Harold JACOBS - Galerie Convergences

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Harold JACOBS - Galerie Convergences
Galerie Convergences & Galerie Intuiti
Harold
JACOBS
sur papier
Septembre 2014
Harold JACOBS
sur papier
Septembre 2014
Balck and white Navajo. 1993
76x55 cm - Techniques mixtes sur papier
UNE ŒUVRE VAGABONDE ET COSMOPOLITE
Les murs du bureau de l’atelier d’Harold Jacobs sont riches
d’invitations d’expositions, d’affiches, de photographies, de
documents divers…épinglés, superposés. Tel un grand collage, cette
mémoire parcellaire et partielle place le visiteur dans le temps de
l’œuvre et de la vie de l’artiste.
Depuis la fin des années cinquante, l’artiste et sa production ne se
sont pas arrêtés et les deux continuent d’occuper les espaces de
vie et de travail qui confèrent aujourd’hui au Grand Logis (1) l’aspect
d’un grand assemblage autobiographique. C’est la rencontre avec
Calder, en 1969 à Saché, qui conduit Harold et son épouse Bérénice à
s’installer en Touraine. Pour les deux artistes américains leur pratique
artistique et une certaine philosophie de la vie sont indissociables.
Harold Jacobs est un humaniste. Ses origines new yorkaises de
Brooklyn, l’éducation familiale, sa formation à Cooper Union, les
voyages en Israël et en Europe constituent un socle d’expériences
qui détermineront son engagement artistique en 1958. Se consacrer
à la peinture à cette époque à New York, c’était se confronter à un
environnement fertile avec les figures tutélaires de l’expressionnisme
figuratif ou abstrait et les prémices du pop art. Mais Harold Jacobs
saura se prémunir de tout suivisme facile.
Trouver sa place et son autonomie - sa singularité - par rapport
aux mouvements artistiques, est son ambition. Pour l’aider en cela,
en 1959, il suit l’enseignement du poète et philosophe Eli Siegel
et sa théorie des opposés : « les choses opposées sont unies et
c’est l’art qui le montre ». Dès lors l’artiste se convainc d’assurer
son indépendance vis-à-vis de l’actualité artistique et du système
économique, tout en poursuivant le précepte de l’enseignement du
Bauhaus, « celui d’abolir la hiérarchie des arts ».Les expériences et
les productions en peinture et en sculpture, l’utilisation de matériaux
et d’objets industriels, les sculptures gonflables, les shaped canvases,
la figuration, l’abstraction… tout défile dans les formats et les
Harold Jacobs dans son atelier. Ligré (Touraine) - 2014
techniques les plus diverses. Avec l’œuvre d’Harold Jacobs on revisite
l’esprit des créations occidentales de la seconde moitié du vingtième
siècle : c’est le livre ouvert d’un peintre américain qui a découvert
« la sensualité de l’Europe du Sud ».
Dans ce foisonnement de productions et des collaborations avec
l’Orchestre de Philadelphie
et la troupe de danse Group Motion, un corpus résiste à la vitalité
productive de l’ensemble de l’œuvre, ce sont les peintures sur papier
dont celles exposées pour cette exposition. Depuis près de quarante
ans Harold Jacobs accumule ces œuvres sur papier, réalisées dans
l’intimité de l’atelier, sans production excessive, donc avec maîtrise,
comme si elles constituaient une colonne vertébrale. Une pratique
continue et intemporelle. Bien sûr, l’usage des feuilles épaisses et
de format conditionné, le travail apparent en surface avec l’emploi
prédominant de la peinture dans un langage formel et chromatique
singulier, tout cela laisserait supposer la réalisation des œuvres sur
une période déterminée. Il n’en est rien et la datation imprécise du
travail apporte une information sur la personnalité de son auteur :
la distance la plus courte entre deux points n’est pas le chemin
emprunté par l’artiste ! La posture d’Harold Jacobs relève de la
cartographie, du vagabondage, du voyage… Dans cet ensemble,
la maîtrise technique et formelle soutient un vocabulaire sensuel,
poétique et universel qui emprunte à la nature et à la culture.
Résolument abstraites les œuvres n’en demeurent pas moins
étrangères aux classifications en vogue aux USA et en France
dans les années 60 et 70.Nul recherche d’un langage nouveau,
fusse-t-il expressionniste, informel, matiériste ou minimaliste, qui
serait circonscrit à sa seule expression plastique.
Deux principes semblent guider Harold Jacobs. Le premier d’ordre
éthique et théorique, respectueux et curieux des cultures anciennes
ou populaires récentes, conduit à l’exploitation de formes et de
Sans titre.
104x72 cm - Techniques mixtes sur papier
En haut : Gentle arcs observed. 2001
56x75 cm - Techniques mixtes sur papier
En bas : Double vision.1982
52x73 cm - Techniques mixtes sur papier
signes, des pièces de monnaie celtes à l’artisanat amérindien
de l’Oregon (3). L’artiste ambitionne de « donner de la noblesse
aux formes archétypales et aux matériaux pauvres » dans une
œuvre incarnée et animée par une cosmogonie qui échappe à
l’actualité. Cette œuvre croise la modernité et la culture primitive
et ethnologique dans une promesse qui exclue les frontières et les
différences. Dubuffet, Fontana, Tapiés ou Beuys ont convoqué en
leur temps diverses mythologies et les esprits de la nature ou de la
matière. Harold Jacobs est de cette famille chamanique de l’art.
Le deuxième principe est bien sûr d’ordre esthétique et
plastique : « faire une synthèse entre le naturel et le géométrique, la
beauté des deux ».Pour appréhender l’esprit des œuvres sur papier
de l’artiste, il convient de rappeler ses réalisations, dès 1969, de
tableaux-collages constitués d’objets industriels détournés mais
« retendus » souligne-t-il. A la même époque Robert Rauschenberg
et le mouvement Junk-art (2) avaient recours à des matériaux non
esthétiques remettant en question la hiérarchie entre beaux-arts
et matériel extra- artistique tiré des détritus urbains. Ces artistes
accordaient une signification subversive et glorifiante à ce qui était
dépourvu de valeur et mis au ban de la société. Quant à Allan Kaprow
- dont H.J.se souvient avoir assisté à ses performances- il suggérait
d’abandonner toute habileté artisanale et d’utiliser un matériel
précaire. Des années plus tard, Harold Jacobs reformule le propos en
précisant sa position : « vouloir sanctifier la banalité, redonner de la
valeur à des objets, des matériaux. Le plus banal, les choses jetées
d’une autre réalité, sont devenus une autre substance ».
De sa méthode de travail et du choix des petits objets utilisés, Harold
Jacobs « exclue tout commentaire social ». Les œuvres s’épurent et
s’affirment comme des peintures abstraites et intemporelles où nature
et culture se conjuguent pour transcender l’image. Par exemple, des
œuvres en 1978 comportent des éléments naturels et artificiels :
écailles de pommes de pin, plumes d’oiseau, brindilles d’arbustes,
tissus … collés et assemblés sur une surface peinte, souvent sombre
Caaah.
112x150 cm - Techniques mixtes sur papier
et terreuse. L’organisation sur la surface est structurée et procède
par alignements, répétitions, cadrage serré en limite du format du
papier. Ce processus de production engendre des séries évolutives
au fil des années.
Le support papier, la matière même de celui-ci, peut être détrempé,
froissé, plié, imbibé de pigments, constituant une nouvelle surface
qui prend de l’épaisseur, du volume. Le papier peut, plus simplement,
être gratté, incisé, perforé ; autant d’interventions qui déterminent
leurs emplacements aux collages et aux ajouts de couleurs, bleu,
rouge, noir… Lorsque le fond blanc du papier est visible, la présence
rugueuse et sombre du reste de la surface -brune ou noire le plus
souvent- renforce par contraste cette impression, bien réelle,
d’épaisseur de l’objet peint. On est au-delà des deux dimensions. Et
la présence des matériaux collés y contribue : baguettes, cordelettes,
perles, tissu coloré et à motif, fil de fer, bande adhésive d’aluminium,
épaulettes de couture…
Une particularité, c’est la géométrie qui apporte la tension et la
rigueur dans la mise en place et la présence des formes élémentaires,
ondulatoires ou organiques. A cet effet l’artiste utilise des fils
tendus et cousus à la machine qui dessinent, contrôlent ou bordent
les limites du format du papier, ainsi que les motifs centraux de
l’œuvre. Les motifs -ovales, cercles, carrés, rectangles ou trianglessont toujours très travaillés et constituent le noyau de l’œuvre. Ces
formes primaires sont revisitées dans leur format, leur couleur, leur
positionnement, mais restent dans chaque cas la planète centrale et
dominante autour de laquelle se compose la galaxie de l’artiste.
Au fond, la surface des œuvres d’Harold Jacobs ne peut pas être
lisse. Les œuvres sont nourries de sédiments accumulés, de strates
de culture et d’histoire, d’héritages, d’expériences humaines et
picturales qui illustrent le cosmopolitisme de leur auteur.
Dominique Marchès. Juin 2014
1- Le Grand Logis, l’atelier de l’artiste, se situe à Ligré près de Chinon
2- Sam Hunter, La peinture américaine contemporaine, 1967
3- Au nord-ouest des Etats-Unis où l’artiste vécut de 1963 à 1966
En haut : Child's game. 1996
52x73 cm - Techniques mixtes sur papier
En bas : Sans titre.
56x75 cm - Techniques mixtes sur papier
Oval déco I.
77x57 cm - Techniques mixtes sur papier
Insect umber.
75x55 cm - Techniques mixtes sur papier
Felicate oval.
65x50 cm - Techniques mixtes sur papier
Balanced boulder.
76x56 cm - Techniques mixtes sur papier
L'atelier de Harold Jacobs. Ligré (Touraine) - 2014
Six éléments.
75x112 cm - Techniques mixtes sur papier
Baaah.
112x150 cm - Techniques mixtes sur papier
Sans titre.
75x56 cm - Techniques mixtes sur papier
En haut : Sans titre.
55x73 cm - Techniques mixtes sur papier
En bas : Sans titre.
55x74 cm - Techniques mixtes sur papier
En haut : Sans titre.
56x75 cm - Techniques mixtes sur papier
En bas : Sans titre.
56x75 cm - Techniques mixtes sur papier
L'atelier de Harold Jacobs. Ligré (Touraine) - 2014
Celtic coins.
74x112 cm - Techniques mixtes sur papier
Harold Jacobs dans son atelier. Ligré (Touraine) - 2014
Repères sélectionnés:
2013
2010
2005
2001
2000
1999
1997
1996
1995
1993
1992
1991
1990
1989
1987
1985
1984
1983
1982
1981
1980
1979
1978
1975
1973
1971
1969
1961
"Un Art Autre" Galerie 1900-2000, Paris
Rétrospective : Château de Tours "The American Years"
"Meubles d'Artistes", Musée de Châteauroux
Rétrospective : Château de Tours et Cloître de la Psalette, Tours
Œuvres sur papier : Galerie Thessa Herold,Paris
Œuvres sur papier : Galerie Romagny, Paris
Acquisition de "Chinese Curtains": Le Bon Marché. Paris
Exposition personnelle "Wall Pieces": Snyderman Gallery,Philadelphia
Acquisition de "Voyage de Bérénice" Le Bon Marché, Paris
Exposition personnelle "Notes from Ligré": Snyderman Gallery, Philadelphia
Peintures et œuvres sur papier : Galerie Rambert, Paris
Œuvres sur papier : Galerie Rambert, Paris
Œuvres sur papier : Galerie Askeo, Paris
Exposition rétrospective : Espace Asphalte, Paris
Exposition personnelle "Travail du terrazzo": Galerie V.I.A. Paris
Exposition personnelle."Travail du terrazzo": Chamalières, Puy-de-Dôme
Fabrication de sculpture, mobilier en terrazzo
Nommé professeur émérite, Moore College of Art, Philadelphia
Sélectionné résident d'un atelier : Cité Internationale des Arts, Paris
Acquisition de "Indian River": A.R.A. Tower, Philadelphia
"Wedding Party" entre à la collection : Woodmere Art Museum, Philadelphia
Exposition rétrospective 1966/1985: Moore College of Art, Philadelphia
Œuvres sur papier : Woodmere Art Museum, Philadelphia
Exposition " Vibrations - 4 Artists": Alex Rosenberg Gallery, New York
Exposition personnelle : Makler Gallery, Philadelphia
Commande pour Akiba Academy, Merion, Pensylvannia
Reçu le premier Distinguished Artist Award de Moore College of Art, Philadelphia
Exposition personnelle : Jack Rasmussen Gallery, Washington, D.C
Exposition personnelle : Portland Center for Visual Arts, Oregon
Exposition personnelle : Galerie de Seine, Paris
"Hadrian's Villa" entre au Pensylvannia Academy of Fine Arts, Philadelphia
Exposition personnelle : Haber-Theodore Gallery, New-York
Exposition "Contemporary Drawings": Philadelphia Museum of Art
collage "Ligré" entre à la collection : Philadelphia Museum of Art
Exposition personnelle : Pensylvannia Academy of Fine Arts
Sculpture pour la danse soutenue par le National Endowment for the Arts
Exposition personnelle : American Institut of Architects, Philadelphia
Sculpture en performance : commande de l'Orchestre de Philadelphia
Exposition personnelle : Gimpel and Weitzenhoffer, New York
Exposition personnelle : Vanderlip Gallery, Philadelphia
Commence à résider et travailler à Ligré en Touraine
Entre dans les collections permanentes du Whitney Museum of American Art, New York
Obtient une bourse Fulbright pour travailler à Paris
Textes :
Dominique Marchès
Photos :
Galerie Convergences
Nabil AIT IZDAR
Graphisme :
Studio Permesso
Nombre d’exemplaires :
100 /
Le catalogue est publié
par la Galerie Convergences
et la galerie Intuiti
à l’occasion de l’exposition
“ Harold Jacobs sur papier "
du 4 septembre au 4 octobre 2014
Galerie Convergences
22, rue des Coutures St Gervais
75003 Paris
01 48 87 77 20
Galerie Intuiti
16, rue des coutures St Gervais
75003 Paris
06 82 83 26 29
© Galerie Intuiti,
Paris 2014
Galerie Convergences & Galerie Intuiti
979-10-92553-07-9
10,00%

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