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Maisons chic
Cohabiter avec l’histoire
Grâce aux recherches scrupuleuses d’Erick
Charrier, le Château de Reignac a retrouvé une
nouvelle vie. Il nous ouvre les portes de ses salons
éblouissants et des chambres dans lesquelles le
XVIIIe siècle semble n’avoir jamais touché sa fin.
production Lotus publishing
Texte Manuela Longo
PhotographiIes Riccardo De vito
L’idée
Une couleur très
vive sur les murs,
déclinée dans une
tonalité plus claire
au plafond.
(Photographies et explications dans la
rubrique « Idées en pratique »)
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D
Maisons chic Cohabiter avec l’histoire
ans la vie d’Erick Charrier,
le Château de Reignac
a représenté un grand
chamboulement. « En
1992, après avoir travaillé dans
le monde de la publicité pendant
plusieurs années, j’ai créé à Paris une
agence de communication, Évidence,
qui employait 25 personnes. Mon
associé et moi l’avons cédée à un
groupe américain en 2001, ce qui
a marqué la fin d’un long chapitre
de ma vie professionnelle et…
parisienne », nous raconte le maître
des lieux. Après avoir quitté la
capitale, il s’est ensuite mis en tête de
dénicher une vieille demeure pour la
reconvertir en chambre d’hôtes. « Ce
qui devait être une petite propriété
rurale (c’est vraiment ce que je
cherchais !) s’est transformé en un
château de 3 800 m2 ! En somme,
un défi inédit et enthousiasmant
pour quelqu’un comme moi,
passionné de demeures historiques
et de civilisations anciennes. J’ai un
faible pour l’Égypte, par exemple,
et je trouve l’histoire de France
passionnante. Vous pouvez donc
imaginer ce que signifie pour moi
l’acquisition d’une telle bâtisse ! »
Les tissus employés
pour les garnitures
et les rideaux ont
été choisis parmi les
collections de grandes marques comme
Braquenié, Nobilis et
Pierre Frey, qui réinterprètent des motifs
anciens.
La majeure partie des tableaux et des meubles
anciens provient de ventes aux enchères à Paris,
Tours, Blois et Orléans.
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Pour comprendre l’enthousiasme
d’Erick, il convient peut-être
de faire un pas de côté pour
passer de son histoire à celle du
château. Celle-ci remonte au
XVeme siècle, lorsque la famille
Du Fau fit construire la structure
d’origine, dont subsistent les
deux tours cylindriques qui
flanquent la façade avec vue sur
le parc et sur le corps de garde. Le
château a appartenu à d’illustres
propriétaires, dont le nom orne
les pages des livres d’histoire,
tels Pierre Forget, Secrétaire
d’État sous Henri III et Henri
IV, et Aymard de Chouppes,
ami d’enfance de Louis XIII.
Mais ce fut Louis de Barberin
qui entreprit de profonds
travaux de transformation
comme le comblement des
douves, la création du jardin,
l’agrandissement de l’édifice
principal et l’adjonction de l’aile
annexe. Louis de Barberin fit aussi
ériger une chapelle, consacrée
en 1717. On doit à sa femme,
Le château était complètement
vide quand Erick Charrier
l’a acheté. Le garnir et le
décorer a nécessité un long
travail afin de recréer un
authentique style
siècle.
XVIIIeme
L’idée
L’
association
du vert et du
lilas produit un
contraste vif,
très original.
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« Je ne voulais pas
que la maison
ressemble à un
musée, mais en
même temps,
j’aimais assez
l’idée de chercher
des meubles
contemporaines
de l’époque du
château. La
couleur m’a aidé à
apporter de la vie
dans les pièces. »
L’idée
Retapisser la bergère
avec un tissu de tartan
pour la rendre plus
confortable.
« Tous les salons de la
demeure ont ouverts,
car j’aime l’idée que les
hôtes puissent se déplacer
librement entre les
salles, comme s’ils étaient
chez eux », explique
Charrier.
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Erick
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Dans un autre coin, le piano
d’époque arbore de belles
lignes anciennes.
L’idée
Les cadres sur les murs
accueillent du papier peint
à rayures arc-en-ciel, qui
rappellent les couleurs du
plafond peint.
Le coin lecture a été
aménagé autour de la
table basse en fer, sur
laquelle deux ouvrages
attendent d’être consultés.
Au dos des fauteuils, une
bibliothèque dotée d’une
échelle, et la cheminée
ancienne richement
sculptée.
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L’idée
La cheminée désormais hors d’usage sert de cadre à un miroir !
Dans une palette très sobre,
les chambres à coucher
donnent l’impression que
le temps s’est arrêté au
XVIIIeme siècle.
en revanche, la naissance d’un
somptueux mausolée en marbre
réalisé par le sculpteur Claude
Dubois. Ce fut ensuite le Général
Marquis de Lafayette qui hérita du
château de Reignac, cédé en 1792.
Après quelques années dans l’oubli,
le château redevint un objet de soins
grâce à la famille Müller, qui donna
une tournure néo-gothique à la
propriété. Enfin, en 1900, le château
fut équipé pour recevoir l’électricité
grâce à son moulin sur l’Indre, et
dix ans plus tard, il passa aux mains
de la famille de Vibraye-Cheverny,
qui le conserva jusqu’en 1984. « Le
voici qui se dresse devant mes yeux
en 2012 dans toute sa splendeur ! ».
C’est ainsi qu’Erick Charrier achève
son récit, pour repasser au présent
et évoquer la vocation actuelle de la
demeure. « Étant donné la taille du
bâtiment, j’ai décidé d’en faire un
hôtel de luxe. C’est pourquoi tous
les travaux ont été dédiés à rendre le
château habitable. J’ai dû refaire les
installations entièrement, et surtout,
éliminer toutes les interventions
provisoires qui s’étaient accumulées
avec le temps, en masquant le
charme ancien des pièces. Je pense
aux faux-plafonds qui cachaient
les belles poutres d’origine, ou aux
revêtements des murs qui n’avaient
plus rien à voir avec l’époque de
sa construction. Ainsi le château
a retrouvé son charme d’antan,
jusque dans son décor ». Les objets
décoratifs et les meubles ont en
effet été choisis dans le but de
reconstituer l’atmosphère du XVIIIe
siècle dans les pièces, sans toutefois
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Larges ou fines, les
rayures sont un motif
récurrent dans la
décoration du château.
Dans cette chambre,
voici de nouveau une
alternance de bandes
rouges et grises sur le
tissu du ciel de lit.
L’idée
Pour tenir lieu de base à
l’abat-jour, une silhouette
qui reprend le style des
volutes du baldaquin.
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Des faux-plafonds
couvraient les belles
poutres d’origine,
que Charrier a fait
découvrir. Le décor des
murs les met en valeur,
et confère à la pièce
un style chaleureux et
élégant.
L’idée
T
ransformez un simple
abat-jour en le revêtant
du même tissu que les
rideaux.
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Le mausolée de
Louis de Barberin,
conservé dans
la chapelle du
château, est une
œuvre du sculpteur
Claude Dubois..
tomber dans le « pastiche » ni dans
un style muséal outrancier. « Si
dans les chambres à coucher, j’ai
dû céder au confort moderne, dans
les salles de bain, j’ai fait récupérer
les vasques antiques, bien neuves,
qui étaient déjà dans le château
tandis que pour le reste, les pièces
étaient complètement vides. Pour
les meubler, j’ai voulu donner
l’impression que la vie s’y était
arrêtée net à l’époque, comme si à
notre place, il était encore habité par
ces personnages dont nous parlent
les livres d’histoire. C’est pour cette
raison que j’ai préféré acheter des
meubles dans les ventes aux enchères
de Paris, Tours, Orléans et Blois ».
Erick Charrier a accordé le même
soin à la recherche de tissus, presque
tous de chez Braquenié, Nobilis,
Pierre Frey, Lelièvre et Canovas,
tandis que les rares meubles achetés
chez des marques réputées sont de
Flamant et Mise en Demeure. « Les
incursions du design contemporain
sont très peu nombreuses, juste une
légère touche qui vient souligner le
jeu entre les époques », conclut le
maître de céans.
Les neuf baignoires anciennes trouvées dans le
château ont été conservées et valorisées, comme
tous les ornements.
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Vue de l’extérieur, le
château de Reignac
offre à notre regard tout
son charme ancien.
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