Rugby Story par Nanard

Transcription

Rugby Story par Nanard
" ce qui suit pourra vous sembler empreint d'humour , parfois (souvent..) chambreur
mais…. jamais méchant "
-" Nanard "-
(Cliquez sur le lien)
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"Le rugby qu'est ce que c'est ?"
"La naissance du rugby"
"L'Abécédaire du rugby"
"Les piliers"
"Le demi de mêlée"
" Le Talonneur"
"Sous les douches"
"Les Deuxiemes Lignes"
"Les ailiers"
"Les échauffements"
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"Dans le Bus"
"Dans les trubunes"
"Dans les vestaires"
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Le Rugby c'est d'abord une manière d'être ou se traduit un état d'esprit:
celui d'une famille innombrable, disséminée à travers la planète Ovalie, et
dont les membres se reconnaissent à ce qu'ils ont un jour baigné dans la joviale
et ardente communion pour laquelle quinze hommes s'assemblent à....15 heures !!
Le medecin y côtoie l'éboueur, le notaire épaule le mécanicien, le séminariste
passe la balle à l'instititeur . Ils connaissent ce miracle d'être à la fois différents
et …..ensemble !
PROMENE TOI DANS TON VILLAGE et regarde les futurs gladiateurs du carré vert
( heu ! quand c'est plus long que large c'est rectangle je crois ....)
TOI qui est une boule de nerfs avec ton maître et ton mètre soixante, viens donc te
défouler en gueulant sur les avants...
TOI LE PETIT GROS , qui mange ta glace près de la maison de tes parents car ta
maman a peur que ce monde cruel t'agresse, viens pousser la sérénade après le
match, et après avoir poussé dans la mêlée...!
TOI LE CADOR qui frime devant les gonzesses, vient montrer à tes groupies
comment tu arrives à encaisser une décélération de.......au moins XG dans un placage
bien appliqué à presque 5 cm de ce qui t'est vachement utile le soir ! Si tu t'en
relève t'as même plus besoin de faire la causette pour draguer.....!
TOI LE GRAND TIMIDE qui se fait toujours chambrer parce que, avec ton mètre
quatre vingt dix t'es pas capable de mettre un ballon dans un panier, quittes ce
sport d'anormaux pour venir parmi les humbles et les égaux. Et oui néophyte,
connais tu un sport qui peut rassembler tous les types de gabarits et qui peut
proposer à chacun d'eux d'être dans la grande et convoitée famille des
internationaux, ou des nationaux ou des régionaux ou de la première équipe du club
..??.........moi non !!!
TU VOIS, toi le gros, toi le nerveux, toi le petit, toi le sprinter,toi le coureur de
fond , si tu as le courage et la volonté tu peux PARTAGER LA MESSE DES GRANDS .
Sois dans la merde mon frère, la grande famille du rugby t'aidera toujours !!
" Il convient que les grands sautent, les petits s'infiltrent, les lourds
enfoncent,les légers s'évadent et, s'il faut de tout pour faire un monde, sur la pairie
il faut du monde pour faire un tout "
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Et le huitième jour, WILLIAM WEBB ELLIS créa le Rugby……
Un sport amateur d'une compléxité inouïe avec un règlement quasi
incompréhensible et un ballon …….Ovale !!!
Il observa le résultat et compris qu'il manquait un élément !
Alors, il créa le Bar et, à la fin du match tous les joueurs s'y
précipitèrent pour célébrer la légendaire troisième mi-temps.
Et là il fut satisfait et rigola .......longtemps !!
Ainsi naquit le rugby .......
LE SPORT LE PLUS FOU QU'UN CERVEAU HUMAIN PUISSE ENFANTER
William Webb Ellis
donna son nom à la
Coupe du Monde de
Rugby
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Arbitre :
sa tâche est ardue, empêcher trente gars forts comme des taureaux qui en viennent déjà aux
mains et aux pieds, d’en venir aux poings et aux coups de boule … accessoirement, assimiler les
règles les plus compliquées de tous les sports collectifs
Avantage :
tant que le ballon profite à la victime d’une faute, on le laisse vivre ; règle généreuse qui permet
de légaliser une certaine notion d’arbitraire dans un sport où joueurs, commentateurs et
spectateurs s’adonnent trop volontiers à leur instinct
Ballon :
objet particulièrement ridicule, de forme ovale qui rebondit n’importe comment et qui glisse des
mains quand il est humide ; il attire la convoitise de l’homme qui le possède, d’où l’intérêt des
passes
Botteur :
spécialiste du coup de pied, c’est lui qui tente les transformations en visant entre les poteaux, audessus de la barre transversale ; accessoirement, l’agent soporifique du jeu mais que l’on
pardonne s’il transforme correctement
Carton :
celui de couleur jaune vise à avertir un joueur belliqueux mais que l’arbitre juge tout paternaliste
qu’il ait, capable de se calmer 10 minutes derrière les poteaux adverses ; celui de couleur rouge
est par contre synonyme d’expulsion immédiate ; dans un cas comme dans l’autre le voyou n’est
pas remplacé
Chandelle :
terme technique et vaguement poétique (en anglais, cela donne up and under) qui désigne un tir
au pied dirigé vers les nuages, supposé mettre la pression sur l’arrière (15) à sa tombée
Demi de mêlée (9) :
c’est celui qui glisse le ballon dans le couloir formé par les deux 1ères lignes de la mêlée (1, 2,
3) puis le transmet au demi d’ouverture (10) ; berger du troupeau d’avants, vous l’entendrez
avant de le voir
Drop-goal :
c’est l’action pour un joueur isolé de tenter, par un coup de pied précédé d’un rebond, de faire
franchir au ballon la barre transversale entre les poteaux ; geste audacieux et difficile qui peut
rapporter trois points faciles à son équipe
En-avant :
le grand paradoxe du rugby, c’est d’aller de l’avant en passant la balle exclusivement en arrière ;
si l’en-avant est involontaire, l’arbitre décrète une mêlée, s’il est intentionnel, vous serez
sanctionnée par une pénalité
Essai :
c’est le toucher du rugby sauf qu’ici il faudra qu’il y ait contact entre le joueur, le ballon et le sol
pour que l’arbitre valide l’essai ; la zone demeure la même, derrière la ligne des poteaux et se
nomme dans l’en-but
Fair-play :
à l’origine, la bourgeoisie anglaise voyait dans la pratique de ce jeu un excellent moyen
d’inculquer la notion de solidarité à la jeunesse aisée de l’aristocratie anglo-saxonne, d’où la
définition « a barbarian sport played by gentlemen »
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Gazon :
magnifique dans certains clubs, il peut s’avérer pratiquement absent dans d’autres comme
réduit en poussière ; sa qualité joue pourtant sur le moral des troupes et le jeu pratiqué peut
en sortir plus ou moins gagnant
Gueule :
ce sport modèle le corps tout entier avec une préférence pour la face ; regard conquérant, nez
écrasé ou autres oreilles décollés sont une caractéristique du joueur de rugby d’où les
célèbres bandeaux et autres casques
Haie d’honneur :
coutume de l’aube du rugby qui consiste à saluer en signe de respect la combativité de
l’adversaire et qui se poursuit autour d’un verre dans les balbutiements de la troisième mitemps
Hors-jeu :
tout joueur qui se tient hors de son camp, dans celui de l’adversaire entre le ballon et la ligne
de but adverse, est hors-jeu et sera sanctionné par une pénalité ; les joueurs entre eux et
souvent l’arbitre avertissent avant de sanctionner
Interdictions :
sous prétexte de la beauté du jeu, il est interdit de se coucher sur le ballon et d’attendre
calmement que les autres t’écrasent ou te chatouillent pour le récupérer ; autre règle
essentielle, il est défendu de plaquer un joueur sans ballon .
International Board :
c’est le conseil d’administration du rugby international qui décide et sanctionne tout en
buvant du thé ; il a longtemps été garant du respect de la tradition d’amateurisme du jeu à
quinze
Joug :
la version française du scrum machine est un instrument de torture où l’on y attelait autrefois
les bœufs jusqu’au jour où un coach sadique eut l’idée de reprendre le principe pour
fabriquer un simulateur de mêlée ; une idée brillante mais douloureuse
Juges de touche :
ils sont deux et signalent l’emplacement des remises en touche ; à certains niveaux de
compétition ils peuvent être officiels et deviennent alors de véritables assistants de l’arbitre
de champ tout en demeurant sur leur ligne
Kilos :
ils déterminent souvent le positionnement du joueur sur le terrain même si ce truisme est de
moins en moins vrai dans le rugby moderne ; cela dit, ce sport demeure basé sur le contact et
ces fameux kilos, qu’ils soient de muscle ou de graisse, s’avèrent des plus précieux quand il
s’agit de percuter l’adversaire
Kiné :
le précieux assistant médical, généralement accompagné d’une éponge dite magique, il est
souvent plus utile que le coach le jour du match, capable de soigner le tout petit bobo
comme de ressusciter le vieux guerrier boiteux qu’on croyait fini à jamais
Libération :
mot clé du vocabulaire rugbystique aussi bien employé dans le contexte d’une victoire vécue
comme un soulagement que dans celui plus traditionnel de l’accouchement d’un ballon à la
suite d’un regroupement
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Licence :
la carte obligatoire pour pouvoir être affiliée à la fédération, sur laquelle on trouve une photo
d’une personne en civil parfaitement normale mais qui quelques heures plus tard sur le terrain
se révélera sous une toute autre personnalité
Maul :
valse collective et technique à l’instigation d’un joueur rapidement rejoint par d’autres qui
décident de l’empoigner sous les épaules de lui pousser dans le cul ou de faire le pont pardessus bref de surtout pas l’abandonner dans le pétrin pour que vive le ballon
Mêlée :
slow collectif qui voit s’arc-bouter au total 16 joueurs ; chaque équipe dispose de trois lignes
successives, la 1ère est composée du talonneur (2) entre ses deux piliers (1 et 3), la 2ème de
deux joueurs (4 et 5) et la 3ème de trois (6, 7 et 8), le demi de mêlée introduit le ballon au
milieu avant de la récupérer et voir l’édifice se disloquer voire parfois s’écrouler
Nostalgie :
les aînés ne peuvent s’empêcher d’évoquer le temps glorieux où ils jouaient ; à cette époque,
les entraînements étaient facultatifs, les matchs plus rudes, le niveau plus élevé, les troisièmes
mi-temps plus grandioses, la météo moins pourrie, l’amitié indestructible, les arbitres moins
cons, le public plus nombreux, les rapports sexuels plus fréquents… bref c’était mieux avant
Numéros :
au début du siècle dernier, les joueurs n’étaient pas numérotés ; si la pratique a disparu,
certaines équipes utilisent par contre les lettres de l’alphabet au lieu des numéros traditionnels
Passes :
art de transmettre à la main un ballon à un coéquipier situé obligatoirement en arrière de soi ;
geste apparemment simple mais qui s’avère d’une technicité redoutable en pleine vitesse et
sous pression
Placage :
mathématiquement il suffit de plonger dans les jambes, de resserrer l’étreinte et l’adversaire
tombe ; dans les faits il faut avoir envie, éviter si possible que son adversaire prenne son élan
maximum et se dire qu’on est capable
Qualité :
la qualité d’un match de rugby se résume à ses deux mi-temps de 40 minutes chacune mais
également à sa troisième mi-temps, la plus redoutable de la journée réservée aux plus
endurants et surtout aux bons vivants où l’alcool et les chansons remplacent le ballon
Quinze :
c’est le nombre maximum de joueurs de chaque équipe accepté sur le pré ; ce chiffre est
parfois ramené à 13 mais également à 10 et 7 avec des spécificités de règlement mais la
toujours sacro-sainte passe en arrière
Raffût :
bousculade du possesseur du ballon à l’aide de son bras libre à l’égard du défenseur qui
caresse l’espoir de lui subtiliser le ballon, geste technique qui apprend aux défenseurs à se
baisser au plaquage
Renvoi :
quand le ballon pénètre la zone d’en-but, non porté par un joueur, s’il touche terre et qu’il est
aplati par un défenseur, on procède à un renvoi au 22 mètres qui est joué au pied ; si c’est le
défenseur qui rentre lui-même dans la zone et aplatit, c’est une mêlée à 5 mètres, avec
introduction pour l’équipe qui attaque
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Sac des gilets :
incontournable au même titre que la trousse de premier soin, ne serait-ce que pour le bon
déroulement de la partie ; il mérite toute l’attention du responsable mais s’oublie rarement en
raison de l’odeur incroyable qu’il dégage après un match
Séances d’entraînement :
supposées obligatoires pour les joueurs impliqués qui souhaitent s’améliorer, elles se tiennent
généralement en soirée dans la semaine avec généralement moins de monde que prévu et se
terminent par une petite bière bien méritée mais jugée par trop comme facultative
Tee :
coquetier géant sur lequel le botteur pose amoureusement le ballon avant une transformation
ou un coup de pied de pénalité ; il permet de réduire les arrêts de jeu au minimum en
remplaçant la traditionnelle motte de terre ou de sable
Touche :
on dit qu’il y a touche quand le ballon, porté ou non, traverse l’une des deux lignes latérales
qui bordent le terrain ou quand un pied du porteur la touche ou la franchit ; la remise en jeu se
joue alors à 5 mètres de la ligne perpendiculairement à l’endroit où le ballon est sorti et
nécessite un minimum d’un joueur
Union :
elle fait la force mieux que nul part au rugby car le terrain n’est pas si large que cela, compte
tenu du physique et surtout du nombre des joueurs ; l’épreuve de force que représente la
mêlée ordonnée la magnifie un peu plus encore
Uppercut :
coup de poing à l’origine d’une phase spectaculaire du rugby communément appelée mêlée
relevée ; consécutif à une tendresse subtile du deuxième ligne sur le visage du talonneur
adverse ; avantage, ça soulage, inconvénient, c’est totalement interdit et sanctionné par
l’arbitre
Vaseline :
le rugbyman adore se muer en savonnette et s’enduire le visage de vaseline, en particulier les
avants dont la promiscuité en mêlée et surtout la rigidité de leurs shorts abîment leur doux
visages
Vingt-deux mètres :
ligne qui inaugure une zone de tous les dangers pour la défense tout particulièrement quand
elle se fait bombarder de coups de pieds ; solution offerte par le législateur, l’arrêt de volée
qui permet au joueur en difficulté de se sortir de la situation en réceptionnant le ballon sans
l’échapper et surtout en gueulant « marque »
William Gilbert :
cet homme, qui exerçait au bon vieux temps des pionniers du jeu, à Rugby, en Angleterre, la
profession de cordonnier, fut l'artisan numéro un du rugby ; il mit au point le premier ballon
en cuir, composé de quatre panneaux recouvrant la vessie de porc ; plus tard elle fut
remplacée par une vessie en caoutchouc. ce qui aida encore à parfaire l'ovale du ballon
Williams Webb Ellis :
au XIXè siècle lors d’un match de soccer devenu célèbre, ce jeune garçon, originaire de la
ville anglaise de Rugby, s’empara du ballon à la main, puis avec une étrange lueur dans les
yeux, courut le poser derrière le but adverse
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-Stade Français -
Pieter De Villiers
69 selections en equipe de France !
"Les piliers"
Etrange bipède dont la morphologie évoque nos lointains cousins quadrumanes, le pilier
se nourrit exclusivement de saucisson. Figure inénarrable du rugby, le spécimen prête
volontiers le flanc à la caricature....
Quand on veut dépeindre le rugbyman sous les traits grossiers d’une brute épaisse dont
l’essentielle faculté est de s’incliner pour pousser en mêlée, c’est bien sur au pilier que l’on pense.
Le cliché est un peu éculé me direz-vous. De nos jours, les piliers dits "modernes" sont des
athletes affutés sans un gramme de graisse, galopant aux quatre coins du pré, capables de vous
envoyer des passes vissées de 30 metres. Heureusement pour le folklore de notre sport, ce
tableau idyllique ne concerne qu’une poignée de joueurs professionnels composant le gratin de
l’élite nationale. Les autres sont bien souvent a cataloguer dans la série "a l’ancienne". Dépassant
allegrement le quintal, un cou de taureau, tout dans le jarret et dans les reins, rien dans les abdos
(hormis la Kro), le pilard traditionnel est voué aux tâches obscures de ce jeu : tordre son alter ego
en melée, arracher des ballons dans les mauls et c’est a peu pres tout. Jamais vous ne verrez un
n° 1 ou un n° 3 porter le cuir dans une course folle et chaloupée pour prendre des intervalles au
milieu des gazelles. Cela lui est généralement formellement interdit par son coach, et d’ailleurs, ce
serait contre-nature...
Les hommes de l’ombre
Quand on joue a la pile, on va au charbon, on fait sa sale besogne et surtout on se tait. Et pour
cause, le pilier est certes un homme fort, roué et vicelard, sa mobilité est limitée et ne peut donc
jouer les stars en tortillant du cul.On les voit parfois tenter quelques foulées courageuses en début
de partie, histoire de montrer qu’ils sont eux aussi des sportifs, et puis apres, harassés par les
travaux de force auxquels ils se bornent, marchent péniblement d’un regroupement a un autre,les
mains appuyées sur les reins, cherchant l’oxygene
comme des grosses carpes sorties de la riviere. Néanmoins, tous les rugbymen vous le diront,
un bon pilier, solide comme un roc, vaillant comme une mule, est une denrée ô combien
précieuse. Deux piliers défaillants et c’est souvent la maison qui s’écroule, par contre s’ils sont
conquérants, on peut voyager tranquille. Meme les vieux adages ovaliens le disent : "le rugby, ça
commence devant", et comme devant ça commence avec eux, mieux vaut etre bien armés en
premiere ligne.
Qui fait peur aux enfants, qui largue des caisses abominables ?
Il faut en effet etre un gaillard de la meilleure moelle pour affronter toutes les avanies de ce
sport. Qui ramasse les poires en premier quand une melée se releve ? le pilier. Qui sort du terrain
la gueule en vrac ? le pilier. Qui est condamné a l’anonymat éternel ? le pilier. Qui se couvre de
ridicule en se tartinant la fiole de vaseline et en se passant un bandeau d’élasto autour de la tete ?
le pilier. Qui a les oreilles en choux-fleurs ? qui ne trouve pas de short à sa taille, qui fait peur aux
enfants, etc, etc… Alors vraiment, a tous les piliers de la terre, je rends un hommage a la
bravoure, a l’abnégation et a l’humilité.
Et oui, finalement , on les aime bien nos bons vieux pilards, ils amenent un peu de sel dans une
vie de groupe. On les brocarde gentiment, on les taquine parce qu’on sait que c’est facile et qu’ils
n’ont pas toujours une répartie foudroyante. Faut dire qu’ils cherchent aussi… quand quelqu’un
lâche une caisse abominable et enfume un car entier, c’est toujours sur les piliers que les
soupçons s’abattent, quand, juste avant un match, un chiotte est "nutellisé"* sans vergogne, on
voit souvent en sortir une bourrique, fiere de son forfait, arborant un 1 dans le dos. Et puis, qui
mange tout le saucisson dans les collations d’apres-match ?
* Nutelliser : formidable néologisme construit sur la racine étymologique de "Nutella". Imaginezdonc une cuvette ressemblant a un pot de Nutella en fin de vie…
Prince d'Euphore
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Pierre Mignoni
AS Montferrand - 1ere cape en équipe de France le 22 octobre 1997 contre la Roumanie
"Le demi de mêlée"
1,40 m, 60 kg, des pattes courtes et une forte gueule, tel est le cliché du demi-de-melée,
concentré de rugby devant l’éternel. Car si sa carcasse est loin d’évoquer les grandes
armoires envaselinées, c’est tout l’esprit de l’ovalie qui chante dans sa gouaille…
Ces propos choqueront, mais hélas, correspondent bien souvent à la réalité : un bon 9 est
une vraie boule de pus, une ordure. Si tous ces lutins maléfiques s’organisaient en syndicat
national, Sodome et Gomorrhe regneraient sans partage.
La place si particulière occupée par les demis-de-melée dans le monde du rugby vient
essentiellement du fait de son rôle sur le pré, incontournable.
Tous les joueurs le savent : une équipe qui possede un bon 9, c’est l’enfer tout l’apres-midi,
c’est se gratter la tête pour trouver l’antidote qui tuera le poison.
Bien protégé par ses huit molosses, le farfadet distribue les ballons, oriente le jeu, impulse
les jaillissements, manoeuvre les gros comme un dompteur les lions… ou les éléphants. Sa
voix rocailleuse et chantante hurle des ordres, réclame le cuir sur un ton hystérique.
Le demi-de-melée est un enfant gâté, couvé par son pack, par sa cocotte, il passe son
temps a faire des caprices pour faire joujou avec sa baballe.
Le néophyte trouvera d’ailleurs le n° 9 sacrément gonflé : " comment fait-il pour ne pas se
prendre de mandales par les huit marmulasses qu’il commande comme un garde-chiourme
??". Et bien monsieur, sachez que ce garçon jouit des mêmes privileges que la vache en Inde,
c’est un nain sacré.Pas touche au 9, c’est trop précieux, trop vital pour la survie du groupe.
Un vicelard hors normes
Bien entouré par sa garde prétorienne, il n’est d’ailleurs pas rare que ce rôle central dans le
groupe confère à l’intéressé
Une certaine suffisance, une certaine morgue, une condescendance caractérisant ceux qui
peuvent tirer la langue sans se faire tirer les oreilles par les méchants d’en face. Le garçon,
donc, abuse un peu de son statut d’intouchable et devient un vicelard hors norme.
Provocations diverses et variées, petit crachat discret, noms d’oiseaux, séances de
"chambrages" en règle ( un bon 9 est fréquemment doté d’une répartie fulgurante…), petits
sévices dans les regroupements (piétinements, arrachage testiculaire, petite pichnette sur le
bout du nez) précédés d’un bref coup d’oeil vers l’arbitre pour accomplir son forfait
discrètement. On ne parlera pas non plus des feintes de KO accompagnées par des cris de
martyrs assassinés (un bon 9 serait un excellent footballeur). Bref, ce nabot matois, est un
renard spécialisé dans le pétage de plomb.
Si vous en rencontrez un flegmatique et bien élevé, si vous rencontrez un 9 gentleman,
c’est qu’il doit avoir une sacrée belle passe vrillée de 40 m, qu’il doit courir vite ( un bon 9 est
souvent une ruine physiquement, sa vie est dissolue, il fume, il boit et baise de façon
irraisonnable) ou qu’il doit être anglais.
Enfin bon, si jamais vous croisez un demi-de-melée dans la rue, changez de trottoir.
Prince d'Euphore
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Dimitri Szarzewski
Stade Français
16 selections en équipe de
France
"Le Talonneur"
Parmi tous les damnés de la terre, les talonneurs. Des pauvres bougres qui
s'activent aux tâches les plus ingrates. Dans le registre du pire recensé dans le
sport, il y a peut-etre gardien de hand, ou piquet de slalom spécial…
D’accord, un pack de rugby, ça ressemble un peu a la cour des miracles. Entre ces
oreilles en chou-fleur, ces arcades maltraitées qui donnent des airs d’intellos
néandertaliens et ces pifs cabossés, difficile d’y trouver l’éphebe de la prochaine
pub Paco Rabane.
Et parmi ceux-ci,
un phénomene : le talonneur.
En effet, on choisit rarement de porter le n°2, on vous l’impose, on le devient par
nécessité ou par sacrifice. D’ailleurs, ceux qui ont la vocation du talonnage sont
rarement mentalement responsables, c’est pourquoi on leur pardonne tout… En
gros, chers amis néophytes, le talonneur est ce petit trapu avec des chaussures
montantes ridicules qui touche plus de poires que de ballons et qui de surcroît,
adore ça. Plus on l’arrose, plus ça le stimule. Alors pourquoi prend-on ce
malheureux en cible ? Simple, il est le seul joueur du pack, et qui plus est en
premiere ligne, a se lier en melée avec ses deux bras.
Tel le Christ sur sa croix, le talonneur attend, placide, le châtiment des deuxieme
lignes adverses, qui, eux, experts en "relevage de melée", peuvent libérer un bras
pour accomplir leurs moulinets vengeurs.
Couper la laisse du pitt-bull
Certes, et heureusement pour notre sport de gentlemen, toutes les melées ne se
relevent pas, mais quand meme, jusqu’a un certain niveau, la melée relevée se
cultive comme un art, voire comme une véritable action de jeu. Et dans ce cas, eh
bien c’est le talon qui ramasse. Alors parfois, quand il charge trop, il s’énerve et
veut se venger. Et la, danger ! Tous les capitaines de toutes les équipes du monde
savent que si on coupe la laisse du pitt-bull, le carnage n’est pas bien loin.
D’ou l’intéret de posséder, dans chaque groupe, une sorte de tuteur a talonneur qui
le surveille comme le lait sur le feu. Comment faut-il amadouer un talonneur ? c’est
simple, il suffit, quand vous sentez que la moutarde lui monte au nez, de lui faire
miroiter une action dans laquelle il touchera le ballon. Meme si neuf fois sur dix, il
commet un en-avant, cela le calmera.
Le 2 n’est généralement pas méchant, il est volontaire, plein d’allant, souvent
appliqué mais juste un peu frustré. Faut dire qu’il faut se mettre a sa place, la seule
fois ou il voit le ballon a portée de main, c’est quand il roule dans ses pieds sous la
melée. S’il pouvait la talonner avec la langue, il le ferait…
Et puis, quand le ballon vole de mains en mains dans le champ, le talonneur court
apres, désespérément, un peu comme ces vieux chiens qui convoitent le meme bout
de bois que leurs jeunes congéneres. Alors, si vous jouez au rugby, ayez la bonté
d’avoir une pensée pour l’exclus de votre équipe : a la fin du match, quand tout est
perdu, ou tout est gagné, faites une passe a votre talonneur. Et il revivra.
Prince d’Euphore
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"Sous les douches"
Lieu hors du temps ou sont bannies toutes formes de fausse pudeur, ou la nudité se
montre brute de brute, le bloc douche est un petit Eden pour les braves qui trouvent
dans la moiteur apaisante source de réconfort.
Dans les vapeurs suffocantes, des corps sculpturaux se détendent.
Les griffures qui décorent les torses torturés témoignent de l’âpre combat qui vient de se
dérouler.
L’écume savonneuse a la fleur d’oranger n’en finit plus de couler sur ces buffets d’acier,
ces pectoraux saillants, le long de ces dos puissants jusqu’a la naissance de fesses bien
rebondies.
Dans la brume d’étuve, on entend des soupirs, des regards complices se croisent, les
éphèbes s’effleurent, les savonnettes tombent.
Michel-Ange n’aurait pas craché sur ces scènes de mâle poésie.
Mais bon ça, c’est pour le folklore… et les phantasmes.
La réalité est bien différente.
Question force en présence, conservez quelques bellâtres a la plastique flatteuse et
ajoutez-y une bonne dose de gros culs poilus, de grands échalas et de petits trapus afin
d’obtenir la composition vraisemblable des douches de rugbymen.
Car le rugby, c’est quand même la diversité, et question nudité, c’est un mélange curieux
qui donne a l’endroit un côté un peu clip vidéo pour une marque de slip et a l’envers un
côté un peu cour des miracles, ou pub pour Cochonou.
Mais bon, quand on y est, on s’en rend pas compte, a force de se doucher ensemble, on
finit par se connaître par coeur et on a renoncé depuis bien longtemps a se détailler
mutuellement, sauf quand on est d’une humeur chambreuse.
Place au Phénomene…
Pas de complexes, on est tel qu’on est… on trouvera toujours mieux ou toujours pire,
comme thérapie de groupe, c’est pas mal.
Bon d’accord, il y en a toujours un ou deux, des vrais exhibitionnistes, qui conscients de
leurs formes avantageuses aiment se montrer.
Genre de mec qui met trois plombes a se rhabiller, debout sur un banc, de préférence
quand la porte des vestiaires est grande ouverte.
Mais en pratique, les douches, c’est avant tout un bel embouteillage.
Trop de joueurs, pas assez de places, pas assez de pression dans les tuyaux, trop de crasse
a laver, top de traînards, trop de passe-droits aussi.
Qui n’a jamais pesté contre un sénateur du groupe, un vieux loup du club qui prétend
avoir, depuis le temps, une douche attitrée, ce qui l’autorise a regarder les petits jeunes
attendre se cailler a poil dans le bloc, jusqu’a épuisement de l’eau chaude.
Pas très sport certes. Comme ceux qui, économes ou avares, et un brin parasites,
n’apportent jamais de gel douche et se contentent avec cynisme de piquer l’Ushuaia a la
pomme verte du pauvre gnangnan qui lui se ruine en budget soins corporels… Classique.
Et puis, dans les douches, c’est toujours l’occasion de pointer le Phénomene, celui qui fait
parler de lui toute la saison parce qu’il a tendance a transformer les endroits ou il se balade
en véritable vivarium a cause du reptile, genre boa constricteur, qui pendouille ou vous
savez.
Curiosité de la nature qui ne manque pas, a chaque fois, de méduser tous ses camarades
qui évoquent cette anomalie soit avec un effarement amusé, soit avec une commisération
sincere envers sa conjointe.
Toujours est-il que le garçon, heureux élu, aura gagné le droit d’etre appelé par tous les
surnoms possibles et imaginables, style "Dumbo", "la béquille" ou "la théiere" .
Le "lauréat" n’en prend généralement pas ombrage et en tire meme parfois un certain
orgueil, quand il est assez benet pour ça…
Prince d'Euphore
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Fabien Pelous
Stade Toulousain
118 selections en
équipe de France
"Les Deuxiemes lignes"
Ils chaussent du 50 et n’ont plus que quelques dents. Déplaçant laborieusement
leur immense carcasse, ils dépassent facilement le quintal et ne passent pas
inaperçus. Ils sont… les deuxiemes barres.
Le 4 et le 5 forment généralement une belle paire de mules. La principale fonction
d’un seconde barre, comme on dit dans le jargon, c’est de pousser en melée et de
sauter en touche. Bien évidemment, ne pas prendre le verbe "sauter" au pied de la
lettre car l’immense majorité de ces Gulliver de l’ovale éprouvent les pires difficultés
a s’arracher du plancher des vaches. Soit il est une deuxieme ligne "moderne", c’est-adire parfaitement filiforme, presque athlétique et dans ce cas comme le reglement
l’autorise, ses copains peuvent le soulever tres haut pour qu’il s’empare du ballon, soit
c’est une deuxieme ligne "a l’ancienne" : 120 kg et une détente verticale de morse sur
la banquise, ce qui le rend inutile dans l’exercice de la touche. Dans ces conditions, il
convient hélas de constater que le gros deuxieme ligne est une espece menacée, un peu
comme les éléphants d’Afrique.
C’est bien dommage, car le bougre a une place bien a part dans le paysage
rugbystique, voire dans le sport en général. Quelle discipline autre que le rugby aurait
bien pu accueillir de pareils mastodontes, aussi vaillants que vicelards ? Eh oui, les
4 et 5, le fameux attelage de la melée, les deux poutres, occupent des postes si
particuliers dans la conception traditionnelle de ce sport, qu’ils ont façonné leur propre
mythe. Au cour de la melée, enfermés dans la cage, les deux cerberes sont dans le
secret des dieux : eux-seul savent vraiment ce qui se passe sous cette éphémere bâtisse
de seize corps humains dont ils forment l’indestructible clé de voute.
L’art de la melée relevée
En l’occurrence, rien de tres romantique, puisque seuls les deuxiemes lignes cultivent
l’art de la melée relevée. Les deux géants occupent un poste stratégique dans la cabane
: bien campés sur leurs appuis, ils ont toujours un bras de libre, celui qu’il passe sous
les cuisses des piliers de façon a bien s’arrimer. Et puis, quand le moment est venu,
quand le deuxieme barre a bien prémédité son coup, ou quand il entend le signal (le 9
annonce une « Gabriel ») il exerce de ce bras un savant mouvement de balancier sous
la melée en direction du camp adverse. Résultat : une tomate dans la gueule du
talonneur, la melée se releve, c’est l’échauffourée. Sous ses airs de géant débonnaire,
avec son élasto qui lui écrase les arcades, sa vaseline qui déborde et ses Rivat
montantes, le bon vieux deuxieme ligne pourrait faire rire les enfants, comme le ferait
un monstre gentil. Il n’en est rien.
Le seconde barre de métier est un concentré de vice, un type bien énervant qui vous
nargue en arborant un sourire sardonique tout en protege-dents. Il ne s’énerve jamais et
accomplit tous ses gestes, meme les moins recommandables, avec un sang-froid de
professionnel. Quand ça fait pas de bruit et que ça fait mal, il est probablement passé
par la. Bref, le 4 ne s’embarrasse pas avec le maniement de la balle, qui se limite au cas
échéant a l’arrachage ou a la passe de sac de patates. Pour le style, on frappe pas
vraiment a la bonne porte.
Le deuxieme ligne a une vision plus périphérique du jeu. Tout ce qui tourne autour du
ballon l’intéresse. Une main adverse qui traîne dans un regroupement, un talonneur un
peu trop fouineur, une troisieme ligne un peu top hardie… et hop, notre deuxieme ligne
fait le ménage, de façon licite, voire un peu moins si nécessaire.
Aujourd’hui, le rugby moderne consacre le deuxieme barre joueur de ballon, coureur,
sauteur. La mort annoncée de nos éléphants d’Afrique
Prince d’Euphore
Page 12
Vincent Clerc
Stade Toulousain
33 selections en
équipe de France
"Les Ailiers"
Ils étaient sveltes, chaloupaient leurs courses et décrivaient des arabesques sur le pré.
Ils sont aujourd’hui de grosses marmules peu enclins à faire dans la dentelle. Le rugby
évolue, n’en déplaise aux nostalgiques.
Jadis, ils étaient les "danseuses", ceux qu’on brocardait pour leur gabarit de criquet et leur
aversion pour le contact.
On a souvenir de ces caricatures d’ailiers qu’étaient ces Philippe Esteve ou ces Patrice
Lagisquet… Mais mieux encore, le spécimen, celui qui peuple encore l’imaginaire de
générations de joueurs, c’est cet homme aux cheveux longs, a la moustache épaisse, aux
chaussettes qui tombent, mollets de coq obligent, au short en grosse toile bouffant qui
découvrait des cuisses de mygales et moulait un petit cul de patineuse.
Bref, cet ailier des seventies capable de vitrifier un adversaire sur un simple coup de rein,
celui qui ajustait des cadrages débordements d’école distillés grand champ, celui qui
donnait du crochet a angle droit et du coup de pied de recentrage maintenant désuet mais
qui faisait partie de la panoplie des trois-quarts aile a l’ancienne.
On les aimait bien ces ailiers la, ces rugbymens qui volaient comme fétu de paille au premier
impact, plaquaient aux cheveux et se gelaient les miches sur le bord de touche quand on
écartait pas le ballon.
Oui mais voila, l’ère moderne est passée par là et le cliché de l’ailier à papa a volé en éclats.
Aujourd’hui l’examen de la toise et de la balance relègue nos arbalètes dévoreuses d’espace
au rang d’articles de brocante. Adieu Bernat-Salles, bonjour Lomu ! Le rugby actuel, dans sa
quête d’absolu, a choisi son camp.
Les trois-quarts aile ne sont plus des demie-portions a l’apparence inoffensive, petit oisillon
perdu au milieu d’un troupeau de boeufs.
L’ailier mammouth écrase tout
Le nec plus ultra des années 2000, c’est un 11 ou un 14 qui fait craquer les coutures de son
maillot et préfère a la stratégie du contournement celle du bélier.
Les courses sont maintenant rectilignes, et le défi physique, jadis une aberration, est l’une
des armes indispensables des golgoths de bout de ligne qui a l’occasion adorent se frotter aux
bestiaux du pack.
Alors que reste-t-il des ancêtres a jambes fines ? Pas grand chose, si ce n’est la rapidité, car
les déménageurs actuels ne se contentent pas de se pulvériser mutuellement et de brasser de
la viande, ils sont dans l’idéal supersoniques, ce qui complique bien évidemment la tâche du
défenseur en cas de choc frontal, on imagine.
Symboles d’un rugby qui se « modernise » ou plutôt qui s’uniformise, l’ailier-mammouth
écrase tout, surtout le romantisme.
On se souvient ainsi de l’improbable duel de la coupe du monde 99 opposant le monstrueux
Lomu au filiforme Bernat-Salles.
Et qui n’ a pas frissonné quand la grignette paloise, soufflée par la bourrasque, avait déposé
magistralement son vis-a-vis soudain apparu bien pataud, sur un cad’deb’ académique ? Le
temps n’est hélas plus a la fragilité. Le titane a brisé la porcelaine…….. Snif. !!!!
Prince d’Euphore
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"Les échauffements"
Maudits soient les échauffements ! Moment honni par tous rugbymens normalement
constitués, il nous fait flipper et nous donne envie de gerber. En trottinant dérrière les
pagelles, encore tout ensuqués d’un repas du midi mal digéré, on se demande bien
pourquoi on a choisi ce sport…
Quel que soit le lieu de l’échauffement, dans un embut sous les quolibets d’une foule hostile,
sur un terrain vague, un champ de patates ou un vieux bout de pelouse encadré par quelques
arbres chétifs, personne n’a entendu dire : " je me suis vraiment fait plaisir a cet
échauffement…". Si c’est le cas, vous êtes en présence d’un dangereux maniaque ou d’un
préparateur physique.
L’échauffement, c’est d’abord la vision d’un troupeau qui piétine un embut en tentant de
soulever les genoux, de ramener les talons aux fesses…
Pathétique, quand l’entraîneur lance le signal des fameuses accélérations dans la largeur.
Ces accélérations, censées être progressives ou foudroyantes, ont de quoi laisser pantois
l’observateur.
Apres le "top" d’usage hurlé pour déchaîner les énergies et lâcher les chiens, un léger
frémissement.
Dérisoire.
Seul, un ailier s’extrait de la masse pour galoper frénétiquement au devant de ses copains.
Mais les autres restent groupés, paralysés, rouillés.
Le signal aura eu l’effet d’une épingle a nourrice plantée dans le cul d’un mammouth.
Le syndrome Cotonou
Mais faut comprendre, l’échauffement intervient toujours en pleine digestion… et quelle
digestion.
Entre renvois de carottes râpées et de jambon-purée, difficile de se concentrer sur les pompesabdos qui vous préparent au combat.
Alors vient ce que certains joueurs appellent le syndrome "Cotonou".
Suffoqués par la pression, les émotifs ont subitement les jambes en coton.
Anémiés, ils font des changements d’appuis qui tournent aux crochets de vieilles.
Les plus indisposés s’en vont, solitaires, poser un fox salutaire pour un estomac saturé par le
stress.
Quelques petits malins prétextent toujours la "petite pointe dans la cuisse" pour ne pas courir
avec les autres et font semblant de s’étirer en grimaçant.
Et puis vient le premier contact avec l’adversaire.
Un contact visuel.
On les aperçoit vaguement, au loin, dans l’autre embut, a faire des allers-retours entêtants.
Ils ont forcément l’air costauds, affûtés, hyper motivés, ils ont les cuisses luisantes et
dégoulinent de vaseline, ce qui témoigne de leur détermination.
On devine parfois l’écume qui mousse ou coin des lèvres, leurs yeux exorbités.
Envahi par une peur primitive, celle qui fait avancer le gibier traqué, on se met a regarder ses
chaussures en se disant " vivement cinq heures dans les vestiaires qu’on se fume la petite
clope du réconfort…".
Et pour un peu qu’on joue a l’extérieur, en territoire ennemi, chambrés par quelques ultras
travaillés au rouge limé, alors ce pessimisme se transforme en délire parano : vous avez
tendance a surévaluer votre vis-à-vis que vous pistez d’une manière obsessionnelle.
Et les vertus hallucinogènes des odeurs de camphre font le reste.
Si votre homme n’est pas tout a fait rachitique vous l’imaginez comme un monstre de
puissance qui va tout emporter et vous traîner sur 30 mètres comme un vermisseau, s’il fait 40
kilos, ça doit cacher quelque chose, vous vous suggérez qu’il doit avoir des cannes de feu et
qu’il va vous humilier sous les hourras du public.
Bref, il est alors vraiment temps de regagner les vestiaires parmi les rots caverneux, les pets
foireux et le claquement des crampons sur le carrelage des couloirs.
Débarrassés de nos démons qui nous hantent, le vrai combat va commencer !
Prince d’Euphore
A suivre …
" Dans le Bus "
Dans une bétaillère ou dans un car rutilant a deux étages, les déplacements d’une équipe de
rugby marquent durablement la carrière d’un joueur. Toujours les mêmes rituels, les mêmes
joueurs de cartes et les mêmes chansons paillardes… Dans le car : l'aller
Quand on joue a l’extérieur, un match de rugby c’est 80 minutes sur le terrain et surtout
d’interminables heures de voyage en car. Pour un peu que les types d’en face aient planté leurs
poteaux a 400 km de chez vous, ça veut dire départ dans le meilleur des cas a 7h du mat’ pour un
retour assuré dans ses pénates a minuit, si on traîne pas trop.
Tout commence dans le petit matin blafard d’un parking ou l’on attend tous les traînards qui ne
se sont pas réveillés. Alors certains finissent leur nuit dans le carrosse, et d’autres, complètement
vaseux, errent a proximité d’une montagne de sacs de sport qui s’amoncellent sur le bitume, près
des soutes qui ne sont pas encore ouvertes. A cette heure la, les gens ne sont pas très loquaces.
On se salue amicalement et on s’évite mutuellement la terrible épreuve des haleines de poney.
Car dans l’urgence du réveil, peu ont le réflexe Colgate. Quant a ceux qui ont guinché la veille,
fusillés du regard par les entraîneurs, ils s’échouent sur la banquette arrière tels de vieilles épaves.
Les sénateurs tapent le carton
Et puis l’équipage se met en branle comme un seul homme. Le calvaire peut démarrer. D’ailleurs,
bien souvent, la gueule que tire les chauffeurs est assez édifiante : le pauvre a tiré le gros lot,
quarante rugbymen a convoyer pendant des heures, et en plus un dimanche, jour de repos, quelle
poisse ! Il y a d’abord les parrains du groupe, les sénateurs, ceux qui ont assez d’autorité morale
pour s’être appropriés les fameuses quatre places autour de la seule table. Ceux-là, imperturbables,
jouent aux cartes du début a la fin du trajet, a l’aller comme au retour. Ces spécimens peuvent
s’enfiler plus de mille kilomètres dans la journée, en faisant abstraction totale de ce qui les entoure,
sans broncher, sans manifester le moindre signe d’impatience. Un véritable îlot de sérénité.
Impressionnant.
Le reste émerge peu a peu dans un murmure qui ne tarde pas a s’amplifier. Quelques salopards
relâchent avec délectation leur sphincter pour enfumer sans vergogne l’habitacle du car, histoire de
réveiller tout le monde. A croire que certains se gavent de cassoulet la veille au soir pour
commettre de tels attentats… Les regards se braquent bientôt sur ce qu’il convient d’appeler
l’opium du rugbyman en transhumance : l’écran vidéo.
Film de baston a l’aller, le boulard au retour !
Ce public est effectivement particulièrement cinéphile : c’est film de baston a l’aller et film de cul
au retour. Des les premiers râles de Van Damne et les premiers mots d’esprit de Wesley Snipes, le
pauvre petit étudiant qui s’était donné bonne conscience en emportant ses cours comprend vite
qu’il est temps d’abandonner ses voeux pieux. Lavage de cerveau jalonné de pauses pipi-cigarettes
garantit de bonnes dispositions psychologiques avant le combat dominical. L’abrutissement
collectif est parfois interrompu par le coach qui discrètement, se glisse sournoisement a vos côtés,
échange des banalités navrantes avant d’en venir a ce qui a motivé son intrusion : le match de
l’après-midi qui manifestement le tracasse au point de perturber une bonne séance de cinéma. Quel
con !
Arrivés a destination, direction le petit bouillon qui attend le troupeau affamé. Il est environ 11h
30, et les sempiternelles crudités sont déjà servies dans les auges disposées en rang d’oignons.
……….
prince d'euphore
"Dans les Tribunes "
Il est de coutume de comparer, voire d’opposer, public de rugby et public de foot. L’exercice est délicat
et bien souvent vain. Les regroupements de masse produisent fréquemment les mêmes effets bien que
l’on qualifie volontiers la foule d’amateurs d’ovale davantage bon-enfant. Toujours est-il que dans tous
les stades de France, sauf peut-être en Bretagne, le spectacle est autant dans les tribunes que sur le
terrain…
Pourquoi réserver une place particuliere au public breton, et plus précisément au public rennais puisque
c’est parmi les tribunes bien garnies de Courtemanche que nous nous sommes glissés afin d’y promener
notre regard baladeur ? La réponse est simple : Rennes est en matiere de rugby une vraie terre de mission.
Par conséquent, le spectateur rennais, tout juste initié aux subtilités d’un jeu quoi qu’on en dise
complexe, a une âme candide. Une fraîcheur virginale de nature a attendrir les plus vieilles roulures de
l’ovalie française.
Bienvenue dans le salon de thé
Ainsi, une personne habituée au joyeux tintamarre d’une tribune méridionale aurait probablement
l’impression, en foulant les travées de Courtemanche, de s’installer dans un salon de thé. Entre gens de
bonne compagnie, on vient assister a de curieuses joutes ou l’on se roule dans la boue pour s’emparer
d’un cuir meme pas rond. On applaudit et manifeste un embryon d’allégresse quand les joueurs portant
les couleurs locales gagnent du terrain, on s’interloque quand l’arbitre siffle une pénalité, on affecte un
air désolé quand on réalise que les adversaires du jour viennent de marquer des points et on ne siffle
meme pas les tentatives du buteur d’en face. Car vous l’avez bien compris, il n’est pas vraiment question
a Rennes de supporters mais plutôt de simples spectateurs. Et la ou cinq cents de ces derniers émettent
autant de décibels qu’un pépé somnolant au TNB, une dizaine d’enragés toulonnais (par exemple) vous
font vibrer les murs du stade Mayol. La ou le spectateur rennais s’afflige d’une mêlée relevée, le
supporter toulonnais exulte en lâchant un rituel : "eh, le 4, tu l’as pas volée cette tomate, depuis le début
que t’es hors-jeu !!". Et que dire des traditionnelles broncas s’abattant sur les joueurs visiteurs qui sortent
du tunnel pour se présenter sur le terrain. Aux terribles huées , râles sauvages et inévitables "t’es pas beau
le 8 !" ou "tu te chies dessus le 10 !", répondent a Courtemanche un hardi et très intimidant « sont pas
terribles leur maillot, tu trouves pas ?? ». Public familial, public bien éduqué, on risque pas
l'envahissement de terrain.
Pourtant, a Rennes, il existe bien un « cop », enfin un « mini cop », situé en face des tribunes, ou
quelques énergumènes a l’accent rocailleux et au verbe haut font les cents pas pour accompagner
l’évolution du jeu sur le terrain. Cette poignée d’anciens, probablement importés d’authentiques pays de
rugby n’ont pas leur langue dans leur poche et "redorent" un peu le blason du public rennais. Un peu de
piment dans la soupe en somme. Un petit plaquage a retardement et résonne un tonitruant "enculé le 6 …
tu vas pas finir le match toi !" (évidemment, prononcez "einecoulé"). La casquette a carreaux vissée sur la
tete, ils s’empressent de faire un tour a la buvette a la mi-temps pour étancher une soif de cheval. Apres
deux ou trois gobelets de vin chaud dans le cornet et un peu de philo de comptoir lâchée a la cantonade,
la gouaille reprend de plus belle et on retourne a son poste de combat, encore moins disposé a la
contrariété mais bien plus a la mauvaise foi. Ambiance électrique, pétage de durite imminent. A la
moindre incartade adverse (mauvais geste, raffut dans la gueule, anti-jeu…) ou arbitrale (faute non
signalée ou coup de sifflet trop tatillon), c’est un torrent d’insultes colorées qui se déverse dans l’arène :
"eh gros jambon d’arbitre, tu le siffle le talonnage a la main ?? depuis le débuuuuut…". Dans un accès de
rage, il arrive souvent au "copiste" de casser son buste sur la main courante en tapant frénétiquement sur
les panneaux publicitaires. Parfois blasé, il s’en prend a ses propres joueurs quand ceux-ci jouent mal et
les cisaillent donc selon la regle du "plus on vieillit, meilleurs on était…", car ces gens la sont
généralement des anciens joueurs, et a les écouter, de tres grands joueurs voire des stars. "Nous on se
déballonnait pas comme ça, on les encasquait ces gros cochons et en prime on faisait chanter le cuir, ah
ça c’est sur, les ailiers, ils en palpaient du ballon… ". Discours décousus, bribes de souvenirs embellis par
le temps fuyard et en tous cas facette inusable du folklore rugbystique. Et ces supporters bougons- qui
existent dans tous les stades de France- repartent a 16 h 30 chez eux en grommelant on ne sait quoi,
jamais contents du spectacle, tous des nuls, ils mouillent pas le maillot, faut virer l’entraîneur, les joueurs
-des mercenaires- les dirigeants –corrompus- qui connaissent rien au rugby, etc… enfin, l’habituelle
rengaine.
Prince d’Euphore
"Dans les vestiaires"
Objet de multiples fantasmes, l’antre des rugbymens quelques instants avant le début du
match, vaut le détour. Lieu clos interdit à toutes personnes étrangères à la tribu, cage ou
les fauves tournent en rond dans une atmosphère saturée de stress et de camphre,
l’endroit, propice aux comportements les plus grégaires est aussi un formidable
révélateur de personnalité……. Immersion.
De l’élite professionnelle au plus petit niveau amateur, les vestiaires de rugby se ressemblent.
Petit palace pour stars de Stade de France ou Algecos minables, ils s’y passe souvent la
même chose : une préparation de match, avec tout ce que cela suggère comme stress. Car le
rugby a ceci de particulier qu’il est un rude combat physique, ou chaque joueur doit
s’attendre au contact direct avec l’adversaire et doit donc se préparer a prendre des coups,
voire des grosses marmites, selon la tournure des événements… D’ou la terrible pression qui
s’abat sur les épaules soudain bien frêles des quinze joueurs s’apprêtant a rentrer dans
l’arène. La question est donc de savoir comment chacun de ces individus tolère cette pesante
atmosphère, qui dépasse, on l’a bien compris, le simple enjeu sportif.
.
14h : tout le monde rentre dans les vestiaires : joueurs, entraîneur, kiné, parfois dirigeants. Le
rituel peut commencer. Chacun se dirige machinalement vers sa place habituelle
pour y poser, ou plutôt y balancer son sac, signe indéniable d’une nervosité déjà palpable. On
déconne encore pour évacuer le stress, on rit jaune, on commence a penser au match, bref un
début de concentration s’installe. Le compte a rebours se déclenche.
14h10 : après un moment d’errements collectifs, les choses sérieuses commencent, on sort ses
affaires. Les plus méticuleux extraient de leur sac une paire de pompes superbement cirée de
la veille, crampons en alu de 18 rutilants, short impeccable, un slip tout frais et des
chaussettes propres cela va sans dire. D’autres, un peu moins maniaques, sortent des godasses
terreuses avec des crampons nazes, un short en haillon, des chaussettes qui fouèttent a 3 km et
un slip qui fleure bon la garrigue… Vient alors dans la foulée la remise plus ou moins
solennelle des maillots. Parfois, quand le match est vraiment important, l’entraîneur appelle
votre nom, vous apporte le maillot comme une offrande en vous lâchant un regard grave du
genre 'j’ai confiance en toi alors tu te déchires cet après-midi, ne me déçois pas…'. Mais en
général, c’est un dirigeant qui vous jette votre pelure a travers la gueule en beuglant votre
numéro.
14h20
: un vestiaire de rugby, c’est aussi très scato… et pour cause, vous connaissez tous
certaines fâcheuses manifestations du stress. Or, le problème dramatique est l’effet
d’entassement qui rend les conséquences de ces troubles digestifs et autres flux de ventre
parfois a la limite du supportable. C’est en tous cas quand on commence a renifler des odeurs
pas très catholiques qu’on comprend qu’un processus de concentration intense a démarré.
Imaginez-vous la scène : aux quatre coins de la pièce, les premières vesses bien sournoises se
mettent a fuser, d’autres caisses plus musicales mais néanmoins aussi putrides sont lâchées
sans vergogne. Des protestations s’élèvent, mais le traditionnel « putain qui c’est qu’a chié ? »
reste sans effets. Les plus résignés s’emmitouflent dans leur maillot ou respirent par la bouche,
puis de guerre lasse, apportent leur contribution au bouquet ambiant… C’est a peu près a ce
moment-la que les dirigeants décident d’évacuer les lieux. On reste alors en famille, au milieu
des effluves de jasmin et de violettes. Les plus ballonnés par le stress montant insidieusement,
s’en vont du côté des malheureuses latrines qui jouxtent les vestiaires et qui paraissent vite
débordées par tant de fougue. Y aller en dernier, c’est un acte de bravoure… ou de nécessité
absolue.
Le camphre, baume universel !!
14 h 30 : tout le monde est en tenue, et encore une fois il est question d’odeurs, mais douces et
agréables, celles du baume universel, de l’onguent magique de tous les rugbymen dignes de ce
nom : le camphre. Ses effluves mentholées parfument ce qui reste d’atmosphère. Puis il s’étale
sur les cuisses glabres et fuselées des trois-quarts ou sur les gros culs poilus des piliers,
s’amasse sur les arcades proéminentes des deuxièmes barres… Bref, il prépare les corps a la
terrible joute qui s’annonce. Déjà, certains commencent a tourner en rond avec leurs cuisses de
poulet ébouillantés par les diverses crèmes chauffantes et cherchent du regard d’autres
partenaires pour jauger mutuellement leurs dispositions d’avant match. Dernières petites
recommandations techniques individuelles dispensées par un coach dont on se demande si sa
femme n’est pas entrain d’accoucher dans le vestiaire d’a côté. Tout le monde est en tenue, on
sort pour l’échauffement (20mn) puis on revient pour une dizaine de minutes épiques…
14 h 50 : cette fois, ça y’est, on ne rigole plus, faut commencer a lâcher la goupille et déposer
les neurones dans le sac. L’instant est généralement un moment privilégié de la vie de groupe
qui voit l’entraîneur et le capitaine se disputer un véritable concours d’éloquence ; car il faut
les motiver tous ces garçons, la pression doit etre a son paroxysme. Le coach prend la parole
au milieu d’une assemblée silencieuse, prête a tressaillir aux mots qui feront mouche. Exercice
difficile pour l’orateur qui doit vivre intensément son discours pour communiquer son influx.
Le style guerrier est fréquemment de mise, objectif : transformer quinze jeunes gens bien sous
tous rapports en serials killers. Des lors, toutes les ficelles sont bonnes pour le coach qui après
avoir rappelé les principes fondamentaux des vertus du combat, du courage et du sacrifice,
peut jouer sur la fibre de l’orgueil, du genre : "ils nous ont mis quarante grains au match aller,
ils nous prennent pour des guignols, ils ont le sourire aux lèvres, on va les peler comme des
rats…". Discours ayant une certaine emprise sur les esprits les plus… réactifs : les "gros",
c’est-a-dire les avants, plus exposés a la brutalité du jeu, trépignent et se tiennent par le maillot
en tirant des gueules de pit-bulls. Parfois, certains joueurs galvanisés et un peu trop émotifs
craquent en sanglotant comme des gamins a qui on aurait volé leur gouter. D’autres vivent ces
appels a la guerre sainte de façon plus intérieure, il s’agit d’ordinaire des trois-quarts qui ont
besoin de tout leur sang froid pour assurer sur le terrain. Mais quand même, aux expressions
"va falloir avoir les couilles", "on va leur marcher sur la gueule", "on est chez nous, merde !",
etc.… ils ont souvent tendance a pâlir, se replier dans leur coquille, bref a se chier dessus.
Puis vient l’heure du capitaine, qui dans ces moments la n’est pas très enclin a donner dans la
grande pédagogie. Alors il en rajoute une couche du style "pas de tricheurs sur le terrain, tous
au mastic !!!", moins inspiré il arive qu'il se fende d’un magistral : "les mecs, si on perd
aujourd’hui, c’est la défaite merde !". Et la, il n’est pas rare qu'on entende un gros fou rire
étouffé ……………………..
.
Prince d’Euphore

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