Pour le bitume, le rail - Giezendanner Transport AG

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Pour le bitume, le rail - Giezendanner Transport AG
Pétrosphère No 1 / Mars 2015
Pétrosphère No 1 / Mars 2015
Comment le transport combiné de bitume s’effectue-t-il
concrètement en Suisse aujourd’hui?
U.G.: L’un de nos camions va charger le produit prêt à l’emploi
directement à la raffinerie, à Cologne ou à Anvers. A Cologne,
le conteneur est transféré sur le rail. Le bitume chaud – la température ne baisse que de quelques degrés dans ces conteneurs chauffants et isolés – arrive le lendemain à Rothrist, d’où
il est transporté à l’usine d’asphalte par camion. Mais ce n’est
pas non plus un problème si le client, par exemple, ne peut pas
utiliser le bitume à cause de la pluie: nous pouvons stocker le
conteneur chez nous et le réchauffer en attendant. Le client y
gagne en flexibilité.
Le nouveau système de conteneurs de la société Giezendanner Transport SA permet de transporter le bitume par le rail.
Photo: Giezendanner Transport SA
Pour le bitume, le rail
Le transport de bitume est une opération délicate. Cette
matière, qui sert notamment de liant à l’asphalte, doit être
maintenue à haute température pour ne pas se solidifier.
La société Giezendanner Transport AG, à Rothrist, propose un
tout nouveau concept logistique permettant le transport de
bitume par le rail.
L
a fluidité du bitume, autrement dit sa viscosité, dépend de
la température. Il est plus ou moins solidifié à température
ambiante et il faut le réchauffer pour qu’il devienne malléable, puis visqueux et, à des températures comprises entre
150 et 200° C, carrément liquide. Une fois refroidi, le bitume
retrouve ses caractéristiques antérieures. Grâce à ses propriétés
thermovisqueuses, le bitume se prête remarquablement bien à
de nombreuses applications (cf. Pétrosphère 3/2013, page 6 f.).
Le revers de la médaille, c’est que le transport de bitume doit
répondre aux exigences les plus élevées. Il y a encore quelques
années, cette substance était transportée dans les usines
d’asphalte par camion sur des centaines de kilomètres. Grâce à
un nouveau système de conteneurs de la société Giezendanner
Transport SA, le bitume peut désormais être transporté en
Suisse par chemin de fer. Pétrosphère a interviewé Ulrich
Giezendanner, le président du conseil d’administration.
Le bitume
Avec les carburants et les huiles de chauffage, le bitume est
l’un des produits pétroliers les plus demandés dans notre
pays. Il est utilisé surtout comme liant de l’asphalte dans la
construction de routes ou comme émulsion (adhésif ). Dans
la construction, le bitume permet d’étanchéifier les caves
et les toitures. On s’en sert également comme isolant dans
l’industrie automobile, comme gaine pour les câbles sousmarins ou pour assurer l’étanchéité des décharges et des
lacs de barrage.
En 2014, la consommation de bitume s’est élevée en
Suisse à environ 296 000 tonnes. Depuis l’arrêt de la production de bitume à la raffinerie de Cressier NE, en 2008,
la Suisse couvre la totalité de ses besoins par des importations en provenance de pays voisins.
pour transporter le bitume vers les usines d’asphalte sur des
distances de plus en plus importantes. On ne produit plus de
bitume en Suisse depuis quelques années.
D’où importez-vous le bitume?
Pétrosphère: Monsieur Giezendanner, vous avez transporté
du bitume en Suisse dès les années 1980, mais par la route.
Pourquoi passez-vous au rail?
Ulrich Giezendanner: Cela constitue d’abord une contribution
importante à la protection de l’environnement. Le transport par
le rail nous permet d’obtenir un bilan CO2 plus favorable que
par la route. Deuxièmement, nous avons besoin d’un système
U.G.: Aujourd’hui, il provient de raffineries basées en Belgique
et en Allemagne. Mais en raison de la forte transformation du
marché, il deviendra de plus en plus difficile d’obtenir suffisamment de bitume provenant de raffineries relativement proches.
Nous nous attendons donc à un accroissement de notre rayon
de transport à l’avenir, par exemple jusqu’à Hambourg ou en
Suède. Il n’est guère envisageable de couvrir de telles distances
uniquement par la route. La loi sur le temps de conduite des
chauffeurs de poids lourds, par exemple, est en opposition avec
la nécessité de maintenir la marchandise en température pendant le transport.
Le bitume se prête donc idéalement au transport ferroviaire sur
de longues distances?
Le rayon de transport du bitume s’agrandira encore au cours des années à venir.
4
Photo: Giezendanner Transport SA
U.G.: En fait, oui. Nous sommes déjà spécialisés depuis quelque
temps dans le transport combiné de citernes et de silos. Mais le
bitume pose davantage d’exigences: la marchandise doit être
maintenue sur de longues distances à une température constante
pouvant atteindre 200° C.
Giezendanner Transport SA
La société Giezendanner Transport SA propose ses services
dans la logistique de transport et de stockage, en mettant
l’accent sur les transports combinés. L’une de ses spécialités est le transport de substances liquides, notamment
pour les industries chimique et agroalimentaire.
Revenons-en au système de conteneurs. Le succès a-t-il été
facilement au rendez-vous?
U.G.: Nous avons connu quelques revers pendant la période
d’apprentissage. Il y a eu des problèmes avec le système de
chauffage, à la suite de quoi il devenait quasi impossible d’extraire le bitume du conteneur. Les investissements ont été
considérables, la production des conteneurs est coûteuse. Mais
nos techniciens ont finalement trouvé des solutions, notamment grâce au soutien de nos clients. Aujourd’hui, le transport
combiné de bitume est devenu un secteur d’affaires important.
Nous avons déjà fait fabriquer 40 conteneurs et je m’attends à
ce que cette activité se développe encore; il va y avoir un retour
sur investissement et notre savoir-faire dans ce domaine montre
la voie à suivre.
Ulrich Giezendanner, président
du conseil d’administration,
Giezendanner Transport SA
Photo: Giezendanner Transport SA
A cela s’ajoute l’entreposage, le commissionnement et le
réacheminement des marchandises. Cette entreprise fondée en 1934 est dirigée par Ulrich Giezendanner depuis
1972. Elle a le statut de société anonyme depuis 1976.
Le groupe Giezendanner emploie 110 collaborateurs.
Merci de nous avoir accordé cet entretien.
2014: l’hiver doux a bouleversé les ventes de mazout
Les ventes des principaux produits pétroliers en Suisse ont
atteint 9,7 millions de tonnes en 2014 (–11,2%). Le fort recul
s’explique, en premier lieu, par la diminution, par rapport
à l’année précédente, de 30,4% des ventes de combustibles –
mazout principalement. Les ventes globales de carburants
dans le trafic routier se situent légèrement au-dessous du
niveau de l’année précédente, cela malgré un effectif plus
élevé de véhicules à moteur de 1,6% (2014: 5 084 900).
Essence
Comme depuis quelques années déjà, le recul de la demande
d’essence d’automobile s’est poursuivi en 2014, avec –3,9%
par rapport à l’année précédente. La raison principale de cette
évolution réside dans l’amélioration continue du rendement
énergétique de nouveaux moteurs et dans la tendance à l’achat
de voitures moins puissantes.
Carburant diesel
Les ventes de carburant diesel, utilisé pour une grande part
dans les secteurs du génie civil et des transports, ont poursuivi
leur progression en 2014, de 2,8%. Les raisons principales ont
été la conjoncture intérieure stable, mais aussi l’accroissement
du nombre de voitures diesel. Entre-temps, un quart environ de
l’effectif des voitures de tourisme concerne le diesel.
Kérosène
Par rapport à l’année précédente, les ventes de kérosène restent
inchangées à 1,57 million de tonnes. Aux aéroports de Zurich
et de Genève, le trafic aérien a progressé pour les vols de ligne
et les charters par rapport à 2013. Les deux aéroports ont affiché de nouveaux records de passagers. Dans l’ensemble,
on constate une plus grande capacité des avions et un taux
d’embarquement plus élevé.
Mazout
Le recul du total des ventes, par rapport à 2013, s’explique principalement par l’effondrement de 30,2% des ventes de mazout
(huile de chauffage extra-légère). L’hiver particulièrement doux
s’est répercuté dans la diminution, de 19,9%, du nombre de
degrés-jours de chauffage par rapport à l’année précédente.
Par ailleurs, l’augmentation de la taxe CO2 sur les combustibles,
à partir du 1er janvier 2014, a fait que beaucoup de citernes ont
été remplies avant la fin de l’année 2013.
Evolution de ventes des principaux produits pétroliers en Suisse
en mio. t
6,0
5,0
4,0
3,0
2,0
1,0
0,0
19
90
19
92
19
94
19
96
19
98
20
00
20
02
20
04
20
Essence
Carburant diesel
Kérosène
Huiles de chauffage moyenne et lourde
06
20
08
20
10
20
12
20
14
Mazout
Source: Carbura
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