chez Racine).
[ ex : dans Phèdre, de Racine, l'héroïne doit lutter contre un amour interdit ]
 Placés devant des choix très difficiles (c'est ce qu'on appelle le dilemme tragique), ces
personnages ne peuvent généralement éviter un dénouement marqué par la violence, le sacrifice
ou la mort.
[ ex : le meurtre de Pyrrhus et la folie d'Oreste dans Andromaque ]
 Lorsque le dénouement est exceptionnellement heureux, on parle alors de tragi-comédie.
[ ex : Le Cid, de Corneille ]
 Empruntant souvent ses sujets à la tragédie antique (Eschyle, Sophocle et Euripide chez les
Grecs, Sénèque chez les Latins) et à la mythologie, la tragédie classique française est un des
grands genres du XVIIe siècle. Écrite en vers (généralement en alexandrins), dans un style élevé
(le "sublime"), elle présente une action en cinq actes dont le dernier marque le plus souvent la
"catastrophe" tragique, quand les tensions accumulées au cours des actes précédents se libèrent
avec violence. [ ex : dans le dénouement de Horace de Corneille, le héros tue sa propre sœur ;
dans Britannicus de Racine, le héros meurt empoisonné, Narcisse est massacré par la foule et
Néron, maudit par sa mère Agrippine, sombre dans la folie ]
 Les registres privilégiés de la tragédie, spectacle de la terreur et de la pitié, sont le tragique et
le pathétique.
 consultez la fiche 31 sur les registres
6 / la comédie
 La comédie, contrairement à la tragédie, veut offrir le spectacle des problèmes de la vie
ordinaire. Son action se déroule en deux, trois ou cinq actes. Son dénouement est généralement
heureux, lorsque ses héros (souvent des bourgeois ou gens du peuple) réussissent à résoudre leurs
conflits. [  conflits parents/enfants, ou maîtres/serviteurs, ou maris/femmes, à propos de
mariage, d'argent… ]
 Les formes de la comédie sont variées :
- la farce, très appréciée au Moyen Âge (important comique de geste), et réactualisée au XXe
siècle par Ubu roi, de Jarry ;
- la grande comédie à intention morale, qui voulait "corriger les mœurs en riant" au XVIIe (
Molière) et XVIIIe siècle ( Marivaux, Beaumarchais) ;
- le vaudeville, genre populaire aux XIXe et XXe siècles ( Labiche, Feydeau).
 La comédie a pour registre dominant le comique et toutes ses nuances. Elle vise souvent la
satire des travers humains ou des abus sociaux.
7 / le drame romantique
 Inauguré au XVIIIe siècle par Diderot, le drame est la forme théâtrale nouvelle adoptée par les
romantiques au XIXe si, pour exprimer la totalité, la complexité de l'expérience humaine. Elle est
une synthèse de la tragédie et de la comédie.
[ cf. Hernani (1830) et Ruy Blas (1838) de HUGO ; Lorenzaccio (1834) de MUSSET ]
 Le drame joue sur l'opposition des registres sérieux et comiques, il même le sublime et le
grotesque, destinée individuelle et histoire.
[ ex : Les Caprices de Marianne de Musset mêle, selon les scènes, les registres
tragique, pathétique et comique  consultez la fiche 31 sur les registres.
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8 / le théâtre contemporain
 Les auteurs dramatiques du XXe s. ont profondément renouvelé les formes traditionnelles du
théâtre en bouleversant les frontières entre les genres et les époques. La reprise de thèmes,
mythes ou personnages antiques, a donné lieu à des réécritures d'intrigues classiques et connues [
Électre, de GIRAUDOUX ; La Machine infernale de COCTEAU  l'histoire d'Œdipe ], mais aussi à
des pièces en relations avec l'histoire contemporaine [ La Guerre de Troie n'aura pas lieu de
Giraudoux, parle de la spirale vers la guerre ; Antigone de ANOUILH, écrite en 1942, évoque la
Résistance ; Rhinocéros de IONESCO, la montée du nazisme ].
 Le théâtre d'idées s'est nourri des légendes antiques ou de l'histoire contemporaine pour
proposer une réflexion philosophique, ou affirmer un engagement. [ auteurs : SARTRE et CAMUS.
Dans Les Mouches, Sartre reprend la légende des Atrides pour définir sa nouvelle conception de la
liberté ; Huis clos expose sa vision de "l'enfer". Caligula de Camus est une réflexion sur le pouvoir
; Les Justes sur l'utilisation de la violence dans la lutte politique...]
 Le théâtre de l'absurde propose lui aussi une interrogation sur la condition humaine (souvent
vue de façon très noire) et sur le langage et sa fonction. Il place ses personnages dans des
situations souvent désespérées, où se manifestent la difficulté de communiquer, et parfois un
pessimisme radical. Il met en cause la prétendu logique de notre monde pour la dénoncer à travers
des dialogues marqués par le comique de l'absurde : le non-sens, le malentendu permanent,
l'humour noir.
[ ex : Samuel BECKET met en scène dans En attendant Godot (1952) deux êtres démunis, perdus,
meublant leur attente par un dialogue dérisoire. Eugène IONESCO, dans La Leçon, La Cantatrice
chauve, prête à ses personnages un langage automatique, absurde et saugrenu ; dans Le Roi se
meurt, nous assistons, comme à une "cérémonie", aux diverses étapes de la vie vers la mort. ]
 D'une manière générale, le théâtre contemporain remet en question
- les notions d'espace et de temps, par des dispositifs spéciaux sur le plateau, ou le jeu des
lumières ; il brouille les repères. Certaines mises en scène mettent les acteurs dans la salle. [ dans
Art, de Yasmina REZA, tantôt les personnages se parlent, tantôt ils font des commentaires pour le
public. ]
- l'illusion réaliste, la chronologie : la progression traditionnelle de l'action n'est pas toujours
respectée ;
- l'importance du personnage ou de l'intrigue : disparition du « héros » ; il n'y pas toujours
d'intrigue ; l'histoire tourne en boucle...
- le langage : dysfonctionnement des dialogues, répliques inutiles, ou tournant à vide ;
aberrations ou distorsion du vocabulaire [  TARDIEU, BOURDET ]. Le texte perd de son
importance au profit des didascalies, des objets, des corps...
 Tout cela traduit le désarroi contemporain, devant une réalité qui perd son sens... C'est « la
grande rigolade du grand malheur » selon la formule de Marguerite Duras dans un de ses
romans...
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La TRAGÉDIE et LE TRAGIQUE
fiche méthodo 2nde
1 / les origines de la tragédie
La tragédie remonte à l'Antiquité grecque. Née à Athènes au ~VIe siècle avant J.-C., elle était
liée au départ à des cérémonies religieuses en l'honneur du dieu Dionysos, au cours desquelles
on sacrifiait un bouc [étymologie : tragédie < tragos = le bouc + odê = le chant]. Elle est issue des
"dithyrambes", sorte de choeurs tumultueux, de chants passionnés, enthousiastes.
Devenue un genre littéraire à part entière, la tragédie faisait alterner le chant d'un chœur dans
l'orchestra et des dialogues d'acteurs sur la skènè. Elle met en scène les malheurs de grands
personnages dont l'histoire est empruntée aux mythes ou à l'épopée.
Elle doit, d'après la Poétique du philosophe grec Aristote, libérer le spectateur de ses passions
( c'est la catharsis ) en suscitant en lui la terreur et la pitié ; mais elle doit aussi être vraisemblable
et imiter le réel ( c'est la mimésis ).
La tragédie grecque connaît son apogée au ~Ve siècle av. J.-C., avec ESCHYLE, SOPHOCLE
et EURIPIDE ; elle est présente chez les Latins avec SÉNÈQUE.
2 / la tragédie en France
A la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, apparaît un genre nouveau, la tragi-comédie, qui
présente une action riche en rebondissements, une intrigue tragique et un dénouement souvent
heureux (cf. Le Cid de Corneille).
C'est au cours du XVIIe siècle que se sont imposées les caractéristiques de la tragédie
classique : dans sa forme régulière, elle est écrite en vers, comprend cinq actes, présente des
personnages de rang élevé, s'exprimant dans un langage soutenu (le style "sublime") et menacés
par un péril grave ; l'action est inspirée de l'histoire antique (Horace de Corneille,) ou biblique
(Athalie de Racine) ou encore mythologique (Andromaque ou Phèdre de Racine). La règle des
trois unités exige une action unique qui se déroule en une seule journée et en un seul lieu. La
tragédie doit aussi respecter la vraisemblance (pour la psychologie des personnage) et la
"bienséance" (ce qu'il est décent de représenter sur scène). Si le héros de la tragédie antique était
soumis à la volonté des dieux, au destin, celui de la tragédie classique est plutôt déterminé par son
sens du devoir et de l'honneur chez CORNEILLE, ou par la fatalité intérieure de sa "passion" (au
sens large = ce qui "domine" le héros/l'héroïne) chez RACINE.
Au XVIIIe siècle, la tragédie est en déclin (malgré celles de VOLTAIRE), et au début du XIXe
siècle, elle ne correspond plus aux attentes d'une société nouvelle. Elle est remplacée par le
drame romantique (HUGO, MUSSET), qui cherche à concilier la grandeur des passions et le
réalisme de la comédie.
Au XXe siècle, les dramaturges modernes ont repris les mythes antiques, qui sont pour eux
porteurs d'une vérité générale et permettent de comprendre le monde contemporain. Ainsi Jean
GIRAUDOUX écrit La guerre de Troie n'aura pas lieu, Amphitryon 38 et Électre ; Jean ANOUILH
Eurydice et Antigone ; Jean COCTEAU compose une trilogie thébaine, Antigone , Œdipe roi , La
Machine infernale , et reprend le mythe d' Orphée en poésie, puis au cinéma.
Le retour du tragique après-guerre, dans ce qu'on a appelé le "théâtre de l'absurde", est le
signe d'une angoisse universelle ou existentielle (= angoisse sur le sens de l'existence) chez des
auteurs comme Albert CAMUS ( Caligula ; Les Justes ) ; Samuel BECKET ( En attendant Godot ,
Fin de partie ) ; Eugène IONESCO ( Le Roi se meurt ). Il conduit à une nouvelle définition de la
liberté chez Jean-Paul SARTRE, dans Les Mouches (reprise du mythe d'Œdipe). Le mélange du
tragique et de l'ironie (qui, elle, relève du registre comique) est fréquent dans la tragédie
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contemporaine, qui veut souligner l'absurdité de la condition humaine. L'ironie tragique allie la
lucidité au constat d'impuissance…
3 / les procédés du tragique
Différents registres peuvent caractériser le genre de la tragédie :
- le pathétique, qui offre le spectacle de la souffrance et des lamentations d'êtres frappés par le
malheur ;
- l'épique, dans certains récits de combat, de lutte, inspirés d'un mythe (cf. le récit de la mort
d'Hippolyte, fait par Théramène dans Phèdre de Racine) ;
- le lyrisme des tirades où s'expriment les sentiments personnels ;
- le tragique proprement dit, lorsque les personnages prennent conscience d'un destin qui les
condamne…
Le registre tragique est marqué par l'expression de contradictions, de choix impossibles, qui ne
trouvent souvent d'issue que dans le sacrifice ou la mort. Dès lors, le tragique peut s'exprimer par :
- la pesée des termes d'un choix douloureux, ou dilemme : c'est la délibération tragique (cf.
lorsque Phèdre hésite entre son amour pour Hippolyte, et ses devoirs d'épouse et de reine ; ou les
stances de Rodrigue dans Le Cid )
- de fortes antithèses avec des oppositions systématiques (comme le ciel  l'enfer ; le jour  la
nuit ; l'innocence  la culpabilité etc…) ;
- le lexique de la mort et/ou de la violence ;
- de nombreuses images  métaphores, comparaisons, personnifications...
- l'évocation du destin, de la fatalité qui poursuit une famille ; l'intervention des dieux, ou de
forces toutes-puissantes (en soi ou hors de soi) ;
- le recours fréquent aux hyperboles, amplifications, exagérations dans le discours de la
lamentation, de la culpabilité ou de la lutte ;
- l'ironie tragique, lorsque le personnage constate avec une amère dérision et avec lucidité qu'il
est le jouet du destin, que le "piège" s'est refermé sur lui.
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La COMÉDIE et le COMIQUE
fiche méthodo 2nde
1 / les origines de la comédie
La comédie (comme la tragédie) est née en Grèce antique, en lien avec le culte de
Dionysos (appelé Bacchus chez les Romains, dieu du vin et de l'ivresse).
Étymologie : comédie < kômoï ( = processions carnavalesques et burlesques)
+ odê ( = chants, odes en l'honneur du dieu).
Divertissement populaire à l'origine, la comédie devint ensuite plus réglementée lors des
"concours de théâtre" où elle s'opposait à la tragédie. Elle mettait en scène des
personnages du peuple, dans des situations empruntées à la vie quotidienne, et son
objectif était à la fois de faire rire / de divertir ( visée comique) et de railler / de critiquer
( visée satirique).
En Grèce, au ~Ve siècle av. J.-C., ARISTOPHANE écrit des comédies contestataires
( satire politique) d'une grande fantaisie verbale. Au ~IVe siècle, MÉNANDRE privilégie la
peinture de moeurs à visée morale, et crée des "types de personnages" (le vieillard avare,
les jeunes amoureux, l'esclave rusé, etc.) qui deviendront traditionnels.
A Rome, l'auteur latin PLAUTE (au ~IIIe siècle avt JC) cherche surtout à faire rire par la
caricature et le burlesque ; mais TÉRENCE (au ~IIe siècle) réduit le comique au profit
d'une réflexion plus moraliste, dénonçant des travers de la société romaine.
2 / au Moyen Âge
La comédie est un spectacle populaire, qui accompagne les fêtes (Fête des Fous, fin
décembre ; Carnaval, mi-février) et les foires commerciales. La farce, jouée sur des tréteaux,
est un long sketch avec une intrigue très sommaire et des personnages typés ; elle
exploite à fond les quiproquos et le comique de geste (mime et gags visuels). La sottie est
axée sur un "sot" (sorte de bouffon) et a un caractère très satirique.
En Italie au XVe s, la farce se codifie et devient la Commedia dell' Arte : à partir d'un
"canevas" ou scénario de base, les acteurs improvisaient et pouvaient librement exécuter
leurs morceaux de bravoure, appelés lazzi, et leurs jeux de scène. Ce théâtre (et ses
personnages très typés) se répandit dans toute l'Europe.
3 / la " grande comédie " au XVIIe siècle
Avec CORNEILLE (qui écrivit 6 comédies, dont L'Illusion comique ) puis MOLIÈRE surtout,
la comédie va acquérir ses lettres de noblesse. Les pièces de Corneille présentaient, dans
une langue élégante (et en vers) les intrigues amoureuses de jeunes gens de la
bourgeoisie aisée. Molière, avec ses 30 comédies, va mêler les ressorts comiques de la
farce, les personnages de la commedia dell' arte et les débats de l'époque. Ses comédies
mettent en scène des bourgeois ou personnages du peuple, qui ont des préoccupations
banales (pbs de mariage, d'argent, maladie, etc.) ; ils s'expriment dans une langue de tous les
jours, voire populaires (servantes, paysans...).
A visée satirique ou polémique, les pièces de Molière parlent de l'éducation des filles
( L'École des femmes, Les Femmes savantes ), de l'hypocrisie religieuse ( Tartuffe ) ou
mondaine ( Dom Juan, Le Misanthrope ), ou bien mettent une scène un personnage ridicule,
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avec un défaut, un "vice" ( Le Bourgeois gentilhomme, L'Avare, Le Malade imaginaire ). C'est
pourquoi ses comédies connurent à la fois le succès et la contestation, voire même la
censure. Inventeur avec Lulli de la « comédie-ballet » (qui mêlait théâtre, musique, chants et
danses), Molière contribua à donner à la comédie un prestige comparable à celui de la
tragédie ; la comédie devient le miroir critique de la société de son temps, elle veut
plaire, divertir ( fonction comique) mais aussi instruire, comme l'explique la devise «
castigat mores ridendo » = corriger les vices des hommes par le rire ( fonction
pédagogique ou morale).
4 / évolution ultérieure de la comédie
Au XVIIIe s. MARIVAUX écrit des comédie sentimentales qui mettent à l'épreuve les
amoureux, à l'aide de stratagèmes et déguisements ( Le Jeu de l'amour et du hasard, Les
Fausses confidences ). BEAUMARCHAIS va lui donner un tour plus politique et satirique,
teintée de revendications sociales, avec un langage virtuose, des coups de théâtre et
d'ingénieux jeux de scène ( Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro ).
Au XIXe s, le drame romantique, les comédie dramatiques et les « proverbes » de
MUSSET vont mélanger les genres comique et tragique : le bouffon et le burlesque de
certaines scènes contrastent avec le pathétique d'autres... A partir de 1850, le « théâtre de
boulevard » triomphe, avec les vaudevilles de LABICHE, FEYDEAU et COURTELINE
( histoires de maris ou femmes trompé(e)s, ou de naïfs dupés par des rusés... )
Au XX° s, le théâtre parodique et grotesque de JARRY ( Ubu roi ) fait figure de révolution
et annonce le théâtre dit " de l'absurde " ou le nouveau théâtre des années 1950 : BECKET
et IONESCO font jouer des « farces tragiques » où un humour grinçant accompagne une
vision noire et désespérée du monde. Moins pessimistes, les comédies contemporaines,
( Jean-Michel RIBES, Yasmina REZA, ou la troupe des Deschamps/Makaïeff ) transforment en
fantaisies plus ou moins loufoques nos comportements ordinaires...
5 / les procédés du comique
Souvent combinés et alternant dans un même passage, on distingue :
 le comique de geste : c'est essentiellement un comique visuel qui naît du jeu de scène
des acteurs (  mimiques, grimaces, chutes, gifles, coups, objet que l'on veut dissimuler, etc. )
 le comique de situation : ce sont les circonstances où est placé un personnage qui font
rire (  quiproquo ou méprise, personnage caché, déguisement, rebondissement, transfert
d'autorité, etc. )
 le comique de caractère : c'est un défaut ou "vice" du personnage, exagéré et
caricaturé, qui fait rire ; le rire se mêle ici de satire.
 le comique de langage : il repose sur les mots (  jeu de mots, calembour, accent,
déformation des mots, répétition, etc. )
Le comique repose sur différents procédés, comme :
* l'exagération, le grossissement, l'hyperbole, la caricature...
* la répétition d'une réplique, ou d'une situation, le parallélisme des situations ou des
scènes...
* la déformation des intentions, le retournement de situation...
* le décalage, le mélange des tons ou des langages, le détail incongru, le paradoxe,
l'absurde...
* les sous-entendus et les allusions...
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D'une manière générale, le rire naît souvent de ce que le spectateur en sait plus
que les personnages qu'il observe ; il est en situation de "supériorité" au théâtre, et il en
jouit : rien ne lui échappe, il en sait presque toujours beaucoup plus que les personnages,
il s'amuse des quiproquos et il "domine" la situation. (ce n'est pas comme dans la vie).
Les types de comédies : on peut distinguer
- la farce : sketch assez visuel et bouffon, voire grossier
- la comédie d'intrigue : basée sur les péripéties, stratagèmes et rebondissements
- la comédie de caractère : qui critique un "type", un défaut qu'elle caricature
- la comédie de moeurs : elle critique les travers d'une société, d'un milieu
- la comédie psychologique et sentimentale : elle met en scène les "surprises" de
l'amour ; cf. Marivaux et Musset
- le vaudeville ou "théâtre de boulevard" : basé sur des tromperies diverses entre maris
et femmes ; cf. Labiche, Feydeau et Courteline.
Les fonctions du RIRE :
il libère, en "dégonflant" les prétentions de certains ( orgueil, vanité), en raillant la bêtise
humaine ; il traite de façon irrespectueuse des sujets graves ou tabous ( politique, exercice
du pouvoir, maladie, mort...).
Il sert aussi d'arme et peut attaquer, critiquer ( fonction satirique) ; il cherche parfois à
faire réfléchir sur un problème ( fonction didactique).
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sites intéressants sur Internet :
voir sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Com%C3%A9die
sur Magister : http://www.site-magister.fr/genres.htm  "comique"
http://www.atatheatre.com/Historique.htm
sur Études littéraires : http://www.etudes-litteraires.com/figures-destyle/comique.php
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