L`art du contour. Le dessin dans l`Egypte ancienne

Transcription

L`art du contour. Le dessin dans l`Egypte ancienne
Communiqué de presse
Exposition
L’art du contour
Le dessin dans l’Egypte ancienne
19 avril - 22 juillet 2013
Aile Richelieu, espace Richelieu
L’Exposition est organisée par le
musée du Louvre. Elle sera présentée
également aux Musées royaux d’Art et
d’Histoire de Bruxelles du 13 septembre
au 19 janvier 2014.
Cette exposition
bénéficie du soutien de la
Le thème du dessin, tel qu'on peut l'observer dans l'art
égyptien au temps des Pharaons, n'a jamais fait l’objet
d’une exposition. Devant la difficulté pour les égyptologues
et les historiens d'art occidentaux à attribuer l'œuvre à une
main reconnue, les créateurs de cette production plus de
trois fois millénaire, admirée de tous, n’ont pas
nécessairement acquis le rang d'artistes. Grâce à des prêts
exceptionnels (80 œuvres environ), la définition du dessin
donnée par Giorgio Vasari comme étant le « père de nos
trois arts, l’architecture, la sculpture et la peinture »
s’illustre parfaitement dans ces témoignages archéologiques.
Le dessin est en effet une composante essentielle de l’art
dans l’Égypte ancienne. Point de départ dans l’élaboration
des autres techniques artistiques comme la peinture, le
relief, la ronde-bosse, les arts décoratifs et l’architecture, le
dessin est ici considéré comme l’art du contour :
dessinateurs et peintres sont usuellement désignés comme les
« scribes des contours » ou « ceux qui tracent les formes ».
Ostracon figuré : Tête de Ramsès VI coiffé de
la couronne royale, N 498, département des
Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
Cette exposition, riche de 200 œuvres, s’attache à explorer
toute la complexité de l’art égyptien bi-dimensionnel, avec
ses conventions, ses techniques, ses pratiques, ses fonctions
et ses usages. Explorant les liens étroits qu’entretiennent
l’écriture et le dessin dans l’Egypte ancienne, elle permet
d’analyser la nature complexe de la création égyptienne et
les spécificités de la civilisation qui a engendré ces œuvres et
ainsi de lui rendre une place majeure dans l'Histoire de l'art
universel.
Les Egyptiens accordent toujours une place prépondérante aux
formes et aux figures, remplies ou non d’aplats de couleurs. Le
rapprochement dans L’art du contour de cet art formel et de
l’écriture hiéroglyphique, composée de figures juxtaposées et
interconnectées permet de souligner et d’analyser les liens et les
différences entre l’écriture et le dessin égyptiens, entre les
hommes de lettres et les artistes. Preuve de l’interpénétration de
l’écrit et du dessin, les égyptiens ne possèdent alors qu’un seul
terme le verbe « sesh », soit « tracer /dessiner » pour signifier
« écrire », « dessiner » et « peindre » preuve supplémentaire de
cette articulation entre écriture et dessin, symptomatique de l’art
du contour en Egypte ancienne.
Fragment de texte biographique, Nouvel
empire, calcaire peint, n° A8, Musée Calvet,
Avignon ©
Direction de la communication
Anne-Laure Beatrix
Commissaire de l’exposition : Guillemette Andreu-Lanoë,
directeur du département des Antiquités égyptiennes du musée
du Louvre.
Contact presse
Coralie James
[email protected] - T : 01 40 20 54 44
L’exposition interroge les liens entre dessin, écriture et magie,
l’apprentissage du dessin et les étapes de réalisation des
tableaux et des papyrus illustrés. Elle soulève des questions
quant à la maitrise de la lecture des « scribes des contours »,
supposés dépositaires de la mémoire écrite et sacrée, leur
inventivité dans la réalisation des tableaux religieux aux thèmes
très canoniques ou leur place dans la société, selon les époques
et les circonstances.
Coupe en faïence bleue décorée de trois poissons et trois nénuphars, AMP 4562, Antikensammlung Ägyptisches Museum und Papyrussammlung, Berlin ©
L’art du contour est l’occasion de mener une réflexion sur le
concept même d’art en Égypte, notion complexe puisqu’il
n’existe pas de terme précis dans le vocabulaire égyptien pour
désigner ce que nous appelons « art » et qui se confond ainsi
avec celle d’artisanat. La problématique du beau (point de vue
occidental) est mise en perspective avec l’aspect fonctionnel de
l’œuvre (point de vue égyptien).
Le parcours de l’exposition :
Fragments de papyrus avec esquisses préparatoires pour un sphinx, papyrus, AM
11775, Antikensammlung Agyptisches
Museum und Papyrussammlung, Berlin ©
L’exposition s’ouvre sur un hommage aux « scribes des
contours » : Qui étaient-ils véritablement ? Comment vivaientils et travaillaient-ils ? Quel degré de qualification littéraire et
artistique possédaient-ils ? Les œuvres exposées : représentation
des seshqed au travail, des familles de scribes, des contours
magistralement illustrés par la stèle de Dédia mais aussi
matériel et différents supports utilisés par les dessinateurs telle
que la Coupe en faïence bleue décorée de trois poissons et trois
nénuphars, éblouissante composition rayonnante d’une
modernité confondante, donnent des clefs pour répondre. La
question de l’imbrication si complexe entre écriture et dessin en
Egypte ancienne est centrale.
Dans un deuxième temps, l’exposition propose un retour sur les
pratiques et les caractéristiques du dessin égyptien et
notamment la multiplication des points de vue, le hiératisme des
figures ou encore l’absence de perspective qui déroutent
beaucoup l’observateur occidental. Ce décryptage fondamental
de l’art égyptien, acquis de longue date par les spécialistes, mais
rarement présentés de façon muséographique, permet d’analyser
les codes qui régissent les figures de l’art officiel ainsi que des
oeuvres plus spontanées. L’apprentissage du dessin est illustré
par des exercices et des modèles, la mise en œuvre par des
études préparatoires et des ébauches. L’importance du dessin/
modèle tracé pour aider le travail du sculpteur est
particulièrement remarquable sur le Fragments de papyrus avec
esquisses préparatoires pour un sphinx, chaque détail est
dessiné à l’intérieur de grilles de repères, qui servaient de guides
au sculpteur chargé de reproduire ce modèle en trois dimensions
dans une pierre de taille.
Stèle de la dame Tachémès priant
rê-Horakhty, XXIIe dynastie. N 3794,
département des Antiquités égyptiennes,
musée du Louvre, Paris
Une série de peintures murales provenant de tombes montre la
variété des palettes des peintres/dessinateurs et l’usage très
fréquent de cerner les figures et les objets peints d’un trait de
contour. Enfin, quelques oeuvres montrent les limites du respect
des codes établis : dessins atypiques, entorses aux proportions
classiques, frontalité et vrai profil, sont là pour rappeler la
souplesse du trait et la créativité des artistes égyptiens, qui
échappent ainsi aux conventions.
Fragment de paroi peinte : femme
respirant une fleur (banquet). Kestner
Museum 1962-69, Hanovre ©
Ostracon figuré satirique: la souris et le
chat. E 6727, Musées Royaux d’Art et
d’Histoire, Bruxelles ©
Informations pratiques
L’exposition se clôt sur une section très riche présentant
l’univers égyptien en dessin ou, plus exactement, l’univers des
dessinateurs.
Une sélection d’ostraca, ces éclats de calcaire ou tessons de
poterie qui ont servi de supports aux dessins attestent d’une
production intime et personnelle. Ils montrent l’extrême variété
des dessins, permettent de pénétrer au cœur de l’inspiration qui
a guidé les artistes et offrent la possibilité d’entrevoir une
création individuelle étonnante. L’imaginaire des Egyptiens est
dévoilée, à commencer par leurs dieux, ces créatures hybrides
qui protégeaient la vie ici-bas et dans l’au-delà, notamment par
la magie des dessins (textes et images) tracés sur le cercueil. La
momie du défunt sera protégée et pourvue de tous les biens
dont elle aura besoin dans l’éternité. Les humains aussi sont
représentés, au premier rang desquels apparaît le pharaon,
majestueusement illustré par le grand ostracon de la Tête de
Ramsès VI coiffé de la couronne qui figure Ramsès VI dans la
majesté de ses traits imposants, dessinés d’abord à l’encre rouge
et achevés à l’encre noire, aux joues délicatement rehaussées
d’une peinture ocre rouge et aux lèvres peintes en rouge.
Quelques représentations d’obèses, d’hommes hirsutes ou
d’étrangers caractérisés par un physique non-égyptien,
témoignent d’une volonté de réalisme. Une place particulière
est réservée aux dessins satiriques et érotiques, dont l’exemple
le plus stupéfiant est le papyrus pornographique de Turin, qui
mêle parodies animalières et scènes érotiques très audacieuses.
Ces œuvres très inattendues, qu’elles soient humoristiques ou
érotiques, sont bien loin des canons égyptiens qui persistent
dans l’imaginaire collectif occidental.
Lieu
Espace Richelieu,, Aile Richelieu
Horaires
Tous les jours de 9h à 17h45, sauf le mardi.
Nocturnes, mercredi et vendredi jusqu’à 21h45
Tarifs
Accès avec le billet d’entrée au musée : 11 €.
Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins de
26 ans résidents de l’U.E., les enseignants
titulaires du pass éducation, les demandeurs
d’emploi, les adhérents des cartes Louvre
familles, Louvre jeunes, Louvre professionnels
et Amis du Louvre, ainsi que le premier
dimanche du mois pour tous.
Renseignements
Tél. 01 40 20 53 17 - www.louvre.fr
Papyrus mythologique, XXIe-XXIIe dynastie, papyrus. N 3292, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre, Paris ©
Publication
Catalogue de l’exposition
L’art du contour. Le dessin dans l’Egypte ancienne,
sous la direction de Guillemette Andreu-Lanoë.
Coédition Somogy / musée du Louvre éditions. 352 pages,
250 illustrations, prix : 39 euros.
A l’auditorium
Figure d’hippopotame couvert de plantes
des marais, faïence siliceuse bleu, décor
noir, fin du Moyen Empire, milieu de la
XIIIe dynastie, vers 1750-1650 av. J.-C.,
Thèbes, Dra Aboul’Naga, tombe de
Neferhotep, musée du Louvre (E 7709)
© Christian Décamps
Présentation de l’exposition
Lundi 27 mai 2013 à 12h30
par Guillemette Andreu-Lanoë, département des Antiquités
égyptiennes, musée du Louvre.
Colloque
Samedi 8 Juin 2013 de 10h à 18h
Le dessin dans l’Egypte ancienne : pratiques, fonctions et usages.
les plus grands spécialistes du dessin dans l’Egypte
ancienne rendront compte des derniers découvertes sur les
caractéristiques, les techniques, les pratiques, les liens essentiels
avec l’écriture, la mise en perspective des fonctions et des
usages du dessin tel que, pendant plus de trois millénaires, les
« scribes des formes » ou « scribe des contours » l’ont créé, se
plaçant ainsi au premier rang des artistes du monde antique.
Ostracon figuré : hyène attaquée par trois
chiens, calcaire peint, Nouvel Empire,
XIXe-XXe dynasties, vers 1295-1069 av.
J.-C., Deir el-Medineh, musée du Louvre
© Christian Décamps
Ostracon figuré : sept poissons du Nil,
calcaire peint, Nouvel Empire, 19e-20e
dynasties, vers 1295-1069 av. J.-C., Deir
el-Medineh, musée du Louvre © Christian
Décamps
Œuvre en scène
Mercredi 22 mai 2013 à 12h30
Dessins à voir sur les ostraca figurés égyptiens
par Guillemette Andreu-Lanoë, département des Antiquités
égyptiennes, musée du Louvre.
La préparation de l’exposition « l’art du contour. Le dessin dans
l’Égypte ancienne » a été l’occasion d’engager une campagne
de restauration systématique de la collection d’ostraca figurés
conservés au département des Antiquités égyptiennes. Menées
par les restauratrices Sophie Duberson et Christine Pariselle,
avec l’aide et le soutien du C2RMF, ces opérations ont permis
de rendre à ces dessins sur pierre calcaire et terre cuite leur tracé
et leur polychromie originels, révélant à l’occasion des sujets
insoupçonnés. Longtemps considérés comme des brouillons ou
des esquisses préparatoires, les ostraca figurés peuvent
désormais apparaître comme des créations artistiques à part
entière et témoigner de l’univers personnel et intellectuel de
leurs auteurs, ajoutant ainsi cette documentation à l’étude de la
société égyptienne au Nouvel Empire. Une sélection d’ostraca
sera présentée et filmée en direct sur la scène de l’auditorium.
Film
Vendredi 19 avril 2013 à 20h
Le scribe en Egypte de Bernard George
Coproduction Arte Strasbourg, Arturo Mio et musée du Louvre.
52 mn, 2013.
Diffusion dans l’alvéole 7 de l’accueil des groupes pendant
l’exposition.
Edition DVD – Editions Montparnasse, Musée du Louvre en
vente à la librairie