1. Le positionnement économique de l`Ile-de-France
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1. Le positionnement économique de l`Ile-de-France
Développement économique à long terme de l’Ile-de-France 1. Le positionnement économique de l’Ile-de-France Située au carrefour des échanges européens et mondiaux, l’Ile-de-France est le pôle de développement principal de la France et l’un des plus importants au niveau mondial. 1.1 L’IDF, première région française L’Ile-de-France est en nombre d’habitants (11 millions) et en emplois (5,4 millions), l’une des plus importantes métropoles mondiales. Elle concentre sur seulement 2,2% du territoire de France métropolitaine 18,7% de la population, 20,7% de la population active, 18,7% des entreprises, 22,4% des emplois, 28,7% du produit intérieur brut, 25,6% du revenu imposable national et 22,7% du revenu disponible brut1. Elle est le deuxième pôle d’implantation des grands groupes européens, juste derrière Londres2. Elle est la première destination touristique mondiale avec 36,4 millions de touristes en 2000. La région offre une main d’œuvre jeune et dynamique : la part des 20-59 ans est plus importante qu’en province (62% pour 58% en province) et les taux d’activité sont plus élevés (50% de la population est active contre 45% pour la province). D’autre part, elle bénéficie d’une population hautement qualifiée puisqu’elle accueille 47% des cadres d’entreprise et 42% du personnel de recherche, ainsi que 30% des établissements d’enseignement supérieur dont de prestigieuses écoles internationales dans les domaines de l’informatique, des mathématiques, des télécommunications, des énergies nouvelles, des biotechnologies, du management et du commerce international. C’est dans la région capitale que la productivité est la plus forte avec un PIB par emploi de 76 500 euros, loin devant l’Alsace, PACA et RhôneAlpes dont la productivité avoisine les 59 000 euros par emploi. La présence des administrations publiques fait de l’Ile-de-France le centre de décision politique et administratif de la France. Mais elle est également le centre de décision économique, puisqu’elle attire 38% des sièges sociaux implantés sur le territoire national, et notamment les trois-quarts des sièges sociaux des banques et des compagnies d’assurance, et plus du quart des sièges sociaux de l’industrie. Le nombre des sièges sociaux franciliens et la répartition de leurs salariés sur le territoire assurent à la fois l’autonomie et le rayonnement de la région. En 1997, les sièges sociaux franciliens des entreprises de plus de 100 salariés regroupent 95% des effectifs salariés régionaux de ces entreprises, et ont 38% de leurs effectifs dans des établissements hors de la région3. Par ailleurs, l’Ile-de-France bénéficie d’une structure de l’emploi favorable à la croissance. Elle s’est positionnée sur les secteurs les plus créateurs de valeur ajoutée et d’emploi, dans l’industrie ou dans le tertiaire. 1.1.1 L’IDF augmente son attractivité pour les investissements étrangers Les indicateurs de l’attractivité sont le stock des implantations étrangères sur le territoire et le flux des investissements directs étrangers (IDE). Toutefois, ces derniers portent essentiellement sur des rachats d’entreprises. C’est davantage au travers des investissements « greenfields », c’est à dire des implantations nouvelles, que peuvent être appréciées les conséquences de l’attractivité sur l’emploi et la croissance. Aujourd’hui, un emploi sur trois créé en France est le résultat d’un investissement étranger. Depuis 1993, les projets d’investissements ont constamment augmenté en France : de l’ordre de 300 en 1993 pour 15 500 emplois créés, ils sont 558 en 2001 pour 25 500 emplois4. Jusqu’en 2000, cet accroissement des projets s’est traduit par une augmentation des créations d’emplois. Cette tendance s’est Le revenu disponible brut est égal aux salaires et aux rentes diminués des cotisations sociales et des impôts auxquels sont ajoutés les transferts sociaux. Rapport DATAR : Les villes européennes, analyse comparative 3 Insee Première n°630 – janvier 1999 Le tissu productif régional : diversité et concentration (Frédéric Lainé et Carole Rieu) 4 Résultats 2001 de l’enquête AFII sur les investissements directs étrangers en France 1 2 11 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France inversée avec l’éclatement de la bulle des TIC en 2001 et 2002, années où les créations d’emplois ont diminué de 27% puis de 10%. En Ile-de-France, le nombre de projets d’investissement a également augmenté depuis 1993, passant de 12 à 72 en 2001. Celui-ci a donc été multiplié par 6, tandis qu’il ne l’était que de 1,9 en France. De même les créations d’emplois ont été plus favorables à l’Ile-de-France qu’au reste de la France puisqu’elles ont été multipliées par 10 de 1993 à 2002 (de 400 à 3 924) tandis qu’elles n’augmentaient que de 50% en France (de 15 400 à 22 900). En 2002, l’Ile-de-France concentre ainsi 17% des créations d’emplois liées à des IDE. Toutefois, la région Rhône-Alpes est concurrente de l’Ile-de-France depuis plusieurs années et devient en 2002 la première région d’accueil des investissements internationaux en France (+ 4068 emplois créés) grâce au projet Philips/Motorola/STMicroelectronics. 1.1.2 L’IDF conforte sa spécificité dans les emplois supérieurs L’Ile-de-France est fortement spécialisée dans les emplois supérieurs à forte qualification et à forte valeur ajoutée : elle concentre en 1999 48,7% des fonctions métropolitaines supérieures5 et 38% des cadres de France métropolitaine. En Ile-de-France, dans un contexte de baisse de l’emploi de 1990 à 1999, les fonctions métropolitaines supérieures, les cadres et les professions intermédiaires ont augmenté respectivement de 85 000, 122 000 et 119 000 emplois. En revanche, les professions les moins qualifiées ont connu une stagnation ou une baisse de leurs effectifs : + 8 000, soit +0,5% pour les employés et – 241 000 pour les ouvriers. Ces tendances sont également celles de la province. Toutefois, les baisses d’emplois ouvriers ont été beaucoup plus marquées en Ile-de-France qu’en province et l’Ile-de-France n’a pas connu l’augmentation des emplois d’employés de la province (+16,5% contre +0,5% seulement en Ile-de-France). Ce sont essentiellement ces évolutions sur les professions peu qualifiées qui ont contribué à la spécialisation de la région capitale. En effet, les emplois les plus qualifiés ont évolué entre 1990 et 1999 sensiblement moins favorablement en Ile-de-France qu’en province. Au delà du rééquilibrage global de l’emploi au profit de la province sur la période 1990-1999, la part des emplois de cadres a moins diminué que pour les autres professions et la région a un indice de spécificité fonctionnelle6 des cadres très élevé et en légère augmentation (171,8 au lieu de 171,2 pour un indice de 100 attribué à la France métropolitaine). Cet indice a diminué pour tous les autres métiers, sauf pour les artisans, commerçants et chefs d’entreprise qui ont connu une moindre baisse de leurs effectifs en Ile-deFrance qu’en province. Les métiers les moins qualifiés d’ouvriers, d’employés et de professions intermédiaires sont de moins en moins représentés en Ile-de-France. L’importance des fonctions métropolitaines supérieures est une autre spécificité de la région. « Les fonctions métropolitaines supérieures illustrent le rayonnement des grandes villes. Symboles de dynamisme, de décision, porteuses d’images positives, elles sont davantage présentes dans les grandes villes »7. De 1990 à 1999, la part de l’emploi dans les fonctions métropolitaines supérieures a augmenté, passant de 7,1% à 7,9% de l’emploi total. Sur la période, on a assisté à une concentration de ces emplois dans les grandes aires urbaines. L’aire urbaine de Paris8 a bénéficié de cette évolution : tandis qu’elle perdait globalement des emplois sur la période (-0,6% en neuf ans), elle a au contraire gagné un grand nombre d’emplois métropolitains supérieurs (+85 000 soit +11,7%). Cette croissance a également bénéficié aux aires urbaines de l’ouest et du sud de la France (Toulouse, Rennes, Montpellier, Nantes, Grenoble) 5 La liste des fonctions métropolitaines supérieures a été créée après le recensement de 1990 pour compléter l’analyse traditionnelle par secteur d’activité et mettre en évidence les fonctions caractéristiques des plus grandes villes. On trouve notamment : les artistes et emplois supérieurs artistiques, les cadres de banque et des assurances, les cadres commerciaux de gros et interindustriels, les ingénieurs et cadres commerciaux et de gestion des établissements industriels, les cadres de direction des établissements industriels, les cadres de l’information, les ingénieurs et cadres de l’informatique des établissements industriels, les ingénieurs et cadres de recherche, des services aux entreprises, des télécommunication et des transports. (Philippe Julien) 6 L’indice de spécificité fonctionnelle des cadres est égal à la part des emplois de cadres régionaux dans l’emploi de cadre national, rapportée à la part de l’emploi régional total dans l’emploi national total. 7 Insee Première n°840 - mars 2002 : Onze fonctions pour qualifier les grandes villes (Philippe Julien) 8 L’aire urbaine de Paris correspond assez bien aux limites administratives de la région. Elle la déborde un peu au nord et à l’ouest et n’inclut pas la frange sudest de la Seine et Marne. 12 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France dont le poids augmente, amorçant ainsi un rééquilibrage vers la province. L’aire urbaine de Paris représentait 48,7% de ces emplois en 1999 tandis qu’elle en concentrait 50% en 1990. Cependant cette évolution est à mettre en rapport avec la baisse du poids de l’aire urbaine dans l’emploi total : Paris est passé d’un indice de spécificité de 174 en 1990 à un indice de 177 en 19999. Cela signifie que l’aire urbaine de Paris est plus spécialisée dans les emplois supérieurs en 1999 qu’en 1990. Emploi 1990 Emploi 1999 Evolution 1999/ Part brute 1990 en 1990 Emploi total 1990 Emploi total Indice de Indice de 1999 spécificité spécificité 1990 1999 Fonctions AU Paris 730096 métropolitaines supérieures AU hors 729544 Paris 815552 85 456 11,7% 50,0% 48,7% 39,6% -1,3% 5117668 5089179 174,4 177,2 859901 130 357 17,9% 50,0% 51,3% 60,4% 1,3% 12728964 13442268 70,1 70,8 IdF 1 016 472 1138754 122 282 12,0% 39,4% 38,0% 29,4% -1,4% 5075974 5041995 171,2 171,8 Province 1 565 018 1 858 294 293 276 18,7% 60,6% 62,0% 70,6% 1,4% 16 994 356 17 758 736 78,7 79,6 Artisans, IdF commerçants, chefs d'ent Province 304921 -12,4% 17,4% 17,6% 16,6% 0,1% 5075974 5041995 79,5 1 442 675 1 252 036 -190 639 -13,2% 82,6% 82,4% 83,4% -0,1% 16 994 356 17 758 736 107,2 105,8 Professions IdF intermédiaires 1184462 1303170 118 708 10,0% 26,7% 24,7% 14,2% -2,0% 5075974 5041995 111,9 Province 3 244 550 3 964 107 719 557 22,2% 73,3% 75,3% 85,8% 2,0% 16 994 356 17 758 736 95,1 96,6 IdF 1475805 1483849 8 044 0,5% -2,7% 5075974 5041995 101,8 Province 4 382 593 5 106 898 724 305 16,5% 74,8% 77,5% 98,9% 2,7% 16 994 356 17 758 736 97,2 99,5 IdF 1082054 841362 -2,3% 5075974 5041995 65,6 Province 5 366 743 4 958 351 -408 392 -7,6% 83,2% 85,5% 62,9% 2,3% 16 994 356 17 758 736 108,1 Cadres Employés Ouvriers 267025 -37 896 Part en 1999 Part Evolution évolution part 25,2% 22,5% 1,1% -240 692 -22,2% 16,8% 14,5% 37,1% 75,9 116,3 109,5 73,0 109,8 Source : Insee, Recensements de la population 1990 et 1999 1.1.3 Une région de plus en plus tertiaire grâce à une forte hausse des emplois de services L'économie francilienne se caractérise par la prédominance très nette du secteur tertiaire10 (administrations, services marchands, établissements financiers à vocation internationale) et en particulier des services aux entreprises. 35 % de la valeur ajoutée nationale des activités tertiaires marchandes et non marchandes est produit en Ile-de-France par 25,4 % de l’emploi national contre respectivement 22% et 15% pour l’industrie. Le développement de sites tels que la Défense ou Marne-la-Vallée, zones fortement spécialisées en activités tertiaires, a accompagné cette évolution. Ici, l’indice de spécificité rapporte la proportion de personnes de l’aire urbaine de Paris travaillant dans les EMS à cette même proportion pour le total des 354 aires urbaines. Cet indice est encore plus élevé si on porte au dénominateur la proportion d’EMS dans le total des emplois de France métropolitaine. 10 Le secteur tertiaire regroupe le commerce et les services (dont notamment, les services aux entreprises et les services aux particuliers). 9 13 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France D’après les estimations d’emploi de l’Insee, sur la base d’une nomenclature par activité principale, l’Ile-deFrance a atteint en 2000, avec 4,4 millions d’emplois appartenant au secteur tertiaire, un taux de tertiarisation de 83 % (70 % relevant des services et 13 % du commerce). Agriculture Effectifs 1989 22556 Effectifs 2000 20341 Part dans l'emploi régional 1989 0,4% Part dans l'emploi régional 2000 0,4% Part dans l'emploi national du secteur 1,7% 1989 Part dans l'emploi national du secteur 2,2% 2000 Evolution des effectifs 1989 -2000 -9,8% Source : Insee, estimations d’emploi Industrie 922891 653472 18,2% 12,2% 18,9% Construction 353413 247602 7,0% 4,6% 21,6% Commerce 693586 700717 13,7% 13,0% 22,7% Services 3075214 3749184 60,7% 69,8% 27,0% Total 5067660 5371316 100,0% 100,0% 22,8% 15,1% 17,2% 21,5% 26,2% 22,2% -29,2% -29,9% 1,0% 21,9% 6,0% La tertiarisation de l’économie francilienne s’est poursuivie au cours de la dernière décennie grâce à la forte croissance des emplois de services (+ 674 000 entre 1989 et 2000). En effet, la part des emplois de services dans l’emploi francilien s’est fortement accrue entre 1989 et 2000, à un rythme cependant moindre que dans les autres régions encore faiblement tertiarisées à la fin des années 1980. Dans le secteur du commerce, la faible croissance des effectifs entre 1989 et 2000 s’est traduite par un recul du poids de ce secteur dans l’économie régionale. En 2001, l’Ile-de-France a produit 36,4% de la valeur ajoutée du secteur tertiaire marchand avec seulement 29,3 % des effectifs nationaux. L’emploi tertiaire peut se répartir en cinq blocs : les services aux ménages, les services aux entreprises et assimilés, les transports, le commerce et enfin l’administration et les activités associatives et extra-territoriales. Répartition des emplois salariés du tertiaire en 2000 en Ile-de-France 8631974579 J1 - Commerce et réparation automobile J2 - Commerce de gros, intermédiaires 279405 529180 J3 - Commerce de détail, réparations 291995 K0 - Transports L0 - Activités financières 298523 378703 M0 - Activités immobilières N1 - Postes et télécommunications N2 - Conseils et assistance 255017 N3 - Services opérationnels N4 - Recherche et développement 340054 106216 P1 - Hôtels et restaurants P2 - Activités récréatives, culturelles et sportives 163459 145209 P3 - Services personnels et domestiques Q1 - Education 148600 196808 Q2 - Santé, action sociale 527056 62511 R1 - Administration publique 305364 R2 - Activités associatives et extra-territoriales Source : Insee, estimations d’emploi salarié Les services aux ménages regroupent les services aux particuliers tels que définis par la nomenclature Insee (hôtels et restaurants, activités récréatives, culturelles et sportives, services personnels et domestiques), l’éducation et l’action sociale. Ces services à destination principale de la population résidente représentent 27% de l’emploi tertiaire en 2000 avec 1,2 million de salariés, soit 110 emplois pour 1000 habitants. En 1990, on décomptait 1 million de salariés et ce ratio n’était que de 94 pour 1000. Le vieillissement de la population et le développement de la société de loisirs constituent des facteurs explicatifs de cette hausse. Par ailleurs, il faut noter que l’Ile-de-France est mieux pourvue en services aux 14 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France ménages que la province qui compte 94 emplois pour 1000 habitants en 2000. En Ile-de-France, les deux principaux postes d’emploi sont la santé et l’éducation qui occupent chacun environ 30% des emplois de services aux ménages. Viennent ensuite les hôtels et restaurants (16%), les activités récréatives et culturelles (12%) et les services personnels et domestiques (12%). Les services aux entreprises (en bleu dans le graphique) occupent un peu plus d’un million d’emplois. Ils représentent le quart des emplois tertiaires et sont depuis 25 ans un secteur clé de la dynamique francilienne. Au sein des services aux entreprises, le conseil assistance et les services opérationnels sont les premiers postes d’emploi. Ils ont connu un très fort développement depuis 1976. En 2001, le secteur conseil assistance francilien concentre 44,8% des emplois nationaux du secteur et produit 54,5% de la valeur ajoutée. Comparée à l’évolution de l’emploi, celle de la valeur ajoutée met en évidence la spécialisation régionale, à l’intérieur même du secteur, au profit d’activités à forte valeur ajoutée. Services opérationnels Conseil et assistance 500000 600000 500000 400000 400000 300000 300000 200000 200000 100000 100000 Bassin parisien Est Méditerranée Nord Ouest 19 98 20 00 19 94 19 96 19 92 19 90 19 88 19 86 19 84 19 82 19 76 19 78 19 76 19 78 19 80 19 82 19 84 19 86 19 88 19 90 19 92 19 94 19 96 19 98 20 00 Ile-de-France Centre-Est Sud-Ouest 19 80 0 0 Source : UNEDIC En Ile-de-France, le secteur conseil et assistance compte près de 530 000 emplois en 2000. Il correspond aux activités de conseil, d’expertise, d’administration d’entreprise, d’architecture, d’ingénierie, de contrôle et analyse technique et de publicité. Ce sont des services aux entreprises à forte valeur ajoutée impliquant une haute qualification du personnel. Ce secteur d’activité est très concentré sur Paris (38%) et les Hauts-de-Seine (31%). La répartition par activité indique qu’en 2000, près des deux tiers des emplois se concentrent dans les activités juridiques, comptables, de conseil de gestion et l’administration d’entreprise. Suivent les activités d’architecture et d’ingénierie (19%) et la publicité (14%). Le contrôle et les analyses techniques ne représentent que 3% des emplois de ce secteur11. Cette prééminence du conseil aux entreprises est en partie due à la forte proportion des sièges sociaux en Ile-de-France, un grand nombre d’entre eux étant répertoriés en administration d’entreprise. Il faut toutefois noter que ce n’est pas systématiquement le cas, le siège social de Bouygues a ainsi été récemment reclassé vers le secteur de la construction. Le poids de ce secteur est donc encore sous-estimé dans les statistiques par secteur d’activité. Afin de pouvoir suivre l’évolution de la tertiarisation de l’économie, il serait souhaitable que tous les sièges sociaux d’entreprises soient classés en administration d’entreprises quel que soit le secteur d’activité. Au sein des services opérationnels, les activités de nettoyage sont le premier poste d’emploi (131 600 salariés en 2001), suivi par le travail temporaire qui s’est fortement développé depuis le milieu des années 1990 (130 300 emplois en 2001). Le fort développement de ces emplois est à mettre en relation avec le 11 Insee, 7ème ERE, Géographie de l’emploi 2000 IAURIF 15 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France recentrage sur le cœur de métier et les externalisations opérées dans l’industrie, ainsi qu’avec la volonté d’introduire de la flexibilité dans la gestion du personnel. Les données sur l’emploi salarié privé de l’Unedic permettent d’analyser les évolutions au niveau le plus détaillé de la nomenclature d’activité depuis 1976. Il ressort de l’analyse de ces données que : Sur les 309 postes d’activités tertiaires que compte la nomenclature d’activité, des augmentations d’effectifs sont constatées dans 214 secteurs et portent sur 1,54 million d’emplois, les 95 autres postes diminuant globalement de 329 000 emplois. Au cours des 25 dernières années, les plus fortes contributions à la hausse sont : Services entreprises aux administration d’entreprises, dont sièges sociaux + 83 600 activités de nettoyage + 78 600 conseil pour les affaires et la gestion + 68 900 travail temporaire + 67 000 enquêtes et sécurité + 53 800 agences, conseil en publicité + 29 400 activités comptables + 17 300 réalisation de logiciels informatiques + 73 900 conseil en systèmes informatiques + 72 100 Activités immobilières location de logements + 44 700 administration d’immeubles résidentiels + 40 300 Commerce hypermarchés + 38 800 supermarchés + 27 000 commerce de gros de machines de bureau et matériel + 31 800 informatique Services aux particuliers restaurants + 78 400 Télécommunications activités de télécommunication non nationales + 31 600 Education formation des adultes et formation continue + 18 900 16 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France Les plus fortes contributions à la baisse sont : Commerce (-141 900) Sécurité sociale Assurance Intermédiation financière Transport commerce d’alimentation générale de surface inférieure à - 36 000 120m² grands magasins - 10 600 commerce de gros de boissons - 9 500 activités générales de sécurité sociale - 22 300 assurances vie, capitalisation, dommages - 14 200 banques - 13 100 transport aérien non régulier, charters - 9 900 Le commerce : troisième pourvoyeur d'emplois tertiaires en Ile-de-France Selon les données de l’UNEDIC, le commerce (de gros et de détail) occupait au 31 décembre 2000 plus de 700 000 emplois salariés, soit 13% de l'emploi salarié régional. A ce chiffre, il faudrait ajouter les emplois non salariés qui sont importants dans le commerce de détail qui comprend de nombreux artisans. Par ce poids considérable, et par son maintien (+1% d'effectifs salariés entre 1989 et 2000) il constitue un atout important pour la région12. 19 76 19 78 19 80 19 82 19 84 19 86 19 88 19 90 19 92 19 94 19 96 19 98 20 00 nombre évolution de l'emploi du commerce de gros d'emplois et de détail en Ile-de-France salariés 330000 320000 310000 300000 290000 280000 270000 260000 250000 commerce de gros et intermédiaires du commerce commerce de détail et réparation d'articles domestiques Commerce de gros et de détail sont à peu près équivalents en nombre d'emplois. Pourtant le commerce de gros est prépondérant au regard des chiffres nationaux (il représentait en 2001 31,7% des emplois nationaux du secteur). Cette spécificité francilienne s'explique notamment par la position géographique centrale de la région et par l'importance du marché francilien. Cette évolution en parallèle des emplois du commerce de gros et de détail masque de fortes mutations à l'intérieur de chacun des deux secteurs. Source: Unedic Chiffres UNEDIC 1976-2001. Contrat d'objectifs Etat-IAURIF "la filière commerciale: quelle place sur le marché de l'emploi en Ile de France"; nov. 2001. 12 17 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France nombre d'emplois salariés com. de détail en mag. spécialisé superettes supermarchés grands magasins hypermarchés 19 76 19 78 19 80 19 82 19 84 19 86 19 88 19 90 19 92 19 94 19 96 19 98 20 00 50000 45000 40000 35000 30000 25000 20000 15000 10000 5000 0 évolution de l'emploi dans le commerce de détail en Ile-de-France Source: Unedic 20 00 19 85 19 88 19 91 19 94 19 97 19 76 19 79 19 82 Parmi les secteurs les plus dynamiques et nombre évolution de l'emploi dans le commerce créateurs d'emploi: le commerce de gros de d'emplois de gros en Ile de France biens de consommation non alimentaires 350000 (+ 13 394 emplois entre 1989 et 2001, soit un 300000 progression de 18%), et le commerce de gros 250000 200000 d'équipements industriels (+ 9166 emplois, soit 150000 une progression de 9%). Au contraire, le 100000 commerce de gros de produits intermédiaires 50000 0 non agricoles et les intermédiaires du commerce de gros ont subi un fort déclin jusqu'en 1993 intermédiaires pdts agrico les bruts (respectivement de 25 et 36%), après quoi les pdts alimentaires biens no n alimentaires effectifs se sont stabilisés respectivement autour pdts int. no n agrico les équipts industriels de 46 000 et 25 000 emplois. Source: Unedic Enfin, le commerce de gros de produits alimentaires a connu un déclin de l'ordre de 9% entre 1995 et 1998, avant de se stabiliser à environ 31 000 emplois. Les effectifs du commerce de détail ont également fortement augmenté depuis 1976 (+20% en 25 ans). Cette croissance est surtout le fait de la montée en puissance continue des supermarchés et hypermarchés (moins de 11 000 emplois dans les super- et hypermarchés en 1976, contre 74 000 en 2001). Sur la même période, l'emploi dans les grands magasins et le commerce de détail déclinait lentement, notamment dans l'alimentaire (-21% entre 1989 et 2001) et la papeterie (-32,4%). Sur la même période, on observe de fortes hausses dans des segments importants en nombre d'emplois: bricolage (+1200%) habillement (+13,5%), et pharmacie (5,3%). Si le commerce de détail francilien dans son ensemble n'est pas plus représenté dans l’emploi total qu’en Province, il présente toutefois quelques spécificités, notamment des surfaces moyennes de vente inférieures, une sur-représentation des grands magasins et des commerces dans le domaine de la santé, beauté, sport, culture et loisirs. Le commerce de détail est, au même titre que les autres services de proximité, un facteur essentiel de l'attractivité territoriale et par conséquent du développement économique. 1.1.4 L’IDF reste la première région industrielle française L'Île-de-France se désindustrialise plus vite que la province, mais reste la première région industrielle française en termes d’emplois et de contribution à la valeur ajoutée industrielle. La désindustrialisation de l’Ile-de-France s’est soldée à partir du premier choc pétrolier de 1974 par une perte d’emplois pour l’industrie dans son ensemble. Dès lors cette tendance ne s’est plus inversée et la France a dû s’adapter en opérant une mutation en profondeur de son industrie. Des gains de productivité élevés sont le signe de l’ampleur de la mutation opérée : depuis 1976, l’industrie a réalisé des gains de productivité, mesurés par l’évolution de la valeur ajoutée par tête, très importants, de l’ordre de 3,5% par an en moyenne. C’est en Ile-de-France que ces gains ont été les plus forts en raison de la spécialisation régionale dans les emplois et les activités hautement qualifiés. 18 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France Malgré les efforts de productivité, le poids de la région capitale dans l’industrie nationale n’a pas été maintenu. La désindustrialisation a été quantitativement plus forte en Ile-de-France qu’en province : depuis 1976, la contribution de l’industrie francilienne au PIB a diminué de 50%, tandis que la baisse n’est que de 20% pour la France. De la même façon, l’emploi industriel francilien a diminué de 2% par an en moyenne depuis 1974 pour une baisse nationale de 1,2%. De plus, les tendances récentes de reprise de l’emploi industriel dans certaines régions augmentent l’écart entre la province et l’Ile-de-France qui bénéficie peu de cette embellie. En Ile-de-France, de 1989 à 2000, tous les secteurs d’activités (au niveau de la nomenclature NES 36) ont été affectés par la désindustrialisation. Seul le secteur des équipements électriques et électroniques est parvenu à maintenir ses effectifs. De plus, malgré les gains de productivité considérables opérés par la région, celle-ci a connu au cours de la décennie 1990 une évolution de sa valeur ajoutée industrielle inférieure à celle de la France entière, des Pays de la Loire et de Rhône Alpes dans les cinq grandes branches de l’industrie. Toutefois, si on regarde les évolutions de l’emploi industriel au niveau le plus fin de la nomenclature (NAF 700), il s’avère que certaines activités ont réussi à créer des emplois. Les données sur l’emploi salarié privé de l’Unedic permettent d’analyser les évolutions au niveau le plus détaillé de la nomenclature d’activité depuis 1976. Il ressort de l’analyse de ces données que : En 2001, le poste d’emplois industriels le plus important reste la construction de véhicules automobiles avec 51 00013 salariés. Mais c’est également ce secteur qui a perdu le plus d’emplois (-79 000 depuis 1976). Ces diminutions ont principalement été opérées dans le courant des années 1980, années de fortes restructurations dans ce secteur. Le deuxième plus gros employeur est l’industrie pharmaceutique pour la fabrication de médicaments (31 000 salariés). Ce secteur a su maintenir ses effectifs depuis 1976. Sur les 330 postes d’activités industrielles que compte la nomenclature d’activité, les augmentations d’effectifs concernent 65 postes pour un total de 48 000 emplois, tandis que les 265 autres postes diminuent globalement de 661 000 emplois. 13 Ce chiffre est inférieur aux effectifs totaux du secteur automobile qui comprend également la fabrication de carrosseries et remorques ainsi que la fabrication d’équipements automobiles. 19 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France Au cours des 25 dernières années, les plus fortes contributions à la hausse sont : Fabrication d’équipements électriques électroniques Edition imprimerie Armement Industrie chimique fabrication d’équipements d’aide à la navigation + 4 400 fabrication de composants électroniques actifs fabrication d’équipements de contrôle des processus industriels fabrication de matériels électriques fabrication d’appareils médicochirurgicaux édition de journaux édition d’enregistrements sonores reliure et finition imprimerie de journaux fabrication d’armements fabrication de parfums et de produits pour la toilette fabrication de colles et de gélatines + 3 000 + 2 500 et + 2 000 + 1 800 + 6 000 + 1 300 + 1 000 + 700 + 3 700 + 1 600 + 1 400 Les plus fortes contributions à la baisse sont : Industrie automobile construction de véhicules automobiles - 79 000 fabrication d’équipements automobiles - 24 900 Autres industries fabrication d’équipements d’émission et de transmission - 27 600 manufacturières hertzienne travail des métaux - 82 200 fabrication de machines et d’équipements - 47 600 fabrication de vêtements en textile - 33 600 Ces statistiques par secteurs d’activité surestiment encore l’importance de l’emploi industriel francilien, en tout cas dans l’appellation traditionnelle du terme. En Ile-de-France, bien moins qu’en province, ces emplois ne correspondent plus à des emplois de production. En effet, les statistiques recensent comme emplois industriels tous les emplois des établissements auxquels a été attribué un code d’activité principale « industriel ». Cette nomenclature reflète donc mal la diversité des activités et des fonctions et ne rend pas compte de la spécificité de l’Ile-de-France. L’analyse des métiers de l’industrie est à ce titre éclairante : la structure des catégories socioprofessionnelles franciliennes est très différente de celle de la province. Tandis que l’industrie francilienne ne compte que 30% d’emplois d’ouvriers en 1999, la province en compte encore 56%. Inversement, on recense 25% de cadres dans l’industrie francilienne pour seulement 8% en province. En Ile-de-France, une partie importante de l’industrie s’apparente en réalité à des activités tertiaires, qu’il s’agisse d’administration d’entreprise, de gestion, de recherche ou de conception. Cette spécificité de l’Ile-de-France ne l’a cependant pas empêchée de subir d’importantes pertes d’emplois industriels à tous les niveaux de qualification de 1990 à 1999 (40% des pertes d’emplois de France métropolitaine). Au niveau infra-régional, l’emploi a diminué dans tous les départements, hormis les Yvelines, et dans une moindre mesure la Seine et Marne, où les emplois de cadres et de professions intermédiaires de l’industrie ont augmenté. Durant la même période, les emplois de cadres de l’industrie ont progressé de 20 000 en province et ceux des professions intermédiaires de l’industrie de 63 000. L’industrie en province devient donc globalement plus utilisatrice de cadres et moins utilisatrice d’emplois peu qualifiés, suivant ainsi le mouvement engagé en Ile-de-France. 20 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France Avec 22% de la valeur ajoutée industrielle et 15 % des effectifs industriels répartis dans 7 168 établissements, l’Île-de-France reste néanmoins la première région industrielle française. La région francilienne se caractérise par une grande diversité de ses activités industrielles dans de multiples domaines. En 2001, les branches d’activités les plus représentées14 sont l’édition et l’imprimerie (80 000 salariés), les équipements électriques et électroniques (80 000), l’industrie automobile (60 000), la construction aéronautique et spatiale (60 000) et l’industrie pharmaceutique (60 000). La région est également leader dans d’autres activités aux contours plus informels : les industries du luxe (haute couture, bijouterie orfèvrerie, joaillerie), l’audiovisuel (80 % des entreprises de productions de films ou de programmes de télévision, de reproduction d'enregistrements sonores ou vidéo). Au regard de la concurrence accrue qui s’exerce entre les régions, au niveau français, européen et mondial, les forces de l’Ile-de-France industrielle résident aujourd’hui certainement dans sa capacité à structurer son territoire autour de pôles spécialisés, vecteurs d’innovation et d’image au plan international. Le plateau de Massy Saclay, le génopôle d’Evry ou le technocentre de Renault à Guyancourt en sont des exemples. Tableau de bord de l’industrie francilienne comparée à la France entière Critères Effectifs industriels (1) IAA Biens consommations Automobile Biens équipement Biens intermédiaires Valeur ajoutée industrielle IAA (milliards d’euros 2001) – (2) Biens consommations Automobile Biens équipement Biens intermédiaires Poids de l’emploi industriel en 2001 (3) Rang dans l’emploi industriel en 2001 (4) Taux d’exportation industriel (5) Taux de localisation des sièges sociaux des implantations étrangères (6) Ile-de-France Ile-de-France / France métropolitaine (en %) 70 193 1er rang avec 9.3% 216 637 1er rang avec 27.2% 59 575 1er rang avec 19.2% 202 409 1er rang avec 20.9% 159 946 2ème rang avec 9.3% 4 1er rang avec 11.7% 14.5 5 12.1 10.1 12.1% 14.3% 19,4% 45.7% 1er rang avec 35.9% 1er rang avec 24% 1er rang avec 24.6% 2ème rang avec 11.3% France : 18.4% 1er rang 1er rang 1er rang (1) INSEE Effectifs des établissements industriels au 31 décembre 2001 Champ ICS Ile-de-France DADS (2) INSEE Valeurs ajoutées nationales par branches Nes 14 (3) SESSI L’industrie dans les régions édition 2003. Cet indicateur est le rapport de l’emploi industriel (y compris énergie) à l’emploi salarié de la région. (4) SESSI L’industrie dans les régions édition 2003. (5) SESSI L’industrie dans les régions édition 2003 (6) INSEE, fichier SIRENE, mars 2002 La structure du tissu des entreprises en est une autre illustration : plus de 90% des établissements industriels franciliens ont moins de 10 salariés. Mais ceci n’est pas une particularité de l’Ile-de-France car cette proportion est à peu près semblable à celle que l’on trouve au niveau national. La différence va se situer dans les entreprises de grande taille : 34% des établissements de plus de 500 salariés se trouvent en Ile-de-France (source : INSEE, fichier SIRENE 2001). L’Ile-de-France se caractérise ainsi par une juxtaposition de petits ateliers, d’entreprises moyennes et d’entreprises de très grande taille. De même, l’Ile-de-France est la région où se localisent les sièges sociaux des implantations étrangères dans l’industrie : sur 100 projets étrangers qui choisissent la France, 45,7% implantent leur siège social en 14 Source : fichiers Unedic, emploi salarié privé en 2001 21 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France Ile-de-France, même si cette part tend à s’éroder depuis quelques années (cette part était proche de 48% en 2000). Tableau de bord de l’économie francilienne Source Territoire Ile-deFrance 11 993 France métropolitaine 547 713 Poids IdF 2,2% Classement IdF Population INSEE estimations localisées de population 2001 11 024 984 59 038 459 18,7% 1 Population active INSEE RGP 1999 5 492 151 26 542 481 20,7% 1 Taux d’actif INSEE RGP 1999 0,50 0,45 784 352 4 184 963 18,7% 1 898 2 795 32,1% 1 12 217 35,4% 1 INSEE SIRENE champ industrie / Créations d’entreprises commerce / 62 529 services 2001 256 972 24,3% 1 Défaillances d’entreprises Cofacerating 2002 11 414 44 066 25,9% 1 Migrations d’entreprises Cofacerating 2002 - 1 807 Emploi Estimations d’emploi INSEE 5 371 316 (31/12/2000) Entreprises (établissements) SIRENE 1/01/2001 Etablissements de + de SIRENE 500 salariés 1/01/2001 Sièges sociaux INSEE SIRENE 4 325 1/01/1997 entreprises de 100 salariés et + 1 22 23 955 690 22 22,4% 1 Régions concurrentes Rhône-Alpes (5 718 130) PACA (4 568 975) Nord-Pas-de-Calais (4 013 837) Pays de Loire (3 267 484) Aquitaine (2 941 938) Rhône-Alpes (2 602 343) PACA (1 928 045) Nord-Pas-de-Calais (1 676 442) Pays de Loire (1 458 313) Aquitaine (1 292 202) Alsace (0,48) Rhône Alpes (0,46) Centre (0,45) Haute Normandie (0,45) Pays de Loire (0,45) Rhône-Alpes (423 647) PACA (365 330) Aquitaine (253 990) Midi-Pyrénées (235 524) Pays de Loire (219 397) Rhône-Alpes (258) PACA (164) Nord-Pas-de-Calais (162) Pays de Loire (137) Lorraine (119) Rhône-Alpes (1231) Nord-Pas-de-Calais (687) Pays de Loire (674) PACA (550) Bretagne (494) PACA (31 991) Rhône-Alpes (26 385) Languedoc Roussillon (16 356) Aquitaine (14 775) Midi-Pyrénées (12 254) PACA (4 807) Rhône-Alpes (4 087) Nord-Pas-de-Calais (2 403) Languedoc Roussillon (2 315) Aquitaine (2 190) PACA (681) Languedoc Roussillon (405) Aquitaine (268) Pays de Loire (208) Midi-Pyrénées (204) Rhône-Alpes (2 374 716) PACA (1 673 298) Nord-Pas-de-Calais Développement économique à long terme de l’Ile-de-France (1 418 218) Pays de Loire (1 345 366) Bretagne (1 170 439) Chômage INSEE/ DRTEFP 1er trim 2003 9,1% 9,3% PIB INSEE comptes régionaux 2001 413 499 (provisoire) (en millions d’€) 1 440 941 PIB par emploi INSEE comptes régionaux 2001 76 471 (provisoire) (en €) 59 748 Revenu imposable Revenu disponible brut (salaires + rentes – cotisations sociales – impôts + transferts sociaux) Revenu déclaré moyen par unité de consommation DGI 1999 (milliards d’€) 28,7% 1 1 119,5 467,0 25,6% 1 180,5 795,9 22,7% 1 INSEE-DGI revenus fiscaux 20 574 localisés 2000 16 343 INSEE 1997 (milliards d’€) 1 Universités (étudiants) MEN 2001-2002 361 117 1 382 175 26,1% 1 Cadres d’entreprise RGP 1999 Emploi au lieu de 671 574 travail 1 452 512 47,1% 1 Age de la population : part des 20 à 59 ans RGP 1999 34 387 346 58,8% 19,8% 1 Dépenses de recherche et développement MEN-DPD C3 (en millions d’€) 4 238 2000 11 261 37,6% 1 Personnel de recherche MEN-DPD C3 2000 321 228 39,4% 1 6 809 566 62,2% 126 446 23 Rhône-Alpes (140 186) PACA (99 955) Nord-Pas-de-Calais (77 264) Pays de Loire (70339) Aquitaine (63 783) Alsace (59 851) PACA (58 897) Rhône-Alpes (58 802) Haute-Normandie (57 557) Champagne-Ardenne (56 366) Rhône-Alpes (44,9) PACA (35,1) Nord-Pas-de-Calais (25,6) Pays de Loire (23,0) Aquitaine (21,8) Rhône-Alpes (76,9) PACA (60,0) Nord-Pas-de-Calais (44,3) Pays de Loire (40,9) Aquitaine (39,0) Alsace Rhône-Alpes (143 077) PACA (108 853) Nord-Pas-de-Calais (91 962) Midi-Pyrénées (75 107) Bretagne (65 891) Aquitaine (64 778) Rhône-Alpes (132 265) PACA (78 709) Nord-Pas-de-Calais (59 683) Midi-Pyrénées (50 794) Pays de Loire (49 776) Rhône-Alpes (3 337 304) PACA (2 596 326) Nord-Pas-de-Calais (2 296 084) Pays de Loire (1 854 614) Aquitaine (1 685 719) Rhône-Alpes (1076) PACA (819) Midi-Pyrénées (760) Languedoc-Roussillon (677) Bretagne (366) Rhône-Alpes (34 656) PACA (20 367) Midi-Pyrénées (17490) Bretagne (12 353) Languedoc-Roussillon (10 255) Développement économique à long terme de l’Ile-de-France 1.2 Des indicateurs qui nous interrogent sur les dynamiques économiques franciliennes Au cours des 10 dernières années certains indicateurs le départ d’entreprises ou encore le niveau élevé des offres d’emploi non satisfaites laissent penser qu’une certaine altération de l’attractivité régionale s’opère. 1.2.1 Davantage de départs que de créations d’entreprises Depuis 1994, l’évolution francilienne s’est dissociée de celle du reste de la France métropolitaine. Tandis que la province bénéficiait d’une reprise des créations d’entreprises (+1,8% de 1994 à 2001), l’Ile-deFrance accusait une stagnation (-0,2%). Bien que l’Ile-de-France concentre encore en 2001 24,3% des créations d’entreprises de France métropolitaine, son poids dans l’ensemble des créations est en légère diminution (24,7% en 1994 et 1998). D’après la COFACE, en 2002, l’Ile-de-France a enregistré 3700 départs et 1893 arrivées d’entreprises, ce qui représente 27% des départs et 14% des arrivées en France métropolitaine. Elle reste la première région pour les arrivées, mais le nombre de départs est tel que la région arrive en dernière position pour les migrations15 avec près de deux départs pour une arrivée. Les secteurs d’activités les plus déficitaires sont par ordre d’importance : les services aux particuliers (-656 dont -412 dans la santé16), les services aux entreprises (-309 dont -131 entreprises de conseil assistance) le BTP17 (-152). Toutefois, ce déficit dans les flux d’entreprises ne se traduit pas par une perte nette d’emplois : en 2002, l’Ile-de-France gagne 21 000 emplois du fait des migrations d’entreprises, les services aux entreprises enregistrant un gain de 4 800 emplois. Inversement, les migrations d’entreprises se traduisent par une perte de 10 400 salariés dans le BTP, de 400 dans les services aux particuliers. Les régions les plus attractives sont celles du sud et de l’ouest de la France. En 2002, c’est dans les régions du sud que le taux de création est le plus élevé18mais les taux de survie à 5 ans y sont également assez faibles. Le taux de survie à 5 ans des entreprises franciliennes est le plus faible de toutes les régions françaises hormis PACA (41% en Ile-de-France pour 45,8% en France et 38,9% en PACA). L’écart entre l’Ile-deFrance et la province est particulièrement important dans le secteur de la construction et de l’industrie (hors agro-alimentaire). Il est plus réduit pour les hôtels et restaurants et le secteur tertiaire. 1.2.2 L’IDF a moins bénéficié de la dernière reprise économique que la province La période 1982-1998 peut être scindée en quatre phases économiques de 4 ans. Aux phases de ralentissement de la croissance de 1982-1986 et 1990-1994 ont succédé des phases de reprise (19861990 et 1994-2000). L’année 2001 est marquée par un ralentissement de la croissance. Au cours de la décennie 1990 et jusqu’en 1998, l’Ile-de-France a moins bien résisté à la récession et moins bénéficié de la reprise qu’au cours de la décennie précédente. Le recensement de la population de 1999 a ainsi mis en évidence, pour la première fois depuis la période 1962-68, une diminution de l’emploi au lieu de travail depuis 1990. De 1990 à 1999, l’Ile-de-France a perdu des emplois à un rythme annuel de -0,1%. Pendant la même période, la province a bénéficié d’une croissance de +0,5%. Lorsqu’on regarde cette évolution par secteurs d’activité en 16 postes (NES 16), il s’avère que l’Ile-de-France a connu une évolution moins favorable que Les migrations sont le solde des entrées ou aménagements et des sorties ou déménagements. Le clacul prend en compte les sièges sociaux et les établissements secondaires. 16 Ce sont surtout les activités d’auxiliaires médicaux qui subissent des départs importants (déficit migratoire de –292 établissements en 2002). Ce sont notamment les activités exercées individuellement ou en groupes par les infirmiers, sages-femmes, kinésithérapeutes, orthophonistes, audioprothésistes, orthoptistes, etc. La pratique médicale et dentaire enregistre également un déficit de –106. 17 Ce sont surtout les activités de travaux de finitions et de travaux d’installation qui sont déficitaires (respectivement –58 et –41) 18 Insee Première n° 879 - janvier 2003 15 24 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France la province dans tous les secteurs sauf dans les activités immobilières (-2,2% en Ile-de-France contre 5,4% en province). Taux de croissance annuel du PIB et de l'emploi 6,0% 5,0% 4,0% 3,0% Va Ile-de-France 2,0% Va Province 1,0% Emploi Ile-de-France total 0,0% -1,0% Emploi Province 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 -2,0% -3,0% Insee : estimations d'emploi et comptes régionaux Toutefois, à partir de 1998, l’Ile-de-France a commencé à bénéficier de la croissance : son PIB et son emploi ont davantage augmenté qu’en province. En 2001, avec le ralentissement de la croissance, la province a repris le pas sur l’Ile-de-France en termes de production. L’Ile-de-France n’a commencé à bénéficier de la reprise qu’à partir de 1997 pour l’emploi et elle a connu au cours de la période un taux de croissance de l’emploi et de la valeur ajoutée inférieur à la province sauf en 1999-2000. Seules les évolutions à venir permettront d’interpréter ces tendances comme un rééquilibrage structurel en faveur de la province ou comme un simple décalage conjoncturel. Ces performances atones de l’Ile-de-France ne remettent pas en cause son poids déterminant dans l’économie nationale ; elles participent d’un rééquilibrage territorial qui suit lui-même une logique économique. La cherté des facteurs de production conduit l’Ile-de-France à se spécialiser dans des activités à forte valeur ajoutée. Les déséconomies d’échelle qui caractérisent la métropole régionale conduisent ainsi à réduire le poids de l’Ile-de-France dans l’économie nationale. 1.2.3 Des offres d’emploi non satisfaites et un taux de chômage de plus en plus proche du taux national L’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi n’est pas spécifique à l’Ile-de-France, mais elle est amplifiée par rapport aux autres régions françaises par un effet volume lié à la taille du marché de l’emploi, aux importants flux d'offres d'emplois proposés ainsi qu’à la cherté de la vie, notamment le coût du logement, qui fait que les catégories intermédiaires ont tendance à quitter la région ou hésitent à s’y implanter. Plusieurs secteurs d’activités rencontrent, en effet, des difficultés à pourvoir les postes qu’ils offrent sur le marché du travail. Cette inadéquation trouve de nombreuses explications telles que le déficit d’attractivité de certaines branches, la non-interchangeabilité des travailleurs, la difficulté des réajustements des compétences face aux nouveaux besoins des entreprises. Ainsi des secteurs tels que le bâtiment, l'hôtellerie-restauration ou le commerce de détail, n'attirent-ils pas les jeunes ou ne parviennent-ils pas à les retenir : le turn-over est la cause d'embauche pour 47 % des cas dans le bâtiment, 67 % dans le commerce de détail. La pénibilité de ces métiers, les horaires atypiques, notamment pour la restauration et les commerces, et le bas niveau de salaires expliquent pour l’essentiel la difficulté à garder le personnel. Selon une étude de la DARES réalisée en 2001, les secteurs les plus touchés sont la santé et l'action sociale (hors secteur public hospitalier, 85 % des entreprises du secteur déclarent des difficultés d’embauche), le BTP, une partie de l'industrie, les transports et l'hôtellerie (entre 70 % et 80 % des établissements de plus de 10 salariés indiquent rencontrer ce type de problème). 25 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France Les problèmes d’embauche sont plus fréquents dans les grandes entreprises (72% dans les entreprises de plus de 500 salariés contre 40% pour les moins de 20 ), mais ont des effets plus marqués pour les PME, pour ces dernières l’absence de personnel peut amener à renoncer à certaines commandes. Tous ces éléments font qu’en Ile-de-France de nombreuses offres d’emploi restent non satisfaites. En effet, l’indicateur de tensions, calculé par la DARES, est un19 des plus élevés du territoire (1,4), au deuxième rang derrière l'Alsace (1,7) et devant Rhône-Alpes (1,2). Ces disparités territoriales trouvent plusieurs explications, comme les spécificités des systèmes productifs régionaux et leurs dynamiques, l'ajustement entre population active et emploi ou encore le degré de mobilité des salariés. Cette inadéquation entre les offres et les demandes d’emplois se traduit par une montée du taux de chômage (9,5% de la population active au deuxième trimestre 2003), qui, fait nouveau, a rattrapé le taux national (source : Insee). La région comptait ainsi, au 31 décembre 2002, 537 763 chômeurs, dont 12,4% de moins de 25 ans et 47,5% de femmes. Demeure la particularité francilienne d’un chômage plus masculin et moins jeune qu’en province (où 18,5% des chômeurs ont moins de 25 ans et 52% sont des femmes). A un niveau infra-régional, on constate la traditionnelle opposition entre une grande couronne aux taux de chômage faibles (Seine et Marne, Yvelines et Essonne notamment, avec des taux compris entre 7 et 7,5%) des départements de proche couronne aux taux moyens (Hauts de Seine, Val de Marne notamment avec des taux voisins de 9%), et enfin Paris et la Seine St Denis avec des taux respectifs de 11,4% et 13,2%, supérieurs à la moyenne nationale. Au sein de ces deux derniers départements, mais également, dans une moindre mesure dans le Val de Marne (Orly, Ivry, Vitry), le nord des Hauts de Seine (Gennevilliers), le sud du Val d’Oise (Sarcelles, Garges les G.) et l’est rural de la Seine et Marne, de véritables poches de pauvreté subsistent, qui affectent l’ensemble de la région. A Paris, ce sont notamment les 18ème, 19ème et 20ème arrondissements, et en Seine St Denis l’ensemble des communes constituant le tiers sud-ouest du département (Pantin, Montreuil, Aubervilliers, Bobigny, Drancy, St Denis, La Courneuve, etc.) qui sont concernés. On retrouve cette grande opposition Est/Ouest dans l’agglomération et ces poches de pauvreté dans la répartition des aides sociales. Ainsi, en Seine St Denis, près de la moitié de la population bénéficiait fin 1998 directement ou indirectement d’au moins une prestation CAF (contre 27% à Paris, 32,5% dans les hauts de Seine). Au total dans la région, près de 885 000 personnes, soit 8,1% de la population, faisaient alors partie d’un foyer en situation de précarité monétaire20. 1.2.4 La structure de l’emploi en Ile-de-France ne lui permet pas de stabiliser son poids économique De par son histoire et son tissu économique, l’Ile-de-France a été confrontée depuis de nombreuses années à la nécessaire adaptation aux évolutions économiques mondiales. Elle s’est tertiarisée, s’est positionnée sur les secteurs et les postes à haute valeur ajoutée, notamment en développant un important effort de recherche et d’innovation. La région a ainsi pu constituer un terrain de développement économique particulièrement favorable. Aujourd’hui, il semblerait au vu d’indicateurs globaux que les atouts structurels de la région ne suffisent plus à stabiliser son poids économique. Le poids de l’Ile-de-France dans l’emploi total était de 22,9% en 1990 a diminué jusqu’en 1998, pour se stabiliser au cours de la période 1999 / 2001 à 22,2%. Ce sont essentiellement les régions du sud et de l’ouest qui ont renforcé leur position. 19 Cet indicateur est le rapport entre le nombre cumulé d’offres d’emploi enregistrées par l’ANPE et le stock moyen de demandeurs d’emploi sur une période donnée. 20 Revenu par équivalent adulte ou unité de consommation, calculé par l’INSEE à partir des revenus bruts déclarés à la CAF et des prestations perçues. Sources : Insee Première n°195, janvier 2001. 26 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France Evolution du poids de l'Ile-de-France dans l'emploi total (base 100 en 1990) 105 Nord Bassin parisien (hors IdF) Est 103 Ouest 101 Sud-Ouest 99 Centre-Est Méditérranée 97 Ile-de-France France métropolitaine 95 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 Insee : estimations d'emploi Si on décompose l’évolution de l’emploi francilien en un effet structurel lié à la croissance nationale des secteurs d’activité et un effet géographique qui reflète la performance de l’économie locale, il s’avère que la région connaît un effet régional de plus en plus négatif depuis 1982. Ce constat est d’autant plus inquiétant que le rôle porteur de la structure d’emploi francilienne tend à diminuer tout en restant positif.21 Ces résultats fournis par l’Insee sur la période 1982-1998 seraient peut-être à tempérer pour la période 19982001 à partir de laquelle l’Ile-de-France commence à bénéficier de la croissance. Par ailleurs, il serait souhaitable de disposer de ce type d’analyse par métier, afin de voir si ces évolutions ne cachent pas d’importantes disparités avec des effets positifs pour les métiers à haute valeur ajoutée. Le poids de l’Ile-de-France dans l’emploi tertiaire était de 30,7% en 1990. Il a diminué jusqu’en 1998, pour se stabiliser dans la période récente à 29,3% de l’emploi de France métropolitaine. Ce sont essentiellement les régions de l’ouest qui ont renforcé leur position. Evolution du poids de l'Ile-de-France dans l'emploi tertiaire marchand (base 100 en 1990) 115 Nord 110 Est BP (hors IdF) Ouest 105 Sud-Ouest 100 Centre-Est Méditérranée 95 Ile-de-France France métropolitaine 90 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 Insee : estimations d'emploi Les services aux entreprises sont depuis 25 ans un secteur clé de la dynamique économique francilienne.22 Ils représentent plus du quart des emplois tertiaires de la région. Toutefois, leur poids a également diminué jusqu’en 1997 (33,8%), pour remonter à 34,6% en 2001. Ce sont essentiellement les régions de l’ouest, du nord et de l’est qui ont accru leur poids dans ce secteur. Au sein des services aux entreprises, seules les activités spécifiques de conseil et assistance voient leur importance augmenter. 21 22 Note DR Insee/SED du 4 mars 2002 pour le groupe de travail développement économique Enjeux Ile-de-France n°56 – juin 2003 CROCIS 27 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France Evolution du poids de l'Ile-de-France dans l'emploi des services aux entreprises (base 100 en 1990) Nord 120 BP (hors IdF) 115 Est 110 Ouest 105 Sud-Ouest Centre-Est 100 Méditérranée 95 Ile-de-France 90 France métropolitaine 85 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 Insee : estimations d'emploi Depuis 1990, la part de l’Ile-de-France dans l’emploi industriel a fortement diminué, passant de 18,8% de l’emploi industriel national à 15,1% en 2001. Contrairement aux emplois tertiaires, les emplois industriels franciliens ne se sont pas stabilisés depuis 1998. L’Ile-de-France a perdu un peu plus de 260 000 emplois industriels depuis 1990. Le secteur de la construction a également enregistré des pertes d’emplois industriels importantes (-110 000 emplois de 1990 à 2000). Toutefois, il faut remettre ces évolutions en perspective avec les stratégies d’organisation du travail des entreprises. Les entreprises industrielles ont choisi par souci d’efficacité de se recentrer sur leur cœur de métier. Cette stratégie s’est traduite par l’externalisation d’activités qui sont aujourd’hui répertoriées dans le secteur tertiaire : le recours accru à l’intérim depuis le milieu des années 1990 va également dans le sens d’un transfert artificiel des activités industrielles vers les services. En 1999, les entreprises industrielles font appel aux entreprises de services pour plus du quart de leur chiffre d’affaires23. Evolution du poids de l'Ile-de-France dans l'emploi industriel (base 100 en 1990) Les fonctions dans les achats de services par branches industrielles en 1999 100% 1,8 2,7 90% 20,4 105 6,9 3,4 1,7 6,5 13,8 10,3 2,9 2,9 6,1 6,3 Achats 80% 9,4 100 11,4 70% 95 60% 25,6 Commercial 20,3 90 Informatique et télécommunication Recherches et technologies 13,8 24,5 Logistique 50% 40% 85 27,6 16,5 22,5 Administration générale Maintenance / services généraux 23 30% 80 14,7 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 20% Île-de-France 10% Province 19,4 22,9 29 33,7 0% Biens de consommation Automobile Biens d'équipement Biens intermédiaires Source : SESSI Enquêtes sur les services Les créations d’emplois tertiaires s’élevant à 500 000 emplois depuis 1990 ont permis de compenser les pertes d’emplois industriels. C’est le secteur des services aux entreprises qui a le plus contribué à la croissance avec 330 000 emplois créés, soit près des deux tiers des nouveaux emplois tertiaires. Jusqu’en 1998, les créations d’emplois tertiaires ne compensaient pas les pertes d’emplois dans les autres secteurs d’activité et l’Ile-de-France était déficitaire en emplois par rapport à son niveau de 1990. C’est la croissance exceptionnelle des services à partir de 1998 qui a permis de stabiliser la situation francilienne (+125 000 23 SESSI – Enquête sur les services à l’industrie - 1999 28 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France emplois par an en moyenne contre +35 000 de 1990 à 1997). Ce sont les secteurs conseil et assistance et services opérationnels24 qui ont le plus contribué à cette croissance avec respectivement 180 000 et 105 000 emplois créés de 1990 à 2000. Tandis qu’on assiste à un rééquilibrage des emplois tertiaires au profit de la province, les activités de conseil et assistance font exception : en 2001, l’Ile-de-France concentre 44,8% des emplois nationaux contre 43,1% en 1990. Au cours de la décennie 1990, l’Ile-de-France a vu sa contribution au PIB national diminuer de 29,3% à 28,7% en 2001. Toutefois, la diminution du poids des emplois franciliens (-0,7 point) dans l’emploi de France métropolitaine est supérieure à celle du PIB régional (-0,6 point). L’Ile-de-France constitue un cas particulier parmi les régions françaises avec un PIB par emploi 30% supérieur à celui de la province. Cela serait dû à sa structure d’emploi favorable à la croissance (région tertiaire) et à une spécialisation intrabranches sur les métiers de service à haute valeur ajoutée25. La contribution de l’Ile-de-France à la valeur ajoutée du secteur tertiaire marchand s’est accrue sur la période 1990-2001, et cela malgré la baisse du poids de l’Ile-de-France dans l’emploi de ce secteur. Cela est le signe de gains de productivité à l’intérieur du secteur tertiaire marchand par une réallocation des emplois sur les services les plus créateurs de valeur ajoutée. Le secteur industriel a connu une forte chute de sa contribution à la valeur ajoutée industrielle nationale. Toutefois, ce secteur a également réalisé des gains de productivité importants, notamment dans la construction automobile qui a investit dans le design et la recherche. Mais ces gains ne permettent pas à l’Ile-de-France de maintenir sa contribution. L’industrie francilienne devient de moins en moins contributrice à la richesse nationale. Initialement contributrice à hauteur de 6,6 % (en 1974) de la valeur ajoutée nationale (toutes branches confondues), l’industrie francilienne s’inscrit dans un mouvement de décrue continu, passe en dessous du seuil de 4 % en 1992 pour atteindre 3,3 % en 2002. Evolution de la contribution de l'Ile-de-France au PIB 110,0 105,0 PIB IdF 100,0 PIB province VA tertiaire marchand IdF 95,0 VA tertiaire marchand province VA industrie IdF 90,0 VA industrie province 85,0 80,0 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 La reprise de la contribution de la valeur ajoutée industrielle au PIB en 1996 au niveau France entière, particulièrement notable dans certaines régions comme les Pays de Loire, n’a pas été constatée en Ile-deFrance. Contrairement à ce qui s’était passé lors de la reprise de 1986-1990, l’Ile-de-France a moins bien profité que les autres régions françaises de la reprise 1996-1998. C’est seulement à partir de 1998 que les effets de la croissance se font sentir en Ile-de-France. Toutefois, les évolutions globales longues et la prise en considération des effets purement géographiques donnent à penser que l’Ilede-France connaît globalement une dégradation de son attractivité. Peut-être est-ce dû à une uniformisation tendancielle des structures d’emploi liée aux mutations économiques, industrielle et 24 Les services opérationnels recouvrent la location sans opérateur, la sélection et la fourniture de personnel ; la sécurité, le nettoyage et les services divers aux entreprises ; l’assainissement ; la voirie et la gestion des déchets. La nomenclature "conseil et assistance" fait référence aux activités informatiques, aux services professionnels, à l’administration d’entreprises, à la publicité et aux études de marché, à l’architectureingénierie-contrôle. Jean-François Royer : Quelques tendances affectant la répartition spatiale de la population, l’emploi et de la valeur ajoutée en France métropolitaine (extrait du rapport 2001 sur l’aménagement du territoire du conseil d’analyse économique) 25 29 Développement économique à long terme de l’Ile-de-France tertiaire, des régions de province vers la structure francilienne. Sur la période récente, c’est en effet en province que la croissance de l’emploi tertiaire a été la plus forte. Cette analyse globale par grands secteurs d’activités ne suffit toutefois pas à rendre compte de la complexité des mutations économiques à l’œuvre en Ile-de-France. Le fait que l’Ile-de-France ait réussi à maintenir sa contribution au PIB en dépit de ses pertes d’emplois reflète non seulement des gains importants de productivité apparente du travail mais également un positionnement marqué sur des emplois à forte valeur ajoutée. La spécialisation de l’Ile-de-France dans les emplois supérieurs et dans des activités intensives en travail hautement qualifié telles que le conseil assistance ou les activités informatiques sont autant de signes d’un positionnement économique porteur d’avenir. On ne peut pas regarder les évolutions du niveau de l’emploi sans regarder les qualifications et les activités concernées. Des travaux complémentaires devront permettre d’approfondir ces questions. 30