EMMA BENNETT/ Bonjour ! Mon n
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EMMA BENNETT/ Bonjour ! Mon n
EMMA BENNETT La peinture d’Emma Bennett absorbe. Du vide qui vous aspire, aux références mêlées, elle est le reflet d’une génération artistique forte de ses connaissances, et en quête de renouvellement. Le noir intense de ses natures mortes pose la base d’un vide faisant le lien, contrastant avec l’hyper-réalisme à l’esthétique historique, entre Renaissance et Art Nouveau. Curieux comme toujours, nous avons cherché à en savoir plus. VEINE MAGAZINE/ Bonjour Emma, avant tout peux-tu nous dire qui tu es ? Où es-tu, que fais-tu ? EMMA BENNETT/ Bonjour ! Mon nom est Emma Bennett, et je suis une artiste basée à Londres. Quel est ton parcours ? J’ai grandi dans une petite ville marchande dans le Wales entourée par la nature et la campagne. J’ai quitté la maison en 1992 pour étudier la peinture au Central Saint Martin’s College of Art à Londres et, après avoir obtenu mon diplôme en 96, je suis partie au Chelsea College of Art and design pour passer mon MA, de 97 à 98. Depuis je vis et travaille à Londres. J’ai un studio au studio Voltaire, qui est une organisation d’art indépendante proposant des studios à petits prix dans le sud de 14 Londres, et je suis représentée par Charlie Smith London, une galerie située sur Old Street dans le East End. Ton travail est clairement influencé par la peinture classique, tout en étant définitivement contemporain. Quelles sont tes sources d’inspiration ? Je suis inspirée à la fois par l’art contemporain et historique, par les films et la littérature, mais également par mes propres expériences (bonnes ou mauvaises) et par la vie des autres. Dans mon travail, je fais des références directes aux peintres allemands et italiens des XVIIe et XVIIIe siècles ainsi qu’à la peinture abstraite du XXe siècle. J’ai une fascination toute particulière pour les peintres de natures mortes allemands et flamands du XVIIe siècle tels que Willem van Aelst, Abraham Mignon, Jan Davidsz de Heem, Rachel Ruysch et Johannes Bosschaert par exemple, mais également pour les références à l’art historique telles que, Le Caravage, Chardin, Rembrandt et Courbet. Je suis également influencée par les peintres abstraits du XXe siècle tels que Morris Louis, Barnett Newman, Robert Ryman, Cy Twombly, Frank Stella et Yves Klein, mais aussi par des artistes tels que Ross Bleckner, Jonathan Lasker, Sigmar Polke et Felix Gonzalez Torres. Le contraste entre classicisme et modernité est-il quelque chose d’important pour toi ? Oui, j’explore dans mon travail la relation entre abstraction et représentation ; contemporain et historique ; signifiant et signifié. Le contraste entre classicisme et modernité est important pour moi parce qu’il fait parti du continuum de l’art (qui peut être comparé au continuum de la vie, ou à l’existence humaine). Je n’ai reçu aucun apprentissage d’histoire de l’art, mais ai fait mes propres recherches pour trouver des idées et des images qui pourraient correspondre à ma propre conception de la vie et de la mort, du temps et de l’espace. Pour je ne sais quelle raison, il semblerait que je travaille d’arrière en avant, puisque mes études m’ont ramené en arrière dans le temps, depuis le contemporain jusqu’à l’historique ! Dans tes peintures, nous retrouvons ces éléments de natures mortes, toujours entourés d’un noir profond. Y a-t-il une symbolique derrière ça ? Quand je commence une peinture, je recouvre l’ensemble de la surface de la toile avec une peinture à l’huile Lamp Black (pigments très denses). Je fais référence au concept de vide en commençant par un monochrome de noir intense, supposé créer un espace au dessus (ou au travers) de la peinture, permettant de contempler le temps que nous avons pour vivre et notre relation aux autres choses vivantes. Comme je l’ai dit, mes peintures parlent de temps, et en même temps qu’elles font référence à différentes périodes de l’histoire de l’art, elles sont également un mélange de procédés rapides et lents, de représentations précises et d’abstraction spontanée. Mes peintures combinent des surfaces représentant le vide, des éléments picturaux, des illusions d’espaces intérieurs et extérieurs, et des interventions abstraites. La composition de ces différents éléments souhaite représenter des moments de vie individuels, à suggérer le mouvement ou l’immobilité, et le contraste sombre ou lumineux de la nuit et du jour. Que cherches-tu à montrer dans ton travail ? Est-il purement esthétique, comme l’ «Aesthetic Movement» du XIXe siècle, ou estce plus conceptuel ? À la différence des artistes de l’Aesthetic Movement, qui pensaient que l’art ne devait pas avoir d’autres fonctions que de procurer des sensations de plaisirs raffinés et de la beauté, je suis d’accord avec Frank Stella qui dit que « le but de l’art est de créer de l’espace… Un espace dans lequel les sujets de peinture peuvent vivre ». En fait, je me sens plus proche de l’existentialisme que de l’esthétisme, et je décris mes peintures comme des recherches personnelles dans les émotions associées à la mort et au fait de mourir, comme des contemplations de la valeur de la vie et des choses vivantes, comme une exploration amusante de la peinture et du fait de peindre. Donc, non, mon travail n’est pas purement esthétique. Es-tu intéressée par d’autres formes d’art ? J’ai une passion pour la peinture et je la décrirais comme mon « premier amour », mais oui, je suis également intéressée par d’autres formes d’art visuel (la vidéo en particulier), la danse et la musique. En plus de la peinture, je suis également impliquée dans l’écriture, l’enregistrement et la performance musicale - je joue de la basse dans un groupe appelé Dear Thief. VEINE MAGAZINE Quelle est ta meilleure expérience ? (Collaborations, expositions, …) J’aime voyager pour voir de l’art, et une de mes meilleures expériences est d’être allée à Rome pour voir les peintures du Caravage. J’en ai trouvé 16 à différents endroits de la ville, dont quelquesunes dans leur contexte d’origine. Mes peintures voyagent plus que moi, mais j’ai été dans un certain nombre d’endroits, pour voir de l’art, tels que New York, Paris, Amsterdam, Berlin, Venise et Naples. Les meilleurs moments de ma carrière sont : mon exposition personnelle « Death & Co » à la Charlie Smith Gallery à Londres en 2010 ; avoir fait parti du prix de peinture John Moore à la Walker Gallery, à Liverpool en 2002, et ma sélection récente pour le East Wing X, l’exposition Material Matter, qui est présentée au Courtauld Institute of Art à Londres jusqu’en juillet 2013. En conclusion, peux-tu nous parler un peu de tes projets à venir? Je travaille actuellement sur ma prochaine exposition personnelle, qui ouvrirale 6 septembre à la Charlie Smith Gallery à Londres. 15 Retrouvez Emma Bennet sur internet via : www.emmabennett.info For Want of Sleep, Oil on Canvas, 140 x 110cm 2010 And the Still Hour, Oil and French enamel on board, 30.5 x 25.5cm, 2011 INTERVIEW 16 Ardour, Oil on Canvas, 140cm x 110cm, 2011 VEINE MAGAZINE 17 Disgrace, Oil and French enamel on Canvas, 140 x 110cm, 2009 INTERVIEW 18 VEINE MAGAZINE VEINE MAGAZINE/ Hi Emma, first of all, can you please tell us who you are ? Where you are, what you do ? EMMA BENNETT/ Hello/Bonjour ! My name is Emma Bennett and I’m a Londonbased artist. What is your career pathway ? I grew up in a small market town in Wales surrounded by nature and the countryside. I left home in 1992 to study painting at Central Saint Martin’s College of Art in London and, after graduating in ‘96, I went on to Chelsea College of Art and Design to do an MA from ’97 to ’98. Ever since then I have lived and worked in London. I have a studio at Studio Voltaire, which is an independent contemporary arts organization that provides affordable studios in south London, and I am represented by Charlie Smith London, a gallery situated on Old Street in the east end. Your work is clearly influenced by classical paintings, while being definitely modern. What / who are your inspiration sources ? I’m inspired by both contemporary and historical art, along with film and literature, but equally by my own life experiences (good and bad) and the narratives of other people’s lives. Within my work I make a direct reference to 17th and 18th century Dutch and Italian painting and 20th century abstraction. I have a particular fascination with the work of seventeenth century Dutch and Flemish still life painters such as Willem van Aelst, Abraham Mignon, Jan Davidsz de Heem, Rachel Ruysch and Johannes Bosschaert for example, but other significant art historical references include, Caravaggio, Chardin, Rembrandt and Courbet. I am equally influenced by 20th century abstractionists such as Morris Louis, Barnett Newman, Robert Ryman, Cy Twombly, Frank Stella and Yves Klein and, other notable references include Ross Bleckner, Jonathan Lasker, Sigmar Polke and Felix Gonzalez Torres. Is the contrast between classicism and modernity something important for you ? Yes, within my work I explore the relationship between abstraction and representation ; contemporary and historical ; signifier and signified. The contrast between classicism and modernity is important to me because it is a part of the whole continuum of art (which can be compared to the continuum of life/ human existence). I have never had any formal art history education, but I conduct my own research by looking at the whole history of art seeking out ideas and images that resonate with my own thoughts about life / death, time and space. For some reason, I seem to be working from back to front, as my studies have taken me in reverse chronology, from the contemporary to the historical ! In your paintings, there are those central still-life elements, always surrounded by a deep black. Is there a symbolic behind it ? When I start a painting, I entirely cover the surface of the canvas in Lamp Black oil paint. I make reference to the concept of the void by starting with a dense black monochrome. They are intended to create a space upon (or within) which to contemplate the time we have to live and our relationship to other living things. As I’ve mentioned, the paintings are about time, and as well as referencing different periods of art history they also use a mixture of fast and slow processes, of precise representation and spontaneous abstract mark-making. The paintings combine void-like surfaces, pictorial elements, illusions of interior and exterior spaces, and abstract interventions. The composition of these different elements are intended to be representative of individual journeys through life, to suggest stillness and or movement, and to contrast dark and light or night and day. What do you try to convey through your work ? Is it purely aesthetic, as the «Aesthetic Movement» from the XIX° century, or more conceptual ? In contrast to the artists of the aesthetic movement, who believed that art did not have any purpose other than to provide refined sensuous pleasure and to be beautiful, I agree with Frank Stella who said ‘the aim of art is to create space… a space within which the subjects of painting can live’. In fact, I have more connection with existentialism than with aestheticism and I’d describe my paintings as personal investigations into the emotions associated with death and dying, as contemplations on the value of life and living things, and as playful explorations of paint and painting. So, no, my work is not purely aesthetic. Are you interested in other forms of art ? I have a passion for painting and would describe it as my ‘first love’ but, yes, I am also interested in other forms of visual art (particularly film), dance and music. As well as making paintings, I am also involved in writing, recording and performing music - I play bass guitar in a band called Dear Thief. What is your best experience ? (collaborations, exhibitions,…) I love travelling to see art and one of my best experiences was when I went to Rome to look at Caravaggio paintings. I found sixteen of them around the city, some of which were in their original contexts. My paintings travel more frequently than I do, but I have been to a number of places to see art including New York, Paris, Amsterdam, Berlin, Venice and Naples. My career highlights include : my last solo show ‘Death & Co.’ at Charlie Smith London in 2010 ; inclusion in the John Moores painting prize at the Walker Gallery, Liverpool in 2002 ; and, my recent selection into the East Wing X, Material Matters exhibition, which is on show at the Courtauld Institute of Art in London until July 2013. And as a conclusion, can you tell us a little bit about your upcoming projects ? I am currently working towards my next solo show, which will open on the 6th of September at Charlie Smith London. You can find Emma on the internet via : www.emmabennett.info 19 Disgrace, Oil and French enamel on Canvas, 140 x 110cm, 2009 INTERVIEW 20 Shame, Oil on Canvas, 140 x 110cm 2009 VEINE MAGAZINE 21