Scorpions, California Sun, Totto, Elliott Murphy, La

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Scorpions, California Sun, Totto, Elliott Murphy, La
LE JOURNAL DU JURA SAMEDI 28 MARS 2015
22 RIFFS HIFI
SCORPIONS Le chanteur du groupe se livre à l’occasion d’un demi-siècle d’existence
Klaus Meine plus que
jamais tout feu tout flamme
PASCAL VUILLE
En 2010, le trio Meine-Schenker-Jabs annonçait à grand fracas une tournée d’adieu. Les
contribuables de Hanovre publient aujourd’hui un premier
recueil de nouvelles sonores et
fêtent un demi-siècle d’existence. Klaus Meine, leur sympathique chanteur est encore tout
feu tout flamme.
Votre motivation est donc
intacte?
Nous sommes passionnés
comme au premier jour et excités à l’idée de poursuivre l’aventure. Nous venons de nous produire pour la première fois en
Chine. Il y a de nouveaux territoires à conquérir. Nous aimons
ce que nous faisons et sommes
reconnaissants de pouvoir faire
ce que nous aimons. Les groupes de rock’n’roll vieillissent,
c’est vrai. Mais Aerosmith,
AC/DC, Motörhead et Scor-
Les Rival Sons à la conquête de la Suisse
En décembre, le quatuor californien, dont toute la presse spécialisée
parlait en termes élogieux, se produisait au Kofmehl de Soleure. Déjà
séduit par trois LP et un EP convaincants, nous nous attendions à un
très bon concert. Nous avons littéralement reçu une bonne grosse
claque! Ces ambassadeurs d’un rock énergique riche en filiations
(dans la veine des Black Crowes) entretiennent l’héritage de Led Zep
avec un brio rarement vu. Scott Holiday, Rickenbacker en bandoulière
et moustache impériale, nous confiait: «De nos jours, le mot rock’n’roll
est galvaudé. Tous les groupes seraient rock’n’roll: les Foo Fighters et
Metallica seraient rock’n’roll. Mais leur musique ne contient qu’une
infime partie de ce qu’est le véritable rock’n’roll, qui est un subtil
mélange de blues, de gospel, de soul, de country western et de
rébellion. Notre style est volontairement rétro et pétri d’influences
diverses.» Rival Sons, jeune groupe perpétuant un style rétro, est en
train de construire sa légende. Deux occasions d’en être les témoins:
ils reviennent le 16 avril à Berne (Bierhübeli) et le 30 à Lucerne
(Schüür), avant d’apparaître dans les festivals de l’été. PV
TOTO
Le tome XIV après dix ans de silence
Peu après le décès du bassiste Mike Porcaro, Toto sort son nouvel
album, «XIV» (distribution Musikvertrieb), presque dix ans après le
précédent. Régulièrement annoncé défunt, voire uniquement présent
sur scène lors de concerts de charité, le groupe est désormais articulé
autour de la paire Lukather-Paich et enregistre le retour du chanteur
Joe Williams. Longtemps qualifiés de musiciens de studio par leurs
détracteurs, qui jugeaient leu style bien trop propret, les Toto n’en ont
pas moins à cœur de se montrer fidèles à leur marque de fabrique.
Soit des arrangements extrêmement léchés et des refrains plutôt
imparables. Pour l’originalité pure, faudra certes repasser. Mais dans la
bagnole, les morceaux de ces vétérans tiennent plutôt bien la route.
Les fans de Toto n’ont d’ailleurs jamais réclamé davantage. PABR
Le titre du disque se réfère-t-il
à la fois au passé et à l’avenir
du groupe?
Klaus Meine: Il y a cinq ans,
une question s’était posée à
nous: «Comment pouvonsnous continuer à ce rythme?».
Alors, nous nous sommes dit
qu’il serait judicieux de terminer sur une note élevée et avons
annoncé, en toute honnêteté,
que la tournée à venir serait la
dernière. A la fin de celle-ci,
nous avons réalisé que nous ne
pouvions pas nous séparer, que
le groupe était construit sur
l’amitié. Nous avons redécouvert la passion, l’énergie, la créativité. Nous adorons ce que
nous faisons et ne sommes pas
près de nous arrêter. Nous
avons alors commencé à bosser
sur d’anciennes ébauches de
chansons datant des années 80
et sur de nouveaux titres pour
créer un équilibre. Tout est ouvert, c’est une fin sans en être
une. Vous ne savez jamais ce
que la vie vous réserve.
Que nous réservez-vous pour
votre 50e anniversaire?
L’année dernière, Rudolf
(Schenker) a retrouvé un vieux
livre. Il s’agit du journal intime
qu’il tenait à l’époque, en 1965,
lors des débuts de Scorpions. Ce
fut un sentiment inexprimable.
Ajoutez à cela le fait que nous
sommes demandés partout
dans le monde et vous aurez la
réponse: nous allons tourner de
manière intensive. C’est tellement difficile de dire non quand
vous êtes autant sollicités. Il y a
une nouvelle génération de
fans, notamment des jeunes,
qui veulent voir Scorpions en
concert. Tenez, nous avons
6 millions de fans qui nous suivent sur FaceBook! Tous les
soirs, des jeunes qui viennent à
nos concerts nous demandent
quand nous reviendrons. Nos
concerts sont devenus un rassemblement de trois générations. C’est un privilège que
d’avoir une telle audience globale.
CALIFORNIA SUN
ELLIOTT MURPHY
«Aquashow Deconstructed»: une vengeance?
En 1973, Elliott Murphy publiait son premier album baptisé
«Aquashow». Un disque encensé par les médias de toute la planète,
tout comme par Lou Reed et Bruce Springsteen, notamment.
Seulement, voilà: le public n’avait pas mordu à l’hameçon. Aujourd’hui
exilé à Paris, Murphy, digne disciple de Bob Dylan, est souvent
interpellé par ses fans qui lui rappellent qu’«Aquashow» est
malheureusement introuvable. Raison suffisante pour l’enregistrer à
nouveau avec des arrangements modernes et de nouvelles sonorités
sous le titre «Aquashow Deconstructed». A bientôt 66 ans, cet
infatigable voyageur va évidemment reprendre la route – il ne la quitte
pour ainsi dire jamais – pour promouvoir cet album que ses
aficionados de la première heure considèrent comme l’un des
meilleurs. Le CD arrivera dans les bacs en avril prochain. PABR
Scorpions: le rock and roll version dard-dard. DR
pions sont toujours là, parce que
tous prennent encore du plaisir.
En 1965, quels sont les groupes qui vous ont donné envie
de faire de la musique?
Pour ma part, c’était claire-
l’année dernière à Berlin, je suis
allé voir les Rolling Stones. J’y ai
vécu un moment inoubliable en
compagnie de Steven Tyler et
Joe Perry. A un moment donné,
Steven s’est écrié: «Dire que
Mick Jagger a 70 ans! Et moi qui
« Nous venons de nous
●
produire pour la première fois en
Chine. Il y a de nouveaux
territoires à conquérir...»
KLAUS MEINE CHANTEUR DE SCORPIONS
ment les Beatles, tandis que Rudolf était plutôt attiré par les
Stones. Mais il y avait aussi Led
Zeppelin, les Who, les Beach
Boys et les Kinks. Lorsque j’ai vu
les Kinks pour la première fois à
Hanovre, je les ai trouvés géniaux. Les voir chanter «You
really got me» a été très inspirant. Toute cette musique qui
nous venait du Royaume-Uni,
c’était magique! Aujourd’hui encore, quand je compose des
chansons, je sais que tous ces
groupes continuent de m’influencer. Le fait que certains
d’entre eux sont encore en activité est incroyable. A ce propos,
ai 66 ans!» C’est alors que j’ai répondu: «Moi aussi, j’ai 66 ans!»
Nous avons tous les trois éclaté
de rire! Mick Jagger reste un
homme de scène hors pair. Et
quand il a entonné «Wind of
change», j’en ai été ému.
Les groupes qui vous entouraient dans les années 80
(Ozzy, Alice Cooper, Mötley
Crüe) voulaient se montrer
dangereux en provoquant,
alors que Scorpions est toujours resté un groupe «gentil». Est-ce la preuve qu’on
peut être rock’n’roll et rester
soi-même?
Il est vrai que certains groupes
ont versé dans les clichés. Ce qui
est paradoxal, c’est certains de
ceux que vous nommez sont les
personnes les plus gentilles du
monde. Prenez l’exemple
d’Alice Cooper: ce gars est très
cool, il joue même du golf! Nous
avons très vite appris, au sein de
Scorpions, qu’il était stupide
d’essayer d’incarner un cliché et
avons décidé de rester nous-mêmes coûte que coûte, avec les
hauts et les bas, et de suivre notre propre chemin: ne pas prétendre être quelqu’un, mais rester soi-même, pour le meilleur
et pour le moins bon.
Cela nous a quelque peu écartés des autres groupes, c’est vrai.
C’est certainement dû en partie
à notre mentalité allemande.
Nous sommes un groupe international, mais restons très allemands dans l’âme. Nous faisons
preuve de discipline, un mot qui
n’est pas toujours très bien vu
dans le rock. Si nous avions voulu vivre selon le slogan «sex,
drugs and rock’n’roll», jamais
nous n’aurions duré 50 ans!
Mais nous avons parfois joué
avec le feu. Scorpions, «Return to forever» (Sony). En
concert le 18 juillet à «Sion sous les étoiles»
(avec Gotthard) et le 28 novembre à Zurich
(Hallenstadion).
LA PLAYLIST DE...
Pascal Vuille
[email protected]
BLUES PILLS «Blues pills» (2014)
Depuis l’été dernier, ce nouveau venu sur la scène rock a séduit la critique.
A force d’écumer les salles européennes, le quatuor suédois basé à
Öresbro et emmené par Elin Larssen (frêle chanteuse à la voix puissante)
draine un nombre grandissant de fans, prêchant sans relâche son rock
ancré dans les seventies et teinté de psychédélisme, dans la veine de
Graveyard. A suivre de près et à écouter fort: effet Larssen garanti!
DANKO JONES «Fire music» (2015)
Le trio originaire de Toronto continue de jouer les seconds rôles dans
le grand casting du rock, mais s’est forgé une réputation culte dans la
nébuleuse underground. Un statut qui sied bien au combo qui a juré
allégeance aux Ramones, AC/DC, Kiss et Motörhead, et qui sort un 9e
LP dans la pure tradition de son punk-rock garage hypervitaminé et
vachement burné. Ouragan sonore et paroles grivoises en filigrane.
V.A. «Immortal Randy Rhoads» (2015)
En 1982, à 25 ans, le guitariste prodige décédait dans un accident
d’avion en pleine tournée. Quelques gratteux de haut vol (Tom Morello,
Doug Aldrich, Dweezil Zappa, Bruce Kulick) et autres hurleurs (Tim
Ripper Owens, Serj Tankian) rendent un hommage appuyé à cet ange
blond qui forgea la légende d’Ozzy, alors fraîchement viré de Black
Sabbath Ltd, sur ses deux premières traversées en solitaire. RIP Randy
Rhoads.
THUNDER «Wonder days» (2015)
Le cancer de leur guitariste étant vaincu, les héritiers britanniques de
Van Halen sont sérieusement de retour aux affaires. 25 ans après leurs
débuts et 40 ans après leur rencontre sur des bancs d’école à Londres,
ce groupe bâti sur l’amitié mériterait mieux qu’un succès d’estime. La
voix de Danny Bowes, affinée au Jack Daniel’s, survole les riffs
travaillés par Luke Morley dans le respect de la pure tradition du blues
mélodique. 

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