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Table des matières
D’où vient ce livre ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
La première fois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Comment en parler ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Et les hommes, dans cette aventure ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Comment faire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Effet source et sourcier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Les effets durables de l’effet source . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Culture, technologie, sexologie et autres approches . . . . . . . . 141
Il y a quand même beaucoup de résistances . . . . . . . . . . . . . . 147
En parler avec des symboles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
La saga du point G . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
Annexes et digressions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Bibliographie succincte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
L’EFFET SOURCE
J’étais alors ignorante de tout ce qui peut se combiner, se
diffuser et s’irradier entre un garçon et une fille quand l’amour
s’en mêle, quand les sentiments s’emmêlent, s’emparent de l’un
et peut-être de l’autre.
Je ne savais que ressentir et je manquais de mots pour me
retrouver, dans cette véritable révolution intérieure à la fois enivrante et dévastatrice.
Je n’avais pas été initiée à la vie intime d’une femme ; mes
seuls repères étaient ceux de la morale, de mon éducation, de
quelques bribes de commentaires autour du sexe, entendus au
travers de chuchotements traversés de rires ou de pleurs.
Quand il me proposa, un peu plus tard, de venir dans sa
chambre, avec ce seul repère : « Mes parents sont absents pour
deux jours », j’ai compris tout de suite qu’il voulait partager un
moment d’intimité, un moment rien qu’à nous. Mais cela voulait surtout dire, dans mon esprit, qu’il m’avait choisie, qu’il désirait ma présence, que j’étais importante pour lui.
Deux voix s’élevaient en moi avec autant d’intensité, avec des
propos exactement contraires ! Peurs et désirs s’affrontaient,
mais j’étais si peu instruite de ces notions-là que je n’ai pas su,
alors, les identifier.
Je me souviens que j’avais une curieuse définition du mot « respect » : je croyais que si un garçon avait du respect pour moi, il ne me
demanderait pas de faire l’amour avec lui.
Et puis dans sa chambre, sur le divan, tout près l’un de
l’autre, ce corps… mon corps, me joua des tours. Je le sentais
devenir fébrile, vibrant, fou, comme s’il voulait se séparer de
moi. Je le voyais m’échapper, vivre sa propre vie, se passer de mon
autorisation.
Ce garçon et moi, lui comme envoûté par ma seule présence,
comblé par l’effleurement de ma main contre la sienne, et moi,
paniquée, prête à suivre mon corps, à me déshabiller, à me coller
tout contre lui.
L’intensité de cet instant était si palpable qu’Éric, c’est cela, il
s’appelait Éric, s’immobilisa, yeux fermés. J’étais comme enivrée
et, en même temps, tout éparpillée, éclatée. Une angoisse montait doucement, m’étouffait, entrait en collision avec une joie
farouche et puissante dont l’aspect sauvage me laissait tremblante et sans force.
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L’EFFET SOURCE
J’étais alors ignorante de tout ce qui peut se combiner, se
diffuser et s’irradier entre un garçon et une fille quand l’amour
s’en mêle, quand les sentiments s’emmêlent, s’emparent de l’un
et peut-être de l’autre.
Je ne savais que ressentir et je manquais de mots pour me
retrouver, dans cette véritable révolution intérieure à la fois enivrante et dévastatrice.
Je n’avais pas été initiée à la vie intime d’une femme ; mes
seuls repères étaient ceux de la morale, de mon éducation, de
quelques bribes de commentaires autour du sexe, entendus au
travers de chuchotements traversés de rires ou de pleurs.
Quand il me proposa, un peu plus tard, de venir dans sa
chambre, avec ce seul repère : « Mes parents sont absents pour
deux jours », j’ai compris tout de suite qu’il voulait partager un
moment d’intimité, un moment rien qu’à nous. Mais cela voulait surtout dire, dans mon esprit, qu’il m’avait choisie, qu’il désirait ma présence, que j’étais importante pour lui.
Deux voix s’élevaient en moi avec autant d’intensité, avec des
propos exactement contraires ! Peurs et désirs s’affrontaient,
mais j’étais si peu instruite de ces notions-là que je n’ai pas su,
alors, les identifier.
Je me souviens que j’avais une curieuse définition du mot « respect » : je croyais que si un garçon avait du respect pour moi, il ne me
demanderait pas de faire l’amour avec lui.
Et puis dans sa chambre, sur le divan, tout près l’un de
l’autre, ce corps… mon corps, me joua des tours. Je le sentais
devenir fébrile, vibrant, fou, comme s’il voulait se séparer de
moi. Je le voyais m’échapper, vivre sa propre vie, se passer de mon
autorisation.
Ce garçon et moi, lui comme envoûté par ma seule présence,
comblé par l’effleurement de ma main contre la sienne, et moi,
paniquée, prête à suivre mon corps, à me déshabiller, à me coller
tout contre lui.
L’intensité de cet instant était si palpable qu’Éric, c’est cela, il
s’appelait Éric, s’immobilisa, yeux fermés. J’étais comme enivrée
et, en même temps, tout éparpillée, éclatée. Une angoisse montait doucement, m’étouffait, entrait en collision avec une joie
farouche et puissante dont l’aspect sauvage me laissait tremblante et sans force.
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La première fois
J’avais dans les seins des picotements, une sensation de gonflement et entre mes cuisses un engorgement. Puis quelque
chose céda et libéra d’un seul coup toutes mes tensions pour se
répandre en chaleur mouillée et glisser insidieusement le long de
mes cuisses.
Délice et volupté à peine découverts et aussitôt interdits.
J’étais sûre que je venais de commettre l’irréparable.
Submergée par la honte, j’ai battu misérablement en retraite,
faisant appel au peu d’énergie encore disponible pour me redresser, me lever, tenter d’assurer ma démarche, pour que, surtout,
surtout, il ne voie rien, pour qu’il ne s’aperçoive de rien. Je suis
sortie, j’ai couru. Je suis rentrée et je suis restée deux jours au lit,
avec plus de 41 degrés de fièvre.
Nous n’avons jamais été amants ; mon innocence, mon
ignorance, ma peur et ma honte ont eu raison de notre relation.
Plus tard, beaucoup plus tard, la jeune fille que j’étais devenue, couramment appelée « fontaine » à cause des pleurs qui
s’écoulaient si abondamment et si fréquemment d’elle, a fini par
rejoindre la femme célébrée comme « fontaine vivante » par une
certaine personne (dont la relation m’est chère) et « fontaine
désaltérante » par une autre, ou, devrais-je dire, par un autre,
celui avec qui j’ai le bonheur de vivre aujourd’hui ma vie… de
femme !
Avec une grande simplicité, l’essentiel est exprimé. Beaucoup
d’autres témoignages vont suivre pour affiner, explorer, agrandir
les propos de cette femme, mais déjà les jalons sont posés.
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« Femme fontaine » est une expression imagée pour désigner
les femmes dont le plaisir sexuel se manifeste par l’émission
abondante d’un liquide au moment de l’orgasme. Avec leurs mots
directs et sincères, souvent empreints de poésie, ces femmes
qui se disent fontaine ou source nous éclairent sur leur réalité
longtemps niée ou refoulée. Étonnement, honte, difficulté à en
parler à leur entourage, mais aussi libération totale dans leurs
relations amoureuses, pleine acceptation de leur corps et de
leur plaisir : leurs témoignages s’attaquent aux derniers des
tabous. En assumant ainsi leur sexualité et en revendiquant leur
droit à la différence, elles parlent au nom de toutes celles dont
la satisfaction des désirs est encore aujourd’hui trop souvent
reléguée au second plan, voire réprimée, au nom de la pudeur,
© Nancy Lessard
de la retenue ou de censures personnelles.
Jacques Salomé est psychosociologue,
formateur en relations humaines,
conférencier et écrivain. Depuis 1962,
il œuvre à développer des communications
plus vivantes et des relations non violentes
entre les enfants et les adultes. Il est
l’auteur de 63 livres traduits dans 24 pays.
ISBN : 978-27619-3155-7

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