MARTIGNY (Suisse)

Maîtrise de la demande
d’électricité
MARTIGNY
(Suisse)
Plusieurs villes en Europe qui disposent d’acteurs au niveau local dans le domaine de la production et de la
distribution d’énergie et d’électricité ont entrepris et entreprennent diverses actions pour inciter les
consommateurs à consommer moins d’électricité : fonds municipaux, prêts à faible taux, leasing, tarifs,
fiscalité locale, etc.. Ils sont en train de transformer progressivement leur fonction de fournisseur d’énergie
en une fourniture de service au client. Depuis plus de dix ans, le "Centre de Recherches Energétiques et
Municipales" utilise Martigny comme un laboratoire à l'échelle urbaine. Parmi les expériences menées, une
partie a trait à la maîtrise de la demande d'électricité.
ASPECTS GENERAUX
Martigny est une cité de 14 000 habitants
située dans la vallée du Rhône (canton du
Valais). Cette région des Alpes produit la
plupart
de
l’électricité
d’origine
hydroélectrique de la Suisse, c’est pourquoi
des industries grosses consommatrices
d’électricité (aluminium, galvanisation) y
sont implantées.
Martigny
CONTEXTE GENERAL
En Suisse, pays très décentralisé, les municipalités ont un rôle important dans le domaine de l’énergie. Ce
sont elles qui sont responsables de l’approvisionnement énergétique des consommateurs. Certaines
communes ont délégué cette tâche à des sociétés régionales, mais la plupart d’entre elles assurent ellesmêmes cette prestation. C’est le cas de la ville de Martigny, qui, par le biais de ses « Services Industriels »,
gère les réseaux énergétiques (électricité, gaz, chauffage urbain), d’eau (alimentation, épuration) et de
télévision. Une méthode de gestion de ceux-ci a été mise en place avec l’aide de l’Ecole Polytechnique
Fédérale de Lausanne (EPFL), avec laquelle une collaboration existe depuis 1979. Cette coopération a
abouti à la création, en 1986, du Centre de Recherches Energétiques et Municipales (CREM). Le CREM
utilise Martigny comme un laboratoire à l’échelle d’une ville. De nombreuses expériences ont ainsi été
menées depuis sa création.
L’idée de base consiste à envisager l’ensemble des réseaux énergétiques comme un système unique, afin
d’optimiser leur utilisation (minimisation de la consommation d’énergie et des émissions de polluants). Les
réseaux d’électricité, de gaz et d’eau sont ainsi considérés comme un tout, le réseau de télévision étant
utilisé comme moyen de communication local. Cette conception des réseaux énergétiques fait que les
actions entreprises à Martigny ne sont jamais isolées, mais concernent le système en entier.
Maîtrise de la demande d’électricité
MARTIGNY (Suisse)
GENESE DU PROJET
1987-1989
1989-1991
1991-1992
1992-1993
Phase I : établissement de l’état initial (préparation du dialogue)
Phase II : engagement du dialogue avec les abonnés
Phase III : phase d’attente (réduction de la pression médiatique)
Phase IV : suivi et évaluation
EXPERIENCE DE MARTIGNY
Une préoccupation majeure des « Services Industriels de Martigny » (SIM) est d’atteindre un emploi optimal
des installations existantes, c’est-à-dire empêcher ou retarder le plus possible des investissements sur le
réseau de distribution. Les SIM tentent pour cela d’influencer la consommation d’électricité de la ville de
Martigny en orientant leurs actions sur deux axes principaux : la gestion du patrimoine communal et la
maîtrise de la demande des abonnés.
• Concernant le patrimoine communal, des actions telles que le remplacement des anciennes lampes des
bâtiments communaux par des modèles plus économes et le renouvellement de l’éclairage public ont été
entreprises.
• La maîtrise de la demande des abonnés est plus compliquée. Les méthodes utilisées jusqu’à présent ont
généralement consisté à faire du délestage sur des installations consommant beaucoup d’électricité,
mais les résultats obtenus de cette manière ne sont pas toujours satisfaisants. La philosophie prônée par
le CREM est la suivante : mesurer ⇒ comprendre ⇒ agir. Selon ce principe, le délestage est abandonné
au profit du dialogue distributeur-consommateur et/ou d’une tarification incitative.Pour diminuer la
demande des consommateurs, des « économètres » (PC installé chez le consommateur; coût unitaire ≅
8 000 FF) ont été installés. Ces installations donnent des informations sur la consommation d’énergie
(électricité, chauffage urbain et mazout) des 96 derniers quarts d’heure, ceci pour chaque immeuble, ce
qui permet au consommateur d’analyser sa propre demande et ainsi de modifier sa consommation. Ces
informations sont complétées par la télévision locale (Canal Energie, télétexte local) qui diffuse des
renseignements divers, tels que la consommation globale de la ville ou des conseils pour économiser
l’énergie.
En plus de cette diffusion d’information, une analyse distributeur-abonné des problèmes de consommation a
été entreprise avec certains clients. Les résultats obtenus sont spectaculaires.
Promotion et implantation du projet
En plus des informations diffusées par la télévision locale, des papillons ont été distribués aux
consommateurs, donnant des conseils d’économies d’énergie. De plus, pour mieux faire connaître ses
activités, le CREM a tenu un stand d’information à la « Foire de Martigny ».
Résultats obtenus
La collaboration menée avec certains consommateurs a permis d’atteindre des résultats positifs. Ainsi,
après une analyse de la consommation de la société Magnésium SA, il a été possible d’obtenir, sans
changer la production de l’entreprise :
• une diminution de la puissance demandée, qui est passée de 340 à 250 kW (- 26 %),
• une baisse de la consommation d’énergie de 10-15 %.
La consommation la plus importante de l'entreprise Aluminium Martigny SA provient de l'enclenchement d'un
four de fonderie. Le dialogue distributeur-consommateur a amené l'entreprise à avancer cet enclenchement
vers 5-6 heures du matin, lorsque le réseau n'est pas très chargé. Selon le tarif en vigueur, le client n'a pas
de raison d'effectuer ce changement dans sa façon de consommer. Pour cela, un accord a été conclu : le
distributeur rétrocède à son client la moitié de la différence entre la pointe de puissance facturée et la pointe
survenant au moment de celle du réseau (principe proche de celui de la « tarification dynamique », cf. plus
loin). Le calcul est effectué à la fin du mois. Après un an, les économies réalisées s’élèvent à près de
100 000 FF.
Energie-Cités/Ademe
1997
Maîtrise de la demande d’électricité
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Chez un hôtelier, motivé par les actions de MDE, il a été possible d’obtenir de bons résultats, en modifiant
simplement les horaires de certaines activités. Par exemple, la buanderie n’est plus utilisée le matin, au
moment ou la cuisine est employée. Avec des actions simples, on a atteint :
• une réduction de 15 % de la consommation d’énergie,
• une diminution de 50 % de la pointe de puissance.
Ceci a amené une importante baisse, de l’ordre de 30 %, de la facture d’électricité annuelle de ce client.
Acteurs impliqués
Les partenaires impliqués dans le projet de « dialogue énergétique » ont été les suivants :
• le Centre de Recherches Energétiques et Municipales (CREM),
• le Bureau de Services et d’Ingénierie (conception),
• l’Office Fédéral de l’Energie (OFEN),
• les Services Industriels de Martigny (SIM),
• le Canton du Valais et la région de Martigny.
Difficultés rencontrés
L’installation des économètres a été plus lente que ce qui était attendu, pour plusieurs raisons :
• percement de murs,
• logiciel long à développer,
• intérêt limité des usagers.
La diffusion générale de conseils s’est avérée moins concluante que prévu. Les actions sont donc
maintenant axées sur un dialogue individuel distributeur-abonné, car si l’intérêt est double, les chances de
succès sont augmentées. Comme dix consommateurs représentent à eux seuls 10 % de la demande du
réseau, les actions sont désormais plus ciblées sur ceux-ci. C’est à eux que s’adresse par exemple la
« tarification dynamique » (cf. Perspectives).
Energie-Cités/Ademe
1997
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EVALUATION ET PERSPECTIVES
Martigny bénéficie d’importants avantages pour une gestion de
l’énergie et une diffusion d’information au niveau de la ville :
• 95 % des abonnés à l’électricité ont le téléréseau,
• les réseaux (énergétiques et de télévision) sont tous
groupés au sein d’une seule société.
Les mesures de MDE ont un attrait pour les distributeurs et
leurs clients. Les premiers cherchent à éviter ou retarder leurs
investissements ainsi qu’à diminuer leur propre facture d’achat
d’électricité. Quant aux seconds, ils sont intéressés par une
baisse de leur facture d’électricité.
Un dialogue distributeur-consommateur est donc préconisé par
le CREM pour toute action de MDE. Il conseille de poursuivre
l'expérimentation menée actuellement à Martigny, ainsi que
l’introduction de la tarification dynamique. Sur proposition du
CREM, les SIM testent actuellement une tarification de ce
type, destinée aux grands consommateurs. Le principe de
base est de faire payer le prix réel de l’électricité, en le rendant
dépendant de la courbe de charge du réseau. Ce prix réel est
constitué :
• du prix d’achat – pour le distributeur – de l’énergie,
• du prix de l’équipement du réseau (fonction de la demande des consommateurs),
• du type de consommation.
Contrairement aux formules tarifaires utilisées jusqu’ici par la plupart des distributeurs, consistant à faire
payer un prix pour l’énergie consommée et un prix pour la puissance appelée maximale de la période de
facturation (en général un mois), la tarification dynamique est basée sur les principes suivants :
• un prix horaire de l’énergie, variable en fonction du prix d’achat du distributeur,
• une redevance mensuelle fixe, en fonction de la capacité demandée,
• une ristourne au consommateur, en fonction des économies faites par le distributeur.
Dans cette façon de faire, la puissance n’est pas directement facturée mais elle entre en considération dans
le prix, variable, de l’énergie.
POUR ALLER PLUS LOIN
CREM (Centre de Recherches Energétiques et Municipales)
Jean-Marc REVAZ
Rue des Morasses 5
Case Postale 256
CH-1920 Martigny
Tél :+41 (0)27 721 25 40
Fax :+41 (0)27 722 99 77
E-mail : [email protected]
Cette fiche de cas a été réalisée par Energie-Cités grâce à la collaboration des responsables de la Ville de
MARTIGNY et au soutien technique et financier de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie
(Ademe)
Energie-Cités/Ademe
1997