LES TEMPS FORTS DE LA REVOLUTION Mise au point scientifique

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LES TEMPS FORTS DE LA REVOLUTION Mise au point scientifique
LES TEMPS FORTS DE LA REVOLUTION
Mise au point scientifique
Depuis le XIX siècle, les historiens s’interrogent sur les « origines » des révolutions et dans
chaque pays des écoles s’opposent. Aux Etats-Unis, « progressistes » contre « révisionnistes », en
France « classiques » ou « marxistes » contre « libéraux ». Jacques GODECHOT et Robert PALMER, en
1955, au moment de la guerre froide, ont introduit l’idée d’une « révolution atlantique » : la
révolution américaine aurait servi de modèle originel aux mouvements révolutionnaires européens.
Cette conception unitaire d’une « révolution occidentale », traversée par des logiques communes,
laboratoire d’une démocratie à la fin du XVIII siècle et au XIX siècle, s’est trouvée fortement
critiquée. Les mouvements de révoltes et révolutions sont d’ampleur et d’orientation politique
différentes, les spécificités nationales demeurent (G. LEMARCHAND et M REINHARD) les innovations
politiques et sociales de la révolution française sont mises en avant (Albert SOBOUL). Malgré une
désaffectation dans les années 1980-1990, la « révolution atlantique » continue aujourd’hui
d’alimenter une réflexion comparatiste des révolutions (Jean NICOLAS en 2002 la rébellion française
– mouvements populaires et conscience sociale 1661-1789, Annie JOURDAN en 2004, la Révolution
française, une exception ?) tout en soulignant les spécificités, les adaptations, les appropriations. La
France présente une « exception », connue sinon reconnue, dans sa construction idéologique et dans
l’ampleur du phénomène.
La Révolution française est marquée par des ruptures et continuités avec l’Ancien Régime
sans qu’elle soit un projet ou un système déterminé. Pourtant cette expérience vécue ne doit rien au
hasard, elle est la rencontre entre la pensée et l’action et le champ des possibles pour les hommes à
faire face aux difficultés sans cesse renouvelées. La succession d’événements et la multiplication des
acteurs s’ajoutent à la complexité des enjeux. La Révolution française est un événement fondateur
dans l’histoire nationale, de l’identité et des fondements de la République qui font l’objet de débats
historiographiques passionnés. Enseigner les temps forts de la Révolution, c’est donc faire des choix
qui donnent sens à quelques événements : aller vite pour donner du sens !
En quoi les temps forts de la Révolution marquent-ils des ruptures avec l’Ancien Régime ? La
Révolution marque la fin de la monarchie dite « absolue » avec l’affirmation de la souveraineté de la
nation. Puis le passage de la monarchie à la République s’opère par une radicalisation des positions
dans un contexte de résistances à la Révolution intérieures et extérieures. Enfin, les hésitations de la
Révolution aboutissent à l’affirmation d’un pouvoir autoritaire que les hommes pour stabiliser les
héritages révolutionnaires.
I.La fin d’une monarchie « absolue » : l’affirmation de la nation en 1789
Rappel : le chapitre précédent se termine sur l’étude d’un cahier de doléances et la convocation des
Etats Généraux. Récit court pour expliquer la déception des députés lors des Etats Généraux et la
volonté de former une assemblée
A. La proclamation de l’Assemblée nationale
Serment du Jeu de Paume : fiche élève pour l’étude du tableau de David
 Affirmation de la souveraineté partagée dans un régime, de facto, parlementaire.
 Fin du lien vertical roi-peuple, mais un lien horizontal députés – peuple avec le serment
L’Assemblée constituante de 1789 à 1791 est l’héritière des Etats Généraux, elle fonde un régime
nouveau créant une « révolution » administrative, électorale, judiciaire, fiscale, militaire. Les députés
qui regroupent des ecclésiastiques, nobles et membres du Tiers Etat ont la même culture. Ils siègent
tous les jours et s’occupent de la loi : ils sont les législateurs et représentants de la nation.
B. La rupture entre le roi et le peuple : été 1789
Le 14 juillet 1789 – récit professeur ou extrait de Chateaubriand ou extrait de film « les années
Lumières »
 Conjonction et incarnation des résistances au roi, à la noblesse ; de l’unité des soldats
(gardes français) avec les députés et peuple de Paris
 Réussite de la force collective
Nadine Bouette, professeur d’histoire géographie
Cet élan se poursuit avec l’abolition des privilèges dans la nuit du 4 août 1789 et la rédaction de la
DDHC.
 Les principes de liberté et égalité de droit (fin des coutumes comme règles de sociétés)
 Ce sont des principes laïcisés
 Point d’aboutissement d’une période de luttes
Qu’en est-il de ces principes dans la pratique ?
Exemple du suffrage – carte de citoyen actif en 1790 (document à titre illustratif)
Les citoyens actifs représentent environ 4,5 millions soit environ 65% de la population masculine.
C’est un suffrage large / à l’Angleterre et proche de celui des Etats Unis. Mais il n’y a que 2 millions
d’éligibles (condition : payer une contribution équivalente à 10 journées de travail). C’est un suffrage
censitaire. C’est un suffrage large à la base et restreint au niveau supérieur par des conditions
d’éligibilité élitiste. Les élections sont interprétées de différentes manières. D’un côté, Alain
GARRIGOU (Le vote et la vertu. Comment les Français sont ils devenus citoyens, 1992) pense que les
élections sont très imparfaites et engendrent une désaffectation après la fuite du roi. D’un autre
côté, René REMOND (La vie politique en France) pense qu’il y a une rupture électorale comparable à
celle des Etats-Unis, avec une transparence plus nette qu’en Angleterre, avec une rotation des élus et
qu’elle contribue à la naissance d’une démocratie même imparfaite. Ce n’est qu’en 1799 qu’est né le
code électoral qui marque la reconnaissance de la majorité, la protection de la minorité et l’idée que
la souveraineté nationale transcende les communautés particulières et permet l’expression d’une
diversité individuelle.
 Principes de liberté et égalité sont appliqués avec des limites : il existe des exclus de cet
apprentissage de la citoyenneté et de la démocratie (femmes, pauvres, esclaves des colonies)
II. De la monarchie à la République : l’apprentissage de la vie politique 1792-1794
A. La proclamation de la République
Fiche en binôme ou groupe pour trouver la symbolique et le message du tableau. Tableau de JL
David : la fête de l’unité et de l’indivisibilité de la République, 10 août 1793. Musée Carnavalet
La monarchie est abolie le 10 août : un nouveau régime est à inventer. La République est proclamée
le 22 septembre 1792. La construction d’un sentiment républicain est indispensable. L’acculturation
se fonde sur une négation de l’ordre ancien, un régicide qui légitime la République, une propagande
qui s’appuie sur des principes, des devises et une symbolique identitaire. Il y a des fonctionnaires en
mission, des écrits (affiches, lois, calendrier), l’oral (chant et hymne), des manifestations (fêtes, arts,
théâtre, peintures).
 Transfert de la sacralité du religieux au politique. C’est « la découverte de la politique » (M.
VOVELLE). Les historiens ne s’accordent pas sur la date de naissance de cet esprit républicain.
 L’art a un rôle civique aux yeux de Robespierre qui demande à DAVID ce type de tableau
La Fête de l'unité et de l'indivisibilité de la République, qui célébrera l'anniversaire du 10 août 1793,
se tiendra sur la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde) devant la statue de la Liberté,
oeuvre de Lemot, qui remplacera provisoirement la statue équestre de Louis XV. On y brûlera les
emblèmes de la royauté. Imaginée par Robespierre et organisée par David, chef de file des artistes
révolutionnaires, cette fête s'inscrira dans une longue série de fêtes instituées par les
Révolutionnaires, soit pour commémorer des événements importants, soit en substitution aux fêtes
catholiques. Robespierre, dans un discours fameux à la Convention, le 7 mai 1794, prônera ainsi "un
système de fêtes qui serait à la fois le plus doux lien de fraternité et le plus puissant moyen de
régénération". "Ayez, ajoute-t-il, des fêtes générales et plus solennelles pour toute la République;
ayez des fêtes particulières qui soient des jours de repos et qui remplacent ce que les circonstances
ont détruit".
Sous cet aspect apparent d’unité de la République, il y a des résistances et de profondes divisions.
Nadine Bouette, professeur d’histoire géographie
B. La « Terreur »
Loi des suspects septembre 1793
OU
la mort de Bara, JL DAVID, 1794. Texte explicatif ou
extrait BD du Louvre
C’est l’exemple même d’une loi votée dans un contexte de danger intérieur et extérieur sans
mesurer les conséquences pratiques. Les envoyés en mission appliquent avec une grande diversité la
loi en fonction des régions. Il est évident que la loi est plus durement appliquées dans les régions où
la contre – révolution se manifeste. On distingue plusieurs suspects ou contre-révolutionnaire : le
royaliste ou émigré / le violent / le factieux / le profiteur / l’indifférent.
 Cette loi marque la fin de la liberté individuelle et un retour à l’arbitraire. C’est une justice
expéditive qui met fin à la justice mise en place au début de la Révolution. Fin de la
souveraineté populaire puisque les juges ne sont plus élus. La centralisation de la répression :
Tribunal Révolutionnaire qui doit juger les contre-révolutionnaires.
 La « Terreur » est une notion polysémique. C’est une violence, c’est un moment 1793-1794,
c’est un moyen qui se justifie par les circonstances, par les résistances à la Révolution, par
une tradition d’intolérance en France. C’est une guerre civile.
Joseph Bara est un jeune garçon engagé volontaire dans les armées républicaines en Vendée. Il
meurt en 1793 dans une embuscade en criant, selon la légende, « Vive la République ! ». Robespierre
saisit ce fait pour demander à JL DAVID de représenter ce martyr de la République et de préparer une
cérémonie à sa mémoire. Il devient le symbole de la défense de la République face à la contrerévolution.
 La 1ère République est à la fois fraternelle et fratricide.
NB : le thème de la mort de Bara est repris par plusieurs peintres sous la III République (WEERTS)
III. De la République à l’Empire : la recherche de l’homme providentiel
A. L’appel au « sabre »
Récit sur Bonaparte pour une histoire « incarnée » - JL DAVID : Bonaparte franchissant le grand St
Bernard (1800) Musée de Rueil Malmaison
 Célébration de la victoire en Italie du Général Bonaparte. David y glorifie une réalité qui fut
bien plus prosaïque. C'est en effet à dos de mulet que Bonaparte franchit le col portant, non
ce magnifique manteau flottant au vent, mais une simple redingote grise !
Véritable personnification du héros romantique, le Premier Consul triomphe sur sa monture
cabrée dans une composition en diagonale, symbole même de son irrésistible ascension
personnelle et qui rappelle l’Antiquité. Œuvre de propagande, il fait de Bonaparte l'égal des
plus grands conquérants - Hannibal, Charlemagne - dont les noms sont gravés sur les rochers
aux pieds de Bonaparte. Il inscrit ainsi Bonaparte dans une continuité historique.
Il existe quatre autres variantes du tableau original commandé par Charles IV d'Espagne.
Réalisées par David et son atelier, elles diffèrent par la couleur du cheval et du manteau. Ce
tableau a pour but d’être diffusé en Europe.
 C’est l’entrée en scène de l’armée dans la vie politique et le tableau rappelle que Bonaparte
appuie son pouvoir sur la gloire militaire et un coup d’état soutenu par l’armée.
 Montrer que les événements font l’homme : une perception de l’acteur en histoire qui se
construit par les événements avant d’agir sur eux. Steven ENGLUND
Napoleone di Buonaparte grandit dans la Corse de Paoli, objet de convoitises des grandes puissances
française et britannique, et qui tend à revendiquer son indépendance en s’inspirant des Lumières. Le
père de Bonaparte profite de la politique d’intégration de Louis XVI de quelques familles corses en
gage de leur loyauté pour obtenir le titre de noblesse. C’est ce qui permet à Napoléon de poursuivre
des études militaires en France. L’auteur rappelle que Napoléon enfant n’aime pas les Français, et
encore moins les aristocrates qu’il côtoie à Autun puis Brienne dès l’âge de neuf ans. Il suit des
études difficiles, et apprend le français, mais cela lui plaît. Officier dans l’artillerie, il révèle des
qualités mais son ascension sociale impossible pour une personne comme lui, issue de la petite
noblesse, est source de frustration. Il s’intéresse à la politique et à l’histoire (notamment l’Antiquité)
et la lecture de Jean Jacques Rousseau dont il ne partage pourtant pas toutes les idées. Ces années
Nadine Bouette, professeur d’histoire géographie
de formation l’ont francisé. La Révolution française entraîne des changements radicaux : c’est
l’occasion pour Napoléon de se révéler révolutionnaire convaincu et de perdre ses illusions : on peut
dire que c’est la Révolution qui lui fait aimer la France et qui fait de lui un Français. C’est un
« Robespierre à cheval » selon Mme de Staël. Le « souper de Beaucaire », exemple de polémique
politique, ses idées exposées lors du dîner d’Ancône en Italie révèlent un militaire politique (à la
différence des autres généraux de son époque). Il admire Robespierre, non le révolutionnaire
sanguinaire, mais l’homme politique qui a réussi à construire un Etat central fort. Depuis le siège de
Toulon et la campagne d’Italie, Napoléon révèle ses talents militaires à la Convention et écrit à cette
période des réflexions politiques et militaires qui ont inspiré Clausewitz. Après la chute de
Robespierre, Napoléon est nommé en Vendée, mais il juge la situation trop périlleuse pour sa
carrière. C’est un excellent calcul politique ! Napoléon n’a pas de stratégie ou tactique
révolutionnaire, il se plaît dans la guerre car c’est un moyen pour lui d’exister et réussit à galvaniser
son armée : il transmet à ses soldats son assurance. La légende napoléonienne naît alors à Lodi. Son
séjour en Italie et la création des Républiques cisalpine et ligure lui donnent une première expérience
d’homme d’Etat. La seconde vient en Egypte : il connaît une opération militaire réussie (exceptés la
défaite navale d’Aboukir et le siège de St Jean d’Acre), et se veut le successeur d’Alexandre comme
créateur d’un Empire qui serait le berceau de la civilisation (d’où l’expédition des savants). C’était
sans compter les difficiles relations entre Orient et Occident depuis les croisades et l’absence de
réceptivité des idées révolutionnaires en Egypte. De retour en France, fort de ses victoires, Napoléon
dénonce les échecs du Directoire. Il a le soutien de Sieyès et Barras, mais le coup d’Etat du 18
brumaire est une « farce » : Napoléon apparaît bien peu sûr de lui devant l’Assemblée et tombe de
cheval en partant. Sans l’intervention de son frère Lucien qui montre aux soldats que soutenir
Napoléon, c’est soutenir la République ; cette action aurait pu mettre fin à la carrière du général
Bonaparte !
Le Consulat constitue une étape clé où les « masses de granit » constituent les bases de
l’Etat. La Constitution de l’An VIII définit un nouveau régime. Napoléon est encore un enfant de la
Révolution dont il veut conserver les héritages, il n’y a pas de plan préétabli. Mais il veut réorganiser
la France et il est conscient que son action est à la fois créatrice et destructrice. Pour asseoir son
nouveau régime, il lui faut une victoire militaire : c’est Marengo. Désormais son pouvoir n’existera
qu’avec la gloire militaire. Il met en place alors en France, de manière pragmatique et en s’appuyant
sur des conseillers efficaces, une concentration des pouvoirs qui le laisse libre d’agir. Il refuse les
divisions des tendances politiques aussi bien royaliste que jacobine. Dans ces discours, le mot de
« République » tend alors à disparaître au profit de la « nation ». L’auteur voit dans l’avènement de
l’Empire une « détérioration de la République ». S’agit il pour autant d’un retour à la monarchie ?
Steven ENGLUND écrit qu’il s’agit d’une nouvelle monarchie « démocratique et représentative par
son origine et sa légitimité, romaine par son style, libérale par ses aspirations, dictatoriale en
substance, suscitée par la guerre, mais sans qu’elle la recherche, et soutenue par la gloire ».
Napoléon n’avait pas conscience de porter une idéologie : il vit et créé les événements sans plan
préétabli. Le prix de la gloire passe par la censure, la police et la propagande. Mais s’il reconnaît et
décrit ces trois éléments contraires à l’héritage révolutionnaire, l’auteur rappelle aussi qu’ils sont
souvent exagérés car il existe un consensus social, une presse critique selon les périodes, et les
opposants au régime n’ont jamais été exécutés. Pour l’auteur, l’Empire n’est pas l’équivalent des
années de Terreur et il serait encore plus anachronique de comparer le premier Empire aux régimes
totalitaires du XX siècle.
Nadine Bouette, professeur d’histoire géographie
B. La naissance d’un empire
Tableau sacre de Napoléon en 1804, JL DAVID – 1806. Plusieurs supports possibles :
Site de l’Histoire par l’image : http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=175
Ou site France 5 : http://www.curiosphere.tv/napoleon/
Site du musée du Louvre : animation complète
http://www.louvre.fr/llv/dossiers/visu_oal.jsp?CONTENT%3C%3Ecnt_id=10134198673229910&CURR
ENT_LLV_OAL%3C%3Ecnt_id=10134198673229910
 Composition ambitieuse représentant le couronnement du 2 décembre 1804 dans la
cathédrale Notre-Dame de Paris, cette toile a nécessité trois années d'un travail minutieux.
David, qui depuis 1804 porte le titre de « Premier Peintre de l'Empereur », commémore la
cérémonie officielle en réalisant un monumental portrait de groupe où tout concourt à
ramener le regard vers la scène centrale.
 Héritages de l’Ancien Régime et héritages révolutionnaires aboutissent à une « monarchie
impériale ».
Conclusion :
En quoi les temps forts de la Révolution marquent-ils des ruptures avec l’Ancien Régime ?
Les temps forts de la Révolution sont des ruptures avec l’Ancien Régime. C’est
l’apprentissage de la vie politique avec l’affirmation de la souveraineté nationale dont notre
République a hérité. C’est l’apprentissage de la démocratie avec des avancées et reculs par des
révolutionnaires. Passage d’une monarchie « absolue » à une monarchie limitée (parlementaire, puis
constitutionnelle) à une République, puis une « monarchie impériale ». C’est l’affirmation de l’égalité
juridique et des libertés individuelles (DDHC reprise par les Républiques à venir comme principes
fondateurs de la démocratie). Il existe aussi des continuités puisque le premier empire est « une
monarchie impériale » qui reste marquée par les héritages de l’Ancien Régime « revisité » par
Bonaparte, des continuités puisque une part de la population reste exclue des principes de la DDHC.
Proposition pédagogique
Lecture ancien et nouveau programme
Avant
II. La période révolutionnaire, 1. Les grandes phases de la période révolutionnaire en France 1789 –
1815 (7 à 8h). Il s’agissait d’un récit synthétique pour présenter des épisodes majeurs et les
principaux acteurs, événements extérieurs à l’aide de cartes.
Maintenant
II. La Révolution et l’Empire, thème 1 les temps forts de la Révolution divisé en 3 moments
chronologiques de 1789 à 1804. Il s’agit d’étudier un petit nombre d’événements et des grandes
figures de la Révolution pour mettre en évidence les ruptures.
A la lecture des programmes, plusieurs difficultés :
- Absence du Directoire : passage chronologique de 1794 à 1799 ?
- Ne pas négliger les résistances à la Révolution pour éviter une lecture linéaire de l’histoire et
permettre la compréhension des chapitres sur le XIX (notamment la France politique)
- Danger d’une histoire en miettes, avec une approche « centrée sur quelques événements et
quelques figures » : difficulté d’assurer un lien entre quelques événements et acteurs
spécifiques. Difficulté de faire part de la diversité des situations des acteurs et des espaces.
- Difficulté de montrer les ruptures étalées dans le temps, de montrer des transitions : les
ruptures ne sont pas toujours liées à une seule journée révolutionnaire. L’événement retenu
dans le programme est souvent le point d’aboutissement d’un processus plus ancien.
- Approche plus politique de ces temps forts, une approche plus sociale dans le thème 2.
Possibilité d’adapter cette partie en fonction du choix opéré pour le thème 2.
 Tableau récapitulatif et diaporama
Nadine Bouette, professeur d’histoire géographie
Supplément :
Extrait d’un article de Pierre SERNA, revue en ligne de la Révolution française, novembre 2009.
« En ce début du XXIe siècle, le temps n’est plus aux querelles d’écoles et si la génération des
universitaires actifs a grandi dans l’affrontement Soboul contre Furet, relayé par les controverses du
Bicentenaire, Furet contre Vovelle, force est de constater que la lice a été abandonnée. Parce qu’il
n’y a plus de combattants ? À cause de la pauvreté du débat idéologique marqué par la disparition de
la perspective marxiste ? La faute au déplacement des centres d’intérêt de l’Histoire en général ? À
l’abandon de la référence matricielle révolutionnaire par les plus hautes autorités de l’État ? Au
moins grand investissement de talents érudits dans le champ des études révolutionnaires ? À une
plus grande dispersion des interprétations de la révolution moins immédiatement classables entre
les catégories de droite et de gauche ? Ces raisons expliquent en partie cette forme relative et
superficielle d’atonie. Heureusement pour l’Histoire, il y a l’actualité. Heureusement pour la
Révolution, pour les études sur la Révolution française, il reste le désir : il est des conditions de
reproduction de conflits et d’inégalités qui stimulent les formes d’opposition, de révoltes, de refus de
l’arbitraire, de dissidence qui, si elles ne rejouent pas la Révolution française et les révolutions du
monde moderne, l’interrogent, les interrogent pour saisir leur modernité et leur acuité. Ainsi le
champ des études révolutionnaires loin de s’appauvrir, vingt ans après le Bicentenaire se porte bien.
Il est rajeuni. Il est multiple dans ses interrogations et ses problématiques. Il est international. Il est
contemporain du XXIe siècle, intégrant les nouveaux supports d’information et de diffusion des
savoirs scientifiques. »
Nadine Bouette, professeur d’histoire géographie

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