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BAS_2011_08_14 02/08/11 17:15 Page20 patrimoine Éternelle espadrille À la mi-août, Mauléon célèbre l’espadrille. L’occasion de rappeler l’importance de cette chaussure en Soule C orde de jute tressée et toile de lin, voici les deux éléments nécessaires à la fabrication d’une espadrille. Au Pays basque, cette sandale légère se fabrique « maison » depuis des siècles. Inventée par les paysans et longtemps portée par eux seuls, l’espadrille est ensuite confectionnée par des artisans sandaliers qui s’installent dans les villages. Au XIXe siècle, son usage se répand au niveau national et même international : l’espadrille est exportée jusqu’en Amérique du Sud. Vers 1880, tandis La reine du 15 août Lundi 15 août, Mauléon fête l’espadrille. La célébration met à l’honneur le travail des sandaliers et se veut également très festive. En plus de l’exposition et des démonstrations des artisans, il y aura un marché artisanal et aux produits fermiers, des parties de pelote, des chants et des danses souletines, de la force basque. À partir de 18h30 débute la nuit de l’espadrille avec chants basques et dîner dansant sur le fronton. Office de tourisme de la Soule : www.valleedesoule.com 20 le Mag [ Numéro 20 ] que toutes sortes de travailleurs se chaussent d’espadrilles, on dénombre jusqu’à 30 usines en Soule. C’est l’époque des « hirondelles », ces jeunes filles aragonaises et navarraises, tout de noir vêtues, qui migrent de l’automne à mai pour travailler dans les fabriques. Au début du XXe siècle, Mauléon compte neuf usines qui emploient jusqu’à 1 600 ouvriers. L’industrie se porte à merveille jusque dans les années 1970. « Mauléon, c’est le pays des sandaliers. Ses ateliers, ses ouvriers, sont réputés en France et dans le monde entier. Depuis cent ans, peutêtre même avant, on y fabrique des articles épatants », dit la chanson. Mais la concurrence espagnole, puis chinoise, déstabilise le marché. Plusieurs entreprises mettent la clé sous la porte ou se reconvertissent… Passé cette crise, l’espadrille revient sur le devant de la scène – aujourd’hui, on compte cinq entreprises et une soixantaine de salariés. « Il a suffi qu’un grand couturier utilise l’espadrille dans une collection pour relancer la demande », raconte Sandrine Lasserre, de l’atelier Prodiso (1). On trouve ainsi une espadrille à talon dans une collection Yves Saint-Laurent et, plus récemment, dans la collection de Marc Jacobs. TOUS LES GOÛTS ET USAGES Les fabriques artisanales de Mauléon profitent de ce retour en grâce pour s’adapter au marché. La toile de lin est remplacée par du coton, mais aussi par du cuir ou du nubuck, libérant la créativité des stylistes. Tandis que la couleur du tissu était traditionnellement écrue ou noire, l’espadrille se pare de couleurs et d’imprimés rayés, liberty ou à pois. Pour varier les plaisirs, la sandale peut prendre la forme d’une babouche, d’une basket ou d’une ballerine, et la semelle être plus ou moins épaisse ou compensée. Bref, l’espadrille contemporaine répond à tous les goûts et à tous les usages, et devient un incontournable de l’été. En faisant le pari de la créativité sans renier la qualité, les sandaliers de la Soule ont tiré leur épingle du jeu. À Mauléon, la production demeure aussi artisanale que possible. Les semelles de jute sont encore assemblées à la main. La corde est tissée puis tournée, enroulée et mise en forme dans des moules. Les semelles sont ensuite cousues puis vulcanisées à l’aide de caoutchouc. Enfin, les toiles sont cousues manuellement. « Le point noué et BAS_2011_08_14 02/08/11 17:15 Page21 Photos Laurence Pinsard SUD OUEST OUVRE SES ARCHIVES Archives « SO » 1949, le grand incendie La qualité artisanale de l’espadrille fait son succès auprès des designers. Le 19 août, en plein cœur d’un été 49 caniculaire et sec, un mégot mal éteint dans une cabane de résinier embrase la forêt à Saucats. Le 20 août, entretenu par un vent fort, l’incendie devenu tornade, se propage, provoque trois détonations et tue à 15 h 15 82 hommes à la Croix-d’Hins, à Cestas, et ravage 50 000 hectares de forêt. Il faudra une dizaine de jours pour le maîtriser. Un ancien, Yves, de Luxey, témoigne : « Le matériel était inadapté, nous avions des camions récupérés de l’armée américaine. Il n’y avait aucune coordination possible entre nous, puisque nous n’avions pas de radio. Pour savoir quelque chose, il fallait trouver un abonné avec un téléphone. » Cette tragédie aura permis d’accélérer la mise en place de systèmes de prévention efficaces. Marjorie Michel [email protected] VISITE le fil utilisé garantissent la solidité de la sandale », assure Sandrine Lasserre. Cela contribue à rendre l’espadrille artisanale bien plus résistante, et bien plus jolie, que celle produite « à la chaîne ». C’est cette qualité que recherchent les designers américains, japonais, coréens et français qui proposent l’espadrille dans leurs collections. Maïder Dascon, auto-entrepreneuse souletine, a lancé récemment sa propre marque, en travaillant avec les artisans de Mauléon. Elle s’est appuyée sur le savoir-faire de Jean-Jacques Houyou, de l’atelier Don Quichosse (2). « J’ai souhaité apporter beaucoup d’attention à certains détails : les espadrilles Soka (3) ont un pied droit et un pied gauche – traditionnellement, les deux semelles sont identiques – et la semelle intérieure est recouverte d’une première, fine semelle de cuir, pour plus de confort », explique la jeune femme, qui promet une future collection avec plus de coloris et des modèles plus audacieux. Que ceux qui en doutaient se rassurent : l’espadrille artisanale de Mauléon a encore de beaux jours devant elle. Laurence Pinsard (1) Prodiso : www.espadrilles-mauleon.fr. (2) Don Quichosse : www.donquichosse.com. (3) Soka : www.soka-espadrilles.com Le fort du Portalet (64) lève ses grilles La citadelle troglodyte, prison du maréchal Pétain, de Paul Reynaud, d’Édouard Daladier, de Léon Blum, de Georges Mandel et du général Maurice Gamelin, devrait ouvrir ses portes au public fin 2013. Sa rénovation en cours est une tâche délicate pour les acteurs de cette restauration, qui ne veulent pas que cet endroit devienne un sanctuaire pétainiste, mais véritablement un lieu de mémoire. Une cellule témoin devrait être reconstituée pour faire revivre « la dernière Bastille de France », selon Pierre Prétou, maître de conférences à l’université de La Rochelle. www.sudouest.fr/lemag 21