Innover, c`est assurer notre avenir

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Innover, c`est assurer notre avenir
LE JOURNAL DU JURA SAMEDI 27 AVRIL 2013
2 BASELWORLD 2013
OMEGA Après une très bonne année 2012, Stephen Urquhart envisage l’avenir avec sérénité
«Innover, c’est assurer notre avenir»
DE BÂLE
PHILIPPE OUDOT
«Avec les Jeux olympiques de
Londres, et les événements liés aux
50 ans de James Bond dont nous
sommes partenaires, nous avons
réalisé de très bons résultats en
2012, et cela sur tous nos marchés», se félicite Stephen Urquhart, président d’Omega. Aux
Etats-Unis notamment où la
marquephareduSwatchGroupa
fait une belle percée. «Après la
crise de 2008-2009, beaucoup de
distributeurs avaient disparu. Nous
en avons profité pour ouvrir de
nombreuses boutiques Omega, tout
en continuant de travailler avec
nos meilleurs partenaires.»
S’agissant des pays du BRIC
(Brésil, Russie, Inde et Chine), il
constate que si, dans ce dernier
pays, les incertitudes liées au
changement de gouvernement
ont freiné la boulimie consommatrice des Chinois, toutes les
marques ne sont pas logées à la
même enseigne. «Omega a une
longue histoire dans ce pays et depuis le début des années 90, nous y
avons une présence très forte, qui a
culminé avec les JO de Pékin. Notre
situation n’a donc rien à voir avec
les marques arrivées ces quelques
dernières années pour profiter de
cet eldorado, et qui sont touchées
de plein fouet aujourd’hui.»
En route pour les JO
Du côté de la Russie, où les affaires se sont longtemps concentrées sur Moscou, la marque est
en train de se déployer dans cet
énorme marché «qui s’étend sur
neuf fuseaux horaires entre l’est et
l’ouest, soit autant qu’entre la Suisse
et Los Angeles!» Notamment à
Sotchi, qui va accueillir les prochains Jeux olympiques d’hiver
de 2014, chronométrés par Omega. Cet événement va sans doute
permettre à la marque de bien
progresser dans ce pays, estime
Stephen Urquhart.
A propos de l’Inde, il observe
que «chaque marché a ses particularités. L’économie s’y développe,
mais progressivement.» Et si la
marche des affaires souffre des
fortes taxes sur les produits de
luxe, Omega jouit d’une très
bonne renommée auprès des
consommateurs et voit ses ventes augmenter de façon régulière
et stable. «Cette évolution n’a toutefois rien à voir avec l’explosion du
luxe qu’on trouve en Chine ou en
Russie», observe le président.
Gros potentiel au Brésil
«Ce marché est encore plus difficile qu’en Inde en raison des droits
de douane particulièrement élevés», poursuit-il. Omega vient
toutefois d’ouvrir deux boutiques
à Rio, et une à Sao Paolo. «En évitant ainsi les intermédiaires, nous
pouvons pratiquer une politique de
prix plus accessible pour le client.»
Et avec la Coupe du monde de
foot en 2014 et les JO de Rio en
2016, il s’attend à une belle progression des affaires dans ce pays
ces prochaines années.
En ce qui concerne l’Europe,
notre interlocuteur assure ne
pas vraiment souffrir de la crise,
notamment grâce au tourisme.
«A Paris – ville la plus visitée au
monde –, nos chiffres sont très réjouissants. C’est bien sûr plus difficile en Espagne ou en Grèce, même
si notre boutique à Athènes a fait
de meilleures ventes qu’en 2011!»
La force des boutiques
Tout en continuant de travailler avec des détaillants triés
sur le volet, Omega multiplie
l’ouverture de boutiques dédiées
à la marque depuis plusieurs années. La maison biennoise en
compte près de 400 à travers le
monde. Sans donner de chiffres,
Stephen Urquhart assure qu’elles réalisent une part importante
des ventes, et que la croissance y
est plus élevée que dans les autres magasins. «C’est normal, car
acheter une Omega n’est pas un
acte spontané! Le client a réfléchi,
s’est renseigné sur internet et vient
ici se faire conseiller par notre personnel spécialisé, qui peut lui consacrer du temps.»
Suite à la nette baisse du prix de
l’or ces dernières semaines,
Omega va-t-elle revoir ses prix?
«A l’instar du Swatch Group, nous
veillons à éviter des fluctuations de
prix, que ce soit pour des causes
monétaires comme le franc fort, ou
en raison du coût des matières pre-
«The Dark Side of the Moon». Pour cette nouveauté dans la collection Speedmaster Moonwatch, Omega a
réalisé le boîtier, la carrure, le fond et le cadran en céramique noire. LDD
mières. Les fluctuations ont toujours un impact négatif. Que ce soit
à la hausse, bien sûr, mais aussi à la
baisse – car cela dévalorise le produit et entame la confiance du
client.»
Des innovations
Comme l’indique Stephen Urquhart, Omega ne cesse d’innover dans la construction de ses
garde-temps, «car innover, c’est assurer notre avenir». Après son
mouvement co-axial et son spiral
en silicium, Omega a dévoilé en
janvier dernier une Seamaster
Aquaterra dont les composants
sont insensibles aux champs magnétiques (Le JdJ l’avait déjà présenté).«Noussommestousconcernés, car on trouve des aimants
partout – jusque dans les fermoirs
des sacs à main des dames!» Pas
étonnant que les perturbations
de marche des montres renvoyées au service après-vente
soient souvent dues à des problèmes de magnétisme. Il précise
que ces composants amagnétiques seront progressivement généralisés dans l’ensemble des collections, «comme nous le faisons
avec le co-axial».
Mais quels que soient les développements introduits, le prési-
dent assure qu’ils doivent toujours s’inscrire dans la durée. «Au
Musée Omega, nous recevons encore des montres datant des années
20 ou 30, qu’on nous confie pour
une révision. Je veux que dans 50
ou 80 ans, le petit-fils de quelqu’un
qui a acheté une Omega aujourd’hui puisse toujours nous la
confier pour la réviser!»
Nouvel alliage d’or plus dur que de l’acier!
A Bâle, Omega présente pas moins de 161 nouvelles références,
parmi lesquelles figure une Speedmaster en céramique noire
baptisée «The Dark Side of the Moon». Responsable produits de
la marque biennoise, Gregory Kissling souligne que «c’est une
redéfinition de la Moonwatch. Le boîtier, la carrure et le fond sont
entièrement en céramique noire, tout comme le cadran, ce qui
renforce le côté esthétique de la pièce». Elle est montée sur un
bracelet tissu Cordura noir extrêmement résistant. Quant au
mouvement de ce chronographe, c’est un calibre Omega co-axial
9300, muni d’un spiral en silicium.
Omega présente également un tout nouvel alliage en or rose 18
carats appelé Sedna et qui a été développé par les métallurgistes
du Swatch Group. «Grâce aux propriétés du palladium, utilisé à la
place de l’argent, cet alliage ne perd pas de sa couleur avec le
temps», explique Gregory Kissling. Il est en outre plus dur que l’or
rouge, et même que l’acier, assure-t-il. La maison biennoise est
la 1re du groupe à utiliser cet alliage dans l’Omega Constellation
Sedna dévoilée à Bâle, inspirée de la première Constellation
lancée en 1952.
Omega réinterprète d’autres modèles de son prestigieux passé,
avec par exemple son chrono Speedmaster 57, dont l’identité
esthétique est la même que la toute première collection dévoilée
en 1957 justement, et qui se décline en différentes variantes.
Dans le cadre de son partenariat avec la fondation GoodPlanet,
de Yann Arthus-Bertrand, Omega propose une montre de
plongée Seamaster Planet Ocean, capable de descendre à 600 m
de profondeur, dont une partie des recettes servira à préserver
des mangroves dans l’Asie du sud-est. PHO
LOUIS ERARD
Du luxe, mais à
prix abordable
Depuis qu’il a repris les rênes
de la maison franc-montagnarde
Louis Erard, Alain Spinedi maintient solidement son cap, à savoir
produire des montres de qualité à
prix abordable. Il y a deux ans, il
avait créé la collection Excellence, de style classique, mais
avec une touche de modernité,
dotée de diverses complications.
L’an dernier, il avait lancé Romance, une collection dame
équipée de mouvements à
quartz, qui avait reçu un très bon
accueil du marché. «Cette année,
c’est plutôt une phase de consolidation, et nous proposons avant tout
des animations au niveau des cadrans», indique-t-il.
Un choix dicté aussi par le gros
investissement consenti pour le
stand. «Pour une marque comme
la nôtre, c’est très important d’être
bien visible à Bâle, car c’est ici
qu’on a les meilleures opportunités
de business et qu’on peut trouver
de nouveaux distributeurs. Avec
notre grand stand, nous ne passons pas inaperçus!»
Aujourd’hui, souligne-t-il, les
principaux marchés de Louis Erard sont la Suisse, la Russie, le
Moyen-Orient, ainsi que le Japon, où la collection Excellence
cartonne, ainsi qu’en Europe, où
la situation est difficile en raison
de la crise. Il observe toutefois
que paradoxalement les ventes
ont augmenté en Espagne. «Cela
s’explique parce que nous sommes
distribués chez des détaillants qui
offrent des marques haut de
gamme. Pour les consommateurs
de produits horlogers, nous sommes
en quelque sorte l’entrée de gamme
dans le haut de gamme!» PHO
Cette 1931 avec petite seconde est
une des nouveautés 2013. LDD
PERRELET Gérald Roden, président par intérim, a de grandes ambitions pour renforcer la légitimité horlogère de la marque
La Turbine se décline désormais aussi avec des complications
La maison biennoise Perrelet,
connue pour son double rotor,
qu’elle décline depuis 2009 en
version Turbine, s’est offert les
services d’un président de haut
vol. Gérald Roden a en effet longtemps présidé aux destinées des
prestigieuses marques Roger Dubuis et Gérald Genta, avant de
passer chez de Grisogono, Sa venue chez Perrelet? «Je connais le
propriétaire Miguel Rodriguez
pour qui j’ai beaucoup d’estime et
d’admiration. Lors d’une rencontre, il s’est avéré qu’il avait besoin
d’un professionnel comme moi, et
de mon côté, j’avais une grande envie de travailler avec lui», explique
Gérald Roden.
Et comme dans la foulée Miguel Rodriguez cherchait aussi
quelqu’un pour succéder à JeanClaude Schwarz à la direction du
Cette Turbine Chrono est dotée
d’un boîtier acier traité DLC, d’une
bague rapportée en or rose et
d’une turbine en or rose aussi. LDD
groupe Festina Suisse, il l’a du
coup également choisi. Il prendra les commandes du groupe à
partir du mois de juin, fonction
qu’il exercera parallèlement à
celle de président par intérim de
Perrelet, ainsi que de Leroy, autre
nom prestigieux du monde de
l’horlogerie aux mains de Miguel
Rodriguez.
Si Gérald Roden entend continuer sur la base de ce qui a été
construit chez Perrelet, en particulier sa fameuse Turbine, «j’ai
l’intention de faire évoluer ce produit afin de lui donner une plus
grande légitimité horlogère. Ce système de disque qu’est la Turbine a
certes fait connaître la marque, qui
est aujourd’hui clairement identifiée, mais il a fait passer le contenu
horloger au second plan», observe-t-il. Et pour y parvenir, il
entend rapprocher les marques
Perrelet et Leroy des manufactures Soprod, aux Reussilles, et
mhvj, dans la vallée de Joux.
Déjà deux complications
Cette année, Perrelet propose
deux premières complications.
D’abord, une Turbine Chrono,
dotée d’une aiguille chrono centrale qui indique les temps en
parcourant un large rehaut à la
périphérie du cadran. Quant aux
minutes, elles sont indiquées par
une flèche rouge pointée sur un
disque central en saphir gradué
de 60 minutes. La Turbine Chrono est proposée avec un boîtier
acier qui se décline en cinq finitions différentes.
La seconde nouveauté est baptisée Turbillon – contraction de
Turbine et Tourbillon. Les pales
translucides en saphir créent
une animation discrète et laissent admirer le prestigieux mé-
canisme, logé dans une cage à
12h. Perrelet propose ce joyau
dans un boîtier acier avec trois finitions différentes. La Turbillon
est produite en édition limitée à
60 exemplaires – 20 par modèle.
Gérald Roden a aussi l’intention
de renforcer le segment des
montres dame en revisitant sa
collection Diamond Flower, avec
un rotor décliné en version
joaillerie ou émail.
Priorité à l’Asie
Aujourd’hui, observe-t-il, Perrelet n’est pas assez bien positionnée en Asie où est vendue plus
d’une montre Swiss made sur
deux. Il entend mettre à profit sa
large expérience accumulée sur
ces marchés pour y établir solidement la marque. En Chine notamment, en misant sur l’ouver-
ture de «shop in shops» ces
prochains temps.
Quant à l’avenir, tout en préservant l’héritage de LouisAbraham Perrelet, il veut surtout
accélérer la voie de l’innovation
et «casser les règles, car si Perrelet
étaitde retouraujourd’hui,il aurait
sans doute envie de raconter autre
chose qu’une histoire qui date de
1777». A l’heure où les horloges
atomiques sont d’une précision
absolue, une tolérance de plusieurs secondes par jour pour
une montre n’est plus acceptable.
«Le mécaquartz, par exemple, est
en tout cas une piste qui mérite réflexion, même si, pour l’heure, cela
tient encore de la science-fiction. Il
faut en effet d’abord convaincre
Miguel Rodriguez, et ensuite les
clients, car c’est finalement grâce à
eux qu’on existe.» PHO

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