OFAJ - Conseil de l`Europe
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Babette Nieder Secrétaire Générale Office franco-allemande pour la Jeunesse Paris p. 2 p. 5 p. 8 p. 12 Forum 21 L'Autonomie des Jeunes en question Youg People's autonomy / Junge leute autonomie Contact / Contact / Berührung Expériences / Experiences / Erfahrung Portrait / Portrait / Bildnis L’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (OFAJ), une idée intéressante pour la nouvelle Europe ? Le Président Charles de Gaulle et le Chancelier Konrad Adenauer n’ont pas créé l’OFAJ en 1963 du néant. Derrière eux, il n’y avait pas seulement la douloureuse expérience de trois guerres en moins de cent ans entre la France et l’Allemagne, mais ils pouvaient aussi se baser sur la vision d’une autre politique, déjà esquissée par des prisonniers tant allemands que français dans les camps nazis. Ainsi, jumelages de villes, appariements scolaires et associations d’échanges se développaient un peu partout en France et en Allemagne dès la fin de la guerre. Le Traité de l’Elysée et l’accord sur la création de l’OFAJ ne s’appuyaient pas sur une majorité de l’opinion publique, mais ils offraient une structure à une avant-garde de la société civile qui permettait rapidement de transformer quelques expériencespilotes en un mouvement de masse durable. A l’époque, les deux gouvernements n’accordaient pas seulement un budget considérable à l’OFAJ et donc aux échanges de jeunes (20 millions _), mais ils donnaient à cette structure une personnalité juridique indépendante et internationale (selon le modèle de l’OCDE). Par ailleurs, depuis sa création en juillet 1963 jusqu’à aujourd’hui, l’OFAJ est co-présidé par le ministre français et le ministre allemand de la jeunesse et par un Conseil d’administration paritaire, composé de représentants de la société civile et des pouvoirs publics des deux pays. Le Secrétaire général a un mandat de 5 ans, en alternance entre un français et un allemand, assisté par un adjoint de l’autre nationalité. Les 70 agents de l’OFAJ, répartis sur le siège à Paris et un bureau à Berlin sont français et allemands des ceux côtés et sont tous bilingues. Après une première phase (environ 10 ans) avec deux directions séparées et des doublures, il s’agit depuis longtemps d’une structure complètement intégrée ou chacun a sa tâche spécifique, indépendamment de sa nationalité et de son lieu d’affectation en France et en Allemagne, il est chargé des activités de son secteur, des demandes des jeunes et des partenaires, aussi bien en France qu’en Allemagne. Parité, indépendance financière et juridique, intégration franco-allemande, ces caractéristiques sont restées uniques au monde, malgré quelques adaptations dans des contextes différents, notamment l’Office Germano-Polonais pour la Jeunesse et l’Office Franco-Québecois pour la Jeunesse. En ce qui concerne les activités, la Commission européenne s’est inspirée tant pour le programme " Erasmus " que pour le programme " JEUNESSE " de la pratique de l’OFAJ. Le grand avantage de l’OFAJ reste cependant sa mission très large, permettant des activités tant bilatérales qu’internationales, des programmes individuels et des programmes de groupe, des échanges scolaires, universitaires et professionnels, mais aussi l’éducation informelle. L’Office a pour objet de resserrer les liens qui unissent les jeunes des deux pays, de renforcer leur compréhension mutuelle et, à cet effet, de provoquer, d’encourager et, le cas échéant, de réaliser des rencontres et des échanges de jeunes (article 2 de l’accord). Il s’adresse donc à toute couche sociale et à tous les âges entre 5 et 30 ans. 40 ans après sa création, la 118-119 mission de base reste donc toujours d’actualité et suffisamment souple pour attirer les jeunes du début du 21e siècle et pour relever les défis de la politique de jeunesse à l’aube d’une constitution européenne et d’une Europe enfin réunifiée en proie à des nouvelles déchirures face à la globalisation et à un nouveau fondamentalisme identitaire, religieux et/ou ethnique. Dans les années soixante, la rencontre en ellemême était un évènement et le fait qu’elle touche dès le début chaque ville et chaque village et presque toutes les familles explique certainement pourquoi, dès les années 70, Français et Allemands ne se considéraient plus comme ennemis héréditaires mais comme amis. Cette amitié étant devenue presque héréditaire, il faut aujourd’hui donner un sens particulier à chaque rencontre et donner aux jeunes Français et Allemands un projet commun, tourné vers l’avenir et ouvert à d’autres horizons. C’est pourquoi nous nous donnons aujourd’hui trois missions à partir de l’accord initial : Si nous autres Européens souhaitons conserver notre diversité culturelle et si nous voulons continuer à la propager au niveau mondial (v. les négociations actuelles à l’UNESCO sur une convention sur la diversité culturelle), nous sommes obligés d’organiser des multiples échanges bi- ou trilatéraux, qui sont la seule manière de vivre la diversité. Si on dépasse ce cadre on doit forcément se contenter soit d’une traduction, soit d’une réduction à une langue de référence qui n’a justement aucune référence dans les cultures des hommes et des femmes présents. Pire, la seule langue de référence dont nous disposons aujourd’hui n’est plus le latin du moyen âge, ni l’espéranto, ni même l’espagnol du siglo de oro ni le français de Louis XIV, dont les centres se trouvaient en Europe, mais l’américain dont le centre se trouve aujourd’hui à Washington. La Commission européenne et le Conseil de l’Europe, qui – à juste titre – ont toujours défendu la diversité culturelle et linguistique doivent donc absolument tenir compte de cette contrainte. Bien évidemment, il ne suffit pas non plus de limiter le nombre de pays concernés par une rencontre à deux ou trois pour assurer une compréhension mutuelle. A partir de là, il faut respecter certaines règles et se servir des expériences et des méthodes développées au cours des années. Ainsi, il faut assurer la réciprocité, les rencontres avoir lieu dans chacun des pays concerYoug People's autonomy doivent / Junge leute autonomie Par conséquent, l’apprentissage linguistique et nés, chacun jouant successivement le rôle de l’inl’ouverture aux pays tiers méritent aujourd’hui vité et de celui qui invite. L’animation linguistique une attention particulière. ou le cours tandem doivent valoriser les deux ou p. 5 Contact / Contact / Berührung trois langues concernées. Ainsi, la langue n’est On ne peut pas comprendre une culture, sans plus une barrière (une langue étrangère qu’on ne comprendre p.sa8 langue et on ne peut/ Experiences pas attirer possède pas ou qu’on maîtrise mal) mais un atout Expériences / Erfahrung d’autres vers son propre pays (que ce soit en (une richesse qu’on transmet à son hôte). Mieux achetant nos produits, que ce soit en aimant encore, pour de nombreux jeunes issus de l’immip. 12 Portrait / Portrait / Bildnis notre musique ou nos paysages, sans parler de la gration, l’échange franco-allemand est la premiècompréhension des structures politiques, jurire occasion de s’identifier avec la langue et la diques ou religieuses) si on n’aime pas sa propre culture française ou allemande, de ne pas être langue et sa propre culture. L’apprentissage jugé sur ses limites dans cette langue mais au interculturel et l’apprentissage linguistique vont contraire, d’être valorisé par le jeune donc de pair, et l’échange – donc la compréhenallemand/français comme expert indispensable. sion mutuelle – est le meilleur moyen pour acquérir ces compétences fondamentales pour un Le fait que la communication directe, et le bain linmonde ouvert et pluriel. guistique dans le pays donne des meilleurs résultats ■ Transmettre des compétences-clé pour l’Europe ■ Permettre un apprentissage interculturel ■ Transférer à d’autres pays l’expérience franco-allemande de réconciliation par les échanges de jeunes p. 2 L'Autonomie des Jeunes en question Forum 21 sur le plan linguistique qu’un enseignement scolaire et artificiel (p. ex. Un professeur allemand parle français avec des élèves allemands dans un environnement allemand et de surcroît juge davantage la grammaire que la capacité de communication), n’est, je crois, plus contesté nulle part. L’OFAJ voit donc aujourd’hui son rôle non seulement dans la formation, le conseil, la production de matériel pédagogique pour les rencontres, mais aussi dans un contact permanent avec les enseignants et les administrations scolaires. Le transfert des expériences pédagogiques, interculturelles et linguistiques de l’éducation informelle et extrascolaire vers le système scolaire, nous semble un défi considérable pour éduquer à terme des véritables citoyens européens. Autrement dit, l’OFAJ est loin d’avoir exploré tout son potentiel dans le cadre franco-allemand. Mais l’Office a en même temps un rôle à jouer dans le contexte européen, c’est le point de départ d’une expérience politique. Les nouvelles formes de l’engagement des jeunes – concrètes, locales et dépassant les frontières nationales – trouvent un cadre idéal dans la structure décentralisée et transnationale de l’OFAJ. Le double caractère de l’Europe, divers et uni, avait déjà frappé Klaus Mann en 1942 lorsqu’il écrivit dans son exil à Sanary-sur-Mer : Le principe – immanent de par la structure et l’essence même du génie européen interdit l’uniformisation totale du continent, interdit de réduire l’Europe à un même dénominateur – qu’il soit allemand, russe ou américain – interdit l’harmonisation. Ce principe tuerait l’Europe. Double postulat que l’Europe doit remplir si elle ne veut pas périr : la conscience d’une unité européenne doit être protégée et approfondie. Parallèlement, la diversité des genres européens et des traditions doit être perpétuée. Les activités trilatérales sont donc pour nous un test à la fois du lien franco-allemand et de la possibilité de transférer cette expérience à d’autres pays. L’OFAJ est en effet habilité depuis 1976 à soutenir 5 % de ses échanges avec des jeunes originaires de pays tiers et gère depuis 1990 un fonds spécial des deux ministères des Affaires étrangères pour les PECO et depuis 2000 également pour les PESE. Ces programmes sont toujours des rencontres trilatérales comprenant un nombre équilibré de participants des trois nationalités ; ils sont la plupart du temps conçus sous forme de cycle avec une phase en France, une en Allemagne et une dans le pays tiers concerné. Ils s’articulent autour d’un thème ou d’une activité commune permettant une réflexion dans une perspective d’apprentissage interculturel et s’adressent à tous les groupes-cibles, avec une dominante pour les responsables et animateurs des activités de jeunesse et un nombre croissant de programmes à contenu socio-professionnel. Les thèmes sont très variables et concernaient en 2002 p. ex. «L’élargissement de l’Europe , Tourisme écologique et développement durable » , « vivre ensemble la ville multiculturelle, « systèmes sociaux et travail social en direction de la jeunesse», «la place de l’histoire dans le travail interculturel» , « de l’identité nationale à l’identité européenne – le rôle de la mémoire». 8000 jeunes et animateurs participaient à ces programmes, dont 2700 venaient de pays-tiers. Parmi les 243 programmes et 77 préparations, 147 concernaient les PECO et PESE, 65 l’Union européenne et 31 le pourtour méditerranéen. La Pologne est depuis longtemps notre premier partenaire avec 51 programmes en 2001. Sachant que, conformément à nos objectifs, l’Office germano-polonais développe, après avoir fait au début presque exclusivement des programmes avec la France comme pays-tiers, de plus en plus de programmes avec les pays-voisins de la Pologne. Tous les pays de l’ex-Yougoslavie sont concernés avec 27 programmes et 17 préparations et évaluations en 2001. Un projet-pilote de formation nous a notamment permis de réunir ensemble animateurs/responsables macédoniens slaves et albanais, serbes de Belgrade, kosovars, croates, et serbes, croates et bosniaques de la Bosnie et enfin allemands et français. La Méditerranée, pour laquelle nous ne disposons malheureusement pas de fonds spécial 120-121 couvre aussi bien le Maghreb que la Turquie, Israël et le Liban. L’exemple d’une réconciliation réussie, l’accumulation de 40 ans d’expérience et de partenariats solides ne se laissent certainement pas transférer tels quels sur d’autres pays. La force de la méthode de l’OFAJ est la rencontre directe, conformément à l’instruction que le jeune Jean Monnet recevait de son père pour son premier long voyage : «N’emporte pas de livres. Personne ne peut réfléchir pour toi. Regarde par la fenêtre, parle aux gens, prête attention à celui qui est à côté de toi.» L’OFAJ et ses milliers de partenaires sont disponibles pour vivre ensemble avec d’autres jeunes d’autres nations la grande aventure de l’Europe retrouvée. p. 2 p. 5 p. 8 p. 12 Forum 21 L'Autonomie des Jeunes en question Youg People's autonomy / Junge leute autonomie Contact / Contact / Berührung Expériences / Experiences / Erfahrung Portrait / Portrait / Bildnis D GB The German-French Youth Office – an interesting idea for the new Europe Das Deutsch-Französische Jugendwerk – eine interessante Idee für das neue Europa Babette Nieder General Secretary The German-French Youth Office Paris Babette Nieder Generalsekretärin Deutsch-Französisches Jugendwerk Paris The German-French Youth Office is not only a unique example of a completely integrated structure between two countries, but also represents unique co-operation between civil society and governments. Das Deutsch-Französische Jugendwerk ist nicht nur ein einmaliges Beispiel für eine vollständig integrierte Struktur zwischen zwei Staaten, sondern steht auch für eine einmalige Kooperation zwischen Zivilgesellschaft und Regierungen. Its work is very comprehensive and can correspondingly be adapted to the demands of the 21st century: through youth exchange it contributes to understanding and getting to know each other. 40 years of experience with 7 million participants – including 70,000 from approximately 40 countries outside Germany and France who have taken part in GFYO programmes as well as its network of partners allows the GFYO today to give its contribution to a definition of a European youth policy. The principles of equality, reciprocity and sustainability as well as respect for cultural diversity by the use of all native speakers involved shows the originality and efficiency of the youth association’s work. Initial experience shows that these principles are especially suited to guide central and eastern Europe and the Baltic states into the zone of peace and stability which Western Europe has become since the end of the Second World War. Seine Aufgabe ist sehr umfassend und kann sich dementsprechend den Erfordernissen des 21. Jahrhunderts anpassen: durch Jugendaustausch zur Verständigung und zur gegenseitigen Kenntnis beitragen. 40 Jahre Erfahrung mit 7 Millionen Teilnehmern - davon 70.000 Teilnehmer aus ca. 40 Ländern außerhalb von Deutschland und Frankreich, die an Programmen des DFJW teilgenommen haben, sowie sein Netzwerk von Partnern erlauben dem DFJW heute, seinen Beitrag zur Definition einer europäischen Jugendpolitik zu leisten. Die Prinzipien der Parität, der Gegenseitigkeit und der Nachhaltigkeit sowie der Respekt der kulturellen Vielfalt durch die Verwendung aller beteiligten Muttersprachen machen die Originalität und die Effizienz der Arbeit des Jugendwerks aus. Die ersten Erfahrungen zeigen, dass diese Prinzipien besonders geeignet sind, um Mittel- und Osteuropa und den Balkan an die Zone des Friedens und der Stabilität heranzuführen, zu der Westeuropa seit dem Ende des 2. Weltkriegs geworden ist. 122-123