L`orangeraie - Ville de La Tuque
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L`orangeraie - Ville de La Tuque
Chronique littéraire L’orangeraie, de Larry Tremblay Résumé Amed et Aziz sont des jumeaux de 9 ans qui vivent en toute tranquillité avec leurs parents. L’humeur de l’un va de pair avec l’humeur de l’autre. Ce sont de vrais complices. Tout près, vivent aussi leurs grands-parents paternels. Leur grandpère a su transformer la terre aride d’un versant de la montagne en une orangeraie fertile. Ils y vivent tous ensemble et l’entretiennent avec grand soin. C’est comme une belle oasis! Une nuit, un obus « provenant du versant de la montagne où le soleil se couche », tombe sur la maison des grands-parents et les tue. Malgré leur peine immense, Zohal (le père des jumeaux) et sa famille ramassent les débris, enterrent leurs parents bien-aimés et reprennent les soins prodigués à l’orangeraie. Peu de temps après ce malheur, Zohal conduit Aziz à l’hôpital du village voisin pour y passer des examens : Aziz a une santé fragile. Il y fait la connaissance d’une fillette qui a une grave maladie cardiaque : Neelan. Aziz revient à l’orangeraie; « Il n’aura pas besoin de retourner à l’hôpital », lui dit son père. La vie continue. Quelque temps plus tard, des hommes arrivent en jeep à l’orangeraie dont Soulayed, un homme important du village voisin. Il dit à Zohal : « La vengeance est le nom de ton deuil; nos ennemis veulent s’emparer de nos terres. » Et lui tient tout un discours. Il donne à Zohal une ceinture avec des explosifs : Zohal devra choisir un de ses 2 fils pour qu’il aille de l’autre côté de la montagne, se diriger vers les campements militaires et se faire exploser au milieu de ces chiens d’ennemis. Zohal a choisi Amed, son fils le plus costaud : il aurait eu mauvaise conscience s’il avait choisi son fils malade. Mais Tamara, la maman des jumeaux, ne l’entend pas ainsi. Elle sait qu’Aziz ne vivra pas jusqu’à la prochaine récolte. Elle ne veut pas perdre ses 2 fils dans cette guerre stupide. C’est ce qu’elle confie à Amed et lui demande de changer de place avec son frère. Mais Aziz prend les devants et il tient à porter la ceinture; il connaît son frère : Amed a peur de mourir. Ce sera pour Aziz un honneur de mourir de cette façon. Ils vont procéder à l’échange en toute complicité : Aziz devient Amed et Amed devient Aziz. Avant de partir, Aziz remet une lettre à Amed et lui demande de l’ouvrir seulement après sa mort. Que contient cette lettre? Aziz réussira-t-il sa « mission »? d’Amed, l’enfant qui entend des voix? Qu’advient-il Commentaires Histoire très prenante qui se lit d’un trait!!! J’ai beaucoup, beaucoup aimé même si c’est enrageant de voir des vies détruites de cette façon! L’auteur ne nomme pas le pays où l’action se déroule, mais j’ai pensé que ce pouvait être au MoyenOrient (Afghanistan, Iran, Palestine…). Excellente description de la façon dont les dirigeants manipulent les gens ordinaires en y mêlant l’honneur de la famille, la religion, la vengeance, la haine et… les mensonges. Tout ça dans un meltingpot qui fait que des innocents font sacrifice de leur vie tellement ils sont endoctrinés de principes reçus depuis leur plus jeune âge! Neuf ans, ce n’est pas vieux pour devenir kamikaze… et en plus pour ce dernier, c’est un honneur de mourir ainsi!!! Comme le dit Soulayed à Amed et Aziz : « … Dieu vous a choisis; Dieu vous a bénis… » Difficile à comprendre pour nous qui tenons la vie comme si précieuse! La lecture du roman est facile : phrases simples, situations concises, personnages attachants et bien décrits, pas de fioriture, mais par contre il y a de la finesse, de la poésie même tout au long du récit. La fin est surprenante; on apprend ce qui est arrivé à Amed (celui qui est resté) et à Aziz (celui qui a porté la ceinture)… 11 ans plus tard lorsqu’Amed a 20 ans. Le sujet traité m’a fait penser au livre intitulé L’Attentat de Yasmina Khadra qui m’avait tout autant bouleversée. Tous les deux soulèvent plusieurs interrogations, dont la valeur de la vie versus certaines religions. En temps de guerre, est-ce que tout est permis? Biographie de l’auteur Dramaturge et écrivain québécois, il est né en avril 1954 à Chicoutimi. Il complète une maîtrise en théâtre de l’Université de Montréal et fait plusieurs voyages en Inde où il se spécialise en kathakali (théâtre dansé originaire du sud de l’Inde; les rôles sont tenus exclusivement par des hommes. Leurs costumes sont splendides; tout est dans les regards, les expressions du visage et la position des mains). Sa production sera imprégnée par cet art indien. D’abord reconnu comme comédien dans Provincetown Playhouse, juillet 1919, j’avais 19 ans, sa carrière de dramaturge prendra son envol en 1980 avec la production de la pièce Le déclic du destin lue sur les ondes de Radio-Canada par Jean-Louis Milette. En plus de sa production artistique, il enseigne le jeu et l’écriture dramatique à l’École supérieure de théâtre de l’Université du Québec à Montréal. De 1978 à 2015, il a écrit 27 pièces de théâtre dont plusieurs ont été traduites en anglais, allemand, italien, espagnol, tamoul. Il compte 5 romans à son actif, 5 œuvres poétiques, 1 essai. Il a obtenu plusieurs prix et distinctions, dont le Prix des libraires du Québec en 2014 pour L’Orangeraie et le Prix littéraire des collégiens pour le même ouvrage en 2014. En avril 2015. Le Club des Irrésistibles, club virtuel associé au réseau des bibliothèques publiques de Montréal, l’a couronné meilleur livre de l’année. Ce roman sera adapté au théâtre Denise Pelletier en 2016. Ginette Scarpino, membre du club de lecture de la Bibliothèque municipale