Le Drilling ovarien
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Le Drilling ovarien
Le drilling ovarien C. Eboué CHR Clémenceau Caen 2005 PLAN • • • • • Historique Le syndrome des ovaires polykystiques Indications du drilling ovarien Techniques opératoires Résultats TO DRILL • Traduction : percer, forer • Drilling ovarien = cratérisation ovarienne HISTORIQUE Historique 1935 Stein et Leventhal – – – Description de la maladie des ovaires polykystiques Observation initiale : retour à des menstruations régulières chez des femmes aménorrhéiques après biopsie bilatérale diagnostique Publication d’une série de résections cunéiformes par laparotomie Stein IF, Leventhal ML. Am J Obstet Gynecol 1935; 29 : 181-191 Publication de Stein et Leventhal • Technique : – laparotomie et ablation au bistouri froid de la moitié au deux tiers de la corticale ovarienne. • Résultats : – 7 femmes opérées ont retrouvé des cycles réguliers et les ont conservés durant la période de suivi (11 mois à 4 ans) – 3 grossesses chez 2 patientes Les limites de la chirurgie • Anesthésie générale • Laparotomie • Risque d’adhérences post opératoires : – Stérilité mécanique – Algies pelviennes chroniques • Apparition et développement des traitements médicaux Î Diminution de la prise en charge chirurgicale LE SYNDROME DES OVAIRES POLYKYSTIQUES Le syndrome des ovaires polykystiques (OPK) • Définition mal standardisée • Association – Hyperandrogénie clinique et troubles du cycle – Anomalies biologiques – Critères échographiques • Les différents critères ne sont ni nécessaires ni suffisants pour poser le diagnostic Syndrome des OPK • Prévalence dans la population générale féminine : 3 à 20% selon la définition • 73 à 75 % des infertilités par anovulation • 0,6 à 4,3 % des femmes infertiles • Étiologie : origine oligogénique ? Critères cliniques des OPK • Troubles du cycle : anovulation avec infertilité • Hyperandrogénie cutanée : – Hirsutisme, acné récidivante, alopécie hyperséborrhéique • Obésité (40 à 50 % des cas) • Acanthosis nigricans (lié à l’insulinorésistance) Critères biologiques des OPK Hyperandrogénie modérée – Augmentation des androgènes plasmatiques (testostérone non liée et delta4androsténedione) – Augmentation du rapport LH/FSH (>2) (en rapport avec une augmentation de la LH) Critères échographiques des OPK • Augmentation du volume ovarien • Hypertrophie stromale • Aspect globuleux • Présence de microkystes (40 à 70 % cas) – Diamètre de 2 à 5 mm – Nombre > 10 – Répartition périphérique • Au doppler : augmentation des vitesses vasculaires au niveau du stroma des OPK Conduite à tenir devant un syndrome des OPK Prise en charge globale – Obésité – Troubles métaboliques associés (insulinorésistance, dyslipidémie) – Risques cardiovasculaires – Diabète de type 2 – Néoplasie de l’endomètre OPK et stimulation ovarienne Traitement de première intention Si règles hygiéno-diététiques insuffisantes – CITRATE DE CLOMIFENE • 50mg/j à partir de J2 pour 5 jours (si échec : augmentation de la dose (200mg/j) et de la durée du traitement (10 jours) • Ovulation dans 70 à 80% des cas • Grossesse dans 40 à 50% des cas • Surveillance minime • 6 cycles au maximum +/- Place de la METFORMINE discutée (pas d’AMM) OPK et stimulation ovarienne Si échec du Citrate de clomifène ÎTraitement de 2e intention – Traitement médical : FSH recombinante • Protocole : chronic low dose • Monitorage lourd et coûteux • Risque élevé d’hyperstimulation ovarienne (HSO), de grossesses multiples (20%), et de fausses couches (40%) – Traitement chirurgical : le « drilling » ovarien INDICATIONS DU DRILLING OVARIEN Indications du drilling • Pas d’essai randomisé à grande échelle comparant technique chirurgicale et traitement médical • Etude de Farquhar [1] – 6 essais randomisés entre 1994 et 2001 – Séries de 10 à 168 patientes • Méta-analyse de Campo [2] [1] The Cochrane Database of Systematic Reviews 2001, Issue 4. Art N°: CD001122 [2] Campo S. Obstet Gynecol Surv 1998;53 : 297-308 Etude de Farquhar drilling ovarien vs gonadotrophine Nombre d’études Taux cumulé de grossesses après 6 à 12 mois de suivi 4 Nombre de participants Odds Ratio IC 95% 303 1.27 [0.77, 2.09] Taux de fausses couches 3 46 Taux de grossesses multiples 4 143 0.61 [0.17, 2.16] 0,16 [0.03, 0.98] Avantages Inconvénients FSH recombinante Drilling ovarien Pas les risques per opératoires ni les complications post chirurgicales Cycles mono-ovulants, diminution du taux de FCS, effet durable, coût d’une chirurgie ambulatoire Monitorage contraignant coût élevé effet limité à 1 cycle risques d’HSO et de grossesses multiples Adhérences post opératoires et complications chirurgicales (rares) Indications du drilling • En 2e intention après échec des règles hygiéno-diététiques et du citrate de clomifène +/- metformine. Î à discuter avec la patiente • En cas d’antécédents d’hyperstimulation ovarienne clinique. • En cas d’exploration chirurgicale et en particulier tubaire de l’infertilité LA TECHNIQUE La technique • Initialement : résections ovariennes réalisées par laparotomie • Apparition de la coelioscopie et développement de l’instrumentation : – – – – Biopsies multiples Multi perforations par électrocoagulation mono polaire Vaporisation par laser CO2 Résection ovarienne par laser CO2 ou courant mono polaire – Multi perforations à la pointe bipolaire Méta-analyse de Campo 1998 • 1803 patientes • Non randomisée • Différents types de prise en charge chirurgicale • Objectifs : – Comparaison de différentes techniques – Comparaison des résultats avec ceux obtenus après traitements médicamenteux Etude de Campo Aucune technique n’a fait la preuve de sa supériorité Technique • Généralement opérateur dépendant et fonction de l’instrumentation disponible • La plus fréquemment retrouvée dans la littérature : sous coelioscopie, multi perforation ovarienne à la pointe mono polaire (H. Gjonnaess) Gjonnaess H. Fertil Steril 1984 ; 41: 20-25 En Pratique par coelioscopie : – Exposition des ovaires par traction sur le ligament utero-ovarien après refoulement des anses digestives – Préhension de l’ovaire – 5 à 10 perforations par ovaire semblent suffisantes (2 mm de diamètre, 8 mm de profondeur) – Éviter le hile : risque d’atrophie ovarienne – Irrigation constante : assure le refroidissement de l’ovaire Autres techniques • Microcoelioscopie sous anesthésie locale • Hydrolaparoscopie transvaginale ou fertiloscopie • Multi perforation sous écho en cours de FIV (Ferraretti) Microcoeliochirurgie Série de Zullo en 2000 – Étude prospective randomisée – 62 patientes présentant un syndrome des OPK résistant au citrate de clomiféne – Comparaison coelioscopie standard vs microcoeliochirurgie sous AL + sédation Zullo F. Fertil Steril 2000 ; 74 : 376-379 Résultats de l’étude de Zullo • Taux d’ovulation et de grossesses comparables dans les suites • Pas de complication per opératoire • Sortie plus rapide après anesthésie locale • Probablement moins adhésiogène Limite pour certains : difficulté d’exposition, anesthésie locale relative La fertiloscopie • Anesthésie générale • Aiguille de Veress dans le cul de sac de Douglas • Injection de 300 ml de sérum physiologique • Introduction d’un fertiloscope • Geste thérapeutique sous contrôle de la vue grâce à un canal opérateur co-axial • Utilisation d’une électrode bipolaire Matériel de fertiloscopie Fertiloscope Pointe bipolaire Série de Fernandez et Watrelot sur la fertiloscopie • Etude prospective chez 80 patientes résistantes au traitement par clomiphène • Suivi de 18 mois :91% des femmes retrouvent un cycle régulier avec ovulation • Le taux de grossesse spontanée est de 39,7% • Le taux de grossesse après stimulation médicale atteint 60% • Le délai de conception après l’intervention est de 3,9 mois • 18% de FC, pas de GEU, pas de grossesse multiple, pas de complication J Am Assoc Gynecol Laparosc. 2004 ; 11 : 374-8 Complications de la fertiloscopie Description récentes de 2 complications (série de 15 patientes) – Saignement ovarien Î conversion en coelioscopie – Electrocoagulation d’une anse grêle Î laparotomie à J1 pour péritonite S.Chiesa-Montadou .Gynecol Obstet Fertil 2003 ; 31 : 844-846 Des plaies rectales ont été décrites RESULTATS Résultats Quelle que soit la technique chirurgicale utilisée : – Reprise dans 80% des cas de cycles ovulatoires – Taux de grossesses spontanées de 40 à 55% – Taux cumulé de grossesses (associant les grossesses après induction post chirurgicale) de 55 à 65% Conceptions n°12 Année 2000. Le journal de l’ISFR. Dossier : le syndrome des ovaires polykystiques Facteurs pronostics : étude rétrospective de Amer • Meilleur pronostic si : – Femme jeune (<35ans) – LH élevé en préopératoire (LH>10UI/l) • Moins bon pronostic si: – Infertilité > 3 ans – BMI élevé Amer SA.Hum Reprod 2004 ; 19 : 1719-24 Résultats en fonction de la durée d’infertilité (*p<0.001) Durée Nombre de Taux d’infertilité patientes d’ovulation Taux de grossesse < 3 ans 90 88 % 72% De 3 à 6 ans 83 76% 33%* > 6 ans 23 52%* 18%* Autres résultats • Caractère mono-ovulant des cycles restaurés • Diminution: – du risque de grossesses multiples – d’hyperstimulation ovarienne – du taux de fausses couches ? Autres résultats Étude de Fernandez sur le drilling par voie coelioscopique (71 patientes) – Échec du traitement par citrate ou hyperstimulation ovarienne – 40 patientes anovulantes et 31 patientes ayant des cycles ovulatoires sans grossesse à 6 mois – Taux global de 73% de grossesses et pas de différence entre les groupes an et ovulatoires Fernandez H. Obstet Gynecol Fertil 2003; 31: 207-213 Autres résultats Si absence de grossesse dans les 6 à 12 mois après drilling ovarien Î réintroduire les traitements médicaux : citrate de clomifène puis gonadotrophine Car le drilling permet : – – – – D’augmenter la sensibilité aux gonadotrophines D’augmenter le taux d’ovulation et de grossesse De diminuer la durée de la stimulation et les doses nécessaires De diminuer le risque d’hyperstimulation ovarienne Farhi J. Fertil Steril 1995 ; 64 : 930-935 Résultats à long terme • Efficacité persistante d’au moins 9 ans • On estime que 3 à 5% des cycles redeviennent anovulatoires chaque année Amer SA.Hum Reprod 2002 ; 11 : 2851-2857 conclusion • Malgré les inconnues du mécanisme d’action • Les bons résultats du drilling ovarien permettent d’indiquer très tôt ce traitement chez des patientes présentant un syndrome des ovaires polykystiques. • La fertiloscopie pourrait être une voie d’abord intéressante mais nécessite une plus large évaluation Vues « fertiloscopiques »