saint-fulgent - montaiguvendee.fr

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CANTON
DE
SAINT-FULGENT
Le canton de Saint-Fulgent est situé dans la partie la plus épaisse du bocage ; aussi lorsqu'en 1793,
la Vendée se souleva toute entière, ce pays fut-il le théâtre des événements les plus remarquables.
Favorable au genre d'attaques que les royalistes avaient adopté, cette contrée leur offrait, en effet, une
retraite assurée dans leurs revers. Charette, poursuivi par les républicains, se retira plus d'une fois dans
les bois de Saint-Fulgent, dans la forêt de Gralas, et par ses sorties, faites avec art, il fit plus d'une fois
payer cher à ses ennemis leurs succès sans gloire et sans honneur.
Lorsque la foi catholique étendit son influence sur les populations du Bas-Poitou, il devint bientôt
nécessaire d'y établir des divisions ecclésiastiques. Paillers fut le chef-lieu d'un doyenné. Cette petite
ville, réduite maintenant à l'état de village, se voit encore dans la paroisse de Bazoges-en-Paillers.
Plusieurs communes ont retenu dans leur surnom la preuve qu'elles faisaient partie de ce doyenné ;
ainsi l'on dit encore Chavagnes-en-Paillers, Bazoges-en-Paillers, etc. Plus tard, le chef-lieu de ce
doyenné fut placé à Montaigu, ville où un château fortifié présentait un refuge assuré aux populations
craintives du voisinage. Ce doyenné renfermait les paroisses de Montaigu, Saint-Hilaire-de-Loulay, la
Bruffière, Treize-Septiers, la Guyonnière, Boufféré, Saint-Georges, la Boissière, Saint-André-TreizeVoies, Saint-Sauveur, la Grolle, Rocheservière, Mormaison, Saint-Christophe-la-Chartreuse, SaintSulpice, les Brouzils , l'Herbergement, Chavagnes, Bazoges, Beaurepaire, la Rabatelière, Chauché et
Saint-Fulgent. La seule paroisse de Saint-André-Goule-d'Oie faisait partie du doyenné de Pareds,
ancienne petite ville, dans la paroisse de la Jaudonnière, et qui, comme Paillers n'est plus maintenant
qu'un simple hameau.
Dans la division civile, le canton de Saint-Fulgent fit partie, jusqu'en 1792, de la subdélégation de
Montaigu, de l'élection de Fontenay et de la généralité de Poitiers.
Le terrain de cette contrée est en général assez uni ; un bocage très épais se présente de tous côtés,
sous les pas de l'étranger. Dans chaque saison de l'année, le voyageur peut parcourir ces étroits et
obscurs sentiers, mais quand les pluies sont abondantes, quand les jours ont diminué et que le soleil, ne
pénétrant plus ces routes couvertes, ne doit plus les sécher qu'au retour de la belle saison, ce n'est que
par des chemins difficiles, qu'avec des peines incroyables, qu'on arrive à la chaumière de l'habitant du
village. Souvent même est-il plus avantageux de voyager à pied ; car le cavalier trouve, à chaque pas,
des mares d'eau ou des chemins creux remplis de boue, que l'homme à pied évite en partie en
traversant les champs et les prairies, où toujours un petit sentier est pratiqué.
Quelques fois le bocage cesse tout-à-coup et on se trouve au milieu de vastes landes incultes et
couvertes de bruyères. Cependant ces landes, composées de terres légères, seraient favorables à la
culture du pin maritime, et cet arbre, dont la croissance est très rapide, laisserait à celui qui
entreprendrait ces défrichements l'espoir d'en retirer un bénéfice assuré.
La terre est froide et tardive, mais néanmoins fertile en céréales. Les terres labourables
s'ensemencent principalement en froment, excepté le petit nombre de lieux où le peu de profondeur de
la terre ne permet de cultiver que du seigle. L'avoine se cultive indifféremment dans tous les terrains,
mais on en récolte à peine le dixième de froment ; on récolte un peu d'orge et de baillarge, de mil et de
haricots. On sème une assez grande quantité de sarrazin, mais plus de la moitié se consomme en vert
pour fourrage. Enfin on ensemence quelques hectares en lin, soit d'hiver soit de printemps.
Les prairies situées en général sur les bords des rivières et des ruisseaux sont d'assez bonne qualité.
Les prairies artificielles sont encore peu connues : elles réussissent très bien ; aussi cette culture prendelle de l'extension tous les ans. On cultive avec succès, les choux verts, les navets, pommes de terre et
betteraves champêtres.
Les vignes sont composées de deux sortes de plants toujours mélangés, le muscadet qui donne un
vin assez bon quand il est bien soigné, et le gros plant qui fournit toujours un vin dur et vert. Le tout se
consomme dans le canton et ne suffit même pas à sa consommation.
Les carrières d'où l'on tire la pierre à bâtir donnent en général une pierre schisteuse, se rapprochant
tantôt du grès, tantôt de l'ardoise. Les carrières les plus importantes, sans être les plus nombreuses,
sont celles de granit, qui donnent une pierre d'un grès très fin, susceptible de se débiter en très beaux
échantillons très recherchés depuis que le transport est devenu plus facile par les nouveaux chemins de
communication.
Les maladies les plus ordinaires sont les fièvres, les maladies de poitrine, les esquinancies, etc.
Les pauvres, ou plutôt les mendiants, sont assez nombreux ; ils reçoivent beaucoup de secours et
sont bien moins à plaindre que partout ailleurs. Le gros bois de chauffage vaut 5 à 6 francs le stère, et
le bois de fagots à un seul lien 15 à 18 francs.
Une grande partie des bois dits de Saint-Fulgent et de la forêt de Grasla, repaires ordinaires des
loups, des sangliers, des renards, etc., est défrichée, et tous les ans se couvre de riches moissons :
l'autre portion est établie en coupes réglées et se vend sur les lieux mêmes.
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SAINT-FULGENT
La seigneurie de Saint-Fulgent était une châtellenie qui tenait du duché de Thouars. Cette justice,
qui relevait par appel du marquisat de Montaigu, ne s'étendait que sur une portion de la paroisse.
Quelques maisons du bourg même de Saint-Fulgent dépendaient immédiatement du marquisat de
Montaigu.
LES CATHUS. — Les plus anciens seigneurs de Saint-Fulgent que nous connaissions, appartenaient
à la famille noble et ancienne de Cathus, aujourd'hui éteinte, et originaire des environs de la Garnache
et de Beauvoir, d'où elle s'étendit dans le pays de Retz au moyen âge. Hugues Cathus faisait partie des
trente bretons qui, le 27 mars 1351, sous la conduite de Beaumanoir, vainquirent trente chevaliers
anglais en combat singulier près de Ploërmel. Les Cathus portaient : d'azur semé d'étoiles d'argent, au
lion d'or brochant sur le tout.
Catherine Cathus, fille et héritière de Jean Cathus, seigneur de Saint-Fulgent, épousa Sylvestre de
Rezay, chevalier seigneur de Rezay, et porta par ce mariage, conclu dans un mutuel voisinage, la terre
de Saint-Fulgent dans la famille de Rezay. De ce mariage :
LES REZAI. — Martin de Rezai, seigneur de la Jarrie, la Merlatière, Saint-Fulgent et autres lieux,
qui épousa Jeanne de Vernou1.
1
La famille de Rezai possédait aussi la châtellenie de la Merlatière. Une pièce authentique établit ainsi sa généalogie :
Jeanne Cathus, fille de Jean Cathus. épousa Sylvestre de Rezay ; de ce mariage :
Martin de Rezay, mort avant 1500, père de :
Louis de Rezay, marié à Marie de Caradreux,
Gabriel de Rezay, qui vivait en 1503,
et de Pierre de Rezay, abbé de l'Ile-Chauvet(1473).
De ce mariage :
Martin de Rezai II, seigneur des mêmes terres et père de
Guyon de Rezai, seigneur de Saint-Fulgent, la Jarrie, la Merlatière, Saint-Fulgent, en 1532, etc.,
marié à Jacquette de Sainte-Flaive. De ce mariage :
Michelle de Rezai, qui porta la seigneurie de Saint-Fulgent à son mari, Jean de Chasteigner,
devenu par ce mariage seigneur de Saint-Fulgent. De ce mariage :
LES CHASTEIGNER. — Jacques de Chasteigner, seigneur de la Jarrie, la Merlatière, Saint-Fulgent,
etc., était comme son père de la famille de Chasteigner, seigneur du Breuil-de-Challans ; il épousa, le
10 juillet 1527, Nicole Mauclerc, dame du Verger d'Apremont. De ce mariage :
1° René et
Gilles de Chasteigner, seigneur de Saint-Fulgent, et marié à Gabrielle de la Nouhe en 1555, de ce
mariage :
LES BERTRAND. — Charlotte de Chasteigner, dame de Saint-Fulgent, qui épousa, en 1579,
Christophe Bertrand2 et lui porta en dot la seigneurie de Saint-Fulgent ;
Armoiries des Chasteigner, seigneurs de Saint-Fulgent : d'argent fretté d'azur.
Christophe Bertrand, seigneur de Saint-Fulgent, était protestant. Son corps fut inhumé de force,
dans l'église de Saint-Denis-la-Chevasse, par ses coreligionnaires.
De ce mariage :
1°Jacques Bertrand, seigneur de Saint-Fulgent, et marié en 1613, à Jeanne Durcot, fille du seigneur
de la Grève, Saint-Denis-la-Chevasse, et
2° Paul Bertrand, seigneur de Saint-Fulgent, qui fut maintenu dans sa noblesse en 1667.
L'état de la noblesse du Poitou, dressé en 1663, donnait des détails historiques peu avantageux sur
ce seigneur de Saint-Fulgent :
"Le sieur Bertrand de Saint-Fulgent, âgé de 25 ans ou environ, professe la religion prétendue
réformée, en apparence, mais en réalité il ne connaît ni Dieu ni religion. Quand il est hors de vin, il
paraît aucunement raisonnable, mais il est presque toujours ivre et dans le vin. Il est capable de toutes
sortes de violences, de cruautés et de vexations. Il en a tant commis et commet tous les jours de
différentes manières dans sa terre de Saint-Fulgent et aux environs que, à bon droit, peut-on l'appeler
le tyran et le fléau de ce pays-là. Il est toujours accompagné de bohémiens ; à qui il donne retraite chez
lui pour partager leur butin. Il a encore avec lui plusieurs sergents faussaires qui font tous les jours
mille méchancetés et friponneries aux pauvres paysans, supposant de fausses dettes, de faux exploits et
de fausses sentences, en vertu desquels ils enlèvent de la maison de celui qu'ils veulent dépouiller tout
ce qui leur plaît, sans que celui qui souffre puisse ou ose se plaindre. Enfin c'est un homme contre
lequel la Providence s'écrie si généralement et si unanimement, que nous nous sentons obligé, après
avoir tiré un mémoire que nous avons du détail de ses principaux crimes, de dire qu'il est de la bonté et
de la justice que le Roi doit à ses peuples de les délivrer de ce fléau. Il ne jouit présentement que
d'environ 3000 livres de rentes ; sa mère jouissait du surplus des biens de la maison. Il est parent du
sieur marquis du Bordage."
Tous ces faits sont avérés et sont tirés d'un rapport adressé au roi par le frère du ministre Colbert.
Les Bertrand portaient : "De gueules au lion d'argent, la queue passée en sautoir."
LES GAZEAU. - La châtellenie de Saint-Fulgent passa dans la famille des Gazeau de la
Brandanière par le mariage de l'un d'eux avec Magdelaine-Victoire Bertrand, fille aînée et principale
héritière noble de René Bertrand et de Marie Loyseau. En 1720, elle fut acquise de leur fils, LouisGabriel, par un négociant de Nantes, nommé Joachim Descaseaux du Hallay, pour le prix de 122,700
livres, et, de lui, passa par alliance à un autre négociant du nom de Darquistade, son gendre, qui eut
deux fois l'honneur d'être maire de cette ville, en 1735 et 1740. Darquistade mourut en janvier 1754,
laissant des affaires fort embarrassées. Par suite, la seigneurie de Saint-Fulgent fut revendue aux
enchères, en 1769, à la requête de nombreux créanciers, pour le prix de 157,000 livres, à un troisième
négociant de Nantes, Agnan Fortin, parent des Beauharnais. Ce dernier arrentait, en 1771, à dame
2
Cette famille avait pour auteurs des gentilshommes verriers, que les Parthenay-l'Archevéque avaient installés, vers la fin du
XIVe siècle, dans leur Parc de Mouchamps, et qui de là rayonnaient sur tout le Bas-Poitou, établirent successivement des
succursales dans la forêt de la Roche-sur-Yon, à Rortheau et à Dompierre, et même jusqu'à Nantes.— DUGAST-MATIFEUX,
Echos du Bocage vendéen, 5e année, n° IV)
Marianne Payraudeau, veuve Tricoire, et à François Morlière "les maison, jardin et four banal du
bourg, fournil, emplacement et ruages en dépendant, lesquels objets composaient autrefois le châtel,
hôtel noble et préclôture de Saint-Fulgent, mouvant et relevant du marquisat de Montaigu.
(Échos du Bocage vendéen.)
Placé sur une route qui traverse le département de la Vendée et qui établit une communication
directe entre Nantes et Bordeaux, Saint-Fulgent vit tour à tour les turbulents sectaires du XVIe siècle,
les républicains, les royalistes et les guerriers de l'Empire, laisser après eux de tristes preuves de leur
passage. Telle est la suite des guerres civiles ; les générations qui suivent sont victimes des dissensions
de leurs ancêtres.
En 1565, les protestants s'emparèrent de l'église de Saint-Fulgent et la pillèrent ; la paix la rendit au
culte catholique, mais, trois ans après, le 6 avril 1568, la guerre s'étant déclarée avec une nouvelle
fureur, les calvinistes s'en rendirent maîtres et la pillèrent de nouveau ; ils y mirent le feu, mais ils ne
purent la brûler parce qu'elle était voûtée. Il paraît qu'ils réussirent à s'établir dans le bourg, et même à
y construire un temple, car Mgr de Colbert, évêque de Luçon, obtint, en 1665, un arrêt par lequel ce
temple fut fermé et détruit entièrement. On ne trouve plus maintenant aucun vestige de ces sectaires
dans toute la paroisse.
"Dans les premiers jours de mars 1793, des jeunes gens des métairies voisines des Quatre-Chemins
et de Saint-Fulgent refusent de se soumettre à la loi du recrutement. Ils se sont rassemblés au nombre
de deux cents, près du Coudrais. Ils sont armés de fourches, de bâtons et de mauvais fusils de chasse.
Un morceau de grosse toile blanche attachée au bout d'une perche leur sert d'étendard. François
Cougnon, du village du Coudrais, qu'ils ont proclamé leur capitaine, grimpe sur la tête d'un gros chêne
et leur adresse dans son patois la harangue suivante :
Tote la France va se révolter quiette net, pre abolir la République. Que qui é la qui vlant se battre
pre la Religion et le Roi se taisiant ; et que qui é la qui ne vlant pas se battre parliant.
Cette question, habilement posée, fut suivie d'un silence complet.
François Cougnon reprit : Allons, enfants, ve savez bi quo va passer de la troupe à Saint-Fulgent
pre aller à Montaigu. et ve forcer à tirer au billet ; y allons les guetter ; poil de brit, chut !
Après cette laconique harangue, François Cougnon descend de son chêne, fait charger les armes et
donnant quelques instants de recueillement pour que chaque volontaire fasse sa prière et attire la
bénédiction du ciel sur leur entreprise, il dirige sa petite troupe sur le bourg de Saint-Fulgent, en
suivant les prairies solitaires qui longent un ruisseau, et ils arrivent tous à l'aube du jour dans les prés
de Rimond, à peu de distance de Saint-Fulgent. Pour n'être pas aperçus, ils se tapissent derrière les
haies et attendent que les patriotes se présentent à leurs coups. Lorsque ces derniers sont à la
Vergnasse, à un kilomètre à peine du bourg, les jeunes gens montent sans bruit par la petite ruelle de
Rimond, prennent position sur les bords de la grande route et dans la rue Tracolette.
Le soleil se levait et les habitants de Saint-Fulgent sommeillaient encore. Les patriotes marchaient
sans défiance ; ils arrivaient au vieux calvaire et allaient tomber dans l'embuscade qui leur était tendue,
lorsque la femme Lebœuf, à opinion républicaine, aperçoit de sa fenêtre les réfractaires couchés à plat
ventre Aussitôt elle fait signe aux patriotes d'arrêter. Les jeunes gens, voyant par l'immobilité de
l'ennemi que leur piège est éventé, ont recours sur-le-champ à une autre ruse ; ils feignent de prendre
la fuite. La femme Lebœuf, trompée par ce stratagème, donne à la troupe le signal d'avancer. Les
gardes nationaux marchent alors en avant, mais quand ils sont arrivés en face de la mairie, les jeunes
gens accourent reprendre leur poste et font une décharge qui couche deux hommes sur le terrain. Les
patriotes, surpris, fuient à toutes jambes. Les jeunes gens les poursuivent aux cris de : Vive le Roi !
leur tuent deux autres hommes et ne leur donnent pas de relâche jusqu'à Saint-Vincent.
Cet engagement eut du retentissement dans la contrée et fut le prélude de plus sérieux combats.
Afin de soutenir la lutte qu'ils ont engagée, les jeunes gens se rendent à la Petite-Roussière, paroisse de
Saint-Fulgent, et à la Brunière, dans celle de Chavagnes, chez les deux frères Royrand, l'un, ancien
colonel dans un régiment de mousquetaires, et l'autre, ancien officier de marine, et, à force d'instances,
les décident à se mettre à leur tête." (DENIAU, Hist. de la Vendée.)
Le 23 septembre 1793, un an après la célèbre bataille de Torfou et la prise de Montaigu par les
Vendéens, l'armée royale, sous Charette et Lescure, se porta sur Saint-Fulgent, alors au pouvoir des
républicains. Voici le récit que M. Crétineau-Joly trace de cette affaire :
"L'armée royale arrive à Saint-Fulgent ; la nuit approchait, et, en avant du bourg, Mieskouski a
rangé ses 6,000 hommes en bataille 3.
Mais fatigué de ces insignifiants résultats, Charette prend un tambour en croupe. Il lui ordonne de
battre la charge, puis, suivi de Joly, de Savin et de quelques soldats, il pénètre dans la longue rue de
Saint-Fulgent. Une affreuse mêlée s'engage dans les ténèbres. On se fusille à bout portant, on s'égorge
à coups de baïonnettes ! Les paysans combattent avec une audacieuse bravoure, et pour eux c'était un
grand pas de fait vers l'obéissance, car, jusqu'à présent, il avait été impossible de les amener à des
attaques nocturnes ; ils avaient pour la nuit une horreur invincible. L'affaire de Saint-Fulgent les en
guérit complètement. A travers les cris des mourants et des blessés, on entend les sons aigres d'un
flageolet, c'est Rynchs, le royaliste. qui, à cheval au milieu du sang qui coule, fait entendre aux bleus,
avec la plus amère dérision, le fatal Ça ira ! dont ils reçoivent ici une bien cruelle application. Un
boulet de canon emporte la tête du cheval de Rynchs, il se relève et, assis sur une borne, il continue
son air. On entend de minute en minute la voix stridente de Charette qui excite les siens et leur
annonce la victoire. Un bataillon des volontaires de la Marne, qui s'est nommé l'invincible, meurt tout
entier. On vit, dans la chaleur du combat, les soldats des deux partis prendre des cartouches aux
mêmes caissons. Mieskouski a perdu la meilleure partie de son armée. Après huit heures de combat, il
se décide à la fuite ; Saint-Fulgent était délivré."
Outre le bataillon de volontaires de la Marne, dont il a été parlé, l'armée républicaine était
composée en grande partie de la division des Sables-d'Olonne : son artillerie était formidable, on y
voyait pour la première fois ces terribles obusiers dont l'effet était inconnu aux Vendéens : 7000 livres
en assignats furent le prix de cette victoire.
Mais l'étoile de Charette devait pâlir, quelques années après ; le général, si superbe dans son camp
de Belleville, est maintenant traqué de bois en bois ; il partage avec ses soldats les plus horribles
privations ; il lutte à chaque heure du jour contre les troupes qui le poursuivent ; il résiste aux uns,
évite les autres, puis un jour il se présente à marche forcée devant Saint-Fulgent. Les bleus y relevaient
l'arbre de la liberté ; la garnison surprise l'arme au bras n'a pas le temps de se mettre en ligne. Charette,
avec son avant-garde, pénètre dans le bourg, il brûle le peuplier, triste symbole d'une menteuse
liberté ; il ne laisse à personne le soin de veiller à la garde de l'armée, et lui-même, épuisé autant que
ses soldats, il bivouaque pendant toute la nuit sur la grande route avec quelques officiers. Mais cette
contrée était sans cesse sillonnée par les colonnes républicaines ; une d'elles arrivait de Chantonnay,
elle tombe dans la garde avancée des royalistes et engage le combat ; Charette la poursuit jusqu'aux
Quatre-Chemins. Une nouvelle colonne, partie de Montaigu, attaque Charette de nouveau ; les
royalistes sont mis en déroute et Charette, à la tête d'une dizaine d'hommes, peut à peine gagner la
forêt de Grasla4.
On a souvent nié que des secours eussent été demandés aux Anglais par les royalistes : la lettre
suivante, écrite de Saint-Fulgent, ne laissera plus la question douteuse.
"Au quartier général de Saint-Fulgent, le 8 avril 1793.
Au nom des armées catholiques et royales des Bas-Anjou et Poitou, combattant pour le
rétablissement de la foi chrétienne et de la monarchie française, salut : Prions M. le commandant du
premier port d'Espagne ou d'Angleterre de vouloir bien s'intéresser auprès des puissances espagnoles
ou anglaises, pour nous procurer, dans le plus court délai, des munitions de guerre et des forces
imposantes de troupes de ligne pour parvenir aux fins que nous nous proposons, etc., etc. Signé
Delbée, Bernard, Sapinaud. Ces papiers furent saisis à la prise de Noirmoutier."
Dans les notes de M. Alexis des Nouhes, on trouve le récit de plusieurs atrocités commises à SaintFulgent par les soldats républicains :
"Vers la fin d'août 1793, un détachement de bleus passait près du village de la Fructière ; quelques
trainards y pénétrèrent, ils entrent chez la femme Hardouin et l'égorgent avec ses cinq enfants. A
quelques pas plus loin, ils fusillent à bout portant la vieille femme Rautureau, mère d'une nombreuse
famille. Dans la maison Auneau, du même village, comme moyen plus expéditif, il renferment une
trentaine de femmes, de vieillards et d'enfants et les massacrent ; ils mettent ensuite le feu à la ferme et
continuent leurs égorgements jusqu'au moulin de Preuilly. Ce fut le terme de leurs assassinats. Deux
Vendéens les surprennent et les passent à leur tour par les armes.
3
Polonais d'origine, qui avait remplacé Boulard dans le commandement de l'armée des Sables.
Dans des mémoires manuscrits sur la Gaubretière, ce fait est attribué à un des braves de cette paroisse, M. Planchot, par
Rangeard, un soldat vendéen qui connaissait bien son compatriote, et qui ne pouvait être trompé sur sa personnalité.
4
Un autre jour des gardes nationaux de la Saintonge, dits Carmagnoles, à raison de la forme de leurs
vestes, massacrent au village de Levandière, aussi en Saint-Fulgent, et sous les yeux de leurs chefs,
plusieurs membres de la famille Auneau, et incendient leur maisonnette. En 1823, M. d'Orfeuille, curé
de Saint-Fulgent, reçut d'un curé de la Saintonge une somme de 600 francs destinée aux héritiers du
propriétaire de la bicoque. C'était la réparation in articula mortis de l'incendie et du dommage causés
par le fait de l'ex-officier qui avait commandé les Saintongeois.
A propos de la Fructière, rappelons un trait de sublime charité :
SERVEAU, volontaire de Limoges, en 1794, avait fait partie d'une colonne incendiaire. Il avait mis
le feu au village de la Fructière et y avait massacré des femmes et des vieillards. Parmi ces victimes se
trouvait la femme Moreau. Vieux et pauvre, Serveau vint mendier dans les fermes qu'il avait livrées
aux flammes et où il fit couler tant de sang. Au lieu de le repousser et de le regarder avec horreur, les
paysans l'assistèrent avec la plus grande commisération, lui procurèrent un refuge et lui achetèrent
même un petit mobilier. Épris du désir de revoir son pays, Serveau vendit tout ce qu'on lui avait payé.
Ses voisins lui donnèrent encore une somme d'argent pour les frais de son voyage. Serveau avait
promis de ne plus paraître au pays. Malgré ses promesses, il y revint encore. En 1858, âgé presque de
cent ans et devenu malade, il fut reçu à la Fructière chez le fils de la femme Moreau qu'il avait
égorgée, et fut traité avec le plus grand soin par ce généreux vendéen jusqu'à son dernier soupir. Celuici s'empressa surtout de lui faire administrer les derniers sacrements par M. Béthuis, curé de SaintFulgent.
Saint-Fulgent a fourni plusieurs intrépides soldats aux armées catholiques et royales :
BODIN a pris part à cinquante combats. Il fit avec Charette la fameuse campagne d'hiver.
Louis BORDRON, contribua à la prise de deux canons, à la Guérinière ; il assista à soixante combats
et fit la campagne de 1815. Il était accompagné de ses trois frères.
Jacques AUNEAU fut surpris près de Vendrennes par les hussards qui lui assénèrent dix-sept coups
de sabre sur la tête, les épaules, le corps, et un à travers la poitrine. Malgré toutes ces blessures, il eut
encore la force de se rendre à la Ménardière, métairie voisine.
Louis ROBIN fut aussi très brave mais cruel ; un jour il jeta dans un feu de bivouac deux soldats
qu'il trouva endormis près du brasier, Mais s'il était méchant, il était aussi rusé. En 1833, il fut accusé
d'avoir répandu une brochure diffamatoire contre le gouvernement de Louis-Philippe ; le gendarme
Roquet vint pour l'arrêter. Robin, le toisant d'un air furibond lui dit : Oh ! Monsieur, vous voulez
m'affiner, je vois ben ; oui, je le connais le Monsieur qui m'a donné ce livre, qu'on me fasse paraître
au tribunal, je le ferai connaitre. — Eh bien ! mon ami, dites-le moi de suite et je vous laisserai
tranquille, autrement je vous emmène en prison. — Eh bien ! Monsieur, c'est vous qui me l'avez donné,
vous étiez en bourgeois, mais je vous reconnais bien, emmenez-moi, je soutiendrais partout que c'est
vous qui avez été l'agent provocateur. Le gendarme, déconcerté, se retira."
LUSSON, aubergiste-à Saint-Fulgent était capitaine sous M. de Royrand de la Roussière, dès les
débuts de l'insurrection vendéenne. Quand le rassemblement se forma pour marcher sur Chantonnay,
ce Lusson arrivait des environs de Challans, où, disait-on, un nommé Gaston, perruquier, avait soulevé
le pays. Il se fâcha et soutint que ce prétendu Gaston n'avait jamais existé, mais que le soulèvement
était son œuvre personnelle5. (Souvenirs Vendéens, par Amédée de Béjarry.)
Son frère René-Charles Lusson, vicaire de Saint-Georges, était aumônier de la division de Royrand.
M. de la Boutetière lui attribue le chant militaire vendéen, appelé la Contre-Marseillaise.
Au mois de novembre 1793, les maisons d'arrêts de Fontenay étaient encombrées de prisonniers.
Le tribunal criminel du département, conformément à la loi du 19 mars, condamnait à mort, entre
autres victimes, Pierre Enfran, laboureur de Saint-Fulgent, âgé de 45 ans, pour être livré dans les 24
heures au vengeur national. Le 28 décembre suivant, le nommé René Rigaudeau, tailleur, aussi de
Saint-Fulgent, également condamné à mort, non par le tribunal criminel mais par la Commission
militaire établie par Lequinio, était fusillé dans les 24 heures.
L'histoire de l'instruction primaire en France ne date pas d'hier. Chaque jour des travaux
intéressants6 font ressortir les longs et fructueux efforts par lesquels l'Église en avait poursuivi et
5
D'après les différents historiens de la Vendée, le perruquier Gaston, après avoir soulevé plusieurs paroisses aux environs de
Challans, fut attaqué, dans les jours suivants, par une colonne républicaine, près du bourg de Saint-Gervais, où il aurait été
tué.
6
Voir dans le Polybiblion, tomes X, XI et XIII, l'indication de ces travaux.
assuré le développement, soit en faisant, soit en inspirant des fondations d'écoles dont la surveillance
et la direction l'occupaient sans cesse. Aussi, peut-on aujourd'hui affirmer avec certitude qu'il n'y
avait aucune nouveauté dans le langage de cette fondatrice d'une école à Saint-Fulgent en 1771,
quand elle disait vouloir "faire instruire gratis toutes les jeunes filles de la paroisse qui n'auraient pas
moyen de payer pension ni rétribution, et qu'on eût pour elles les mêmes attentions que pour les plus
riches."
Cette bienfaitrice insigne de la paroisse fut damoiselle Renée Françoise de Chevigné, de la maison
de la Grassière, en Chavagnes. L'acte de fondation, que nous reportons en appendice, à la fin de cette
chronique paroissiale, est du 29 septembre 1771, au rapport des notaires royaux de Saint-Fulgent7.
Plusieurs personnages importants passèrent à diverses époques à Saint-Fulgent :
Le 25 mai 1777, le Comte d'Artois, se rendant de Bretagne à la Rochelle, dîna à Saint-Fulgent et fut
coucher à Niort.
En 1808, Napoléon et Joséphine traversèrent Saint-Fulgent où il fut harangué par M. de Tinguy,
maire de la commune, qui lui rappela un dîner militaire dans la ville de Metz où ils s'étaient trouvés
ensemble. Ce souvenir de la première jeunesse de l'Empereur l'intéressa, il prit la main de M. de
Tinguy et la serra affectueusement. Sur la demande de M. Guérineau, alors curé de Saint-Fulgent,
Napoléon promit l'assurance d'un secours pour l'entretien de l'église ; et le 21 septembre de cette même
année 1808, un décret impérial accorda à la fabrique une somme de 4,000 livres qui furent employées
à la construction d'un retable et d'un autel en marbre.
Les pauvres de Saint-Fulgent étaient assistés, avant la Révolution, par la confrérie des Dames de la
Charité, car un compte-rendu de la chambre ecclésiastique du diocèse de Luçon indique qu'elle payait
à la Charité établie à Saint-Fulgent une somme annuelle de 600 livres. Cette même confrérie avait
contribué aux réparations de l'église en 1789 pour la somme de 151 livres 75.
Un second décret impérial de 1808, daté du même jour, attribua à la commune, pour l'entretien
d'un hôpital, dirige par les Religieuses de Chavagnes, les revenus du domaine national de la
Javelière, mais l'hospice ne tarda pas être privé des dits revenus8.
Le plus ancien établissement religieux de Saint-Fulgent paraît avoir été un prieuré. Dom
Fonteneau, dans le pouillé qu'il a donné du diocèse de Luçon, au XVIIe siècle, indique ce prieuré
comme dépendant de l'abbaye de Saint-Jouin-sur-Marne et d'un revenu de 400 livres. Ce qui prouve
que le titulaire était curé primitif, c'est le droit qu'il avait conservé de célébrer l'office aux fêtes
annuelles et du patron.
La cure était aussi à la nomination de l'abbé de Saint-Jouin. Le revenu se montait à 400 livres et on
y comptait 1000 communiants. On trouve aussi mentionné le prieuré de Sainte-Catherine de
Loizelière, dépendant de l'abbaye de la Grenetière, de l'O. S. B. Il fut réuni plus tard au séminaire de
Luçon. Revenu, 800 livres. Une messe par semaine.
7
Il est à remarquer que ce fut une demoiselle de Chevigné que le chanoine-théologal, André de Beauregard, préposa à la
direction du pensionnat des jeunes demoiselles de la noblesse bas-poitevine fondé par lui, â Luçon, quelques années plus tard,
sous le nom du Petit-Saint-Cyr.
8
Lorsque M. Lebédesque fut nommé, en 1805, à la cure de Chavagnes pour succéder au Père Baudouin, "il laissait à SaintFulgent un monument de son zèle : plein de sollicitude pour l'instruction de la jeunesse et pour le soin des malades, il avait
obtenu de son saint ami des religieuses de sa congrégation naissante, pour instruire les jeunes personnes, et en même temps
pour tenir un petit hôpital ; c'est le premier établissement que la société ait fondé." (Vie du R. P. Louis-Marie Baudouin, p.
106.).
Le R. Père Baudouin choisit, pour mettre à la tête de ce couvent, une religieuse déjà âgée dont il appréciait depuis longtemps
la vertu et l'expérience ; c'était une ancienne bénédictine du Prieuré de Sainte-Croix des Sables où elle avait été plusieurs
années maîtresse des novices. La mère Marie-Benoîte Jannet de la Bauduére, religieuse professe, dès le 29 décembre 1768,
confessa généreusement la foi pendant la Révolution : expulsée de son cher Prieuré avec ses compagnes, à la fin de
septembre 1792, elle chercha d'abord un asile dans sa famille, à la maison noble de la Bauduère, en Olonne, puis se réunit à
un groupe de sa communauté chez une respectable veuve, à l'île d'Olonne. Sous la Terreur, ces dignes filles de Sainte
Radégonde furent dénoncées, à cause de leurs vertus, au comité de surveillance révolutionnaire, et jetées en prison aux
Sables. Madame Marie-Benoite Jannet allait être embarquée avec quelques-unes de ses sœurs pour la sinistre geôle
départementale, l'Ile de la Montagne (Noirmoutier) où fonctionnait l'implacable commission Félix, quand une maladie la mit
à toute extrémité et l'exempta de faire partie du redouté voyage. Elle fut l'une des âmes d'élite que le Père Baudouin dirigea
dans les voies de la perfection, lorsque, revenu de l'exil, il se tenait caché aux Sables. Aussi, dès que le vénérable prêtre eut
fondé sa congrégation à Chavagnes, notre ancienne bénédictine, amie de la mère Saint-Benoist, s'empressa-t-elle de s'y faire
agréger. On trouve son nom sur les registres de la Communauté dès 1803. Madame Marie-Benoite Jannet de la Bauduère, en
religion, mère Marie-Bernard, est décédée à Saint-Fulgent, le 13 février1810.
L'église, sous le patronage de saint Fulgence, évêque de Ruspe, en Afrique, est petite, mais
régulière. Cet édifice, ainsi que nous l'avons dit, fut incendié, pillé dans les guerres de religion. En
1793, il -devint la proie des flammes et le presbytère subit le même sort ; l'un et l'autre furent vendus
nationalement, puis rachetés par les habitants et restaurés à leurs frais.
La voûte du chœur et de la partie de la nef qui soutient le clocher semble n'avoir point souffert de
l'incendie ; elle est en pierres et du style ogival. Les arcades, soutenues par des piliers cylindriques,
avec des chapiteaux à figures fantastiques, les fenêtres longues et étroites, font remonter sa
construction au XIIe ou XIIIe siècle. Deux chapelles sont sous l'invocation de la sainte Vierge et de
saint Joseph9.
Le presbytère est joint à la partie nord de l'église. Un jardin et une prairie de 80 ares ensemble,
forment ses dépendances10.
ÉTAT NOMINATIF DES CURÉS ET VICAIRES
DE LA PAROISSE DE SAINT-FULGENT
1593 — 1622. — Messire Jacques GIRARDEAU, curé.
1620 — 1640. — Pierre Rochard, vicaire.
1638 — 1644. — Messire Gilles Praud, vicaire.
1640 — 1671. — Pierre BOUDAULD, curé. Un prêtre du nom de Jacques Boudauld, parent du curé, est
employé au ministère paroissial, depuis 1640 jusqu'en 1648.
1648 — 1653. — Blanchard, vicaire.
1665 — Ambroise Gingant, vicaire de juillet à octobre.
1665 — 1666. — Bordelet, vicaire.
1667 — 1670. — De la Roche, vicaire.
1672 — 1679. — Philippe COQUIS, curé.
1679 — Jean-Baptiste MADELINE, curé.
1679 — Eustache Madeline, vicaire pendant quelques mois, devient Prieur de Chauché.
1689 — 1707. — Jacques THOUMAZEAU, né à Saint-Fulgent, et inhumé dans l'église, âgé de 40 ans.
1690 — 1704. — Alexis MORINEAU, curé, puis curé d'Aizenay.
1700 — 1702. — Laporte, vicaire.
1703 — Tyreau, vicaire pendant deux mois.
1703
Renaud, vicaire pendant deux mois.
1703 — Blaise Fabre, vicaire.
1704 — Blaise FABRE, curé.
9
"1857. — L'église actuelle est l'œuvre de M. Béthuis qui confia à M. Segrestain, l'habile architecte de Niort, le soin d'en
dresser le plan. Les travaux ont été exécutés par les frères Siraudeau, entrepreneurs, de Pouzauges.
Cet édifice, à trois nefs, construit en granit, d'un style très sobre, mais très correct, du XIIIe siècle, est surtout remarquable, à
l'extérieur, par la riche et vaste rosace qui décore la façade, et, à l'intérieur, par l'élévation des voûtes et l'élégance des piliers
aux colonnettes accouplées, ayant pour base un simple socle peu élevé au-dessus du sol.
La générosité des paroissiens, stimulés par le zèle actif de M. l'abbé Léonce Rousteau, vicaire de M. Béthuis, permit de
commencer cette construction dont les frais coûteux absorberont longtemps les faibles ressources de la Fabrique. La première
pierre de l'église fut bénite et posée par Mgr Delamare, le 5 mai 1857. Trente ans après, le 5 mai 1887, Mgr Catteau, entouré
d'un nombreux clergé, venait consacrer cette église, complétée à l'intérieur par l'érection d'un magnifique autel en marbre
blanc, don de la famille Guédon et œuvre de MM. Charron et Beausoleil, de Poitiers.
Il ne reste plus pour terminer ce grand travail qu'à couronner le clocher par une flèche qui soit en harmonie avec le reste de la
construction et digne de recevoir les quatre belles cloches récemment bénites. C'est le projet et le devoir du Conseil
municipal, désireux d'achever l'œuvre commencée et continuée uniquement aux frais de la Fabrique.
10
1875. — "La vieille maison servant de cure ayant été renversée pour faire place aux murs de l'église, M. Béthuis se réfugia
dans un local d'emprunt, laissant à son successeur la charge de pourvoir à la construction du nouveau presbytère. Ce
presbytère, édifié par M. Guillerot, architecte à la Roche-sur-Yon, est une habitation très convenable ; son ampleur et le
caractère austère et régulier de ses lignes de granit, le rendent digne de figurer avec honneur comme dépendance de l'église
auprès de laquelle elle est placée". (Notes de M. l'abbé J.Guérin, curé-doyen de Saint-Fulgent.)
1704 — Visite de messire Du Puy, archidiacre d'Aizenay.
1706 — Mission donnée par cinq Religieux de Beaulieu-sur-Mareuil.
1708 — Douteau, vicaire pendant six mois.
1708 — Jean Billot, vicaire jusqu'en 1709.
1709 — 1713 — Messire Jean BILLOT, curé, inhumé dans l'église.
1709 — 1711 — Bouquié, vicaire.
1712 — Rousseau, vicaire.
1713 — Rayé, vicaire.
1713 — 1730 — Jacques BENOIST, sieur de la Caillaudière , curé, inhumé dans l'église, âgé de 46 ans.
1728 — 1733 — Mesnardeau, vicaire.
1730 — 1739 — Messire Pierre GUESDON, curé, ancien vicaire d'Aizenay, inhumé dans l'église, âgé
de 47 ans.
1733 — Rondel, vicaire pendant quatre mois.
Jacques Gilbert, vicaire jusqu'en 1739.
1739 — 1773. — Jacques GILBERT, curé, mort à l'âge de 64 ans.
1739 — 1745. — Jacques Bouquart, vicaire, inhumé dans l'église, en la chapelle de SaintCôme.
1745 1751 — François Thivier, vicaire, prêtre originaire de Nantes, inhumé dans le
cimetière, près de la croix.
1752. — Bénédiction de la petite cloche par Messire Antoine Anneau, curé de
Vendrennes. Elle a été nommée Jacques, par Messire Jacques Gilbert, curé de ce lieu,
au défaut de M. Henri d'Arquistade de Saint-Fulgent, conseiller au Parlement, et de
dame Henriette de Barguémault, marquise de Férolle, autrefois dame de cette paroisse.
Cette cloche a été refondue en 1768 et on en a fait la grosse cloche11.
1753 — 1758. — J. Landais, vicaire.
1758 — Samuel-Mathurin Gilbert, vicaire jusqu'en 1760, frère du curé, devient chapelain
de Mesnard, curé de la Rabatelière, vicaire de Saint-Fulgent et curé de Saint-Fulgent.
1761 — 1762. — Forestier, vicaire.
1762 — 1766. — Jacques Bourasseau, vicaire, nommé curé de Saligny.
1766 — Blanchard, vicaire.
1767 — 1773. — Pierre Pauleau, vicaire.
1773 — 1782. — Pierre PAULEAU, curé, mort à l'âge de 49 ans.
1774. — Samuel-Mathurin Gilbert, vicaire jusqu'en 1782, pour la deuxième fois.
1782 — 1789. — Samuel-Mathurin GILBERT, curé, mort à l'âge de 66 ans. Verse entre les mains du
syndic du diocèse une somme de 7500 livres pour fonder une rente de 300 livres, au
profit de l'école de charité établie par Mlle de Chevigné de la Martelière, dans la maison
donnée par elle à Saint-Fulgent.
1783 — 1784. Mitrecey, vicaire, puis vicaire aux Brouzils, et, au moment de la Révolution, curé de
la Grolle.
1784 — 1785. — Champain, vicaire.
1786 — Bouche, vicaire.
1786
Brillaud, vicaire jusqu'en 1801. Refuse le serment constitutionnel, en pleine
église ; reste caché dans la paroisse où il continue d'exercer le saint ministère pendant
la tourmente révolutionnaire. Il fut nommé curé de Chauché en 1801.
1789 — 1790. — René LIMOUSIN, curé.
1790 — 1791. — Jean-Louis GOURDON, curé. Né à la Roche-sur-Yon, refuse le serment constitutionnel, avant la grand'messe, ainsi que son vicaire Brillaud.
1791 — 1792. — Jean-Baptiste BAUDRY, curé intrus. Ancien vicaire de la Pommeraye, fut fait prison-
11
Refondue en 1809, elle fut baptisée Fulgence, par M. Guy-Auguste Fortin, sous-préfet, et dame Louise-Henriette de Buor
de Tinguy, M Guérineau étant curé de cette paroisse, et M. Pierre-Alexandre de Tinguy, maire.
Cassée en 1888, cette cloche, dont l'existence a été si mouvementée, va être prochainement refondue, avec la petite, qui date
de 1822, et eut pour parrain et marraine, M. Charles-Henri de Sapineau, lieutenant-général des armées du Roi, et Mlle
Léontine de Buor ; Marie-Simon-Jude d'Orfeuille étant curé, et Pierre-Alexandre-Benjamin de Tinguy, chevalier de SaintLouis, maire.
(M. Jos. BERTHELÉ, Revue du Bas-Poitou, 1889.)
nier par les Vendéens, le 10 mars 1793.
1794. — M. Pierre-Hubert MARION, curé de Saint-Jacques de Montaigu, remplit les fonctions du saint
ministère pendant quelques semaines.
1802 — 1805. — Germain LEBEDESQUE, curé. Accepte la cure de Chavagnes-en-Paillers, sur la demande du vénérable M. Baudoin, auquel il succède.
1805 — 1810. — Jean-Jacques GUÉRINEAU, curé. Nommé curé de Challans, puis archiprêtre de
Bourbon-Vendée.
1810 — 1813. — René GUERY, curé. Inhumé dans le nouveau cimetière.
1813. — Antoine CHAMOUSSET, prêtre, faisant l'intérim devient curé des Essarts.
1813 — 1822. — Marie-Anne-Simon-Jude-Jean D'ORFEUILLE, curé ; mort chanoine de Luçon.
1821 — 1823. — Henri Laurent, vicaire, nommé curé des Epesses, puis du Fenouillé.
1823. — JOUET, curé, nommé directeur au grand Séminaire de Luçon.
1823 — 1869. — François BETHUIS, curé, né à la Garnache, précédemment vicaire de Noirmoutier ;
fonde un bureau de charité paroissial (1825) sous le haut patronage de la duchesse de
Berry et entreprend la construction de l'église.
1831. — Bousseau, vicaire.
1832. — Desnoyers, vicaire, nommé curé de Saint-Sulpice-en-Pareds où il est mort.
1833.
Charles Soyer, vicaire, neveu de Mgr Soyer, dont il devint le vicaire général,
puis doyen du chapitre.
1834. — Pierre Briau, vicaire, nommé curé des Epesses où il est mort.
1836. — Pierre Rautureau, vicaire, nommé curé de Thouarsais-Bouildroux.
1839. — Pierre Chauvin, vicaire, nommé curé à Saint-André-Goule-d'Oie, à SaintPhilbert-de-Bouaine et à Bazoges-en-Pareds, où il est décédé.
1843. — Lusseau, vicaire.
1847. — Edouard Durand, vicaire, nommé curé à Saint-Benoist et à Saint-Maurice-leGirard.
1851. — Léonce Rousteau, vicaire, nommé curé à Longèves.
1858. — Pierre Auvinet, nommé curé au Talud-Sainte-Gemme.
1869. — Jean GUÉRIN, curé, né à Nantes, précédemment vicaire et curé à Mouilleron-en-Pareds.
1869. — Lucien Carteau, vicaire, nommé curé aux Magnils.
1876. — Jean-Baptiste Godet, vicaire.
1878. — Henri Boudeau, vicaire.
1884. — Anatole Albert, vicaire.
1886. — Clément Boutin, vicaire.
1890. — Charles Barraud, vicaire.
(Liste communiquée par M. le curé-doyen de Saint-Fulgent.)
Le bourg de Saint-Fulgent avait demandé l'établissement de plusieurs nouvelles foires ; le Conseil
général, session 1840, les a sagement refusées. Les foires, en effet, sont si multipliées dans notre
département, qu'elles deviennent plutôt nuisibles qu'avantageuses. Se succédant rapidement elles se
nuisent les unes les autres, et les bonnes mœurs et la civilisation bien entendue ne doivent point désirer
ces auxiliaires.
Avant de quitter Saint-Fulgent nous visiterons le château de Puy-Greffier en ruines. A 400 mètres
du bourg, presqu'au milieu des bois, on trouve les restes de ce manoir féodal. Si l'on s'en rapporte au
témoignage des anciens, ce château ne doit point à la Révolution son état actuel, mais aux guerres de
religion ou mieux aux ordres du cardinal Richelieu, qui ne crut pas avoir de meilleurs moyens pour
réduire les chefs du calvinisme qu'en ruinant leurs châteaux, lieu ordinaire de leurs rassemblements.
Les murs de ce castel quoique menaçant de crouler de toutes parts, tiennent encore debout tant est
dur le ciment avec lequel ils sont construits. A en juger par les caractères d'architecture qu'on y
découvre, on ferait remonter la construction vers la fin du XIVe siècle. Chaque porte est ogivale et
couronnée d'un fronton ; à chaque côté on voit deux et quelques fois quatre pilastres, dont les
chapiteaux sont ornés de feuilles frisées. Les fenêtres sont divisées par des meneaux, On montre
encore aux voyageurs une tour construite en briques, d’une élévation de trente mètres ; on y monte par
un escalier tournant très bien conservé. C'est un ouvrage moderne qui n'a rien de remarquable que sa
petitesse et le peu de place qu'il occupe ; il devait être commode et très solidement bâti malgré sa
légèreté. Le château de Puy-Greffier possédait une chapelle à la nomination du seigneur de cette terre.
Le titulaire jouissait d'un revenu de 150 livres, et il était obligé à deux messes par semaine.
Le site qui entoure Puy-Greffier mérite d'attirer les regards du paysagiste. Ce lac qui baigne le
coteau où s'élevait le château, les collines couvertes de bois qui l'entourent de tous côtés ; au nord, la
jetée du moulin qui anime le tableau, en font le plus gracieux point de vue. Mais ce site dans la
Vendée n'est autre chose qu'un arbre de plus dans une vaste forêt, c'est un joli paysage au milieu d'un
vaste panorama.
Le château de Puy-Greffier était habité, en l'an 1567, par le seigneur Taneguy du Bouchet, seigneur
de Saint-Cyr et baron de Poirou. Vers cette époque, ce seigneur ayant avec lui Soubise, l'Anguiller,
Landreau et autres chefs calvinistes de la Saintonge et du Poitou, se mit en campagne contre les
catholiques, à la tête de dix-huit cornettes de cavalerie et de quatre régiments ; ils se rendirent maîtres
du Dorat en Limousin, ainsi que de Lusignan et autres petites villes.
En 1569, ce seigneur perdit la vie à la bataille qui se donna dans la plaine de Coron, près
Moncontour, entre l'armée-catholique commandée par le duc d'Anjou et l'armée protestante, sous les
ordres de Gaspard de Coligny.
Dès l'année 1411, la terre de Puy-Greffier appartenait à Nicolas Bouchet, seigneur de Saint-Cyr et
de Puy-Greffier, Sainte-Gemme. Cette famille finit même par se nommer du Bouchet-Puy-Greffier,
elle joua un rôle important dans les guerres civiles du XVIe siècle et fut un des principaux soutiens du
parti protestant dans nos contrées. (Voir la notice sur Saint-Cyr.)
En 1599, la partie du domaine de Puy-Greffier qui touche au bourg de Saint-Fulgent fut vendue par
Daniel de Puy-Greffier. On croit que c'est le dernier seigneur qui ait résidé dans cette terre.
Armoiries : d'argent à deux .fasces de sable.
Entre les seigneurs et les paysans de l'ancienne Vendée, il y avait habituellement corrélation de
bienveillance de dévouement et d'intérêt. Le fait suivant le prouve :
Jean Bossard, fermier à Puy-Greffier, en Saint-Fulgent, était le type du bon paysan vendéen.
Lorsque M. de Pons, son maître, lui rendait visite, il lui présentait ses nombreux enfants. Il lui
montrait avec confiance ses greniers chargés de grains et les autres produits de sa métairie. Bossard
était très charitable, Dieu le bénissait. Un jour M. de Pons, émerveillé de l'abondance de ses récoltes,
lui dit : "Mais, Bossard, est-ce que vous ne craignez pas que je vous renchérisse votre ferme ? — Mon
maître, vous en êtes le maître, mais je crois n'avoir pas de meilleur ami que vous, et je n'ai point peur
de ça. — Vous avez raison, dit M. de Pons, en souriant ; tant que je vivrai vous ne serez point
renchéri." Il tint parole.
(Notes manuscrites de M. Alexis des Nouhes.)
APPENDICE
ACTE DE FONDATION
D'UNE ÉCOLE DE FILLES A SAINT-FULGENT
par Mademoiselle Chevigné de la Martellière
- 1771 -
Par devant nous notaires royaux de la Sénéchaussée de Poitiers s'est comparue en sa personne,
établie en droit et duement soumise, damoiselle Renée Françoise de Chevigné de la Martellière, fille
majeure ; demeurante au bourg de Saint-Fulgent, d'une et d'autre part, laquelle dite damoiselle de
Chevigné considérant en elle la brièveté de cette vie temporelle, reconnaissant en même temps qu'il
n'y a rien de plus juste et de plus raisonnable que de rendre à Dieu les biens et facultés qu'il a plu à sa
divine Majesté lui donner en ce bas monde, qu'elle ne peut mieux faire connaitre ses intentions qu'en
les remettant és mains de celles qui se soumettent à son service et se sacrifient pour instruire la
jeunesse et surtout les jeunes filles des principes de leur religion et de leurs devoirs : c'est dans cette
idée qu'elle a conçu une sincère intention et bienveillance pour l'établissement d'une école des filles
du bourg de Saint-Fulgent, sous le titre de la présentation de la sainte Vierge au temple, et pour
causes et considérations particulières qu'elle ne croit pas devoir déclarer à personne, parce que c'est
de son propre mouvement, sans force, induction et crainte, qu'elle a résolu l’exécution des présentes.
En conséquence a volontairement donné, aumôné, donne et aumône irrévocablement à toujours par
donation entre vifs, et en la meilleure forme que faire se peut et qu'elle désire être pour la validité des
présentes, pour le logement et entretien d'une école des jeunes filles du bourg et paroisse dud. SaintFulgent et surtout pour celles qui n'auront pas le moyen de se faire instruire, et pour la nourriture et
entretien de la régente qui exercera et tiendra la dite école, à perpétuité : Premièrement une maison
par elle acquise au bourg dud. Saint-Fulgent du nommé Robert et Goineau sa femme, tenant d'un bout
à la cohue où grande rue dud. Saint-Fulgent, d'autre bout à la rue de Saint-Jean, d'un côté à la
maison de Jean Hurtaud, venelle mitoyenne entre deux, et d'autre côté à celle des héritiers
Thoumazeau de la Grange, petite venelle jusqu'à la moitié ou environ entre deux, el le surplus séparé
par un mur mitoyen ; plus la maison, cour et jardin au-devant, où fait actuellement sa demeure la
damoiselle de Chevigné, consistant en chambres basses et hautes, boulangerie et four à cuire pain,
tenant d'une part le tout au jardin de François Briand, d'autre au pré de la fuye du seigneur de SaintFulgent, haies entre deux dépendant dud. jardin, d'autre à la terre des enfants de Pierre Arnaudeau, et
d'autre au chemin qui conduit du bourg de Saint-Fulgent à la prée du Plessis Richard ; tous les quels
domaines sont acquêts faits par icelle damoiselle de Chevigné, laquelle donne comme dessus et pour
les mêmes causes et considérations tous les autres acquêts si aucuns ont été par elle faits jusqu'à ce
jour et qu'elle pourra faire dans la suite jusqu'au jour de son décès. Comme aussi elle donne et lègue
comme dessus, pour les mêmes causes et raisons, le tiers et tierce partie de tous ses biens fonds et
anciens propres, qu'elle a et aura au jour de son dit décès en quelques lieux et endroits qu'ils puissent
être assis et situés, pour de tous les dits domaines tant anciens propres que d'acquêts, après le décès
de la d. damoiselle de Chevigné, jouir par lad. régente et par une autre fille qui sera par elle choisie
pour avoir soin de l'entretien des autels de l'église dud. Saint-Fulgent et des pauvres malades du
bourg et paroisse autant qu'elle le pourra, ainsi et comme lad. damoiselle de Chevigné aura fait
jusqu'à son décès et qu'elle le pouvait et était en droit de faire ; sans pouvoir de la part de lad. régente
en vendre ni altérer aucunes parties, parce que le tout fera corps et partie de ladite fondation à
toujours pour en jouir par lad. régente et la fille qu'elle se sera choisie, ainsi que les régentes qui lui
succéderont, comme usufruitier est tenu de droit et à la charge d'entretenir les maisons et bâtiments
dépendant de la présente donation de toutes réparations locatives, même des grosses réparations sans
exception, et de payer par chacun an les cens, rentes, charges et devoirs seigneuriaux et féodaux,
même les secondes foncières si aucunes sont dues sur les biens de la présente donation et- fondation et
d'en faire les certes et obéissances tant au seigneur de Saint-Fulgent qu'autres si aucuns sont.
Pareillement donne et aumône comme dessus lad. damoiselle de Chevigné, toujours pour les mêmes
vues et considérations que dessus et même fait, tous ses meubles et effets morts et vifs, tels qu'ils soient
et puissent être, qu'elle a et aura à son décès, sans aucune réserve, lesquels meubles resteront
toujours en la maison où se tiendra lad. école au d. bourg de Saint-Fulgent, et desquels, sera fait
inventaire- après son décès pour en constater la nature et Valeur pour rester à perpétuité en la susd.
maison- et servir à chaque régente successivement et à la fille qu'elles se choisiront, de tous lesquels
meubles et effets, acquêts et conquêts immeubles et du tiers et tierce partie de ses propres domaines et
héritage la d. damoiselle de Chevigné s'est dévêtue et dessaisie dès à présent et à toujours de la
propriété, seigneurie, possession corporelle et actuelle qu'elle en a et pourra avoir au jour de son
décès pour et au profit de lad. école des filles et régentes qui la tiendront après et de la fille que
chaque régente se choisira, nous dits notaires stipulant et acceptant pour elles, et du tout a mis en
possession, vêtu et saisi icelles dites régentes et filles pour en jouir aux charges susdites, toutefois
après lad. damoiselle- de Chevigné qui s'en réserve l'usufruit et jouissance pendant son vivant
seulement et qui au surplus se nomme première régente de lad, école sous le bon plaisir et agrément
de Monseigneur l'Évêque de Luçon, qu'elle supplie très-humblement d'agréer et approuver la présenté
fondation et établissement et d'accorder après le décès de lad, damoiselle de Chevigné des
mandements- aux dites régentes qui lui succèderont qui seront agréées et choisies par M. le curé de
Saint-Fulgent, qui cependant ne pourront être autres que des filles de la famille de lad. damoiselle de
Chevigné de la Grassière et sorties dud. lieu de la Grassière, autant qu'il y en aura de capables et qui
se présenteront pour tenir lad. école des jeunes filles et qu'elles voudront bien en accepter la charge,
de sorte que la préférence sera toujours donnée à perpétuité auxd. filles de Chevigné de la Grassiére
et que ce ne sera que sur leur refus qu'il sera nommé une autre régente. En considération de la
présente fondation lad. damoiselle de Chevigné veut et entend que les filles de sa famille et du nom de
Chevigné de la Grassière soient reçues à lad. école et instruites gratis pourvu qu'elles puissent se
rendre le matin et retourner le soir chez elles, ainsi que toutes les jeunes filles du bourg et paroisse de
Saint-Fulgent qui n'auront pas moyen de payer pension ni rétribution et qu'on ait pour elles les mêmes
attentions que pour les plus riches. Déclarant lad. damoiselle de Chevigné que les domaines par elle
donnés sont quant à présent quittes de toutes charges et rentes, de revenu annuel de la somme de
quatre-vingts livres et les meubles de cent livres une fois payé, à la charge à elle pour la validité de la
présente fondation et donation de la faire homologuer en Parlement et d'obtenir si besoin est les
lettres patentes à ce nécessaires. Et pour l'entière exécution des présentes elle a obligé, affecté et
hypothéqué par hypothèque de ce jour tous et chacun ses biens meubles et immeubles présents et
futurs généralement quelconques. Dont de son consentement, volonté et requête nous dits notaires
soussignés les avons jugés et condamnés du. jugement et condamnation de notre d. cour royale au
pouvoir et juridiction de laquelle elle s'est soumise et ses biens y obligés. Fait et passé au bourg de
Saint-Fulgent en la demeure de la d. damoiselle de Chevigné par moi Frappier l'un de nous, ce
jourd'hui 27 septembre 1771. Lecture à elle faite a signé (signé en la minute) Renée Françoise de
Chevigné de la Martellière, Boisson le je, notaire royal, et Frappier, notaire royal pr registre.
Contrôlé a Saint-Fulgent le 29 septembre 1771 et insinué. Reçu 13 fr. Insinué, suivant le tarif reçu
65 fr., en tout 78 fr. Sous la réserve de plus grands droits si aucuns sont.
(Signé) Thoumazeau.
Copie du temps dans les papiers de M. Filleau, procureur général au Conseil supérieur de Poitiers (lors de
la suppression du Parlement), appartenant à son petit-fils M. Beauchel-Filleau.

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