dossier special musique toujours - parceque le magazine qui dessine

Transcription

dossier special musique toujours - parceque le magazine qui dessine
Un petit vent Arc-en-cielThe
Les nonnes joyeuses
Angry Hedwig
musique toujours
Les Brigitte
Monsieur Lune
Les festivals de l'été
Britney, objet de désir
et puisqu'on surveille sa ligne,
l'ete approchant
Les pâtes à tartiner :
LE TEST VÉRITÉ
dossier special
la Magie Nouvelle
PARCEQUE#3 / Mai-Juin 2011 / EDITO / 03
PARCEQUE,le magazine qui dessine
Rédactrice en chef : Carole Sertimoun.
Articles : Clémentine Brissi, Augustin Fontanier,
Anne Laueffer, Sarah Bk, Camille Walter, Angela
Bonnaud, Gilles Seiller, Margaux Perez, Léa C.
Bouvet, Mister Fly, Rémi Meunier, Bartholomé
Girard, Thibaut Coquerel, Atrus Princeps, Coline
Poulette, Soeur Marilyn Von Tears, Sophie Carrez, Laura Pigeon, Carole Sertimoun.
Illustrations :
-Agathe Parmentier (Les news)
agatheparmentier.ultra-book.com
-Friederike Wolf (dessin edito et sommaire,
Bébé médecin)
frolleinwolf.tumblr.com
-Marine Hardouin (Angry Hedwig, Les Brigitte)
everybodyelsewasfine.com
-Léa C. Bouvet (Short story, Les festivals)
leachamsbouvet.tumblr.com
-Tristan Domenjus (Ave Cesar, i love PAT)
tdomenjus.blogspot.com
-Coline Poulette (les Jeux)
-Tim (Résomophobie, Sidaction)
www.acupoftim.com
-Camille Walter (Monsieur Lune)
mangezdestartes.blogspot.com
-Anne Laeuffer (La Magie d'aujourd'hui)
-Rougerune (Mangez des moules, Les Nonnes
Joyeuses, Fauroscope)
www.rougerune.com
-Julie Olivier (Chômage, je te quitte)
www.julie-o.fr
-Marius Guiet (Pub Ikea, Facebook, Culture Classique et Homosexualité)
Guillaume Jamet (Pub l'Intermède)
guillaume-jamet.com
-Sebastien Rost (Pub Monsieur Lune)
www.sebastienrost.com
-Carole Sertimoun (Pub Paris de Vents, Pub Ni
putes ni soumises, Britney)
Maquette : Carole Sertimoun
Couverture : “Blue Rene”, par Robert M. Hoover, 12 x 12”, acrylique sur toile, 2010, inspiré
d’une photographie de Gerald DeHaan.
Les images digitales de Mr. Hoover ne peuvent
pas être copiées, distribuées ou publiées pour
quelque média que ce soit sans accord écrit de
l'auteur. Tous droits réservés©
Marius Guiet
Créa et gestion du site parceque.org :
Sarah Bk
Pour nous contacter : [email protected]
EDITO
Par Carole Sertimoun
Ca y est, le printemps est bien là, l’été pointe du nez, on sort
les ventilos, les arbres fleurissent, les oiseaux batifolent, c’est
donc un moment tout à fait approprié pour fêter l’amour sous
toutes ses formes. Vous aurez donc dans ce numéro 3 haut
en couleurs l’occasion de surfer par-ci-par-là sur la vague
gay-friendly telle qu’elle nous est venue, à nous autres homos
comme hétéros. Même Ikea est là -oui, évidemment, il est
toujours là, on sait plus quoi en faire par moment-, en bref
tous les éléments sont réunis pour l’apéro-autour d’une table
LACK-mais c’est pas possible qui n’a jamais eu cette table
chez lui ? C’est une invasion -en même temps toi même tu
sais, lecteur en dech de PARCEQUE qu’une table basse neuve
à 5€ ça court pas les rues ! -Non non on fait pas de pub,
d’ailleurs elle est pourrie sinon elle coûterait pas le prix d’un
grec- pour passer ces deux prochains mois ensoleillés dans
la joie et la bonne humeur, en attendant le prochain numéro.
Sur ces bonnes paroles teintées de suédois, je vous souhaite,
comme à l’accoutumée, une bonne lecture et un bon vent !
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / SOMMAIRE / 5
Sommaire
À PROPOS DE
06 Robert Hoover, notre couverture
ACTU
08 Les news vues par la rédaction
SOCIÉTÉ
10 Les Nonnes Joyeuses
12 Résomophobie
14 Itinéraire d'un bébé médecin
16 Chômage, je te quitte
18 Comment se faire larguer sur Facebook en 10 leçons
CINEMA
22 Angry Hedwig
24 Ave Cesar
MODE
26 Short Story
ON TESTE POUR VOUS
30 I love P.A.T (pâte à tartiner)
ARTS
32 La Magie d'aujourd'hui
38 Culture classique et homosexualité
MUSIQUE
42 Britney, cet obscur obet du désir
48 Monsieur Lune
51 Les Festivals de l'été
52 Une+Une=Brigitte
LES JEUX
54 par Coline Poulette
ASTRO
56 Fauroscope
06 / A PROPOS DE / PARCEQUE#3
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / À PROPOS DE / 07
/
A propos de
Robert Hoover
CE MOIS-CI, c’est encore un peintre américain qui fait notre couverture : Robert Hoover.
Robert M. Hoover a grandi dans le Nord de l’Etat de New York,
diplômé de l’Université de Binghamton en littérature anglaise.
Puis il a travaillé pendant 31 ans à la publication du New York
City Magazine comme directeur artistique, et comme directeur de
création et de production.
Il a attendu un moment avant de saisir le pinceau et cela fait
maintenant 7 ans qu’il travaille comme peintre.
L’essentiel de son travail s'inspire de l’expérience émotionnelle et
sensuelle qu’il peut avoir au quotidien.
Le titre de sa prochaine exposition qui débutera en Août 2011
s’intitule «Artist with Three Children: Abstract, Portraits, Collage»
(«un artiste à trois enfants : l’abstrait, le portrait et le collage»).
En effet, il ne peut désormais travailler sur l’un sans faire intervenir les deux autres, ce qui engendre une grande variété de
résulats.
Très impliqué dans l’arène politique américaine, il défend avec
ferveur les droits des homosexuels comme des droits civiques.
C’est un amoureux de tous les arts, en particulier la musique, le
théâtre et la poésie moderne.
Il a fait don de son travail à plusieurs fondation dédiées à la recherche médicale : Guardian Brain Cancer Foundation, American
Cancer Society, Reflex Sympathetic Dystrophy Syndrome Association et à la National Perinatal Association.
Tout son travail est visible à l’adresse suivante : www.flickr.com/
photos/roberthoover/
Boutique en ligne : www.roberthoover.etsy.com
Contact: [email protected]
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / NEWS / 09
Les news
vues par la redaction
Illustrations : Agathe Parmentier & Carole Sertimoun
Aux armes etc...! Par Angéla
30 ans qu'est mort Bob Marley. "Mai" en ce moment, tout le monde parle d'une victoire, de LA
victoire. D'un côté si l'un a marqué ma jeunesse musicale, l'autre a marqué mon enfance politique. Celui qu'on appelait "tonton", encore heureux, car il y a tellement de François en politique
- et ailleurs - qu'on s'y serait perdu. Pourtant, quand j'ai commencé à avoir un peu de conscience
politique, les 14 années venaient de passer, et ce court moment socialo-gauchiste avait déjà pris
fin, je n'ai donc pu pas juger de moi même ce que cela donnait. De ce que j'en ai entendu, ça
avait l'air mieux que les années "Jacques ou Nicolas". Alors, tout en rappelant aux journalistes et
aux politiques que les présidentielles ne sont pas cette année, se serait peut être pas mal que
chacun - dans son isoloir - se souvienne de cette date, mais dans un an. Histoire de changer un
peu l'histoire, et de voir ce que ça peut donner. Non ?
La Terre est une orange bleue, par Bartholomé
Le photographe allemand Robert Piontek débarque dans un parc, un aéroport ou au beau milieu
d'un parc d'attractions, et photographie tout autour de lui. Puis il assemble les images, les étire,
les fond et les tournicote les unes dans les autres pour qu'elles ne forment plus qu'une : des
mini-planètes sur lesquelles tous les éléments se déploient autour d'un même globe. On dirait Le
Petit Prince, mais en vrai (et en mieux). Chaque semaine, il crée de nouvelles planètes. Sa galaxie
est à découvrir sur http://tinyplanetphotography.com.
Kill them all, par Margaux
La communauté internationale est indignée par le nouveau projet de loi ougandais visant à
durcir les mesures de répression contre les homosexuels. Le parlement s'apprête en effet à
voter un projet de loi prévoyant l'exécution de tout citoyen reconnu coupable de certains actes
homosexuels. Ce projet contraire aux droits de l'homme a été dénoncé par de nombreuses ONG,
notamment Amnesty International. Dans ce pays déjà fortement touché par les cas de discrimination, de détentions arbitraires et de violences envers les gays et lesbiennes et transgenres,
il reste à espérer que les sessions parlementaires de la semaine prochaine ne donneront pas
raison à l'homophobie.
La Frontière de la honte, par Laura
La France, l'Italie et maintenant le Danemark veulent rétablir les contrôles aux frontières face à
"l'afflux" de migrants en provenance de Tunisie, de Syrie et des autres pays en pleine révolte. Rétablir les contrôles aux frontières, c'est remettre en cause les accords de Schengen, qui permettent la libre circulation au sein de l'espace du même nom (grosso-modo, l'Europe). Fermer les
frontières. Reconstruire les murs qui ont été abattus. Et pourquoi ? Pour 25 000 personnes, 25
000 réfugiés qui fuient la guerre en laissant tout ce qu'ils ont derrière eux. 25 000 humains, dans
une Europe qui en compte 500 millions. L'humanisme s'arrête là où commence le populisme.
Odd future: violence hip-hop, par Gilles
Le 5 mai, au social club, Odd Future Wolf Gang Kill Them All, le collectif de jeune gens californien,
ont donné un show littéralement destructeur. Des bouts de plafonds sont tombés dans la foule et
Tyler, le leader, est reparti avec une coupure au niveau de l'oeil. Un show dément que je recommande vivement.
"Justice est faite !" Par Mathieu
Oussama Ben Laden, LE Grand Méchant du XXIème siècle est mort (du moins, c'est ce qu'on
nous dit). Mort, assassiné par l'armée Américaine. Alors oui, personne ne va se lamenter sur son
sort ... moi le premier, dans mon fort intérieur, lorsque j'ai appris la nouvelle, je n'ai pu réprimer
un "justice est faite". Mais... dans le fond, de quelle justice parle-t-on ? Celle qui consiste, par les
armes, sur un sol étranger à se faire vengeance ? Quelles que soient les meurtrissures du peuple
américain, il n’est de justice dans un État moderne que celle rendue à l’issue d’un procès, où la
défense a elle aussi la parole (aussi monstrueux que soient les crimes reprochés). Les crimes les
plus odieux de la seconde guerre mondiale ont pour partie été jugés à Nüremberg. C’est sans
doute la meilleure façon de tourner la page. Car un procès est le lieu où s’explore en détail la
mécanique du crime. C’est un lieu où l’on explique et où l’Histoire – la vraie – pas celle des spin
doctors, s’écrit.
Friendly Keldéo, par Coline
Mes très chers amis, en ce numéro spécial, j’ai l’honneur de vous annoncer la naissance d’une
créature fabuleuse… Le premier pokémon gayfriendly au monde. Il est légendaire, il est beige et
bleu ciel, il a des cheveux orange, de petits sabots teigneux, il a l’œil à la fois mignonet bagarreur,
plein de vitalité, c’est un petit poulain de licorne, il scintille, je vous demande une ovation pour…
Keldéo ! Vous noterez, toujours dans la vague de non-imagination ou de wtf chez Pokémon depuis rubis et saphir, le n’imp de ce nom. Il ne veut rien dire. Nan mais vraiment, à part évoquer
un difficile choix sur le déodorant, ce truc ne veut rien dire. Ceci était un message pour la remise
en ordre du bon goût pokémonien originel. S’il vous plait, arrêtez avec les bestioles trop concept
Monsieur Tajiri. Pour plus de revendications sur la qualité des créatures en question, allez voir
Le Point Culture Pokémon : http://www.youtube.com/watch?v=NYVj3gv848I Attention, ça crie un
peu parfois.
Minuit Chez Getrude Stein, par Carole
À bien y réfléchir, il fallait bien un jour qu’il passe par là, Woody. Ça devait le démanger depuis un
moment d'aborder l'effervescence culturelle des années vingt. Il n’y a qu’à écouter la musique
de tous ses génériques. Incarné cette fois en Owen Wilson, qui n’a, comme tant d’autres avant
lui, pas échappé à la woodyallenisation, le réalisateur nous embarque comme souvent dans une
comédie de la vie ordinaire, mêlée d’une fantaisie déroutante. On n’embarque pas dans la DeLorean de Doc et Marty, le modèle est un peu plus chic, mais on découvre, avec les mêmes yeux
hallucinés que le protagoniste, un Paris d’après guerre où il est si naturel de croiser une orange
bleue prenant la forme d’un rhinocéros. Ne cherchez pas, c’est surréaliste.
Midnight in Paris, dans les salles depuis le 11 mai 2011
06 / SOCIÉTÉ / PARCEQUE#3
Les Nonnes
Joyeuses
Je m’appelle Marilyn von Tears et suis Soeur de la Perpétuelle Indulgence. J’appartiens à
un Ordre pauvre, agnostique et dérisoire de folles radicales. Nous sommes une communauté d’intentions unie par des vœux d’amour, de paix (pet?) entre les communautés,
d’indulgence à l’égard de son prochain et nous avons fait le serment de promulguer la
Joie Multiverselle de part le vaste monde.
Texte : Soeur Marilyn Von Tears // Illustration : Rougerune
EN SUBSTANCE, je suis devenue Sœur parce que je trouve
qu’ont pas toujours le moral qu’il y a toujours une jolie fleur
que nos villes et nos campagnes souffrent d’un manque cuiquelque part pour s’émerveiller de la beauté de l’univers.
sant de coquelicots et de pâquerettes. Je suis devenue une
Après tout c’est vrai que j’ai déjà pleuré beaucoup face à la
fleur du bitume et des sex-clubs pour inciter à l’amour. Une
misère humaine. Mais je voudrais pas qu’on se trompe : je ne
fleur ça ne parle pas tellement : c’est pour ça qu’en tant que
pleure pas sur les gens que j’aide, je pleure de voir que notre
Sœur j’offre à qui veut une oreille attentive et aimante. Je me
société accepte parfois la violence gratuite, le mépris de son
lave bien les oreilles donc parce qu’on ne se confie pas à des
prochain, la haine des différences sexuelles ou identitaires.
oreilles pleines de cerumen. Quand je me rends dans un sex
Je suis aussi Sœur pour dire aux gens que ça fait du bien de
club avec une ou deux autres Sœurs, c’est aussi pour rappepleurer, que ça fait du bien d’admettre ce qui nous touche,
ler aux gens qu’on attrape encore le VIH si on ne se protège
ce qui nous fait du mal. On ne soigne jamais un mal qu’on
pas. Bien sûr, chacun il fait ce qu’il veut mais j’essaie d’aider
refuse d’admettre.
les gens à comprendre que c’est un acte d’amour que de se
Je suis toujours très heureuse de sortir. Les gens que je renprotéger et de protéger les autres. Je ne suis pas là pour les
contre me remercient quelquefois pour ce que je fais et c’est
fouetter s’ils ne sont pas complaisants – il y a tout un tas de
là sans doute un de mes sujets de réDominateurs qui manient le fouet bien mieux
que moi (encore que je monte des œufs en « Ca me rend toute chose de flexion favoris. On me trouvera très alneige comme personne !). Bien sûr, il y a savoir que je repousse les li- truiste au regard d’un monde que l’on
plein d’endroits où on peut apporter de la mites du possible quand, dans décrit comme celui de l’Individualisme
et de la Consommation. Mais je n’ai pas
fraîcheur et où les gens ont envie d’amuuur.
la rue, je croise des regards tant de prétention que ça. Je crois qu’on
Alors je me rends aussi dans des soirées
festives, dans des festivals (on est aux Soli- ébahis de voir sur le trottoir ne partage pas beaucoup quand on se
days par exemple), dans des raves parties, une Sœur avec autant de ma- sent coupable d’y trouver son compte.
dans les endroits où le trottoir est pour quillage et d’aussi belles pe- Il y a beaucoup de culpabilité ici ou là
à jouir de ce qu’on aime. Et il y a tout
certains/-nes un lieu de travail (parce que tites chaussures ! »
autant de jouissance sans goût quand
les prostitué/-es elles sont aussi beaucoup
on se sent pas à l’aise. Peut-être même
discriminées et que nous la discrimination on est contre),
que le paradoxe tient à ça : moins vous vous sentez légitimes
dans des lieux aussi parfois insolites… en fait n’importe où
de faire ce que vous voulez faire et plus vous en faites un
où j’estime pouvoir promulguer cette joie de vivre.
genre de Graal. Je voudrais dire aux gens qui me lisent là
On comprend peut-être pas toujours très bien ce que sont
que le Graal c’est tous les jours si on veut. Vous pouvez au
les Sœurs et c’est vrai que c’est pas commode de faire enmoins essayer : demandez-vous ce qui vous fait kiffer dans
tendre aux gens qu’être citoyen c’est aussi revendiquer le
la vie, j’veux dire ce qui vous fait vraiment triper genre «
droit de s’improviser l’identité qu’on veut avoir. Ca me plaît
ouuuuaaaah ! j’prends mon pied grave ! » et demandez-vous
d’être une Sœur parce que j’aime beaucoup Sœur Emanuelle
aussi pourquoi vous ne pourriez pas le faire. Il ne s’agit pas
qui a grave la pêche et qui m’a beaucoup appris à travers
seulement de cul. Si vous voulez ne rien faire c’est aussi
son amour. Je ne suis peut-être qu’une petite goutte dans
possible mais je vous incite à cette décadence morale vis-àun cocktail mais si je n’y étais pas au final je manquerai,
vis de cette société.
comme la vodka dans le Cosmo... Il faut de tout pour faire
Considérez simplement qu’être Sœur de la Perpétuelle Inun monde et quand les gens parviennent à s’ouvrir à cette
dulgence c’est à mon sens une manière qui me plaît de faire
différence là, aaaaah ! ça me plaît ! Ca me rend toute chose
la folle et de m’amuser avec tout l’humour qu’il faut pour
de savoir que je repousse les limites du possible quand, dans
aborder le sérieux de la vie. Tout le reste n’est que vanité.
la rue, je croise des regards ébahis de voir sur le trottoir
une Sœur avec autant de maquillage et d’aussi belles petites
Soeur Marilyn von Tears,
chaussures ! On est des Sœurs pas très traditionnelles c’est
La Marie Chienlit des Anges,
évident et c’est amusant de montrer cette beauté au monde.
dite Tchendukua.
Je n’exige de personne d’être d’accord avec moi parce que je
n’avance aucune belle idée de ce qu’il faudrait être ou de ce
qu’il serait délicieux de penser. C’est pour rire tout ça. Un rire
sérieux diraient certains théoriciens de l’humour… Je veux
bien croire qu’il y a quelque chose de sérieux à se préoccuper de personnes atteintes ou concernées par le VIH/SIDA, à
se soucier des laissés pour compte et de ceux qui se laissent
aussi pour compte tous seuls, à vouloir montrer aux gens
CONTACT :
Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, Couvent de Paname
www.couventdepaname.org
[email protected]
facebook : Couvent de Paname - Les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / SOCIÉTÉ / 13
"Vous etes maintenant connectes au
Resomophobe,
bienvenue"
L’homophobie, fléau à la vie longue et prospère, a été décrite par bien des hommes,
à d’innombrables époques. Et toi, public occidental du XXIeme siècle, enfermé dans ta
bulle numérique à longueur de journée, à quoi penses-tu à l’évocation de ce mot ?
Texte : Thibaut Coquerel // Illustration : Tim
JE SUIS PERSUADÉ que si l'on vous demande de décrire les
formes d'homophobie, celles-ci ressemblent à des actes du
quotidien, comme la ségrégation au travail ou dans la rue,
en passant par certains clichés véhiculés par nos radios ou
téléviseurs bien-pensants ; bien souvent des propos ou des
gestes déplacés, de la part d’inconnus ou de personnalités,
qu’ils soient animateurs, artistes ou politiques, et qui créent
délibérément ou non la polémique. C’est aussi mon cas.
D’ailleurs, cette représentation simple et dangereusement
généraliste de l’homophobie a fini par se banaliser dans
notre inconscient collectif.
sageries instantanées, plus récemment dans le contenu de
blogs bien souvent orientés, et maintenant via nos réseaux
sociaux. Ce qui l’a rendu à mon sens préoccupant, c’est
l’ampleur qu’a pris ce message homophobe au travers des
réseaux sociaux.
Vous allez alors me rétorquer que les formes de ségrégation,
dont fait partie l’homophobie, ont toujours existé, ce qui est
juste. Mais cette nouvelle portée sur le web rend leur expression différente. Derrière la furtivité du monde en ligne, tout
un chacun peut tenir des propos homophobes
Aujourd’hui, contrai- sans réellement craindre de répercussions,
Seulement voilà, j’appartiens à l’espèce rement à bien des ce qui laisse beaucoup de sites d’informacontemporaine du geek, passant une bonne idées reçues, le plus tion confrontés aux phrases parfois acides de
part de mes journées à arpenter les dédales du
gros pourcentage de leurs membres. Mais ces hébergeurs sont-ils
net. L’homophobie telle que je la côtoie le plus
réellement des victimes? La faute leur revientsouvent prend une forme étonnante pour cer- plaintes liées à l’ho- elle ou concerne-t-elle plutôt les internautes
provient ? À mon sens un peu des deux, car Internet
tains. En effet, en suivant l’évolution du multi- mophobie
média et des moyens de communication, celle-ci bel et bien d’Internet possède cette particularité de nous rendre
tend continuellement vers de nouveaux usages [...]. Même les inci- tous acteurs de ce qui s’y passe : à nous utiou supports, et aujourd’hui, contrairement à dents du monde du lisateurs d’abord à cause de notre anonymat,
bien des idées reçues, le plus gros pourcentage
travail se font désor- mais aussi à ces sites justement, qui ne font
de plaintes liées à l’homophobie provient bel et
pas forcément le nécessaire pour limiter ces
bien d’Internet, qui en regroupait à lui seul 16% mais devancer par la abus. Que cela soit volontaire de leur part ou
l’an dernier. Même les incidents du monde du Toile.
non, les commentaires restent l’une des leurs
travail se font désormais devancer par la Toile.
principales sources médiatiques, et les laisser peut potentiellement créer du débat et augmenter leur trafic ; « générer
Evidemment, le phénomène n’est pas nouveau non plus et
le buzz », même si cela n’est pas très politiquement correct.
s’est forgé en plusieurs temps, tout comme l’Internet luiDe plus, la législation est elle-même coupable à son tour, en
même. Si vous êtes un internaute de longue date comme
conservant cet anonymat des données dans le cadre du soimoi, vous avez déjà pu le croiser de différentes manières :
disant respect de la vie privée. Peut-on pour autant parler de
au début sur certains sites, puis par vos mails et les mes« respect de la vie privée » lorsque l’on porte de tels propos ?
Où trouver la limite ?
anti-homophobes, qui trouvent encore le moyen de pointer
du doigt d’une part le manque de vigilance des portails d’acEn effet, au-delà de la vie privée, il y a l’espace public. Avant
cès mais surtout l’irresponsabilité ou les mauvaises intend’être confidentielle, la Toile est un lieu de partage de moins
tions des personnes qui y sont inscrites. Ces deux reproches
en moins intime, et je crois que peu d’entre nous ont déjà
s’appliquent plus largement à l’ensemble du net, le web
assimilé la frontière fictive entre ces deux web à l’heure acsocial n’étant qu’un petit miroir dans lequel nous pouvons
tuelle. Cela se voit en particulier sur les réseaux sotous apercevoir le reflet du World Wide Web.
ciaux qui, en plus d’être le point culminant des infos Revendiquer, c’est En mélangeant ces carences, la boucle est
superficielles et pseudo-confidentielles, deviennent encore plus au- bouclée et nous revenons donc au début de
les principales cibles de l’homophobie. La retrouver jourd’hui prendre l’ensemble du raisonnement, en le prenant
ici ne surprend pas compte tenu de leur popula- le risque d’être at- cette fois dans l’autre sens. Ainsi, nous tourité et de leur diversité d’utilisation, au travers des
chons à un problème récurrent contre lequel
taqué et touché.
groupes ou événements sur Facebook par exemple,
il semble difficile de trouver gain de cause, et
ou par les tweets, ces petits messages de 140 caractères
qui n’a jamais été éradiqué même par l’éducation : la corgénéralement d’ordre public. Dans ces réseaux à l’intérieur
ruption humaine.
du réseau, je suis convaincu que les comportements des usagers varient actuellement peu avec le reste du net. Du simple
En réfléchissant plus globalement, la véritable interrogation
point de vue de ces portails, les précautions techniques sont
n’est-elle pas de savoir pourquoi l’homophobie aurait été
pourtant prises pour lutter contre elle, et les options pour
réellement moins présente dans les esprits à l’époque, pluy remédier existent officiellement. C’est le cas de Facebook
tôt que de vouloir démontrer sans justification que celle-ci
qui a autorisé récemment les statuts d’union homosexuelle.
se développerait avec Internet aujourd’hui ? Le simple fait
Est-ce un vrai pas en avant ? Tout laisse à penser que oui,
de la voir dans nos ordinateurs ou Smartphones ne la rend
mais le revers de la médaille peut aussi transformer ces pupas plus importante, d’autant plus que les personnes qui
blications en une source d’homophobie pour ceux qui crirevendiquaient leur homophobie dans le passé étaient surtiquent cette officialisation. Revendiquer, c’est encore plus
tout moins mises en avant ou préféraient tout simplement se
aujourd’hui prendre le risque d’être attaqué et touché.
cacher de la bienséance, à défaut d’avoir des moyens pour
partager facilement leurs idées. C’est pour cela qu’au lieu de
C’est à mon sens l’explication majeure qui fait que, malgré
stigmatiser Internet sans cesse, nous devrions au contraire
tous les paramètres de confidentialité mis en place jour
le remercier d’avoir exposé ces points noirs au grand jour.
après jour par les réseaux sociaux, ces derniers sont toujours les cibles des plaintes d’associations antiracistes et
T.C.
Itineraire complique
d'un Bebe Medecin:
episode 1
Les médecins sont comme nous : avant d’être grands, ils ont été bébés. Pas
au sens physique du terme. La médecine est une drôle d’école où il est déconseillé de perdre le contrôle, au risque de perdre des vies. Voyons un peu
ensemble les bases de ce qui fait mon quotidien de bébé médecin.
Texte : Sophie Carrez // Illustration : Friederike Wolf
commencent les stages hospitaliers. En d’autres termes :
comment se frayer un chemin dans l’incompréhension générale. D’abord on éprouve une fierté infinie, un contentement
énorme d’être là, d’être dans la cour des grands même si
justement on n’a pas encore le droit de jouer. On apprend
d’abord la sémiologie médicale. La sémiologie, c’est en
gros tous les symptômes que présente un malade que l’on
observe ou que l’on déduit de l’interrogatoire, indices qui
nous permettent de trouver quel méchant
« C’est donc une sorte est à l’origine de tous ses problèmes. Enfin,
La médecine m’a fait naître et m’a réanimée ; de jeu de Cluedo géant, quand ce n’est pas un gang de méchants
alors cela m’a toujours paru évident que je la
sauf que notre patient qui causent tous ces désordres intérieurs.
porte un peu, si peu à bout de bras. Pourquoi
C’est un peu comme une enquête policière.
personnifier la médecine ? Parce qu’elle est un est bien vivant et que On relève des indices, des faits, des blesprotagoniste quotidien de mon existence, une le but est de le mainte- sures, et tout cela intégré dans le contexte,
nir en cet état. »
amie mais parfois aussi une ennemie.
nous permet de retrouver le virus criminel,
l’articulation
coupable, le nerf délinquant. C’est donc
Les études de médecine ne peuvent pas se décrire en
une sorte de jeu de Cluedo géant, sauf que notre patient
quelques mots. On y apprend tant, on y apprend tout. Apest bien vivant et que le but est de le maintenir en cet état.
prendre des cours à longueur de journée, plus de 25 bouÉtrange conception ? Mais cette quête de ce qui dérange ou
quins de 500 pages à savoir par coeur au mot près, (c’est
perturbe notre être, c’est sûrement ce qui fait tout l’intérêt
pour ça que ça dure longtemps d’ailleurs, ça je l’avais pas
de la médecine. Et essayer de résoudre l’énigme et donc de
compris en m’engageant...). On travaille partout : à la fac, à
préserver la vie, c’est ce qui nous pousse à ingurgiter tant
l’hôpital, à la maison, dans le train, dans son sommeil.
de savoirs développés par tous ces enquêteurs avant nous.
À l’hôpital justement : en 2ème année (P2 pour les intimes!)
JE SUIS NÉE dans la médecine un jour de mars. Je n’en ai
absolument aucun souvenir bien évidemment, mais j’imagine
aujourd’hui les différentes sensations. Un cri puis le néant et
le respirateur qui respire pour moi. Les bips incessants qui
m’entourent et saluent mon retour à la vie. La douleur ou
la gêne crée par tous ces tuyaux qui m’entravent dans mes
mouvements. Et juste le bonheur d’être là. Salut c’est moi,
et ma décision est prise : je serai un bébé médecin. Dans
24 ans.
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / SOCIÉTÉ / 15
On apprend aussi à «mettre sa blouse blanche»
pour examiner quelqu’un. C’est compliqué
d’examiner quelqu’un. Car, pour la première
fois de notre vie, on va toucher un autre être
humain, que l’on ne connaît pas du tout,
non pas pour l’embrasser, ni pour le remercier ou pour le saluer, mais pour essayer de
le sauver (bon ok ça fait un peu grandiloquent sauver mais c’est ce qu’on ressent
quand on est un nouveau-né médecin, on
est impressionnable quand on est jeune…
et surtout plein d’illusions).
Et là on comprend qu’être étudiant en médecine,
c’est se sentir très seul. Seul face à son ignorance,
seul face au patient qui nous pose des questions auxquelles on ne sait pas répondre ou qui refuse de nous parler,
ou face au chef qui nous interroge et qu’on ne sait plus
tant on est perdu, seul quand on doit examiner quelqu’un
mais que l’on ne sait pas du tout comment faire… Les patients nous regardent avec une certaine appréhension mêlée
Ce premier jour en stage restera gravé dans ma mémoire
d’un amusement non feint, mais ce qu’ils ignorent c’est que
comme le jour où j’ai compris qu’il me faudrait d’abord apnous on a encore plus peur qu’eux ! Alors on est fier avec
prendre à parler le médecin. Ce langage à part entière se
notre belle blouse trop grande et notre stéthoscope, mais
trouve être un mélange savant de termes scientifiques alliés
on n’en mène pas large. Par exemple comment ça s’écoute
à quelques mots rescapés de la langue française classique.
un coeur ? Bah ça s’écoute pas en vrac à gauche devant
Rapide petit tour du service et présentation des cas. Voilà en
mais à quatre foyers d’auscultation définis, spécifiques où
gros ce que j’ai compris: « monsieur untel présente
l’on peut entendre plein de choses
un cas typique de Bip avec Bip de Bip compliqué de « Ce langage à part entière différentes et plein d’autres petits
Bip et Bip donc est traité par Bip Biiiiiiiiiiiiiiip!!! » en se trouve être un mélange endroits en fonction de ce qu’on
gros les mots de coordination…« Vous m’arrêtez si savant de termes scienti- entend... oui pas de doute examivous ne comprenez pas un mot… » Oui pas de profiques alliés à quelques ner quelqu’un ça s’apprend !
blème mais c’est peut-être abuser si je vous coupe
mots rescapés de la lan- Ainsi la P2 est une année charentre chaque mot non?...
gue française classique. » nière, un moment de bonheur abBon c’est pas grave on s’accroche on prend un air
solu, de découverte incessante,
entendu et intéressé et on note frénétiquement en phonéune utopie où on se sent totalement perdu, mais totalement
tique chaque mot que l’on cherchera le soir sur internet…
heureux, où la vie nous apparaît comme si simple et prometSyringomyélie, loase, méningite à listeria monocytogenes,
teuse. Mais bientôt la médecine allait m’apprendre la peur, le
neuro-paludisme à falciparum, tuberculose urinaire, mal de
sommeil perdu et des émotions si fortes et si paradoxales.
Pott, infection opportuniste type pneumocystose ... Autant
La médecine allait m’apprendre la vie tout simplement.
de mots et de maladies qui me semblaient tout droit sorAlors à la prochaine fois pour la suite des aventures (ou
ties d’un film de science fiction ! Aujourd’hui, 5 ans après
des mésaventures, ça dépend du point de vue) d’un bébé
je connais et j’emploie chaque jour ce type de mot et j’ai
médecin !
réellement l’impression d’avoir appris une nouvelle langue
étrangère!
S.C.
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / SOCIÉTÉ / 17
Chomage,
je te quitte.
Texte : Gilles Seiller // Illustration : Julie Olivier
J'AI RIEN FAIT POUR, crois-moi, mais c’est arrivé. Alors que j’étais tranquillement
en train de devenir incollable sur les deux premières saisons dont une incomplète
de Community, que j’allais enfin passer capitaine de la Fiorentina avec Caesar, mon
avant-centre espagnol, que j’étais parfaitement reposé grâce à mes heures de
sommeil qui par nuit atteignaient systématiquement les 8 recommandées voire les
dépassaient, que je vivais chaque sortie au bar, chaque séance de sport, chaque
rencontre fortuite comme un événement majeur avec un enthousiasme irréductible,
et tout ça grâce à toi, voilà, venue de nul part, une proposition d’embauche.
Le choix était vite fait, je te l’avoue. La pression sociale, l’avarice de ce connard de
Paul Emploi et ses tentatives de me déporter à Bordeaux pour une tâche ingrate, et
surtout les allusions à peine dissimulées de mes parents qui semblent résolument
décidés à ne plus subvenir à mes besoins alors que ça a toujours été ainsi, m’ont
forcé à dire oui.
Oui, entreprise dont je tairais le nom, je viendrais passer du temps chez vous, au
détriment de mes siestes de mi-journée.
Oui, chers collègues, je vais venir déjeuner avec vous, au détriment des aventures
de Jeff Winger.
Oui, monsieur patron, je vais rester concentré sur mon écran professionnel à défaut
d’être concentré sur celui de ma console.
Donc je te quitte, chômage. Adieu. Enfin, à la prochaine, soyons optimiste. On se
reverra peut-être, la crise aidant, au détour d’une erreur de trop, ou d’un manque
de discrétion lorsque je gâche ouvertement le temps de l’entreprise. Tu me manqueras, j’avais appris à t’aimer. Très calme en hiver, j’ai eu la chance de voir ton
visage de printemps, jovial, et je sais que nous sommes faits pour nous entendre.
Chômage, tu resteras dans mon coeur comme une période bénie à la liberté que je
n’avais pas retrouvée depuis l’été succédant à mon année de terminale S, il y a de
ça bientôt 7 longues années.
Soyons honnête, tu n’as pas toujours été agréable. Tantôt ennuyeux, tantôt angoissant, tu m’as donné bien du souci. Je ne te l’ai jamais dit, mais mes potes, ma
famille, mes anciens collègues, tous, critiquaient notre relation ouvertement. «Tu
dois te faire chier», «Mais t’arrives encore à sortir ?», «Faut pas que ça dure !»,
«Je comprends pas». Mes réponses ne semblaient pas leur convenir, malgré leur
sincérité et leur enthousiasme.
Je ne t’oublierai jamais, chômage.
Reste le même.
Comment se faire larguer sur
Facebook en dix lecons
Il existe des centaines de manières de larguer, mille et un motifs de rupture. Aujourd’hui
grâce à Facebook, élargissez votre panel de connaissances.
Texte : Sarah Bk // Illustration : Marius Guiet
IN A RELATIONSHIP WITH
Ça arrive le matin avant le petit dèj’, ou le soir en rentrant du
travail selon le degré d’addiction à Facebook. Ça ne prévient
pas. Ça s’affiche outrageusement sur votre page d’accueil. «
Jules est passé de en couple à célibataire ». Vous admettez
que les « Mon aaaannge », « Mon suuucre » et autres sobriquets à syllabes allongées se faisaient rares mais la rupture,
ça non, vous ne l’aviez pas anticipée. Ni vos 367 amis Facebook d’ailleurs, qui l’apprennent en même temps que vous.
Variante :
- Vous n’aviez pas pris la peine de vous mettre « en couple »
sur Facebook, votre chère et tendre non plus qui n’affichait
aucun statut « marital ». Pourtant vous découvrez soudainement que votre Juliette est « maintenant célibataire ».
- Vous cherchez à aller sur le profil de votre « n’ange » mais il
semblerait qu’elle ne fasse plus partie de vos amis.
Avantage : Pas besoin de briefer tous ses amis un par un
sur votre rupture ni de leur demander de ne plus prononcer
LE prénom sous peine de vider leur paquet de kleenex et/ou
la bouteille de Vodka.
DITES "CHEESE" !
« Non ce soir je dois bosser sur mon dossier sur la conjoncture économique au Soudan. » Vous êtes sceptique ou non,
ce qui est sûr, c’est que ce soir vous ne vous verrez pas.
Pourtant quelques jours plus tard « Jules apparaît dans l’album de Kara Thrace ». Vous parcourez l’album immédiatement : une soirée dont vous n’auriez pas été mise au courant
? Sur la troisième photo, derrière ce type en caleçon aux yeux
rouges gorgés de tech’ paf’ en train de fumer un cigare, vous
distinguez une silhouette familière. Non il n’est pas en train
de soutenir l’un de ses potes ivre mort. Son bras est bel et
bien enroulé autour de la taille d’une petite brune et son nez
est bien à 2 millimètres de son front. Vous vérifiez la date de
publication de l’album, la date de ladite soirée, la liste des
personnes taguées pour un futur interrogatoire des témoins
oculaires. Vous vous sentez tout à coup savante et cultivée.
À présent vous comprenez parfaitement la conjoncture économique au Soudan.
Variante : Il vous avait juré de ne plus jamais revoir son
ex. Pourtant c’est bien elle là, dans l’album photo de son
weekend « entre potes », sur le banc à côté de lui, en robe
blanche légère et toute bronzée.
Avantage : Preuve d’adultère irréfutable. En cas de divorce,
gain de temps et d’argent considérable.
NIAIZBOOK
«Tu as vu mon choubichou, j’ai mis la photo de nous deux
de cet été à Barcelone en photo de profil !! On est beaux
hein hein ?» «Tu as vu mon n’aaaange le message que j’ai
posté sur ton mur aujourd’hui ?» «Non ? Mais tu t’en fous ou
quoi?» «Pourquoi moi je suis jamais sur tes photos de profil?»
«Et pourquoi tu postes jamais rien à propos de moi ?» «Tu
veux pas qu’on sache qu’on est ensemble c’est ça ?». Il a
beau essayé de se montrer compréhensif, votre homme n’est
pas connecté 21h/24 par jour sur Facebook et ne comprend
pas votre acharnement. Mais pour vous, chaque absence de
réaction, de like, de commentaire est synonyme de mépris. Et
c’est comme ça qu’une absence de changement de photo de
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / SOCIÉTÉ / 19
20 / SOCIÉTÉ / PARCEQUE#3
profil devient motif de rupture.
Variante : « Écoute il faut qu’on parle. Je comprends pas
pourquoi tu as eu 2 semaines et moi 15 ans au test «Combien
de temps votre couple va-t-il durer ? »
Avantage : Dépistage précoce d’une niaiserie non désirée.
TAG-ALIBI
Sur votre page d’accueil, un de vos nombreux amis communs
vient de poster un statut : « Merci pour hier soir @Mathieu
@John @Franck @Caro @Fly […] @Guillaume : soirée
énorme !!! ». Mathieu n’est pas votre mec, John non plus,
d’ailleurs vous ne connaissez pas réellement tous ces gens.
Ce qui est sûr, c’est que Guillaume vous a affirmé être chez
son beau-frère hier soir à défaut de vous faire un massage
aux huiles essentielles.
Variante : Fonctionne aussi avec un commentaire: « C’est
pas Guillaume qui te dira le contraire, vu comment il a fini hier
soir… » sans oublier l’application Facebook « places » qui
vous permet de vous localiser vous et vos amis : «Guillaume
était : chez Etienne avec Mathieu, John, Franck, Caro… »
Avantage : Voir chapitre « Dites cheeeeese ! »
PRIVATE JOKE ON THE WALL
Qui est cette Jennifer qui poste tant de liens sur son mur
entrecoupés de private jokes « Fais des babouches t’auras
moins mal LOL ! » ? Vous aimeriez bien en rire, seulement,
vous ne connaissez pas les tenants et encore moins les aboutissants de cette plaisanterie, ni des 50 précédentes. Ce que
vous savez, c’est que vous ne l’aimez pas, ni la plaisanterie ni
son auteur ni les babouches.
Variante : Le lendemain d’une soirée pyjama télé Sex & the
City/Häagen-Dazs vous lisez sur le mur de votre bien-aimé le
message de l’un de ses amis : « Alors hier soir ? T’as fini seul
dans le taxi ou pas !?..... »
Avantage : Capacité de surveillance illimitée. Vous connais-
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / SOCIÉTÉ / FACEBOOK / 21
sez absolument tout son cercle d’amis, d’exs, de peut-êtrefuturs-mais-qui-n’a-rien-donné, et de peut-être-j’hésitemais-j’ai-une-nana-quand-même-oh.
EX-PHOTOS
Elle a beau être cachée en 36ème position d’un album de
vacances daté de l’année dernière, la photo de son ex le
teint halé en maillot de bain entrain de galoper sur la plage
vous pique le bas ventre chaque fois que vous visitez (fouinez
NDLR) son profil Facebook. Ce que vous ne comprenez pas,
c’est qu’il ne la supprime pas. Ni celles du mariage de son
frère, où ladite ex habillée en Belle au Bois Dormant pose
souriante de toutes ses dents à côté du reste de la famille.
Variante : «On peut savoir pourquoi tu as encore dans tes
amis Facebook ton ex de primaire qui t’a embrassé sur la
bouche en échange d’une sucette quand tu avais 12 ans??»
Avantage : L’aubaine pour les grands jaloux, leurs crises
peuvent être enfin justifiées par des preuves tangibles.
LE MÉPRIS 2.0
Ce dossier d’analyse financière comparée que vous devez
rendre le soir-même ne vous botte pas réellement et vous
passez votre journée à lui envoyer des mots doux sur sa boîte
mail privée Facebook (plutôt que sur son mur, parce que vous
ne faites pas partie de la catégorie niaizbook). Il ne répond
à aucun d’eux. Vous vous persuadez qu’il doit enchaîner les
réunions, les tournages, les clients... Pourtant sur son mur
se succèdent toutes les heures ses publications de lien. À cet
instant ce qui est sûr, c’est que la vidéo de Régis qui boit de
la bière-tagada dans une tondeuse, ça ne vous fait pas rire
du tout.
L'INTRUS
Mais qui est cette Sophie Lefort qui semble littéralement passer ses journées à cliquer frénétiquement sur le bouton like
sous chacune des photos de profil de votre homme et à commenter toutes ses publications (pour ne rien dire, en général)
? Après dissection de son profil Facebook, non, cette Sophie
ne semble pas être une ex. Mais alors d’où sort-elle-celle-là
? Vous pouvez essayer de lui demander à votre chouchou/
loulou : toute tentative de justification sera vaine. S’il vous dit
que c’est une amie d’ami, « mais je ne l’ai vue que quelques
fois » vous lui demanderez de la supprimer, ce qu’il refusera
dans la majorité des cas. (Voir chapitre « Les ex-photos »),
soit il vous dira que c’est une très bonne amie et vous trouverez plus suspect encore de ne pas la connaître.
Variante : Votre propre profil est inondé de like et de commentaires d’un ami de primaire que vous n’avez pas revu de
chair et d’os depuis 15 ans et qui vous trouve « vraiment très
charmante dans ce petit top moulant ». Mais votre homme
aimerait beaucoup que ce qui se cache en dessous dudit top
lui appartienne de manière exclusive.
Avantage : La prochaine fois, vous ne poserez pas la question.
LES CODES D'ACCÈS
« Chérie tu peux te connecter à ma boîte mail ? J’ai pas Internet ici dans ma rase campagne et j’ai vraiment besoin de
vérifier un truc ! » « Je te fais confiance ! » Il a tort… Il ne le
sait pas encore mais demain, à la même heure vous saurez
comment il a dragué puis quitté son ex il y a 3ans et 28 jours.
Vous saurez qu’il parle culture & cinéma avec une inconnue
depuis 11 jours et qu’il comptait vous offrir un weekend en
thalasso à St Malo pour la St Valentin.
Variante : Il ne commente pas vos statuts, vos messages
sur son mur, votre super vidéo de buzz que vous avez enfin
réussi à poster avant tout le monde.
Soit il l’apprend et le mot « confiance » sera rayé de son vocabulaire et nous de sa vie. Soit manque de chance, un mail
plus que suspect attire notre attention au milieu de ses 389
autres…
Avantage : Dépistage précoce d’une désinvolture possiblement aggravée.
Variante : Il ne sait toujours pas que vous connaissez toute
sa vie de ses 4 dernières années mais pour élucider le mystère de « l’intrus » (voir précédemment), vous décidez de
vous faire passer pour lui… On parle d’une semaine en
moyenne avant d’être découverte.
Avantage : Méthode efficace pour saisir rapidement le sens
des concepts de « jardin secret » et de « confiance ».
MAINTENANT QU'ON EST ENSEMBLE, TU VEUX
ÊTRE MON AMI ?
Vous faites partie de ces rares spécimens à ne pas avoir
commencé par être amis Facebook avant de vous rouler votre
première pelle. Voilà plusieurs semaines que vous avez dépassé le stade du baiser. Pourtant, vous ne figurez toujours
pas dans sa liste d’amis Facebook. Pire, il refuse votre invitation lorsque vous lui envoyez en ajoutant avec ses yeux de
chat Potté : « Je sais le mal que ça peut faire Facebook dans
un couple. Je pense qu’il vaut mieux qu’on ne soit pas amis
tu comprends. ». N’ayant pas encore lu mon article, vous ne
comprenez pas les raisons de ce refus. Il est inconcevable
qu’un pan de sa vie vous échappe, aussi virtuel soit-il. D’imaginer que certains de vos amis puissent être au courant avant
vous de son activité quotidienne vous rend malade, même s’il
s’agit d’une vidéo de Régis en train de boire sa bière-tagada
dans une tondeuse. Et puis, comment ses 289 amies Facebook vont-elles savoir qu’il n’est plus célibataire si vous ne
pouvez même pas être taguée dans la même photo que lui,
si vous ne pouvez pas même liker ses publications ou poster
quoi que ce soit sur son mur ?
Variante : Vous étiez amis Facebook parfois même depuis
plusieurs années. Mais depuis que vous êtes ensemble, il a
préféré vous supprimer.
Avantage : Là vous avez le droit de regretter votre rupture, de finir la bouteille de vodka et la boîte de kleenex. Cet
homme avait tenté de sauvegarder votre couple.
20 / CINÉMA / PARCEQUE#3
Passons à table et commençons avec
Le Banquet. Platon raconte dans Le
discours d'Aristophane, qu'à l'origine,
chaque être était double. Deux hommes,
deux femmes, un homme et une femme.
Mais Zeus, effrayé par leur pouvoir et
leur connaissance, et par crainte de
voir un jour un mortel rivaliser avec les
dieux, les sépara. Depuis ce jour, chacun
cherche son autre moitié.
Texte : Camille Walter // Illustration : Marine Hardouin
HEDWIG AND THE ANGRY INCH (comprendre en français
"Hedwig et le pousse en colère") nous raconte l'histoire de
Hansel, un petit garçon de Berlin-Est, dont l'enfance est tourmentée, mais qui rêve d'une vie meilleure qui fleure bon Jésus, le MacDo, Kant, David Bowie, Iggy Pop et Lou reed. C'est
alors qu'il rencontre Luther Robinson, sergent dans l'armée
américaine. Ils tombent amoureux et décident de se marier,
ce qui permettrait à Hansel de quitter l'Allemagne de l'est.
Mais pour ce faire, il lui faudra passer un examen médical
complet. Sa mère lui donne son passeport, son nom et trouve
un chirurgien pour remédier au problème. Mais une fois son
opération sabotée, Hansel s'envole vers ses rêves avec ses
perruques, ses seins d'argile et l'identité de sa mère: Hedwig.
La première fois que j'ai croisé Hedwig Schmidt ça devait être
au début de l'année 2002. Elle était pleine de paillettes, de
couleurs et négligemment posée sur une étagère au fond du
vidéoclub de mon quartier. Je venais tout juste d'avoir 16
ans et je venais rendre Mulholland Drive de Lynch, auquel je
n'avais strictement rien compris.
Dans un élan de rébellion adolescente mais néanmoins
d'avant-gardisme, je m'emparai du dvd et m'empressai de
rentrer le jeter au visage de mes parents. Car oui, j'avais
Angry
Hedwig
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / CINÉMA / 23
eu le culot de rapporter un film classé dans les comédies
musicales glam et homo, à regarder en famille le dimanche
soir. Dubitative, ma mère lança le lecteur et passa toutes les
bandes annonces. Et enfin, les premières notes du générique
de débuts retentirent. Des fausses notes, du rock'n'roll en
train de s'accorder sur fond d'hymne américain vaguement
approximatif, un lettragre pop et une sculpturale blonde loufoque. Amour, difficultés amoureuses, qui suis-je?, dans quel
état j'erre?... le film pourrait facilement verser dans le pathos
sentimentaliste comme savent si bien faire les Américains.
Mais il n'en est rien. Pour sa première réalisation, John Cameron Mitchell pose ces thèmes sur la table mais tout en subtilité, en suggestions, mais aussi avec douceur et décalage. On
est très proche de l'enfance, de l'enfance nostalgique, celle à
laquelle on veut se rattacher lorsque qu'on sent qu'on a foiré
sa vie, et à laquelle se rattrape le spectateur lorsqu'il voit ces
petits moments d'animations naïfs et émouvants (sur "Origin
of Love"), ou lorsqu'il chante avec Hedwig grâce à un petit
karaoké (sur "Wig in a box").
Mais l'enfant devient vite ado et rebelle. John Cameron Mitchell (accompagné de Stephen Trask pour les chansons)
nous livre un film, une comédie musicale même! (n'ayons pas
peur du mot), un space-opera punk et trash sur la quête
de soi. Comment peut-on faire, comment doit-on faire pour
devenir quelqu'un, s'aimer, s'estimer? Doit-on se chercher un
double? Car oui, Hedwig c'est un film glam, ultra glam même,
à grand renfort de paillettes, de fringues ringardes des années 80 et de rock'n'roll énervé. Mais on est loin du Rocky
Horror Picture Show ou de Priscilla folle du désert. On est loin
des homo grandes folles qui se pavanent en robe. On prend
le thé avec les transgenres et Platon. On trempe des biscuits,
oui, mais en lisant le Banquet, et en aucun cas on rentre dans
les schémas de sodomie mucile du cinéma d'auteur français
qui essaie de faire réfléchir.
Bref, ce film est devenu culte et Hedwig demeure la rockeuse
la plus méconnue de l'histoire du rock.
C.W.
Hedwig and the Angry Inch,
un film écrit et réalisé par John Cameron Mitchell
musiques, paroles et bande originale de Stephen Trask
séquences animées et dessinées par Emily Hubley
Ave Cesar,
(ceux qui vont mourir te saluent)
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / CINÉMA / 25
« La grande famille du cinéma ça n’existe pas. C’est un milieu où tout le monde se déteste » scandent certains acteurs. Pourtant par de multiples facéties, on essaie de nous
faire croire que cette famille existe, avec le soutien et le respect qui la caractérisent.
Mais nous ne sommes pas dupes, mais plutôt lucides, ultra lucides.
Texte : Angéla Bonnaud // Illustration : Tristan Domenjus
PLUS LES ANNÉES PASSENT, et plus on entend qu’il faut démocratiser la culture. Le cinéma, considéré comme le 7ème
art, en fait partie. Et plus les années passent plus le prix
de la place augmente. Les réductions existent pour que les
jeunes et les chômeurs puissent se cultiver, mais ça ne fait
pas tout. Pour aller au cinéma quand on est dans la catégorie
« carte de réduction », il faut y avoir goûté avant avec parents,
grands parents, parrains, marraines, amis de la famille quand
on était enfant, ado. Et forcément là, ça coince parce que
ça coûte un bras d’y aller en famille au cinéma. Ça devient
une sortie de luxe, et puis comme Bourdieu l’a conclu, comprendre et aimer l’art, cela se fait dans la socialisation.
Cette longue introduction, quelque peu révoltée, pour vous
parler de cette cérémonie qui rend soit-disant accessible le
cinéma français : la cérémonie des Césars. Accessible à tous
? Pour sûr, puisqu’en clair sur Canal+ ! Mais creusons un
peu, histoire de comprendre ce que l’on peut y voir. On a une
assemblée de gens, tous de la classe aisée, qui ont bien l’air
de se faire chier, et bizarrement tous les autres « acteurs » les intermittents, les techniciens de plateau – ne sont pas là,
pourtant je suis certaine qu’ils auraient le sourire eux, fiers et
reconnaissants d’être conviés à une telle soirée. « Non mais
oh ! Réveillez-vous là ! Vous êtes des privilégiés assis là, et
vous tirez la tronche ». Tellement envie de les secouer !
Ainsi en février dernier a eu lieu la énième cérémonie des Césars. Je dis « énième » pour souligner l’incessante répétition.
Certes les films nominés changent chaque année (heureusement !), les primés aussi changent (mais restent souvent les
mêmes !) ou encore le présentateur change (Lemercier, De
Caunes, Gad Elmaleh tournent !), mais reste que la célébration du
cinéma français est rentrée depuis 36 ans dans une bien triste
routine.
Dans ma famille, regarder chaque année la cérémonie des Césars
tous ensemble était une tradition qui me plaisait beaucoup. Depuis, j’ai gardé cette habitude de réserver ma soirée. Ca permet
de se rappeler les quelques bons films que l’on a pris le temps
d’aller voir sur la grande toile, de constater que l’on a même
pas vu la moitié des films nominés, et aussi de sentir que l’on
reste connecté avec cet art si étranger pourtant. Pendant cette
cérémonie, on n’a d’yeux que pour les acteurs plus que pour le
cinéma. Sauf que l’acteur a besoin du film, et aux Césars on cite
le nom des films (souvent les 10 mêmes nominés plusieurs fois,
alors qu’il y a environ 230 films français par an !), mais si on ne
l’a pas vu, on ne peut voir que 30 secondes de chaque, autant
dire que cela nous laisse « en dehors ». Soit vous avez vu, soit
vous n’avez aucune chance de suivre vraiment la cérémonie, et
c’est foutu !
Et en plus, en même temps que l’on met à jour sa pseudo-culture,
on assiste toujours à peu près au même spectacle. La salle rit
peu, on peut même dire que beaucoup font la gueule. Ce n’est
pas vraiment la faute des présentateurs, qui essaient en vain, les
années se suivant, de faire toujours plus d’âneries, de blagues…
mais la salle ne réagit pas. Certains, voire la plupart, ont même
l’air abattu ; non pas abattu de ne pas avoir eu de César, non.
Abattu d’être là. Célébrer le 7ème art, ça devrait être gai ! Non,
c’est stoïque. Naïvement, on pourrait penser que c’est le moment
de se souvenir des acteurs décédés pendant l’année qui plombe
l’ambiance, mais non : ce passage n’arrive que vers la moitié.
Ce que l’on retrouve aussi chaque année c’est l’acteur/actrice
qui est récompensé mais qui aurait mieux fait de ne pas trop
parler au moment de la réception du césar. Un discours face à
cette assemblée constipée, ni décalé, ni déplacé, simplement
inintéressant, ou juste pour se rendre intéressant afin que
l’ensemble des journalistes le lendemain en parle! Il y a aussi
toujours celle à qui on a oublié de dire de mettre une robe «
pratique » et qui par malheur reçoit un César. Et ce ministre…
Quoiqu’il en soit, les Césars restent pour beaucoup un mythe
; et fin février 2012, sûrement je regarderai. Le lendemain,
plusieurs personnes dont je ne me doutais pas qu’ils regar-
daient eux aussi, me diront : « C’était pas top, mais y a eu LE
passage avec tel humoriste où on s’est bien marré ». Même
le discours après-Césars ne change donc pas. Alors, si l’art
est source de création, d’innovation ; notre chère cérémonie
des Césars ne peut elle pas elle aussi s’inventer – nouvelle
salle, nouveau format ? Non. On n’aime pas le changement, le
connu ça rassure, même si ce n’est pas « top », on continue !
A.B.
26 / MODE / PARCEQUE#3
Short-Story
Le temps est de plus en plus clément,
les bras se dénudent et le soleil ramène
du monde au balcon. Nos jambes ne
sont pas en reste puisque épilées ou
pas, masculines ou non elles ont aussi
droit à minimum de fraicheur. C’est aux
hommes que je lance un appel, si nos
t-shirts nous rendent parfois bien des
services, le short demeure notre allié de
l’été. Faut-il encore bien le choisir. Sujet
bien souvent traité, décrié et hué il est
aujourd’hui indispensable de bien cerner
la panoplie « short et Cie » et c’est en
vous prenant par la main, messieurs et
pour le plus grand plaisir des dames que
je m’apprête à jeter un court pavé dans
la marre ! Suivez le guide.
Texte : Rémi Meunier // Illustration : Léa C.Bouvet
L’heure est grave. Nous avons pu constater 30° en plein mois
d’avril. WTF ? Bon ok, les tornades par ici, les tsunamis par
là, le réchauffement climatique etc. Je peine à croire que ces
30°C veille de Pâques sont dus à tout ça ! Remercions plutôt
un charmant anticyclone qui nous a plutôt arrangé la mise.
Certains et certaines on pu profiter du temps pour griller
au soleil, pique-niquer sur des quais bondés style Bombay,
tremper leur pieds encore témoins des crevasses hivernales
(j’exagère) dans quelque fontaines du pays, se ronger les
ongles dans les allées des Tuileries en scrutant ces touristes
japonais avides d’air pur et de soleil naissant et persistant.
Mais cette poussée estivale et soudaine nous a surtout mis
au pied du mur : beau temps = chaleur, sueur, envie de frai-
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / MODE / SHORT-STORY / 15
cheur, ventilateur, brumisateur et j’en passe. C’est alors que
chacun d’entre nous a rangé son manteau de laine : l’hiver
ayant capitulé il est temps de sortir nos vêtements estivaux,
chapeaux, lunettes et tout le tralala.
Néanmoins, même si l’odeur du sable chaud ne va pas tarder
à titiller les narines des plus chanceux (voire autre chose) j’aimerais rectifier certains points. J’en vois déjà certains prêts
à me sauter à la gorge en me traitant de dictateur fashion.
Mais mettez votre égo de côté et lisez attentivement ce qui
suit. J’ai pu constater des choses, qui auraient dû rester au
fin fond de vos songes hivernaux, des choses que même le
retour du soleil ne peux pas accepter. C’est un cri d’alarme
que j’ai envie de pousser un grand « STOP » dédié à tous ces
faux-pas que certains peuvent faire dès qu’un rayon de soleil
berce la ville. Dans ma ligne de mire, il y a plusieurs choses à
éradiquer. Je sais, j’y vais fort.
Mes prochains mots s’adressent à vous, messieurs, mes
amis, à qui, lisant ma rubrique avec amusement et frivolité, il
arrive néanmoins, par des températures affolantes de ne pas
savoir quoi vous mettre sur le dos, quelle longueur de short il
faut adopter... ou s’il faut adopter un short en fait. Le dilemme
de la chaussures/chaussette, la chaussure sans chaussette,
la chaussette sans chaussure… Tant de questions qui restent sans réponses.
C’est en fait très simple, nous, les hommes nous avons droit
au short en ville, mais je pense qu’il est nécessaire de garder une certaine retenue face à ce dernier. N’oublions pas
que nous ne sommes guère en bord de plage à manger des
glaces qui dégoulinent sur nos t-shirt et donc, le short en ville
ne doit pas paraître « Estivalotouristicocamping ». L’idéal : le
short en jean, je dirais même plus le bermuda, celui qui arrive juste au-dessus du genou, stylisé par un ourlet négligé.
On le porte « à la cool » avec un simple t-shirt col rond, col
bateau ou bénitier, on évite le col V qui risque de nous donner un côté trop « kikou lol » et tout bijou superflu. Le short
se suffit à lui-même. Pour ce qu’il est des chaussures, c’est
tout aussi simple ! Plusieurs choix s’offrent à nous. Privilégiez
la chaussure bateau, la petite basket basse, style Vans ou
Converse bien usée, ou encore les mocassins, mais pas trop
« Nappy » du 16e. On évite aussi le nu-pied façon Quechua ou
les espèces de chaussures ouvertes en cuir style Gladiateur
faussement « fashion ». Si l’envie vous en dit, je suis d’avis
d’essayer la basket montante, type Converse toujours, ou des
Nike Blazer de couleur vintage. Et oui, il faut ABSOLUMENT
mettre des chaussettes dans ses chaussures. Ce qui nous
évitera de chopper mycoses ou autres verrues et impuretés
dues à la chaude macération de la transpiration dans nos
baskets plus si cool que ça ! Et puis ça nous évitera surtout
les odeurs peu chaleureuses. Optez pour des chaussettes
courtes ou des « protège-pieds » (ces mini chaussettes bien
serviables qui protègent la voûte plantaire et passent inaperçues). Cependant on peut, avec parcimonie, tenter la socquette de couleur sobre et bien placée qui donnera un côté
décalé à votre tenue estivale.
C’est la seule solution que je peux vous proposer. Il n’y en a
pas des milliers puisque le short plus bas que le genou c’est
panoplie Papi : nu-pieds, chaussettes et gourde à la main, et
que le short trop court c’est panoplie Poppy : mèche dans
le vent, démarche de starlette et sac à main (on est loin des
lettres de noblesse masculine) !
Mais surtout quoi qu’il puisse se passer on évite absolument,
même sous la torture la plus extrême de mettre des TONGS.
La tong en ville est strictement interdite. De n’importe quelle
matière qu’elle soit, la tong ne peut fouler l’asphalte citadin.
C’est d’abord une question de style mais aussi une question
de sécurité hygiénique. Franchement, avec quoi va la tong
? Et je ne vous parle pas des claquettes FILA ! Donc la tong
reste à la maison, on peut l’emmener en vacances puisqu’elle
dépanne quand même au bord de la page (et encore). Même
si vos doigts de pieds sont fabuleux, je vous assure que la
tong n’est pas le bon moyen d’avoir du style en ville.
Mesdames, généralement vous faites preuve de sans fautes
(excepté parfois les mauvaises longueurs de jupes et autres
t-shirt ou short bien trop étriqués), les pieds d’une femme
sont toujours plus séduisants que ceux des hommes, les nupieds sont donc, pour vous, les bienvenus. Une envie de
m’adresser à la gent masculine aujourd’hui, je pense que
nous avons aussi le droit d’avoir du style en ayant chaud.
Dieu sait que je mets ma fierté masculine de côté mais franchement, si les hommes pouvaient porter de grandes robes
fluides ça nous éviterait d’avoir les bonbons qui collent tout
en gardant le sourire ! Une idée comme les autres, à ne pas
suivre au pied de la lettre messieurs !
R.M.
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / ON TESTE POUR VOUS / 31
I love P.A.T.
C’est en dégustant une tartine de beurre de cacahuète recouverte d’une fine couche de
miel que je me suis demandé ce que mettaient les autres personnes sur leurs tartines.
Je suis alors parti en quête avec mon acolyte Miss P. (Poulette pour les intimes) des
pâtes à tartiner (PAT) existant de par le monde !
Texte : Mister Fly & Coline Poulette // Illustration : Tristan Domenjus
Nous en avons sélectionné une dizaine dont nous allons vous
faire la présentation si vous ne les connaissez pas encore,
et vous donner notre avis, totalement subjectif, sur celles-ci.
Nous avons commencé par quelque chose de curieux :
•Pâte de Cajou (Côte d’Ivoire) –Ethiquable
Il ne faut pas se laisser démonter par la couche d‘un centimètre d’huile qui surnage le mélange et se lancer ! Pour
tartiner sur du pain on a connu mieux, la consistance est
très épaisse et peu engageante, voire même fade. Mais il
faut admettre que le parfum de noix de cajou est bien là et
délicieux. Personnellement je le recommanderais en cuisine,
par exemple en remplacement de la cacahuète dans un mafé
si on n’aime pas celle-ci.
Note Globale : Sans plus
•Beurre de cacahuète –Skippy Smooth
Onctueux, il fond en bouche, contrairement a ses concurrents
d’autres marques qui ont plus tendance a étouffer, bien que
ça reste du beurre de cacahuète, donc ça colle. On appréciera néanmoins ses arômes qui se dégagent quand on en
laisse fondre une noisette sur la langue. Délectable !
Note Globale : Miam
•Beurre de cacahuète –Skippy Crunchy
C’est l’homologue du précédent dans sa version croquante.
C'est-à-dire qu’il est rempli d’éclats de cacahuète qui craquent sous la dent. Etrangement on le préfèrera a la petite
cuillère ou tartiné sur un prince au chocolat.
Note Globale : Miam
•Speculoos Normal
Il y a peu c’était une trouvaille ! Maintenant on en tartine de
façon blasée et l’on s’étonne de découvrir des personnes qui
ne le connaissent pas. Mais il reste tout de même une sacrée
trouvaille ! On retrouve dans sa texture
la sensation de poudre de biscuits
dont il est fait. Délicieux sur
des princes vanille ou plus
simplement sur du pain
brioché.
•Fluff
Mais quelle est cette chose ?!! Tout droit sortit des States
cette PAT aux marshmallows est … étonnante. Une texture
incroyable, collante, mousseuse, extrêmement sucrée. Le
Fluff est magnifiquement écoeurant ! Avis aux
amateurs de sensations culinaires
extrêmes ! Et sinon s’il vous
manque un peu de mastic
pour colmater des trous
ça peut toujours être
utile.
Note Globale : 1
Miam pour l’originalité
•Fluff fraise
Le même en
pire ? Un goût
de dentifrice
pour enfants
mélangé
à
du carambar
chimique, le tout
avec une couleur
de chair rose. Si
vous voulez faire
fuir un ami un peu trop
pot de colle, proposez-lui
une tartine. Effet garanti et
testé !
Note Globale : Miam
•Speculoos
Crunchy
Et oui ça existe
! Ahaha !!! Les
blasés n’ont qu’a
bien se tenir !
Après dégustation, on est arrivé a
une conclusion commune : la meilleure façon de le déguster c’est
directement a la petite cuillère
dans le pot. C’est de la purée
croustillante de Speculoos, avis aux fans du
biscuit, faites le plein !
Note Globale : MiamMiamMiamMiam
•Tartinade D’érable
Là on commence a sortir des sentiers battus. Composition
100% sirop d’érable. C’est en fait du sirop d’érable cristallisé comme le miel. « Pire qu’une tuerie » selon Miss P. On sent
ses petits cristaux fondre sur la langue et un parfum puissant
nous envahir ! Danger : Addictif ! Seul bémol, le prix… Vu
que c’est de l’import, ils se font plaisir les bougres !
Note Globale : Miam x Coeur
Note Globale : 1 Beurk pour l’efficacité répulsive
•Marmite
Mais qu’est-ce donc ? Tout droit sorti de l’Angleterre, la marmite est une PAT salée a base de levure de bière fermentée,
riche en vitamine B1. Elle possède quelques homologues :
la Vegemite en Australie et Nouvelle Zélande, le Cenovis en
Suisse, la Promite aux Etats Unis. À l’odeur on retrouve le
parfum du Viandox et de la levure. Au goût, soit on adore
soit on déteste, mais il n’y a pas d’intermédiaire possible.
Ce fut d’ailleurs le sloggan d’une campagne de pub (love it/
hate it) . À vous de vous faire votre idée. « Moi j’aime bien
» pour ma part, « c’est la pire chose au monde » pour Miss
P. Ne pas oublier l’apport en acides aminés essentiels plutôt
important.
Note Globale : 2 Miams pour moi, 10 Beurks Pour Mis P
•Salidou
Ou plus simplement appelé caramel au beurre salé à tartiner.
C’est une spécialité bretonne qui mérite d’être connue. Selon
la marque, les textures varient légèrement, mais le goût reste
très similaire, c'est-à-dire un délicieux parfum de caramel
fondant et de sel de Guérande. Le summum du plaisir est de
le déguster sur une tartine de beurre salé ave des cristaux
de sel, le fondant du beurre se liant merveilleusement au caramel. « Une tuerie ».
Note Globale : MiamMiamMiam
•Ganou
Et on finit sur une touche magique. La petite perle française,
le Ganou. Nom subtilement trouvé du verlan de nougat. C’est
une PAT au nougat de Montélimar (47% de nougat) distribuée par Chabert et Guillot S.A. que l’on ne trouve que sur
l’aire d’autoroute de Montélimar ou par correspondance sur
http://www.nougat-chabert-guillot.com
À la dégustation, on est charmé par cette certitude de manger du nougat, tant au niveau du parfum que du goût. On
peut très bien sentir les petits morceaux d’amande finement
broyés et le miel fondant se diffusant agréablement dans tous
le palais et remontant aux narines. On l’appréciera seul, tartiné sur toutes sortes de choses, ou accompagné d’une bière
au nougat.
Note Globale : The MIAM
Comme vous avez pu le constater, notre système de notes est
foir... euh... approximatif. Voici donc un petit récapitulatif des
pâtes à tartiner qui nous ont le plus touchés :
1/ Ganou : indubitablement la merveille de nos contrées
2/ Erable : le canada n’a pas a rougir de ses tartines, elles
sont aussi bien remplies que des pancakes !
3/ Speculoos Crunchy : La tartinade Belge par excellence
4/ Salidou : La seconde merveille de nos contrées, mais bien
plus connue et appréciée.
Sur ce, nous vous laissons à vos commandes de douceurs,
et à vos tartines !
M.F. & C.P.
32 / ARTS / PARCEQUE#3
A l’intérieur du grand monolithe noir qui loge les créations de la Compagnie 14:20,
les corps n’obéissent plus aux lois terrestres. Pendant que les danseuses lévitent, les
ombres acquièrent une existence autonome, et les balles de jonglage suspendent leur
vol. Huit années à peine après sa fondation, le courant de la magie nouvelle est parvenu à imposer un nouveau langage artistique. Rencontre avec Raphaël Navarro de la
Compagnie 14:20, initiateur d’un mouvement qui rassemble aujourd’hui plus de trente
compagnies.
Texte : Augustin Fontanier pour l’Intermède // Illustrations : Anne Laeuffer
La scène est plongée dans le noir absolu. Souple et musclé,
le mouvement du corps s’inscrirait dans l’espace.
le corps solitaire de la danseuse Fatou Traoré apparaît sur le
Un nouveau langage
plateau. Elle s’incline, se laisse tomber sur le sol comme un
félin, puis se redresse aussitôt et entame ses premiers pas
Raphaël Navarro et Clément Dubailleul ont depuis longde danse. A part la dextérité de la jeune femme, rien de bien
temps compris le potentiel artistique et poétique des arts
surprenant. Rien, si ce n’est que son corps laisse curieusemagiques, resté relativement inexploité : «Ce qui manquait
ment des traces dans l’air. On ne rêve pas : l’enchaînement
jusque-là, c’est une démarche qui prenne la magie comme
des mouvements imprime une série d’ombres blanches qui
langage artistique à part entière.» Ce à quoi ils tentent de
se maintiennent dans le vide. La course s’arrête. Les emremédier, avec les créations des compagnies de magie noupreintes fantômatiques s’estompent mollement, avant de
velle. La discipline constitue un langage artistique propre qui
disparaître tout à fait. Mais pas pour longtemps, car cette
insuffle sa force aux arts du spectacle comme aux arts tradifois-ci la danseuse se dédouble une fois, puis une deuxième,
tionnels. Dans la création Faust, que la compagnie l’Elan bleu
et ainsi de suite pour que finalement s’amorce une danse à
présentait l’année dernière, la scène du viol de
six entre les silhouettes qui se croisent et se
Marguerite par le jeune Faust se transforme en
mêlent. Eveiller l’esprit à une nouvelle expé- « Pour ce peuple à une séquence où les deux corps se superporience, esthétique et spirituelle : voici le coeur la pensée animiste, sent dans l’espace, pris dans une transe qui les
de la démarche de la compagnie normande, chaque geste laisse unit dans le feu du désir. C’est cette puissance
fondée en 2002 par Raphaël Navarro et Cléune trace dans l’es- et cette recherche permanente de l’esthétique
ment Dubailleul. Les quatre solos de vingt midans les mises en scène de magie nouvelle qui
nutes de leur dernier spectacle Vibrations ont pace et, après la a incité Jean-Paul Gaultier à confier à la Compamort, l’âme du défunt gnie 14:20 la scénographie de l’exposition de
fait exploser les frontières du réel.
dispose de sept jours sa collection au Musée de la Mode en 2007.
Si Raphaël Navarro refuse l’étiquette de fon-
pour revenir sur son
dateur et lui préfère le nom de «rassembleur»,
Car la magie nouvelle ne se cantonne pas aux
il a pourtant initié avec son confrère Dubailleul passage et reprendre planches du théâtre ou à la piste des cirques.
un mouvement qui a révolutionné la pratique ce qu’il a laissé »
C’est le sens des dispositifs «hors-scène» imamagique au cours des dernières années. A
ginés par la Compagnie 14:20. Ainsi des costumes de Jeanl’origine, il y a une amitié : celle de deux copains de lycée forPaul Gaultier. Balayées par des lumières bleutées, flottant à
més dans les arts du spectacle avec l’ethnologue Valentine
trente centimètres du sol, les robes du couturier s’animent
Losseau, qui vit parmi les Mayas Lacandons dans les forêts
de couleurs et laissent apparaître par jeu de transparence
mexicaines au sud du pays. Pour ce peuple à la pensée aniles formes des mannequins. On peut encore citer le travail
miste, chaque geste laisse une trace dans l’espace et, après
effectué pour la Maison Pierre Corneille à Rouen, pendant
la mort, l’âme du défunt dispose de sept jours pour revenir
l’été 2006 : sur le modèle de la maison hantée, la Compagnie
sur son passage et reprendre ce qu’il a laissé. Un rapport au
truffe l’édifice de dispositifs visuels, sonores et olfactifs qui
monde qui inspire le travail du trio. En se fondant sur cette
suivent le visiteur à la trace. Il faut dire que le regard de la
ontologie, la Compagnie 14:20 imagine une chorégraphie où
La Magie
d'Aujourd’hui
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / ARTS / LA MAGIE NOUVELLE / 35
statue du tragédien dans la grande salle a fait perdre la tête
aux comédiens. Au sens propre. Mais pas question pour autant de faire de la magie nouvelle un phénomène à la mode
et éphémère, hors du cercle des arts magiques. Dès Solo S,
son premier spectacle présenté en 2004, où l’équipe jongle
sur un texte original de Michel Butor, la Compagnie 14:20 fait
le grand écart. Entre littérature et art de la rue, le travail du
trio n’entend pas se cloisonner à une définition limitée de la
magie.
Chapeau claque et gants de soie
Les disciples de la magie nouvelle ne renient pas, loin s’en
faut, leurs origines. Davantage qu’en termes de rupture, le
courant se pense en continuité avec les formes séculaires de
la pratique magique. «Les gens ont tendance à réduire d’emblée la magie à l’illusionnisme et à la prestidigitation», regrette le co-fondateur de la Compagnie 14:20. Car la magie a
une longue histoire, qui commence au moins au IIIe millénaire
avant Jésus-Christ, lorsque l’égyptien Dedi utilise des cobras
frappés de catalepsie pour reproduire le miracle de Moïse.
Sans parler de la magie religieuse vieille comme le monde,
les hommes développent rapidement une magie rituelle qui
repose sur le postulat d’une connaissance du monde accessible par celui qui sait, et qui peut ainsi, sur le fondement de
ces lois, modifier le monde à sa guise. «En fait, le raisonnement de fond de la magie rituelle est le même que celui de
la science, même si on a tendance à s’arrêter à l’opposition
de forme, explique Raphaël Navarro. Il s’agit de connaître le
monde pour agir dessus.» Sorciers, chamans et rebouteux en
sont les interprètes privilégiés.
La magie que nous connaissons, avec ses tours de cartes et
ses lapins blancs, ne naît qu’au XIXe siècle. Horloger français
féru de science, Jean-Eugène Robert-Houdin crée le Théâtre
des soirées fantastiques en 1845. «Le théâtre devient le lieu
privilégié où se pratique la magie. Le magicien joue son rôle
comme un acteur. Le costume qui nous paraît aujourd’hui
si pittoresque avec haut-de-forme et gants blancs correspond en fait à la manière dont s’habillaient les bourgeois de
l’époque lorsqu’ils venaient assister à son spectacle.» Loin
du sorcier de la magie rituelle, le magicien des temps modernes ne prétend plus accéder à une réalité supérieure seuls comptent désormais son savoir-faire et sa technique.
Et pour tout reliquat d’une spiritualité lointaine, des décors
exotiques en carton pâte dépaysent le client des music-halls
qui fleurissent alors dans les capitales européennes.
Et pourtant, la croyance magique ne disparaît pas tout à fait.
«Ces formes de magie sont facilement distinguables mais, en
même temps, elles sont poreuses. Elles partagent notamment une même position vis-à-vis du monde, dans la pensée
d’un surréel possible et l’idée d’une action sur la réalité.»
Déjà, dans l’Antiquité, les magiciens ne répugnent pas aux
trucages et autres effets de manche pour aviver la ferveur
lequel l’esprit est amené à entrevoir la possibilité d’un monde
des fidèles. Quant à la magie-spectacle, elle n’a jamais comaux lois différentes du nôtre. Titillé sans relâche par les maplètement rompu avec la pensée magique, surtout depuis
giciens facétieux, le regard ne trouve jamais le repos penle succès des magiciens comme David Blaine ou l’Israélien
dant les spectacles de magie nouvelle : il doit bien admettre
Uri Geller, qui ont placé le mentalisme au premier plan de
l’improbable partie de poker qui se joue à la verticale entre
leur pratique. Ce positionnement commun du magicien par
les trois larrons de la Compagnie décalée (Living !, 2006).
Et le subtil tour de force accompli par la magie nouvelle est
rapport à la réalité constitue le fondement de toute pratique
de garder le spectateur dans un entre-deux adroit qui ne
magique. «Encore aujourd’hui, dans la narration moderne du
laisse jamais disparaître le sens du spectacle
tour de magie, intervient toujours une justification magique, qu’elle prenne la forme d’un « Toute la philosophie derrière la prouesse technique.
souffle ou d’une formule.» Dans une sorte de de la magie nouvelle
double discours plus ou moins explicite, le réside dans cet acte Au-delà du ludique, par-delà même l’esthémagicien moderne, dont la pratique est avant par lequel l’esprit est tique, du politique ! Parce qu’il a pris conscience
tout technique, doit mettre en scène l’action amené à entrevoir la des potentitalités que recèle la magie nouvelle,
le mentaliste Thierry Collet (Compagnie Phad’une force mystérieuse.
possibilité d’un monde lène) en a fait le moteur de son art : «De par
La psychologie des foules
aux lois différentes du sa pratique même, le magicien est celui qui
s’interroge le plus sur les divers paramètres
A la manière du mage dont la fonction sociale nôtre »
influençant le jugement des gens, qui colorent leur pensée et
était de faire apparaître les forces invisibles qui régissent
leurs perceptions. En ce sens, le terme ‘influences’ renvoie
le monde sans que nous en ayons conscience, le magicien
aussi à la manipulation mentale, au politique, à la propareprend depuis quelques années son rôle de passeur vers
gande.» Actuellement en tournée, le spectacle Influences acune autre réalité. Déboîtant, par le réalisme même de ses
cueille les visiteurs dans un bureau de vote. Et en un tour de
artifices, l’esprit de l’ornière où il paresse habituellement, le
main, Thierry Collet fait sauter avec souplesse les certitudes
geste magique dégage un espace de liberté où l’imagination
établies de ses concitoyens. Mentalisme et tours de passeet la pensée du spectateur se meuvent sans entraves. Toute
passe pour une mise à nu déconcertante des mécanismes
la philosophie de la magie nouvelle réside dans cet acte par
par lesquels publicitaires et politiques de tous bords influent
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / ARTS / LA MAGIE NOUVELLE /37
sur nos décisions les plus intimes. Et pour les opiniâtres qui
ne seraient toujours pas convaincus, l’univers orwellien de la
compagnie Pentimento enfonce le clou avec Manipulations,
ou comment se brouille l’univers quotidien et rassurant d’un
petit fonctionnaire rigoureux. Par le travail de ces compagnies, la magie retrouve cette fonction subversive de renversement des évidences, qui n’était pas pour peu dans l’acharnement avec lequel l’Inquisition a réprimé les praticiens du
genre jusqu’au XIXe siècle.
Equilibrismes
Bien qu’ils utilisent un matériel de pointe - logiciels, caméras
numériques... -, les magiciens de la magie nouvelle veillent
à en rendre l’effet le plus subtil possible. Face à la course
aux armements qui s’est engagée entre les artistes depuis
une trentaine d’années, la magie nouvelle restaure ce qui
est sans doute le coeur de la discipline : le sentiment du magique. «Pour la séquence du vol par exemple, où Fatou Traoré
s’élève légèrement au dessus du sol, on a utilisé les mêmes
techniques que David Copperfield, mais avec parcimonie pour
éviter de faire quelque chose de trop incroyable. Et ce qui
nous permet d’obtenir un effet beaucoup plus ‘magique’.»
Dans une logique de refus de la surenchère, le décrochage
avec le réel reste toujours à la limite. Résultat : la salle reste
plongée dans un entre-deux propice au doux frissonnement
du mystère. Il y a un charme dans cette démarche qui rappelle la sensation ressentie à la vue de King-Kong ou des
Méliès, à l’époque des trucages, avant que la machinerie hollywoodienne n’impose les effets ultra-réalistes. Ainsi, chaque
spectacle de magie nouvelle est un numéro d’équilibriste :
«Parfois il suffirait d’un seul rang de spectateurs en plus, et
tout serait foutu.» Rien de plus important pour le magicien,
donc, que de saisir ce que voit et ne voit pas le spectateur.
Car l’art de la magie, c’est avant tout un jeu sur les limites des
moyens humains d’accès au réel. «Ce qui est intéressant avec
des outils comme la caméra numérique, c’est justement qu’ils
nous permettent de transmettre de l’information dans l’invisible. Notre matériau, c’est le réel, comme l’est le mouvement
pour la danse ou les formes et les couleurs pour la peinture.
Le réel est bien sûr abordé par tous les langages artistiques,
mais jamais comme langage premier.»
Depuis le début du mouvement, une trentaine de compagnies
a rejoint les deux initiateurs, et une formation aux arts magiques a vu le jour au sein du Centre National des Arts du
Cirque (CNAC) en 2005. Mais pas question, prévient Raphaël
Navarro, de rejeter la magie moderne telle que la pratique
traditionnellement la communauté des magiciens : «Il n’y a
pas de concurrence entre la magie nouvelle et moderne. Moi,
mon combat, ça n’est pas la magie nouvelle, c’est la magie
tout court.» Témoin, l’engagement commun des magiciens de
tous les courants pour faire reconnaître leur pratique comme
un art à part entière. «Quand on regarde l’histoire de l’art,
reprend-il, on s’aperçoit que l’émergence des nouveaux courants ne fait pas toujours de l’ombre à ceux qui les ont précédés. Les cirques traditionnels comme Grüss et Pinder qui dépérissaient depuis les années 1930 ne se sont jamais aussi
bien portés que depuis qu’est apparu le nouveau cirque.»
Gageons que la magie connaîtra le même destin.
A.F.
Prochains spectacles de la Compagnie 14:20
ECFM - Canteleu (76)
12 avril à 10h et à 14h30
13 avril à 14h30
Extrait de Vibrations (solo interprété par Fatou Traoré)
1er et 2 avril au casino de Forges-les-Eaux (76)
À paraître :
Manifeste de la Magie nouvelle, par Raphaël Navarro et Clément Dubailleul, courant 2011.
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / ARTS / 39
Culture classique et
Homosexualite
Présente de tous temps dans le contextes
historiques les plus renommés, l’homosexualité est progressivement devenue
pour les consciences occidentales la
marque d’une décadence, associée à
la chute des grands empires et à une
perversion morale venue « d’ailleurs »,
de cet orient fantasmé, pour atteindre
l’apogée de son rejet au XIXe siècle.
Pourtant, dès l’Antiquité, elle fit partie
des légendes collectives, de la littérature
et des croyances, au point que les modernes ne purent nier cet héritage, et le
développèrent en l’adaptant aux mœurs
contemporaines.
Texte : Margaux Perez // Illustrations : Marius Guiet
Quand l’idée d’un numéro consacré à l’homophobie fut évoquée, je me suis interrogée sur ma légitimité à me prononcer
sur un sujet par lequel je n’étais pas concernée, étant hétérosexuelle de nature, et comme nous tous moulée à l’image
d’une société profondément axée sur les relations hommefemme et les valeurs de la famille traditionnelle. Et puis j’ai
réalisé combien j’étais entourée, à travers l’art et la littérature,
de véritables figures tutélaires de la culture homosexuelle, et
ce presque malgré moi. Il s’agira donc d’évoquer l’imagerie
classique de l’homosexualité, c’est-à-dire le traitement visuel
de mythes devenus des références pour cette communauté.
La mythologie, pour partir des origines de la civilisation,
compose à travers les amours des dieux un répertoire de
délicates figures d’éphèbes soumises aux volontés des puis-
sants. Connue principalement grâce aux Métamorphoses
d’Ovide, elle a donné naissance aux plus anciens archétypes
de couples homosexuels. Jupiter, principal dieu de l’Olympe,
partage avec Apollon un penchant pour les jeunes garçons,
attirance qui coûtera souvent la vie à ces derniers. On ne
compte cependant parmi les dizaines de récits amoureux que
quelques récits homosexuels. Encore, ceux-ci s’incluent dans
la morale grecque de l’amour éphébique, seules relations
homosexuelles cautionnées par la société romaine. En effet,
Ovide étant un auteur latin, même s’il s’inspirait de récits
grecs, vivait dans un contexte moral dans lequel ces relations
n’étaient légales qui si elles concernaient deux très jeunes
hommes découvrant la sexualité ou un homme mûr et un
éphèbe, la passivité de ce dernier étant néanmoins condamnable. Les amants d’Apollon furent Hyacinthe et Cyparisse. Le
premier fut tué par le dieu alors qu’ils s’entraînaient au lancer de disque. Selon certaines légendes, Zéphyr, dieu du
vent, serait à l’origine de l’accident, en ayant cherché à se
venger du jeune homme qui l’avait éconduit. Abattu par le
chagrin, Apollon transforma le sang s’écoulant de la tête de
son amant défunt en la fleur qui porte son nom. Tout aussi
tragique est le destin de Cyparisse, dont la grande beauté
était réputée. Cyparisse avait pour compagnon un cerf, qu’il
tua par mégarde tandis qu’il lançait un javelot. Touché par la
douleur et les remords de son amant, qui souhaitait verser
des larmes éternelles, Apollon le transforma en Cyprès, arbre
persistant. On pourrait encore se pencher sur les Poséidon
et Pélops, devenu échanson des dieux, ou l’amour provoqué
par Milétos, fils d’Apollon, sur Minos et ses frères Sarpédon
et Radamanthe.
Point d’amours heureuses, donc, chez les puissants, dont
les aventures furent amplement représentées par l’Histoire
de l’Art. Pourquoi voit-on ces mythes servir d’iconographie
de prédilection à toute époque, même dans les contextes
les plus fondamentalement religieux (pensons notamment
aux décors des palais papaux et cardinaux)? Il s’agissait de
pouvoir confronter deux physionomies, mûre et juvénile, dans
une démonstration de talent pictural. La finesse de l’exécu-
40 / ARTS / CULTURE CLASSIQUE ET HOMOSEXUALITÉ / PARCEQUE#3
tion apportait un crédit à l’iconographie, et la fin tragique
de ces épisodes suffisait à ériger ceux-ci en contre-exemples
d’une bonne conduite. Ainsi, on arrivait à une combinaison
parfaite de la morale chrétienne, de l’amour de l’antique, qui
avait pris possession de l’Europe dès les années 1350, et
de la plus grande qualité picturale. Mais n’oublions pas que
l’antiquité romaine savait rire de ses défauts, et qu’en pendant à ces récits d’amours contrariés, on trouvait dans la
Rome impériale un courant théâtral picaresque qui tournait
en dérision ceux qu’on accusait de participer à la décadence.
Le Satiricon de Pétrone en est l’exemple le plus populaire,
qui met en scène les tribulations risibles d’Encolpe, Ascylte
et Giton, le nom de ce dernier étant passé dans le vocabulaire courant. Mais, là encore, cette tradition était née chez
les Grecs, et avait connu son apogée avec les comédies
caustiques d’Aristophane… on aperçoit l’influence immense
qu’eut cette civilisation sur les premiers temps d’une culture
homosexuelle.
L’Histoire ancienne elle aussi connut de beaux récits de cet
ordre, qui inspirèrent le monde moderne. On admira l’empereur Hadrien en tous temps, sans que son amour pour l’esclave bithynien Antinoüs ne fasse ombrage à se renommée
à travers les siècles. Lorsque celui-ci se noya dans le Nil,
l’empereur le fit diviniser, et fit réaliser des centaines d’effigies à son image, dont la beauté troublante s’admire encore
dans nos plus grands musées. Sapho, la poétesse de l’île de
Lesbos, et qui donna son nom à l’amour saphique, connut un
grand succès dans l’Occident moderne avec son Ode à Aphrodite, notamment auprès de Ronsard et Boileau. Baudelaire
lui-même évoque les femmes de Mytilène dans son poème
Lesbos…
La religion elle-même offre des figures tutélaires de l’imagerie homosexuelle. Saint Sébastien est l’incarnation du soldat
romain, jeune et fort, présenté à peine vêtu et offert à ses
bourreaux. Cette posture iconographique mettant en valeur
le corps masculin a particulièrement intéressé les artistes,
qui en ont fait un sujet de prédilection. Certaines de ces
œuvres ont plus particulièrement marqué l’imagerie homosexuelle, depuis Guido Reni, dont la toile conservée à Gênes
fut admirée par Wilde, à Mantegna, dont le nu musculeux se
trouve au Louvre. En 1987, Pierre et Gilles lui consacraient
un cliché, cherchant ainsi à s’inscrire dans la tradition picturale de la Renaissance.
D’autres saints donnèrent lieu à des représentations entachées d’homo-érotisme, tels que Saint Jean Baptiste (pensons à celui de Léonard de Vinci, au Louvre, dont l’androgynie a souvent été rapprochée de l’inclination sexuelle de
l’artiste), ou les archanges Michel, Gabriel et Raphael, supposément asexués. Quant il ne s’agit pas du versant opposé
de cette notion, en la personne de Jeanne d’Arc…
Le roman moderne reprit ces images et en fit naître de nouvelles. Dans un XIXe siècle où l’homosexualité était encore un
fait condamnable dans de nombreux pays d’Europe, il était
malaisé d’en parler ouvertement. De fait, parmi les couples
modernes de la littérature, on note une volonté de dissimulation : Après le XVIIIe siècle et les escapades libertines de
Sade et de Rétif de la Bretonne (pensons notamment au
couple de Gaudet et Edmond dans La Paysanne pervertie),
le XIXe siècle rationnel condamne ce qu’il considère être une
déviance injustifiable. L’écrivain doit donc masquer ces inclinations : dans le Portrait de Dorian Gray, d’Oscar Wilde, le
jeune héros est au centre de deux amours platoniques. Celui,
innocent, du peintre Basil Hallward subjugué par la beauté
de son modèle, puis celui d’Henry Wotton, manipulateur de
conscience et figure tentatrice. Ces attractions apparaissent
en filigrane, et c’est d’une jeune fille que Dorian s’éprend
finalement, sauvant la morale du roman. Théophile Gautier
se sert de l’artifice du travestissement pour une allusion appuyée dans Mademoiselle de Maupin. Chez Honoré de Balzac, Vautrin révèle sa sexualité à plusieurs reprises, dans
différents tomes de la Comédie Humaine.
Souvent, l’auteur utilise le prétexte historique pour justifier les
actes de ses personnages aux yeux du public. Ainsi, Alfred
de Musset laisse transparaitre avec subtilité les affinités de
Lorenzaccio dans la pièce du même nom. La réputation des
mœurs de la Florence renaissante où l’homosexualité masculine était commune, reconnue, et de notoriété publique parmi
le lectorat de ce début de siècle. Plus tard, Jean Lorrain utilise
ce stratagème dans la longue description du buste de cire
d’un jeune florentin par l’un des personnages de Monsieur de
Phocas. Nous lisons une description ourlée, empesée, dans
laquelle affleurent les penchants du narrateur, et de l’auteur
lui-même.
Wilde lui aussi, traitait ce sujet à travers le prisme de l’Angleterre passée dans son Portrait de Mr W.H., qu’il jugeait
alors être une représentation en miniature de l’amant de
Shakespeare. Chez Jean Lorrain, auteur de la fin du siècle appartenant au mouvement français de la Décadence, dont on
peut rapprocher l’oeuvre de celle, contemporaine, de Wilde,
on trouve une figure juvénile de prince égyptien, du nom de
Narkiss, dégoûté à la vue des femmes du désert, impudiques,
et se prélassant dans une torpeur sensuelle sous le regard
de ses gardes. C’est l’image érotique nourrie d’un Orient rêvé
qui, dans cette courte nouvelle, sert de justification à l’évocation homosexuelle.
Aujourd’hui, l’homosexualité est, si ce n’est librement représentée, du moins rendue populaire sous des formes qu’on
pourrait trouver stéréotypées (il en est ainsi des séries telles
que The L World, ou des émissions parodiques à la Queer as
Folk). La nouvelle popularité en France des mangas traitant
d’homosexualité masculine (yaoi) ou féminine (yuri) masque
le fait qu’ils attirent par la transposition des relations hétérosexuelles et sont consommés principalement par ce lectorat.
On est en droit de se demander si cette vulgarisation marque
une réelle avancée dans la reconnaissance de cette communauté.
M.P.
42 / MUSIQUE / PARCEQUE#3
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / MUSIQUE /43
Britney,
cet obscur objet du desir
Sept albums studio, deux best-of, quatre tournées mondiales, 100 millions de disques
vendus : Britney Spears se place en mastodonte de l’industrie musicale, acclamée
comme la «reine de la pop». Et son dernier album, Femme fatale, qui sort ce 29 mars
dans le monde entier, s’annonce déjà comme un nouveau succès. Il ne semble pourtant
pas que ce soient ses qualités vocales, quasi-inexistantes, ni son talent scénique, pour
le moins réduit, qui provoquent un tel engouement, et qui font que les meilleurs producteurs actuels la couronnent de joyaux pop. Comme le dit la journaliste à la fin du clip «If
U Seek Amy» : «It doesn’t make any sense, does it ?»
Texte : Bartholomé Girard pour L’Intermède// Illustrations : Carole Sertimoun
EN 2002, Britney Spears déclare vouloir «la même carrière
que Madonna, mais sans tous les hommes, les ragots et les
scandales». En octobre 2007, après plusieurs aller-retours
en hôpital psychiatrique et en cure de désintoxication, le
crâne rasé sur un coup de folie, s’enfilant plusieurs pilules
par jour pour tenter de stabiliser son poids et ses troubles
psychiques, mariée et divorcée à deux reprises - la seconde
union ayant duré 55 heures -, la chanteuse américaine de
26 ans chante «Gimme more» («donnez-m’en plus»). Et revient avec ce qui reste son album le plus abouti à ce jour
: Blackout, météorite noire trempée dans une pop-électro
acide, abrupte, rèche. Une seule prestation sur scène aux
MTV Video Music Awards - un échec cinglant, tant la chanteuse peine à exécuter le moindre pas de danse - et la promotion de l’album s’arrête quasi-net. Quelque trois millions
de copies de Blackout se seraient écoulées dans le monde.
C’est le plus faible score pour l’artiste qui aura vendu, entre
2000 et 2010, 100 millions d’albums, faisant de celle dont le
New York Daily News a dit : « si une poupée gonflable pouvait
chanter, voilà sans doute le son qu’elle produirait», la chanteuse la plus vendue de la décennie.
Anatomie du désir
De la poupée gonflable, Britney Spears a certains atours :
lèvres pulpeuses, sourire immaculé, crinière blonde et formes
généreuses servies par des pantalons taille-basse et des décolletés vertigineux. Autant d’attributs pour un objet de fan-
tasmes juché sur talons aiguilles, dont la démarche balancée
lui a valu de monter sur scène avec Michael Jackson pour
offrir un remake en live du clip «The Way You Make Me Feel»,
où le chanteur suit inlassablement une femme qui marche.
Une façon de planter sensuellement une jambe devant l’autre
qu’on retrouve dans la séquence d’ouverture de sa tournée
Onyx Hotel Tour, en 2004, quand elle descend d’un podium
en combinaison de latex noir pour rejoindre ses danseurs et
exécuter une chorégraphie virtuose. Et une grammaire gestuelle qui se traduit également par des chorégraphies dont
l’essentiel se passe dans le haut du corps, mais aussi un
passage de langue sur la lèvre supérieure à chaque «L» prononcé dans un couplet, des tours de cou à en perdre la tête
pour faire gicler les cheveux, et une cambrure appuyée. «It’s
a Britney Spears sex riot !» (riot : émeute), hurle la coach
Sue Sylvester dans la série télévisée Glee ! quand tous les
élèves du lycée perdent leurs sens en écoutant «Toxic». De
fait, durant tout l’épisode qui lui est consacré, Britney Spears
apparaît aux personnages sous la forme d’un rêve ou d’un
fantasme : même dans la fiction, elle incarne le désir inaccessible, une hyper-féminité qui agit comme une catharsis de la
propre sexualité des personnages, et provoque un déchaînement de pulsions là où sa musique résonne.
«Touch me and I come alive» («touche-moi et je prends vie»)
chante-t-elle dans «Ooh ooh baby». De façon paraphrastique
dans «Touch Of My Hand» (pour désigner la masturbation),
44 / MUSIQUE / BRITNEY, CET OBSCUR OBJET DU DÉSIR / PARCEQUE#3
métaphorique dans «Gasoline» (pour parler du sperme), en
jeu de mots dans «If You Seek Amy» (qui devient , quand
on le prononce : «F.U.C.K me») ou frontale dans «3» (qui fait
l’apologie du triolisme), Britney Spears travaille à déculpabiliser l’acte charnel. Après avoir, au début de sa carrière,
prôné l’abstinence avant le mariage, elle incarne aujourd’hui
une forme débridée de sexualité qui ne souffrirait aucun complexe, aucune retenue. L’orgie collective en sueurs du clip
«I’m A Slave For You» en 2001 a, en ce sens, marqué un
tournant dans une carrière musicale dont les textes et les
clips tournent désormais autour de deux idées centrales :
danser et / ou faire l’amour - et, si possible, en même temps.
Le geste dansé emprunte à l’érotique, et les chorégraphies
de la scène et de l’intimité s’entremêlent jusqu’à ce que
dans sa dernière tournée, le Circus tour, elle s’allonge sur
une banquette et se carresse les yeux bandés, ou qu’elle
simule un coït avec un danseur lors de son Onyx Hotel Tour
sur «Breathe On Me».
Mais s’il est un organe sexuel par excellence chez Britney
Spears, ce sont ses cordes vocales. Triturée, dématérialisée,
saturée, sa voix se métamorphose d’une piste à l’autre, tantôt
nasillarde, tantôt gutturale, parfois métallique ou au contraire
faite de soupirs successifs. De ses débuts en «bubblegum
pop» (l’album ...One More Time) puis pop (avec Oops...! I
Did It Again et Britney) jusqu’aux accents urbains d’In The
Zone, électro de Blackout et dance de Circus et Femme fatale,
les gimmicks orgasmiques se multiplient sur la bande-son.
Les onomatopées sexuelles (répétitions infinies de «ooh»,
«ah» et dérivés) sont légion sur son dernier album. Et s’il
est produit en majeure partie par Max Martin (à qui l’on doit
le lancement de sa carrière ainsi que, plus récemment, les
tubes «If You Seek Amy» et «3») et Dr. Luke («Circus», «Lace
and Leather»...), ce sont surtout les producteurs Bloodshy &
Avant qui ont révélé le potentiel érotique de Britney Spears
: en suivant le chemin tracé par The Neptunes avec «I’m A
Slave For You», ils lui ont écrit coup sur coup «Toxic», «Do
Somethin», «Freakshow», «Toy Soldier» et «Phonography», qui
sont parmi les morceaux les plus hachés et rocailleux de son
oeuvre. Couplés au travail de Nate «Danja» Hills, qui a produit
près de la moitié de Blackout, et notamment les explicites
«Gimme More», «Get Naked» ou encore «Hot As Ice», ces titres
marquent définitivement le basculement de la chanteuse dans
une pop sexuelle où la réussite d’une chanson sera fonction
du degré d’excitation provoquée.
Cette charge érotique dans la voix de Britney Spears ne tient
pas tant à sa tessiture qu’à sa façon de respirer et de débiter
les paroles de ses chansons. Chaque inspiration et expiration
porte une lascivité patente, elle use et abuse des feulements
et gémissements, et bon nombre de productions jouent sur
sa diction ciselée. Si elle n’a aucune puissance vocale, Britney Spears possède dans sa façon même de prononcer, faite
d’accélérations et de ralentis, une capacité à donner du relief aux paroles les plus plates. Max Martin et Dr. Luke, paradoxalement, n’utilisent que peu cet atout dans Femme fatale
- seuls «Gasoline» et «Selfish», savoureux compromis entre
la pop des débuts de la chanteuse et sa tendance actuelle à
l’esbrouffe électrodance, tirent leur épingle du jeu : voir comment elle malaxe «be a little selfish» ou «you’re setting me on
fire» -, cet atout qui donne pourtant toutes leurs couleurs
aux titres «Me Against The Music», «Freakshow» ou encore «Get Naked (I Got A Plan)».
Si Britney Spears a un savoir-faire, c’est celui
de placer sa voix le plus précisément possible
sur la musique, au millième de seconde près,
jusqu’à donner l’impression que c’est elle qui
guide le morceau plus que la partition qui
lui dicterait le rythme. C’est peut-être ce qui
explique la tendance croissante, depuis trois
albums, à ce que son chant ait cédé la place
à une forme de son trafiqué qui n’a plus rien
de naturel, autotuné jusqu’à la lie, qui change
du tout au tout d’un morceau à l’autre - il n’y
a pas deux chansons, sur Femme fatale, où
Britney Spears a la même voix. Celle-ci devient
un instrument parmi les instruments, une vibration sonore qu’il faut moduler pour obtenir les harmonies voulues, qui se fond et se
confond dans un déluge de réverbérations et
voice coder, ne disparaissant jamais tout à fait
mais malmenée à l’envie.
Portée disparue
Dès lors, qu’est-ce qui permet de dire que
c’est bien elle qui chante, et pas une autre ? Si
la voix est l’expression du sujet, alors que reste-t-il de Britney Spears ? Une image. Ou une ombre, plus exactement.
Celle d’une femme qui, à la veille de ses 30 ans, n’exprime
plus rien que son absence. Pendant que les autres divas de
la pop commerciale actuelle saturent le petit écran - Rihanna,
Lady GaGa et Katy Perry en tête - Britney Spears ne donne
que deux interviews à la presse écrite, prévoit trois prestations dans des émissions télévisées, annonce une tournée
du bout des lèvres. Signe que l’état de santé de la chanteuse
n’est pas bon, ou stratégie marketing ? Si c’est la rareté qui
dicte le prix, alors les apparitions de Britney Spears devien-
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / MUSIQUE / 45
nent, chacune, un événement en soi. On annonce l’arrivée
du clip de «Hold It Against Me», son nouveau single, pendant
deux semaines avec la diffusion de quatorze extraits quotidiens de six à dix secondes chacun, qui ne montrent rien
et ne servent qu’à faire monter le désir, comme des préliminaires. Avec Britney Spears, il y a la promesse permanente
de quelque chose qui va advenir, d’un spectaculaire qu’on va
bientôt toucher du bout des doigts. Le tour de force consistant à, systématiquement, décevoir les attentes tout en les
suscitant à nouveau le tour d’après. On nous promettait une
chorégraphie de haut niveau dans «Hold It Against Me» ? Britney Spears bouge à peine les bras. On nous assure qu’elle a
retrouvé sa forme physique ? Sa première prestation live, le
25 mars à Las Vegas pour un mini-concert surprise, montre
que la chanteuse paye encore le tribut de ses excès alimentaires et médicamentaux. On nous jure que Femme Fatale est
le descendant de Blackout ? La sécheresse du second a laissé place à une dance festive dans le premier qui, parce que
trop sophistiquée à certains moments, perd l’aspect baroque
qui a fait de Blackout l’un des opus les plus influents de ces
dernières années en matière de pop.
Quoi de mieux que la frustration pour nourrir l’envie ? En
érigeant en système cette dialectique du désir jamais assouvi,
Britney Spears se met dans une position ambiguë où la projection vers l’à-venir se fait en restant focalisé sur le passé
: l’impossibilité d’envisager le futur conduit au triomphe de
l’instant présent, bloqué par la mémoire. Car c’est le souvenir
d’images devenues cultes qui anime l’espoir que d’autres arriveront : que ce soit pour le fétichisme des accessoires - la
tenue d’écolière dans «Hit Me Baby One More Time», la combinaison rouge dans «Oops...! I Did It Again» ou celle pailletée et
transparente de «Toxic» - ou pour les prestations endiablées
sur scène à ses débuts, la mythologie Spears s’auto-alimente
à partir de ce qui n’est plus, comme un Michael Jackson à la
fin de sa vie. Un «comeback» perpétuel qui fait que chacun
des nouveaux albums de Britney Spears est, depuis 2004,
considéré comme un «retour» alors qu’elle n’a quasiment jamais arrêté d’être en studio ou en tournée : sept albums, 34
singles et presque autant de clips en onze ans, on a connu
moins actif. C’est depuis la période sombre de 2005-2007,
où ses déboires s’étalaient sur des kilomètres de couvertures
de magazines, que l’impression que Britney n’est jamais tout
à fait revenue domine, à la manière d’une Buffy qui, en ressuscitant, n’arrive plus à être à nouveau vivante.
Il faut entendre l’une des rares interviews radio qu’elle a
consacrée au sujet de son nouvel album à Ryan Seacrest,
où son vocabulaire semble limité à des «fun» et «cool» qui
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / MUSIQUE / 47
ponctuent chaque réponse, le reste n’étant que langage
promotionnel vide de sens : Britney Spears n’exprime plus
rien, se fait page blanche, s’efface petit à petit. La dimension
publique du personnage s’érode, pour ne devenir qu’une
surface de projection : chacun fantasme sur Britney Spears
à sa façon. En n’imposant aucune lecture, la star entretient
l’illusion d’une relation interindividuelle entre elle et ceux qui
la suivent. On ne s’identifie pas à Britney Spears, personne
ne veut être à sa place : elle ne porte aucune valeur positive, si ce n’est l’expression d’une humanité qui ne peut se
contraindre à la loi du showbusiness. Lady GaGa ou Madonna
incarnent des personnalités fortes, qui laissent peu de place
à l’improvisation, travaillant la symbolique d’un féminisme
combattant et victorieux. Au contraire, Britney Spears semble
brinquebalée par une ronde de producteurs qui ne veulent
pas manquer la possibilité de travailler avec celle qui leur
garantira plusieurs millions d’albums vendus, au détriment
du sens qu’elle peut encore trouver à ce qu’elle fait - là encore, le parallélisme avec la carrière de Michael Jackson est
troublant. «Je dois croire que je suis ici pour une raison»,
confesse-t-elle, en pleurs, lorsqu’on l’interroge en 2006 sur
le fait qu’elle poursuive sa carrière alors qu’elle est harcelée
jour et nuit par les paparazzi, au prix de sa propre santé et de
celle de son entourage. C’est là l’autre paradoxe qui nourrit
l’image de la chanteuse : quand GaGa intitule son premier
album The Fame, Spears incarne une forme de martyr de la
célébrité, crucifiée sur l’autel de la gloire. Une fille normale
dans un univers paranormal («je ne suis pas parfaite, je suis
humaine», dira-t-elle au cours de la même interview), dont
chaque nouvelle apparition donne l’impression que toute son
énergie a pour vocation de l’aider à survivre.
En réflexe défensif, c’est toute une rhétorique du double et de
l’altérité que met en scène la chanteuse : dans six de ses derniers clips, Britney Spears apparaît démultipliée, étrangère
à son propre reflet, se moquant d’elle-même (dans «Gimme
More»), créant des clones à son image (dans «Piece Of Me»),
jouant sur la dichotomie vie privée / vie publique dans «If
U Seek Amy», ou allant jusqu’à se battre avec son double
dans «Hold It Against Me», quand elle n’incarne pas plusieurs
figures de prédatrice, comme dans «Toxic» ou «Womanizer».
Autant de façons de dire qu’elle veut maintenir la distance,
qu’elle ne peut être saisie. Mais, et c’est là un nouveau paradoxe, certains textes font directement écho à sa vie : «Overprotected», qui parle de son besoin d’être indépendante ;
«Lucky», qui raconte la solitude qui accompagne la célébrité
; «My Prerogative», injonction à la laisser vivre sa vie ; «Piece
Of Me», qui met en abyme le harcèlement médiatique dont
elle est l’objet. Une façon de conjurer le mauvais sort, de
signifier que chaque heurt est un obstacle à dépasser. Une
obsession de la chute et du moment où l’on se relève qui
va se nicher jusque dans un mouvement de danse : le 25
mars, quand elle interprète «Hold It Against Me» sur scène,
elle exécute un pas qu’elle n’avait pas reproduit depuis... sa
prestation de «Gimme More», en 2007.
«Everytime I try to fly, I fall», chante-t-elle dans l’un des
derniers textes qu’elle a écrit, «Everytime», où elle évoque
le suicide. Il y a, chez Britney Spears, un retour compulsif
vers le morbide, vers la mise en danger. Un rappel perpétuel
que la fin est sans doute plus proche qu’on ne veut bien le
croire. L’impression, comme sur la pochette de l’album Circus,
qu’elle marche sur un fil duquel elle pourrait tomber à chaque
instant. Et une hyper-fragilité qui mène au divertissement
pascalien, qui se noie ici dans une sexualité surabondante,
sur-exprimée jusqu’à la caricature. Parce qu’on mourra tous,
il faut danser jusqu’à ce que le monde disparaisse («Keep on
dancing till the world ends», entonne-t-elle dans son nouveau
single «Till The Worlds Ends»). Et puis faire l’amour, encore et
encore, pour se rappeler qu’on est vivant. Mais chez Britney
Spears, la libido mise en scène en public tranche avec celle
de la vie privée, où son physique n’a rien à voir avec celui
photoshopé et maquillé de ses clips et photographies. Elle a
beau mimer des coïts à chacune de ses apparitions dansées,
Britney Spears n’aurait pas pu trouver titre plus oxymorique
que «Femme Fatale» pour son nouvel album. La femme fatale
est par essence une figure sanguine et forte. Britney Spears,
elle, oscille entre la femme privée dont le regard triste court
d’une image à l’autre - voir son dernier clip, «Hold It Against
Me», où le maquillage noir renforce l’impression de mélancolie - et la Britney Spears sur scène et papier glacé, évanescente, qui ne s’appartient plus. Comme en témoigne la fin de
la chanson «Shattered Glass», sur son album Circus, où elle
répète huit fois «glass». À chaque nouvelle occurrence, le mot
se désagrège, se casse, disparaît, pour ne plus laisser place
qu’à des «oh oh» aigüs, avant que le bruit d’un verre qui se
brise ne résonne. Il n’y a plus personne.
B.G.
48 / MUSIQUE / PARCEQUE#3
Les histoires de
Monsieur Lune
Avec son nouvel album dans les
bacs depuis le 25 avril, Monsieur Lune nous embarque une
fois de plus dans son quotidien
avec sa guitare son violon et
ses balades animées.
Attention ! Il pleut des luges...
Texte : Carole Sertimoun // Illustration : Camille Walter
Connaissez-vous Monsieur Lune ? Peut-être l’avez-vous
croisé à Paris au détour de l’Hôtel de Ville l’été dernier au
festival Indétendances?
Moi ça fait beaucoup plus longtemps que ça que je fréquente
cette bande de joyeux lurons. Cela fait longtemps qu’ils me
susurrent en concert que la vie c’est dur mais qu’il faut garder le sens de l’humour. Et c’est important de le répéter,
parce que sinon on est triste et ça n’en finit plus.
Mais ce qu’il y a de meilleur dans Monsieur Lune, ce sont les
live. Parce que Monsieur Lune vit par la scène et le contact
de son public, et c’est là qu’il donne le meilleur de lui-même.
On a un peu l’impression d’être à la maison avec des copains
qui vous racontent leurs histoires de cœur au coin du feu, ou
sous le ventilateur selon les saisons. Avec quelques blagues
de temps en temps pour pas trop plomber l’ambiance quand
les sujets deviennent difficiles….
À l’occasion de son nouvel album on a même eu droit à un
vrai clip sur la chanson Reviens pas, le "tube" entendu lors
des derniers concerts du groupe. Et si à l’écoute de l’album
« Il pleut des luges », vous avez envie de fredonner « la la la la
la la la la » en réponse à « Reviens pas ! », c’est que c’est bon.
Vous êtes contaminés. Mais rassurez-vous, vous n’aurez pas
besoin d’antibiotiques pour cette maladie-là.
Allez-y, vous risquez rien.
La la la la la la la la…
C.S.
Monsieur Lune, "Il pleut des luges"
Papa Luna productions
http://www.myspace.com/monsieurlunechante
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / MUSIQUE / 51
Un ete de
t
Un év én em en
festivals
Triste de ne pas avoir pu trainer ses boots à Coachella ce printemps,
la sensation d'avoir un peu perdu de notre mojo rock n'roll, et pour
cause, une line up de rêve, nous en mini short les cheveux dorés
par le soleil californien... le pied... enfin c'est fini et on n'y etait pas !
Alors on se console, et on s'attarde sur les autres festivals sexy de l'été.
Texte et illustration : Léa C. Bouvet
Création graphique : www.mathieudelestre.com + www.mentysdesign.com
/
Maquette : www.adgraph.fr
Espace offert par " PARCE QUE "
Le+hipster = VILLETTESONIQUE
Quand ? Àu parc de la Villette du 27 Mai au 1er Juin
Qui ? Animal Collective, Caribou, Beth Ditto, Sebastian
Le+Electro = LES SIESTES ELECTRONIQUES
Quand ? Du 23 au 26 Juin à Toulouse
On y verra Arnaud Fleurant Didier
Yael Naim • AaRON
PeteR DOheRty
MORiARty • POPOF
PAtRice • MOby
VitAlic • KlAxONs
MORcheebA
Gaëtan Roussel • CoCoon
Aloe BlACC • shaka Ponk
YodeliCe • stRomae
alPha Blondy • KATeRine
John BuTleR TRio • Iam
IsRael VIBRatIon
PuGGY • MARK RonSon
Cascadeur • Têtes Raides
les ogres de Barback
Quadricolor • Bernard lavilliers
orchestre national de Barbès
nasser • The Go! Team
Bomba estéreo • Raggasonic
Charles Bradley
Alice Russell • Keny Arkana
Seun Kuti & egypt 80 • Goose
The Bewitched hands • Syd Matters
Cold War Kids • ebony Bones…
toute la programmation
> solidays.com
Location :
Fnac, Carrefour, Géant, Magasins U, fnac.com
Virgin, ticketnet.fr, digitick.com et solidays.com
Tick’Art acceptés vendredi, samedi et dimanche
Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, du Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé, du Ministère de la Jeunesse, du Ministère des Affaires étrangères,
de la Sécurité Routière, d’Eco-Emballages, de la SACEM, de l’UCPA, de l’ADAMI et de France Galop.
Le+Déjà Vu = ROCK EN SEINE Quand et combien ? 26-27-28 aout, 109€
On y va pour les Foo fighters, les Arctic Monkeys, Cocorosie,
Anna Calvi, the Kills, les Wombats
Le+breton = FESTIVAL DES VIEILLES CHARRUES
Quand ? du 14 au 17 juillet
Combien ? 39€/ jour
Avec SNOOP et PULP le jeudi, les Foals le vendredi
et aussi Angus and Julia stone, the Shoes, Lou Reed, PJ harvey
Où ? à Carheix à 1h de Brest
Le+militant = SOLIDAYS Quand ? 24-25-26 juin
Combien ? pass 3jours à 54€
On y verra Peter Doherty, Mark Ronson, the Bewitched
Hands, Katerine, les Klaxons
Le+Mainstream = MAIN SQUARE FESTIVAL
Quand ? 1-2-3 juillet à ARRAS
Combien ? pass 3jours à 155E (camping compris)
Avec les Queen of the stone age , Arcarde fire, Coldplay,
Portishead, Limp Bizkit
Le+ Déjà Vu #2 = LES EUROCKEENNES
Où et quand ? à Belfort (en franche comté) les 1-2-3 juillet
Combien ? pass 3 jours + camping 95€
Qui ? Motorhead, Birdy Nam Nam, the Ting Tings, les Arctic
Monkeys, Katerine, the do
Le + varièt' = LES FRANCOFOLIES
Avec Nolwenn, Zaz et Christophe Maé le premier jour mais aussi
Jean Louis Aubert, Lily wood and the prick et Katerine
Quand ? Du 12 Au 16 Juillet à La Rochelle
Combien ?de 28 a 37E par jour
Le + sexy = DAYS OFF
Quand ? 30 juin eu 10 Juillet
Où ? à La Cité de la musique et à Pleyel
Pour Tame Impala, Metronomy, Cat Power et les Fleet foxes
Et à l'etranger ...
Le + « presque complet » = PALEO FESTIVAL
à Nyon en suisse
Quand? Du 19-24 juillet
Pour voir notamment les Strokes, Tame impala, Amy Winehouse, Metronomy, et eddy Mitchell (ouioui)
Sinon pour ceux qui ont soif de nouveaux horizons, PRIMAVERA SOUND en Espagne, CALVI ON THE ROCKS, SZIGET à
Budapest, THE GREAT ESCAPE à Brighton (GB), SONAR à
Barcelone, ou encore RIVER TO RIVER à New York.
L.C.B
52 / MUSIQUE / PARCEQUE#3
Une + Une = Brigitte
Depuis le temps qu’on l’attend cet album ! Maintenant qu’il est là on ne le lâchera pas
et on en profite pour repartir à la découverte de ce joli duo onirique et fantastique.
Et si vous ne les connaissez pas encore, méfiez-vous, elles vont vous rendre dingues,
dingues, dingues.
Lorsque l’on nous parle de Brigitte on a plutôt tendance à
penser à la femme d’un vieil ami de la famille. À partir de
maintenant ce prénom ne résonnera plus de la même manière, parce-que nos Brigitte à nous (oui, elles sont deux
pour le prix d’une) sont bien plus rafraîchissantes qu’un bain
de minuit en plein mois de février et bien plus talentueuses
que toutes nos tantes Brigitte réunies ! Et puis ces deux-là
ont, en plus, le mérite d’avoir rendu une chanson
de Joey Starr (Ma Benz) bien plus sensuelle
que sexuelle. Aurélie Maggiori et Sylvie
Hoarau, respectivement connues
pour leurs anciens projets musicaux, Mayane Delem d’un côté
et Vendetta de l’autre, se sont
toutes deux réunies, en 2008,
pour donner vie à Brigitte, ce
concept-duo dont le nom rend
hommage à Brigitte Bardot,
Brigitte Fontaine et Brigitte
Lahaie, entre autres, et donc
pas du tout à notre tante.
Pour notre plus grand plaisir
elles nous ont concocté un bel
album avec l’aide d’Albin de la
Simone et Camille Bazbaz, l’air
de rien... Ce précieux opus est disponible depuis le 18 Avril dernier «Et
vous, tu m’aimes ?» que l’on ne se lasse
d’écouter, de la salle de bain à la salle de gym
! Alors si ce n’est pas encore fait, courrez l’acheter.
vacances au bord de la mer » pour la BO du film Thelma,
Louise et Chantal en 2010.
On voudrait leur panache, une vie effet pellicule périmée depuis 7 ans (mais oui, ce sont celles-là que l’on préfère) dès
que la caméra tourne, mais on voudrait surtout Mark Maggiori qui leur a fait, jusque-là, trois clips sans aucune fausse
note, et on ne dit pas ça uniquement parce que c’est
le divin époux de la blondinette (oui, c’est pour
ça qu’ils portent le même nom) ni parce
qu’il était le chanteur de Pleymo, mais
bel et bien pour son talent... Que
peut-on y faire ?
On regarde « Battez-vous » en
boucle sur Youtube parce que
l’on veut la robe rouge et la
casquette sur le côté (on est
même prêtes à porter les
deux ensemble) et puis surtout parce que toutes les histoires d’amours confondues
nous font chavirer le coeur.
Du coup
On valide tout, et plus encore...
Alors arrêtez de nous demander
pourquoi on est fous d’elles parce
que, de toute façon, on vous répondra
: « Mais parce que! »
C.B.
Et puis
On aime tellement leur univers complètement décalé, les
grosses lunettes, les longues robes et les grandes plumes
sur la tête.
On a adoré la reprise de la chanson de Michel Jonasz « Les
Brigitte
Et vous, tu m’aimes ?
(3ème bureau- Wagram)
Les
Jeux
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / JEUX / 55
par Coline Poulette
PARCEQUE#3 / MAI-JUIN 2011 / FAUROSCOPE / 57
Fauroscope
Faustrologue : Atrus Princeps // Illustrations : Rougerune
Bélier
Cancer
Travail : Vous sentez grandement les troubles de votre entourage professionnel. Un bon déodorant et il n’y paraîtra plus.
Argent : Cessez de piquer dans la caisse pour sortir en boîte,
ou vous finirez sous un carton.
Affectif : Est-ce que ça vous chatouille ou ça vous gratouille ?
Dans les deux cas, ça ressemble à des cornes.
Bien-être : S’entourer de vieilleries calme les nerfs. Rendez
visite à la famille, vous en avez besoin !
Travail : Soyez ouvert au changement dans le domaine professionnel. Changez de café, par exemple...
Argent : Si vous êtes du premier décan, vous relirez cette
phrase deux fois. Sinon, non.
Affectif : ne vous laissez pas intoxiquer par vos amis, le nudisme est un comportement social tout à fait normal.
Bien-être : Une cheville cassée, un bras en écharpe… le ski,
ça marche mieux avec de la neige.
Taureau
Lion
Travail : Motivation et professionnalisme vous ouvriront des
portes sur le domaine professionnel. Enfin, si vous êtes de
l’autre décan...
Argent : On vous a déjà prévenu dans le dernier PARCEQUE :
Les soldes, c’est fini !
Affectif : Côté cœur, de nouvelles têtes apparaissent. Avec
juste un as ou un neuf en plus, ça fait une quinte flush !
Bien-être : Votre jardin secret est menacé. Mais entre votre
blog, facebook, myspace et spotify, ça ne change pas grandchose.
Gémeaux
Travail : Votre force de volonté vous permet de résoudre les
problèmes les plus épineux ; mais pour l’ennui, elle ne peut
rien.
Argent : Vos économies de bouts de chandelle sont très efficaces : vous pourrez enfin garnir entièrement votre lustre de
cristal viennois !
Affectif : Dormir avec quelqu’un est un des actes les plus
intimes qui soient, mais méfiez-vous des traces de drap sur
la joue au réveil.
Bien-être : Vous sentirez le besoin de vous remettre au dessin. Puis de faire disparaître à tout jamais ce bout de papier
compromettant.
Travail : Votre entrain au travail fait plaisir à voir ! À votre
patron, tout du moins…
Argent : Entendre le coucou avec de l’argent en poche garantit une année sans soucis… c’est là votre dernier espoir.
Affectif : Des envies de réameublement de l’appart vous
prendront. Nouveau plumard, nouvelles étagères, nouveau
mec !
Bien-être : Il est temps d’ouvrir la piscine et de prendre le
soleil. J’peux venir ?
Vierge
Travail : Pour vous, pas de prédiction là-dessus, lancez un
dé 12 et reportez-vous au signe correspondant. Si vous
n’avez pas de dé 12, mettez-vous aux jeux de rôles.
Argent : Du fric, de l’oseille, des pépettes, des brouzouffes,
de la maille, de la thune… vous avez beaucoup de vocabulaire, dommage que la matière ne suive pas.
Affectif : La confiance jouera un rôle important dans votre
couple : qui a fini le dernier cookie ?
Bien-être : Contre la chaleur, le stress, l’irritation, la peau, la
fatigue et l’haleine chargée, pensez au thé. Oh, et buvez-en,
penser ne suffit pas, en fait.
Balance
Travail : Vous serez victime d’un reminament… remanuement… reuni… viré, quoi.
Argent : Prenez le carré de votre âge, soustrayez-y celui de
votre conjoint, et multipliez par votre différence d’âge. Ça fait
beaucoup de sous ?
Affectif : Avec ce soleil, c’est la période des barbecues ! Écartez la sauce piquante de l’huîle solaire, on ne sait jamais !
Bien-être : Des pompes. Des tractions. Des abdos… Qu’il
est plaisant de regarder les autres souffrir pour être beaux !
Scorpion
Travail : Votre métier vous rend malade, ces temps-ci... En
même temps, pirate avec le mal de mer, c’était pas très malin.
Argent : Votre banquier refusera de changer vos billets : soit
disant, « monopoly » n’est pas un pays valide..
Affectif : Amusez-vous bien avec vos partenaires, mais n’oubliez pas de les détacher de temps en temps, qu’ils se nourrissent…
Bien-être : Ma grand-mère préconise des infusions d’orties.
C’est peut-être bon pour ce que vous avez…
Sagittaire
Travail : Aaaaaah, le farniente, quel plaisir !!! si seulement les
gens arrêtaient d’appeler ça « chômage » !
Argent : Boooon, les amis et la santé, somme toute, c’est le
plus important, non ?
Affectif : 1110100 1101111 1110101 1110100 1110110
1100001 1100010 1101001 1100101 1101110.
Bien-être : Une croisière en bateau ? pensez au scorbut,
mangez du citron !
Serpentaire
Travail : Vous êtes sûr que c’est un signe valide ça ?
Argent : Nan, mais ça pue le truc commercial, là, treize à la
douzaine !
Affectif : Pis serpentaire, c’est quoi, l’espèce de piaf, là ? On
essaie encore de nous faire avaler des couleuvres !
Bien-être : Pis quoi qu’il en soit, je préfère Griffondor.
Capricorne
Travail : Il n’y a pas de sot métier… il n’y a que de sottes
gens- pas taper, pas taper !
Argent : Soyez prêts à saisir toutes les opportunités… ça ne
fait jamais de mal, de toutes façons.
Affectif : Il est temps d’apprendre à prendre sur soi. Et je ne
parle pas de poids.
Bien-être : Natifs du premier décan, vous aurez envie d’un
chat. Hélas pour vous, leur cuisine n’est pas autorisée en
France.
Verseau
Travail : 42.
Argent : Vous préférez l’or blanc, mais bon, l'argent : tout va
bien pour vous
Affectif : Vous rencontrerez enfin quelqu’un qui pense à vous
autant que vous-même !
Bien-être : Les excès de ces derniers temps se voient sur la
balance… heureusement, vous êtes verseau.
Poisson
Travail : Vous aurez l’impression de tourner en rond, changez d’air, tournez en carré !
Argent : Faites-vous plaisir tant que vous voulez… De toutes
façons, la fin du monde est proche.
Affectif : Ces temps-ci, c’est l’amour fou, chez vous… entre
vos hamsters, du moins.
Bien-être : le yoga… c’est has-been. Mais ça marche. Mais
c’est trop mainstream… dilemme de hipster.