La crise de Mai 68 en France
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La crise de Mai 68 en France
La crise de Mai 68 en France Documents Voir Mai 68… et après ? – Une nouvelle donne politique Doc. 1 : Chômage et pouvoir d’achat : la montée des périls (p. 228-229). Doc. 2 : 3 mai : le feu aux poudres (p. 244-245). Doc. 3 : La grève générale (p. 261-262). Doc. 4 : Les négociations de Grenelle (p. 266-267). Doc. 5 : 30 mai : la manifestation gaulliste (p. 271). Contexte d’utilisation Niveau : terminale. Programme : La France de 1945 à nos jours : évolution politique, économie, société, culture. Usage : support d’évaluation (étude d’un ensemble documentaire). Objectifs Dégager le sens général d’un corpus documentaire et le mettre en relation avec la situation historique. Exercer son esprit critique sur différents types de documents. Exploiter et confronter des informations. Organiser et synthétiser des informations. Rédiger une réponse organisée. Questions Première partie 1. Quelles sont les origines du mécontentement qui s’est exprimé en mai 1968 ? (doc. 1 et 2) 2. Quelles ont été les formes d’expression du mouvement de contestation ? (doc. 3) 3. Précisez quelles ont été les principales conséquences du mouvement de mai 1968 en France. (doc. 4 et 5) 4. Identifiez les principaux acteurs des événements de mai 1968 à partir de l’ensemble des documents. Deuxième partie Rédiger une synthèse répondant au sujet suivant : la crise de Mai 68 en France. Propositions de réponses Première partie 1. Les origines du mécontentement sont multiples et complexes. Tout d’abord, il exprime une inquiétude grandissante des Français sur la situation économique et sociale (doc. 1). En effet, on constate une augmentation du chômage et un ralentissement du pouvoir d’achat dans les années soixante. La période des Trente glorieuses, caractérisée par une forte croissance et le plein emploi, atteint ici ses limites. En 1968, la situation se dégrade, le chômage augmente et le pouvoir d’achat baisse encore. On note ensuite une grande agitation dans les universités, © CRDP Aquitaine, 2011 1 notamment à Nanterre, derrière son leader, Daniel Cohn-Bendit. Les étudiants, en, opposition avec les forces de l’ordre, condamnent la répression policière. 2. Le mouvement de contestation a pris des formes diverses. Le plus souvent, il s’agissait de manifestations. Certaines ont été violentes, comme dans le Quartier latin à Paris lors de la nuit d’émeutes du 10 mai. Sinon, de nombreuses grèves ont eu lieu. Le 21 mai 1968, le quotidien Le Monde annonce que plusieurs millions de Français sont en grève (doc. 3). C’est la grève générale qui touche les salariés des secteurs public et privé. On apprend également que des barricades ont été dressées près de Nantes par des paysans. 3. Le mouvement de Mai 68 a eu deux types de conséquences. Tout d’abord, sur le plan économique et social, la crise sociale a conduit à des négociations réunissant tous les partenaires sociaux (patronat et syndicats) qui ont débouché sur la signature des « accords de Grenelle » le 25 mai (doc. 4). Ces derniers prévoient notamment des augmentations de salaire et en particulier le SMIG ainsi qu’un élargissement des droits syndicaux dans les entreprises. Ensuite, les événements de Mai 68 ont eu des conséquences politiques. Après son allocution radiodiffusée du 30 mai dans laquelle il annonce une série de décisions politiques (dissolution de l’Assemblée nationale, maintien du Premier ministre…), une manifestation rassemble aux Champs-Elysées 4 à 500 000 personnes pour apporter son soutien au chef de l’État. Brandissant des drapeaux tricolores et des croix de Lorraine (doc. 5), les gaullistes descendent dans la rue et renversent la situation. 4. Parmi les principaux acteurs des événements, on peut citer les étudiants, les salariés du secteur privé et public, les syndicats, les partis politiques et enfin les hommes politiques. Deuxième partie La crise de mai 1968 constitue un tournant majeur dans l’histoire de la Ve République. Elle est avant tout une crise de la société dans ses profondeurs qui met en jeu les bases sur lesquelles s’est reconstruite la France de l’après-guerre et les valeurs fondamentales qu’elle a adoptées. Les évènements de mai 1968 se déroulent en trois temps. Du 2 au 12 mai, c’est la phase étudiante, suivie du 13 au 27 mai de la phase sociale et enfin de la phase politique du 27 mai au 23 juin. La phase étudiante de la crise de Mai 68 n’est que l’aspect français d’un mouvement international qui a touché de nombreux pays industrialisés. Née dans la nouvelle faculté de Nanterre dès février-mars et menée par des militants comme Daniel CohnBendit, l’agitation gagne le Quartier latin, puis les universités et les lycées de province. Les étudiants, dont le nombre a triplé en dix ans, exigent d’être traités en « adultes ». De petits groupes militants de l’ultra-gauche lancent des thèmes contestataires (la paix au Vietnam, les droits des jeunes, le pillage de la planète, la défense du tiers-monde) qui élargissent les débats sur les contraintes de la vie universitaire. Le 3 mai (doc. 2) des étudiants « gauchistes » investissent la Sorbonne et occupent la cour. Ils sont expulsés par la police et 500 d’entre eux sont arrêtés. Face à la répression policière, la jeunesse étudiante se solidarise. À Paris, de véritables combats de rue opposent les jeunes aux forces de l'ordre (« nuit des barricades » 1011 mai). L’opinion publique, d’abord hostile à l’agitation étudiante, montre de plus en plus de sympathie envers les manifestants en réaction à une répression policière qu’elle condamne. C’est cette évolution qui va donner à la crise étudiante une nouvelle tonalité. Le 13 mai, les organisations syndicales déclenchent une grève générale et un défilé dans Paris pour protester contre la répression policière. Pour la première fois, dirigeants étudiants et syndicalistes défilent côte à côte à la tête d’un rassemblement de 200 000 personnes. Les jours suivants, le travail cesse spontanément dans toutes les branches de l’économie et de l’administration. Le pays est paralysé par la plus grande grève générale de son histoire (9 à 10 millions de grévistes) et les © CRDP Aquitaine, 2011 2 violences continuent dans la rue. Pour calmer au moins l’agitation sociale, le Premier ministre Georges Pompidou fait signer par le patronat et syndicats les accords de Grenelle (augmentations de salaire, reconnaissance du droit syndical dans l’entreprise) mais le 27 mai, la base repousse ces accords. L’impasse paraît totale. Le pouvoir semble avoir tout essayé et n’avoir plus rien à proposer tandis que les syndicats ne parviennent pas à contrôler le mouvement. La crise passe alors sur le terrain politique et atteint un régime qui ne parvient plus à contrôler la société qu’il est supposé diriger. Le 27 mai, deux des mouvements qui jouent dans la crise un rôle moteur, l’UNEF (syndicat étudiant) et le PSU organisent au stade Charlety un grand meeting, exigeant un changement radical. De leur côté, les communistes réclament un « gouvernement populaire ». Le 28 mai, François Mitterrand (gauche non communiste) se déclare prêt à prendre légalement le pouvoir. L’impression d’une vacance du pouvoir est encore accentuée par l’annonce de la disparition du général de Gaulle le 29 mai. Toutefois, le 30 mai, le pouvoir reprend la main. Dans un discours radiodiffusé, le chef de l’État annonce d’un ton déterminé qu’il reste à son poste et qu’il dissout l’Assemblée nationale. Aussitôt après, 500 000 manifestants déferlent sur les ChampsÉlysées pour lui apporter leur soutien. Le travail reprend progressivement. Les partis acceptent de se plier au verdict des urnes et se dissocient des gauchistes. Les organisations révolutionnaires sont dissoutes (12 juin) et la Sorbonne, symbole de la contestation étudiante, évacuée. Les élections des 23 et 30 juin assurent au pouvoir en place un triomphe : la crainte du désordre et de l’aventure l’emporte sur le fol espoir de « changer la vie ». La spécificité du Mai français réside dans la conjonction de trois crises : un soulèvement de la jeunesse, une grève générale et une crise de régime. Cette crise a débouché sur une très profonde remise en question du régime gaulliste dont celui-ci sort vainqueur après avoir été sur le point de sombrer. Pour autant, la consolidation du pouvoir du général de Gaulle en juin 1968 n’est qu’apparente. Neuf mois plus tard une nette défaite devant le suffrage universel (référendum de 1969) conduit le général de Gaulle à la démission et met fin à la « République gaullienne ». © CRDP Aquitaine, 2011 3