L`ouvrage choisi pour l`élaboration de la fiche de

L’ouvrage choisi pour l’élaboration de la fiche de lecture est un livre de
Françoise Dolto et Catherine Dolto­Tolitch, rédigé avec la collaboration de
Colette Percheminier (1989), “Paroles pour adolescents le complexe du
homard ”, Hatier. Actuellement en stage long dit à responsabilité éducative
dans un foyer de jeunes filles, il me paraît indispensable d’enrichir mes
connaissances dans le domaine de l’adolescence. Cet ouvrage me permettra
peut­être d’apporter une part de réponse aux interrogations que je me pose
concernant les jeunes filles que je côtoie quotidiennement, comme par
exemple par rapport à la violence verbale, la provocation, les sautes
d’humeur excessives (même si ces comportements sont à fortiori renforcés
par la problématique rencontrée par les filles du foyer ou le mode
d’éducation qu’elles ont reçu)…
Ce livre est la mise en commun d’un ensemble de connaissances,
d’expériences et d’idées de trois personnes ayant reçu et s’étant investies
dans des formations et des domaines différents : l’une est une psychanalyste
de renom, Françoise Dolto, l’autre est une sociologue et un médecin
généraliste, Catherine Dolto­Tolitch, et enfin la troisième personne ayant
contribué à cet ouvrage est Colette Percheminier, amie d’adolescence de
Catherine Dolto­Tolitch et s’occupant de jeunes en institution.
Les adolescents sont au cœur de cet ouvrage. Françoise Dolto et
Catherine Dolto­Tolitch s’adressent directement à eux (le livre s’intitulent
d’ailleurs “ paroles pour adolescents ”). Elles considèrent cette population
comme fragile. Par cet écrit elles tentent de leur donner des réponses aux
multiples interrogations qu’ils peuvent se poser, dans le but de rendre cette
délicate période de “ mutation ” moins difficile. Au cours de cet ouvrage les auteurs aborderont 13 différents thèmes
faisant partie du quotidien des adolescents ainsi que les personnes qui les
côtoient, comme : L’adolescence, qu’est ce que c’est ? Les transformations,
Se sentir beau, Se sentir laid, La sexualité, L’amour, L’amitié… viendront se
greffer en complément de ces différents thèmes abordés des témoignages
d’adolescents exprimant leurs idées mais aussi et surtout leurs sentiments.
Suite à ces divers points abordés, il nous est présenté la conférence de
Françoise Dolto ayant eut lieu lors du colloque organisé par le centre
Médico­Psycho­Pédagogique de Vigneux­sur Seine le 13 décembre 1985 :
L’adolescence en question. Dans cette partie du livre on “ se plonge ”
davantage dans une connaissance théorique, dans une réflexion sur
l’adolescence avec des conseils éducatifs qui seront émis. C’est un passage
de l’ouvrage s’adressant plus cette fois­ci aux professionnels, aux éducateurs
ou encore aux parents. Un guide juridique touchant tous les aspects de la vie adolescente
rédigé par une spécialiste, Michèle Mongheal, avocat à la cour de Paris,
viendra compléter cet ouvrage.
Ce livre peut être consulté un peu comme un guide pratique sur
l’adolescence. Françoise Dolto et Catherine Dolto­Tolitch ne se contentent
pas de livrer des informations écrites, ne nous donnent pas un panorama de
connaissances, mais utilisent la parole comme moyen d’expression. Ce qui
rend l’écrit vivant, très accessible à la population concernée la rendant
directement impliquée.
La construction même de l’ouvrage est faite en deux temps. La
première partie est très dynamique ; ce que l’on ressent en lisant ce livre est
plus une écoute active qu’une lecture passive. Nous avons l’impression
d’avoir les auteurs face à nous, nous expliquant les choses très simplement
par leur seule parole. Dans une seconde partie, l’ouvrage “ change de ton ”,
et laisse place à celui d’une conférencière s’adressant alors plutôt aux
adultes, aux professionnels ou aux parents. François Dolto a construit son ouvrage, ses réflexions autour d’un
concept, celui du homard ; “ Un adolescent, c’est un homard pendant la
mue : sans carapace, obligé d’en fabriquer une autre, et en attendant
confronté à tous les dangers ”. “ L’adolescence, c’est la période de passage
qui sépare l’enfance de l’âge adulte, elle a pour centre la puberté”.
L’adolescence est un concept qui intéresse prioritairement les psychologues,
mais également les sociologues et les moralistes. Ces divers courants se sont
particulièrement penchés sur ce phénomène suite aux évolutions
économiques, sociales et culturelles rapides sur les conduites adolescentes
(dont la révolution de 1968 fut le résultat le plus important, ou du moins le
plus spectaculaire). C’est à partir de ce moment qu’on a commencé à
observer un nombre croissant d’études publiées dans le monde (notamment
depuis la seconde guerre mondiale). En effet, on peut constater que depuis
une cinquantaine d’années, la connaissance concernant le phénomène de
l’adolescence s’est nettement enrichie, aussi l’attitude des chercheurs est
devenue beaucoup plus prudente face à la complexité et la délicatesse du
monde de l’adolescence.
La naissance de cette étude et la réalisation de cet ouvrage ont émergé
suite à des discussions régulières ayant lieu autour d’un magnétophone,
“ des heures à échanger nos expériences et nos idées ” dira Catherine Dolto­
Tolitch entre elle, sa mère, et une amie d’adolescence Colette Percheminier.
Le but de ces discussions était de parler afin de dire aux adolescents tout ce
qui leur passait par le cœur. Les champs d’observations de chacune, de
même que leurs pratiques, leurs expériences et leurs âges étaient différents
ce qui permet une complémentarité sur l’étude. Mais les idées de chacune
allaient dans le même sens, nous offrant alors un travail harmonieux et
cohérent.
Ce livre s’adresse directement aux adolescent : “ J’espère que ce livre
vous aidera à passer cette période de votre vie en connaissant mieux ces
difficultés et sans vous décourager si vous ne trouvez pas toujours de l’aide
autour de vous ” (Françoise Dolto). Les auteurs s’impliquent directement et
emploient le pronom indéfini de la troisième personne du singulier “ on ” :
“ On a besoin à la fois de contrôle et de liberté, … ”, “ On voudrait montrer
qu’on est capable de se risquer dans la société. ”, “ On voudrait parler adulte
mais on n’en a pas encore les moyens. ”. Cette implication directe traduit
l’investissement personnel des auteurs qui s’identifient et se mettent dans la
peau des adolescents.
Cet ouvrage apparaît comme un “ objet ressource ” permettant de
trouver des outils, des solutions aux problèmes vécus par les adolescents et
également aux personnes les entourant. Les auteurs mettent en garde les
adolescents, usent de conseils et de recommandations, et se montrent
également rassurantes et réconfortantes grâce à des explications simples et
explicites : “ …mais les choses les plus compliquées se simplifient d’elles­
mêmes quand elles arrivent au bon moment, c’est­à­dire quand on se sent
capable de les vivre”. Les auteurs se placent également du côté des parents
et des adultes vivant ou côtoyant régulièrement des adolescents, elles leurs
consacrent même un chapitre entier. Ce livre permet donc une meilleure compréhension de l’adolescent lui­
même, de l’adolescent vis­à­vis de ses parents, de son entourage expliquant
alors qu’eux aussi un jour ont été des adolescents comme eux, et expliquant
également le ressenti que peuvent éprouver des parents se retrouvant face à
leur “ adulte en devenir ” : “ Si leur enfant est dans un processus de sa
nouvelle naissance, eux ont aussi à renaître à l’état de parents de jeunes
adultes. Ce n’est pas confortable tous les jours ! ”. Cet ouvrage permet
également aux parents de comprendre leur enfant et parfois même de
remettre en cause leur mode d’éducation. Pour Françoise Dolto, le remède répondant le mieux aux maux de
l’adolescence, “ au drame du homard ” c’est la parole. C’est apparemment le
seul remède apparaissant comme salvateur. Tout au long de l’ouvrage,
l’adolescent se sent fortement encouragé à parler : “…et c’est bien d’en
parler. ” “…il faut absolument OSER EN PARLER aux adultes de confiance que
l’on connaît, parents, médecins, professeurs, éducateurs, amis, etc. ” “C’est
par LE LANGAGE, LA CREATIVITE sous toutes ses formes et la
CONVIVIALITE qu’on peut ventiler la violence et la souffrance ”. Quant aux
adultes responsables étant en contact avec ces jeunes, il leur est vivement
conseillé d’orienter cet adolescent vers une personne compétente dont la
profession est : d’écouter. “ Nous sommes liés avec des adolescents pour
essayer de les aider à ne pas se laisser piéger, et pour ça, il faut qu’ils
rencontrent quelqu’un qui les écoute, il faut répondre dans la réalité ”. Du côté du parent, de l’éducateur, de l’enseignant ou de toute
personne adulte responsable c’est l’écoute ou l’orientation vers un
professionnel de l’écoute : un psychothérapeute. Françoise Dolto nous
conseille, nous guide. Elle dit de répondre aux adolescents s’adressant à
nous : “ On peut dire : “ Tu devrais aller parler à quelqu’un d’expérience.
C’est mieux que de parler à moi qui ne peux pas te comprendre
complètement, qui ne peut pas t’aider car ce n’est pas mon métier. Je peux
seulement t’aider à trouver quelqu’un. ”
Mais où est la place de l’éducateur dans ce discours ? N’est­il pas
capable d’entendre, et d’écouter le malaise quotidien des adolescents qu’il
connaît à force de vivre avec eux chaque jour. Quel est donc son rôle ? (je
parle évidemment des problèmes quotidiens aux quels peuvent être soumis
les adolescents, et non pas, bien sur, de problèmes plus “ graves ” auxquels
la population d’un foyer à pu et peut encore être confrontée (maltraitance
physique, morale, sexuelle, carence éducative…)). J’entends bien dans ce cas
la nécessité d’une écoute professionnelle, une psychothérapie. Mais
l’éducateur connaissant bien le jeune n’a­t­il pas un rôle d’écoute auprès de
celui­ci, de réconfort, offrant toute son attention et son énergie à ces jeunes
qu’il prend en charge.
D’un point de vue personnel, et me plaçant en tant que lectrice
“ avertie ”, cet ouvrage m’a permis de me replonger, et presque de revivre
mon adolescence (pas si lointaine). Il m’aide à me mettre dans certaines
situations à la place des adolescentes se trouvant en face de moi. Cela peut
donc parfois contribuer à une meilleure compréhension de ma part, et
parfois à plus de souplesse, prenant alors conscience que : “ L’HUMOUR et
la tolérance aident bien à passer les caps difficiles ”, à percevoir certaines
attitudes des jeunes filles de manière différente, certaines par exemple
cherchent effectivement à se faire remarquer par leurs modes vestimentaires,
leurs attitudes, leurs paroles provocatrices, leurs comportements excessifs…
(ça je l’avais bien compris), mais pourquoi ? Dans quel but ? N’était­ce
simplement que pour attirer l’attention ? Etais­je passée par là moi aussi ?
La réponse à cette question est que oui effectivement la provocation est
manifestée dans le but d’attirer l’attention, dans le but d’être regardé, mais
la véritable réponse c’est que ce comportement intervient “ parce qu’on ne
sait plus qui on est… ”. En effet on peut comparer l’adolescent à “ un
appartement en chantier où il n’y a pas un seul petit coin tranquille pour se
reposer. ”
Cette citation traduit bien l’“état” adolescent, la difficulté quotidienne
endurée par celui­ci, mais également pour son entourage. Lorsqu’un jeune
est confronté à des difficultés supplémentaires lors de son adolescence,
comme par exemple de graves problèmes familiaux ou personnels
nécessitant un placement en foyer, en tant que personne de terrain
travaillant avec une telle population il me paraît nécessaire d’avoir recours à
des outils : aussi bien à des outils théoriques, qu’à des outils humains.
Rencontrer d’autres professionnels afin d’échanger formations,
connaissances, expériences, impressions… sont autant d’outils
indispensables dans le but d’aider l’être humain, mais aussi le professionnel.
Un tel ouvrage nous donne beaucoup ; de part cette dynamique qu’il dégage,
il nous apporte directement des choses, il nous permet de recevoir mais
hélas reste à son statut de livre, c’est­à­dire qu’il nous permet de recevoir
certes, mais pas d’échanger, ni de donner sur le moment. A notre charge
d’en tirer les enseignements et les bénéfices pour pouvoir donner de la
meilleure façon sur le terrain et dans notre vie. Un tel ouvrage contribue à la
formation, au “ métier ” d’éducateurs, de parents, d’adultes responsables,
“ métier ” que l’on ne maîtrise jamais totalement, ne pouvant en tant que
seul individu y apporter toutes réponses.