mars - avril

Transcription

mars - avril
PAlais des Beaux-Arts
Bruxelles
FR
MAGAZINE
MARS — AVRIL ’16
L'EUROPE
DES JEUNES
TALENTS
Bimestriel N°2016/02
— Bureau de dépôt Bruxelles X
— P202261
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BIENVENUE
BOULEZ VIT !
Avec la mort de Pierre Boulez survenue le 5 janvier 2016, le XXe siècle et
l’avant-garde musicale se sont brutalement achevés. C’est du moins ce que
presque tous les journaux ont voulu
nous faire croire. Certains commentateurs ont même poussé un soupir
de soulagement : nous allons enfin
pouvoir tourner la page ! Étrangement,
je garde un tout autre souvenir de
Boulez. Je me rappelle de lui comme
de quelqu’un qui ouvrait des voies et
non qui fermait des portes, comme
d’un mentor enthousiasmant qui,
jusqu’au dernier moment, est resté
attentif à la nouvelle génération de
compositeurs, musiciens et auditeurs.
Je me rappelle aussi d’un homme
qui explorait les frontières entre les
disciplines artistiques et entre l’art, la
technique et la science. Il se laissait
influencer par la poésie de Stéphane
Mallarmé et René Char et par les compositions visuelles de Paul Klee, travaillait avec les metteurs en scène Peter
Stein et Patrice Chéreau et dirigeait
aussi des œuvres de Frank Zappa.
close partner of
03
MARS — AVRIL ’16
Boulez est une source d’inspiration
inépuisable. À BOZAR, nous avons
vécu ensemble bon nombre de
moments mémorables. À l’occasion
de son quatre-vingtième anniversaire,
la Grande Salle Henry Le Bœuf était
pleine de jeunes gens qui écoutaient
Le Sacre du Printemps en retenant
leur souffle et encourageaient le
maestro et le London Symphony
Orchestra avec des banderoles. En
2008, nous avons réussi à convaincre
Boulez d’être le co-commissaire de
notre exposition consacrée à Paul
Klee. Dans une salle, il a mis en avant
l’interaction entre Klee et la musique.
Non, Boulez ne marque pas une
fin, mais à chaque fois un nouveau
commencement. Confond-on parfois
la musique – au début mathématique et « sévère » – avec l’homme ?
Laurent Bayle, l’un des fils spirituels
de Boulez, qui est aujourd’hui le
président de la Philharmonie de Paris,
décrit le phénomène de manière
frappante : « Dans l’imaginaire collectif, Picasso équivaut par excellence à
l’art moderne. De même, Pierre Boulez est l’emblème de la musique contemporaine, pour le
pire et le meilleur. » Nuance : Boulez ne détruit
rien, il construit. Sa musique novatrice respire
la reconstruction. Après le chaos de la Seconde
Guerre mondiale, on avait besoin d’ordre. Non
seulement les douze notes devaient être mises
sur un pied d’égalité, mais Boulez a aussi réarrangé la durée, le timbre et la nuance en structures claires. En cette époque pionnière, Boulez
n’a pas hésité pas à commettre un parricide.
Il trouvait que ses maîtres, Olivier Messiaen
et Arnold Schönberg, n’allaient pas assez loin.
« Schönberg is dead », écrivit Boulez en 1952.
Est-il temps aujourd’hui d’assassiner Boulez, le
compositeur ? Espérons que l’avant-garde qui
prend des risques et enrichit le spectre musical,
ne soit pas encore morte.
Quoi qu’il en soit, l’héritage de Boulez va perdurer encore très longtemps. Et je ne parle pas ici
d’épigones musicaux – il en avait horreur – mais
des nombreuses possibilités qu’il a ouvertes.
Durant six décennies, Boulez a créé en France
des structures qui ont changé le monde de la
musique. L’IRCAM (Institut de Recherche et de
Coordination Acoustique/Musique) reste son
œuvre la plus influente. En 1969, le président
Georges Pompidou en personne lui a confié la
mission d’associer la musique à la recherche.
L’IRCAM a finalement ouvert ses portes en
1977, en tant qu’organe du Centre Pompidou. La
Philharmonie de Paris (ancienne Cité de la musique) jouit depuis l’année dernière - et ce, après
un combat de plus de 20 ans - d’une grande
salle de concert conçue par l’architecte Jean
Nouvel. Cet ensemble exceptionnel, constitué
notamment de salles de concerts, d’espaces
éducatifs, d’un musée et d’une médiathèque,
doit en grande partie sa création à Pierre Boulez.
Chapeau, maestro ! BOZAR et le Klarafestival lui
rendront hommage le 17 mars avec un concert
de l’Ensemble Intercontemporain, fondé en 1976
par Boulez. Une soirée qui promet déjà de sortir
des sentiers battus – comment pourrait-il en
être autrement ? Lors de la première partie, vous
entendrez à quatre endroits différents de la musique de chambre des XXe et XXIe siècles. Nous
conclurons en force dans la Grande Salle Henry
Le Bœuf avec Das Lied von der Erde, de Mahler,
le mariage ultime entre raison et sentiments.
“Aufs neu! / Allüberall und ewig / blauen licht die
Fernen! Ewig... ewig...”
(De nouveau ! / Partout et pour toujours /
les horizons bleuissent ! Éternellement…
éternellement.)
En coulisses, Boulez hoche la tête d’un air
approbateur.
Paul Dujardin,
CEO & Directeur artistique
SOMMAIRE
BIENVENUE
Régie publicitaire :
Charlie Mike — Managing Director :
Serge De Schryver
Chaussée de Waterloo 870,
1180 Bruxelles — 02 241 55 55
[email protected]
www.charliemike.be
Date de bouclage :
16.02.2016 — Imprimerie :
Roularta Printing
Au-delà de cette date, notre
programmation peut encore
changer. Pour prendre connaissance
des éventuelles mises à jour, merci
de vous reporter à notre site :
bozar.be
Éditeur responsable :
Paul Dujardin
rue Ravenstein 23
1000 Bruxelles
Adresse retour :
rue Ravenstein 23
1000 Bruxelles
Pour les auteurs d’arts plastiques
membres d’une société — Cisac, et
pour les photographes représentés
par la SABAM : © SABAM, Bruxelles,
2005. Pour les photographes et
les créateurs représentés par la
SOFAM : © SOFAM, Bruxelles, 2005
Cover : Tourism#23: Welcome,
2007 © Ives Maes
Publication distribuée en
collaboration avec Le Vif L’Express
03
24
NEW NARRATIVES
DIALOGUE ENTRE L’EST ET L’OUEST
06
NEXT GENERATION, PLEASE
À travers les yeux
de la jeunesse
JEUNES TALENTS
Editorial Coordination :
Frederic Eelbode
Advisor Artistic Policy :
Kurt De Boodt
Contributors :
Olivier Boruchowitch, Kurt De
Boodt, Frederic Eelbode, Alexander
Jocqué, Marianne Van Boxelaere,
Xavier Verbeke & Luc Vermeulen
Corporate Development :
Katrien Desrumaux,
Barbara Lefebure, Peter Schoonjans
& Olivia van der Ghinst
Le retour de Daniel Buren
La force de l’imaginaire
européen
Une publication
du Département marketing
et communication
de BOZAR
MARS — AVRIL ’16
Balkan Trafik ! fête ses dix ans
28
REMBRANDT ET LA GRAVURE
Le Siècle d’or en noir et blanc
30
10
QUAND MUSIQUE RIME AVEC COMPASSION
FEUILLETON MUSICAL (IV)
32
12
Les multiples visages du jazz
Les jeunes talents
à BOZAR
INTERVIEW DE PIETER-JAN DE PUE
Rêves afghans
14
GROS PLAN
Valer Sabadus
17
THEO VAN DOESBURG
Des toiles et des vers
18
INTERVIEW D’IVO VAN HOVE
Hors des sentiers battus
20
05
ÉVÉNEMENT
Boulez vit !
Mater Dolorosa
RACINES MUSICALES
34
ALORS, C’ÉTAIT COMMENT ?
BOZAR Cinema Days
37
HIGHLIGHTS
Découvrez nos activités
39
Partenaires et
informations pratiques
42
NEW NARRATIVES
LA FORCE
DE
L'IMAGINAIRE
EUROPÉEN
JEUNES TALENTS
EXPO
24.03 - 29.05.2016
IMAGINE EUROPE
In Search
of New Narratives
Et si… nous ouvrions les espaces entre
les expositions consacrées à Theo van Doesburg
et Daniel Buren pour présenter l’Europe de demain ?
Pour tester de nouvelles idées et histoires ?
Pour aiguiser notre imaginaire et discuter ensemble
des sujets sensibles de l’Union européenne
et de l’Europe comprises comme des espaces
culturels ? On obtiendrait alors une initiative aussi
passionnante qu’Imagine Europe: In Search of New
Narratives : au croisement du forum public, du
laboratoire et de l’atelier. Aux côtés de valeurs
sûres comme Michelangelo Pistoletto et Chantal
Akerman, de nombreux jeunes talents et étudiants
se voient aussi confier un espace d’expression.
Nous vous invitons à découvrir ci-dessous
quelques-unes des salles dévolues à l’événement.
06
01
Conspirations européennes
Depuis quelques années, le mot
« crise » colle implacablement à l’UE.
Les eurosceptiques s’avèrent plutôt
doués pour faire passer leurs idées. Les
dirigeants européens se lancent dès lors
à corps perdu dans la défense du projet
européen mais ont du mal à surmonter
le pessimisme ambiant. Il est temps
d’examiner les problèmes, mais surtout
de trouver des solutions. Dans The
Solution Book Series, l’écrivain et artiste
Ingo Niermann et des auteurs invités
partent à la recherche d’idées frappantes
et originales pour un pays ou une région.
Après des volumes sur l’Allemagne,
l’Écosse, la Finlande et l’île imaginaire de
07
MARS — AVRIL ’16
Lavapolis, c’est au tour de l’Europe
dans son ensemble. Ingo Niermann :
« Les défenseurs de l’UE suivaient
généralement deux scénarios. La
version idéaliste : l’Europe, qui avait
été au cœur de deux terribles guerres
mondiales et de la Shoah, s’appuie
désormais sur son grand héritage
humanitaire et s’impose comme un
modèle d’union pacifique entre nations. Ou la version technocratique :
grâce à l’introduction d’un deuxième
niveau de représentation exécutive,
la politique de l’UE est plus efficace
que la politique nationale, car elle
doit moins plaire aux citoyens. Depuis
que la crise de la dette a frappé la
zone euro, les deux récits ne tiennent
plus. La défiance envers l’UE est
si grande que les nouveaux récits
doivent surtout être crédibles et
surprenants. Qu’ils finissent bien ou
mal est d’une moindre importance.
Les narrations les plus intrigantes se
concentrent sur quelques acteurs
principaux et dévoilent des secrets
longuement gardés. Bref, la solution
la plus adaptée pour l’UE dans l’état
actuel des choses est d’imaginer des
conspirations européennes. »
Bons baisers de la Place
de l’Europe
Yves Mettler, un artiste suisse qui vit
à Berlin, est investi d’une mission.
Depuis dix ans déjà, il collectionne
les cartes postales des Places de
l’Europe. Le grand nombre de
langues témoigne de la diversité
européenne. Comme on peut s’y
attendre, la plupart des Places de
l’Europe se trouvent en Europe
occidentale. Mais de nombreuses
cartes pour le moins étonnantes
soulèvent aussi des questions sur les
frontières politiques, économiques
et imaginaires. La Suisse, qui n’est
pourtant pas membre de l’UE, peut
aussi se targuer d’avoir sa Place de
l’Europe. Les pays représentés dans
la collection s’étendent jusqu’à la mer
Méditerranée, de Chypre à la Tunisie,
et à l’Est, avec de nombreuses cartes
de Moscou et d’Ukraine. Yves Mettler
regroupe les cartes par région, forme
et contenu, et transforme les images
en récits. Ensemble, elles racontent
les aventures de la construction
européenne, des plans d’urbanisme
locaux aux grands chambardements
géopolitiques. Une carte postale a
aussi un deuxième côté, plus personnel : l’espace sur lequel l’expéditeur
écrit son message. Avec Europlatz,
Yves Mettler présente une image
de l’Europe, où fiction et réalité
s’entremêlent.
Démocratie & design
L’Europe peut se prévaloir d’un héritage démocratique issu de la Grèce
antique. Il s’agit de l’un des piliers de
la construction de l’identité européenne. En même temps, beaucoup
accusent l’Europe de ne pas être
assez démocratique. Pour les citoyens européens, « Bruxelles » reste
en général un bastion insaisissable
JEUNES TALENTS
Les artistes suivants
prennent part à Imagine
Europe: In Search of New
Narratives :
• I ngo Niermann & Zak
Group
• F ilip Van Dingenen et
les étudiants de l'École
européenne de Laeken
• E milio López-Menchero et
les étudiants de l'Institut
Sainte-Marie, Saint-Gilles
• L ouwrien Wijers
• Citadellarte-Fondazione
Pistoletto
• Internationale
Architectuur Biënnale
Rotterdam et Architecture
Workroom Brussels
• X ML Creative Studio et
les étudiants en master
du Designing Democracy
Sandberg Instituut
Amsterdam
• Mashid Mohadjerin
• Y ves Mettler
• Chantal Akerman
•M
ichelangelo Pistoletto
• I ves Maes
02
08
et incompréhensible. La démocratie
est sous pression à de nombreux
égards. Le Sandberg Instituut, le
département de formation de second
cycle de la Gerrit Rietveld Academie
d’Amsterdam, a demandé au bureau
d’architectes XML de développer
un programme de Master sur deux
ans, intitulé Designing Democracy.
Pendant la première année, dix
étudiants des Pays-Bas, de France,
d’Italie, mais aussi de Chine, du
Canada et de Russie ont identifié les
nombreux aspects de la démocratie :
des mouvements citoyens dans les
villes à l’abstentionnisme, en passant
par le rôle joué par la technologie.
Aujourd’hui, certains d’entre eux
présentent une étape intermédiaire
de leurs recherches. Par ailleurs,
lors de la présidence néerlandaise,
XML et le designer Jurgen Bey sont
à pied d’œuvre dans le bâtiment
Justus Lipsius, siège du Conseil de
l’UE, qui accueille les chefs d’État et
de gouvernement. Avec leur projet,
XML et Jurgen Bey ne mettent pas
l’accent sur les Pays-Bas mais jouent
résolument la carte de l’UE. Ils ont
ainsi posé sur le sol de l’atrium central
un gigantesque écran bleu. Grâce
à la technologie, le bleu européen,
anonyme, devient transparent. Ce
qui apparaît au départ comme un
sol bleu se mue en un grand écran
affichant différentes représentations
de l’« Europe ». XML et Jurgen Bey ont
invité quelques artistes et designers
à créer des projets graphiques, installations interactives ou images pour
l’écran géant. Découvrez-en un spinoff dans le cadre de Imagine Europe.
01
Problems and Solutions
Installation
© Solution Series courtesy
of Zak Group, photography;
Brotherton-Lock
02 Yves Mettler: View of the
final state of the intervention
“Europaplatz (Chur)",
commissioned by the art
in public space festival
“Chur_Interveniert" Yves
Mettler (photo&art), Chur
(CH), 2005
03 Lina on her balcony, Cairo,
Egypt, 2015
© Mashid Mohadjerin
04 Chantal Akerman: Still from
d’Est/From the East (1993
Belgium/France/Portugal)
You say you want a revolution
Quand elle avait huit ans, Mashid Mohadjerin
a quitté l’Iran pour la Belgique. Elle a étudié à
l’Académie royale des Beaux-Arts d'Anvers et est
devenue une photographe de renom qui se sent
partout chez elle. Ses essais photographiques
ont pour thème la condition humaine et les
questions identitaires. En 2008, elle a travaillé à
un reportage sur la traite des femmes en Europe,
qui l’a conduite à Lampedusa et en Libye. Elle s’y
est entretenue avec des réfugiés, a été le témoin
silencieux d’opérations de sauvetage en mer et
a mis le tout en images de façon poignante. En
2009, elle a reçu un World Press Photo Award
pour l’un de ces clichés. Ces dernières années,
elle s’est régulièrement rendue au Moyen-Orient,
à la recherche de jeunes femmes qui ont joué
un rôle actif dans les révolutions de la région.
Elle a écouté leurs histoires, leurs rêves, leurs
motivations et les a rassemblés dans une série de
portraits. Ces jeunes activistes sont éloquentes,
sûres d’elles-mêmes, convaincues par leur cause
et n’ont pas peur de s’exprimer. You say you want
a revolution: I do # Revolution nous confronte à
une vision souvent encore trop occidentale des
femmes du Moyen-Orient.
03
Le débat à l’honneur
Dans le numéro de Noël de Knack, le philosophe néerlandais Rob Riemen, spécialiste de
la culture, affirmait qu’être européen reposait
avant tout sur une identité culturelle : « être
européen, c’est savoir que l’on appartient à
une tradition humaniste qui rassemble les plus
belles idées, d’Alexandrie, d’Athènes, de Rome
et de Jérusalem. » Il a plaidé passionnément
pour qu’on laisse du champs aux penseurs
afin qu’ils puissent affiner la conscience
européenne. Depuis des siècles, philosophes,
écrivains, politiques, journalistes, artistes, scientifiques et citoyens donnent forme à la tradition
intellectuelle qui est la nôtre. Lors de Imagine
Europe, BOZAR ouvre, trois mois durant, l’une
de ses salles à la rencontre et à la discussion.
Nous explorons les frontières de l’Europe et
n’évitons aucun sujet. Les artistes fournissent
des explications personnelles sur leurs installations et organisent des ateliers concernant leur
« new narrative ». Dans l’espace de discussion, vous pouvez découvrir l’installation Art
Meets Science and Spirituality in a Changing
Economy de Louwrien Wijers. En 1990, celleci a réuni des artistes, scientifiques et chefs
spirituels au Stedelijk Museum d’Amsterdam
pour un colloque éponyme de cinq jours. John
Cage, Marina Abramović, Stanislav Menshikov,
le dalaï-lama et Fritjof Capra, entre autres, ont
débattu de sujets brûlants tels que : « Crisis
of Perception », « The Transforming World » et
« The Shifting Paradigm ». Du matériel d’archives
toujours d’actualité, que nous sommes ravis de
partager avec vous.
04
09
MARS — AVRIL ’16
Rem Koolhaas et OMA
à BOZAR
Rem Koolhaas, architecte de renommée
mondiale, et son bureau OMA sont
intimement liés à l’Union européenne.
Romano Prodi, président de la Commission
entre 1990 et 2004, leur avait déjà
demandé de se pencher sur l’image de
l’UE. Et ce travail est aujourd’hui plus
nécessaire que jamais. Comment se faitil, en effet, que dès qu’il s’agit de créer
une image et de communiquer sur leurs
propres réalisations et projets d’avenir, les
institutions européennes se montrent si
ternes, à l’instar des tailleurs et costumes
gris-bleu de leurs fonctionnaires ? Ne
choquer personne, telle semble être la
devise. L’Europe peut être fière de ses
découvertes scientifiques majeures et
de son riche patrimoine culturel, qui
fédère tout le continent, et, pourtant, les
ponts représentés sur les billets en euros
n’existent pas. Les bâtiments de l’UE à
Bruxelles brillent par leur anonymat. Rem
Koolhaas parle d’un déficit iconographique,
d’une lacune picturale. Si le projet
européen veut convaincre les générations
prochaines, il a besoin de plus de couleur,
d’imagination et d’enthousiasme. Imagine
Europe s’y emploie.
Pendant la précédente présidence
néerlandaise du Conseil de l’UE en 2004,
Rem Koolhaas avait montré ce qu’un peu
d’imagination pouvait signifier. Il avait
installé sur le rond-point Schuman, dans le
quartier européen, un chapiteau de cirque,
non pas bleu marine, mais aux couleurs
festives des drapeaux des États membres.
La diversité en un clin d’œil. Sous la tente,
vous aviez droit à un cours intensif - au
graphisme inventif - d’histoire de l’Europe et
de l’Union européenne. BOZAR invite Rem
Koolhaas et OMA à présenter un nouvel
état des lieux, dans la cadre de l’actuelle
Présidence néerlandaise. Cette fois, ils
installent une partie du Berlaymont – le
siège de la Commission européenne – au
Palais des Beaux-Arts : une copie du bureau
de Jean-Claude Juncker, qui ne manque
pas d’attirer l’attention. Auprès du président
de la Commission, vous êtes au plus près
du processus décisionnel européen, un
peu comme dans le bureau ovale du
président américain ou dans un bunker,
comme on en voit régulièrement dans les
films hollywoodiens. D’un côté de la salle,
Rem Koolhaas montre l’avancement du
processus d’intégration – à l’aide de photos,
de plans, de notes, etc. – et, de l’autre, la
résistance qu’il rencontre.
NEXT GENERATION, PLEASE
01
JEUNES TALENTS
À TRAVERS
LES YEUX
DE LA
JEUNESSE
02
01Juan
Yves Gervais
©BOZAR
02 © Sebastien
Marandon
10
Cette année, BOZAR invite deux
cents jeunes de douze écoles et
associations à revisiter l’Europe,
sous la direction d’un artiste.
Pendant un an, ils rencontrent des
hommes politiques et imaginent
avec eux des films, des installations,
des sculptures et de courts récits.
Vous pourrez découvrir le fruit de
cette collaboration au mois de mai,
dans le cadre de l’exposition Next
Generation, Please. Lors d’Imagine
Europe: In Search of New Narratives,
nous braquerons déjà les projecteurs
sur deux projets. Les élèves de l’École
européenne de Laeken se pencheront
avec l’artiste Filip Van Dingenen sur
l’idée de l’« École Mondiale ». Emilio
López-Menchero s’attachera quant
à lui à découvrir le sens profond des
frontières avec les élèves de l’Institut
Sainte-Marie.
« Avec les élèves de l’École européenne, j’ai travaillé sur l’idée de
l’« École Mondiale », explique l’artiste
Filip Van Dingenen. « Le Roi Léopold II
souhaitait créer cette école pour
préparer les jeunes gens à une carrière
coloniale outre-mer. Aujourd’hui, nous
ne devons plus « explorer » le monde,
mais nous devons apprendre à en
prendre soin. Nous avons remplacé les
anciennes facultés de l’École Mondiale
(ethnographie, agronomie…) par neuf
Fieldstations qui explorent la relation
entre l’homme et son environnement
(écologie, cosmologie…). »
« En 1958, mes parents se sont installés
dans la Campine belge pour travailler
comme chimistes dans un projet industriel européen, » explique Emilio LópezMenchero. « Je suis né en Belgique et
j’ai fréquenté l’École européenne de
Mol. Pourtant lors d’un contrôle policier
de routine en 1985 j’étais estampillé
« illégal » en raison de mon passeport
espagnol : l’Espagne n’a rejoint l’Union
européenne qu’en 1986. J’ai toujours
été intrigué par les frontières, les
territoires et l’immigration. Dans le
cadre de ce parcours de classe de Next
Generation, Please, je réfléchis avec
les élèves de l’Institut Sainte-Marie sur
l’« épaisseur » d’une frontière. Au sein
d’un territoire délimité, les jeunes dessinent au sol, un pays imaginaire, puis
construise ensemble un monde commun avec toute la complexité qu’une
telle entreprise comporte concernant la
friction des frontières. »
« Mon pays s’appelle Jyo », explique
Jérémy. « J’ai signé un traité avec
Revolution City. Le pont qui relie les
deux pays doit permettre la libre circulation des personnes et des biens. Une
mesure absolument nécessaire pour
un petit pays situé aux frontières d’un
continent ». « Mon pays est le premier
à s’être doté d’un programme énergétique et d’une tour de télécommunication par satellite », explique Rania.
« Mon programme donne la priorité à
l’innovation et à l’énergie. Je suis donc
un partenaire commercial populaire. »
« Moi, mon pays c’est l’Anarchie », nous
dit Logan. « Malgré la hauteur de mes
frontières, je conclus de nombreux
accords pour renforcer ma place sur
l’échiquier mondial. Si je me sens
européen ? Pas vraiment. Pas plus que
je me sens bruxellois ou belge. Je suis
simplement moi-même. »
11-20 MARS 2016
EXCELLENCE IN ART
La TEFAF, la foire d’art et d’antiquité la plus prestigieuse au
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FEUILLETON MUSICAL (IV)
talents. Ces concerts initiés dès 1997 mettent
à l'honneur des musiciens du classique, du
jazz et des musiques du monde au seuil d’une
carrière nationale ou internationale. Ils sont
également l'occasion pour BOZAR de s'associer
à différents tremplins. Y sont ainsi présentés
au public des lauréats de divers concours, les
solistes de la Chapelle Reine Elisabeth (20.03 et
24.04) ou encore les musiciens recommandés
par le célèbre pianiste hongrois András Schiff
au travers de son projet Building Bridges. Après
Schaghajegh Nosrati en octobre dernier, Schiff
vous invite encore à découvrir les très prometteurs Jean-Sélim Abdelmoula (13.03) et Julian
Clef (16.05).
02
LES JEUNES
TALENTS
L'origine d'une passion
JEUNES TALENTS
La découverte d'un musicien plein
de promesses est une expérience
unique. Une fougue incandescente,
un toucher délicat ou un phrasé
musical inspiré : autant d'étincelles
susceptibles d'éveiller en nous de
l'intérêt pour un artiste dont le génie
a opéré. À BOZAR, nous aimons
susciter cette sensation singulière.
Pour preuve : après le pianiste
Herbert Schuch la saison dernière,
nous consacrons un portrait au jeune
contre-ténor roumain Valer Sabadus
(voir son interview, page 17). Le chanteur nous revient, après son concert
de décembre dernier, accompagné
successivement de Philippe Jaroussky
(20.04) et de l’ensemble Nuovo
Aspetto (13.05).
Plusieurs séries de concerts s’inscrivent dans cette même dynamique.
Cette saison, pour la première fois,
nous invitons les lauréats de concours
internationaux de piano dans le cadre
de la série des Steinway Prizewinners.
Anna Tsybuleva (18.04), qui a remporté la Leeds Piano Competition, est la
prochaine à vous dévoiler son talent.
01
À BOZAR
01
02
03
12
À côté des grands noms de
la musique, BOZAR vous propose
régulièrement de découvrir
des talents prometteurs. Notre
programmation s’emploie
fréquemment à les mettre à l’honneur
grâce à des cycles ou des événements
tels que les Rising Stars, Steinway
Prizewinners et BOZAR SUNDAYS.
À travers eux, nous poursuivons la
mission d'aide aux jeunes artistes qui
anime le Palais des Beaux-Arts depuis
sa création.
Rising Stars
La série de concerts des Rising Stars
est l’un de nos piliers en matière de
découverte de jeunes musiciens d’exception. Chaque saison, les membres
de l'association ECHO (European
Concert Hall Organisation, réseau
européen rassemblant des salles de
concerts prestigieuses), sélectionnent
Valer Sabadus
© Uwe Arens-sony classical
Anna Tsybuleva
© Vera Ley
Baiba & Lauma Skride
© Marco Borggreve
13
MARS — AVRIL ’16
un soliste ou un ensemble prometteur et lui offrent une tournée
européenne. Membre d'ECHO depuis
1998, BOZAR désigne chaque année
une Rising Star, main dans la main
avec le Concertgebouw d’Amsterdam.
Le projet a porté ses fruits. En 1999,
notre préférence pour Janine Jansen
s'est avérée justifiée : la violoniste
néerlandaise enflamme désormais
les plus grandes salles du monde aux
côtés d'orchestres comme le London
Symphony Orchestra ou le New York
Philharmonic.
Un matin, une découverte
Autre rendez-vous, quant à lui hebdomadaire, les BOZAR SUNDAYS font rimer dimanche matin et révélation de
03
Cette volonté de proposer une vitrine aux
jeunes musiciens est inscrite dans les gênes du
Palais des Beaux-Arts. C'est en son sein que se
déroula régulièrement dès sa création en 1937
le Concours Eugène Ysaÿe, rebaptisé « Concours
musical international Reine Élisabeth » en 1951,
et que naquirent les Jeunesses Musicales en
1940. C'est ainsi qu'en 1955, dans le cadre de
concerts destinés aux Jeunesses musicales de
la Société Philharmonique – qui deviendra le
département musique de BOZAR –, un pianiste
de 13 ans faisait ses premiers pas sur la scène
Henry Le Bœuf, aux côtés de l’Orchestre
National de Belgique. Celui qui deviendrait par
la suite l'un des grands pianistes et chefs d'orchestre de son époque n’était autre que Daniel
Barenboim…
Le Concours Reine Élisabeth, toujours ancré
dans le paysage musical international, a des liens
solides avec BOZAR. Chaque année, les lauréats
de l'édition précédente ainsi que les grands
artistes révélés par le concours figurent parmi
nos invités. Elisabeth Leonskaïa (26.04), Mitsuko
Uchida, Marie-Nicole Lemieux et Nikolaj Znaider
en sont des exemples éloquents. Les jeunes violonistes Nikita Boriso-Glebsky (06.03) et Baiba
Skride (20.04), qui ont également croisé la route
du concours, nous font chacun l’honneur d’un
concert en nos murs.
INTERVIEW DE
PIETER-JAN DE PUE
01
CINEMA
06.03.2016
The Land of the
Enlightened
Première, en présence du
réalisateur
RÊVES
AFGHANS
Pieter-Jan De Pue
• °1982, Gand
• Photographe et
réalisateur
• A exposé à deBuren et
à L’institut des Cultures
d’Islam à Paris
• Son premier longmétrage The Land of
the Enlightened a été
sélectionné pour le
Sundance Film Festival
et la Tiger Competition
Rotterdam
Cela ne vous a pas ôté l’envie de
tourner un film sur ce pays ?
« J’étais vraiment passionné par le
pays et sa culture. Alors que les demandes de subsides étaient en cours,
j’ai recommencé à prendre des photos pour les organisations non-gouvernementales. Pendant une courte
période, j’ai été intégré à l’armée
américaine, ce qui s’est aussi retrouvé
dans le script du film. Ensuite, je suis
parti en moto avec Hassan, et nous
avons traversé le centre du pays. »
« Dès mon premier voyage, les enfants
afghans m’ont profondément touché.
Les guerres les ont contraints à une
économie de subsistance. Ils travaillent
donc dans des mines de lapis-lazuli,
font du trafic de pierres précieuses,
d’opium et d’armes, ou cherchent
des mines pour revendre les déchets
métalliques ou les explosifs. Grâce à
Hassan, j’ai pu parler à bon nombre
d’entre eux, notamment de leurs rêves
et de la vision qu’ils ont de leur pays.
Souvent, ils abordaient le sujet spontanément. Que va-t-il se passer après le
départ des Américains ? À quoi notre
vie ressemblera-t-elle lorsque nous
serons grands ? »
02
03
JEUNES TALENTS
« Mon film raconte la guerre en Afghanistan
à travers des yeux d’enfants. Quels sont leurs
rêves ? Comment voient-ils l’avenir de leur
pays ? Celui-ci est marqué par plusieurs dizaines
d’années de conflits : l’invasion de l’Union
soviétique, les guerres civiles, la domination
talibane, la traque d’Oussama Ben Laden par les
États-Unis, les seigneurs de guerre locaux… » Le
réalisateur gantois Pieter-Jan De Pue nous parle
de son premier long-métrage avec un enthousiasme passionné.
Pourquoi un film sur l’Afghanistan ?
« En 2002, les États-Unis ont envahi l’Afghanistan. Dans la foulée, des journalistes flamands
se sont rendus sur place, notamment Jef
Lambrecht. En tant qu’étudiant au RITCS, je
passais régulièrement à la VRT et j’ai eu l’occasion de discuter avec lui des attentats du 11
septembre et de ses conséquences. J’ai commencé à lire des livres, puis, après avoir rendu
mon travail de fin d’études, j’ai voulu découvrir
l’Afghanistan par moi-même. Malgré la défaite
des Talibans, le pays avait peu d’infrastructures touristiques. J’ai donc contacté des
organisations non-gouvernementales en leur
proposant de prendre gratuitement des photos en échange de l’usage de leurs capacités
Pieter-Jan De Pue vient de sortir son premier
long-métrage, The Land of the Enlightened. Il sera
présenté en première belge à BOZAR. Fin janvier,
le film a rencontré un grand succès à Sundance, le
plus grand festival du film indépendant américain.
Sa production s’est étalée sur une période de huit
ans et fut marquée par des conditions de tournage
difficiles dans des territoires isolés en Afghanistan.
14
15
MARS — AVRIL ’16
logistiques. Cinq d’entre elles m’ont
répondu positivement. »
« Quatre mois plus tard, je suis
parti en voyage avec Hassan, un ami
afghan qui avait habité pendant vingt
ans en Iran. Il était retourné à ses
racines et connaissait donc aussi peu
l’Afghanistan que moi. Nous avons
traversé ensemble la partie nord
du pays. À la base de ce film, on retrouve beaucoup d’éléments inspirés
par ce voyage. »
Est-il dangereux de voyager et
travailler en Afghanistan ?
« Il s’agit d’un pays en proie à de
fortes turbulences. Lorsque Hassan
et moi avons traversé la frontière
chinoise, nous avons été mis en
prison, car on nous soupçonnait
d’être des espions d’Al-Qaïda. Ce ne
fut pas évident, notamment avec le
Service des affaires étrangères. Sur le
chemin du retour vers Kaboul, nous
avons été attaqués, avons perdu nos
passeports, enfin, il nous est arrivé un
tas d’histoires. »
Qu’est-ce qui les rend
si particuliers ?
« L’Afghanistan est un pays sauvage
et hostile, où la vie est très difficile.
Pourtant, on y rencontre des gens qui
font preuve d’une grande résistance
et d’une fierté à toute épreuve. Ils
cherchent sans cesse comment rendre
leur vie plus supportable. Surtout les
enfants, qui se comportent un peu
comme de jeunes adultes. Ces gosses
de douze, treize ans pensent comme
des adultes de trente, ils ont la même
capacité à résoudre les problèmes,
la même soif d’initiatives et la même
flexibilité au quotidien. Pour moi, ce
sont de véritables héros. »
« Je souhaite corriger l’image négative
que nous avons, nous les Occidentaux,
de l’Afghanistan. Le pays a beaucoup
plus à offrir que les Talibans, le trafic
de drogue, les droits de la femme
bafoués, etc. J’ai souvent abordé le
sujet avec des journalistes, qui me
demandaient quelle image je voulais
transmettre d’un pays si conservateur,
aux mœurs médiévales et opposé
au changement. Évidemment de
ce point de vue, l’Afghanistan est,
comment dire (cherche ses mots), un
pays sous-développé et aux traditions
bien ancrées. Pourtant, nous avons
beaucoup ri pendant le tournage. Je
m’y suis senti vraiment bien, et j’y ai
vécu des moments incroyablement
intenses. Et ce, malgré la misère, la
corruption et la criminalité. »
04
équipe en l’envoyant au beau milieu
d’un champ bourré de mines antipersonnel. J’ai donc emmené les enfants
dans un champ sécurisé, et je leur ai
demandé de faire ce qu’ils faisaient
tous les jours. Je les ai suivis avec la
caméra. Est-ce un documentaire, ou
non ? On ne pourra jamais répondre à
cette question. »
Est-ce que votre film est une
œuvre d’art ?
« (Réfléchit longtemps). Mon travail
de fin d’études était peut-être une
œuvre d’art… C’était un film sur la nature en Amazonie, une création très
visuelle, qui ne parlait que par le biais
d’images. Quelque chose de très intemporel, somme toute. Les éléments
naturels y jouaient un rôle essentiel.
C’est ce que j’ai tenté d’intégrer dans
ce film et cet élément pourrait être
considéré comme artistique. »
« J’ai dû m’imposer une sacrée discipline pour ne pas faire quelque chose
de trop artificieux et me concentrer
sur l’histoire, celle des enfants. Il fallait que le message touche le public.
C’était un vrai défi de construire une
tension narrative, avec un dénouement et une conclusion, et je dois
avouer que le producteur m’a un peu
mis la pression à ce sujet, même si
je n’ai pas suivi l’approche classique,
avec un premier, un deuxième acte… »
Votre sélection au festival Sundance
et à la Tiger Competition de
Rotterdam symbolise-t-elle une
percée dans votre carrière ?
« C’est certainement une reconnaissance pour tous les gens qui
GROS PLAN
01 — 04
Pieter-Jan De Pue
© D.R.
The Land of the Enlightened
© D.R.
ont travaillé sur ce film au cours de ces huit
dernières années. Grâce à ces sélections,
nous avons trouvé de bons distributeurs en
Amérique et en Europe. Tout est sur les rails.
C’est rassurant, en premier lieu pour le producteur, mais aussi pour moi-même. »
« J’ai passé sept ans à réaliser ce film et cela m’a
demandé de nombreux sacrifices. Il s’agissait de
mon tout premier long-métrage, et j’ai donné tout
ce que j’avais. Ma vie sociale a beaucoup souffert,
ma relation n’a pas tenu le coup, je ne gagnais pas
un centime. Dans la phase du montage, alors que
le film prenait forme, la question s’est posée de
savoir si cela en avait valu la peine. Je pense que
oui. J’espère que ce film portera ses fruits, même
si j’essaie de ne pas y accorder trop d’attention.
Est-ce que ma situation financière va s’améliorer ?
Nous verrons bien. Je ne m’en préoccupe pas
trop à ce stade. J’espère surtout que beaucoup
de gens verront ce film et l’apprécieront. Je pense
aussi que le prochain film sera plus facile à réaliser,
surtout au niveau de son financement. »
Avez-vous des projets en tête ?
« Cela fait sept ans déjà que je rassemble des
photographies destinées à un recueil sur l’Afghanistan. En Belgique, je travaille sur un projet de
série fictive sur des bandes de braconniers dans
les années 80 et 90 dans les Ardennes. On
aborde aussi la corruption au sein du PS, le trafic
d’armes après la chute de l’Union soviétique, la
prostitution et le passé colonial de la Belgique.
Tout ceci est à un stade précoce. D’autre part,
je travaille en Ukraine orientale, surtout comme
photographe, avec peut-être un film à la clé. En
outre, le documentariste Peter Krüger veut finaliser un script du cinéaste russe Andrej Tarkovski
et m’a proposé une collaboration pour la partie
qui se déroule en Afghanistan.
VALER SABADUS
selon la période musicale à laquelle le programme est consacré. Prenez Dowland, Bach ou
Mozart par exemple : ces compositeurs n’accordent pas tous la même importance aux textes
ou à la musique. Cependant, on peut dire qu’une
bonne préparation est, la plupart du temps,
synonyme de concert réussi.
Certains concerts vous ont-ils marqué depuis
le début de votre carrière ?
J’ai de très beaux souvenirs de plusieurs
concerts. Les moments les plus intenses sont
ceux où je suis sur la même longueur d’ondes
que le public. En tant que chanteur, j’essaie
de transmettre aux spectateurs un maximum
d’émotions et de profondeur artistique.
Valer Sabadus, 2015, Caldara CD
©Henning Ross
JEUNES TALENTS
S’agit-il d’un film de fiction
ou d’un documentaire ?
« Au départ, j’ai conçu le film
comme un simple documentaire.
Rapidement, différentes raisons
m’ont poussé à y intégrer des
éléments fictifs, par exemple pour
le côté visuel. J’ai tourné le film moimême, et je voulais parvenir à un
résultat très esthétique, qui illustre de
façon optimale la beauté sublime de
l’Afghanistan. Ce n’était pas possible en caméra cachée. Prenez par
exemple les caravanes qui transportent les armes des Talibans. Dans
le film, on voit une file de vingt-cinq
chameaux parcourant les montagnes
dans la neige. Je voulais absolument
saisir cette beauté du mieux possible… Le seul moyen pour y parvenir
est la mise en scène. »
« Ensuite, il y a les enfants qui vous
racontent leurs rêves. Si l’un d’entre
eux rêve de s’envoler à cheval vers les
étoiles, vous êtes obligé de mettre
cela en scène. J’ai aussi rencontré un
petit garçon qui accompagne les caravanes d’opium jusqu’à la frontière. Là,
la drogue permet d’acheter des armes.
En guise de paiement, le garçon reçoit
une partie de cette cargaison d’opium
qu’il donne au père toxicomane de la
fille qu’il voudrait épouser. Ce genre
d’histoires, on ne peut les transmettre
que par le biais de la fiction. »
« Parfois, il m’est arrivé de devoir mettre
en scène les côtés plus rudes de certains récits, racontés dans un style très
" documentaire ". Notamment dans le
cas des enfants qui travaillent dans un
champ de mines. Je ne pouvais pas me
permettre de mettre en danger mon
MUSIQUE
20.04.2016
Valer Sabadus
et les Folies Françoises
13.05.2016
Valer Sabadus
et Nuovo Aspetto
La première de The Land of the Enlightened
a lieu à BOZAR. Venez-vous souvent au Palais
des Beaux-Arts ?
« Pas régulièrement, mais j’aime beaucoup la
musique du monde. Je suis donc déjà venu
assister à des concerts de musique iranienne et
libanaise. Et évidemment, assister à des projections. Ma maison de production, Savage Film,
y organise souvent des premières, comme par
exemple celle du film Galloping Mind de Wim
Vandekeybus. Pendant un certain temps, juste
après mes études, j’ai photographié son travail de
chorégraphe. Nous discutons souvent de cinéma.
D’ailleurs, il y a beaucoup de points communs
dans notre travail, comme par exemple les enfants à cheval. Nous aimons tous les deux ce côté
sauvage, insoumis, énergique des enfants. Mais
nous sommes surtout de bons amis. »
16
Découvrez la bande-annonce du film sur
bozar.be ou thelandoftheenlightened.com
Durant la saison 2015-2016,
le contre-ténor germano-roumain Valer
Sabadus est en résidence à BOZAR.
Ce jeune talent d’exception interprètera
le 20 avril le récit de la passion mis en
musique par le compositeur baroque italien
Alessandro Scarlatti. Un mois plus tard,
il présentera une sélection d’œuvres vocales
d’un autre compositeur baroque italien,
Antonio Caldara.
17
MARS — AVRIL ’16
Où êtes-vous né ?
À Arad, en Roumanie, à quelques
kilomètres de la frontière hongroise.
Où habitez-vous ?
À Munich, capitale de la Bavière.
Comment vous préparez-vous à un
concert ?
Cela dépend. Un récital demande une
préparation plus importante qu’un
concert avec un groupe de chanteurs,
comme un opéra concertant. Le genre
joue aussi un rôle : si j’interprète des
Lieder, je m’échauffe différemment
que pour un oratorio ou un opéra. Et
puis, j’adapte mes exercices vocaux
Comment se passe votre collaboration avec le
contre-ténor français Philippe Jaroussky ?
Philippe Jaroussky est, avec Andreas Scholl,
un de mes grands modèles. Son rayonnement
professionnel, son approche de la musique,
sa connaissance du répertoire et sa présence
scénique naturelle en font un chanteur et un artiste remarquable. J’attends avec impatience le
moment où nous nous retrouverons à nouveau
sur scène à Bruxelles !
Avec quels autres artistes souhaiteriez-vous
collaborer ?
J’avais l’habitude de faire des listes, mais
désormais, je prends les choses de façon plus
décontractée. Les collaborations se proposent à
moi spontanément, il ne faut pas vouloir forcer
les choses. J’aimerais quand même travailler
avec des musiciens de jazz, des danseurs, des
performers ou des artistes de musique électronique. Ça doit être fantastique de partager
la scène avec un chanteur a cappella comme
Bobby McFerrin. Le concept d’improvisation
libre se retrouve tant dans le jazz que dans la
musique baroque.
Aimez-vous chanter à Bruxelles ?
Malheureusement, je n’y viens pas souvent.
C’est pourquoi je suis vraiment très content de
pouvoir donner trois concerts avec trois programmes différents au Palais des Beaux-Arts.
Cette institution multidisciplinaire est, selon
moi, l’un des centres culturels et artistiques les
plus dynamiques de Belgique, et son architecture en fait l’un des chefs-d’œuvre du mouvement art déco en Europe. Les amateurs de
musique, de cinéma et de culture au sens large
y trouvent certainement tous leur bonheur.
THEO VAN DOESBURG
C’est entendu, l’histoire de l’art est parsemée
de guerres d’écoles, de générations d’artistes
qui critiquent leurs aînés pour proposer une
nouvelle vision esthétique plus en phase avec
leur contemporanéité. C’est Racine qui assassine Corneille, c’est la querelle des Anciens et
des Modernes, ce sont les romantiques qui
pourfendent les classiques, c’est le Parnasse,
le réalisme puis le naturalisme qui rejettent
le lyrisme romantique… Autant de courants
artistiques qui se sont tour à tour élevés contre
l’académisme ou les canons dominants. C’est
également le cas de Theo van Doesburg et des
créateurs proches de ses convictions comme
Piet Mondrian ou Cornelis van Eesteren.
DES TOILES
ET
DES VERS
« Depuis 1913, nous ressentions tous un besoin
d'abstraction et de simplification. Le caractère
mathématique s'imposa de toute évidence face
à l'impressionnisme, que nous rejetions ; tout
ce qui n'allait pas au bout de nos principes était
qualifié de "baroque". Nous étions tous d'accord
sur un point : nous déclarions la guerre au style
baroque sous ses formes les plus diverses »,
écrit-il pour motiver la rupture revendiquée
par les animateurs de De Stijl, revue d’arts
plastiques et d’architecture fondée en 1917,
défendant une esthétique qui deviendra le
point de ralliement du mouvement artistique
homonyme. « Le but de la revue d’art De Stijl est
de faire appel à tous ceux qui croient dans la
réformation de l’art et de la culture pour annihiler tout ce qui empêche le développement, (…)
en supprimant la forme naturelle qui contrarie
la propre expression de l’art, la conséquence la
plus haute de chaque connaissance artistique »,
déclare haut et fort le Premier Manifeste de la
revue datant de 1918.
02
01
Depuis le 26 février, le Palais des Beaux-Arts consacre
une exposition à Theo van Doesburg, sous-titrée
« Une nouvelle expression de la vie, de l’art
et de la technologie ». Un intitulé qui témoigne
de la volonté de l’artiste de réformer non seulement
les codes de la peinture mais plus largement
ceux de toutes les disciplines artistiques et même
au-delà. Fidèle à son approche globale, BOZAR propose
en marge de l'exposition une soirée présentant
les vers dadaïstes du célèbre peintre néerlandais.
18
01
02
19
Theo van Doesburg,
Axonometric projection
of the Maison Particuliere,
perspective view from
above, 1923, Collectie het
Nieuwe Instituut, Rotterdam,
en prêt de la Van EesterenFluck & Van Lohuizen
Stichting, Den Haag.
I.K. Bonset (Theo van
Doesburg), Je suis
contre tout et tous, 1921,
Photography
MARS — AVRIL ’16
En d’autres termes, l’art n’aspire plus sous
l’impulsion de Van Doesburg à imiter le réel
mais vise au contraire à le simplifier par l’usage
de lignes droites ou orthogonales, de formes
simples (carrés et rectangles), de couleurs
« pures » (rouge, jaune, bleu) et de non-couleurs
(blanc, gris, noir), puis à le reconstruire selon
une logique harmonique intuitive, logique qui
deviendra même ultérieurement mathématique. La démarche ne cherche pas seulement
à remplacer ce qui précède, c’est-à-dire la
reproduction du réel, surtout si elle est médiée
par la subjectivité du peintre, mais elle a plus
largement pour ambition de réclamer un changement radical de paradigme : l’art doit être
abstrait, débarrassé des scories de l’individualité, et construit selon des règles formelles qui
s’appliquent à l’ensemble des disciplines artistiques, mises au service d’un idéal collectif.
Adieu le passé
C’est dans ce contexte de bouillonnement
intellectuel, pour ne pas dire intellectualiste,
de l’avant-garde que le néoplasticisme de Van
Doesburg s’enrichira d’autres courants, eux
aussi constitués en opposition à l’héritage
des traditions. Il n’est guère surprenant que le
dadaïsme, marquant le rejet du passé jusque
EXPO
26.02 - 29.05.2016
Theo van Doesburg
Une nouvelle expression
de la vie, de l’art et de la
technologie
LITTÉRATURE, MUSIQUE
ET CINÉMA
08.03.2016
Rrrrom
Theo van Doesburg
revisité
Entrée gratuite
Pour célébrer comme il se
doit la mémoire de Van
Doesburg, BOZAR vous
offre une entrée gratuite
si vous vous prénommez
Théo, mais aussi Théobald,
Théodora, Théodule,
Théophane, Théophile…
dans son nom (dada, dans le sens d’au revoir),
séduisit le peintre. Depuis cette célèbre soirée
du 23 juin 1916, au cours de laquelle Hugo
Ball récita au Cabaret Voltaire de Zurich un
poème purement sonore qui, à dessein, n’avait
aucun sens, rien ne serait plus jamais pareil…
Une métrique ou une sonorité signifiante, une
poésie purement phonétique, voilà une retraite
du monde du sens et de la société héritée du
passé qui ne pouvait que parler à l’artiste. Aussi
décidera-t-il de régler pour un temps son pas
sur celui de ces « fous » du dada. Il rédigera
ainsi des poèmes sous le pseudonyme d’I.K.
Bonset (anagramme de « ik ben zot », je suis fou
en néerlandais), trouvant dans l’abstraction de
la forme du mot, considérée comme un objet
esthétique en soi, un mouvement littéraire
analogue à celui qu’il a voulu imprimer aux arts
plastiques.
Aussi pourrez-vous assister à la lecture de la
poésie sonore de Van Doesburg par le vocaliste
et compositeur néerlandais Jaap Blonk qui, on
ne s’en étonnera pas, est notamment connu
pour ses recherches en composition algorithmique, appliquées non seulement au domaine
de la musique mais également à celui de la
poésie. Au cours de cette soirée, le performeur fera tournoyer les vers dadaïstes de Van
Doesburg qu’il gravera sur un quarante-cinq
tours spécialement pour l’occasion tandis
qu’un instrumentiste restituera musicalement
l’univers du peintre, et que la projection de films
avant-gardistes des années vingt restituera la
vitalité créative de l’époque.
INTERVIEW
D’IVO VAN HOVE
01
ÉVÈNEMENT
29.04.2016
Wish You Were Here
Soirée animée par Chantal
Pattyn
« Wish You Were Here »
est le nom de la formule
qui a fait ses preuves à
Amsterdam. Elle indique
bien ce qu’elle signifie :
« nous sommes contents
que vous soyez là », pour
partager ensemble une
soirée d’écoute, d’échanges
et de discussions. Ivo
van Hove a ainsi convié
à BOZAR une quinzaine
d’invités, dont Bas Heijne,
Wende Snijders, Michel van
der Aa, Nanouk Leopold,
Jim Taihuttu, Viktor & Rolf,
Halina Reijn.
HORS
DES
SENTIERS
BATTUS
02
C’était du jamais vu. Il fallait rester
sérieux : Pierre Boulez ou Karlheinz
Stockhausen, oui, mais des guitares
électriques, n’en parlons pas. J’ai
travaillé dur pour briser ce genre de
préjugé. Et c’est notamment grâce à
des d’artistes comme mes invités à
BOZAR que les choses sont en train
de changer. »
Vous invitez notamment le duo de
designers Viktor&Rolf. Pourquoi ?
« Je me considère comme un vrai touche-àtout. Je fais du théâtre, mais aussi de l’opéra,
des comédies musicales, des films… », raconte
Ivo van Hove, metteur en scène de Lazarus, la
dernière comédie musicale de David Bowie qui
a fait beaucoup parler d’elle. « Je m’intéresse
aux arts visuels, je lis des romans, j’écoute de
la musique. Les gens que j’ai choisi d’inviter me
ressemblent à cet égard. »
Vous dites qu’ils sont loin d’être des
Néerlandais typiques. Qu’est-ce qui les
rend si différents de leurs compatriotes ?
« Quoi qu’on dise, la Belgique reste un pays catholique. Moi-même par exemple, je ne suis pas
quelqu’un de religieux ou de catholique, mais
20
Le temps d’une soirée, BOZAR
donne carte blanche à Ivo
van Hove, metteur en scène
de théâtre et directeur du
Toneelgroep Amsterdam.
Il a choisi d’inviter des
personnalités néerlandaises
qui, selon lui, mériteraient
d’être mieux connues en
Europe. Ces artistes, toutes
disciplines confondues,
évoluent hors des sentiers
battus et refusent de se limiter
à une seule forme artistique.
Des Néerlandais pas tout à fait
néerlandais ?
21
MARS — AVRIL ’16
je ressens profondément l’influence
du catholicisme. Les Pays-Bas, eux,
sont un pays protestant et calviniste.
La différence est énorme. Prenez
par exemple l’œuvre de Mondrian,
avec ses surfaces de couleurs et ses
lignes droites : elle est considérée
comme le point culminant de l’art
néerlandais organisé et calviniste,
dogmatique. Aujourd’hui encore, aux
Pays-Bas, on considère que l’art doit
être pur. Lorsque j’étais à la tête du
Holland Festival – c’était en 1999 –,
le pays tout entier était en état de
choc parce que j’avais proposé un
concert de rock en guise d’ouverture.
« Ils proposent une vision singulière
de la mode. Au début de leur carrière,
ils ont réalisé un parfum dans lequel
il n’y avait aucun parfum, il n’y avait
que l’emballage. Ils ne font pas de
la mode parce que c’est à la mode
ou rémunérateur, mais parce qu’ils
ont quelque chose à raconter. Ils
choisissent des chemins de traverse
et innovent tout en laissant l’art à
sa juste place. Les Belges eux, sont
habitués à la mode de haut niveau.
Ils regardent donc souvent la mode
néerlandaise avec un certain dédain.
Je voudrais montrer qu’aux Pays-Bas,
on trouve aussi des créateurs de
mode talentueux et originaux. »
Que vont-ils proposer au Palais
des Beaux-Arts ?
« Chaque invité est totalement libre.
Nous n’imposons aucun format. La
seule chose que j’ai demandée, c’est
que la chanteuse Wende Snijders
interprète sa version impressionnante
de Formidable de Stromae. Wende
est devenue célèbre grâce à la chanson française et à Jacques Brel. Vous
pensez bien qu’une Néerlandaise
Est-ce essentiel pour vous de
présenter ce genre d’artistes au
public belge ?
« Évidemment ! C’est d’ailleurs pour
cette raison que j’ai tout de suite
accepté l’invitation. Je me sens profondément belge, même si j’habite
depuis dix-sept ans aux Pays-Bas et
que je m’y suis vraiment attaché. »
« Les gens que j’invite sont tous marqués par une histoire personnelle forte.
Ils réalisent des choses extrêmes sans
avoir peur de l’échec. Prenez quelqu’un
comme Michel van der Aa. C’est un
fantastique compositeur de musique
nouvelle et il pourrait en rester là. Mais
il va plus loin : il met en scène son
propre travail. Ses concerts sont des
performances qui mêlent théâtre, cinéma, électronique et musique live. »
Vous réunissez une série d’artistes à BOZAR, où se rencontrent
toutes les formes d’art. Que pensez-vous de cette approche ?
« Je la trouve fantastique. J’ai un peu
l’impression de rentrer à la maison.
Bruxelles et la Belgique me sont très
chers. Je me sens belge et je n’ai
pas honte, quand je suis à l’étranger,
de dire que je viens d’ici – même
22
01
Ivo van Hove
© Jan Versweyveld
02 Affiche new-yorkaise de la
comédie musicale Lazarus de
David Bowie, mise en scène
par Ivo van Hove, couverte
de fleurs à l’annonce du
décès du chanteur
© Reporters/DPA
03 Viktor and Rolf
© Reporters/Abaca
Autrefois, les Pays-Bas étaient
considérés comme un exemple
à suivre. Y compris depuis la
Belgique. Aujourd’hui, la situation
a changé.
« Exactement. C’est pourquoi j’ai
invité Bas Heijne. Selon moi, il est le
meilleur observateur des Pays-Bas.
Il y examine la société de manière
impitoyable. Ce n’est pas pour rien
que l’un de ses essais s’intitule
Hollandse toestanden (« Situations
hollandaises »). Il ne se concentre pas
sur les dernières manies du jour, mais
essaie d’avoir une vue d’ensemble.
Il parlera des Pays-Bas des dix dernières années. Est-ce devenu un autre
pays ou était-ce déjà le cas plus tôt ?
Peut-être avons-nous depuis trop
longtemps une vision erronée de ce
que sont les Pays-Bas en réalité ? »
Wish You Were Here s’inscrit
dans le cadre de la présidence européenne des Pays-Bas. L’Europe
est actuellement soumise à de
fortes critiques. Selon vous, quel
rôle devra-t-elle jouer à l’avenir ?
« L’Europe a un grand rôle à jouer,
mais la tâche s’annonce difficile. Je
reviens de Varsovie. Le gouvernement d’extrême droite veut rendre la
Pologne aux Polonais. C’est un « non »
à l’Europe et au monde. »
« Ce repli sur soi se manifeste un peu
partout, les Pays-Bas et la Flandre ne
font d’ailleurs pas exception. Chacun
tente de se protéger derrière ses frontières. Selon moi, il s’agit d’une réaction
passagère, mais nous avons besoin de
dirigeants capables de dégager une
vision forte pour l’avenir.
L’Europe a besoin d’un vrai président,
de quelqu’un qui est bien plus qu’un
simple président du Conseil européen.
Si l’Europe veut jouer un rôle majeur,
ce président ne pourra plus se contenter de garder ses troupes unies.
Je trouve d’ailleurs qu’Herman Van
Rompuy s’en est bien sorti. Ce n’est
MeMbersHiP
« Le degré de célébrité en Belgique
de mes invités a aussi joué un rôle
dans la programmation. Par exemple,
les cinéastes Nanouk Leopold et Jim
Taihuttu sont ici quasiment inconnus, Le
public doit pouvoir se familiariser avec
leur travail. Selon moi, ces deux artistes,
avec Alex van Warmerdam bien sûr,
que je ne dois même plus présenter,
sont les seuls à avoir vraiment quelque
chose à dire dans le domaine du cinéma néerlandais. La première fois que
j’ai vu un film de Nanouk, je suis tombé
à la renverse en raison de son audace
et de sa puissance expressive. Nanouk
est une réalisatrice qui exprime souvent
un point de vue féminin. Ce qui ne veut
pas dire qu’elle vous emmène dans un
univers facile, tendre ou édulcoré. Au
contraire : dans Brownian Movement,
elle explore notamment les désirs
sexuels extrêmes de son personnage
principal avec un regard distant et froid.
Chez Jim Taihuttu, c’est l’inverse. Il filme
de façon très personnelle, spontanée
et impulsive. Ses films vous plongent
dans leurs univers. Ces deux cinéastes
présentent une facette totalement
différente du cinéma néerlandais. »
si certaines personnes ne savent
absolument pas où se trouve notre
pays. Je suis fier de venir de ce drôle
de petit pays, avec ses contrastes et
ses problèmes. Combien de gouvernements avons-nous ici, dans ce pays
qu’on peut traverser en une heure ?
C’est totalement absurde, mais cette
absurdité nous a déjà apporté beaucoup. Des artistes comme Magritte et
Broodthaers ne pouvaient venir que
de Belgique. Pendant une journée,
nous n’avons plus eu de roi, car
Baudouin ne voulait pas signer la loi
sur l’avortement… Qu’une telle situation ait pu exister et être acceptée est
à la fois terrifiant et épatant ! »
centre for fine arts
brussels
si talentueuse et tant inspirée par
la Belgique ne pouvait manquer au
programme. Je dévore tout, racontet-elle, je veux m’imprégner de tout
ce qui m’entoure. »
03
donc pas une critique à son encontre. Mais si nous
voulons créer les États-Unis d’Europe – et il me
semble que cela devrait être le but –, alors il faudra
que cette vision soit portée par des dirigeants
politiques visionnaires. Selon moi, c’est nécessaire : nous dépendons tous des uns et des autres
pour résoudre et accepter les problèmes qui nous
menacent actuellement. » « Comment s’attaquer
à la violence d’inspiration idéologique ? Comment
gérer les flux migratoires ? Nous ne pouvons pas
les empêcher. On peut installer des barrières,
mais les gens trouveront toujours le moyen de les
contourner. Le monde doit d’ailleurs son existence
aux flux migratoires. Regardez l’Amérique : ceux
qui y vivent aujourd’hui sont par définition des
immigrés. L’Europe devra apporter une réponse
à ces problèmes majeurs. Ces dernières années,
on a l’impression que l’Europe ne s’occupe plus
que des questions financières. À chaque conflit ou
problème, des crispations apparaissent, précisément parce qu’il n’y a pas de leadership. Je ne
prétends certainement pas détenir la vérité en la
matière, je ne suis pas un homme politique. Mais
je constate qu’on ne peut pas continuer sur cette
voie. L’Europe sera d’une importance capitale pour
l’avenir de chacun, mais, en attendant, nous allons
encore passer quelques moments difficiles. »
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brussel
Palais des beaux-arts
bruxelles
Foto · Photo: Jérôme Latteur
ÉVÉNEMENT
01
LE RETOUR DE
DANIEL BUREN
Depuis le début des années 70, Daniel Buren
est un peu chez lui au Palais des BeauxArts. En 1974, il y lançait une action qui
allait durer pas moins de 42 mois. En 1983,
il présentait des photos souvenirs de son
œuvre à l’occasion de l’exposition D’une
impression l’autre. En 1991, il exposait avec
Michel Parmentier. En 1994, il revenait sur
ses expositions dans la légendaire galerie
anversoise Wide White Space. Et en 1995, son
motif apparaissait sur le gilet du personnel de
salle de Mode et Art 1960-1990. À chaque
fois, le contexte et l’époque étaient différents
et son œuvre s’inscrivait dans l’espace et dans
le temps. Comme son travail n’existe qu’en
avançant, BOZAR fait place à une nouvelle
étape en 2016 : Une Fresque.
Il y a tout juste 42 ans, Daniel Buren était invité
au Palais des Beaux-Arts pour la première fois.
En 1974, il lança une action dans le cadre d’une
exposition collective avec de jeunes artistes
européens et américains dont la renommée
n’est aujourd’hui plus à faire : Gilbert & George,
Gerhard Richter, Richard Long, On Kawara…
Dans trois salles en enfilade, il avait fixé au plafond huit velums rayés bleus et blancs, faisant
chacune 250 cm de large et 500 cm de long.
Ensemble, ils formaient un tableau flottant dans
l’air, une Peinture horizontale (PH). En parallèle
à son intervention, le public pouvait admirer
le chemin de cuivre de Carl Andre, large d’une
seule dalle. La salle donnait sur le Jardin d’Hiver
de Marcel Broodthaers. Ces salles resteront
bien ancrées dans les mémoires.
24
25
MARS — AVRIL ’16
Mais le Palais des Beaux-Arts n’est pas un
musée à collection permanente, les expositions
y sont temporaires. Les velums bleus et blancs
restèrent pourtant 42 mois dans le parcours
d’exposition, sous le nom de PH Opera. Durant
le premier et le deuxième acte, « Exposition »
et « Développement », les bandes de Buren
entraient en dialogue avec le programme d’exposition qui suivait son cours en deçà. Lors du
troisième acte, « Réexposition », Buren
attira l’attention sur l’œuvre elle-même
pendant une journée. « Le fait que
NPH (Nouvelle Peinture Horizontale)
soit installée seule ici pour la première
fois ouvre un nouveau chapitre. C’est
un prélude possible à une nouvelle
œuvre. Elle permet l’échange d’idées
et disparaît ensuite immédiatement de
la scène. »
Des artistes radicaux
Au début de sa carrière, Buren et
d’autres artistes tels que Michel
Parmentier, Niele Toroni et Olivier
Mosset s’opposaient aux instituts
parisiens. En 1967, le 18e Salon de
la Jeune Peinture fut le décor de la
première performance publique du
groupe. Buren réalisa une toile avec
des lignes verticales, Mosset une
toile blanche avec un petit cercle noir,
Parmentier des bandes horizontales
peintes à la bombe et Toroni des traits
de pinceau appliqué à intervalles
réguliers. Marcel Duchamp assista à
l’une de ces performances et soupira
en sortant : « Comme happening frustrant, on ne fait pas mieux ! » Après
l’ouverture, le quatuor décrocha
immédiatement ses œuvres.
Mission accomplie ! Buren et ses frères
d’armes avaient ramené la peinture à
son « degré zéro » et vidé leurs œuvres
de toute sentimentalité et unité.
« Nous faisions des choses très intéressantes », se rappelle Buren. « Nous
réalisions par exemple les œuvres
des uns et des autres, pour éliminer
la relation de l’individu avec l’œuvre.
C’était la première fois que des artistes
essayaient ça. Parmentier, lui, trouvait
que ce n’était qu’un jeu intellectuel, ce
qui a déclenché une vaste discussion. » Neuf mois plus tard, Parmentier
raccrochait ses pinceaux.
Quand l’espace devient art
Après 23 années de silence, Michel
Parmentier et Daniel Buren conjuguèrent à nouveau leurs talents au
Palais des Beaux-Arts à l’occasion
de l’exposition Titre provisoire,
Parmentier en exposant un nombre
incalculable de feuilles de papier
calque avec de subtiles ombres au
fusain éclairant la blancheur grisâtre ;
expositions comme des œuvres d’art
totales avec tous les éléments qui en
faisaient partie, du carton d’invitation
au vernissage. Buren y exposa cinq
fois entre 1969 et 1974 en suivant toujours la même méthode de travail in
situ et en transformant l’ensemble de
la galerie en œuvre d’art. La couleur
des bandes (choisie chaque fois par
la propriétaire de la galerie, Anny De
Decker), l’écoulement du temps, la
répétition, le fonctionnement de la
mémoire et la résistance obstinée au
diktat de l’originalité dans l’art constituaient les fondements des travaux
de Buren à Anvers.
L’art est aussi
un patrimoine
né de l’audace
et du talent.
Un nouveau prélude
02
AGENDA
19.02. - 22.05.2016
Daniel Buren. Une Fresque
19.02.2016
Daniel Buren et Joël
Benzakin
Artist talk entre l’artiste
et le commissaire
23.04.2016
Couleurs superposées
Performance
01 PH Opera
© BOZAR Archives
02Exposition
© BOZAR Archives
03 Buren en Parmentier
© BOZAR Archives
03
Buren en investissant l’espace de quelque 80
œuvres les unes à côté des autres et les unes
sous les autres, et d’une alternance de bandes
blanches et de « bandes de miroirs ». La couleur
des toiles était ainsi déterminée par la couleur
des murs opposés. « C’est la première fois que
l’on voit que ce bâtiment Horta peut être si
beau, si tranquille, si vide, y compris en public »,
écrit alors Marc Ruyters, rédacteur en chef de la
revue d’art H ART, dans le Knack de 1991.
Trois ans plus tard, nous réexposions Buren
dans le cadre de l’exposition Wide White Space
1966-1976, consacrée à cette légendaire galerie
anversoise où se retrouvaient des artistes
d’Anvers, de Düsseldorf, de Bruxelles, de Paris,
de Londres, d’Amsterdam, de New York et de
Los Angeles. Le Wide White Space était un
endroit à part. Les artistes y concevaient leurs
Daniel Buren a tenu parole.
Près de quarante ans après sa
« Réexposition » de 1977, le voici de
retour dans les salles du Palais des
Beaux-Arts. Pour Daniel Buren. Une
Fresque, il a conçu une intervention
mêlant des œuvres de centaines
d’artistes, dont Paul Cézanne,
Henri Matisse, Constantin Brancusi,
Jackson Pollock, Fernand Léger et
Marc Chagall. C’est la première fois
que l’intervention de Buren entre
en dialogue avec des œuvres d’art
qu’il a lui-même choisies. Certaines
rendent hommage à des artistes oubliés qui ont contribué à façonner sa
vision artistique durant ses études,
d’autres célèbrent ses compagnons
de route, avec qui il expose depuis
1968. Aucune œuvre n’est présentée
sans raison.
Innovation, créativité, exigence, passion,
vision : l’art nous inspire et nous ouvre
au monde. Partenaire historique des
institutions et des acteurs de la culture
contemporaine, nous aimons faire partager
ces valeurs avec chacun.
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Daniel Buren. Une Fresque est donc
peut-être bien son exposition la plus
autobiographique à ce jour. Une
impression encore renforcée par la
nouvelle création que l’artiste a réalisée spécialement pour l’exposition au
Palais des Beaux-Arts. Une nouvelle
œuvre sous forme de film qui rappelle les interventions de Buren, des
années 60 à aujourd’hui, dont 80 %
n’existent plus. L’exposition et le film
parcourent de manière très originale
la vie et l’œuvre de Buren. Ses interventions forment-elles un nouveau
prélude ? L’avenir nous le dira.
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DIALOGUE ENTRE L’EST ET L’OUEST
BALKAN TRAFIK !
FÊTE
SES DIX ANS
Une interface culturelle
28
Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance.
Les populations d’Europe de l’Est, exsangues,
ont en effet connu les régimes communistes, la
guerre et son cortège de massacres, le partage
de l’ex-Yougoslavie, la naissance de nouveaux
États, la résurgence des identités ethno-nationales et religieuses, l’intégration dans l’Union
européenne, l’émergence de nouvelles modalités de régulation entre les communautés,
l’apprentissage de la liberté… Autant de raisons
justifiant les objectifs qui, depuis la création
du festival, ont guidé son organisation et sa
programmation : promouvoir les rencontres
interculturelles, créer un lieu où les membres
de différentes communautés peuvent échanger
leurs connaissances, leurs expériences en les
communiquant à travers l’art et, surtout, plonger le public dans une ambiance fondée sur
la convivialité et l’interaction avec les artistes.
Car Balkan Trafik ! ne considère pas le visiteur
comme un spectateur passif mais stimule, au
contraire, sa participation active à l’événement.
Un défi renouvelé chaque année avec enthousiasme par Nicolas Wieërs et Tony Van der
Eecken, programmateur BOZAR, qui partagent
la même ambition pour le festival.
En dix ans d’existence, Balkan Trafik !
n’a donc pas seulement réussi à
devenir l’une des références internationales du genre. Mais le festival
est parvenu à dépasser les exclusives identitaires dans une région si
fortement marquée par les conflits,
pour multiplier les collaborations,
les partenariats et conjuguer les influences à travers le sentiment d’appartenance à la société européenne.
Et il incarnera demain, peut-être
davantage encore qu’aujourd’hui,
l’interface entre les cultures d’Europe de l’Est et de l’Ouest, mais
aussi entre celles du Nord et du Sud,
trouvant dans les pays qui bordent la
Méditerranée des similitudes, voire
de nouvelles synergies artistiques
autour d’une volonté commune de
faire vivre la musique, de continuer
à l’associer à notre vie quotidienne
et de la préserver de tout modèle
dominant globalisé. Une sublimation
esthétique de la rencontre pleine de
promesses pour l’avenir.
01
02
Balkan Trafik !
© Milena Strange
Balkan Trafik !
© Milena Strange
02
01
Pour la dixième fois, BOZAR et l’ASBL 1001 Valises
ont le plaisir de vous présenter Balkan Trafik !, le festival
consacré aux cultures des pays du Sud-Est de l’Europe.
Devenu un rendez-vous incontournable grâce à l’originalité
de sa programmation et de son atmosphère,
cet événement toujours plus festif et convivial reflète
une vitalité artistique participant à la résilience
d’une partie de notre continent, encore fragilisée
par les épreuves qu’elle a traversées.
Tout commença en 2003, par un voyage au
Kosovo. Le réalisateur belge Nicolas Wieërs fit
une rencontre qui le marqua profondément :
« J’avais approché des étudiants de l’Université
de Pristina. Le décor de leur ville et de leur pays,
qui portaient encore les stigmates de la guerre
et de la période de reconstruction qui la suivit,
ne cadrait pas avec leurs personnalités. En dépit
de conditions économiques misérables, de
perspectives limitées et de l’image négative qui
les poursuivait, les jeunes étaient animés d’une
volonté inébranlable de s’en sortir ». Et d’ajouter : « Mon travail de terrain m’a également
permis de découvrir leur musique universelle.
Leur musique traditionnelle est éblouissante et
présente dans tous les aspects de la vie quotidienne. » Or, lorsqu’il revint à Bruxelles, il réalisa
qu’il ne pouvait évidemment rendre compte en
un seul documentaire de la richesse de l’histoire
de la région, des cultures qu’elle charrie et des
émotions qu’elle véhicule. C’est alors qu’il prit
la décision de créer un festival consacré à la
musique et au cinéma des Balkans.
Outre la présentation des musiciens
originaires des Balkans et au-delà,
Balkan Trafik ! propose également
du cinéma, des conférences, des
ateliers, des débats, des lieux de
rencontres, de dégustation de vins
locaux ou de spécialités culinaires,
dans un décor hors-norme, dépaysant et rappelant les Balkans. Mais ne
nous y trompons pas. Même si l’ancrage du festival est effectivement à
l’Est, la philosophie et la particularité
de Balkan Trafik ! ne sont pas circonscrites à une zone géographique.
Elles résident plutôt dans l’échange
et le partage entre individus issus de
communautés différentes, soulignant
la dimension innovante de la création
interculturelle, très présente cette
année encore dans la programmation. Comme l’attestent par exemple
le duo réunissant l’auteur-compositeur-interprète belgo-tunisien Jawhar
et Mitsoura, l’une des plus remarquables voix rom, ou la collaboration entre le très New-Yorkais Frank
London (des célèbres Klezmatics) et
des musiciens magyars, qui présenteront un concert dédié au patrimoine musical des Juifs de Hongrie.
La fusion des genres sera elle aussi
à l’affiche avec le Bollywood Masala
Orchestra, ensemble gipsy du
Rajasthan, qui créera des liens avec
les musiques roms, Motion Trio, un
formidable trio d’accordéonistes polonais qui mêle rock, jazz, musiques
des Balkans et musique classique, ou
Balako, groupe roumain inclassable
qui vous immergera dans un savant
mélange de jazz, de salsa et de musique de fanfare.
MUSIQUE, CINÉMA,
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29
MARS — AVRIL ’16
REMBRANDT ET LA GRAVURE
Qui dit Rembrandt, dit la
monumentale Ronde de nuit.
L’homme est le plus grand artiste
néerlandais du XVIIe siècle. De
son vivant déjà, il jouissait d’une
réputation internationale, surtout pour
ses nombreuses gravures. BOZAR
en présente 90 pièces originales.
Contrairement à ses peintures, ils est
pratiquement certain qu’elles sont de
la main du maître. La gravure était un
procédé fastidieux et compliqué, qui,
à l’époque de Rembrandt, inspirait un
grand respect.
EXPO
26.02 – 29.05.2016
Rembrandt
en noir et blanc
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à l’exposition est organisé en fonction de plages
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conseillée.
04
01
LE SIÈCLE
D'OR EN NOIR
ET BLANC
Dans le cas d’une eau-forte, il faut tout d’abord
polir une plaque de cuivre et la recouvrir d’une
base composée de cire, de résine et de poudre
d’asphalte. Le graveur dessine à travers cette
couche avec une pointe sèche, ce qui ne nécessite pas de force physique et permet d’obtenir
des lignes souples et fluides. Une fois le dessin
terminé, la plaque est plongée dans un bain
d’acide mordant. Là où la base a été dessinée,
l’acide atteint et creuse la plaque de cuivre. La
plaque est nettoyée, les sillons sont remplis
d’encre et le tout est posé sur la presse à graver.
Ensuite, le papier absorbe l’encre, le résultat
étant l’image inverse de celle gravée sur la
plaque. Rembrandt a réalisé des estampes détaillées sur des thèmes variés, notamment d’inspiration biblique, mythologique et allégorique,
mais aussi des scènes de la vie quotidienne, des
paysages, des nus et des portraits.
Graveurs célèbres
05
01
Adam and Eve, Rembrandt
(1638)
© Stichting Rembrandt
op Reis
02 Portrait of Abraham
Francken, Apothecary,
Rembrandt (1657)
© Stichting Rembrandt
op Reis
03 Diana at the bath, Rembrandt
(c. 1631)
© Stichting Rembrandt
op Reis
04 Self-portrait leaning on a
stone sill, Rembrandt (1639)
© Stichting Rembrandt op
Reis
05 View on Amsterdam,
Rembrandt (c. 1640)
© Stichting Rembrandt op
Reis
02
30
Des lignes souples dans le métal
31
MARS — AVRIL ’16
Une technique dérivée du
forgeage d’armes
La technique de la gravure sur
métal a vu le jour vers 1400 dans les
ateliers de forgerons européens. Elle
servait à décorer les armures et les
armes. Une fois l’objet terminé, les
forgerons remplissaient les sillons
de la gravure avec de l’émail noir et
recouvraient le tout d’une couche de
papier mouillé. Grâce à ce procédé, ils obtenaient une impression
en miroir qu’ils utilisaient comme
prospectus publicitaire avant la lettre.
Pour réaliser une eau-forte ou une
taille-douce, les sillons sont taillés
dans la matière, puis remplis d’encre
qui sera ensuite imprimée sur du
papier. La différence entre une eauforte et une taille-douce réside dans
la manière dont le métal est creusé.
La gravure en taille-douce nécessite
beaucoup de force. La plupart du
temps, le graveur utilise un burin en
forme de « v ».
Les premières gravures ont sans doute été
réalisées pour illustrer des images saintes et
des cartes de jeu. L’un des premiers graveurs
était d’ailleurs surnommé « le Maître des cartes
à jouer », vers 1440 en Allemagne. Dès 1500, la
technique était connue à travers toute l’Europe. Albrecht Dürer était le premier graveur
à jouir d’une grande célébrité. La taille-douce
et l’eau-forte coexistèrent jusqu’en 1900, la
première technique étant plutôt réservée aux
reproductions, la seconde aux images « libres ».
Rembrandt et Picasso utilisaient tous deux la
même technique. La plus grande avancée fut
l’invention de l’aquateinte par le peintre espagnol Francisco de Goya vers 1750, une méthode
permettant d’obtenir des surfaces claires ou
foncées.
Vrai ou faux ?
« Il existe un tas d’histoires passionnantes à
propos des gravures à eau forte de Rembrandt.
Vous pouvez les découvrir grâce aux vidéos
proposées sur la tablette que vous recevrez
lors de votre visite de l’exposition », raconte
Jaap Mulders, propriétaire de la collection de
gravures. « Les peintures sont vraies ou fausses,
tandis que dans le cas d’une eau-forte, c’est
moins évident à déterminer. Il faut se demander
si elle a été réalisée par Rembrandt lui-même,
ou s’il l’a adaptée, ou si d’autres l’ont fait après
lui. Et puis, la question est de savoir qui l’a imprimée. Il arrivait régulièrement que Rembrandt
imprime ses gravures, puis y apporte des
modifications avant de les imprimer à nouveau.
Ce sont les différents "états" d’une eau-forte.
Les copies photographiques sont évidemment
fausses car elles n’ont jamais été en contact
avec la plaque de cuivre. Pourtant le résultat
est parfois plus proche du travail originel de
Rembrandt. Qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui
est faux ? Nous pourrions en discuter pendant
des années. »
QUAND MUSIQUE RIME AVEC COMPASSION
Bach est détrôné.
Les auditeurs de Klara ont
élu le Stabat Mater
de Pergolèse numéro un
du top 100 annuel.
Tout comme la Passion selon
Saint Matthieu de Bach,
cette œuvre baroque met
en musique un moment
bouleversant de la souffrance
du Christ. Le Klarafestival
vous invite à la découvrir
à BOZAR aux côtés d’autres
partitions placées sous le signe
de la compassion.
01
MATER
DOLOROSA
Josquin des Prés, les Scarlatti père et fils,
Antonio Vivaldi, Joseph Haydn, Franz Schubert
(à deux reprises !), Giuseppe Verdi, Antonín
Dvořák, Francis Poulenc, Arvo Pärt, et la liste
est encore longue. Plus de 400 compositeurs
ont mis en musique le Stabat Mater. Pas un
siècle n’y a échappé depuis la création du texte,
autour des années 1200.
Si le doute subsiste quant à l’auteur de ce
poème médiéval, on l’attribue habituellement à
Jacopone da Todi, un Franciscain du XIIIe siècle.
Les vers puisent leur inspiration dans les textes
évangéliques. Jean a ainsi décrit la déploration
du Christ, tandis que Luc s’est concentré sur la
douleur ressentie par Marie lors du sacrifice de
son fils.
Le Stabat Mater a rapidement été introduit
dans la liturgie catholique. Lors du Concile de
Trente (1545-1563), il fut cependant décidé
de bannir des cérémonies religieuses certains
textes d’origine non biblique considérés comme
trop profanes. Il faudra attendre 1727 pour que
le pape Benoît XIII réintroduise officiellement le
Stabat Mater parmi les chants d’église. Depuis,
ce texte – source d’inspiration à la fois gratifiante et inépuisable pour de nombreux artistes
et compositeurs de toutes les époques –
résonne à nouveau dans les églises.
L’amour maternel
Stabat mater dolorosa, iuxta crucem lacrimosa, dum pendebat filius. En version française :
« Elle se tenait debout, la mère des douleurs,
en larmes, près de la croix, tandis que son
fils pendait là ». Les trois premiers mots latins
expriment à eux seuls l’essence du poème et
justifient la force d’attraction émotionnelle qu’il
a exercée à travers les âges. Ces vers chantent
la plus pure et la plus belle forme d’amour qui
soit : celui d’une mère pour son enfant décédé.
Une image qui transcende les religions par sa
profonde humanité et son universalité.
En outre, le rôle central est attribué à la femme
et sa féminité. Selon la philosophe et linguiste
Julia Kristeva, il s’agit ici d’un phénomène rare
et d’un signe puissant dans l’histoire du christianisme. C’est l’amour maternel qui, confronté à la
mort, permet de dépasser celle-ci pour mener à
la résurrection du Christ.
Szymanowski et Pergolèse
BOZAR présente deux des plus belles interprétations musicales du Stabat Mater, en
commençant par celle du compositeur polonais
Karol Szymanowski. Il est parvenu à atteindre
l’essence même du texte latin. Contrairement
à d’autres grandes œuvres religieuses du XXe
siècle, le Stabat Mater de Szymanowski se
démarque par son caractère intime et sobre,
exprimant la souffrance individuelle.
Bien que l’œuvre ait été commandée par un
industriel de Varsovie, Bronisław Krystall, en
mémoire de sa femme décédée, la partition
doit également son caractère introspectif à
01
32
02
L’Akademie für Alte Musik
dirigée par René Jacobs
interprète le Stabat Mater de
Giovanni Battista Pergolesi
(12.03.2016)
© Kristof Fischer
Karol Szymanowski
© D.R.
02
33
MARS — AVRIL ’16
un événement survenu dans la vie
personnelle de Szymanowski. En
janvier 1925, le compositeur perd sa
nièce dans un accident et se retrouve
directement confronté à la douleur
de sa sœur. Il choisit donc logiquement le Stabat Mater – thématisant
le chagrin d’une mère – pour réaliser
cette commande.
La seconde version du Stabat Mater
que nous vous proposons d’écouter
à BOZAR est sans doute la plus célèbre, et très certainement la plus populaire. Jean-Baptiste Pergolèse a lui
aussi tout à fait compris le message
véhiculé par le poème. Il a représenté la Vierge Marie non comme une
figure d’opéra tragique, mais comme
une mère. Ici, le mystère fait place à
l’accessibilité, et la musique respire
cet état d’esprit. Contrairement à une
grande majorité de musique d’église
composée à la même époque, le
Stabat Mater de Pergolèse puise son
succès dans l’expressivité et l’émotion qu’il suscite. Lorsque l’écrivain
français Jean-François Marmontel a
entendu l’œuvre pour la première
fois, il a prononcé ces mots : « Ne
fait-il pas rouler les larmes ? » Comme
chez Szymanowski, la situation
personnelle de Pergolèse a sans
doute contribué à rendre cette composition particulièrement chargée
en émotions. Le compositeur était
en effet atteint de tuberculose, et
menait, alors qu’il couchait les notes
du Stabat Mater sur le papier, un
combat mortel contre la maladie, qui
l’emporta quelques jours seulement
après avoir achevé l’œuvre. Il n’avait
que 26 ans.
Ces deux concerts ont lieu dans le
cadre du Klarafestival. Outre les deux
Stabat Mater présentés à BOZAR, la
version de Schubert est également
au programme de ce festival qui s’articule autour du thème « passion et
compassion ». Le titre de cette édition
est « Erbarme dich », en référence
à l’aria mondialement célèbre de
la Passion selon Saint Matthieu de
Bach… Celle-là même qui n’occupe
désormais plus que la deuxième
place au top 100 de Klara.
MUSIC
09 – 24.03.2016
Klarafestival
Erbarme dich
Cette édition a pour
thèmes la souffrance, la
compassion et le réconfort,
et s’intéresse au rôle de
la musique religieuse et
spirituelle.
RACINES MUSICALES
LES MULTIPLES
VISAGES DU JAZZ
MUSIC
05.03.2016
Addis Acoustic Project
Dans le cadre de
Ethiopia
25.03.2016
Majid Bekkas
Avec l’Afro-Oriental Jazz
Trio
12.05.2016
David Virelles
& Ramòn Díaz
Mboko
Le jazz fut le premier style de musique à porter
l’étiquette de « musique du monde ». Il voit le
jour à la fin du XIXe siècle à la Nouvelle-Orléans,
véritable plaque tournante internationale.
Les cultures des esclaves importés d’Afrique
occidentale y entrent alors en contact avec
celles des colons européens et de la population
d’origine. Ces interactions culturelles posent
les prémices de nombreux croisements entre le
ragtime, le blues, la folk, les negro spirituals et la
musique de marche française.
Le jazz est un mélange d’influences de différentes
parties du monde. On peut donc le qualifier de
musique du monde au sens le plus large du terme.
Dès le début des années 80, lors de l’avènement
du CD, le terme « musique du monde » est utilisé
à des fins commerciales. En effet, le nouveau
support devait être vendu en masse pour assurer
son insertion dans l’univers de la musique.
Et le jazz dans tout ça ? Il a poursuivi son
évolution. La musique d’Afrique occidentale
a continué d’influencer les compositeurs, de
Randy Weston et John Coltrane à Trilok Gurtu
en passant par Dizzy Gillespie, Jan Garbarek et
Joe Zawinul. Tous ces musiciens ont puisé leurs
idées musicales sur différents continents. En
Afrique bien sûr, mais également en Inde, qui
était une autre grande source d’inspiration.
D’autres cultures et pays se sont progressivement ajoutés à cette liste. Prenez par exemple
l’histoire de la bossa nova et du jazz, qui
témoigne de l’enrichissement apporté par la
musique brésilienne. Sur son album Angelus,
la star mondiale brésilienne Milton Nascimento
a invité de grands artistes de jazz tels que Jack
DeJohnette, Herbie Hancock, Pat Metheny et
Wayne Shorter. Dans nos contrées, on retrouve
le groupe Les Violons de Bruxelles, qui propose
un mix détonnant de swing manouche et de
choro brésilien, ou encore le trio bruxellois Aka
Moon, dont la polyrythmique trouve ses racines
en Afrique, en Inde et dans les Balkans.
Musique du monde ou jazz ? Si les frontières
sont si floues, c’est en partie à cause d’internet et des révolutions digitales… peut-être au
grand désespoir des puristes. Mais le public
a soif de nouveautés, de possibilités inédites,
et les musiciens aussi. Cela crée une diversité
Jazz ou musique du monde ? La
frontière est floue. Dans les années
trente, le jazz s’est développé à partir
de la « musique noire » pour donner
naissance au swing, plus facilement
accepté par la population blanche.
Bien que le jazz soit devenu de plus
en plus expérimental, il n’a jamais
cessé de se renouveler. Les artistes
contemporains font danser tant les
amateurs de jazz que ceux de la
musique du monde. À BOZAR, vous
découvrirez, au cours des prochains
mois, de la musique du monde aux
accents jazzy – ou du jazz du monde,
si l’on peut dire – venu d’Éthiopie, du
Maroc et de Cuba.
34
01
02
David Virelles
© GR-DR
Majid Bekkas plays oud
© Omar Mhammedi
01
35
MARS — AVRIL ’16
sans limite. Depuis plus d’un siècle
déjà, le jazz prouve que l’utilisation
d’éléments issus d’autres cultures est
un enrichissement. Et cette même
conviction anime les programmateurs
de BOZAR.
Addis Abeba, Rabat et Havana
Au cours de ces prochains mois,
nous vous proposons trois concerts
presque inclassables. Depuis des
années, la musique éthiopienne jouit
d’une popularité massive, amplifiée
encore par la sortie de la collection Éthiopiques et le succès qui
a accompagné la redécouverte de
Mulatu Astatke. L’homme de 73 ans
est aujourd’hui invité par les festivals
de jazz et de musique du monde.
Addis Acoustic Project s’inscrit dans
la droite ligne d’Astatke. Ce groupe
assure un cocktail dynamisant de
mélodies populaires éthiopiennes
du siècle dernier, avec une touche
de latin jazz et de rythmes afro-cubains. Son fondateur, le guitariste
Girum Mezmur, a déjà pris part aux
festivals WOMAD ainsi qu’à ceux de
Rudolfstadt, Roskilde et Montreal
Jazz. Il a collaboré avec des artistes
tels qu’Angélique Kidjo, Aly Keita et
Ray Lema.
Depuis des décennies, la musique marocaine mystique gnaoua intrigue les
musiciens de jazz. En tant que directeur
du festival de jazz de Rabat, le guitariste
et oudiste Majid Bekkas a vu défiler une
foule d’artistes et de groupes en tous
genres. À la recherche de nouvelles
synergies et aventures musicales, il a
notamment croisé le chemin de Louis
Sclavis, Minino Garay, Joachim Kühn,
Anouar Brahem et Aly Keita. Son album
Makenba reste une référence dans le
domaine de l’interaction entre musique
traditionnelle, jazz, blues, soul et trance.
Le pianiste cubain David Virelles
02
mélange à son tour l’héritage musical
de son pays natal avec les idiomes du
jazz occidental. Si ses précédentes
collaborations avec Steve Coleman,
Mark Turner et Chris Potter sont un
gage de qualité, son talent a en outre
été reconnu par Manfred Eicher,
fondateur du prestigieux label ECM,
sur lequel Virelles a sorti son premier
album. Mbọkọ est un tissu d’interférences entre musique sacrée et minimalisme, oscillant avec délicatesse et
subtilité entre musique du monde et
jazz, le tout dans un exercice d’équilibre à couper le souffle.
Du talent
made in Belgium
Fondé par Peter Vermeersch, le
bigband belge Flat Earth Society
est le premier orchestre de
jazz à profiter d’une résidence
à BOZAR. Lors du Flat Earth
Day, vous aurez l’occasion de
découvrir cet ensemble qui
mêle avec audace jazz, rock,
punk à une créativité des plus
délibérément chaotiques. Au
programme également : le jeu
de musique et d’ombres du
saxophoniste Bruno Vansina et
le concert de présentation, avec
Mauro Pawlowski, d’un album
longtemps attendu consacré à
Frank Zappa.
MUSIC
19.03.2016
Flat Earth Day
Focus sur Flat Earth Society
et ses musiciens
ALORS, C’ÉTAIT COMMENT ?
BOZAR
CINEMA DAYS
Lors des BOZAR Cinema Days, nous avons
interrogé quelques visiteurs. Pendant
quatre jours, ceux-ci ont découvert une
série de nouveaux films en tous genres,
mêlant cinéma d’auteur et d’avantgarde, productions à budget réduit, films
d’animation, œuvres biographiques et
documentaires expérimentaux venus des
quatre coins de l’Europe.
JUST ADD YOU.
01
Barbara aime découvrir de
nouvelles choses
« Hier, j’ai vu les cinq premières de
l’Atelier Graphoui. Ce collectif de cinéastes est un atelier de production
audiovisuelle qui soutient le cinéma
expérimental. Malgré un propos
qui n’était pas toujours évident à
saisir, les images étaient absolument
magnifiques. J’attends aussi avec
impatience la rencontre avec la
réalisatrice et actrice française Claire
Simon. Son nouveau documentaire
Le Bois dont les rêves sont faits
(2015) parle des habitants du Bois
de Vincennes à Paris. »
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Yves Gervais © BOZAR
02 Céline et José
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MARS — AVRIL ’16
Bram se souvient de son voyage
02
Céline et José rendent visite à
leurs « voisins »
Céline est programmatrice de
films à CINEMATEK, tandis que
José s’occupe du département
empowerment de la Monnaie.
« Heureusement qu’il y a encore à
Bruxelles des lieux qui s’intéressent
à un "autre" cinéma. À BOZAR, on
peut découvrir des films qui ne sont
programmés nulle part ailleurs »,
explique José. « À CINEMATEK, nous
programmons aussi des films qui
évoluent hors du circuit commercial », dit Céline. « Nous organisons
des cycles ou des rétrospectives
complètes autour d’une thématique
ou d’une personnalité du cinéma,
tandis que BOZAR présentera plutôt
des films inédits dans un contexte
événementiel, comme c’est le cas
du festival BOZAR Cinema Days.
C’est intéressant pour le public
bruxellois d’avoir ces deux types de
programmation. »
« D’habitude, je viens surtout au
Palais des Beaux-Arts pour assister
à des concerts. Mais lorsque j’ai vu
le film El abrazo de la serpiente au
programme, j’ai tout de suite acheté
un ticket. Le film raconte l’histoire
d’un Indien en Amazonie colombienne. Il est le dernier survivant de
sa tribu et combat les envahisseurs
occidentaux. L’année dernière, j’ai
parcouru l’Équateur et la Colombie,
sac au dos. J’ai été profondément
marqué par le silence qui règne au
cœur de cette nature intacte. J’ai
beaucoup apprécié la façon dont
ces paysages à couper le souffle
ont été mis en valeur dans ce film
en noir et blanc. »
03
CENTRE FOR FINE ARTS
BRUSSELS
20.04.2016
HIGHLIGHTS
Le célèbre ensemble baroque Les Folies
françoises chante le récit de la passion
de Scarlatti avec les contre-ténors
Philippe Jaroussky et Valer Sabadus.
Nous vous présentons ci-dessous
une sélections de nos événements
pour les deux prochains mois.
MUSIQUE
CLASSIQUE
02.03.2016
GRIGORY SOKOLOV
INTERPRÈTE CHOPIN
ÉVEILLEZ
VOTRE CURIOSITÉ
21.04.2016
SCHUBERT, VERSION
CHANT ET CORDES
REJOINGEZ LES
BOZAR-FRIENDS
SAISON
’15 — ’16
Retrouvez l’esprit des Schubertiades
avec le Quatuor Ébène accompagné du
baryton Matthias Goerne, qui proposera
quelques Lieder avant de laisser la place
aux instrumentistes français pour un
impressionnant quintet à cordes.
La carte BOZAR-friends est nominative.
Elle est valable uniquement pour son propriétaire
et lui fait bénéficier de nombreux avantages pour
presque toutes les productions BOZAR.
Elle ne procure cependant aucun avantage
pour certaines co-productions clairement identifiées
comme telles et pour certains événements
organisés par des tierces parties.
Pour le détail de vos avantages, visitez notre site
www.bozar.be/friends.
01
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04
Photo © M.B.- S.K.-14 - 2014 © Dirk Braeckman - Courtesy of Zeno X Gallery, Antwerpen
MAJID BEKKAS ET
L’AFRO-ORIENTAL JAZZ
TRIO
25.03.2016
Attendez-vous à une musique délicieusement groovy et authentique avec
ce chanteur et musicien marocain qui
mêle le gnaoua traditionnel, le jazz et le
blues avec l’ « African gnaoua blues » de
l’Afro-Oriental Jazz Trio.
Plus d’informations à la p. 34
02
24.04.2016
LA GRANDE DAME
DU PIANO
Elisabeth Leonskaïa est l’une des plus
grandes personnalités musicales de
notre époque. Depuis sa participation
au Concours Reine Elisabeth en 1968, le
public belge la porte dans son cœur, et
la pianiste le lui rend bien.
04
EXPO
19.02 – 22.05.2016
DANIEL BUREN. UNE
FRESQUE
Buren est un artiste français (°1938)
mondialement connu pour ses bandes
blanches et colorées que l’on retrouve
dans des institutions culturelles et des
lieux publics. La plupart de ses interventions sont temporaires, rendant impossible l’organisation d’une rétrospective
Quatuor Ébène
© Julien Mignot
Simon Rattle
© Stephan Rabold
Elisabeth Leonskaya
© Marco Borggreve
Majid Bekkas
© Omar Mhammedi
MARS — AVRIL ’16
RENCONTRE ENTRE
L’ANDALOUSIE ET LA
PERSE
Les occasions sont rares d’apprécier sur
scène cet orchestre au rayonnement
mondial. Il sera dirigé par un chef d’exception dans un programme consacré
aux compositeurs du XIXe siècle Anton
Bruckner, Johannes Brahms et Hans Rott.
03
39
10.03.2016
La chanteuse espagnole Rosario et le
musicien iranien Mohammad Motamedi
présentent un mélange explosif de musique classique iranienne et de flamenco
enflammé.
01
Portrait de Michaël Borremans par Dirk Braeckman pour BOZAR-friends
JAZZ & MUSIQUE
DU MONDE
SIMON RATTLE À LA
TÊTE DE L’ORCHESTRA
OF THE AGE OF
ENLIGHTENMENT
Cette légende vivante du piano russe
maîtrise un large répertoire. Au cours
de cette série de concerts, Sokolov a
choisi de se consacrer à des œuvres de
Frédéric Chopin. Laissez-vous séduire
par son jeu époustouflant.
17.04.2016
PALEIS VOOR SCHONE KUNSTEN
BRUSSEL
PALAIS DES BEAUX-ARTS
BRUXELLES
SCARLATTI ET LA
PASSION
au sens classique du terme. Buren
transforme les espaces d’exposition de
BOZAR en une fresque géante, ouvrant le
dialogue avec plus de 100 artistes qui ont
croisé son chemin, de Cézanne à Léger et
Picasso en passant par Jackson Pollock,
Sol LeWitt et Pierre Huyghe. Par le biais
d’un nouveau film, il offre un panorama
des interventions temporaires qu’il a réalisées depuis la fin des années soixante. Un
événement à ne pas manquer.
Plus d’informations à la p. 24
26.02 – 29.05.2016
14.03.2016
29.04.2016
09 – 24.03.2016
20.04.2016
REMBRANDT EN NOIR
ET BLANC
FREEHELD, PREMIÈRE
IVO VAN HOVE
INVITE LES PAYS-BAS
À BRUXELLES
PASSION ET
COMPASSION LORS
DU KLARAFESTIVAL
L’EUROPE
ET LES ORIENTS
Découvrez quelques-unes des gravures
les plus magnifiques du XVIIe siècle.
Grâce à notre tablette, vous plongerez
au cœur de ces œuvres d’art.
Plus d’informations à la p. 30
Agent de police dans le New Jersey,
Laurel Hester tombe amoureuse de
Stacie Andree, mécanicienne de voiture
et lesbienne. Pourtant, elle n’ose pas lui
déclarer son amour…
BOZAR donne carte blanche au directeur
belge du Toneelgroep Amsterdam.
Le temps d’une soirée, il invite des
Néerlandais plus ou moins connus à
participer à une rencontre culturelle.
Plus d’informations à la p. 20
04.03 – 22.05.2016
OFFICE
KERSTEN GEERS
DAVID VAN SEVEREN:
EVERYTHING
ARCHITECTURE
Ce bureau d’architecture bruxellois se
distingue par ses blocs géométriques,
ses espaces ouverts et ses lignes droites.
05
26.02 – 29.05.2016
THEO VAN DOESBURG.
UNE NOUVELLE
EXPRESSION DE LA
VIE, DE L’ART ET DE LA
TECHNOLOGIE
Fondateur avec Piet Mondrian du courant artistique De Stijl, le Néerlandais
Van Doesburg a parcouru l’Europe pour
promouvoir son langage imagé abstrait
et a rencontré les constructivistes, les
dadaïstes et les adeptes du Bauhaus. En
marge de l’exposition, nous vous proposons une soirée dadaïste consacrée à la
poésie et au cinéma le 08.03.2016 ainsi
qu’un Family Day le 13.03.2016.
Plus d’informations à la p. 18
10.03.2016
THÉÂTRE ET DANSE
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08 - 09.03.2016
FESTIVALS
ET DÉBATS
SAD SONGS FROM THE
HEART OF EUROPE
24.03 – 29.05.2016
IMAGINE EUROPE:
IN SEARCH OF NEW
NARRATIVES
Des artistes, architectes, designers, scientifiques et penseurs s’intéressent à l’Europe
au fil de débats, de films et d’un parcours
sous forme d’installation. Un espace est mis
à disposition de chacun et transformé en
laboratoire à histoires, images et idées nouvelles, signées notamment Rem Koolhaas,
Michelangelo Pistoletto, Filip Van Dingenen,
Mashid Mohadjerin, Ingo Niermann,
Louwrien Wijers, Chantal Akerman…
Plus d’informations à la p. 6
CINÉMA
06.03.2016
THE LAND
OF THE ENLIGHTENED,
PREMIÈRE
Présentation du premier long-métrage
du jeune réalisateur belge Pieter-Jan De
Pue. Il raconte l’histoire de l’Afghanistan
à travers les yeux d’enfants.
Plus d’informations à la p. 14
10
13.03.2016
05.03.2016
FINALE DE LA BRUSSELS
CONTEMPORARY
DANCE COMPETITION
PERLES CULTURELLES
D’ÉTHIOPIE
Plongez dans l’ambiance d’un bar d’Addis-Abeba dans les années cinquante
et soixante avec l’éthio-jazz de l’Addis
Acoustic Project. Tout au long de la
journée, découvrez la riche culture de
ce pays d’Afrique orientale dans le cadre
d’Ethiopia.
Plus d’informations à la p. 34
Dix jeunes danseurs et chorégraphes
talentueux donnent le meilleur d’euxmêmes. Au cours d’ateliers et de
sessions, ils ont monté leur spectacle en
solo avec le soutien d’experts. BOZAR
présente le résultat de leur travail.
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08
40
EN FAMILLE
05.03.2016
09
Sonya tente de tenir bon entre un père
alcoolique, une belle-mère la forçant à se
prostituer et un ami cachant un secret.
Cette poignante histoire d’amour à l’état
brut parle de l’Europe d’aujourd’hui et
s’inspire du roman Crime et châtiment
de Dostoïevski.
07
La musique religieuse et spirituelle a
toujours été source de réconfort pour
l’homme. Cette année, le programme
est placé sous le signe de la passion
à travers les siècles. Dans la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, quatre
écrans plasma montrent quatre martyrs
confrontés aux forces invincibles de la
nature. Une œuvre impressionnante de
l’artiste vidéaste Bill Viola.
Plus d’informations à la p. 32
François Gipouloux (EHESS, Paris) et
Gianmaria Piccinelli (Seconda Università
degli Studi, Naples) s’intéressent de
plus près à la relation qui unit l’Europe
à l’Orient. Un débat en profondeur sur
l’altérité et l’identité.
41
MARS — AVRIL ’16
LES MURS DE LA
NOUVELLE EUROPE
La nouvelle Europe s’est élevée sur les
ruines d’un mur écroulé. Vingt-cinq ans
plus tard, nous construisons d’autres
barrières. « Cela va complètement à
l’encontre des principes fondateurs
de l’Europe », expliquent les professeurs français Henry Laurens et Michel
Foucher. Débats en français.
CONCERT INTERACTIF
EN FAMILLE :
ALORS ON CHANTE !
Avec vos enfants, chantez des chansons
d’hier et d’aujourd’hui, accompagnés par
un orchestre symphonique de cordes, de
bois, de cuivres et de percussions.
24.04.2016
FILM
À VOIR EN FAMILLE :
DANCE, DANCE,
DANCE
13 – 17.04.2016
BALKAN TRAFIK!
FÊTE SON DIXIÈME
ANNIVERSAIRE
Danse, performances, films, débats et
surtout, une bonne dose de musique :
voilà les ingrédients qui transforment
le dixième anniversaire d’un festival en
une gigantesque fête, avec un concert
interactif en famille pour célébrer l’occasion comme il se doit.
Plus d’informations à la p. 28
Ça danse dans tous les sens pendant
que des lumières jaillissent sur l’écran.
Ces films de danse hauts en couleurs
sont particulièrement ludiques, drôles
et un peu surréalistes. La chorégraphe
Alma Söderberg joue de sa voix et danse
en direct sur la musique.
05
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07
12
Pour plus d’informations,
consultez www.bozar.be.
08
09
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11
12
Photo - souvenir : Zurbaran St. Serapion, in Daniel
Buren Dominoes, travail in situ, 1977 Waldorf
Atheneum, Hartford (Connecticut). Detail.
© DB-ADAGP Paris
Theo van Doesburg, Counter-Composition
XIII (Contra-Compositie XIII), 1925–26, Oil on
canvas, Peggy Guggenheim Collection, Venice
(Solomon R. Guggenheim Foundation, New
York)
OFFICE 124 — Oasis, OFFICE, Kersten Geers,
David Van Severen
© Bas Princen
The Land of the Enlightened
© D.R.
Julianne Moore and Ellen Page in Freeheld
© D.R.
Sad Songs from the Heart of Europe
© Liisa Sofia Pöntinen
Ivo van Hove
© Jan Versweyveld
Bollywood Masala Orchestra
© Guillaume
Soutien public
Partenaires institutionnels
Partenaires structurels
Tickets : Rue Ravenstein 18, 1000 Bruxelles /
Mar > Ven 13:00 > 17:00 / En dehors des heures
indiquées, la billetterie est ouverte 1 heure avant
chaque spectacle
Expositions : Mar > Dim 10:00 > 18:00 /
Jeu 10:00 > 21:00 / La vente des billets est
clôturée 30 minutes avant la fermeture des portes
Call Centre : +32 (0)2 507 82 00
(Mar > Ven 13:00 > 17:00)
Partenaires médias
Gouvernement Fédéral
Services du Premier Ministre, Cellule de
coordination générale de la politique · Services
du Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Emploi,
de l’Economie et des Consommateurs, chargé du
Commerce extérieur · Services du Vice-Premier
Ministre et Ministre de la Sécurité et de l’Intérieur,
chargé des Grandes Villes et de la Régie des
bâtiments · Services du Vice-Premier Ministre et
Ministre de la Coopération au développement, de
l’Agenda numérique, des Télécommunications et
de la Poste · Services du Vice-Premier Ministre et
Ministre des Affaires étrangères et européennes,
chargé de Beliris et des Institutions culturelles
fédérales · Services du Ministre du Budget,
chargé de la Loterie nationale · Services du
Ministre des Finances
Communauté Française
Cabinet du Ministre-Président · Cabinet de la
Vice-Présidente et Ministre de l’Education, de
la Petite enfance, des Crèches et de la Culture ·
Cabinet du Ministre de l’Aide à la jeunesse, des
Maisons de justice et de la Promotion de Bruxelles
Vlaamse Gemeenschap
Kabinet van de Minister-president en Minister
van Buitenlands Beleid en Onroerend Erfgoed ·
Kabinet van de Minister van Cultuur, Media,
Jeugd en Brussel
Autres points de vente :
FNAC Magasins — www.fnac.be / Bureau
touristique du Parlement européen
+32 (0)2 284 20 80 / Bureau de Théâtres
de l’OTAN +32 (0)2 707 49 83
Accès : Métro 1 et 5 Gare Centrale & Parc / Bus :
27, 29, 38, 63, 65, 66, 71, 71N, 95 / Tram : 92, 94 /
Train Gare Centrale
Partenaires privilégiés
BOZAR
BOZAR EXPO PHOTO
BOZAR MUSIC
Fondations
Deutschsprachige Gemeinschaft Belgiens
Kabinett des Ministerpräsidenten
Région Wallonne
Cabinet du Ministre-Président
Région de Bruxelles-Capitale ·
Brussels Hoofdstedelijk Gewest
Cabinet du Ministre-Président · Kabinet van de
Minister-President · Cabinet du Ministre des
Finances, du Budget, des Relations extérieures et
de la Coopération au Développement · Kabinet
van de Minister van Financiën, Begroting, Externe
Betrekkingen en Ontwikkelingssamenwerking
Commission Communautaire Française.
Ville de Bruxelles
Vlaamse Gemeenschapscommissie.
Stad Brussel
Partenaires internationaux
European Concert Hall Organisation :
Concertgebouw Amsterdam · Gesellschaft
der Musikfreunde in Wien · Wiener
Konzerthausgesellschaft · Cité de la Musique
Paris · Barbican Centre London · Town Hall &
Symphony Hall Birmingham · Kölner Philharmonie ·
The Athens Concert Hall Organization ·
Konserthuset Stockholm · Festspielhaus BadenBaden · Théâtre des Champs-élysées Paris ·
Salle de concerts Grande-Duchesse JoséphineCharlotte de Luxembourg · The Sage Gateshead ·
Palace of Art Budapest · L’Auditori Barcelona ·
Elbphilharmonie Hamburg · Casa da Música Porto ·
Calouste Gulbenkian Foundation Lisboa · Palau
de la Música Catalana Barcelona · Konzerthaus
Dortmund
42
Groupes : Lun > Ven 09:00 > 17:00 /
+32 (0)2 507 83 36 / [email protected] BOZAR corporate patrons
ABN AMRO · Bank of New York Mellon · Edmond
de Rothschild (Europe) · Bird & Bird · BKCP · EDF
Luminus · KBC Bank · Lhoist · Linklaters · Lombard
Odier · NH Hoteles · Puilaetco Dewaay Private
Bankers · Société Fédérale de Participations et
d’Investissement – Federale Participatie- en
Investeringsmaatschappij
Parkings : P1 - PARKING Grand Place,
Bd de l’Impératrice - Pl. de l’Agora,
1000 Bruxelles / P2 - PARKING Albertine,
16 Place de la Justice, Rue des Sols,
1000 Bruxelles / P3 - PARKING SablonPoelaert, Place Poelaert, 1000 Bruxelles
Personnes moins valides : Accès Salle M,
Studio, Salle Henry Le Bœuf : rue Terarken 2.
Pour les expositions, merci de prendre
rendez-vous : +32 (0)479 98 66 12 ou
[email protected]. Emplacements de
parking à l’extrémité de la rue Terarken et au
niveau du n°2, rue Montagne de la Cour.
Management : Chief Executive Officer – Artistic
Director : Paul Dujardin / Head of Exhibitions :
Sophie Lauwers / Director of Finances :
Jérémie Leroy / Director of Operations : Albert
Wastiaux / Head of Cinema : Juliette Duret / Head of Music : Ulrich Hauschild / Director of
Human Resources : Marleen Spileers / Director
of Technics, IT, Investments, Safety & Security :
Stéphane Vanreppelen / Director of General
Administration : Didier Verboomen
Partenaires promotionels
Fournisseurs officiels
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