anecdotes relatives a kim il sung 1

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anecdotes relatives a kim il sung 1
ANECDOTES
RELATIVES A
KIM IL SUNG
1
PYONGYANG, COREE
96 DU JUCHE (2007)
ANECDOTES
RELATIVES A
KIM IL SUNG
1
EDITIONS EN LANGUES ETRANGERES
PYONGYANG, COREE
96 DU JUCHE (2007)
Le Président Kim Il Sung parmi les ouvriers (Avril 1961).
Le Président Kim Il Sung s’entretenant avec des paysans de
la commune de Chongsan dans l’arrondissement de Kangso
(Octobre 1958).
Le Président Kim Il Sung exhortant les ouvriers de l’usine
de constructions mécaniques de Ryongsong à des percées
dans leur travail (Mars 1959).
Le Président Kim Il Sung examinant l’eau courante dans
un foyer de paysan dans l’arrondissement de Kyongsong,
province du Hamgyong du Nord (Juin 1972).
Le Président Kim Il Sung faisant le tour des bibliothèques
au Palais des études du peuple (Septembre 1981).
Le Président Kim Il Sung en visite à l’école primaire de
Taedongmun, le jour de la rentrée (Septembre 1972).
En publiant le livre
Le Président Kim Il Sung (15 avril 1912 – 8 juillet 1994), qui avait
pour devise « Le peuple est mon dieu », était toujours avec les gens du
peuple et a consacré toute sa vie à leur bien-être.
Le long combat qu’il a livré contre les Japonais et les tournées de
travail qu’il a effectuées un peu partout dans le pays foisonnent
d’anecdotes édifiantes relatives à sa sollicitude envers le peuple.
Nous en avons réuni une partie dans le présent ouvrage.
En 2007
SOMMAIRE
Visite risquée au camp secret de Mihunzhen.......................1
Un tumulus sur la neige .......................................................2
La bévue du doyen d’un village...........................................3
La somme de 30 yuans ........................................................4
Le mariage d’un jeune valet de ferme .................................5
L’officier d’ordonnance admonesté.....................................7
La requête insolite d’un septuagénaire ................................8
Festin d’anniversaire transformé en festin de noces ............9
Le Président du Comité populaire de Corée
du Nord et la petite élève ...................................................10
Un ordre manuscrit pour un « jeune époux ».....................11
Des bœufs retournés en train .............................................12
Dix-huit poules et un panier plein d’œufs .........................14
La sentinelle au bonnet de fourrure
du Commandant suprême ..................................................15
Le riz envoyé à l’hôpital militaire .....................................16
Le Commandant suprême en chaussures
ouatées de soldat................................................................17
Des mesures d’urgence......................................................18
Le décret N° 203 du Conseil des ministres........................19
Une course inopinée ..........................................................20
Le Leader respecté et l’enfant aux pieds nus.....................21
Un nouvel article au budget d’Etat ....................................23
L’homme au cœur d’or croisé en route..............................24
Le nouveau-né Un Tok ......................................................25
Des chaussures gardées longtemps ....................................26
Vœux à l’intention d’un glorieux blessé de guerre............27
Une véritable réunion de parents d’élèves.........................28
Un chemin évité pendant trois ans.....................................29
La reconstitution d’une carpe dépecée...............................30
Un site gardé en réserve.....................................................31
Le « fils aîné » de Jang Kil Bu ..........................................32
La visite à un malade la veille du nouvel an......................33
Le tombeau d’un martyr révolutionnaire à Taehongdan .......... 34
La longue-vue installée dans le bureau..............................35
L’arbre généalogique et le sceau de
la famille royale émergent après 600 ans...........................36
Le tombeau du roi Tangun au pied du mont Taebak................ 37
Le dernier jour d’une vie pleine d’abnégation...................38
Visite risquée au camp secret
de Mihunzhen
Après la Conférence de Nanhutou (réunion des responsables
militaires et politiques de l’Armée révolutionnaire populaire coréenne
en février 1936), le Général Kim Il Sung fait mouvement vers le
secteur du mont Paektu quand il décide de s’arrêter à mi-chemin au
camp secret de Mihunzhen situé en pleine forêt vierge.
Il croise en route les combattants de la première compagnie du
premier régiment de la première division indépendante. Il leur
demande de le conduire au camp secret. Ils refusent net.
« Mon Général, se hâte de dire l’un d’entre eux, toute la vallée
de Mihunzhen est contaminée par la fièvre typhoïde. Vous n’y irez
pas, mon Général. De nombreux malades sont déjà morts et ont été
enterrés. Comment donc vous y conduire ? Ce serait vous laisser
courir un gros risque. »
Tout le monde connaît, pour en avoir fait l’expérience dans la
zone de guérilla même, la nocivité de cette maladie.
Pourtant, Kim Il Sung réplique :
« La typhoïde, c’est dans le corps de l’homme qu’elle se
développe. L’homme doit donc pouvoir en venir à bout. C’est
l’homme qui aura le dessus, non la maladie. »
Mais son interlocuteur insiste. « L’homme peut triompher
d’une maladie contagieuse, vous dites ? La typhoïde n’épargne
personne. Tenez, notre chef de compagnie, le camarade Choe
Hyon, n’est-il pas fort entre les forts ? Et pourtant le voilà cloué au
lit depuis déjà plusieurs semaines à Mihunzhen. »
Ces mots surprennent Kim Il Sung, qui dit : « Que dites-vous ?
Se peut-il que ce guerrier dur comme le fer ait été terrassé par la
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maladie ? Alors il faut d’autant plus que j’aille à Mihunzhen. »
Les partisans de la première compagnie n’ont plus rien à dire.
Faute de mieux, ils le prient d’éviter d’entrer, à Mihunzhen, dans
la caserne des malades.
Une fois au camp secret, Kim Il Sung se précipite tout droit
dans la caserne où gisent plus de cinquante malades.
« Je vous en supplie, n’entrez pas ! C’est défendu ! » crie alors
Choe Hyon, en rampant vers l’entrée. Son visage est décharné.
Kim Il Sung s’approche de lui et prend sa main qu’il voulait enfouir
précipitamment sous la couverture. Alors les larmes humectent les
yeux du malade, et aussitôt toute la salle s’emplit de sanglots
attendris.
Réconfortés par cette visite et grâce à la sollicitude de Kim Il Sung,
ces partisans lutteront contre la maladie et parviendront à s’en remettre.
Un tumulus sur la neige
Un jour, l’unité principale de l’Armée révolutionnaire populaire
coréenne est surprise par une troupe « punitive » japonaise, près de
Limingshui. Au bout d’un âpre affrontement, elle anéantit
l’adversaire puis quitte les lieux à pas pressés. Tout à coup, au plus
fort de la marche forcée, l’ordre est donné de s’arrêter. Les partisans,
épuisés, se laissent tomber par terre, croyant à un ordre de halte.
Kim Il Sung leur dit alors : « Nous avons oublié une chose :
nous n’avons pas enterré le camarade tombé au combat. »
Pressés par la situation, les partisans ont laissé leur compagnon
d’armes sans sépulture. La troupe se trouve à plus de 40 km du théâtre
du combat, alors que le blizzard fait rage et que le chemin à
rebrousser semble introuvable. Toutefois, Kim Il Sung dit d’un
ton péremptoire : « Retournons enterrer notre camarade », et
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aussitôt, il se met à dégager lui-même un passage dans une neige
atteignant la hanche. La troupe le suit.
Le corps du combattant n’est découvert qu’au bout de deux jours,
deux jours pendant lesquels Kim Il Sung a oublié repas et sommeil.
Ce cher compagnon d’armes, il le couvre de tendres caresses et
de larmes. Les partisans, retenant mal leurs sanglots, creusent la
terre gelée. Aussitôt un tombeau bien en vue s’élève sur la neige
dans cette forêt déserte.
La bévue du doyen d’un village
En été 1936, l’unité principale de l’Armée révolutionnaire populaire
coréenne est de passage dans un village d’exploitation forestière. Les
ouvriers sont ravis : ils vont voir le Général Kim Il Sung.
Or, les partisans portent une tenue identique. Chaque ouvrier
demande à son voisin qui est le Général Kim Il Sung parmi ces
guerriers.
Comme personne ne le sait, un vieil ouvrier, considéré comme le
doyen du village, se prévaut de sa sagesse : « Il doit se distinguer des
autres, car c’est un guerrier hors du commun maîtrisant par exemple
l’art de raccourcir les distances. Il faut donc tâcher de trouver celui
qui a un port particulier. »
Les ouvriers lui donnent raison et se mettent à courir ici et là à
la recherche du Général. C’est peine perdue, mais en revanche ils
trouvent un des partisans d’allure particulièrement distinguée.
« Peut-être est-ce le Général lui-même ? » chuchotent-ils.
Supposition rejetée sur-le-champ par le doyen du village : « Trêve
de sottises ! Celui-là, c’est l’administrateur chargé de l’alimentation
de l’unité. Je le connais bien pour avoir organisé avec lui la
préparation des repas des partisans. D’ailleurs, peut-on jamais croire
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que notre Général a une tenue aussi simple ? »
La recherche reprend mais reste sans fruit jusqu’au moment où
l’unité s’apprête à repartir. En désespoir de cause, les villageois
proposent à leur doyen de s’adresser à l’« administrateur » de l’unité.
Le vieux, de peur de rater cette dernière occasion, va le voir et le prie :
« Monsieur l’administrateur, la population désire tant voir le Général
Kim Il Sung. Veuillez bien nous indiquer qui il est. »
Or, l’« administrateur », un sourire aux lèvres, se tait, tandis
que les partisans éclatent de rire. L’« administrateur » s’approche
du vieil ouvrier penaud et lui dit d’un ton cordial.
« Comme nous sommes l’Armée révolutionnaire populaire
coréenne qui combat contre les impérialistes japonais, il faut
que Kim Il Sung se trouve par ici avec nous, les partisans.
– Comment par ici ? Il n’est donc pas venu dans notre
village ? » dit le vieil homme, s’affaissant, découragé.
Alors, le chef intendant de l’unité intervient ; l’aidant à se
relever, il dit : « Le Général Kim Il Sung est ici, devant vous. »
A ces mots, le doyen sursaute d’étonnement et dévore des yeux
l’« administrateur » en tenue si modeste qui ne cesse de sourire. Il
se met à genoux, s’écriant d’une voix étranglée : « Pardonnez-moi,
mon Général. Quelle naïveté ! Quelle erreur ! »
La somme de 30 yuans
Au printemps 1937, l’unité principale de l’Armée révolutionnaire
populaire coréenne stationne dans une forêt près de Donggang. Une
nuit, des partisans chargés de monter la garde cueillent, après leur
relève, des épis de maïs dans un champ sans la permission du
propriétaire. Ils pensaient à leurs camarades qui n’avaient que du son
et de l’eau à se mettre sous la dent depuis des jours.
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Kim Il Sung met en cause leur action et les somme de repartir
sur-le-champ à la recherche du propriétaire. Au bout de quelques
heures, ils ramènent un vieux Chinois aux cheveux blancs.
Kim Il Sung lui fait ses excuses et lui tend la somme de 30
yuans. Le vieil homme sursaute : « Que peuvent valoir quelques
sacs d’épis de maïs ? Et vous me faites vos excuses ! Je ne saurais
me faire payer par l’armée révolutionnaire. Certainement, les gens
de mon village me le reprocheraient. Je ne peux accepter votre
argent ni reprendre mon maïs. »
Malgré cette expression de bonté du fermier, Kim Il Sung insiste
et le persuade d’accepter le paiement. Le vieux prend l’argent et le
maïs et s’en retourne. Aux partisans qui l’accompagnent, il demande
le nom de leur chef. Entendant le nom du Général Kim Il Sung, le
vieil homme s’excuse vivement d’avoir commis une grande faute.
Puis, avec sa famille et ses proches, il moissonne son champ et
revient voir Kim Il Sung avec un traîneau chargé de la récolte.
Cette fois, Kim Il Sung accepte l’offre. A cette occasion, le vieil
homme lui indique la ferme d’un cultivateur d’insam à environ 8 km
en aval de la rivière Manjiang, où l’on pourrait acheter quantité de
maïs. Il propose même ses services comme intermédiaire.
Son aide permet d’acquérir la quantité de céréales et de sel
dont a besoin la troupe de plusieurs centaines de partisans pour
plus d’un mois.
Le mariage d’un jeune valet de ferme
A l’époque de la Lutte armée antijaponaise, alors qu’il militait
dans la région de Changbai, en Chine, Kim Il Sung fait la
connaissance, dans le village de Jicheng comptant à peine une
dizaine de foyers, d’un jeune valet de ferme nommé Kim Wol Yong.
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C’est un homme honnête, lui dit-on, mais personne ne veut lui
donner sa fille à cause de son humble condition. Ses mains
rugueuses et sa tenue déplorable n’ont rien pour charmer. Aussi
est-il encore célibataire à trente ans passés.
La pensée du pauvre jeune homme accapare Kim Il Sung qui
ne peut dormir de la nuit. Le lendemain, au moment de partir, il dit
au maître de maison, le vieux Jang :
« J’ai une demande à vous faire. Je vous prie, vous et les
autres anciens du village, de lui trouver un bon parti et de
célébrer ses noces.
– Excusez-moi, mon Général, de vous avoir causé du souci, mais
rassurez-vous, nous nous chargerons de le marier », répond le vieux.
La promesse est tenue. Grâce à l’intervention des anciens, le
garçon va bientôt prendre épouse. C’est le vieux Kim du village de
Jolgol, dans le secteur de Shibadaogou, qui se rend lui-même au
village de Jicheng pour conclure le contrat de mariage, prêt à
donner sa fille au garçon dont le Général Kim Il Sung se préoccupe
tant.
Une fois au courant de l’heureux dénouement de l’affaire,
Kim Il Sung demande à son ordonnance de prendre les meilleurs
tissus et denrées alimentaires dans le butin pour les envoyer à
Jicheng.
« Mon Général, sommes-nous vraiment tenus de faire un tel
cadeau ? demande l’ordonnance à l’étonnement du Général.
– Bien sûr ! Pourquoi cette question ?
– A franchement parler, je n’ai pas envie d’en faire autant.
Combien de nos camarades tombés au champ d’honneur se sont
contentés d’un bol de riz pour célébrer leur mariage? »
Kim Il Sung comprend son chagrin et répond : « Moi aussi, j’ai
le cœur gros à cette pensée. Cependant, si nous sommes obligés
de fêter nos mariages avec seulement un bol de riz, ce n’est pas
une raison pour que le peuple en fasse autant. Nous, jeunes
Coréens, avons osé prendre les armes pour relever notre nation.
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Accepterions-nous alors de ne pas aider un pauvre comme Kim
Wol Yong à fêter avec éclat son mariage ? »
Le jour même, l’ordonnance part pour le village de Jicheng
avec les cadeaux de noces. La nouvelle se répand comme un éclair
à travers toute la région de Xijiandao.
A la fin de mai de l’année suivante, Kim Il Sung, en train de
préparer une progression vers la Corée, à savoir vers Pochonbo,
retourne au village de Jicheng. Il s’arrête chez Kim Wol Yong et
formule ses vœux pour le couple.
L’officier d’ordonnance admonesté
La Corée vient d’être libérée.
Kim Il Sung occupe une chambre à coucher et un salon
sobrement meublés d’un lit en fer et d’une table ronde. Cela navre
fort son officier d’ordonnance qui finit par acheter à Sadong un lit,
un bureau et un tapis, dont il garnit la chambre et le salon. Tout le
monde se félicite de voir les pièces devenues plus décentes.
Or, le soir, de retour chez lui, Kim Il Sung demande, furieux :
« Qui a apporté ces meubles ?
– C’est moi, balbutie l’officier d’ordonnance.
Pourquoi cet aménagement ? critique Kim Il Sung courroucé.
Vous ne savez pas comment vit la population pour faire ce genre
de chose ? Le pays a été libéré, pourtant les ouvriers et les paysans
sont encore dans la misère. Comment pourrions-nous continuer la
révolution si nous prenons goût dès maintenant à une vie de luxe et
de faste ? Ce n’est pas pour notre propre bien-être que nous faisons
la révolution. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est faire de notre mieux
pour rendre le pays riche et puissant et assurer le bien-être au
peuple. »
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Puis, il déclare d’un ton formel : « Il nous est interdit de
dépasser le niveau de vie du peuple. »
La requête insolite d’un septuagénaire
Une nuit de 1946, passé minuit, un vieillard travaillant pour un
parti démocratique vient voir dans son bureau Kim Il Sung qui
vaque à ses affaires. Ce septuagénaire très honnête, fort respecté de
Kim Il Sung, hésite un moment avant de confier :
« Ne blâmez pas le vieillard que je suis, s’il vous plaît, c’est
peut-être désinvolte de ma part, mais j’ose vous demander de
m’aider à me procurer quelque tonique, de l’insam sauvage ou du
bois de cerf, par exemple. »
Sur ce, devenu cramoisi, il ne sait où donner de la tête.
Kim Il Sung lui demande gentiment la raison de sa requête.
« C’est que, avoue l’autre, j’ai épousé récemment une jeune
femme. Et quel dédain elle me montre !… Respecté Général,
aidez-moi, je vous en supplie. »
Demande inattendue, insolite ! Pourtant, sensible à son tracas,
Kim Il Sung dit : « Bon, je vais m’arranger pour que votre
femme ne vous méprise plus. »
Le vieillard s’en retourne, radieux. Aussitôt Kim Il Sung fait
en sorte qu’on lui procure ce qu’il a demandé. Un an plus tard, ce
septuagénaire devient père d’un garçon. Kim Il Sung s’en réjouit
fort et daigne même assister au festin du centième jour de
l’enfant.
Près d’une cinquantaine d’années s’écoulent et Kim Il Sung
s’attendrit encore à ce souvenir : « Brave homme qui ne me
cachait même pas ses problèmes intimes… »
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Festin d’anniversaire transformé
en festin de noces
Au printemps 1946, année qui suivait la libération du pays, un
proche collaborateur de Kim Il Sung vient voir Kim Jong Suk,
héroïne de la résistance antijaponaise, épouse du Général, pour
discuter de la table d’anniversaire à offrir à son mari à l’occasion
de son premier anniversaire à passer dans la patrie libérée.
Il constate que Kim Jong Suk a déjà commencé les préparatifs.
D’ailleurs, la préparation d’un festin d’anniversaire pour Kim Il Sung
préoccupait depuis déjà longtemps de nombreuses personnes,
notamment d’anciens combattants de la résistance antijaponaise, dont
Kim Chaek, qui venaient voir Kim Jong Suk chaque jour pour lui en
parler.
Ils disaient : « Dans le maquis, nous n’avons pas offert à notre
Général un festin d’anniversaire digne de ce nom, et cela nous
reste toujours sur le cœur. C’est maintenant le moment de nous en
décharger – Certainement, il sera contre le projet à la pensée de la
situation du pays, pourtant nous y tiendrons. » Ainsi encouragée,
Kim Jong Suk s’était mise à la tâche.
Or, un jour, rentré chez lui, Kim Il Sung s’aperçoit des travaux
cuisiniers et demande à sa femme de quoi il s’agit. Confuse, elle
dit : « A l’approche de votre premier anniversaire depuis votre
retour dans la patrie libérée, j’ai eu l’idée de vous faire partager un
dîner avec vos compagnons d’armes.
« Partager un dîner… » murmure Kim Il Sung, puis, après
un moment de réflexion, il lui dit de veiller à la quantité des mets.
A la nouvelle des propos du Général, les anciens combattants
exultent et font de leur mieux pour l’honorer à cette occasion.
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Le jour venu, les anciens combattants venus féliciter Kim Il Sung
assistent à une scène inattendue : un jeune couple est assis à la
table préparée à l’intention de Kim Il Sung. Leur déception est
indicible.
Kim Il Sung s’est tellement préoccupé de l’organisation des
noces d’un ancien combattant, jeune orphelin, qu’il y a dédié sa
table d’anniversaire.
« Comme le peuple sera chagriné d’apprendre que vous n’avez
pas eu de table spéciale pour votre anniversaire! Quant au festin de
noces du jeune couple, on aurait pu attendre pour le lui offrir », dit
Kim Chaek, désolé.
Kim Il Sung répond alors, tout sourire : « Je souhaiterais,
quant à moi, qu’on ne parle pas de mon anniversaire ou de je
ne sais quoi encore. Cela dans l’avenir non plus. » Sur ce, il
fixe, satisfait, son regard sur les jeunes mariés.
Voir ses camarades révolutionnaires et les gens du peuple
heureux était sa plus grande joie.
Le Président du Comité populaire
de Corée du Nord et la petite élève
En juillet 1947, les examens d’Etat de fin d’études, les
premiers du genre depuis la libération du pays, sont en cours dans
les écoles. Un jour, l’Ecole primaire N° 2 de Pyongyang est l’objet
de la visite de plusieurs cadres. Le hall du bâtiment, datant du
temps de la domination japonaise, est étroit et sans soleil.
N’empêche qu’une petite élève, portant un brassard, assise à une
table à droite du hall, remplit strictement son devoir : elle salue
poliment, de la main, les cadres qui entrent, puis s’adresse à l’un
d’eux qui, en répondant à son salut, se dirige vers le corridor.
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« Enregistrez-vous avant d’entrer, je vous prie.
– Ah! tu veux que je m’enregistre, tu dis ? répète son interlocuteur en se retournant, toujours souriant. Il le faut bien sûr. »
Il s’approche de la fillette, prend le cahier et le crayon qu’elle
lui tend, se penche sur la table basse, inscrit le nom de la personne
à voir, le but de la visite et la date dans les cases correspondantes
comme le veut la petite. Après quoi, se redressant, il lui demande
ce qu’il doit noter encore.
« Vous mettez votre nom, lieu de travail et fonction, s’il vous
plaît », explique-t-elle.
Le visiteur se courbe de nouveau et écrit :
« Kim Il Sung, Président du Comité populaire de Corée du
Nord. »
Du coup, l’élève, rouge de confusion, se reproche sa sottise,
désolée de n’avoir pas reconnu le cher Général Kim Il Sung.
Un ordre manuscrit pour
un « jeune époux »
Après la libération du pays, un jeune homme qui avait mené
une vie de trimardeur en guenilles est devenu soldat, se voyant
offrir ainsi le privilège de servir auprès de Kim Il Sung.
Un jour de novembre 1949, il est appelé par Kim Il Sung
comme quelques-uns de ses camarades. Une fois en rang, ils
rapportent leur arrivée à Kim Il Sung, qui leur serre la main et dit
qu’il veut leur accorder une permission, à eux qui sont mariés.
Notre jeune homme s’étonne et scrute tour à tour ses
camarades : tous sont mariés.
« Mais moi, comment sait-il que je suis marié ? », se demandet-il, rouge jusqu’aux oreilles.
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De peur d’être raillé par ses camarades comme « gosse marié »,
il gardait bien son secret depuis un an déjà. Il ne se doute nullement
que Kim Il Sung ait pu jeter un coup d’œil, en contrôlant son cahier,
sur la lettre écrite à sa femme, qui y était glissée.
Les soldats appelés reçoivent chacun une enveloppe épaisse
de Kim Il Sung qui leur enjoint : « Vous ne l’ouvrirez qu’une
fois le train parti. » Et il leur serre la main. Quant au jeune
homme en question, il le prie de recommander à sa femme, une
fois chez lui, de bien élever leur enfant pour en faire un serviteur
loyal du pays. Muet d’émotion, le soldat ne peut exprimer ses
remerciements.
Le train parti, il se hâte d’ouvrir l’enveloppe. Il y trouve 3 000
won (ancienne monnaie) et l’ordre écrit de la main de Kim Il Sung.
« Avec cette somme, vous achèterez d’abord de l’eau-de-vie, du
tabac, une blague, une pipe avant de gagner le toit paternel.
Avec le reste, vous ferez confectionner des vêtements pour votre
grand-père, votre grand-mère et votre mère. Vous m’en
rapporterez le résultat dès votre retour. »
Des larmes tombent sur l’enveloppe entre ses mains.
Des bœufs retournés en train
En novembre 1950, alors que la guerre (juin 1950 – juillet
1953) fait rage, le Grand Quartier général de l’Armée populaire
siège à Kosanjin.
Un jour, le Commandant suprême Kim Il Sung apprend, en
visitant une unité rattachée au G.Q.G., qu’on a abattu un des bœufs
sans propriétaires ramassés par les hommes de cette unité sur la
route Kujang–Hyangsan menant à un débarcadère du fleuve
Chongchon. Le chef de l’unité déclare qu’il a ordonné l’abattage
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parce que la bête avait une patte cassée.
Le Commandant suprême y voit un problème sérieux et
remarque qu’ils ont bien fait d’amener les bœufs sans propriétaires
sur leur long trajet, mais que la cause de l’abattage est une grave
faute.
« Actuellement, continue-t-il, dans les régions occupées,
les Américains se livrent à un abattage insensé de bœufs,
porcs, volailles. Si nous tuons des bœufs à volonté sous tel
ou tel prétexte comme ils le font, notre pays finira par en
être complètement dépourvu. Vous avez fait une grosse
erreur. »
Le chef de l’unité, contrit, a l’air abattu.
Kim Il Sung reprend : « Vous prétextez sa patte fracturée
pour le tuer, mais on aurait pu l’en guérir. On soigne les
fractures chez l’homme, alors pourquoi pas chez les
animaux ? Du reste, pour nos paysans, le bœuf est comme
un membre de leur famille. Par votre forfait, l’épithète
“populaire” que contient le nom de notre armée perd tout
son sens. »
La nuit même, de retour au Grand Quartier général, il
ordonne par télégraphe à titre de Commandant suprême
d’interdire strictement l’abattage de bœufs dans les unités
interarmées.
Quelque temps après, on voit arriver à la gare de Manpho des
bœufs, ceux-là mêmes qui ont été ramassés par les soldats de
l’Armée populaire pendant leur retraite et qui attendent de
regagner leur région d’origine.
A leur vue, l’officier de sécurité du chemin de fer bondit:
« Vous êtes fous ? Transporter ces bêtes alors qu’on a de la peine à
transporter même les troupes ? Fichez-moi le camp ! »
Pourtant, il ne peut refuser d’embarquer les bœufs lorsqu’on lui
tend l’ordre autographe du Commandant suprême.
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Dix-huit poules et un panier
plein d’œufs
Cela se passe une nuit de novembre 1950, alors que Kim Il Sung
demeure dans un foyer de campagne dans la vallée de Rimsong, à
Kosanjin.
Le vieux chef de famille, désireux d’offrir à Kim Il Sung
quelques poules, va à son poulailler. Comme il tâtonne dans
l’obscurité pour les attraper, les poules battent des ailes, effrayées.
A ce bruit, Kim Il Sung demande à l’officier d’ordonnance.
« Quelqu’un veut tuer des poules ?
– C’est le maître de maison. Il en a besoin pour une occasion,
dit-il.
– En pleine nuit ? N’est-ce pas par hasard à votre demande ?
Dites-lui de prendre, s’il en a besoin, celles que nous avons mises
dans la cuisine, mais qu’il ne touche pas aux siennes. »
Cependant, le propriétaire n’en démord pas. Avec précaution, il
réussit à en attraper quelques-unes sans faire de bruit et les remet à
l’officier d’ordonnance, le priant de les offrir à Kim Il Sung. Il
ajoute qu’on peut en faire autant pour le reste au besoin.
Quelques jours s’écoulent et le vieux fermier, à son grand
étonnement, retrouve dans le poulailler les poules qu’il avait
remises à l’officier d’ordonnance, dont une pondeuse et un gros
coq. Pour s’en assurer, il compte les poules : toujours 18.
Un autre jour, Kim Il Sung retire du poulailler un œuf frais pondu
et le tend à l’officier d’ordonnance: « C’est si vrai qu’il est plus
agréable de faire pondre les poules que de les manger ! Dépêchezvous de le porter au propriétaire avant qu’il ne refroidisse. »
Quelque temps plus tard, au moment où Kim Il Sung doit quitter
14
Kosanjin, l’officier d’ordonnance rend au propriétaire son poulailler
avec les dix-huit poules intactes ainsi qu’un panier plein d’œufs.
La sentinelle au bonnet de fourrure
du Commandant suprême
Un jour d’hiver 1950, un soldat de la garde du GQG est de
faction à un poste de contrôle de la circulation, attendant le retour
du Commandant suprême de son inspection au front. Il est tout
yeux sous la tempête de neige.
Aussitôt qu’il voit arriver la voiture de Kim Il Sung, le soldat
salue en présentant l’arme d’un mouvement parfait. A sa surprise,
il voit la voiture s’arrêter, le Commandant suprême descendre et
s’approcher de lui.
« N’avez-vous pas froid par ce temps rigoureux ? demande
Kim Il Sung d’un ton tendre.
– Non, mon Commandant suprême. »
Néanmoins, Kim Il Sung s’inquiète pour lui. Il lui serait
pénible de monter la garde par un temps pareil, et d’ailleurs il
aurait froid aux oreilles sans bonnet de fourrure.
Certainement, Kim Il Sung est désolé de voir que la situation
complexe créée par le repli temporaire cause du retard à la
livraison des bonnets de fourrure.
Le soldat insiste d’un ton vif : « Je n’ai pas froid, mon
Commandant suprême. »
Kim Il Sung prend ses mains pour les réchauffer dans les
siennes et tourne le dos au vent pour le mettre à l’abri. Puis, il
enjoint à son officier d’ordonnance : « Apportez mon bonnet de
fourrure et mes gants laissés dans la voiture. »
D’abord, il tend la coiffure au soldat.
15
« Camarade sentinelle, ôtez votre képi et mettez ce bonnet. »
Confus, le soldat se raidit et, d’une voix énergique, dit : « Non,
merci, je n’ai pas de problème avec le froid. »
Un sourire compréhensif sur les lèvres, Kim Il Sung insiste,
mais le soldat persiste dans son refus. Le Commandant suprême le
coiffe lui-même du bonnet fourré. Et il lui dit que le bonnet est un
peu trop grand, mais que, serré par derrière, il lui ira bien. Il baisse
l’oreillette dont il noue la jugulaire. Puis c’est le tour des gants:
« Mettez ça, vous n’aurez plus froid aux mains. »
« Mon Commandant suprême… » balbutie le jeune homme, la
gorge serrée d’émotion.
Quand le chef de la garde vient, suivi de la relève, grand est son
étonnement : « Que vois-je, vous portez le bonnet du Commandant
suprême ! »
Le riz envoyé à l’hôpital militaire
Un jour, au début de 1951, Kim Hyong Rok, oncle de Kim Il Sung,
vient au GQG. Il a à cette occasion la chance de se mettre à table
avec son neveu après une longue séparation. Or, à la vue du repas
servi, il ne peut en croire ses yeux : du millet, de la soupe de feuilles
de navet séchées et du kimchi (légume pimenté et fermenté), voilà
tout. Bien entendu, il n’ignore pas la vertu de son neveu. Mais
comment admettre que Kim Il Sung néglige sa santé, travaillant dur
jour et nuit, lui dont dépend le sort du pays ? L’oncle lui exprime
son inquiétude ; Kim Il Sung esquisse alors un sourire et dit : « Il
est impensable que je prenne du riz blanc alors que le peuple
tout entier combat contre les Américains en affrontant toutes les
privations. Quand on mène le même train de vie que les gens du
commun, on a de l’appétit et le cœur paisible. »
16
N’en pouvant plus, l’oncle s’en retourne. Une fois chez lui, il
décortique avec soin le peu de paddy dont il dispose. Puis, il le fait
parvenir au GQG avec un billet où il prie le personnel intéressé de
servir ce riz au Commandant suprême. Hélas ! cette requête restera
insatisfaite : Kim Il Sung enverra ce grain à un hôpital militaire
situé à proximité du GQG.
Apprenant cette nouvelle, l’oncle se dira : « En effet, on ne
pouvait s’attendre à autre chose de la part de notre Général. J’ai
simplement tenté ma chance. »
Le Commandant suprême en chaussures
ouatées de soldat
En août 1951, un jour où le soleil tape fort, Kim Il Sung
examine les échantillons de fournitures militaires d’hiver étalées
sur un rayon – uniformes, chapeaux, gants, chaussures ouatées.
Il les inspecte par le menu, un cadre lui donnant les explications
nécessaires. Puis, il fait venir des militaires pour qu’ils les essaient,
disant : « Il faut voir ce qu’en disent ceux à qui sont destinés ces
articles. » Ainsi, il examine les chaussures ouatées qu’ils ont
enfilées, jugeant de la hauteur de la tige, de la bande de caoutchouc
et de l’épaisseur de la semelle. Ensuite, il en emporte une paire, on
ne sait pourquoi. Le lendemain, les collaborateurs assistent à une
scène inattendue : le Commandant suprême porte ce modèle de
chaussures ouatées malgré la chaleur de l’été. Il continue pendant
une bonne semaine. Un jour, après une pluie persistante, il va,
chaussé de ce modèle, visiter un chantier. Arrivé sur les lieux par un
chemin boueux, il invite les militaires à apprécier les chaussures
qu’il porte lui-même et dit qu’on fournira, l’hiver venu, ce genre de
chaussures à tous les militaires. Qu’en pensent-ils ?
17
« A la bonne heure, Commandant suprême », répondent les
militaires enthousiastes, les regards curieux fixés sur ses chaussures.
Kim Il Sung leur conseille d’en signaler les défauts s’il y a lieu
afin qu’on puisse en améliorer la qualité. Comme les militaires
réitèrent leur appréciation, il leur fait observer :
« Je porte ces chaussures depuis quelques jours, et je les
trouve chaudes et confortables. Seulement, elles se laissent
facilement tremper, et je crains qu’on ait les pieds gelés. »
La bande de caoutchouc, trop étroite, n’a pu éviter que le tissu se
mouille même au passage d’un bourbier peu profond, continue-t-il.
L’hiver, il tombe souvent de la neige fondante et le sol est détrempé.
Si les chaussures sont humides, il y a risque de gel des pieds.
Sur ce, il indique la hauteur qu’il propose pour la bande de
caoutchouc et demande l’avis des militaires, qui la trouvent
convenable. Il part alors d’un gros rire, remarquant qu’ils ne doivent
pas se contenter d’opiner du bonnet, mais qu’il faut songer
également à l’aspect esthétique. Un des observateurs répond que
l’aspect des chaussures finira par leur plaire puisque la modification
prévue doit leur assurer le confort.
Kim Il Sung est ravi : c’est justement ce qu’il pense lui-même.
« On élargira la bande de caoutchouc, comme vous le voulez »,
conclut-il.
Des mesures d’urgence
Un jour d’août 1951, Kim Il Sung reçoit une triste nouvelle :
Ho Hon, recteur de l’université Kim Il Sung, parti prendre part à
la cérémonie de rentrée universitaire, a été victime d’un
bombardement aérien. Or, comme l’embarcation sur laquelle il se
trouvait a été renversée, son corps a été emporté par le courant. « Il
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sera difficile, disait le messager, de le retrouver, car il est probable
que le fleuve impétueux l’a emporté vers la mer. »
Kim Il Sung en est désespéré. Il dit que Ho Hon était un
précieux nom de la Corée, qu’il serait insensé de ne pas chercher
sa dépouille, dût-on fouiller tout le fond de la mer.
Et, séance tenante, il arrête des mesures pour mobiliser plus de
3 000 militaires dans la recherche. Or, c’était une époque où,
l’ennemi ayant lancé son « offensive d’été », la tension croissait
sur le front et où le pays souffrait des plus violentes inondations
depuis trente ans. Seize jours plus tard, on retrouve enfin, au large
de Jongju, le corps du recteur.
Kim Il Sung assiste aux funérailles nationales.
La famille du défunt, confuse, exprime son inquiétude quant à
la situation grave au front. Pourtant, Kim Il Sung réplique :
« Quelle que soit la conjoncture actuelle, il est impensable que
je ne fasse pas mes derniers adieux à M. Ho Hon. Je suis venu
car je ne pouvais faire autrement. »
Puis, il se prête au port du cercueil.
Le décret N° 203 du Conseil
des ministres
Le 20 janvier 1952, un collaborateur du ministère de la Santé
vient au GQG, convoqué par Kim Il Sung. Il présente au
Commandant suprême un projet de mesures contre les crimes des
troupes des Etats-Unis qui se servent de bombes bactériologiques,
puis lui demande d’importants fonds à cet égard.
Anxieux, il attend, quand Kim Il Sung déclare : « A présent,
notre peuple donne à la victoire jusqu’à sa vie au front comme
sur les arrières. Peut-on épargner pour un peuple aussi
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patriotique et dévoué ? Je propose qu’on mette en vigueur un
système de soins médicaux gratuits pour tous. »
Son interlocuteur reste interdit. Souriant, Kim Il Sung le fixe
du regard, puis, changeant de sujet, il lui demande le prix des soins
médicaux qu’on reçoit.
D’après son interlocuteur, les soins médicaux pour les ouvriers
et les employés de bureau sont gratuits en vertu de l’assurance
sociale, tandis qu’on perçoit des paysans et des commerçants et
industriels privés des frais en cas de consultation externe et, pour
les membres des familles d’ouvriers et d’employés de bureau, 40
% du prix des médicaments.
« 40 %…, murmure Kim Il Sung, l’air songeur. Certes, notre
situation économique est actuellement un peu difficile ; pourtant il
nous faut mettre en vigueur un système de soins médicaux gratuits.
Rien n’est plus précieux pour nous que la vie du peuple. »
Dix mois plus tard, le 13 novembre 1952, le Conseil des
ministres émettra le décret N° 203 : « Pour la mise en vigueur d’un
système de soins médicaux gratuits».
Un journal étranger dira : « Si les Etats-Unis dévastent la Corée
par des bombardements successifs, ce pays les a giflés avec la bombe
du décret N° 203, qui équivaut à la puissance de dix bombes A. »
Une course inopinée
Pendant la guerre de Libération de la patrie, un officier du
service des opérations du GQG, en proie à l’angoisse, frappe à la
porte du bureau du Commandant suprême. Pas de réponse. Il réitère,
en vain. La veille, après la réception d’un rapport urgent et alarmant,
il a présenté au Commandant suprême un document détaillé sur les
nouvelles visées d’agression des Etats-Unis ainsi que le changement
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de situation qu’elles entraînaient au front. On s’attendait à un regain
de tension. Il fallait absolument voir Kim Il Sung.
Soudain, l’officier aperçoit le Commandant suprême causant
dans un coin de la cour avec la fille d’un martyr révolutionnaire en
poste au GQG.
« Qui voudrait t’épouser, toi, si grosse, plaisante Kim Il Sung.
– Ne vous en faites pas, il y en aura un quand même, proteste la
jeune fille rougissante.
– T’épouser, quand tu es incapable même de courir ?
– Mais je peux être plus rapide que vous à la course.
– Plus rapide que moi ? Je suis en pleine forme. Je peux
monter à cheval, voyager en avion et même te devancer en
course. Si tu veux, voyons qui sera le premier à atteindre cette
colline et à en revenir. »
L’officier fixe de son regard dépité la jeune fille qui ose parler
avec désinvolture au Commandant suprême. Or, la voilà partie à la
course, les poings fermés, vers la hauteur. Kim Il Sung la laisse
disparaître au loin, puis se met à la poursuivre. Une course
inopinée. Kim Il Sung suit l’itinéraire le plus court, s’élançant
comme une flèche, sautant les arbrisseaux et les roches. La jeune
fille n’arrive même pas à mi-flanc de la colline quand le
Commandant suprême atteint la hauteur et revient au point de
départ. Les témoins du spectacle éclatent de rire.
Le sang-froid et l’audace de Kim Il Sung font s’évanouir
l’angoisse et la tension qui pesaient sur l’officier.
Le Leader respecté et l’enfant
aux pieds nus
Un jour d’été 1955, dans l’arrondissement de Changsong,
des enfants qui revenaient de l’école croisent Kim Il Sung,
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qu’ils saluent, comme il se doit, en levant la main au-dessus de
la tête.
Parmi eux, un garçon aux pieds nus. Kim Il Sung fixe son
regard sur ses pieds poussiéreux, et s’assombrit. Confus, le gosse
veut reculer derrière ses copains, quand, le saisissant par l’épaule,
Kim Il Sung lui demande :
« Avec qui vis-tu ?
– Avec ma grand-mère, ma mère et mes frères.
– Et ton père ?
–…
– Il n’est pas là ?
– Il est tombé à la guerre. »
Sans mot dire, Kim Il Sung serre l’enfant dans ses bras, puis,
l’air triste, il s’adresse à sa suite : « Vous voyez, il me salue alors
que je ne lui ai même pas donné de quoi se chausser. » Il
s’informe du train de vie de sa famille et lui promet de passer tout
à l’heure chez lui.
Le garçon court porter la nouvelle aux siens. A mi-chemin, il
entend un coup de klaxon derrière lui : la voiture de Kim Il Sung
s’arrête à sa hauteur.
Kim Il Sung dit à l’enfant : « Monte, s’il te plaît ! », mais le
petit hésite, les yeux fixés sur ses pieds nus.
Kim Il Sung le rassure, disant qu’il aura des chaussures et que
tout s’arrangera. Et, sans quitter des yeux les pieds du garçon, il
continue : « Tu as sans doute mal aux pieds d’aller à l’école par
un chemin pierreux. Tes pieds blessés, tu ne pourrais plus aller
à l’école. »
Ces mots font monter des larmes aux yeux de l’enfant.
Quand la voiture arrive à la maison, Kim Il Sung salue la grandmère et la mère du garçon, puis il demande à son officier
d’ordonnance d’emmener les trois frères pour leur acheter des
chaussures. Quelques instants plus tard, les voilà de retour, chaussés.
Kim Il Sung, resté dans la cour à les attendre, vérifie si les chaussures
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vont bien aux enfants en pressant de ses doigts l’avant et l’arrière.
Attendri, le garçon murmure à peine : « Merci pour ces souliers.
Je vous promets d’être un bon écolier… » Il finit par enfouir son
visage dans la poitrine de Kim Il Sung.
Un nouvel article au budget d’Etat
Commencée le matin, la discussion du projet de budget d’Etat
pour 1957 au Conseil des ministres se poursuit jusqu’à tard la nuit
tant la situation financière s’avère critique.
Kim Il Sung, écoutant le rapport, examine un à un les articles
proposés. Soudain, il demande à l’orateur où l’on prévoit dans le
budget les subventions à l’instruction et les bourses d’études à
octroyer aux enfants des Coréens résidant au Japon. L’orateur reste
muet. C’est un sujet auquel Kim Il Sung s’est intéressé tout
particulièrement. Mais, lors de l’élaboration du budget, on n’a pas
trouvé, malgré l’effort consenti, les fonds nécessaires à cet égard.
Trois ans sont passés depuis le cessez-le-feu, mais les affreuses
blessures laissées par la guerre restent incomplètement pansées
dans les usines, les campagnes, les villages de pêcheurs et les
villes. Les usines ont été reconstruites à grand-peine, mais elles
manquent de machines; les champs ont été réaménagés après le
remblai des entonnoirs de bombe, mais on n’a pas assez de
pompes pour les irriguer. Et puis, des gens vivent encore dans des
abris semi-souterrains ; les blessés de guerre, les personnes âgées
et handicapées ont besoin d’une subvention de l’Etat. Bref, on
réclame partout des fonds. L’orateur répond qu’étant donné
l’extrême pénurie financière, il n’a pas inclus ledit article dans le
budget d’Etat, mais qu’il prévoit l’établir dans un plan à part.
Après un instant de silence, Kim Il Sung réplique fermement
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qu’il faut envoyer des fonds au Japon, et ce, immédiatement, qu’il
faut octroyer aux Coréens en difficulté à l’étranger l’argent
nécessaire à l’instruction de leurs enfants, quitte à renoncer à la
construction d’une ou deux usines.
Un silence s’instaure dans l’assistance. Kim Il Sung reprend,
disant qu’il ne faut pas se contenter de leur envoyer de l’argent une
ou deux fois, que tant qu’ils y résideront et qu’ils auront des
enfants à instruire, il faudra continuer, qu’on doit établir dans le
budget d’Etat un nouvel article intitulé : subvention à l’instruction
et bourses d’études à octroyer aux enfants des Coréens résidant
au Japon et prévoir un travail permanent à cet égard.
L’homme au cœur d’or croisé en route
Un soir d’été 1957, une vieille femme qui se rendait chez son
gendre dans la province du Hwanghae du Sud, s’était engagée sur la
grand-route quand une voiture klaxonne derrière elle puis s’arrête à
sa hauteur. Un homme de belle prestance descend. « Grand-mère »,
appelle-t-il. Pensant qu’il va lui demander son chemin, elle se
retourne.
« Où allez-vous, grand-mère ? demande l’homme, à
l’étonnement de la vieille.
– Chez mon gendre.
– Où demeure-t-il ?
– Dans la vallée de Sadang.
– Cette route, y mène-t-elle?
– Oui, c’est juste à côté de la route.
– Montez alors, je vous en prie. »
La vieille dame monte dans la voiture, soutenue par l’inconnu
qui range sa canne et son ballot, puis ferme la portière. Elle jette
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un regard furtif sur lui : c’est un visage familier que pourtant elle
ne parvient pas à identifier.
La voiture repart. L’homme invite la vieille femme à se mettre
à l’aise, puis lui demande si elle n’a pas de mal de la route,
combien d’enfants elle a, et lui souhaite de vivre longtemps encore
pour connaître des jours heureux après la vie dure qu’elle a menée
jusque-là.
Une seule pensée accapare la veille femme : qui peut donc être
cet homme ?
La voiture s’arrête enfin à une bifurcation qui mène à la vallée
de Sadang.
« Ce serait impoli de ma part de me séparer de vous sans savoir
qui vous êtes », dit la grand-mère en descendant.
Esquissant un sourire en guise de réponse, l’homme la soutient,
puis lui passe sa canne et son ballot, avant de lui dire : « Grandmère, je vous souhaite longue vie et bon voyage. »
Saisie d’émotion, la vieille femme reste un long moment clouée
sur place. Une autre voiture s’approche et s’arrête derrière elle ; un
jeune homme lui apprend que c’est Kim Il Sung qui occupe l’autre
voiture. A ces mots, elle s’affale, laissant tomber son ballot: « Ah !
quelle histoire ! Je suis bête ! Je n’ai pas reconnu notre Président du
Conseil des ministres, que j’ai toujours rêvé de rencontrer ! »
Le nouveau-né Un Tok
En septembre 1961, Kim Il Sung vient à l’hôtel Pyongyang
voir les délégués au IVe Congrès du Parti du Travail de Corée. Il
lie conversation avec une femme et lui demande le nombre des
membres de sa famille. Elle hésite. Un cadre répond alors à sa
place qu’elle n’a que son mari comme famille. Kim Il Sung
25
reprend : « Vous et votre mari ?... Quel âge avez-vous ? » Elle
répond qu’elle a 29 ans. Il poursuit : quel est son salaire, où
travaille son mari, etc. Soudain, il dévisage son interlocutrice et
dit : « Vous avez mauvaise mine. Etes-vous malade ? » Elle nie
tout en arguant des nuits blanches qu’elle a passées à l’approche
du congrès pour achever ses tâches.
« Vous niez, mais vous avez tout de même l’air malade »,
insiste-t-il. Et il s’inquiète : comment expliquer qu’elle n’ait pas
d’enfant à 29 ans, et sa mauvaise mine ?
Elle ne sait où donner de la tête, quand il lui demande si son
mari lui reproche de ne pas lui donner d’enfant. Elle fond en
larmes : Kim Il Sung a touché une corde sensible.
Cette femme en sanglots, Kim Il Sung l’invite à se faire
soigner afin de pouvoir devenir mère et continuer à travailler en
bonne santé. Il lui fera parvenir des médicaments. L’année
suivante, elle mettra au monde un enfant à qui elle donnera le nom
« Un Tok » (bienfait–N.d.T).
Des chaussures gardées longtemps
En été 1965, visitant l’arrondissement de Changsong, Kim Il Sung,
soucieux de voir la population bien chaussée, fait venir un jour des
responsables de l’usine de chaussures de Sinuiju. Insistant pour
qu’on produise en quantité des chaussures attrayantes et solides, il
leur montre les siennes en étoffe.
« C’est un produit de votre usine, n’est-ce pas? Elles sont
excellentes : pratiques et durables. »
La remarque a un air de reproche pour eux qui jetaient leurs
chaussures dès qu’elles avaient déteint ou étaient un peu usées.
Les responsables de l’usine scrutent les chaussures; ils
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reconnaissent leur produit mais n’arrivent pas à situer l’époque de
leur fabrication. Le tissu est décoloré à force d’être lavé, et le bout
en caoutchouc s’est aplati. Les chaussures sont fourrées de
semelles en tissu. Kim Il Sung dit alors à la surprise générale :
« Je les ai achetées il y a cinq ans, et elles sont encore bonnes. »
Vœux à l’intention d’un glorieux
blessé de guerre
Un jour de février 1968, Kim Il Sung vient visiter l’usine de stylos
de Mangyongdae employant de glorieux blessés de guerre. Toute
l’usine est en proie à l’émotion et à la joie. Quand il passe à l’équipe
d’entretien, Kim Il Sung examine un produit. Puis, intrigué par les
mouvements gauches de l’ouvrier, il lui demande où il a été blessé.
« A la colonne vertébrale », répond son interlocuteur.
Sur le coup, Kim Il Sung s’assombrit.
« La colonne vertébrale? Dans quelle bataille avez-vous été
blessé?
– Sur la cote 1211.
– Ah, vous êtes un héros de cette fameuse hauteur! »
Sur ce, il lui tâte le dos, cherchant l’endroit précis de la douleur.
L’ouvrier, confus, répète qu’il n’a pas mal. Kim Il Sung lui demande
s’il est marié. A sa réponse affirmative, il revient à la charge :
« Vous avez des enfants?
– Oui, j’en ai quatre.
– Quatre! Vous avez quatre enfants! », s’exclame Kim Il Sung
en serrant l’ouvrier contre sa poitrine et lui tapotant le dos.
« Tout va bien si vous avez des enfants », répète-t-il à maintes
reprises, tout sourire.
Il lui souhaite du succès dans son travail et une bonne
éducation de ses enfants. Et il le quitte, le cœur léger.
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Une véritable réunion
de parents d’élèves
Un jour d’été 1969, Kim Il Sung, revenant d’une visite en
province, fait arrêter sa voiture à la vue d’écoliers. Il descend et les
appelle. Poussant des acclamations, les enfants accourent et le
saluent à qui mieux mieux. Il les caresse d’un regard plein
d’affection, puis les interroge sur leur école et leur famille.
Ensuite, disant : « Jetons un coup d’œil sur le contenu de votre
serviette », il en ouvre une et examine le plumier, les manuels et
les cahiers. Il en complimente le propriétaire pour l’entretien
soigné de ses manuels et sa belle écriture. L’enfant en question
sourit, satisfait.
Kim Il Sung leur demande s’ils vont se réunir chez l’un d’entre
eux pour récapituler et, si oui, en quoi cela leur profite. Les avis sont
partagés : l’un relève l’avantage d’apprendre les uns des autres, un
autre celui de se servir des manuels les uns des autres. Avant de
prendre congé d’eux, Kim Il Sung leur recommande de bien étudier.
« Comme ils sont sincères, les enfants! » dit-il alors tout bas à
la cantonade. Et il conclut que, s’ils trouvent avantageux d’utiliser
en commun les manuels, cela veut dire qu’ils manquent de livres.
La prochaine réunion du Comité politique du Comité central du
Parti du Travail de Corée sera saisie du problème. Kim Il Sung
insiste pour qu’on imprime ces livres sur du papier de bonne
qualité et qu’on augmente leur tirage, quitte à remettre à plus tard
l’impression d’autres publications, et arrête les mesures à cet effet.
De plus, il fait créer, au niveau des autorités centrales, des
provinces, villes et arrondissements, des comités de préparation de
la nouvelle année scolaire.
Pour conclure la discussion, il dit : « Nous sommes nous28
mêmes des parents d’élèves. La réunion du Comité politique
d’aujourd’hui, c’est bien une réunion de parents d’élèves. Il
serait inadmissible que nous ne parvenions pas à résoudre le
problème de l’instruction de nos enfants. »
Un chemin évité pendant trois ans
Au début du printemps 1970, Kim Il Sung part visiter la région
d’Onchon. Sa voiture suit la route Pyongyang–Nampho quand le
chauffeur aperçoit un embranchement, celui qui mène à Ryonggang,
qu’il prend.
Kim Il Sung dit : « Arrêtez la voiture! » et ordonne de
reprendre la direction de Nampho.
« Vous allez à Onchon, pas vrai? lui demande, perplexe, son
officier d’ordonnance.
– Bien sûr, je vais à Onchon » répond Kim Il Sung, à
l’étonnement croissant de son interlocuteur.
En effet, le trajet pour aller à Onchon est de 16 km s’il passe
par le chef-lieu de l’arrondissement de Ryonggang, et 24 km s’il
passe par Nampho. D’ailleurs, jusque-là, Kim Il Sung est toujours
passé par Ryonggang. L’officier d’ordonnance et le chauffeur ne
font qu’échanger des regards interrogateurs.
« C’est que je n’ai plus envie de passer par la commune
d’Okdo », dit Kim Il Sung, ce qui ajoute à leur stupeur. Quelle
n’était pourtant pas la joie de Kim Il Sung d’y passer, se disent-ils.
En effet, Kim Il Sung pouvait y voir Rim Kun Sang, paysan
héros dont il avait fait la connaissance à la Conférence nationale des
paysans les plus actifs convoquée pendant la guerre de Libération de
la Patrie. En l’entendant évoquer son nouveau semoir à blé, il l’avait
qualifié de « paysan authentique » pour son dévouement et son
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abnégation. Depuis près de vingt ans, il le traite comme un
camarade, un ami. Quand il passait par la commune d’Okdo, il
demandait au chauffeur de ralentir, jetant des regards scrutateurs par
la vitre. Et, presque toujours, il avait alors la joie de voir Rim Kun
Sang accourir le saluer. Il causait avec lui, le consultant à cœur
ouvert sur la culture de la terre sans regarder l’heure.
La voiture reprend la route de Nampho, quand le voilà qui explique
d’une voix trouble : « Je n’ai pas le cœur à passer par la commune
d’Okdo depuis que le camarade Rim Kun Sang n’est plus. »
Sur le coup, l’officier d’ordonnance et le chauffeur se
rappellent la récente disparition du paysan, victime d’une maladie
censée incurable. Kim Il Sung s’est tant préoccupé de sa santé,
sans pourtant parvenir à le sauver. Dès lors, et pour trois ans, il
fera toujours un long détour pour aller à Onchon.
La reconstitution d’une carpe dépecée
Un soir de septembre 1971, Kim Il Sung, de retour d’une visite
en province, entre dans la salle à manger, amenant avec lui les trois
enfants d’un responsable de la Chongryon (Association générale des
Coréens résidant au Japon – N.d.T.) qui résident chez lui.
Tout le monde s’attable. Le benjamin, âgé de 6 ans, assis à côté
de Kim Il Sung, se vante à grand bruit d’avoir pêché à la ligne une
carpe dans la journée. Un exploit unique, d’après lui. Enfant gâté
de Kim Il Sung, il arrive souvent qu’il n’en fasse qu’à sa tête.
« Ma carpe, elle est grande comme ça! » proclame-t-il,
décrivant de ses bras un grand cercle. Kim Il Sung intervient :
« C’est énorme! Comment un si gros poisson s’est-il laissé
prendre à ton hameçon? Certainement s’est-il trompé en te
croyant incapable de l’attraper. »
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Le gamin, gonflé d’orgueil, crie de plus belle, l’air triomphal,
d’attendre voir.
Les plats arrivent, y compris des morceaux de carpe servis dans
plusieurs assiettes, quand soudain le gosse fond en larmes. Il s’affale
par terre et se débat, glissé sous la table. Sans doute, il enrage de
voir dépecée sa prise dont on ne peut plus apprécier la taille.
Son frère et sa sœur aînés tentent de le consoler, mais en vain.
« Un sacré têtu », dit alors Kim Il Sung qui se fait apporter une
grande assiette sur laquelle il reconstitue le poisson. Puis, il dit au
garçon: « Ça y est. Voilà ta carpe telle qu’elle était. Viens la
voir. Le poisson est d’une taille vraiment formidable. »
L’enfant arrête enfin de pleurer et vient jeter des regards furtifs
sur la table. Comme il retrouve son poisson dans toute sa
splendeur, il sourit, mine de rien, disant : « Voilà la carpe que j’ai
pêchée, grand-papa Maréchal. Prenez-en, je vous en prie. »
Kim Il Sung, les yeux fixés sur le gosse, éclate de rire, suivi
des convives.
Un site gardé en réserve
Un jour d’octobre 1973, de la colline Moran, Kim Il Sung
admire le panorama de la capitale. Soudain, en désignant la colline
Namsan, il demande à sa suite :
« Quel bâtiment devrait-on construire là-bas, d’après vous? »
Personne ne répond, et pour cause : ses collaborateurs savent
pertinemment qu’il s’agit d’un endroit que le Président a toujours
gardé en réserve. Lors de la reconstruction de Pyongyang d’aprèsguerre, s’il a choisi la colline Namsan comme centre de la ville, il
a tenu à ne pas toucher à ce site remarquable qui domine le fleuve
Taedong aux eaux bleues et offre la vue du paysage pittoresque de
31
la colline Moran autant que de la plaine de Munsu.
Du temps s’est écoulé depuis, et une myriade d’édifices ont fait
leur apparition alentour, mais la colline Namsan est restée intacte.
Une année, un architecte, désolé de voir ce terrain toujours
vague, a proposé au Président le plan d’un édifice imposant comme
siège du gouvernement. Le projet a été rejeté sur-le-champ.
Pourquoi placer le siège du gouvernement à cet endroit idéal? Au
centre de la ville, il faut placer un établissement public, fréquenté du
peuple, plutôt que le palais du gouvernement. Voilà ce qu’il pensait.
Devant l’hésitation des collaborateurs, le Président propose un
édifice d’usage public.
Deux mois plus tard, à la mi-décembre, le Président Kim Il Sung
escalade la colline Namsan et dit que le moment est venu d’aménager ce
site et que, comme il y a déjà à Pyongyang un palais de la culture et un
palais des enfants, il convenait maintenant de construire ici une grande
bibliothèque. Ainsi, continue-t-il, les adultes pourront y faire leurs études
tandis que les enfants en feront autant dans leur palais. Et d’ajouter :
« Le peuple se réjouira de voir une bibliothèque s’élever ici. »
Voilà comment fut construit le Palais des études du peuple,
comme l’a baptisé le Président lui-même, édifice de style coréen,
grandiose et splendide.
Le « fils aîné » de Jang Kil Bu
En février 1974, Jang Kil Bu, mère de Ma Tong Hui,
combattant de la guerre contre les Japonais, décède à l’âge de 91
ans. Il faut organiser ses funérailles, mais aucun de ses enfants
n’est en vie. Son fils, sa fille et sa bru sont tombés dans la lutte de
libération du pays, et Jang est restée seule. Selon la coutume, à la
mort des parents, ce sont les enfants qui officient les funérailles et
32
reçoivent les visiteurs. Que faire dans le cas de Jang?
On propose au Président Kim Il Sung :
« Les funérailles de la mère Jang seront, grâce à vous, une
cérémonie nationale. Mais nous sommes fort embarrassés que la
défunte n’ait personne pour recevoir les visiteurs. »
A ces mots, le Président s’approche, sans mot dire, de la
fenêtre et regrette la disparition d’une femme qui aurait dû vivre
jusqu’à cent ans. Il jouera lui-même le rôle de « fils aîné » de la
mère Jang, et des généraux anciens partisans, celui de « fils
cadets » pour la conduire sur son dernier chemin.
« C’est inédit », lui réplique-t-on. Il l’admet, mais insiste.
Le lendemain, les visiteurs sont sidérés devant le spectacle qui
leur est offert : la mère Jang gît dans un cercueil gardé par cinq
« fils » en uniforme de général et cinq « brus » vêtues de blanc.
La visite à un malade la veille
du nouvel an
Le 31 décembre 1983, vers le soir, la famille de Kim Il (alors
vice-président de la République) alité est prévenue d’une visite
imminente du Président Kim Il Sung. La nouvelle frappe de
stupeur le malade. En effet, s’il ressentait cruellement l’absence du
Président, il ne croyait cependant pas à une visite de sa part,
d’autant plus que celui-ci devait être surchargé de travail.
La maisonnée se met à arranger la chambre quand le Président
arrive déjà. Il entre et saisit tendrement les mains du malade.
« Respecté Leader ! », murmure le malade, touché aux larmes par
cette visite qui survient après tant d’autres témoignages de sollicitude.
Le Président s’enquiert en détail de son état et des soins
prodigués. Pour sa part, Kim Il s’excuse de son désœuvrement
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prolongé. Le Président réplique qu’il méritait pleinement de se
reposer, qu’il avait déjà fait beaucoup.
Comme le malade n’arrive pas à se rassurer, le Président se dit
satisfait de le voir honorer comme toujours son titre de
révolutionnaire. Il évoque avec émotion leur première rencontre.
Hélas ! la nuit est trop courte pour échanger toutes les pensées
accumulées pendant leur lutte de longue haleine.
Le Président propose de remettre leur causerie à plus tard et de
prendre une coupe de vin à l’occasion du Jour de l’an. Le malade
répond qu’il lui est défendu de boire.
Le Président le prie donc de faire preuve de persévérance pour
combattre la maladie. Il veut ajouter quelque chose quand il se
retourne brusquement, les yeux mouillés de larmes.
Le malade, n’en pouvant plus, se met à sangloter. Il dit au
Président : « Respecté Leader, veillez sur votre santé. Il faut penser
à votre âge. Prenez garde de vous surmener, je vous en supplie. »
Le Président, ému, se lève: « Merci… mais vous devez souffrir
d’être resté longtemps assis. Il est temps que je vous dise au
revoir. »
Ne quittant pas le malade des yeux, il ajoute d’une voix
étranglée : « Nous assistions toujours ensemble au spectacle
donné à l’occasion du nouvel an, mais ce soir, vous étiez
absent. Cela m’a empêché de jouir de la représentation. J’ai
alors demandé à venir vous voir. »
Il reste longtemps sur place, les mains du malade entre les siennes.
Le tombeau d’un martyr
révolutionnaire à Taehongdan
Au printemps 1985, un jeune homme travaillant auprès du
Président Kim Il Sung vient de rentrer d’un pèlerinage au théâtre
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de combat révolutionnaire du mont Paektu.
L’accueillant avec joie, le Président lui demande ses
impressions. Le jeune ne lui cache rien de ce qu’il a vu et ressenti.
Le jeune ajoute, enjoué, qu’il a aussi visité le vaste plateau de
Taehongdan couvert d’azalées, où il s’est senti un des soldats de
l’Armée révolutionnaire populaire coréenne des années de la
résistance contre les Japonais.
Kim Il Sung s’assure : « Vous êtes passé par Taehongdan,
dites-vous? »
Sur ce, Kim Il Sung parle du tombeau d’un partisan que le
jeune aurait dû visiter, mais qu’il ignorait, le tombeau de Kim Se
Ok, combattant de la résistance. Le Président regrette de ne pas
l’avoir prié d’y déposer un bouquet de fleurs devant. Silencieux
d’habitude, Kim Se Ok était un véritable fauve lors des combats,
dit-il. Comme cela me déchire le cœur qu’il soit tombé trop tôt
pour voir la patrie libérée!
Et au déjeuner, puis au dîner, le Président regrette encore son
oubli.
La longue-vue installée
dans le bureau
Le 31 décembre 1985, le Président Kim Il Sung convoque à
son bureau un collaborateur. A son arrivée, le collaborateur voit le
Président affairé à regarder dans une lunette d’approche. Après un
moment de silence, il lui demande ce qu’il y a de particulier à
observer.
Kim Il Sung se retourne alors et l’invite à voir lui-même. Ce
qu’il aperçoit alors est merveilleux : la vue d’ensemble du
cimetière des martyrs de la révolution du mont Taesong avec les
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bustes de ces combattants qui semblent prêts à accourir. Des
larmes montent à ses yeux tandis qu’il enlace l’appareil. Sur ce, le
Président dit d’une voix émue que, chaque fois que ses anciens
compagnons d’armes lui manquent, il regarde le cimetière du mont
Taesong et qu’il est désolé de ne pas les avoir entourés d’attentions
plus délicates quand ils étaient en vie.
L’arbre généalogique et le sceau
de la famille royale émergent
après 600 ans
Au petit matin un jour de mai 1992, le Président Kim Il Sung
arrive à Kaesong où il visite des vestiges et des monuments
historiques, puis le tombeau royal de Wang Kon, à 8 km au nordouest de la ville.
Wang Kon est le roi fondateur du Coryo, premier Etat unifié de
l’histoire de notre pays, dit-il, mais son tombeau fait piètre figure.
Si nous négligeons sa sépulture, ce roi nous fera sans doute des
reproches. Les historiens devront établir un plan de restauration
après consultation d’architectes.
La nouvelle se répand et les descendants de la famille royale
passent des nuits blanches tant ils sont exaltés. Finalement, ils
conviennent de présenter au Président l’arbre généalogique de la
famille Wang et le sceau royal qu’ils gardaient comme des trésors
familiaux depuis 600 ans, transmis d’abord par les rares survivants
de la famille du roi, puis par leurs descendants qui ont échappé à la
vague de meurtres lancée contre eux par la clique de Ri Song Gye
après le renversement de la dynastie du Coryo en 1392.
« Trouvé l’arbre généalogique de la famille de Wang Kon?
Merveille qu’on doit bien aux temps bénéfiques que nous
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vivons », fait le Président, jetant un coup d’œil sur le document.
Puis, feuilletant le livre, il fait remarquer que le Coryo est le
premier Etat unifié de la Corée, et que de ce fait, il a proposé
d’appeler République fédérale démocratique du Coryo l’Etat unifié
qu’on veut édifier.
Regardant le portrait brossé dans le livre, il signale la beauté du
roi, partant d’un rire sonore.
Kim Il Sung recommande de conserver précieusement le
« Document généalogique de la famille des Wang de Kaesong » et
le sceau utilisé par Wang Kon. Au reste, appréciant la conduite
louable des descendants des Wang, il leur fait un cadeau en son
nom personnel.
Le tombeau du roi Tangun
au pied du mont Taebak
Un jour de la fin de septembre 1993, le Président Kim Il Sung
se rend au tombeau du roi Tangun dans le chef-lieu de
l’arrondissement de Kangdong.
Le tumulus ravagé par le temps inexorable présente un aspect
minable et délabré. Le Président constate : « Je croyais le
tombeau de Tangun impressionnant, mais il ne l’est pas. Je
m’attendais au moins à quelques travaux au cours des 500 ans
de la dynastie des Ri, mais rien n’a été fait. »
La visite terminée, il relève le mauvais choix du site et invite sa
suite à voir le nouvel emplacement auquel il songe. Le cortège
s’arrête au pied du mont Taebak. Le Président contemple alors
longuement la colline arrondie en contrebas. Blottie contre le
mont, cette élévation a devant elle un horizon dégagé, projetant
ainsi son profil fier et élégant comme ciselé par un artiste.
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Satisfait, Kim Il Sung mentionne : « A mon avis, la crête de ce
monticule où se dressent déjà les dolmens de la commune de
Munhung convient le mieux au tombeau restauré du roi
Tangun. Du haut de ce tertre, on a une vue libre jusqu’à
l’horizon comme celle qu’offre le cimetière des martyrs de la
révolution du mont Taesong. Par ailleurs, la route passe tout
près et offre aux visiteurs l’avantage du transport. »
Un vieil historien approuve: « Oui, oui, vraiment l’endroit idéal!
– Quel paysage superbe ce sera quand le tombeau s’y
trouvera! » acquiesce le Président.
Plus tard, Kim Il Sung fera remarquer : « Une bonne restauration
du tombeau de Tangun témoignera de l’ancienneté de notre pays
qui a une histoire de cinq millénaires et de l’homogénéité originale
de notre nation, et montrera que Pyongyang est le berceau de cette
nation avec son premier aïeul Tangun. »
Un comité de restauration du tombeau de Tangun verra aussitôt
le jour. Kim Il Sung tracera l’orientation et veillera à l’élaboration
d’un schéma architectural digne du fondateur de la nation coréenne,
y mettant lui-même la dernière main avant de le ratifier.
C’était le 6 juillet 1994, deux jours avant son décès. Le 7 sera
signé le document sur la réunification du pays. Ce sont les derniers
documents signés par le Président Kim Il Sung. La restauration du
tombeau sera achevée le 11 octobre 1994, marquée par
l’inauguration solennelle du monument.
Le dernier jour d’une vie pleine
d’abnégation
Le 7 juillet 1994, comme tous les jours, le Président Kim Il Sung
a un emploi du temps surchargé.
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Dans la matinée, il examine et signe un document sur la
réunification du pays, puis s’occupe des mesures à prendre contre
d’éventuelles inondations. Dans l’après-midi, il donne des directives
en ce qui concerne les affaires extérieures, la construction d’une
centrale électrique à huile lourde, et le soir, il continue son travail.
Un collaborateur, inquiet, intervient :
« Respecté Leader, prenez le dîner, je vous en prie.
– Je n’ai pas envie, je ne sais pourquoi. A force de
travailler, j’aurai peut-être faim.
– Comment travailler à jeun? Il faut que vous preniez votre
repas.
– Merci de votre attention. Mais vous savez, j’ai tant de
choses à faire au nom de notre peuple. Si je cesse le travail,
votre Commandant suprême Kim Jong Il sera d’autant
surchargé. Comme il travaille dur, supportant tout le poids des
affaires de l’Etat, grandes ou petites! A le voir consacrer ses
nuits au bien-être du peuple, je ne peux accepter de me
détendre un seul instant », dit le Président Kim Il Sung calme
mais énergique.
La nuit avance; il continue de travailler malgré son âge,
parcourant des documents, donnant des coups de fil, etc. C’est
ainsi que s’écoule la dernière journée du serviteur éminemment
dévoué du Parti, de la révolution, de la patrie et du peuple.
Kim Jong Il déclarera : « Notre grand Leader travaillait
sans se lasser au nom du Parti et de la révolution, de la patrie
et du peuple, quand il s’est éteint dans son bureau. Il est mort
à son poste. De tous les dirigeants du monde, notre Président
est le seul à avoir passé ses derniers moments à œuvrer
inlassablement, à avoir fini irréprochablement son existence.
C’est un autre aspect qui fait de lui le plus grand des grands
hommes. »
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ANECDOTES RELATIVES A KIM IL SUNG 1
Ecrit par Kim Kwang Il, Pak Hak Il et Han Jong Yon
Rédigé par Kim Song Mo
Traduit par Pak Se Il et Paek Won Gi
Edité par les Editions en langues étrangères
Adresse : Le district de Sochon dans l’arrondissement
de Sosong, Pyongyang
N° 78385

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