La Bastille ou « l`enfer des vivants
Transcription
La Bastille ou « l`enfer des vivants
La Bastille ou «l’enfer des vivants» Dossier de presse Sommaire Communiqué de presse 3 Informations pratiques 4 Iconographie 5 Présentation 8 Parcours de l’exposition 10 Publication 18 Autour de l’exposition 19 Communiqué de presse La Bastille ou « l’enfer des vivants » Au-delà du mythe, que fut réellement la Bastille ? L’exposition présentée à la Bibliothèque de l’Arsenal raconte l’histoire de la prison, du règne de Louis XIV jusqu’à la Révolution française. De nombreuses pièces d’archives, dossiers de police, registres de la prison, écrits de prisonniers illustres ou inconnus, dessins, estampes et objets dévoilent les causes et les réalités de l’embastillement sous la monarchie absolue. Les affaires célèbres sont évoquées, mais surtout sont mis en lumière les rouages de la société d’Ancien Régime, soumise à la justice extraordinaire, celle du secret et de la lettre de cachet. Pour Bruno Racine, président de la Bibliothèque nationale de France, « c’est toute l’histoire d’un lieu profondément ancré dans l’imaginaire collectif qui est racontée à l’Arsenal, l’endroit même où sont conservées les archives de la prison. » Lors de la prise de la Bastille en 1789, dans l’enthousiasme révolutionnaire, les émeutiers précipitent les archives dans les fossés de la prison. Après diverses tribulations, celles-ci sont récupérées en 1798 par l’administrateur de la Bibliothèque de l’Arsenal, puis elles sont exhumées et cataloguées au cours du XIXe siècle, acquérant une aura particulière, chargée de mystère. Ces archives ne sont pas seulement celles de la Bastille. Constituées à partir de 1660 autour des dossiers des prisonniers, elles s’enrichissent dès 1716 des dossiers de la lieutenance générale de police, y compris des papiers administratifs issus d’autres prisons. Riche de tous ces documents, l’exposition présente la Bastille dans le contexte judiciaire de l’époque et dans le système pénitentiaire parisien. La forteresse, construite sous Charles V pour la défense de l’Est parisien, a toujours joué un rôle de prison, mais c’est après les troubles de la Fronde, à partir du règne personnel de Louis XIV, qu’elle devient cette « Bastille de droit divin », prison politique fonctionnant sur le mode du « bon plaisir » et du secret. Au nom de « lèse-majesté divine et humaine », on y réprime toute atteinte à l’ordre politique, religieux ou moral. Bien loin d’être réservée à une élite sociale ou intellectuelle comme on l’a souvent imaginé, la Bastille accueille des prisonniers de toutes classes, depuis les plus grands personnages jusqu’au petit peuple « maldisant ». En montrant les conditions de vie très variables selon les prisonniers, l’exposition veut révéler l’image réelle de la Bastille : reflet de la société d’Ancien Régime jusqu’en ses dernières années, expression des craintes du pouvoir royal face aux désordres, elle est fondée sur l’inégalité et l’arbitraire. Sous l’influence des idées nouvelles et des Lumières, le sort des prisonniers enfermés « de par le roy » n’est plus accepté. La Bastille apparaît comme le symbole du despotisme, véhiculant une image de plus en plus négative qui la voue alors à la vindicte populaire. Sa chute sera le premier pas vers la fin de l’Ancien Régime. Elle marquera la naissance d’un mythe dont l’exposition montre l’évolution et la survie : historiographie, littérature romanesque, théâtre, cinéma… Plusieurs pièces spectaculaires sont présentées : un plan manuscrit inédit de la Bastille au milieu du XVIIe siècle, la « chemise » de Latude portant un texte écrit avec son sang, les dossiers de l’Affaire des poisons ou de « l’homme au masque de fer », les vêtements du régicide Damiens, la liste des exemplaires saisis de L’Encyclopédie, des manuscrits du marquis de Sade ou le dernier registre d’écrou de la prison, arrêté au 12 juillet 1789… De ces documents si divers, souvent encore tachés de la boue des fossés de la Bastille, dossiers d’affaires célèbres ou lambeaux infimes de vies minuscules, émane encore aujourd’hui une émotion presque palpable. 3 La Bastille ou « l’enfer des vivants » ___________________ Dates _______________________ Lieu _______________________ Horaires 9 novembre 2010 - 11 février 2011 Bibliothèque de l’Arsenal 1 rue de Sully - Paris IVe Métro : Sully-Morland ou Bastille Du mardi au dimanche 12h > 19h Sauf jours fériés Entrée libre _______________________ Commissariat Elise Dutray-Lecoin, BnF, conservateur à la Bibliothèque de l’Arsenal Danielle Muzerelle, BnF, conservateur honoraire à la Bibliothèque de l’Arsenal _______________________ Coordination Anne-Hélène Rigogne, BnF, chargée d’expositions _______________________ Scénographie Graphisme Alain Batifoulier et Simon de Tovar Simon de Tovar _______________________ Publication _______________________ Activités pédagogiques _______________________ Renseignements _______________________ Contacts presse La Bastille ou « l’enfer des vivants » Editions de la BnF 230 pages 130 illustrations couleur et noir et blanc 34 euros Visites guidées et ateliers pour les classes Renseignements et réservations : 01 53 79 49 49 01 53 79 39 39 ou bnf.fr Claudine Hermabessière, chef du service de presse 01 53 79 41 18 - [email protected] Hélène Crenon, assistante presse 01 53 79 46 76 - [email protected] 4 Iconographie Iconographie disponible dans le cadre de la promotion de l’exposition uniquement Maquette de la Bastille construite avec une pierre provenant de la Bastille stuc et bois, 1790 Clés provenant de la Bastille Paris, Archives nationales Vue de la Bastille et de la porte Saint Antoine, Dessin par Lallemant, vers 1760-1770 BnF, Estampes et photographie Registre des déclarations signées par les prisonniers à leur sortie de la Bastille, 1728-1750 BnF, Arsenal Vue de la Bastille Dessin par François Callot [1647 ? ] BnF, Arsenal Veüe de la Bastille de Paris de la porte Saint-Antoine et d’une partie du Fauxbourg Dessin par Jacques Rigaud, vers 1715 -1719 BnF, Estampes et photographie Lettre de cachet manuscrite Septembre 1675 BnF, Arsenal Intérieur de la Bastille Dessin par Fragonard [1785 ] BnF, Estampes et photographie 5 Dessin préparatoire à la gravure représentant l’interrogatoire du régicide Damiens, saisi chez Charpentier, 1757 BnF, Arsenal Vêtement du régicide Damiens, 1757 Paris, Archives nationales Supplique d’un colporteur embastillé, 1746 BnF, Arsenal Chapelet du régicide Damiens, 1757 Archives nationales « Chemise » de Latude » texte écrit avec son sang, 1751 BnF, Arsenal Billet adressé à l’abbé Dupré, convulsionnaire, transmis dans du fromage, 1747 BnF, Arsenal Liste des exemplaires de l’Encyclopédie saisis et déposés au pilon de la Bastille, 1770 BnF, Arsenal Evénement des plus rares, ou l’Histoire du Sr Abbé Cte de Buquoy, 1719 BnF, Arsenal Evasion de Du Bucquoy : son signalement pour l’avis de recherche, 1709 BnF, Arsenal 6 Registre du lieutenant du roi Du Junca : la mort du « Masque de fer », 1703 BnF, Arsenal photo : David Paul Carr/BnF Gravure représentant « le Masque de fer » dans sa cellule, vers 1789 BnF, Estampes et photographie Coupe de la Bastille, vers 1750 BnF, Estampes et photographie Onze portraits dans l’affaire du Collier, vers 1785 BnF, Estampes et photographie Billet écrit par Sade emprisonné à la Bastille, à sa femme, 1787 BnF, Arsenal Dernier registre de la Bastille s’achevant le 12 juillet 1789 BnF, Arsenal Les Infortunes de la Vertu, Sade, Manuscrit (première version de Justine, rédigée à la Bastille), 1787 BnF, Manuscrits Affiche pour la vente des objets et meubles de la Bastille, le 21 août 1789 BnF, Philosophie, histoire et sciences de l’homme 7 Présentation La prise de la Bastille, qui symbolise la chute de la monarchie et la fin du « despotisme » est l’événement fondateur de la République française. Au-delà de l’épisode révolutionnaire, cette exposition montre comment, devenue prison d’État, la forteresse de la porte Saint-Antoine s’est transformée en cet emblème de l’absolutisme qui l’a vouée à sa perte : pourquoi allait-on à la Bastille ? Comment y vivait-on ? Comment s’est construit le mythe de la Bastille ? Les archives conservées à la Bastille depuis 1660, après diverses péripéties durant la période révolutionnaire, se sont retrouvées à la Bibliothèque de l’Arsenal, dont elles constituent désormais un des fonds les plus importants et les plus consultés. C’est qu’au-delà de la « petite histoire » et des « grandes affaires » qui ont fait leur célébrité, elles témoignent de la réalité de l’Ancien Régime, ainsi que l’ont montré, principalement depuis le dernier quart du XXe siècle, dans le sillage de Michel Foucault, les chercheurs de la « nouvelle histoire ». Ces archives constituent donc le cœur de l’exposition, que viennent illustrer également d’autres types de documents, dessins, estampes, peintures et objets divers (maquette de la Bastille, menottes, porte de prison ... ) soit plus de 250 documents originaux. Cette exposition a bénéficié de la participation des plus grands spécialistes de l’histoire du XVIIIe siècle : Monique Cottret, Joan Dejean, Arlette Farge, Evelyne Lever, Catherine Prade, Madeleine Pinault-Sorensen, Christian Amalvi, Jacques Berchtold, Robert Darnton, Michel Delon, Vincent Denis, H-G Lüsebrink, Robert Muchembled. Si elle repose principalement sur les collections de la Bibliothèque nationale de France, l’exposition bénéficie toutefois de prêts exceptionnels du musée Carnavalet, du musée du Louvre, du musée national du château de Versailles et des Trianons, des Archives nationales, du musée Lambinet, de la Bibliothèque de l’Institut, du musée de la Préfecture de police, du Musée de l’Armée et de la Bibliothèque de Port-Royal. L’exposition prend place dans les magnifiques salons historiques de la Bibliothèque de l’Arsenal, proches du lieu même de conservation des archives. La scénographie de Simon de Tovar et Alain Batifoulier les transformera toutefois par son caractère contemporain. Une fresque visuelle et graphique donnera une sensation fantasmée et stylisée du mythe de la Bastille et de ses accents dramatiques. Enfin, Robert Badinter, Michel Delon et Arlette Farge, à la faveur d’entretiens audiovisuels présents dans le parcours, mettront en perspective la Bastille comme prison réelle, fantasmée, passée et récente. 8 Une petite histoire des archives de la Bastille Le 14 juillet 1789, les émeutiers saccagent et répandent dans les salles et les fossés de la Bastille les archives qui y sont conservées. Perçues comme « un recueil de preuves et d’exemples des atrocités auxquelles s’est incessamment porté le despotisme ministériel », ainsi que l’écrit l’auteur de La Bastille dévoilée en 1789, elles fascinent les esprits. Ce fonds d’archives s’était constitué depuis 1660. Il était classé, comme aujourd’hui, en trois sections : les dossiers des prisonniers, les papiers de la lieutenance de police, depuis 1716; enfin, les papiers de l’administration intérieure. Ces derniers, conservés dans la salle du Conseil pour un usage quotidien, souffrirent particulièrement du saccage. Après deux jours de pillage, la Commune de Paris se préoccupe de ces archives. Plusieurs commissaires sont nommés pour les rassembler sur place. Toute personne qui pourrait en avoir recueillis est invitée à les rapporter. Les restitutions par civisme sont nombreuses, mais une notable partie est dispersée. Les papiers sont déposés au prieuré de Saint-Louis-la-Culture, dans les bâtiments actuels du lycée Charlemagne. En novembre 1791, ils sont dévolus à la Bibliothèque de la Ville, située dans ce même couvent. Lorsqu’en 1797 Ameilhon, le bibliothécaire, est nommé administrateur de la Bibliothèque de l’Arsenal, il obtient par un arrêté du 9 ventôse an VI (27 février 1798) de les y emporter. On les oublie. Vers 1840, François Ravaisson entreprend un premier classement et une publication, interrompue par son décès. L’inventaire du fonds est repris et terminé par Frantz Funck-Brentano qui en publie le catalogue en 1892, permettant enfin l’accès à ces archives d’une incomparable richesse. 9 Parcours de l’exposition La Bastille en son quartier Pour protéger Paris, le roi Charles V décide en 1365 l’édification d’une nouvelle enceinte. Chaque porte en est protégée par une petite bastide ou bastille. À l’extrémité de la rue Saint-Antoine, deux grosses tours rondes encadrent une porte fortifiée. L’emplacement de cette bastille, qui protège l’hôtel Saint-Pol où le roi s’est installé et l’accès à Vincennes, est stratégique. Entre 1370 et 1383, l’édifice est renforcé par une construction beaucoup plus grande, occupant l’emplacement actuel des dernières maisons de la rue Saint-Antoine et du boulevard Henri-IV . Elle est composée de huit tours hautes de 24 mètres, réunies par des courtines de même hauteur formant un rectangle entouré d’un fossé. La Bastille s’accroît au cours des siècles de nombreux bâtiments et jardins qui, joints à l’Arsenal adjacent, constituent un très important complexe militaire. Le vaste ensemble du couvent des Célestins complète le quartier. Les deux entrées primitives, à l’est et à l’ouest, ayant été murées, on entrait dans la Bastille par un portail depuis la rue Saint-Antoine. Dans l’avant-cour, devant la forteresse, s’élevait la caserne des Invalides, construite en 1749. Puis à gauche, la porte de l’Avancée et un pont-levis donnaient accès à une cour où se dressait l’hôtel du Gouverneur, construit vers 1712. En face, un pont dormant puis un double pont-levis étaient la seule entrée de la forteresse. Le grand fossé qui l’entourait se poursuivait jusqu’à la Seine. Tout le long de la contrescarpe du fossé, jusqu’à la porte Saint-Antoine, s’élevaient des échoppes. Obstruant de sa masse le débouché de la rue Saint-Antoine, cette citadelle médiévale s’imposait à la population parisienne comme l’expression de la puissance royale. Le grand plan de Verniquet représentant le complexe militaire de l’Arsenal ainsi qu’une dizaine de toiles, dessins et estampes permettront de mesurer la place tenue par la Bastille dans l’Est parisien au fil des siècles. La maquette monumentale provenant des Archives nationales donnera à voir la prison et les détails de son agencement avec un réalisme saisissant. L’une des rares vues de la prison de la Bastille dessinée au XVIIe siècle dessin attribué à François Callot, BnF, Arsenal 10 Le système judiciaire et pénal d’Ancien Régime La Bastille, une prison parmi d’autres La Bastille est l’archétype même de la prison. Elle s’inscrit pourtant dans un vaste paysage carcéral : celui du « Grand renfermement » théorisé par Michel Foucault. L’absolutisme repose sur un encadrement permanent de tous les sujets du roi et une répression sévère de leurs crimes et délits. Les lieux de détention sont nombreux et variés. Vers 1661, on en distingue quatre types : ceux relevant de l’Hôpital général, les prisons de droit commun, les maisons de force ou de correction et les prisons d’état. Ces dernières, comme le Mont-Saint-Michel et la forteresse de Pignerol, ou Vincennes et For-l’Evèque à Paris, destinées aux criminels ayant attenté à la sûreté de l’Etat, sont au nombre de 40. Les bagnes, qui remplacent les galères à partir de 1748, et les dépôts de mendicité, créés en 1767, complètent ce tableau. Ces établissements ont en principe des fonctions distinctes, mais qui en réalité se confondent. Un détenu peut d’ailleurs être transféré d’une prison à l’autre. Il subsiste une certaine hiérarchie : Funck-Brentano dit qu’en matière de censure, par exemple, « l’auteur, s’il est homme de mérite, sera mis à la Bastille ou Vincennes, le libraire et l’imprimeur (…) au Forl’Évêque, et les colporteurs (…) à Bicêtre » mais elle s’estompe au fil des décennies. Ayant au XVIIe siècle la réputation de prisons « quatre étoiles » réservées à l’élite, la Bastille et Vincennes se banalisent au Siècle des Lumières. Des prisonniers de droit commun et de basse extraction y sont ainsi envoyés. Quelle que soit la prison qui le reçoit, le prisonnier y est de toute façon traité en fonction de sa qualité et des moyens dont il dispose… L’exposition montre ce monde carcéral à travers des vues et plans dessinés, gravés ou peints, des différentes prisons parisiennes : Grand et Petit Châtelet, Conciergerie, Vincennes, Salpêtrière, Bicêtre, For-l’Evêque ou prison de La Force. La justice du roi et les Lumières Sous l’Ancien Régime, amende, bannissement et châtiment corporel sont les sanctions les plus fréquentes. « Question » et peine capitale complètent cet arsenal pénal réglementé par l’ordonnance de 1670. La prison, elle, n’est pas une peine, mais une mesure préventive avant un jugement ou un châtiment. On y entre par mesure de police ou sur ordre du roi. La « justice retenue », principe fondamental de la monarchie absolue, permet au monarque, qui reçoit de Dieu le pouvoir de rendre justice, de se substituer à la justice régulière. La lieutenance générale de police, créée en 1667, est la clé de voûte de ce système répressif. Le lieutenant, véritable « oeil du roi », a pour mission de « purger la ville de ce qui peut causer des désordres ». Doté de pouvoirs quasi illimités, il dirige notamment le Bureau des lettres de cachet et des prisons d’état. A ce titre, lui et ses hommes interviennent jusque dans la vie quotidienne de la Bastille. Pourtant, les idées évoluent. Les Lumières portent leurs premiers fruits bien avant la Révolution. Dans le sillage de Montesquieu, Beccaria ou Voltaire, philosophes et hommes de loi remettent en cause le système juridique et pénal. Malesherbes ou Mirabeau, soutenus par le Parlement, s’attaquent aux lettres de cachet. On prône la modération et la proportionnalité des peines et supplices. On dénonce les conditions de détention, l’inégalité des traitements accordés aux prisonniers, ou les abus des geôliers. Sensible à ces réflexions, Louis XVI annonce en 1780 une réforme générale des prisons. Il supprime les cachots et la question, et le 26 juin 1789, proclame l’abolition des lettres de cachet. Quant à la Bastille, bien avant le 14 juillet, on envisage sa démolition. Lettres de cachet, interrogatoires de prisonniers soumis à la question, iconographie des peines infligées par la justice (carcan, roue, pilori ) seront présentés ici. La lieutenance de police est évoquée par les portraits de lieutenants célèbres comme le marquis d’Argenson ou Sartine et la célèbre Police de Paris dévoilée, dans laquelle Pierre Manuel révèle les secrets de l’institution. 11 La Bastille ou la prison du roi ? Répression des désordres Le roi Louis XIV veut « l’ordre en toutes matières ». Depuis le début de son règne personnel la « Bastille Saint-Antoine » n’est plus qu’un lieu de sûreté, relevant exclusivement de la lettre de cachet et du « bon plaisir » du roi. On y enferme quiconque est jugé dangereux, selon les critères de la « justice retenue » définis par l’ordonnance de 1670. Ces « cas royaux qui sont crime de lèse-majesté en tous ses chefs, sacrilège avec effraction, rébellion aux mandements émanés de nous ou de nos officiers, la police pour le port des armes, assemblées illicites, séditions, émotions populaires, force publique, la fabrication, l’altération ou l’exposition de fausse monnaie, correction de nos officiers, malversation par eux commises en leurs charges, crimes d’hérésie, trouble public fait au service divin, rapt et enlèvement des personnes par force et violence, et autres cas expliqués par nos ordonnances et règlements », sont extensibles à l’infini. En faire la liste est faire la typologie des embastillés. La monarchie absolue et l’administration qu’elle met en place entendent ainsi réprimer toute atteinte à l’ordre politique, religieux, public ou social. La pensée et l’opinion publique se contrôlent cependant moins facilement : malgré ce cadre répressif, les esprits évoluent. Miroir de la société, le monde de la censure témoigne, au XVIIIe siècle, de la fragilité du système monarchique. La Bastille, une prison politique Après les troubles de la Fronde, le pouvoir royal entend mettre au pas la société civile : les grands, comme le chevalier de Rohan, coupable d’insurrection et décapité devant la Bastille, les élites locales qui contestent le nouveau pouvoir de l’intendant, les corps intermédiaires, comme les parlements qui revendiquent un rôle politique. Mais aussi les nouveaux venus qui s’enrichissent et à laquelle on impute des crimes économiques, tels Fouquet ou, plus tard, les accusés de « l’affaire des blés ». Toute opposition politique est jugulée, particulièrement en ces périodes où les guerres, européennes et ultramarines, se succèdent. On a l’obsession de la conspiration, du complot et de la trahison, la crainte de l’étranger, qu’on surveille, de l’espion, qu’on recherche et qu’avec un mépris total du droit des gens, on ensevelit dans le secret de la Bastille : « l’Homme au Masque de fer » en est peut-être l’exemple. Déjà omniprésente sous Louis XIV, la répression de toute manifestation d’opinion divergente ou de critique du pouvoir en place, à travers placards, « mauvais propos », écrits séditieux, sera encore amplifiée après l’attentat de Damiens, en 1757. La poursuite des auteurs de pamphlets sur la reine Marie-Antoinette en sera une des dernières manifestations. Des documents d’archives exceptionnels sont présentés ici : le registre d’écrou mentionnant la mort du « Masque de fer », les vêtements du régicide Damiens et les couteaux saisis dans sa famille, une copie du Collier de la reine ou encore le rouleau d’étoffe sur lequel Latude, l’un des prisonniers les plus célèbres de la Bastille, écrivit ses plaintes avec son sang. 12 La Bastille ou défendre la religion officielle Le roi, représentant de Dieu sur terre, ne tolère plus que ses sujets n’observent pas la religion officielle. L’ordonnance de 1670 établissait un crime de lèse majesté divine afin que « le culte divin ne soit pas troublé. » Aussi les affaires de religion tiennent-elles une place importante dans les raisons d’enfermement à la Bastille. La Révocation de l’édit de Nantes en 1685, les querelles jansénistes, surtout au moment du phénomène convulsionnaire dans les années 1720-1730, marquent les plus grands pics dans les embastillements. Les coupables de contestation de la religion établie, qu’ils soient visionnaires ou illuminés, libres-penseurs ou libertins, contempteurs mais aussi soutiens des Jésuites, au moment de l’expulsion de ceux-ci en 1763, ou encore prêtres dévoyés, tous fournissent leur contingent de persécutés. De nombreux objets et documents d’archives illustrent ces persécutions : reliques du diacre Paris saisies sur les convulsionnaires jansénistes ou l’un des nombreux registres de baptêmes enlevés aux protestants afin de nier leur identité même. La Bastille ou la répression des idées Les idées, comme les actes, sont réprimées. Les archives témoignent du contrôle permanent qui s’exerce sur l’opinion publique, mais aussi de la subtilité du système de censure et de ses ambiguïtés. Suivre un livre clandestin permet de découvrir un univers trouble, mêlant licite et illicite. A l’époque de Malesherbes surtout, des censeurs sont emprisonnés pour leurs propres écrits ; des membres de la police collectionnent ou revendent les livres interdits à peine saisis ; des libellistes incarcérés sont tantôt à la solde de la police, tantôt la font chanter ! Pourtant, entre 1661 et 1789, un prisonnier sur six est embastillé pour « faits de lettres » : aux nouvellistes et pamphlétaires viennent s’ajouter les ouvriers du livre. A l’occasion de quelques affaires célèbres, imprimeurs, graveurs, libraires ou colporteurs sont incarcérés par dizaines. Les conditions de détention sont plus sévères pour eux que pour les auteurs, souvent protégés en haut lieu. Les libertins du XVIIe siècle, comme les philosophes et antiphilosophes des Lumières jouissent de traitements de faveur. Certains profitent même de cette expérience carcérale pour poursuivre leur oeuvre, comme Voltaire ou Sade. Si la prison joue un rôle fondamental pour ces deux figures emblématiques de la Bastille, ils n’ont, ni l’un ni l’autre, été embastillés pour leurs publications. La censure, lourde et complexe, est en effet peu efficace. Plus la parole est muselée, plus on s’exprime : le nombre d’ouvrages interdits qui circulent est croissant jusqu’à la Révolution, et les deux tiers des livres publiés au XVIIIe siècle paraissent sans permission ! La critique, émanant parfois des plus hautes sphères, circule librement et s’attaque à l’ordre établi. La monarchie doucement désacralisée perd sa légitimité. Autour du thème du « livre embastillé », dossiers, rapports de censure, de perquisition, listes de permissions tacites ou de pilon permettent de suivre la vie d’un livre clandestin, de comprendre l’organisation de la police du livre ou de plonger dans la vie quotidienne des artisans du livre. Les cas de Voltaire et Sade sont présents à travers portraits et manuscrits autographes. 13 La Bastille ou régenter la société Le roi, en bon père de ses sujets, veut aussi régenter le domaine privé, garantir l’ordre familial, reflet de l’ordre politique. Il est le défenseur de la paix des familles et des bonnes mœurs. La noblesse, dont il est le protecteur sévère, « asservie » dans les honneurs de la cour, doit rentrer dans le rang : duels, esclandres, insoumission ne sont plus admis. Les rejetons de grande famille, débauchés ou intrigants, goûtent de la Bastille pour être ramenés à la raison. Cette forme de protection royale est souvent exercée à la demande des familles, de tous niveaux sociaux, qui craignent le déshonneur causé par les mœurs ou les actes répréhensibles de leurs membres. Sous le règne de Louis XIV, l’assainissement de la population, qui doit être purgée de ses marginaux - mendiants, vagabonds, fous, prostituées ou délinquants sexuels - fait l’objet d’édits successifs aboutissant au « Grand renfermement », dont la Bastille n’est qu’un lieu particulier. La surveillance de la société, à Paris surtout, est omniprésente. De façon permanente, pour assurer la cohésion sociale, on criminalise toute déviance, aucune marginalité n’est tolérée, ce qui envoie à la Bastille un lot permanent d’insoumis emprisonnés. Vivre à la Bastille Les archives, plus objectives que les mémoires de prisonniers ou l’iconographie révolutionnaire, révèlent le fonctionnement de la Bastille. Le gouverneur, désigné par le roi, est secondé par un lieutenant de roi et plus encore par le major, véritable gestionnaire de la prison, également en charge des archives. Les porte-clefs se chargent du quotidien des prisonniers. La garnison des Invalides, elle, surveille et défend la prison. Médecins, chapelains ou cuisiniers complètent ce personnel toujours plus nombreux. La Bastille coûte cher au roi. La Bastille, prison nobiliaire ou « de droit commun » ? Répondre à cette question est impossible : les conditions de détention, qui dépendent surtout de la qualité et des moyens du prisonnier, y sont très variables. La personnalité du gouverneur et de son état-major compte également. On craint Bernaville, on méprise de Launay, mais on apprécie le major de Losme, qui travaille à améliorer le sort des détenus. Enfin, la conduite du détenu lui-même peut peser sur sa vie quotidienne. Une fois le registre d’entrée signé et son interrogatoire achevé, il bénéficie ou non de quelques consolations. Les droits infimes dont il dispose sont sévèrement marchandés : messes, visites de proches, promenades dans la cour, lecture et écriture... Les prisonniers ne peuvent communiquer ni entre eux, ni avec l’extérieur. Les ruses pour contourner ces interdictions sont étonnantes. L’un dessine sur son mouchoir, un autre brode une missive, un autre encore transmet de l’encre dans une reliure. A travers l’écrit, chacun cherche à dire cette épreuve carcérale ou, au contraire, à l’oublier. A sa sortie - s’il sort en vie - le prisonnier signe une ultime promesse de silence. De ce silence imposé naît le mythe. Certains, pourtant, révèlent avec virulence leur expérience. L’écriture est toujours symbole de liberté. Dans cette partie de l’exposition, les dossiers de l’administration dévoilent l’organisation de la prison et son quotidien : tours de garde, livres de ronde, règlements des porte-clés ou journaliers de l’état-major. Des documents d’archives permettent de suivre un prisonnier et de découvir ses conditions de vie : mobilier, garde-robe, repas, soins, bibliothèque ... C’est ici enfin qu’est présenté le dernier registre d’écrou de la prison, s’achevant au 12 juillet 1789. 14 La Bastille après le 14 juillet 1789 Enfer ou palace ? Après le 14 juillet 1789, le « dévoilement » des archives arrachées à la Bastille devait permettre d’établir la vérité sur la forteresse. Cette réputation de prison infernale, née des récits de prisonniers et des écrits des adversaires du « despotisme », était-elle justifiée ? Les péripéties autour de la garde de ces archives les rendirent très vite inaccessibles aux historiens et littérateurs qui perpétuèrent une image de la Bastille conforme à leurs opinions politiques. La redécouverte des archives à la fin du XIXe siècle, grâce à la publication de F. Ravaisson (1866-1904), et la parution, en 1892, du catalogue rédigé par F. Funck-Brentano permit enfin leur consultation. Eminent historien, ce dernier est le premier vulgarisateur des grands dossiers des archives – Affaire des poisons, Affaire du collier, énigme du « Masque de fer » –, il érige la Bastille en prison de luxe réservée aux privilégiés, occultant une part importante de ce que révélaient les centaines de dossiers d’humbles prisonniers. Cette exploitation anecdotique était promise à un bel avenir. La Bastille « inventée » par Funck-Brentano suscite toujours l’intérêt du grand public, friand des secrets de l’affaire des Poisons, ou de solutions à l’énigme du « Masque de fer »… La publication, en 1975, de l’ouvrage de Michel Foucault, Surveiller et punir, naissance de la prison, ouvre la voie à une nouvelle approche historique, plus attentive aux mentalités et à l’affirmation d’une «opinion publique». C’est une Bastille inédite qui réapparaît, bien loin de celle du « Masque de fer » ou de Madame de Staal de Launay, plus proche de l’image du XVIIIe siècle. Symbole de l’arbitraire royal et de la fondation de la république, véritable « lieu de mémoire », la Bastille continue à tenir une place essentielle dans l’imaginaire français. Perçue selon les époques et les clivages politiques sous des éclairages différents, elle reste très présente dans l’historiographie ou la fiction : l’exposition présente des journaux ou livres populaires du XIXe siècle, des dessins de Victor Hugo, l’affiche du film Latude, tourné en 1911, ou encore une photographie d’Atget des derniers vestiges d’une tour de la Bastille, découverts en 1899. .. 15 Chronologie de la justice d’Ancien Régime 1656, 27 avril : Édit établissant l’Hôpital général à Paris 1667, 16 mars : Ordonnance royale créant la charge de lieutenant général de police à Paris 1670, 26 août : Ordonnance criminelle de Saint-Germain-en-Laye 1724, 18 juillet : Déclaration prescrivant l’enfermement des mendiants et des vagabonds dans les quartiers de force des hôpitaux généraux 1748 : Suppression progressive des galères et création des bagnes pour les remplacer 1764 : Publication du Traité des délits et des peines de Cesare Beccaria 1767, 20 juillet : Circulaire instituant un dépôt de mendicité dans chacune des 33 généralités 1768 : Enquête sur l’état des prisons du Royaume commandée par Maupeou, garde des Sceaux 1775 : Abolition de la peine de mort pour désertion 1780, 17 mars : Rapport sur les prisons, effectué par Duhamel, De Montigny, Le Roy, Tenon, Tillet et Lavoisier de l’Académie royale des sciences 1780, 24 août : Abolition de la question préparatoire, destinée à obtenir les aveux de l’inculpé 1780, 5 septembre : Déclaration concernant la création de nouvelles prisons 1782 : Publication de Des lettres de cachet et des prisons d’Etat de Mirabeau 1783 : Fermeture des prisons du Petit Châtelet et de For-l’Évêque, et création de la prison de la Force 1784 : Fermeture de la prison de Vincennes 1785 : Création de l’Inspection générale des hôpitaux et des prisons 1788, 1er mai : Annonce de la révision de l’Ordonnance de 1670 et abolition de la question préalable 1789, 26 juin : Annonce de la suppression des lettres de cachet (décret d’application en 1790). 1791, 25 septembre-6 octobre : Promulgation du premier Code pénal français 16 Chronologie des événements marquants de l’histoire de la Bastille 1365 : Début de la construction de la Bastille 1663 : Affaire Fouquet. 1672-1682 : Affaire des Poisons. 1685 : Révocation de l’édit de Nantes 1698-1703 : Incarcération de l’homme au « Masque de fer » 1715 : Publication de L’inquisition françoise ou L’histoire de la Bastille par Constantin de Renneville 1717 : Première incarcération de Voltaire à la Bastille 1719 : Publication de Événement des plus rares, ou L’histoire du Sr abbé Cte de Buquoy 1719 : Conspiration de Cellamare 1726 : Seconde incarcération de Voltaire à la Bastille 1726 : Exécution de Deschauffours pour sodomie 1744 : Publication du Code de la Librairie 1748 : Joseph d’Hémery devient inspecteur de la Librairie 1749 : Premier emprisonnement de Latude 1750 : Malesherbes devient directeur de la Librairie. 1752 : Début de l’Affaire de l’Encyclopédie 1757 : Attentat de Damiens 1757 : Déclaration du 16 avril renforçant la censure : les délits de librairie sont passibles de mort 1760 : Publication de la Préface de la comédie des Philosophes, par l’abbé Morellet 1766 : Exécution de Lally-Tollendal 1771 : Réforme des parlements 1775 : Affaire des blés 1783 : Publication des Mémoires sur la Bastille par Linguet 1784 : Transfert du marquis de Sade de Vincennes vers la Bastille 1785 : Affaire du Collier de la reine 1789, 14 juillet : Prise de la Bastille 1789, 16 juillet : Début de la démolition de la Bastille 1889 : Exposition universelle et centenaire de la prise de la Bastille 1899 : Découverte des vestiges d’une des tours de la Bastille, la tour de la Liberté. 17 Publication La Bastille ou “ l’enfer des vivants “ Sous la direction de Danielle Muzerelle et Elise Dutray-Lecoin Editions de la BnF 230 pages, 130 illustrations couleur et noir et blanc Ouvrage broché 34 euros La prison de la Bastille est un mythe national. Construite sous Charles V pour la défense de l’Est parisien, la forteresse a toujours été partiellement une prison, mais c’est à partir du règne personnel de Louis XIV, en 1661, et sous la monarchie absolue qu’elle devient exclusivement cette « Bastille de droit divin », prison d’état relevant de la justice retenue du roi, fonctionnant sur le mode du « bon plaisir », de l’arbitraire, des lettres de cachet et du secret. Les archives de la Bastille conservées à la Bibliothèque de l’Arsenal constituent un fonds historique de première importance révélant ce qu’était la réalité de l’emprisonnement sous l’Ancien Régime. La description des conditions de vie des prisonniers, ainsi que l’analyse des diverses causes d’embastillement, qui expriment les craintes du pouvoir royal face aux désordres d’ordre politique, religieux, social ou intellectuel, donneront une image plus précise d’une société prête à basculer. Dans cet ouvrage richement illustré, les affaires célèbres n’occultent pas pour autant la réalité des destins ordinaires qui se manifestent à travers ces milliers de liasses. Les éclairages de grands spécialistes tels que Monique Cottret, Arlette Farge, Robert Darnton ou encore Michel Delon font de cet ouvrage une référence sur l’histoire de ce lieu dont la destruction est fondatrice de notre république. 18 Autour de l’exposition Conférence Enfermés à la Bastille conférence par Arlette Farge, historienne Entrée libre sur inscription au 01 53 79 49 49 Lundi 4 octobre 2010, 18h30 - 20h Bibliothèque de l’Arsenal, 1 rue de Sully, Paris 4e Table ronde Prisons d’hier, prisons d’aujourd’hui Florence Aubenas, présidente de l’OIP (Observatoire International des Prisons) Véronique Vasseur, ex-médecin chef de la prison de la Santé Stéphane Barrault, secrétaire général adjoint de l’UFAP (Union générale autonome pénitentiaire) Pierre Botton, ex-détenu, président de l’association “ Les prisons du cœur “ suivie de la projection du documentaire, La Honte de la République de Bernard George, 2006, 1h15 Samedi 6 novembre 2010, 14h30 - 17h30 Petit auditorium BnF I François-Mitterrand, quai François Mauriac, Paris 13e Rencontre Les enquêtes de Nicolas le Floch Dialogue entre Jean-François Parot, écrivain et Pascale Arizmendi, auteur de “Nicolas le Floch, le Tableau de Paris de Jean François Parot” lectures par le comédien Martin Loizillon Lundi 29 novembre 2010, 18h30 - 20h Petit auditorium BnF I François-Mitterrand, quai François Mauriac, Paris 13e Soirée spectacle Une évocation de la Bastille et de l’époque pré-révolutionnaire par Robert Darnton, historien, directeur de la Bibliothèque d’Harvard illustrée de chansons d’époque par Hélène Delavault, sur un accompagnement à la guitare par Claude Pavy Lundi 10 janvier 2011, 18h 30 - 20h Petit auditorium BnF I François-Mitterrand, quai François Mauriac, Paris 13e Activités pédagogiques Pour les classes - visites guidées le mardi et jeudi à 14h - Parcours-découverte autonome dans l’exposition et sur les traces de la Bastille dans le quartier de l’Arsenal Pour les enseignants - visites guidées le mercredi à 14h30 - vernissage pédagogique le mercredi 10 novembre 2010 à 14h Renseignements et réservations au 01 53 79 49 49 19