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PAlais des Beaux-Arts Bruxelles FR MAGAZINE MARS — AVRIL ’16 L'EUROPE DES JEUNES TALENTS Bimestriel N°2016/02 — Bureau de dépôt Bruxelles X — P202261 Always close Would you like to receive music news? Watch the most prestigious operas again? Win tickets to fantastic concerts? Join us on proximusklassiek.be or proximusclassique.be BIENVENUE BOULEZ VIT ! Avec la mort de Pierre Boulez survenue le 5 janvier 2016, le XXe siècle et l’avant-garde musicale se sont brutalement achevés. C’est du moins ce que presque tous les journaux ont voulu nous faire croire. Certains commentateurs ont même poussé un soupir de soulagement : nous allons enfin pouvoir tourner la page ! Étrangement, je garde un tout autre souvenir de Boulez. Je me rappelle de lui comme de quelqu’un qui ouvrait des voies et non qui fermait des portes, comme d’un mentor enthousiasmant qui, jusqu’au dernier moment, est resté attentif à la nouvelle génération de compositeurs, musiciens et auditeurs. Je me rappelle aussi d’un homme qui explorait les frontières entre les disciplines artistiques et entre l’art, la technique et la science. Il se laissait influencer par la poésie de Stéphane Mallarmé et René Char et par les compositions visuelles de Paul Klee, travaillait avec les metteurs en scène Peter Stein et Patrice Chéreau et dirigeait aussi des œuvres de Frank Zappa. close partner of 03 MARS — AVRIL ’16 Boulez est une source d’inspiration inépuisable. À BOZAR, nous avons vécu ensemble bon nombre de moments mémorables. À l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, la Grande Salle Henry Le Bœuf était pleine de jeunes gens qui écoutaient Le Sacre du Printemps en retenant leur souffle et encourageaient le maestro et le London Symphony Orchestra avec des banderoles. En 2008, nous avons réussi à convaincre Boulez d’être le co-commissaire de notre exposition consacrée à Paul Klee. Dans une salle, il a mis en avant l’interaction entre Klee et la musique. Non, Boulez ne marque pas une fin, mais à chaque fois un nouveau commencement. Confond-on parfois la musique – au début mathématique et « sévère » – avec l’homme ? Laurent Bayle, l’un des fils spirituels de Boulez, qui est aujourd’hui le président de la Philharmonie de Paris, décrit le phénomène de manière frappante : « Dans l’imaginaire collectif, Picasso équivaut par excellence à l’art moderne. De même, Pierre Boulez est l’emblème de la musique contemporaine, pour le pire et le meilleur. » Nuance : Boulez ne détruit rien, il construit. Sa musique novatrice respire la reconstruction. Après le chaos de la Seconde Guerre mondiale, on avait besoin d’ordre. Non seulement les douze notes devaient être mises sur un pied d’égalité, mais Boulez a aussi réarrangé la durée, le timbre et la nuance en structures claires. En cette époque pionnière, Boulez n’a pas hésité pas à commettre un parricide. Il trouvait que ses maîtres, Olivier Messiaen et Arnold Schönberg, n’allaient pas assez loin. « Schönberg is dead », écrivit Boulez en 1952. Est-il temps aujourd’hui d’assassiner Boulez, le compositeur ? Espérons que l’avant-garde qui prend des risques et enrichit le spectre musical, ne soit pas encore morte. Quoi qu’il en soit, l’héritage de Boulez va perdurer encore très longtemps. Et je ne parle pas ici d’épigones musicaux – il en avait horreur – mais des nombreuses possibilités qu’il a ouvertes. Durant six décennies, Boulez a créé en France des structures qui ont changé le monde de la musique. L’IRCAM (Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique) reste son œuvre la plus influente. En 1969, le président Georges Pompidou en personne lui a confié la mission d’associer la musique à la recherche. L’IRCAM a finalement ouvert ses portes en 1977, en tant qu’organe du Centre Pompidou. La Philharmonie de Paris (ancienne Cité de la musique) jouit depuis l’année dernière - et ce, après un combat de plus de 20 ans - d’une grande salle de concert conçue par l’architecte Jean Nouvel. Cet ensemble exceptionnel, constitué notamment de salles de concerts, d’espaces éducatifs, d’un musée et d’une médiathèque, doit en grande partie sa création à Pierre Boulez. Chapeau, maestro ! BOZAR et le Klarafestival lui rendront hommage le 17 mars avec un concert de l’Ensemble Intercontemporain, fondé en 1976 par Boulez. Une soirée qui promet déjà de sortir des sentiers battus – comment pourrait-il en être autrement ? Lors de la première partie, vous entendrez à quatre endroits différents de la musique de chambre des XXe et XXIe siècles. Nous conclurons en force dans la Grande Salle Henry Le Bœuf avec Das Lied von der Erde, de Mahler, le mariage ultime entre raison et sentiments. “Aufs neu! / Allüberall und ewig / blauen licht die Fernen! Ewig... ewig...” (De nouveau ! / Partout et pour toujours / les horizons bleuissent ! Éternellement… éternellement.) En coulisses, Boulez hoche la tête d’un air approbateur. Paul Dujardin, CEO & Directeur artistique SOMMAIRE BIENVENUE Régie publicitaire : Charlie Mike — Managing Director : Serge De Schryver Chaussée de Waterloo 870, 1180 Bruxelles — 02 241 55 55 [email protected] www.charliemike.be Date de bouclage : 16.02.2016 — Imprimerie : Roularta Printing Au-delà de cette date, notre programmation peut encore changer. Pour prendre connaissance des éventuelles mises à jour, merci de vous reporter à notre site : bozar.be Éditeur responsable : Paul Dujardin rue Ravenstein 23 1000 Bruxelles Adresse retour : rue Ravenstein 23 1000 Bruxelles Pour les auteurs d’arts plastiques membres d’une société — Cisac, et pour les photographes représentés par la SABAM : © SABAM, Bruxelles, 2005. Pour les photographes et les créateurs représentés par la SOFAM : © SOFAM, Bruxelles, 2005 Cover : Tourism#23: Welcome, 2007 © Ives Maes Publication distribuée en collaboration avec Le Vif L’Express 03 24 NEW NARRATIVES DIALOGUE ENTRE L’EST ET L’OUEST 06 NEXT GENERATION, PLEASE À travers les yeux de la jeunesse JEUNES TALENTS Editorial Coordination : Frederic Eelbode Advisor Artistic Policy : Kurt De Boodt Contributors : Olivier Boruchowitch, Kurt De Boodt, Frederic Eelbode, Alexander Jocqué, Marianne Van Boxelaere, Xavier Verbeke & Luc Vermeulen Corporate Development : Katrien Desrumaux, Barbara Lefebure, Peter Schoonjans & Olivia van der Ghinst Le retour de Daniel Buren La force de l’imaginaire européen Une publication du Département marketing et communication de BOZAR MARS — AVRIL ’16 Balkan Trafik ! fête ses dix ans 28 REMBRANDT ET LA GRAVURE Le Siècle d’or en noir et blanc 30 10 QUAND MUSIQUE RIME AVEC COMPASSION FEUILLETON MUSICAL (IV) 32 12 Les multiples visages du jazz Les jeunes talents à BOZAR INTERVIEW DE PIETER-JAN DE PUE Rêves afghans 14 GROS PLAN Valer Sabadus 17 THEO VAN DOESBURG Des toiles et des vers 18 INTERVIEW D’IVO VAN HOVE Hors des sentiers battus 20 05 ÉVÉNEMENT Boulez vit ! Mater Dolorosa RACINES MUSICALES 34 ALORS, C’ÉTAIT COMMENT ? BOZAR Cinema Days 37 HIGHLIGHTS Découvrez nos activités 39 Partenaires et informations pratiques 42 NEW NARRATIVES LA FORCE DE L'IMAGINAIRE EUROPÉEN JEUNES TALENTS EXPO 24.03 - 29.05.2016 IMAGINE EUROPE In Search of New Narratives Et si… nous ouvrions les espaces entre les expositions consacrées à Theo van Doesburg et Daniel Buren pour présenter l’Europe de demain ? Pour tester de nouvelles idées et histoires ? Pour aiguiser notre imaginaire et discuter ensemble des sujets sensibles de l’Union européenne et de l’Europe comprises comme des espaces culturels ? On obtiendrait alors une initiative aussi passionnante qu’Imagine Europe: In Search of New Narratives : au croisement du forum public, du laboratoire et de l’atelier. Aux côtés de valeurs sûres comme Michelangelo Pistoletto et Chantal Akerman, de nombreux jeunes talents et étudiants se voient aussi confier un espace d’expression. Nous vous invitons à découvrir ci-dessous quelques-unes des salles dévolues à l’événement. 06 01 Conspirations européennes Depuis quelques années, le mot « crise » colle implacablement à l’UE. Les eurosceptiques s’avèrent plutôt doués pour faire passer leurs idées. Les dirigeants européens se lancent dès lors à corps perdu dans la défense du projet européen mais ont du mal à surmonter le pessimisme ambiant. Il est temps d’examiner les problèmes, mais surtout de trouver des solutions. Dans The Solution Book Series, l’écrivain et artiste Ingo Niermann et des auteurs invités partent à la recherche d’idées frappantes et originales pour un pays ou une région. Après des volumes sur l’Allemagne, l’Écosse, la Finlande et l’île imaginaire de 07 MARS — AVRIL ’16 Lavapolis, c’est au tour de l’Europe dans son ensemble. Ingo Niermann : « Les défenseurs de l’UE suivaient généralement deux scénarios. La version idéaliste : l’Europe, qui avait été au cœur de deux terribles guerres mondiales et de la Shoah, s’appuie désormais sur son grand héritage humanitaire et s’impose comme un modèle d’union pacifique entre nations. Ou la version technocratique : grâce à l’introduction d’un deuxième niveau de représentation exécutive, la politique de l’UE est plus efficace que la politique nationale, car elle doit moins plaire aux citoyens. Depuis que la crise de la dette a frappé la zone euro, les deux récits ne tiennent plus. La défiance envers l’UE est si grande que les nouveaux récits doivent surtout être crédibles et surprenants. Qu’ils finissent bien ou mal est d’une moindre importance. Les narrations les plus intrigantes se concentrent sur quelques acteurs principaux et dévoilent des secrets longuement gardés. Bref, la solution la plus adaptée pour l’UE dans l’état actuel des choses est d’imaginer des conspirations européennes. » Bons baisers de la Place de l’Europe Yves Mettler, un artiste suisse qui vit à Berlin, est investi d’une mission. Depuis dix ans déjà, il collectionne les cartes postales des Places de l’Europe. Le grand nombre de langues témoigne de la diversité européenne. Comme on peut s’y attendre, la plupart des Places de l’Europe se trouvent en Europe occidentale. Mais de nombreuses cartes pour le moins étonnantes soulèvent aussi des questions sur les frontières politiques, économiques et imaginaires. La Suisse, qui n’est pourtant pas membre de l’UE, peut aussi se targuer d’avoir sa Place de l’Europe. Les pays représentés dans la collection s’étendent jusqu’à la mer Méditerranée, de Chypre à la Tunisie, et à l’Est, avec de nombreuses cartes de Moscou et d’Ukraine. Yves Mettler regroupe les cartes par région, forme et contenu, et transforme les images en récits. Ensemble, elles racontent les aventures de la construction européenne, des plans d’urbanisme locaux aux grands chambardements géopolitiques. Une carte postale a aussi un deuxième côté, plus personnel : l’espace sur lequel l’expéditeur écrit son message. Avec Europlatz, Yves Mettler présente une image de l’Europe, où fiction et réalité s’entremêlent. Démocratie & design L’Europe peut se prévaloir d’un héritage démocratique issu de la Grèce antique. Il s’agit de l’un des piliers de la construction de l’identité européenne. En même temps, beaucoup accusent l’Europe de ne pas être assez démocratique. Pour les citoyens européens, « Bruxelles » reste en général un bastion insaisissable JEUNES TALENTS Les artistes suivants prennent part à Imagine Europe: In Search of New Narratives : • I ngo Niermann & Zak Group • F ilip Van Dingenen et les étudiants de l'École européenne de Laeken • E milio López-Menchero et les étudiants de l'Institut Sainte-Marie, Saint-Gilles • L ouwrien Wijers • Citadellarte-Fondazione Pistoletto • Internationale Architectuur Biënnale Rotterdam et Architecture Workroom Brussels • X ML Creative Studio et les étudiants en master du Designing Democracy Sandberg Instituut Amsterdam • Mashid Mohadjerin • Y ves Mettler • Chantal Akerman •M ichelangelo Pistoletto • I ves Maes 02 08 et incompréhensible. La démocratie est sous pression à de nombreux égards. Le Sandberg Instituut, le département de formation de second cycle de la Gerrit Rietveld Academie d’Amsterdam, a demandé au bureau d’architectes XML de développer un programme de Master sur deux ans, intitulé Designing Democracy. Pendant la première année, dix étudiants des Pays-Bas, de France, d’Italie, mais aussi de Chine, du Canada et de Russie ont identifié les nombreux aspects de la démocratie : des mouvements citoyens dans les villes à l’abstentionnisme, en passant par le rôle joué par la technologie. Aujourd’hui, certains d’entre eux présentent une étape intermédiaire de leurs recherches. Par ailleurs, lors de la présidence néerlandaise, XML et le designer Jurgen Bey sont à pied d’œuvre dans le bâtiment Justus Lipsius, siège du Conseil de l’UE, qui accueille les chefs d’État et de gouvernement. Avec leur projet, XML et Jurgen Bey ne mettent pas l’accent sur les Pays-Bas mais jouent résolument la carte de l’UE. Ils ont ainsi posé sur le sol de l’atrium central un gigantesque écran bleu. Grâce à la technologie, le bleu européen, anonyme, devient transparent. Ce qui apparaît au départ comme un sol bleu se mue en un grand écran affichant différentes représentations de l’« Europe ». XML et Jurgen Bey ont invité quelques artistes et designers à créer des projets graphiques, installations interactives ou images pour l’écran géant. Découvrez-en un spinoff dans le cadre de Imagine Europe. 01 Problems and Solutions Installation © Solution Series courtesy of Zak Group, photography; Brotherton-Lock 02 Yves Mettler: View of the final state of the intervention “Europaplatz (Chur)", commissioned by the art in public space festival “Chur_Interveniert" Yves Mettler (photo&art), Chur (CH), 2005 03 Lina on her balcony, Cairo, Egypt, 2015 © Mashid Mohadjerin 04 Chantal Akerman: Still from d’Est/From the East (1993 Belgium/France/Portugal) You say you want a revolution Quand elle avait huit ans, Mashid Mohadjerin a quitté l’Iran pour la Belgique. Elle a étudié à l’Académie royale des Beaux-Arts d'Anvers et est devenue une photographe de renom qui se sent partout chez elle. Ses essais photographiques ont pour thème la condition humaine et les questions identitaires. En 2008, elle a travaillé à un reportage sur la traite des femmes en Europe, qui l’a conduite à Lampedusa et en Libye. Elle s’y est entretenue avec des réfugiés, a été le témoin silencieux d’opérations de sauvetage en mer et a mis le tout en images de façon poignante. En 2009, elle a reçu un World Press Photo Award pour l’un de ces clichés. Ces dernières années, elle s’est régulièrement rendue au Moyen-Orient, à la recherche de jeunes femmes qui ont joué un rôle actif dans les révolutions de la région. Elle a écouté leurs histoires, leurs rêves, leurs motivations et les a rassemblés dans une série de portraits. Ces jeunes activistes sont éloquentes, sûres d’elles-mêmes, convaincues par leur cause et n’ont pas peur de s’exprimer. You say you want a revolution: I do # Revolution nous confronte à une vision souvent encore trop occidentale des femmes du Moyen-Orient. 03 Le débat à l’honneur Dans le numéro de Noël de Knack, le philosophe néerlandais Rob Riemen, spécialiste de la culture, affirmait qu’être européen reposait avant tout sur une identité culturelle : « être européen, c’est savoir que l’on appartient à une tradition humaniste qui rassemble les plus belles idées, d’Alexandrie, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. » Il a plaidé passionnément pour qu’on laisse du champs aux penseurs afin qu’ils puissent affiner la conscience européenne. Depuis des siècles, philosophes, écrivains, politiques, journalistes, artistes, scientifiques et citoyens donnent forme à la tradition intellectuelle qui est la nôtre. Lors de Imagine Europe, BOZAR ouvre, trois mois durant, l’une de ses salles à la rencontre et à la discussion. Nous explorons les frontières de l’Europe et n’évitons aucun sujet. Les artistes fournissent des explications personnelles sur leurs installations et organisent des ateliers concernant leur « new narrative ». Dans l’espace de discussion, vous pouvez découvrir l’installation Art Meets Science and Spirituality in a Changing Economy de Louwrien Wijers. En 1990, celleci a réuni des artistes, scientifiques et chefs spirituels au Stedelijk Museum d’Amsterdam pour un colloque éponyme de cinq jours. John Cage, Marina Abramović, Stanislav Menshikov, le dalaï-lama et Fritjof Capra, entre autres, ont débattu de sujets brûlants tels que : « Crisis of Perception », « The Transforming World » et « The Shifting Paradigm ». Du matériel d’archives toujours d’actualité, que nous sommes ravis de partager avec vous. 04 09 MARS — AVRIL ’16 Rem Koolhaas et OMA à BOZAR Rem Koolhaas, architecte de renommée mondiale, et son bureau OMA sont intimement liés à l’Union européenne. Romano Prodi, président de la Commission entre 1990 et 2004, leur avait déjà demandé de se pencher sur l’image de l’UE. Et ce travail est aujourd’hui plus nécessaire que jamais. Comment se faitil, en effet, que dès qu’il s’agit de créer une image et de communiquer sur leurs propres réalisations et projets d’avenir, les institutions européennes se montrent si ternes, à l’instar des tailleurs et costumes gris-bleu de leurs fonctionnaires ? Ne choquer personne, telle semble être la devise. L’Europe peut être fière de ses découvertes scientifiques majeures et de son riche patrimoine culturel, qui fédère tout le continent, et, pourtant, les ponts représentés sur les billets en euros n’existent pas. Les bâtiments de l’UE à Bruxelles brillent par leur anonymat. Rem Koolhaas parle d’un déficit iconographique, d’une lacune picturale. Si le projet européen veut convaincre les générations prochaines, il a besoin de plus de couleur, d’imagination et d’enthousiasme. Imagine Europe s’y emploie. Pendant la précédente présidence néerlandaise du Conseil de l’UE en 2004, Rem Koolhaas avait montré ce qu’un peu d’imagination pouvait signifier. Il avait installé sur le rond-point Schuman, dans le quartier européen, un chapiteau de cirque, non pas bleu marine, mais aux couleurs festives des drapeaux des États membres. La diversité en un clin d’œil. Sous la tente, vous aviez droit à un cours intensif - au graphisme inventif - d’histoire de l’Europe et de l’Union européenne. BOZAR invite Rem Koolhaas et OMA à présenter un nouvel état des lieux, dans la cadre de l’actuelle Présidence néerlandaise. Cette fois, ils installent une partie du Berlaymont – le siège de la Commission européenne – au Palais des Beaux-Arts : une copie du bureau de Jean-Claude Juncker, qui ne manque pas d’attirer l’attention. Auprès du président de la Commission, vous êtes au plus près du processus décisionnel européen, un peu comme dans le bureau ovale du président américain ou dans un bunker, comme on en voit régulièrement dans les films hollywoodiens. D’un côté de la salle, Rem Koolhaas montre l’avancement du processus d’intégration – à l’aide de photos, de plans, de notes, etc. – et, de l’autre, la résistance qu’il rencontre. NEXT GENERATION, PLEASE 01 JEUNES TALENTS À TRAVERS LES YEUX DE LA JEUNESSE 02 01Juan Yves Gervais ©BOZAR 02 © Sebastien Marandon 10 Cette année, BOZAR invite deux cents jeunes de douze écoles et associations à revisiter l’Europe, sous la direction d’un artiste. Pendant un an, ils rencontrent des hommes politiques et imaginent avec eux des films, des installations, des sculptures et de courts récits. Vous pourrez découvrir le fruit de cette collaboration au mois de mai, dans le cadre de l’exposition Next Generation, Please. Lors d’Imagine Europe: In Search of New Narratives, nous braquerons déjà les projecteurs sur deux projets. Les élèves de l’École européenne de Laeken se pencheront avec l’artiste Filip Van Dingenen sur l’idée de l’« École Mondiale ». Emilio López-Menchero s’attachera quant à lui à découvrir le sens profond des frontières avec les élèves de l’Institut Sainte-Marie. « Avec les élèves de l’École européenne, j’ai travaillé sur l’idée de l’« École Mondiale », explique l’artiste Filip Van Dingenen. « Le Roi Léopold II souhaitait créer cette école pour préparer les jeunes gens à une carrière coloniale outre-mer. Aujourd’hui, nous ne devons plus « explorer » le monde, mais nous devons apprendre à en prendre soin. Nous avons remplacé les anciennes facultés de l’École Mondiale (ethnographie, agronomie…) par neuf Fieldstations qui explorent la relation entre l’homme et son environnement (écologie, cosmologie…). » « En 1958, mes parents se sont installés dans la Campine belge pour travailler comme chimistes dans un projet industriel européen, » explique Emilio LópezMenchero. « Je suis né en Belgique et j’ai fréquenté l’École européenne de Mol. Pourtant lors d’un contrôle policier de routine en 1985 j’étais estampillé « illégal » en raison de mon passeport espagnol : l’Espagne n’a rejoint l’Union européenne qu’en 1986. J’ai toujours été intrigué par les frontières, les territoires et l’immigration. Dans le cadre de ce parcours de classe de Next Generation, Please, je réfléchis avec les élèves de l’Institut Sainte-Marie sur l’« épaisseur » d’une frontière. Au sein d’un territoire délimité, les jeunes dessinent au sol, un pays imaginaire, puis construise ensemble un monde commun avec toute la complexité qu’une telle entreprise comporte concernant la friction des frontières. » « Mon pays s’appelle Jyo », explique Jérémy. « J’ai signé un traité avec Revolution City. Le pont qui relie les deux pays doit permettre la libre circulation des personnes et des biens. Une mesure absolument nécessaire pour un petit pays situé aux frontières d’un continent ». « Mon pays est le premier à s’être doté d’un programme énergétique et d’une tour de télécommunication par satellite », explique Rania. « Mon programme donne la priorité à l’innovation et à l’énergie. Je suis donc un partenaire commercial populaire. » « Moi, mon pays c’est l’Anarchie », nous dit Logan. « Malgré la hauteur de mes frontières, je conclus de nombreux accords pour renforcer ma place sur l’échiquier mondial. Si je me sens européen ? Pas vraiment. Pas plus que je me sens bruxellois ou belge. Je suis simplement moi-même. » 11-20 MARS 2016 EXCELLENCE IN ART La TEFAF, la foire d’art et d’antiquité la plus prestigieuse au monde, présente les plus beaux objets d’art retraçant 7000 ans d’histoire, grâce à 270 marchands experts venus du monde entier. MECC MAASTRICHT, PAYS BAS WWW.TEFAF.COM TEFAF-adv-Bozar-FR-200x255-v1.indd 2 20-01-16 - wk 3 09:16 FEUILLETON MUSICAL (IV) talents. Ces concerts initiés dès 1997 mettent à l'honneur des musiciens du classique, du jazz et des musiques du monde au seuil d’une carrière nationale ou internationale. Ils sont également l'occasion pour BOZAR de s'associer à différents tremplins. Y sont ainsi présentés au public des lauréats de divers concours, les solistes de la Chapelle Reine Elisabeth (20.03 et 24.04) ou encore les musiciens recommandés par le célèbre pianiste hongrois András Schiff au travers de son projet Building Bridges. Après Schaghajegh Nosrati en octobre dernier, Schiff vous invite encore à découvrir les très prometteurs Jean-Sélim Abdelmoula (13.03) et Julian Clef (16.05). 02 LES JEUNES TALENTS L'origine d'une passion JEUNES TALENTS La découverte d'un musicien plein de promesses est une expérience unique. Une fougue incandescente, un toucher délicat ou un phrasé musical inspiré : autant d'étincelles susceptibles d'éveiller en nous de l'intérêt pour un artiste dont le génie a opéré. À BOZAR, nous aimons susciter cette sensation singulière. Pour preuve : après le pianiste Herbert Schuch la saison dernière, nous consacrons un portrait au jeune contre-ténor roumain Valer Sabadus (voir son interview, page 17). Le chanteur nous revient, après son concert de décembre dernier, accompagné successivement de Philippe Jaroussky (20.04) et de l’ensemble Nuovo Aspetto (13.05). Plusieurs séries de concerts s’inscrivent dans cette même dynamique. Cette saison, pour la première fois, nous invitons les lauréats de concours internationaux de piano dans le cadre de la série des Steinway Prizewinners. Anna Tsybuleva (18.04), qui a remporté la Leeds Piano Competition, est la prochaine à vous dévoiler son talent. 01 À BOZAR 01 02 03 12 À côté des grands noms de la musique, BOZAR vous propose régulièrement de découvrir des talents prometteurs. Notre programmation s’emploie fréquemment à les mettre à l’honneur grâce à des cycles ou des événements tels que les Rising Stars, Steinway Prizewinners et BOZAR SUNDAYS. À travers eux, nous poursuivons la mission d'aide aux jeunes artistes qui anime le Palais des Beaux-Arts depuis sa création. Rising Stars La série de concerts des Rising Stars est l’un de nos piliers en matière de découverte de jeunes musiciens d’exception. Chaque saison, les membres de l'association ECHO (European Concert Hall Organisation, réseau européen rassemblant des salles de concerts prestigieuses), sélectionnent Valer Sabadus © Uwe Arens-sony classical Anna Tsybuleva © Vera Ley Baiba & Lauma Skride © Marco Borggreve 13 MARS — AVRIL ’16 un soliste ou un ensemble prometteur et lui offrent une tournée européenne. Membre d'ECHO depuis 1998, BOZAR désigne chaque année une Rising Star, main dans la main avec le Concertgebouw d’Amsterdam. Le projet a porté ses fruits. En 1999, notre préférence pour Janine Jansen s'est avérée justifiée : la violoniste néerlandaise enflamme désormais les plus grandes salles du monde aux côtés d'orchestres comme le London Symphony Orchestra ou le New York Philharmonic. Un matin, une découverte Autre rendez-vous, quant à lui hebdomadaire, les BOZAR SUNDAYS font rimer dimanche matin et révélation de 03 Cette volonté de proposer une vitrine aux jeunes musiciens est inscrite dans les gênes du Palais des Beaux-Arts. C'est en son sein que se déroula régulièrement dès sa création en 1937 le Concours Eugène Ysaÿe, rebaptisé « Concours musical international Reine Élisabeth » en 1951, et que naquirent les Jeunesses Musicales en 1940. C'est ainsi qu'en 1955, dans le cadre de concerts destinés aux Jeunesses musicales de la Société Philharmonique – qui deviendra le département musique de BOZAR –, un pianiste de 13 ans faisait ses premiers pas sur la scène Henry Le Bœuf, aux côtés de l’Orchestre National de Belgique. Celui qui deviendrait par la suite l'un des grands pianistes et chefs d'orchestre de son époque n’était autre que Daniel Barenboim… Le Concours Reine Élisabeth, toujours ancré dans le paysage musical international, a des liens solides avec BOZAR. Chaque année, les lauréats de l'édition précédente ainsi que les grands artistes révélés par le concours figurent parmi nos invités. Elisabeth Leonskaïa (26.04), Mitsuko Uchida, Marie-Nicole Lemieux et Nikolaj Znaider en sont des exemples éloquents. Les jeunes violonistes Nikita Boriso-Glebsky (06.03) et Baiba Skride (20.04), qui ont également croisé la route du concours, nous font chacun l’honneur d’un concert en nos murs. INTERVIEW DE PIETER-JAN DE PUE 01 CINEMA 06.03.2016 The Land of the Enlightened Première, en présence du réalisateur RÊVES AFGHANS Pieter-Jan De Pue • °1982, Gand • Photographe et réalisateur • A exposé à deBuren et à L’institut des Cultures d’Islam à Paris • Son premier longmétrage The Land of the Enlightened a été sélectionné pour le Sundance Film Festival et la Tiger Competition Rotterdam Cela ne vous a pas ôté l’envie de tourner un film sur ce pays ? « J’étais vraiment passionné par le pays et sa culture. Alors que les demandes de subsides étaient en cours, j’ai recommencé à prendre des photos pour les organisations non-gouvernementales. Pendant une courte période, j’ai été intégré à l’armée américaine, ce qui s’est aussi retrouvé dans le script du film. Ensuite, je suis parti en moto avec Hassan, et nous avons traversé le centre du pays. » « Dès mon premier voyage, les enfants afghans m’ont profondément touché. Les guerres les ont contraints à une économie de subsistance. Ils travaillent donc dans des mines de lapis-lazuli, font du trafic de pierres précieuses, d’opium et d’armes, ou cherchent des mines pour revendre les déchets métalliques ou les explosifs. Grâce à Hassan, j’ai pu parler à bon nombre d’entre eux, notamment de leurs rêves et de la vision qu’ils ont de leur pays. Souvent, ils abordaient le sujet spontanément. Que va-t-il se passer après le départ des Américains ? À quoi notre vie ressemblera-t-elle lorsque nous serons grands ? » 02 03 JEUNES TALENTS « Mon film raconte la guerre en Afghanistan à travers des yeux d’enfants. Quels sont leurs rêves ? Comment voient-ils l’avenir de leur pays ? Celui-ci est marqué par plusieurs dizaines d’années de conflits : l’invasion de l’Union soviétique, les guerres civiles, la domination talibane, la traque d’Oussama Ben Laden par les États-Unis, les seigneurs de guerre locaux… » Le réalisateur gantois Pieter-Jan De Pue nous parle de son premier long-métrage avec un enthousiasme passionné. Pourquoi un film sur l’Afghanistan ? « En 2002, les États-Unis ont envahi l’Afghanistan. Dans la foulée, des journalistes flamands se sont rendus sur place, notamment Jef Lambrecht. En tant qu’étudiant au RITCS, je passais régulièrement à la VRT et j’ai eu l’occasion de discuter avec lui des attentats du 11 septembre et de ses conséquences. J’ai commencé à lire des livres, puis, après avoir rendu mon travail de fin d’études, j’ai voulu découvrir l’Afghanistan par moi-même. Malgré la défaite des Talibans, le pays avait peu d’infrastructures touristiques. J’ai donc contacté des organisations non-gouvernementales en leur proposant de prendre gratuitement des photos en échange de l’usage de leurs capacités Pieter-Jan De Pue vient de sortir son premier long-métrage, The Land of the Enlightened. Il sera présenté en première belge à BOZAR. Fin janvier, le film a rencontré un grand succès à Sundance, le plus grand festival du film indépendant américain. Sa production s’est étalée sur une période de huit ans et fut marquée par des conditions de tournage difficiles dans des territoires isolés en Afghanistan. 14 15 MARS — AVRIL ’16 logistiques. Cinq d’entre elles m’ont répondu positivement. » « Quatre mois plus tard, je suis parti en voyage avec Hassan, un ami afghan qui avait habité pendant vingt ans en Iran. Il était retourné à ses racines et connaissait donc aussi peu l’Afghanistan que moi. Nous avons traversé ensemble la partie nord du pays. À la base de ce film, on retrouve beaucoup d’éléments inspirés par ce voyage. » Est-il dangereux de voyager et travailler en Afghanistan ? « Il s’agit d’un pays en proie à de fortes turbulences. Lorsque Hassan et moi avons traversé la frontière chinoise, nous avons été mis en prison, car on nous soupçonnait d’être des espions d’Al-Qaïda. Ce ne fut pas évident, notamment avec le Service des affaires étrangères. Sur le chemin du retour vers Kaboul, nous avons été attaqués, avons perdu nos passeports, enfin, il nous est arrivé un tas d’histoires. » Qu’est-ce qui les rend si particuliers ? « L’Afghanistan est un pays sauvage et hostile, où la vie est très difficile. Pourtant, on y rencontre des gens qui font preuve d’une grande résistance et d’une fierté à toute épreuve. Ils cherchent sans cesse comment rendre leur vie plus supportable. Surtout les enfants, qui se comportent un peu comme de jeunes adultes. Ces gosses de douze, treize ans pensent comme des adultes de trente, ils ont la même capacité à résoudre les problèmes, la même soif d’initiatives et la même flexibilité au quotidien. Pour moi, ce sont de véritables héros. » « Je souhaite corriger l’image négative que nous avons, nous les Occidentaux, de l’Afghanistan. Le pays a beaucoup plus à offrir que les Talibans, le trafic de drogue, les droits de la femme bafoués, etc. J’ai souvent abordé le sujet avec des journalistes, qui me demandaient quelle image je voulais transmettre d’un pays si conservateur, aux mœurs médiévales et opposé au changement. Évidemment de ce point de vue, l’Afghanistan est, comment dire (cherche ses mots), un pays sous-développé et aux traditions bien ancrées. Pourtant, nous avons beaucoup ri pendant le tournage. Je m’y suis senti vraiment bien, et j’y ai vécu des moments incroyablement intenses. Et ce, malgré la misère, la corruption et la criminalité. » 04 équipe en l’envoyant au beau milieu d’un champ bourré de mines antipersonnel. J’ai donc emmené les enfants dans un champ sécurisé, et je leur ai demandé de faire ce qu’ils faisaient tous les jours. Je les ai suivis avec la caméra. Est-ce un documentaire, ou non ? On ne pourra jamais répondre à cette question. » Est-ce que votre film est une œuvre d’art ? « (Réfléchit longtemps). Mon travail de fin d’études était peut-être une œuvre d’art… C’était un film sur la nature en Amazonie, une création très visuelle, qui ne parlait que par le biais d’images. Quelque chose de très intemporel, somme toute. Les éléments naturels y jouaient un rôle essentiel. C’est ce que j’ai tenté d’intégrer dans ce film et cet élément pourrait être considéré comme artistique. » « J’ai dû m’imposer une sacrée discipline pour ne pas faire quelque chose de trop artificieux et me concentrer sur l’histoire, celle des enfants. Il fallait que le message touche le public. C’était un vrai défi de construire une tension narrative, avec un dénouement et une conclusion, et je dois avouer que le producteur m’a un peu mis la pression à ce sujet, même si je n’ai pas suivi l’approche classique, avec un premier, un deuxième acte… » Votre sélection au festival Sundance et à la Tiger Competition de Rotterdam symbolise-t-elle une percée dans votre carrière ? « C’est certainement une reconnaissance pour tous les gens qui GROS PLAN 01 — 04 Pieter-Jan De Pue © D.R. The Land of the Enlightened © D.R. ont travaillé sur ce film au cours de ces huit dernières années. Grâce à ces sélections, nous avons trouvé de bons distributeurs en Amérique et en Europe. Tout est sur les rails. C’est rassurant, en premier lieu pour le producteur, mais aussi pour moi-même. » « J’ai passé sept ans à réaliser ce film et cela m’a demandé de nombreux sacrifices. Il s’agissait de mon tout premier long-métrage, et j’ai donné tout ce que j’avais. Ma vie sociale a beaucoup souffert, ma relation n’a pas tenu le coup, je ne gagnais pas un centime. Dans la phase du montage, alors que le film prenait forme, la question s’est posée de savoir si cela en avait valu la peine. Je pense que oui. J’espère que ce film portera ses fruits, même si j’essaie de ne pas y accorder trop d’attention. Est-ce que ma situation financière va s’améliorer ? Nous verrons bien. Je ne m’en préoccupe pas trop à ce stade. J’espère surtout que beaucoup de gens verront ce film et l’apprécieront. Je pense aussi que le prochain film sera plus facile à réaliser, surtout au niveau de son financement. » Avez-vous des projets en tête ? « Cela fait sept ans déjà que je rassemble des photographies destinées à un recueil sur l’Afghanistan. En Belgique, je travaille sur un projet de série fictive sur des bandes de braconniers dans les années 80 et 90 dans les Ardennes. On aborde aussi la corruption au sein du PS, le trafic d’armes après la chute de l’Union soviétique, la prostitution et le passé colonial de la Belgique. Tout ceci est à un stade précoce. D’autre part, je travaille en Ukraine orientale, surtout comme photographe, avec peut-être un film à la clé. En outre, le documentariste Peter Krüger veut finaliser un script du cinéaste russe Andrej Tarkovski et m’a proposé une collaboration pour la partie qui se déroule en Afghanistan. VALER SABADUS selon la période musicale à laquelle le programme est consacré. Prenez Dowland, Bach ou Mozart par exemple : ces compositeurs n’accordent pas tous la même importance aux textes ou à la musique. Cependant, on peut dire qu’une bonne préparation est, la plupart du temps, synonyme de concert réussi. Certains concerts vous ont-ils marqué depuis le début de votre carrière ? J’ai de très beaux souvenirs de plusieurs concerts. Les moments les plus intenses sont ceux où je suis sur la même longueur d’ondes que le public. En tant que chanteur, j’essaie de transmettre aux spectateurs un maximum d’émotions et de profondeur artistique. Valer Sabadus, 2015, Caldara CD ©Henning Ross JEUNES TALENTS S’agit-il d’un film de fiction ou d’un documentaire ? « Au départ, j’ai conçu le film comme un simple documentaire. Rapidement, différentes raisons m’ont poussé à y intégrer des éléments fictifs, par exemple pour le côté visuel. J’ai tourné le film moimême, et je voulais parvenir à un résultat très esthétique, qui illustre de façon optimale la beauté sublime de l’Afghanistan. Ce n’était pas possible en caméra cachée. Prenez par exemple les caravanes qui transportent les armes des Talibans. Dans le film, on voit une file de vingt-cinq chameaux parcourant les montagnes dans la neige. Je voulais absolument saisir cette beauté du mieux possible… Le seul moyen pour y parvenir est la mise en scène. » « Ensuite, il y a les enfants qui vous racontent leurs rêves. Si l’un d’entre eux rêve de s’envoler à cheval vers les étoiles, vous êtes obligé de mettre cela en scène. J’ai aussi rencontré un petit garçon qui accompagne les caravanes d’opium jusqu’à la frontière. Là, la drogue permet d’acheter des armes. En guise de paiement, le garçon reçoit une partie de cette cargaison d’opium qu’il donne au père toxicomane de la fille qu’il voudrait épouser. Ce genre d’histoires, on ne peut les transmettre que par le biais de la fiction. » « Parfois, il m’est arrivé de devoir mettre en scène les côtés plus rudes de certains récits, racontés dans un style très " documentaire ". Notamment dans le cas des enfants qui travaillent dans un champ de mines. Je ne pouvais pas me permettre de mettre en danger mon MUSIQUE 20.04.2016 Valer Sabadus et les Folies Françoises 13.05.2016 Valer Sabadus et Nuovo Aspetto La première de The Land of the Enlightened a lieu à BOZAR. Venez-vous souvent au Palais des Beaux-Arts ? « Pas régulièrement, mais j’aime beaucoup la musique du monde. Je suis donc déjà venu assister à des concerts de musique iranienne et libanaise. Et évidemment, assister à des projections. Ma maison de production, Savage Film, y organise souvent des premières, comme par exemple celle du film Galloping Mind de Wim Vandekeybus. Pendant un certain temps, juste après mes études, j’ai photographié son travail de chorégraphe. Nous discutons souvent de cinéma. D’ailleurs, il y a beaucoup de points communs dans notre travail, comme par exemple les enfants à cheval. Nous aimons tous les deux ce côté sauvage, insoumis, énergique des enfants. Mais nous sommes surtout de bons amis. » 16 Découvrez la bande-annonce du film sur bozar.be ou thelandoftheenlightened.com Durant la saison 2015-2016, le contre-ténor germano-roumain Valer Sabadus est en résidence à BOZAR. Ce jeune talent d’exception interprètera le 20 avril le récit de la passion mis en musique par le compositeur baroque italien Alessandro Scarlatti. Un mois plus tard, il présentera une sélection d’œuvres vocales d’un autre compositeur baroque italien, Antonio Caldara. 17 MARS — AVRIL ’16 Où êtes-vous né ? À Arad, en Roumanie, à quelques kilomètres de la frontière hongroise. Où habitez-vous ? À Munich, capitale de la Bavière. Comment vous préparez-vous à un concert ? Cela dépend. Un récital demande une préparation plus importante qu’un concert avec un groupe de chanteurs, comme un opéra concertant. Le genre joue aussi un rôle : si j’interprète des Lieder, je m’échauffe différemment que pour un oratorio ou un opéra. Et puis, j’adapte mes exercices vocaux Comment se passe votre collaboration avec le contre-ténor français Philippe Jaroussky ? Philippe Jaroussky est, avec Andreas Scholl, un de mes grands modèles. Son rayonnement professionnel, son approche de la musique, sa connaissance du répertoire et sa présence scénique naturelle en font un chanteur et un artiste remarquable. J’attends avec impatience le moment où nous nous retrouverons à nouveau sur scène à Bruxelles ! Avec quels autres artistes souhaiteriez-vous collaborer ? J’avais l’habitude de faire des listes, mais désormais, je prends les choses de façon plus décontractée. Les collaborations se proposent à moi spontanément, il ne faut pas vouloir forcer les choses. J’aimerais quand même travailler avec des musiciens de jazz, des danseurs, des performers ou des artistes de musique électronique. Ça doit être fantastique de partager la scène avec un chanteur a cappella comme Bobby McFerrin. Le concept d’improvisation libre se retrouve tant dans le jazz que dans la musique baroque. Aimez-vous chanter à Bruxelles ? Malheureusement, je n’y viens pas souvent. C’est pourquoi je suis vraiment très content de pouvoir donner trois concerts avec trois programmes différents au Palais des Beaux-Arts. Cette institution multidisciplinaire est, selon moi, l’un des centres culturels et artistiques les plus dynamiques de Belgique, et son architecture en fait l’un des chefs-d’œuvre du mouvement art déco en Europe. Les amateurs de musique, de cinéma et de culture au sens large y trouvent certainement tous leur bonheur. THEO VAN DOESBURG C’est entendu, l’histoire de l’art est parsemée de guerres d’écoles, de générations d’artistes qui critiquent leurs aînés pour proposer une nouvelle vision esthétique plus en phase avec leur contemporanéité. C’est Racine qui assassine Corneille, c’est la querelle des Anciens et des Modernes, ce sont les romantiques qui pourfendent les classiques, c’est le Parnasse, le réalisme puis le naturalisme qui rejettent le lyrisme romantique… Autant de courants artistiques qui se sont tour à tour élevés contre l’académisme ou les canons dominants. C’est également le cas de Theo van Doesburg et des créateurs proches de ses convictions comme Piet Mondrian ou Cornelis van Eesteren. DES TOILES ET DES VERS « Depuis 1913, nous ressentions tous un besoin d'abstraction et de simplification. Le caractère mathématique s'imposa de toute évidence face à l'impressionnisme, que nous rejetions ; tout ce qui n'allait pas au bout de nos principes était qualifié de "baroque". Nous étions tous d'accord sur un point : nous déclarions la guerre au style baroque sous ses formes les plus diverses », écrit-il pour motiver la rupture revendiquée par les animateurs de De Stijl, revue d’arts plastiques et d’architecture fondée en 1917, défendant une esthétique qui deviendra le point de ralliement du mouvement artistique homonyme. « Le but de la revue d’art De Stijl est de faire appel à tous ceux qui croient dans la réformation de l’art et de la culture pour annihiler tout ce qui empêche le développement, (…) en supprimant la forme naturelle qui contrarie la propre expression de l’art, la conséquence la plus haute de chaque connaissance artistique », déclare haut et fort le Premier Manifeste de la revue datant de 1918. 02 01 Depuis le 26 février, le Palais des Beaux-Arts consacre une exposition à Theo van Doesburg, sous-titrée « Une nouvelle expression de la vie, de l’art et de la technologie ». Un intitulé qui témoigne de la volonté de l’artiste de réformer non seulement les codes de la peinture mais plus largement ceux de toutes les disciplines artistiques et même au-delà. Fidèle à son approche globale, BOZAR propose en marge de l'exposition une soirée présentant les vers dadaïstes du célèbre peintre néerlandais. 18 01 02 19 Theo van Doesburg, Axonometric projection of the Maison Particuliere, perspective view from above, 1923, Collectie het Nieuwe Instituut, Rotterdam, en prêt de la Van EesterenFluck & Van Lohuizen Stichting, Den Haag. I.K. Bonset (Theo van Doesburg), Je suis contre tout et tous, 1921, Photography MARS — AVRIL ’16 En d’autres termes, l’art n’aspire plus sous l’impulsion de Van Doesburg à imiter le réel mais vise au contraire à le simplifier par l’usage de lignes droites ou orthogonales, de formes simples (carrés et rectangles), de couleurs « pures » (rouge, jaune, bleu) et de non-couleurs (blanc, gris, noir), puis à le reconstruire selon une logique harmonique intuitive, logique qui deviendra même ultérieurement mathématique. La démarche ne cherche pas seulement à remplacer ce qui précède, c’est-à-dire la reproduction du réel, surtout si elle est médiée par la subjectivité du peintre, mais elle a plus largement pour ambition de réclamer un changement radical de paradigme : l’art doit être abstrait, débarrassé des scories de l’individualité, et construit selon des règles formelles qui s’appliquent à l’ensemble des disciplines artistiques, mises au service d’un idéal collectif. Adieu le passé C’est dans ce contexte de bouillonnement intellectuel, pour ne pas dire intellectualiste, de l’avant-garde que le néoplasticisme de Van Doesburg s’enrichira d’autres courants, eux aussi constitués en opposition à l’héritage des traditions. Il n’est guère surprenant que le dadaïsme, marquant le rejet du passé jusque EXPO 26.02 - 29.05.2016 Theo van Doesburg Une nouvelle expression de la vie, de l’art et de la technologie LITTÉRATURE, MUSIQUE ET CINÉMA 08.03.2016 Rrrrom Theo van Doesburg revisité Entrée gratuite Pour célébrer comme il se doit la mémoire de Van Doesburg, BOZAR vous offre une entrée gratuite si vous vous prénommez Théo, mais aussi Théobald, Théodora, Théodule, Théophane, Théophile… dans son nom (dada, dans le sens d’au revoir), séduisit le peintre. Depuis cette célèbre soirée du 23 juin 1916, au cours de laquelle Hugo Ball récita au Cabaret Voltaire de Zurich un poème purement sonore qui, à dessein, n’avait aucun sens, rien ne serait plus jamais pareil… Une métrique ou une sonorité signifiante, une poésie purement phonétique, voilà une retraite du monde du sens et de la société héritée du passé qui ne pouvait que parler à l’artiste. Aussi décidera-t-il de régler pour un temps son pas sur celui de ces « fous » du dada. Il rédigera ainsi des poèmes sous le pseudonyme d’I.K. Bonset (anagramme de « ik ben zot », je suis fou en néerlandais), trouvant dans l’abstraction de la forme du mot, considérée comme un objet esthétique en soi, un mouvement littéraire analogue à celui qu’il a voulu imprimer aux arts plastiques. Aussi pourrez-vous assister à la lecture de la poésie sonore de Van Doesburg par le vocaliste et compositeur néerlandais Jaap Blonk qui, on ne s’en étonnera pas, est notamment connu pour ses recherches en composition algorithmique, appliquées non seulement au domaine de la musique mais également à celui de la poésie. Au cours de cette soirée, le performeur fera tournoyer les vers dadaïstes de Van Doesburg qu’il gravera sur un quarante-cinq tours spécialement pour l’occasion tandis qu’un instrumentiste restituera musicalement l’univers du peintre, et que la projection de films avant-gardistes des années vingt restituera la vitalité créative de l’époque. INTERVIEW D’IVO VAN HOVE 01 ÉVÈNEMENT 29.04.2016 Wish You Were Here Soirée animée par Chantal Pattyn « Wish You Were Here » est le nom de la formule qui a fait ses preuves à Amsterdam. Elle indique bien ce qu’elle signifie : « nous sommes contents que vous soyez là », pour partager ensemble une soirée d’écoute, d’échanges et de discussions. Ivo van Hove a ainsi convié à BOZAR une quinzaine d’invités, dont Bas Heijne, Wende Snijders, Michel van der Aa, Nanouk Leopold, Jim Taihuttu, Viktor & Rolf, Halina Reijn. HORS DES SENTIERS BATTUS 02 C’était du jamais vu. Il fallait rester sérieux : Pierre Boulez ou Karlheinz Stockhausen, oui, mais des guitares électriques, n’en parlons pas. J’ai travaillé dur pour briser ce genre de préjugé. Et c’est notamment grâce à des d’artistes comme mes invités à BOZAR que les choses sont en train de changer. » Vous invitez notamment le duo de designers Viktor&Rolf. Pourquoi ? « Je me considère comme un vrai touche-àtout. Je fais du théâtre, mais aussi de l’opéra, des comédies musicales, des films… », raconte Ivo van Hove, metteur en scène de Lazarus, la dernière comédie musicale de David Bowie qui a fait beaucoup parler d’elle. « Je m’intéresse aux arts visuels, je lis des romans, j’écoute de la musique. Les gens que j’ai choisi d’inviter me ressemblent à cet égard. » Vous dites qu’ils sont loin d’être des Néerlandais typiques. Qu’est-ce qui les rend si différents de leurs compatriotes ? « Quoi qu’on dise, la Belgique reste un pays catholique. Moi-même par exemple, je ne suis pas quelqu’un de religieux ou de catholique, mais 20 Le temps d’une soirée, BOZAR donne carte blanche à Ivo van Hove, metteur en scène de théâtre et directeur du Toneelgroep Amsterdam. Il a choisi d’inviter des personnalités néerlandaises qui, selon lui, mériteraient d’être mieux connues en Europe. Ces artistes, toutes disciplines confondues, évoluent hors des sentiers battus et refusent de se limiter à une seule forme artistique. Des Néerlandais pas tout à fait néerlandais ? 21 MARS — AVRIL ’16 je ressens profondément l’influence du catholicisme. Les Pays-Bas, eux, sont un pays protestant et calviniste. La différence est énorme. Prenez par exemple l’œuvre de Mondrian, avec ses surfaces de couleurs et ses lignes droites : elle est considérée comme le point culminant de l’art néerlandais organisé et calviniste, dogmatique. Aujourd’hui encore, aux Pays-Bas, on considère que l’art doit être pur. Lorsque j’étais à la tête du Holland Festival – c’était en 1999 –, le pays tout entier était en état de choc parce que j’avais proposé un concert de rock en guise d’ouverture. « Ils proposent une vision singulière de la mode. Au début de leur carrière, ils ont réalisé un parfum dans lequel il n’y avait aucun parfum, il n’y avait que l’emballage. Ils ne font pas de la mode parce que c’est à la mode ou rémunérateur, mais parce qu’ils ont quelque chose à raconter. Ils choisissent des chemins de traverse et innovent tout en laissant l’art à sa juste place. Les Belges eux, sont habitués à la mode de haut niveau. Ils regardent donc souvent la mode néerlandaise avec un certain dédain. Je voudrais montrer qu’aux Pays-Bas, on trouve aussi des créateurs de mode talentueux et originaux. » Que vont-ils proposer au Palais des Beaux-Arts ? « Chaque invité est totalement libre. Nous n’imposons aucun format. La seule chose que j’ai demandée, c’est que la chanteuse Wende Snijders interprète sa version impressionnante de Formidable de Stromae. Wende est devenue célèbre grâce à la chanson française et à Jacques Brel. Vous pensez bien qu’une Néerlandaise Est-ce essentiel pour vous de présenter ce genre d’artistes au public belge ? « Évidemment ! C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai tout de suite accepté l’invitation. Je me sens profondément belge, même si j’habite depuis dix-sept ans aux Pays-Bas et que je m’y suis vraiment attaché. » « Les gens que j’invite sont tous marqués par une histoire personnelle forte. Ils réalisent des choses extrêmes sans avoir peur de l’échec. Prenez quelqu’un comme Michel van der Aa. C’est un fantastique compositeur de musique nouvelle et il pourrait en rester là. Mais il va plus loin : il met en scène son propre travail. Ses concerts sont des performances qui mêlent théâtre, cinéma, électronique et musique live. » Vous réunissez une série d’artistes à BOZAR, où se rencontrent toutes les formes d’art. Que pensez-vous de cette approche ? « Je la trouve fantastique. J’ai un peu l’impression de rentrer à la maison. Bruxelles et la Belgique me sont très chers. Je me sens belge et je n’ai pas honte, quand je suis à l’étranger, de dire que je viens d’ici – même 22 01 Ivo van Hove © Jan Versweyveld 02 Affiche new-yorkaise de la comédie musicale Lazarus de David Bowie, mise en scène par Ivo van Hove, couverte de fleurs à l’annonce du décès du chanteur © Reporters/DPA 03 Viktor and Rolf © Reporters/Abaca Autrefois, les Pays-Bas étaient considérés comme un exemple à suivre. Y compris depuis la Belgique. Aujourd’hui, la situation a changé. « Exactement. C’est pourquoi j’ai invité Bas Heijne. Selon moi, il est le meilleur observateur des Pays-Bas. Il y examine la société de manière impitoyable. Ce n’est pas pour rien que l’un de ses essais s’intitule Hollandse toestanden (« Situations hollandaises »). Il ne se concentre pas sur les dernières manies du jour, mais essaie d’avoir une vue d’ensemble. Il parlera des Pays-Bas des dix dernières années. Est-ce devenu un autre pays ou était-ce déjà le cas plus tôt ? Peut-être avons-nous depuis trop longtemps une vision erronée de ce que sont les Pays-Bas en réalité ? » Wish You Were Here s’inscrit dans le cadre de la présidence européenne des Pays-Bas. L’Europe est actuellement soumise à de fortes critiques. Selon vous, quel rôle devra-t-elle jouer à l’avenir ? « L’Europe a un grand rôle à jouer, mais la tâche s’annonce difficile. Je reviens de Varsovie. Le gouvernement d’extrême droite veut rendre la Pologne aux Polonais. C’est un « non » à l’Europe et au monde. » « Ce repli sur soi se manifeste un peu partout, les Pays-Bas et la Flandre ne font d’ailleurs pas exception. Chacun tente de se protéger derrière ses frontières. Selon moi, il s’agit d’une réaction passagère, mais nous avons besoin de dirigeants capables de dégager une vision forte pour l’avenir. L’Europe a besoin d’un vrai président, de quelqu’un qui est bien plus qu’un simple président du Conseil européen. Si l’Europe veut jouer un rôle majeur, ce président ne pourra plus se contenter de garder ses troupes unies. Je trouve d’ailleurs qu’Herman Van Rompuy s’en est bien sorti. Ce n’est MeMbersHiP « Le degré de célébrité en Belgique de mes invités a aussi joué un rôle dans la programmation. Par exemple, les cinéastes Nanouk Leopold et Jim Taihuttu sont ici quasiment inconnus, Le public doit pouvoir se familiariser avec leur travail. Selon moi, ces deux artistes, avec Alex van Warmerdam bien sûr, que je ne dois même plus présenter, sont les seuls à avoir vraiment quelque chose à dire dans le domaine du cinéma néerlandais. La première fois que j’ai vu un film de Nanouk, je suis tombé à la renverse en raison de son audace et de sa puissance expressive. Nanouk est une réalisatrice qui exprime souvent un point de vue féminin. Ce qui ne veut pas dire qu’elle vous emmène dans un univers facile, tendre ou édulcoré. Au contraire : dans Brownian Movement, elle explore notamment les désirs sexuels extrêmes de son personnage principal avec un regard distant et froid. Chez Jim Taihuttu, c’est l’inverse. Il filme de façon très personnelle, spontanée et impulsive. Ses films vous plongent dans leurs univers. Ces deux cinéastes présentent une facette totalement différente du cinéma néerlandais. » si certaines personnes ne savent absolument pas où se trouve notre pays. Je suis fier de venir de ce drôle de petit pays, avec ses contrastes et ses problèmes. Combien de gouvernements avons-nous ici, dans ce pays qu’on peut traverser en une heure ? C’est totalement absurde, mais cette absurdité nous a déjà apporté beaucoup. Des artistes comme Magritte et Broodthaers ne pouvaient venir que de Belgique. Pendant une journée, nous n’avons plus eu de roi, car Baudouin ne voulait pas signer la loi sur l’avortement… Qu’une telle situation ait pu exister et être acceptée est à la fois terrifiant et épatant ! » centre for fine arts brussels si talentueuse et tant inspirée par la Belgique ne pouvait manquer au programme. Je dévore tout, racontet-elle, je veux m’imprégner de tout ce qui m’entoure. » 03 donc pas une critique à son encontre. Mais si nous voulons créer les États-Unis d’Europe – et il me semble que cela devrait être le but –, alors il faudra que cette vision soit portée par des dirigeants politiques visionnaires. Selon moi, c’est nécessaire : nous dépendons tous des uns et des autres pour résoudre et accepter les problèmes qui nous menacent actuellement. » « Comment s’attaquer à la violence d’inspiration idéologique ? Comment gérer les flux migratoires ? Nous ne pouvons pas les empêcher. On peut installer des barrières, mais les gens trouveront toujours le moyen de les contourner. Le monde doit d’ailleurs son existence aux flux migratoires. Regardez l’Amérique : ceux qui y vivent aujourd’hui sont par définition des immigrés. L’Europe devra apporter une réponse à ces problèmes majeurs. Ces dernières années, on a l’impression que l’Europe ne s’occupe plus que des questions financières. À chaque conflit ou problème, des crispations apparaissent, précisément parce qu’il n’y a pas de leadership. Je ne prétends certainement pas détenir la vérité en la matière, je ne suis pas un homme politique. Mais je constate qu’on ne peut pas continuer sur cette voie. L’Europe sera d’une importance capitale pour l’avenir de chacun, mais, en attendant, nous allons encore passer quelques moments difficiles. » LET ART BE PART OF YOUR EVENT BOZAR.BE/ BUSINESS ART IS A SOURCE AND A RESOURCE OF EMOTION AND INSPIRATION. Share this experience with your customers, prospects and colleagues at concerts, performances or private visits to any of our exhibitions. You will understand why - at the heart of Europe, at the heart of Brussels - BOZAR will stir the heart of your business. Paleis Voor scHone Kunsten brussel Palais des beaux-arts bruxelles Foto · Photo: Jérôme Latteur ÉVÉNEMENT 01 LE RETOUR DE DANIEL BUREN Depuis le début des années 70, Daniel Buren est un peu chez lui au Palais des BeauxArts. En 1974, il y lançait une action qui allait durer pas moins de 42 mois. En 1983, il présentait des photos souvenirs de son œuvre à l’occasion de l’exposition D’une impression l’autre. En 1991, il exposait avec Michel Parmentier. En 1994, il revenait sur ses expositions dans la légendaire galerie anversoise Wide White Space. Et en 1995, son motif apparaissait sur le gilet du personnel de salle de Mode et Art 1960-1990. À chaque fois, le contexte et l’époque étaient différents et son œuvre s’inscrivait dans l’espace et dans le temps. Comme son travail n’existe qu’en avançant, BOZAR fait place à une nouvelle étape en 2016 : Une Fresque. Il y a tout juste 42 ans, Daniel Buren était invité au Palais des Beaux-Arts pour la première fois. En 1974, il lança une action dans le cadre d’une exposition collective avec de jeunes artistes européens et américains dont la renommée n’est aujourd’hui plus à faire : Gilbert & George, Gerhard Richter, Richard Long, On Kawara… Dans trois salles en enfilade, il avait fixé au plafond huit velums rayés bleus et blancs, faisant chacune 250 cm de large et 500 cm de long. Ensemble, ils formaient un tableau flottant dans l’air, une Peinture horizontale (PH). En parallèle à son intervention, le public pouvait admirer le chemin de cuivre de Carl Andre, large d’une seule dalle. La salle donnait sur le Jardin d’Hiver de Marcel Broodthaers. Ces salles resteront bien ancrées dans les mémoires. 24 25 MARS — AVRIL ’16 Mais le Palais des Beaux-Arts n’est pas un musée à collection permanente, les expositions y sont temporaires. Les velums bleus et blancs restèrent pourtant 42 mois dans le parcours d’exposition, sous le nom de PH Opera. Durant le premier et le deuxième acte, « Exposition » et « Développement », les bandes de Buren entraient en dialogue avec le programme d’exposition qui suivait son cours en deçà. Lors du troisième acte, « Réexposition », Buren attira l’attention sur l’œuvre elle-même pendant une journée. « Le fait que NPH (Nouvelle Peinture Horizontale) soit installée seule ici pour la première fois ouvre un nouveau chapitre. C’est un prélude possible à une nouvelle œuvre. Elle permet l’échange d’idées et disparaît ensuite immédiatement de la scène. » Des artistes radicaux Au début de sa carrière, Buren et d’autres artistes tels que Michel Parmentier, Niele Toroni et Olivier Mosset s’opposaient aux instituts parisiens. En 1967, le 18e Salon de la Jeune Peinture fut le décor de la première performance publique du groupe. Buren réalisa une toile avec des lignes verticales, Mosset une toile blanche avec un petit cercle noir, Parmentier des bandes horizontales peintes à la bombe et Toroni des traits de pinceau appliqué à intervalles réguliers. Marcel Duchamp assista à l’une de ces performances et soupira en sortant : « Comme happening frustrant, on ne fait pas mieux ! » Après l’ouverture, le quatuor décrocha immédiatement ses œuvres. Mission accomplie ! Buren et ses frères d’armes avaient ramené la peinture à son « degré zéro » et vidé leurs œuvres de toute sentimentalité et unité. « Nous faisions des choses très intéressantes », se rappelle Buren. « Nous réalisions par exemple les œuvres des uns et des autres, pour éliminer la relation de l’individu avec l’œuvre. C’était la première fois que des artistes essayaient ça. Parmentier, lui, trouvait que ce n’était qu’un jeu intellectuel, ce qui a déclenché une vaste discussion. » Neuf mois plus tard, Parmentier raccrochait ses pinceaux. Quand l’espace devient art Après 23 années de silence, Michel Parmentier et Daniel Buren conjuguèrent à nouveau leurs talents au Palais des Beaux-Arts à l’occasion de l’exposition Titre provisoire, Parmentier en exposant un nombre incalculable de feuilles de papier calque avec de subtiles ombres au fusain éclairant la blancheur grisâtre ; expositions comme des œuvres d’art totales avec tous les éléments qui en faisaient partie, du carton d’invitation au vernissage. Buren y exposa cinq fois entre 1969 et 1974 en suivant toujours la même méthode de travail in situ et en transformant l’ensemble de la galerie en œuvre d’art. La couleur des bandes (choisie chaque fois par la propriétaire de la galerie, Anny De Decker), l’écoulement du temps, la répétition, le fonctionnement de la mémoire et la résistance obstinée au diktat de l’originalité dans l’art constituaient les fondements des travaux de Buren à Anvers. L’art est aussi un patrimoine né de l’audace et du talent. Un nouveau prélude 02 AGENDA 19.02. - 22.05.2016 Daniel Buren. Une Fresque 19.02.2016 Daniel Buren et Joël Benzakin Artist talk entre l’artiste et le commissaire 23.04.2016 Couleurs superposées Performance 01 PH Opera © BOZAR Archives 02Exposition © BOZAR Archives 03 Buren en Parmentier © BOZAR Archives 03 Buren en investissant l’espace de quelque 80 œuvres les unes à côté des autres et les unes sous les autres, et d’une alternance de bandes blanches et de « bandes de miroirs ». La couleur des toiles était ainsi déterminée par la couleur des murs opposés. « C’est la première fois que l’on voit que ce bâtiment Horta peut être si beau, si tranquille, si vide, y compris en public », écrit alors Marc Ruyters, rédacteur en chef de la revue d’art H ART, dans le Knack de 1991. Trois ans plus tard, nous réexposions Buren dans le cadre de l’exposition Wide White Space 1966-1976, consacrée à cette légendaire galerie anversoise où se retrouvaient des artistes d’Anvers, de Düsseldorf, de Bruxelles, de Paris, de Londres, d’Amsterdam, de New York et de Los Angeles. Le Wide White Space était un endroit à part. Les artistes y concevaient leurs Daniel Buren a tenu parole. Près de quarante ans après sa « Réexposition » de 1977, le voici de retour dans les salles du Palais des Beaux-Arts. Pour Daniel Buren. Une Fresque, il a conçu une intervention mêlant des œuvres de centaines d’artistes, dont Paul Cézanne, Henri Matisse, Constantin Brancusi, Jackson Pollock, Fernand Léger et Marc Chagall. C’est la première fois que l’intervention de Buren entre en dialogue avec des œuvres d’art qu’il a lui-même choisies. Certaines rendent hommage à des artistes oubliés qui ont contribué à façonner sa vision artistique durant ses études, d’autres célèbrent ses compagnons de route, avec qui il expose depuis 1968. Aucune œuvre n’est présentée sans raison. Innovation, créativité, exigence, passion, vision : l’art nous inspire et nous ouvre au monde. Partenaire historique des institutions et des acteurs de la culture contemporaine, nous aimons faire partager ces valeurs avec chacun. Découvrez-nous sur degroofpetercam.com Daniel Buren. Une Fresque est donc peut-être bien son exposition la plus autobiographique à ce jour. Une impression encore renforcée par la nouvelle création que l’artiste a réalisée spécialement pour l’exposition au Palais des Beaux-Arts. Une nouvelle œuvre sous forme de film qui rappelle les interventions de Buren, des années 60 à aujourd’hui, dont 80 % n’existent plus. L’exposition et le film parcourent de manière très originale la vie et l’œuvre de Buren. Ses interventions forment-elles un nouveau prélude ? L’avenir nous le dira. Private Banking | Institutional Asset Management | Investment Banking | Asset Services 26 DEB1600007 - Ann_PRIVATE BANK_BOZAR_250x200_FR.indd 1 03/02/16 13:04 DIALOGUE ENTRE L’EST ET L’OUEST BALKAN TRAFIK ! FÊTE SES DIX ANS Une interface culturelle 28 Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance. Les populations d’Europe de l’Est, exsangues, ont en effet connu les régimes communistes, la guerre et son cortège de massacres, le partage de l’ex-Yougoslavie, la naissance de nouveaux États, la résurgence des identités ethno-nationales et religieuses, l’intégration dans l’Union européenne, l’émergence de nouvelles modalités de régulation entre les communautés, l’apprentissage de la liberté… Autant de raisons justifiant les objectifs qui, depuis la création du festival, ont guidé son organisation et sa programmation : promouvoir les rencontres interculturelles, créer un lieu où les membres de différentes communautés peuvent échanger leurs connaissances, leurs expériences en les communiquant à travers l’art et, surtout, plonger le public dans une ambiance fondée sur la convivialité et l’interaction avec les artistes. Car Balkan Trafik ! ne considère pas le visiteur comme un spectateur passif mais stimule, au contraire, sa participation active à l’événement. Un défi renouvelé chaque année avec enthousiasme par Nicolas Wieërs et Tony Van der Eecken, programmateur BOZAR, qui partagent la même ambition pour le festival. En dix ans d’existence, Balkan Trafik ! n’a donc pas seulement réussi à devenir l’une des références internationales du genre. Mais le festival est parvenu à dépasser les exclusives identitaires dans une région si fortement marquée par les conflits, pour multiplier les collaborations, les partenariats et conjuguer les influences à travers le sentiment d’appartenance à la société européenne. Et il incarnera demain, peut-être davantage encore qu’aujourd’hui, l’interface entre les cultures d’Europe de l’Est et de l’Ouest, mais aussi entre celles du Nord et du Sud, trouvant dans les pays qui bordent la Méditerranée des similitudes, voire de nouvelles synergies artistiques autour d’une volonté commune de faire vivre la musique, de continuer à l’associer à notre vie quotidienne et de la préserver de tout modèle dominant globalisé. Une sublimation esthétique de la rencontre pleine de promesses pour l’avenir. 01 02 Balkan Trafik ! © Milena Strange Balkan Trafik ! © Milena Strange 02 01 Pour la dixième fois, BOZAR et l’ASBL 1001 Valises ont le plaisir de vous présenter Balkan Trafik !, le festival consacré aux cultures des pays du Sud-Est de l’Europe. Devenu un rendez-vous incontournable grâce à l’originalité de sa programmation et de son atmosphère, cet événement toujours plus festif et convivial reflète une vitalité artistique participant à la résilience d’une partie de notre continent, encore fragilisée par les épreuves qu’elle a traversées. Tout commença en 2003, par un voyage au Kosovo. Le réalisateur belge Nicolas Wieërs fit une rencontre qui le marqua profondément : « J’avais approché des étudiants de l’Université de Pristina. Le décor de leur ville et de leur pays, qui portaient encore les stigmates de la guerre et de la période de reconstruction qui la suivit, ne cadrait pas avec leurs personnalités. En dépit de conditions économiques misérables, de perspectives limitées et de l’image négative qui les poursuivait, les jeunes étaient animés d’une volonté inébranlable de s’en sortir ». Et d’ajouter : « Mon travail de terrain m’a également permis de découvrir leur musique universelle. Leur musique traditionnelle est éblouissante et présente dans tous les aspects de la vie quotidienne. » Or, lorsqu’il revint à Bruxelles, il réalisa qu’il ne pouvait évidemment rendre compte en un seul documentaire de la richesse de l’histoire de la région, des cultures qu’elle charrie et des émotions qu’elle véhicule. C’est alors qu’il prit la décision de créer un festival consacré à la musique et au cinéma des Balkans. Outre la présentation des musiciens originaires des Balkans et au-delà, Balkan Trafik ! propose également du cinéma, des conférences, des ateliers, des débats, des lieux de rencontres, de dégustation de vins locaux ou de spécialités culinaires, dans un décor hors-norme, dépaysant et rappelant les Balkans. Mais ne nous y trompons pas. Même si l’ancrage du festival est effectivement à l’Est, la philosophie et la particularité de Balkan Trafik ! ne sont pas circonscrites à une zone géographique. Elles résident plutôt dans l’échange et le partage entre individus issus de communautés différentes, soulignant la dimension innovante de la création interculturelle, très présente cette année encore dans la programmation. Comme l’attestent par exemple le duo réunissant l’auteur-compositeur-interprète belgo-tunisien Jawhar et Mitsoura, l’une des plus remarquables voix rom, ou la collaboration entre le très New-Yorkais Frank London (des célèbres Klezmatics) et des musiciens magyars, qui présenteront un concert dédié au patrimoine musical des Juifs de Hongrie. La fusion des genres sera elle aussi à l’affiche avec le Bollywood Masala Orchestra, ensemble gipsy du Rajasthan, qui créera des liens avec les musiques roms, Motion Trio, un formidable trio d’accordéonistes polonais qui mêle rock, jazz, musiques des Balkans et musique classique, ou Balako, groupe roumain inclassable qui vous immergera dans un savant mélange de jazz, de salsa et de musique de fanfare. MUSIQUE, CINÉMA, AGORA, STUDIOS 14 — 17.04.2016 Balkan Trafik ! Programme complet sur notre site bozar.be 29 MARS — AVRIL ’16 REMBRANDT ET LA GRAVURE Qui dit Rembrandt, dit la monumentale Ronde de nuit. L’homme est le plus grand artiste néerlandais du XVIIe siècle. De son vivant déjà, il jouissait d’une réputation internationale, surtout pour ses nombreuses gravures. BOZAR en présente 90 pièces originales. Contrairement à ses peintures, ils est pratiquement certain qu’elles sont de la main du maître. La gravure était un procédé fastidieux et compliqué, qui, à l’époque de Rembrandt, inspirait un grand respect. EXPO 26.02 – 29.05.2016 Rembrandt en noir et blanc Pour votre confort, l’accès à l’exposition est organisé en fonction de plages horaires. Réservation conseillée. 04 01 LE SIÈCLE D'OR EN NOIR ET BLANC Dans le cas d’une eau-forte, il faut tout d’abord polir une plaque de cuivre et la recouvrir d’une base composée de cire, de résine et de poudre d’asphalte. Le graveur dessine à travers cette couche avec une pointe sèche, ce qui ne nécessite pas de force physique et permet d’obtenir des lignes souples et fluides. Une fois le dessin terminé, la plaque est plongée dans un bain d’acide mordant. Là où la base a été dessinée, l’acide atteint et creuse la plaque de cuivre. La plaque est nettoyée, les sillons sont remplis d’encre et le tout est posé sur la presse à graver. Ensuite, le papier absorbe l’encre, le résultat étant l’image inverse de celle gravée sur la plaque. Rembrandt a réalisé des estampes détaillées sur des thèmes variés, notamment d’inspiration biblique, mythologique et allégorique, mais aussi des scènes de la vie quotidienne, des paysages, des nus et des portraits. Graveurs célèbres 05 01 Adam and Eve, Rembrandt (1638) © Stichting Rembrandt op Reis 02 Portrait of Abraham Francken, Apothecary, Rembrandt (1657) © Stichting Rembrandt op Reis 03 Diana at the bath, Rembrandt (c. 1631) © Stichting Rembrandt op Reis 04 Self-portrait leaning on a stone sill, Rembrandt (1639) © Stichting Rembrandt op Reis 05 View on Amsterdam, Rembrandt (c. 1640) © Stichting Rembrandt op Reis 02 30 Des lignes souples dans le métal 31 MARS — AVRIL ’16 Une technique dérivée du forgeage d’armes La technique de la gravure sur métal a vu le jour vers 1400 dans les ateliers de forgerons européens. Elle servait à décorer les armures et les armes. Une fois l’objet terminé, les forgerons remplissaient les sillons de la gravure avec de l’émail noir et recouvraient le tout d’une couche de papier mouillé. Grâce à ce procédé, ils obtenaient une impression en miroir qu’ils utilisaient comme prospectus publicitaire avant la lettre. Pour réaliser une eau-forte ou une taille-douce, les sillons sont taillés dans la matière, puis remplis d’encre qui sera ensuite imprimée sur du papier. La différence entre une eauforte et une taille-douce réside dans la manière dont le métal est creusé. La gravure en taille-douce nécessite beaucoup de force. La plupart du temps, le graveur utilise un burin en forme de « v ». Les premières gravures ont sans doute été réalisées pour illustrer des images saintes et des cartes de jeu. L’un des premiers graveurs était d’ailleurs surnommé « le Maître des cartes à jouer », vers 1440 en Allemagne. Dès 1500, la technique était connue à travers toute l’Europe. Albrecht Dürer était le premier graveur à jouir d’une grande célébrité. La taille-douce et l’eau-forte coexistèrent jusqu’en 1900, la première technique étant plutôt réservée aux reproductions, la seconde aux images « libres ». Rembrandt et Picasso utilisaient tous deux la même technique. La plus grande avancée fut l’invention de l’aquateinte par le peintre espagnol Francisco de Goya vers 1750, une méthode permettant d’obtenir des surfaces claires ou foncées. Vrai ou faux ? « Il existe un tas d’histoires passionnantes à propos des gravures à eau forte de Rembrandt. Vous pouvez les découvrir grâce aux vidéos proposées sur la tablette que vous recevrez lors de votre visite de l’exposition », raconte Jaap Mulders, propriétaire de la collection de gravures. « Les peintures sont vraies ou fausses, tandis que dans le cas d’une eau-forte, c’est moins évident à déterminer. Il faut se demander si elle a été réalisée par Rembrandt lui-même, ou s’il l’a adaptée, ou si d’autres l’ont fait après lui. Et puis, la question est de savoir qui l’a imprimée. Il arrivait régulièrement que Rembrandt imprime ses gravures, puis y apporte des modifications avant de les imprimer à nouveau. Ce sont les différents "états" d’une eau-forte. Les copies photographiques sont évidemment fausses car elles n’ont jamais été en contact avec la plaque de cuivre. Pourtant le résultat est parfois plus proche du travail originel de Rembrandt. Qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux ? Nous pourrions en discuter pendant des années. » QUAND MUSIQUE RIME AVEC COMPASSION Bach est détrôné. Les auditeurs de Klara ont élu le Stabat Mater de Pergolèse numéro un du top 100 annuel. Tout comme la Passion selon Saint Matthieu de Bach, cette œuvre baroque met en musique un moment bouleversant de la souffrance du Christ. Le Klarafestival vous invite à la découvrir à BOZAR aux côtés d’autres partitions placées sous le signe de la compassion. 01 MATER DOLOROSA Josquin des Prés, les Scarlatti père et fils, Antonio Vivaldi, Joseph Haydn, Franz Schubert (à deux reprises !), Giuseppe Verdi, Antonín Dvořák, Francis Poulenc, Arvo Pärt, et la liste est encore longue. Plus de 400 compositeurs ont mis en musique le Stabat Mater. Pas un siècle n’y a échappé depuis la création du texte, autour des années 1200. Si le doute subsiste quant à l’auteur de ce poème médiéval, on l’attribue habituellement à Jacopone da Todi, un Franciscain du XIIIe siècle. Les vers puisent leur inspiration dans les textes évangéliques. Jean a ainsi décrit la déploration du Christ, tandis que Luc s’est concentré sur la douleur ressentie par Marie lors du sacrifice de son fils. Le Stabat Mater a rapidement été introduit dans la liturgie catholique. Lors du Concile de Trente (1545-1563), il fut cependant décidé de bannir des cérémonies religieuses certains textes d’origine non biblique considérés comme trop profanes. Il faudra attendre 1727 pour que le pape Benoît XIII réintroduise officiellement le Stabat Mater parmi les chants d’église. Depuis, ce texte – source d’inspiration à la fois gratifiante et inépuisable pour de nombreux artistes et compositeurs de toutes les époques – résonne à nouveau dans les églises. L’amour maternel Stabat mater dolorosa, iuxta crucem lacrimosa, dum pendebat filius. En version française : « Elle se tenait debout, la mère des douleurs, en larmes, près de la croix, tandis que son fils pendait là ». Les trois premiers mots latins expriment à eux seuls l’essence du poème et justifient la force d’attraction émotionnelle qu’il a exercée à travers les âges. Ces vers chantent la plus pure et la plus belle forme d’amour qui soit : celui d’une mère pour son enfant décédé. Une image qui transcende les religions par sa profonde humanité et son universalité. En outre, le rôle central est attribué à la femme et sa féminité. Selon la philosophe et linguiste Julia Kristeva, il s’agit ici d’un phénomène rare et d’un signe puissant dans l’histoire du christianisme. C’est l’amour maternel qui, confronté à la mort, permet de dépasser celle-ci pour mener à la résurrection du Christ. Szymanowski et Pergolèse BOZAR présente deux des plus belles interprétations musicales du Stabat Mater, en commençant par celle du compositeur polonais Karol Szymanowski. Il est parvenu à atteindre l’essence même du texte latin. Contrairement à d’autres grandes œuvres religieuses du XXe siècle, le Stabat Mater de Szymanowski se démarque par son caractère intime et sobre, exprimant la souffrance individuelle. Bien que l’œuvre ait été commandée par un industriel de Varsovie, Bronisław Krystall, en mémoire de sa femme décédée, la partition doit également son caractère introspectif à 01 32 02 L’Akademie für Alte Musik dirigée par René Jacobs interprète le Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolesi (12.03.2016) © Kristof Fischer Karol Szymanowski © D.R. 02 33 MARS — AVRIL ’16 un événement survenu dans la vie personnelle de Szymanowski. En janvier 1925, le compositeur perd sa nièce dans un accident et se retrouve directement confronté à la douleur de sa sœur. Il choisit donc logiquement le Stabat Mater – thématisant le chagrin d’une mère – pour réaliser cette commande. La seconde version du Stabat Mater que nous vous proposons d’écouter à BOZAR est sans doute la plus célèbre, et très certainement la plus populaire. Jean-Baptiste Pergolèse a lui aussi tout à fait compris le message véhiculé par le poème. Il a représenté la Vierge Marie non comme une figure d’opéra tragique, mais comme une mère. Ici, le mystère fait place à l’accessibilité, et la musique respire cet état d’esprit. Contrairement à une grande majorité de musique d’église composée à la même époque, le Stabat Mater de Pergolèse puise son succès dans l’expressivité et l’émotion qu’il suscite. Lorsque l’écrivain français Jean-François Marmontel a entendu l’œuvre pour la première fois, il a prononcé ces mots : « Ne fait-il pas rouler les larmes ? » Comme chez Szymanowski, la situation personnelle de Pergolèse a sans doute contribué à rendre cette composition particulièrement chargée en émotions. Le compositeur était en effet atteint de tuberculose, et menait, alors qu’il couchait les notes du Stabat Mater sur le papier, un combat mortel contre la maladie, qui l’emporta quelques jours seulement après avoir achevé l’œuvre. Il n’avait que 26 ans. Ces deux concerts ont lieu dans le cadre du Klarafestival. Outre les deux Stabat Mater présentés à BOZAR, la version de Schubert est également au programme de ce festival qui s’articule autour du thème « passion et compassion ». Le titre de cette édition est « Erbarme dich », en référence à l’aria mondialement célèbre de la Passion selon Saint Matthieu de Bach… Celle-là même qui n’occupe désormais plus que la deuxième place au top 100 de Klara. MUSIC 09 – 24.03.2016 Klarafestival Erbarme dich Cette édition a pour thèmes la souffrance, la compassion et le réconfort, et s’intéresse au rôle de la musique religieuse et spirituelle. RACINES MUSICALES LES MULTIPLES VISAGES DU JAZZ MUSIC 05.03.2016 Addis Acoustic Project Dans le cadre de Ethiopia 25.03.2016 Majid Bekkas Avec l’Afro-Oriental Jazz Trio 12.05.2016 David Virelles & Ramòn Díaz Mboko Le jazz fut le premier style de musique à porter l’étiquette de « musique du monde ». Il voit le jour à la fin du XIXe siècle à la Nouvelle-Orléans, véritable plaque tournante internationale. Les cultures des esclaves importés d’Afrique occidentale y entrent alors en contact avec celles des colons européens et de la population d’origine. Ces interactions culturelles posent les prémices de nombreux croisements entre le ragtime, le blues, la folk, les negro spirituals et la musique de marche française. Le jazz est un mélange d’influences de différentes parties du monde. On peut donc le qualifier de musique du monde au sens le plus large du terme. Dès le début des années 80, lors de l’avènement du CD, le terme « musique du monde » est utilisé à des fins commerciales. En effet, le nouveau support devait être vendu en masse pour assurer son insertion dans l’univers de la musique. Et le jazz dans tout ça ? Il a poursuivi son évolution. La musique d’Afrique occidentale a continué d’influencer les compositeurs, de Randy Weston et John Coltrane à Trilok Gurtu en passant par Dizzy Gillespie, Jan Garbarek et Joe Zawinul. Tous ces musiciens ont puisé leurs idées musicales sur différents continents. En Afrique bien sûr, mais également en Inde, qui était une autre grande source d’inspiration. D’autres cultures et pays se sont progressivement ajoutés à cette liste. Prenez par exemple l’histoire de la bossa nova et du jazz, qui témoigne de l’enrichissement apporté par la musique brésilienne. Sur son album Angelus, la star mondiale brésilienne Milton Nascimento a invité de grands artistes de jazz tels que Jack DeJohnette, Herbie Hancock, Pat Metheny et Wayne Shorter. Dans nos contrées, on retrouve le groupe Les Violons de Bruxelles, qui propose un mix détonnant de swing manouche et de choro brésilien, ou encore le trio bruxellois Aka Moon, dont la polyrythmique trouve ses racines en Afrique, en Inde et dans les Balkans. Musique du monde ou jazz ? Si les frontières sont si floues, c’est en partie à cause d’internet et des révolutions digitales… peut-être au grand désespoir des puristes. Mais le public a soif de nouveautés, de possibilités inédites, et les musiciens aussi. Cela crée une diversité Jazz ou musique du monde ? La frontière est floue. Dans les années trente, le jazz s’est développé à partir de la « musique noire » pour donner naissance au swing, plus facilement accepté par la population blanche. Bien que le jazz soit devenu de plus en plus expérimental, il n’a jamais cessé de se renouveler. Les artistes contemporains font danser tant les amateurs de jazz que ceux de la musique du monde. À BOZAR, vous découvrirez, au cours des prochains mois, de la musique du monde aux accents jazzy – ou du jazz du monde, si l’on peut dire – venu d’Éthiopie, du Maroc et de Cuba. 34 01 02 David Virelles © GR-DR Majid Bekkas plays oud © Omar Mhammedi 01 35 MARS — AVRIL ’16 sans limite. Depuis plus d’un siècle déjà, le jazz prouve que l’utilisation d’éléments issus d’autres cultures est un enrichissement. Et cette même conviction anime les programmateurs de BOZAR. Addis Abeba, Rabat et Havana Au cours de ces prochains mois, nous vous proposons trois concerts presque inclassables. Depuis des années, la musique éthiopienne jouit d’une popularité massive, amplifiée encore par la sortie de la collection Éthiopiques et le succès qui a accompagné la redécouverte de Mulatu Astatke. L’homme de 73 ans est aujourd’hui invité par les festivals de jazz et de musique du monde. Addis Acoustic Project s’inscrit dans la droite ligne d’Astatke. Ce groupe assure un cocktail dynamisant de mélodies populaires éthiopiennes du siècle dernier, avec une touche de latin jazz et de rythmes afro-cubains. Son fondateur, le guitariste Girum Mezmur, a déjà pris part aux festivals WOMAD ainsi qu’à ceux de Rudolfstadt, Roskilde et Montreal Jazz. Il a collaboré avec des artistes tels qu’Angélique Kidjo, Aly Keita et Ray Lema. Depuis des décennies, la musique marocaine mystique gnaoua intrigue les musiciens de jazz. En tant que directeur du festival de jazz de Rabat, le guitariste et oudiste Majid Bekkas a vu défiler une foule d’artistes et de groupes en tous genres. À la recherche de nouvelles synergies et aventures musicales, il a notamment croisé le chemin de Louis Sclavis, Minino Garay, Joachim Kühn, Anouar Brahem et Aly Keita. Son album Makenba reste une référence dans le domaine de l’interaction entre musique traditionnelle, jazz, blues, soul et trance. Le pianiste cubain David Virelles 02 mélange à son tour l’héritage musical de son pays natal avec les idiomes du jazz occidental. Si ses précédentes collaborations avec Steve Coleman, Mark Turner et Chris Potter sont un gage de qualité, son talent a en outre été reconnu par Manfred Eicher, fondateur du prestigieux label ECM, sur lequel Virelles a sorti son premier album. Mbọkọ est un tissu d’interférences entre musique sacrée et minimalisme, oscillant avec délicatesse et subtilité entre musique du monde et jazz, le tout dans un exercice d’équilibre à couper le souffle. Du talent made in Belgium Fondé par Peter Vermeersch, le bigband belge Flat Earth Society est le premier orchestre de jazz à profiter d’une résidence à BOZAR. Lors du Flat Earth Day, vous aurez l’occasion de découvrir cet ensemble qui mêle avec audace jazz, rock, punk à une créativité des plus délibérément chaotiques. Au programme également : le jeu de musique et d’ombres du saxophoniste Bruno Vansina et le concert de présentation, avec Mauro Pawlowski, d’un album longtemps attendu consacré à Frank Zappa. MUSIC 19.03.2016 Flat Earth Day Focus sur Flat Earth Society et ses musiciens ALORS, C’ÉTAIT COMMENT ? BOZAR CINEMA DAYS Lors des BOZAR Cinema Days, nous avons interrogé quelques visiteurs. Pendant quatre jours, ceux-ci ont découvert une série de nouveaux films en tous genres, mêlant cinéma d’auteur et d’avantgarde, productions à budget réduit, films d’animation, œuvres biographiques et documentaires expérimentaux venus des quatre coins de l’Europe. JUST ADD YOU. 01 Barbara aime découvrir de nouvelles choses « Hier, j’ai vu les cinq premières de l’Atelier Graphoui. Ce collectif de cinéastes est un atelier de production audiovisuelle qui soutient le cinéma expérimental. Malgré un propos qui n’était pas toujours évident à saisir, les images étaient absolument magnifiques. J’attends aussi avec impatience la rencontre avec la réalisatrice et actrice française Claire Simon. Son nouveau documentaire Le Bois dont les rêves sont faits (2015) parle des habitants du Bois de Vincennes à Paris. » SensoWash® Slim Rimless 01Barbara Yves Gervais © BOZAR 02 Céline et José Yves Gervais © BOZAR 03Bram Yves Gervais © BOZAR ME by Starck. Des lignes claires, des formes iconiques, une esthétique pure et durable. Un design parfait - vraiment individuel - parce que votre personnalité est au premier plan. Plus d‘infos sur www.duravit.be 37 BLUX_BOZAR_AGENDA_ME_Hipster_255x200.indd 2 11.02.16 14:26 MARS — AVRIL ’16 Bram se souvient de son voyage 02 Céline et José rendent visite à leurs « voisins » Céline est programmatrice de films à CINEMATEK, tandis que José s’occupe du département empowerment de la Monnaie. « Heureusement qu’il y a encore à Bruxelles des lieux qui s’intéressent à un "autre" cinéma. À BOZAR, on peut découvrir des films qui ne sont programmés nulle part ailleurs », explique José. « À CINEMATEK, nous programmons aussi des films qui évoluent hors du circuit commercial », dit Céline. « Nous organisons des cycles ou des rétrospectives complètes autour d’une thématique ou d’une personnalité du cinéma, tandis que BOZAR présentera plutôt des films inédits dans un contexte événementiel, comme c’est le cas du festival BOZAR Cinema Days. C’est intéressant pour le public bruxellois d’avoir ces deux types de programmation. » « D’habitude, je viens surtout au Palais des Beaux-Arts pour assister à des concerts. Mais lorsque j’ai vu le film El abrazo de la serpiente au programme, j’ai tout de suite acheté un ticket. Le film raconte l’histoire d’un Indien en Amazonie colombienne. Il est le dernier survivant de sa tribu et combat les envahisseurs occidentaux. L’année dernière, j’ai parcouru l’Équateur et la Colombie, sac au dos. J’ai été profondément marqué par le silence qui règne au cœur de cette nature intacte. J’ai beaucoup apprécié la façon dont ces paysages à couper le souffle ont été mis en valeur dans ce film en noir et blanc. » 03 CENTRE FOR FINE ARTS BRUSSELS 20.04.2016 HIGHLIGHTS Le célèbre ensemble baroque Les Folies françoises chante le récit de la passion de Scarlatti avec les contre-ténors Philippe Jaroussky et Valer Sabadus. Nous vous présentons ci-dessous une sélections de nos événements pour les deux prochains mois. MUSIQUE CLASSIQUE 02.03.2016 GRIGORY SOKOLOV INTERPRÈTE CHOPIN ÉVEILLEZ VOTRE CURIOSITÉ 21.04.2016 SCHUBERT, VERSION CHANT ET CORDES REJOINGEZ LES BOZAR-FRIENDS SAISON ’15 — ’16 Retrouvez l’esprit des Schubertiades avec le Quatuor Ébène accompagné du baryton Matthias Goerne, qui proposera quelques Lieder avant de laisser la place aux instrumentistes français pour un impressionnant quintet à cordes. La carte BOZAR-friends est nominative. Elle est valable uniquement pour son propriétaire et lui fait bénéficier de nombreux avantages pour presque toutes les productions BOZAR. Elle ne procure cependant aucun avantage pour certaines co-productions clairement identifiées comme telles et pour certains événements organisés par des tierces parties. Pour le détail de vos avantages, visitez notre site www.bozar.be/friends. 01 02 03 04 Photo © M.B.- S.K.-14 - 2014 © Dirk Braeckman - Courtesy of Zeno X Gallery, Antwerpen MAJID BEKKAS ET L’AFRO-ORIENTAL JAZZ TRIO 25.03.2016 Attendez-vous à une musique délicieusement groovy et authentique avec ce chanteur et musicien marocain qui mêle le gnaoua traditionnel, le jazz et le blues avec l’ « African gnaoua blues » de l’Afro-Oriental Jazz Trio. Plus d’informations à la p. 34 02 24.04.2016 LA GRANDE DAME DU PIANO Elisabeth Leonskaïa est l’une des plus grandes personnalités musicales de notre époque. Depuis sa participation au Concours Reine Elisabeth en 1968, le public belge la porte dans son cœur, et la pianiste le lui rend bien. 04 EXPO 19.02 – 22.05.2016 DANIEL BUREN. UNE FRESQUE Buren est un artiste français (°1938) mondialement connu pour ses bandes blanches et colorées que l’on retrouve dans des institutions culturelles et des lieux publics. La plupart de ses interventions sont temporaires, rendant impossible l’organisation d’une rétrospective Quatuor Ébène © Julien Mignot Simon Rattle © Stephan Rabold Elisabeth Leonskaya © Marco Borggreve Majid Bekkas © Omar Mhammedi MARS — AVRIL ’16 RENCONTRE ENTRE L’ANDALOUSIE ET LA PERSE Les occasions sont rares d’apprécier sur scène cet orchestre au rayonnement mondial. Il sera dirigé par un chef d’exception dans un programme consacré aux compositeurs du XIXe siècle Anton Bruckner, Johannes Brahms et Hans Rott. 03 39 10.03.2016 La chanteuse espagnole Rosario et le musicien iranien Mohammad Motamedi présentent un mélange explosif de musique classique iranienne et de flamenco enflammé. 01 Portrait de Michaël Borremans par Dirk Braeckman pour BOZAR-friends JAZZ & MUSIQUE DU MONDE SIMON RATTLE À LA TÊTE DE L’ORCHESTRA OF THE AGE OF ENLIGHTENMENT Cette légende vivante du piano russe maîtrise un large répertoire. Au cours de cette série de concerts, Sokolov a choisi de se consacrer à des œuvres de Frédéric Chopin. Laissez-vous séduire par son jeu époustouflant. 17.04.2016 PALEIS VOOR SCHONE KUNSTEN BRUSSEL PALAIS DES BEAUX-ARTS BRUXELLES SCARLATTI ET LA PASSION au sens classique du terme. Buren transforme les espaces d’exposition de BOZAR en une fresque géante, ouvrant le dialogue avec plus de 100 artistes qui ont croisé son chemin, de Cézanne à Léger et Picasso en passant par Jackson Pollock, Sol LeWitt et Pierre Huyghe. Par le biais d’un nouveau film, il offre un panorama des interventions temporaires qu’il a réalisées depuis la fin des années soixante. Un événement à ne pas manquer. Plus d’informations à la p. 24 26.02 – 29.05.2016 14.03.2016 29.04.2016 09 – 24.03.2016 20.04.2016 REMBRANDT EN NOIR ET BLANC FREEHELD, PREMIÈRE IVO VAN HOVE INVITE LES PAYS-BAS À BRUXELLES PASSION ET COMPASSION LORS DU KLARAFESTIVAL L’EUROPE ET LES ORIENTS Découvrez quelques-unes des gravures les plus magnifiques du XVIIe siècle. Grâce à notre tablette, vous plongerez au cœur de ces œuvres d’art. Plus d’informations à la p. 30 Agent de police dans le New Jersey, Laurel Hester tombe amoureuse de Stacie Andree, mécanicienne de voiture et lesbienne. Pourtant, elle n’ose pas lui déclarer son amour… BOZAR donne carte blanche au directeur belge du Toneelgroep Amsterdam. Le temps d’une soirée, il invite des Néerlandais plus ou moins connus à participer à une rencontre culturelle. Plus d’informations à la p. 20 04.03 – 22.05.2016 OFFICE KERSTEN GEERS DAVID VAN SEVEREN: EVERYTHING ARCHITECTURE Ce bureau d’architecture bruxellois se distingue par ses blocs géométriques, ses espaces ouverts et ses lignes droites. 05 26.02 – 29.05.2016 THEO VAN DOESBURG. UNE NOUVELLE EXPRESSION DE LA VIE, DE L’ART ET DE LA TECHNOLOGIE Fondateur avec Piet Mondrian du courant artistique De Stijl, le Néerlandais Van Doesburg a parcouru l’Europe pour promouvoir son langage imagé abstrait et a rencontré les constructivistes, les dadaïstes et les adeptes du Bauhaus. En marge de l’exposition, nous vous proposons une soirée dadaïste consacrée à la poésie et au cinéma le 08.03.2016 ainsi qu’un Family Day le 13.03.2016. Plus d’informations à la p. 18 10.03.2016 THÉÂTRE ET DANSE 11 08 - 09.03.2016 FESTIVALS ET DÉBATS SAD SONGS FROM THE HEART OF EUROPE 24.03 – 29.05.2016 IMAGINE EUROPE: IN SEARCH OF NEW NARRATIVES Des artistes, architectes, designers, scientifiques et penseurs s’intéressent à l’Europe au fil de débats, de films et d’un parcours sous forme d’installation. Un espace est mis à disposition de chacun et transformé en laboratoire à histoires, images et idées nouvelles, signées notamment Rem Koolhaas, Michelangelo Pistoletto, Filip Van Dingenen, Mashid Mohadjerin, Ingo Niermann, Louwrien Wijers, Chantal Akerman… Plus d’informations à la p. 6 CINÉMA 06.03.2016 THE LAND OF THE ENLIGHTENED, PREMIÈRE Présentation du premier long-métrage du jeune réalisateur belge Pieter-Jan De Pue. Il raconte l’histoire de l’Afghanistan à travers les yeux d’enfants. Plus d’informations à la p. 14 10 13.03.2016 05.03.2016 FINALE DE LA BRUSSELS CONTEMPORARY DANCE COMPETITION PERLES CULTURELLES D’ÉTHIOPIE Plongez dans l’ambiance d’un bar d’Addis-Abeba dans les années cinquante et soixante avec l’éthio-jazz de l’Addis Acoustic Project. Tout au long de la journée, découvrez la riche culture de ce pays d’Afrique orientale dans le cadre d’Ethiopia. Plus d’informations à la p. 34 Dix jeunes danseurs et chorégraphes talentueux donnent le meilleur d’euxmêmes. Au cours d’ateliers et de sessions, ils ont monté leur spectacle en solo avec le soutien d’experts. BOZAR présente le résultat de leur travail. 06 08 40 EN FAMILLE 05.03.2016 09 Sonya tente de tenir bon entre un père alcoolique, une belle-mère la forçant à se prostituer et un ami cachant un secret. Cette poignante histoire d’amour à l’état brut parle de l’Europe d’aujourd’hui et s’inspire du roman Crime et châtiment de Dostoïevski. 07 La musique religieuse et spirituelle a toujours été source de réconfort pour l’homme. Cette année, le programme est placé sous le signe de la passion à travers les siècles. Dans la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, quatre écrans plasma montrent quatre martyrs confrontés aux forces invincibles de la nature. Une œuvre impressionnante de l’artiste vidéaste Bill Viola. Plus d’informations à la p. 32 François Gipouloux (EHESS, Paris) et Gianmaria Piccinelli (Seconda Università degli Studi, Naples) s’intéressent de plus près à la relation qui unit l’Europe à l’Orient. Un débat en profondeur sur l’altérité et l’identité. 41 MARS — AVRIL ’16 LES MURS DE LA NOUVELLE EUROPE La nouvelle Europe s’est élevée sur les ruines d’un mur écroulé. Vingt-cinq ans plus tard, nous construisons d’autres barrières. « Cela va complètement à l’encontre des principes fondateurs de l’Europe », expliquent les professeurs français Henry Laurens et Michel Foucher. Débats en français. CONCERT INTERACTIF EN FAMILLE : ALORS ON CHANTE ! Avec vos enfants, chantez des chansons d’hier et d’aujourd’hui, accompagnés par un orchestre symphonique de cordes, de bois, de cuivres et de percussions. 24.04.2016 FILM À VOIR EN FAMILLE : DANCE, DANCE, DANCE 13 – 17.04.2016 BALKAN TRAFIK! FÊTE SON DIXIÈME ANNIVERSAIRE Danse, performances, films, débats et surtout, une bonne dose de musique : voilà les ingrédients qui transforment le dixième anniversaire d’un festival en une gigantesque fête, avec un concert interactif en famille pour célébrer l’occasion comme il se doit. Plus d’informations à la p. 28 Ça danse dans tous les sens pendant que des lumières jaillissent sur l’écran. Ces films de danse hauts en couleurs sont particulièrement ludiques, drôles et un peu surréalistes. La chorégraphe Alma Söderberg joue de sa voix et danse en direct sur la musique. 05 06 07 12 Pour plus d’informations, consultez www.bozar.be. 08 09 10 11 12 Photo - souvenir : Zurbaran St. Serapion, in Daniel Buren Dominoes, travail in situ, 1977 Waldorf Atheneum, Hartford (Connecticut). Detail. © DB-ADAGP Paris Theo van Doesburg, Counter-Composition XIII (Contra-Compositie XIII), 1925–26, Oil on canvas, Peggy Guggenheim Collection, Venice (Solomon R. Guggenheim Foundation, New York) OFFICE 124 — Oasis, OFFICE, Kersten Geers, David Van Severen © Bas Princen The Land of the Enlightened © D.R. Julianne Moore and Ellen Page in Freeheld © D.R. Sad Songs from the Heart of Europe © Liisa Sofia Pöntinen Ivo van Hove © Jan Versweyveld Bollywood Masala Orchestra © Guillaume Soutien public Partenaires institutionnels Partenaires structurels Tickets : Rue Ravenstein 18, 1000 Bruxelles / Mar > Ven 13:00 > 17:00 / En dehors des heures indiquées, la billetterie est ouverte 1 heure avant chaque spectacle Expositions : Mar > Dim 10:00 > 18:00 / Jeu 10:00 > 21:00 / La vente des billets est clôturée 30 minutes avant la fermeture des portes Call Centre : +32 (0)2 507 82 00 (Mar > Ven 13:00 > 17:00) Partenaires médias Gouvernement Fédéral Services du Premier Ministre, Cellule de coordination générale de la politique · Services du Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Emploi, de l’Economie et des Consommateurs, chargé du Commerce extérieur · Services du Vice-Premier Ministre et Ministre de la Sécurité et de l’Intérieur, chargé des Grandes Villes et de la Régie des bâtiments · Services du Vice-Premier Ministre et Ministre de la Coopération au développement, de l’Agenda numérique, des Télécommunications et de la Poste · Services du Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères et européennes, chargé de Beliris et des Institutions culturelles fédérales · Services du Ministre du Budget, chargé de la Loterie nationale · Services du Ministre des Finances Communauté Française Cabinet du Ministre-Président · Cabinet de la Vice-Présidente et Ministre de l’Education, de la Petite enfance, des Crèches et de la Culture · Cabinet du Ministre de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de justice et de la Promotion de Bruxelles Vlaamse Gemeenschap Kabinet van de Minister-president en Minister van Buitenlands Beleid en Onroerend Erfgoed · Kabinet van de Minister van Cultuur, Media, Jeugd en Brussel Autres points de vente : FNAC Magasins — www.fnac.be / Bureau touristique du Parlement européen +32 (0)2 284 20 80 / Bureau de Théâtres de l’OTAN +32 (0)2 707 49 83 Accès : Métro 1 et 5 Gare Centrale & Parc / Bus : 27, 29, 38, 63, 65, 66, 71, 71N, 95 / Tram : 92, 94 / Train Gare Centrale Partenaires privilégiés BOZAR BOZAR EXPO PHOTO BOZAR MUSIC Fondations Deutschsprachige Gemeinschaft Belgiens Kabinett des Ministerpräsidenten Région Wallonne Cabinet du Ministre-Président Région de Bruxelles-Capitale · Brussels Hoofdstedelijk Gewest Cabinet du Ministre-Président · Kabinet van de Minister-President · Cabinet du Ministre des Finances, du Budget, des Relations extérieures et de la Coopération au Développement · Kabinet van de Minister van Financiën, Begroting, Externe Betrekkingen en Ontwikkelingssamenwerking Commission Communautaire Française. Ville de Bruxelles Vlaamse Gemeenschapscommissie. Stad Brussel Partenaires internationaux European Concert Hall Organisation : Concertgebouw Amsterdam · Gesellschaft der Musikfreunde in Wien · Wiener Konzerthausgesellschaft · Cité de la Musique Paris · Barbican Centre London · Town Hall & Symphony Hall Birmingham · Kölner Philharmonie · The Athens Concert Hall Organization · Konserthuset Stockholm · Festspielhaus BadenBaden · Théâtre des Champs-élysées Paris · Salle de concerts Grande-Duchesse JoséphineCharlotte de Luxembourg · The Sage Gateshead · Palace of Art Budapest · L’Auditori Barcelona · Elbphilharmonie Hamburg · Casa da Música Porto · Calouste Gulbenkian Foundation Lisboa · Palau de la Música Catalana Barcelona · Konzerthaus Dortmund 42 Groupes : Lun > Ven 09:00 > 17:00 / +32 (0)2 507 83 36 / [email protected] BOZAR corporate patrons ABN AMRO · Bank of New York Mellon · Edmond de Rothschild (Europe) · Bird & Bird · BKCP · EDF Luminus · KBC Bank · Lhoist · Linklaters · Lombard Odier · NH Hoteles · Puilaetco Dewaay Private Bankers · Société Fédérale de Participations et d’Investissement – Federale Participatie- en Investeringsmaatschappij Parkings : P1 - PARKING Grand Place, Bd de l’Impératrice - Pl. de l’Agora, 1000 Bruxelles / P2 - PARKING Albertine, 16 Place de la Justice, Rue des Sols, 1000 Bruxelles / P3 - PARKING SablonPoelaert, Place Poelaert, 1000 Bruxelles Personnes moins valides : Accès Salle M, Studio, Salle Henry Le Bœuf : rue Terarken 2. Pour les expositions, merci de prendre rendez-vous : +32 (0)479 98 66 12 ou [email protected]. Emplacements de parking à l’extrémité de la rue Terarken et au niveau du n°2, rue Montagne de la Cour. Management : Chief Executive Officer – Artistic Director : Paul Dujardin / Head of Exhibitions : Sophie Lauwers / Director of Finances : Jérémie Leroy / Director of Operations : Albert Wastiaux / Head of Cinema : Juliette Duret / Head of Music : Ulrich Hauschild / Director of Human Resources : Marleen Spileers / Director of Technics, IT, Investments, Safety & Security : Stéphane Vanreppelen / Director of General Administration : Didier Verboomen Partenaires promotionels Fournisseurs officiels PARTENAIRES & INFO 29.01.2016 13:44 (QUADRI-tx vecto) flux: PDF-1.3-Q-300dpi-v-X1a2001-isocoated-v2-300 BMW. IN PERFECT HARMONY WITH BOZAR. BMW18596_Ann Bozar_255x200_UK.indd 1 BMW www.bmw.be Sheer Driving Pleasure 29/07/15 09:05