Etats des lieux Eolien

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Etats des lieux Eolien
 MAINTENANCE (ET EXPLOITATION) EOLIENNE : DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE & ATTRACTIVITE DU SECTEUR Une étude par l’activité et les conditions de travail en région picarde 1ers éléments de travail Marylène COPPI, chargée de mission Alexandre VASSELIN, chargé de mission 14 février 2013 Document de travail -­‐ 14 février 2013 Date de publication Version 14 février 2013 MC-­‐AV-­‐Eolien-­‐Fev.13 Marylène COPPI Chargée de mission [email protected] 03 22 80 51 80 06 82 87 60 80 Alexandre VASSELIN Chargé de mission Vos interlocuteurs ARACT [email protected] 03 22 80 51 87 06 71 90 76 98 CESTP-­‐ARACT www.cestp.aract.fr M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 2 Document de travail -­‐ 14 février 2013 Développement du secteur éolien et conditions de travail : quels enjeux ? Pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés, dans le Schéma Régional Eolien en terme d’offre de production, la Picardie doit œuvrer sur dans deux directions : 1. Disposer d’une offre de travail : des techniciens de maintenance et d’exploitation en nombre et aux compétences répondant aux besoins du secteur. A ce titre, la région picarde souhaite se doter d’une offre de formation qui réponde à la demande des entreprises en région pour entretenir et exploiter les parcs éoliens actuels et futurs. Mais quels contenus de formation à construire ? Pour quels publics ? Pour quelles carrières professionnelles ? 2. Offrir des conditions de travail et d’emploi qui rendent le secteur attractif. Sans quoi, le risque existe que le développement économique de ce secteur soit freiné par sa faible attractivité pour des actifs en recherche d’emploi. De même, si les conditions de travail et d’emploi ne répondent pas aux attentes des personnels en place, ceux-­‐ci risquent de quitter le secteur qui ne parviendrait pas à fidéliser ses effectifs. Le CESTP-­‐ARACT, en réponse à une sollicitation du conseil régional de Picardie, propose d’étudier l’activité de travail des techniciens de maintenance, afin de repérer ce qui dans le travail nécessite des apprentissages, qui peuvent être pensés dans l’offre de formation en construction. Mais de manière proactive, le CESTP-­‐ARACT fait l’hypothèse que les situations de travail rencontrées renvoient probablement à des conditions d’organisation du travail plus larges (temporelles, géographiques, fonctionnelles…) qui sont à repérer pour, non seulement construire les enseignements, mais aussi des parcours professionnels, des organisations de l’activité non pénalisants pour la santé. Il s’agit ici de travailler le versant attractivité/fidélisation de la filière pour favoriser son développement économique. Méthodologie : Les investigations qui ont donné lieu à ce document de première analyse ont eu lieu de juin 2012 à janvier 2013. Entretiens avec divers acteurs (responsables et techniciens de maintenance et d’exploitation) dans quatre entreprises de la filière, implantée en Picardie, ayant à minima une activité de maintenance d’éolienne. Observations de situation de travail de maintenance d’éolienne dans une entreprise. M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 3 Document de travail -­‐ 14 février 2013 C’est à ce titre que le Cestp-­‐aract s’inscrit dans ce projet, en nouant des partenariats avec les acteurs de la filière, afin de réaliser une étude sur les conditions de travail à construire pour, in fine, favoriser le développement de la filière. Remarque – Grande facilité à introduire le secteur grâce au CRP et à Ralph Grass, mais aussi à la méthodologie mise en œuvre (prudence dans l’exploration, flexibilité dans les créneaux donnés par des entreprises, sans demande a priori). On est en effet dans le domaine de l’étude exploratoire. Restitution en 6 grands points : • Le recrutement – quelles formations à l’entrée ? • Les dimensions RH – Intégration / parcours / rémunération • Les choix d’organisation – une question de taille d’entreprise et une dimension structurante à la Française ? • Des facteurs de variabilité de l’activité avec des effets sur la santé • Les points positifs de l’activité dans la filière évoqués par nos interlocuteurs • Les suites à donner à ce travail exploratoire 1. Le recrutement –quelles formations à l’entrée ? Préalable – le secteur en France dispose d’une faible expérience en matière d’éolienne. Aussi, les personnes rencontrées viennent rarement du secteur, ou quand c’est le cas, ont été débauchées de chez un concurrent. Ce qui ressort de ces premières investigations, c’est que le BZEE n’est pas une formation miracle, un back ground d’un niveau BTS en électrotechnique est l’idéal et semble être aujourd’hui une tendance. « Le BZEE n’est pas une formation miracle » o Pour tous nos interlocuteurs, le BZEE est une formation « complémentaire à … ». En effet, le BZEE est une formation spécifique en maintenance éolienne. Mais c’est une formation « de surface », qui n’est pas assise sur un « background » technique. Pour progresser dans la technicité, il est nécessaire d’avoir un BTS. Selon nos interlocuteurs, c’est une 1er spécialisation « théorique », en 6-­‐8 mois, dans l’Eolien. o De fait, avec cette formation, « on apprend à répondre aux questions et problèmes les plus courants », « on apprend des bases », mais on n’est pas en capacité d’anticiper les problèmes. o Aussi avec un BZEE, on n’est pas autonome… les enseignants disent « vous verrez sur le tas »…. o Dans les centres de formation, les supports pédagogiques peuvent rapidement devenir obsolètes du fait des innovations technologiques très rapides, dans un secteur qui n’est pas encore mature. − Selon nos interlocuteurs, il convient de distinguer On et Off Shore. On arriverait aujourd’hui sur une phase de relative stabilisation des technologies dans le « on M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 4 Document de travail -­‐ 14 février 2013 shore ». Les efforts en matière d’innovation s’orientant plus maintenant sur le off shore : ce qui peut rendre les supports pédagogiques obsolètes. − Selon certains de nos interlocuteurs, l’obsolescence des supports pédagogiques peut aussi s’expliquer par des questions de protection de technologie par les constructeurs (notamment Allemands). «Les enseignants français c’est un peu ‘la dernière roue du carrosse‘. C’est dur pour eux d’avoir accès aux informations et du coup de faire des cours avec des contenus à jour. Dans les établissements français, on forme surtout sur des « vieux coucous »… Cela n’a rien à voir avec certains centres de formation Allemands qui forment sur des technologies récentes ». − Aussi, les personnes en sortie de BZEE, peuvent arriver en situation de travail avec des connaissances déjà obsolètes ! o Ex. pour les retro soft : avant le réglage était « mécanique » avec des anémomètres. « C’est ce qu’on a appris. Mais maintenant sur les nouvelles machines, les réglages se dont à ultrason, c’est plus « électronique » ». o Ex. les évolutions dans la conception des mâts : « On passe du mât acier au mât béton : la conception est différente, les systèmes de contraintes changent et le travail de maintenance aussi. Pour le mât acier, c’est du serrage boulons ; pour le mât béton, c’est de la vérification de tension d’un câble ». − Pour certains responsables rencontrés : les formations BZEE ne mettent pas assez l’accent sur des formations à la sécurité, au convertisseur de puissance par exemple. o « On voit des choses sur le travail en hauteur, mais peu de choses sur l’électrique… Il n’y a pas de préparation à l’habilitation électrique haute tension, alors que c’est le gros du métier ». o Remarque -­‐ Est-­‐ce le même constat dans tous les centres de formation BZEE ? Une voie à explorer dans la suite de l’étude (contenu des programmes sur les questions de sécurité) − Dans une formation BZEE, on n’apprend pas le « savoir s’organiser », « savoir organiser le travail de la journée ». Le BAC+ 2, le niveau initial de formation à privilégier o Selon nos interlocuteurs, le niveau BAC+2 est un minimum pour disposer du back ground nécessaire en connaissances électronique /électromécanique. Le niveau Bac, qui est pourtant le niveau requis pour intégrer une formation BZEE, ne leur semble pas suffisant en connaissance de base. -
« Il y a de mon point de vue une évolution au niveau des recrutements. Il y a 3 ans, un bac pro avec 2-­‐3ans d’expérience professionnelle dans le secteur industriel ou le secteur maintenance suffisait pour intégrer le secteur. Aujourd’hui, c’est plus compliqué de rentrer avec ce niveau». o D’où l’idée que le BZEE est une formation complémentaire (de 6-­‐8 mois) pour une 1er spécialisation « théorique » dans l’Eolien. M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 5 Document de travail -­‐ 14 février 2013  Recommandation : recruter dans le centre Amiénois, des personnes avec un niveau BAC+2 pour l’entrée en BZEE. Sans quoi, il y a un risque de ne pas avoir le background nécessaire pour 1) répondre aux besoins détectés et à la demande des clients 2) ne pas se mettre en danger en réalisant des interventions incongrues faute de connaissances adaptées. Le plus de l’électrotechnicien, par rapport au mécanicien o Selon nos interlocuteurs, la compétence la plus précieuse dans l’éolien est celle de l’électrotechnicien : « A un électrotechnicien, on peut tout demander. Pas à un mécanicien ». Et ceci, dans la mesure où, la majeure partie de l’intervention en éolien porte sur de l’électronique. o C’est aussi pour cette raison que dans les petites entreprises, un binôme n’est jamais composé de deux mécaniciens (sauf absence d’autres possibilités). L’entreprise essaie toujours de mettre au moins un électrotechnicien dans l’équipe. Le déficit des formations en électrotechnique aujourd’hui Les limites de l’électronicien « basse tension » dans un univers haute tension : o Les formations en électrotechnique forment plutôt aujourd’hui à la micro-­‐
électronique. Aussi les électrotechniciens qui intègrent la filière éolienne sont peu familiarisés à l’environnement haute tension… qui ne se traite pas de la même façon. -
« Dans les universités, on forme à la basse tension. En situation réelle, lorsqu’on est confronté pour la première fois en direct à la haute tension, on flippe un peu » -
Entre la basse tension et la haute tension, les aspects sécurité évoluent plus, les protections par exemple ne sont pas les mêmes. La classe des outils diffère (ex. les vérificateurs haute tension)…. En basse tension, on a le droit à l’erreur et l’erreur est possible… En haute tension, en théorie, l’erreur est impossible (une séquence d’opérations verrouillées par un système de clés successives… Ce système de clé est une spécificité Française. En Allemagne, il n’y a qu’une procédure à respecter mise en oeuvre)… Donc l’erreur est impossible en théorie. Mais il peut y avoir des défauts dans le montage des éoliennes (des défauts de serrure avec une possibilité de retirer la clé alors qu’elle est normalement prisonnière), et là, l’erreur est possible ». -
« Il y a des situations particulières dans lesquelles on peut être confronté à la haute tension : un câble coupé sur le réseau HTA / le transformateur de comptage tombé en panne dans le poste de livraison / de la surtension dans le transformateur et de l’huile qui descend dans le transformateur ». o Des presqu’accidents (qui auraient pu avoir de lourdes conséquences), ont eu lieu à cause de cette absence de maîtrise de la haute tension. -
« Il y a aussi un manque de communication dans les formations autour des conséquences des AT possibles ». M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 6 Document de travail -­‐ 14 février 2013 Aujourd’hui l’offre de formation est aussi confrontée à la non maturité du secteur (en France) o Dans ce secteur, les formations optimales en France ne semblent pas exister car le secteur n’est pas encore mature. o L’expertise se construit avec l’expérience pratique. L’expérience est indispensable dans un secteur non mature : on découvre des choses (aléas, panne) en allant, lorsqu’elles se produisent. o Nos interlocuteurs diront qu’il faut un an d’expérience, de pratique, pour commencer à être un bon technicien … il faut avoir éprouvé les diverses situations de travail (Ex : les bruits suivant la panne… se détectent dans la pratique). Ce n’est qu’au bout de 3-­‐4 ans qu’on est vraiment autonome et un technicien expert. o Il y a aussi un travail de pionnier… On construit également des stratégies de travail en lien avec le vécu antérieur des situations : Ex : situation de travail avec changement de filtre dans la nacelle. On construit un « porte filtre maison » en PVC, pour éviter de mettre de la graisse partout et qu’on soit obligé de tout nettoyer. Un profil idéaltype semble se dégager dans les recrutements, au-­‐delà d’une certaine variabilité des critères de recrutement o Le Niveau BAC+2, plutôt sur une spécialisation électrotechnique et dans une moindre mesure mécanique. L’idéal serait de trouver quelqu’un avec une double compétence « électromécanicien ». Certains techniciens précisent également que les BTS maintenance industrielle sont également bien considérés par les recruteurs pour le secteur. o Par contre l’anglais technique semble un incontournable car toutes les procédures sont en anglais, ainsi que la plupart des conférences de travail téléphoniques et des relations clients (Egalement certaines formations). L’anglais est également utile pour évoluer, nous dit-­‐on, dans la mesure où les postes à responsabilité sont également des postes qui nécessitent la maîtrise de cette langue. Cela étant dit, dans un cas, un technicien recruté récemment pour ses compétences acquises en milieu industriel maitrise mal l’anglais… (la maîtrise de la langue ne semble donc pas toujours être aujourd’hui une condition sine qua non). On peut toutefois imaginer qu’à termes, quand le marché du travail de l’éolien sera moins tendu, la maitrise de l’anglais sera un filtre à l’entrée rédhibitoire. Il semble d’ailleurs pour le coup que le BZEE insiste bien sur ce besoin de maîtrise de l’anglais technique (cours et incitation à poursuivre la pratique de la langue). Les canaux et les procédures de recrutement sont variables : o Les canaux de recrutement sont variables : le SPE pour les personnes qui ont connu une période de recherche d’emploi ; le réseau social (le bouche à oreille) ; le débauchage pour ceux qui étaient déjà dans le secteur. Lorsque l’offre de travail sera plus forte, le débauchage se réduira sans doute (l’effet rareté de la main d’œuvre se réduira) M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 7 Document de travail -­‐ 14 février 2013 o Les procédures de recrutement varient selon la taille de l’entreprise (procédure centralisée dans les grandes entreprises) et l’expérience l’entreprise dans l’éolien (l’entreprise a produit ses propres exigences au regard des recrutements antérieurs). L’emploi dans l’éolien semble genré ! o L’emploi de techniciens de maintenance n’est pas féminisé. Nous n’avons rencontré aucune technicienne et nos interlocuteurs ne nous ont pas parlé de collègues féminines à ces postes. o Les questions qui se posent sont classiques : où se situent les filtres au recrutement de femmes dans ce secteur ? Dès la scolarité dans les filières de formation technique ? dans les SPE ? A l’embauche ? o Remarque -­‐ Dans tous les cas, à l’heure des politiques de la diversité, il peut y avoir un enjeu pour la région picarde a travaillé aux divers niveaux de sélection évoqués précédemment. 2. Les dimensions RH : intégration -­‐ parcours et rémunérations On traite ici des questions qui peuvent à la fois impacter la construction des compétences (par les processus d’intégration) et l’attractivité du secteur et sa capacité à fidéliser les personnels (parcours, rémunération…) Quelles sont les motivations des techniciens à intégrer le secteur (diverses selon l’âge ou la génération ?) On a pu, en effet, repérer une grande variété de raisons qui ont conduit à intégrer le secteur éolien. Et il semble y avoir ici, un réel effet d’âge qui suit la construction de la filière. o Pour les plus jeunes, on retrouve une démarche militante : « une volonté de participer à l’écologie en travaillant dans l’énergie propre ». Cette ambition peut rapidement s’éteindre avec des conditions du travail et de l’emploi qui ne correspondent pas à l’idéal imaginé. o Pour les jeunes et les 25-­‐30 ans, il y a aussi la dimension novatrice, pionnière du secteur qui est valorisée : « On est dans les énergies propres de demain ». o Le secteur en plein « boom » est également perçu comme moyen de s’insérer professionnellement, dans un contexte d’emploi tendu. o Ensuite, pour les salariés qui avaient une expérience professionnelle antérieure conséquente, cette orientation s’est faite soit de manière fortuite, soit par M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 8 Document de travail -­‐ 14 février 2013 connaissance, soit à la suite d’une opportunité mise en avant par Pole emploi,… Elle faisait suite à un licenciement, ou une volonté de rompre avec le travail industriel « de l’usine » o
Exemple : une personne qui avait accumulée de l’expérience dans la micro-­‐électronique et les plateforme off shore pétrolière s’est vue proposer une formation nouvelle à la maintenance éolienne par l’ANPE, à 47 ans. o
Exemple : une autre personne, technicien de maintenance dans une verrerie pendant 12 ans, est « arrivée » dans le secteur par connaissance à 31 ans. o
 Dans tous les cas, les personnes rencontrées avaient une formation et une expérience, soit en micro électronique, soit en maintenance industrielle. o Enfin l’attrait, pour d’autres, semble lié à des possibilités de progression à l’origine plus rapides que dans d’autres secteurs (à nuancer toutefois aujourd’hui). Les logiques et procédures d’intégration o Pour toutes les personnes rencontrées, l’intégration s’est faite par inscription dans un binôme (voire trinôme) avec un ancien technicien de maintenance. Dans l’une des entreprises considérées, le parcours d’intégration semble plus complet : une semaine au siège est prévue avant d’être en situation opérationnelle sur site. De plus, il y a une semaine de formation électrique et une autre de formation mécanique. Celles-­‐ci donnent accès à une certification sur une marque de machine. Un mois de formation complémentaire sur sa spécialité est ensuite dispensé, le nouvel embauché commence ensuite en trinôme pendant 3 mois, puis il intègre ensuite un binôme avec un ancien. o Les diverses personnes rencontrées s’accordent pour dire qu’il faut entre 1 an et 1 an ½ pour acquérir une certaine autonomie au poste, et entre 3 et 5 ans pour devenir un technicien de maintenance expert (i.e. avoir rencontrer les divers aléas possibles). o Des binômes avec au moins une compétence en électrotechnique. Si ce n’est pas possible, l’entreprise hypothèque la qualité de la prestation et peut mettre en danger les salariés. Les politiques de rémunération o Concernant la rémunération, Il semble que nombre d’entreprises qui ont une activité de construction principalement, même si elles font aussi de la maintenance éolienne relève de la convention collective de la métallurgie. D’autres techniciens rencontrés appartiennent à des filiales d’entreprises positionnées à l’origine sur une activité de BE et relèvent pour leur part de la convention SYNTEC. Les personnes qui ont accepté de nous parler des questions de rémunération évoquent une rémunération de base de 1650 à 1700 € bruts à l’entrée (hors prime et panier). Le maximum sur ce poste semble pouvoir être atteint au bout de 5 ans d’ancienneté et s’élève à 2100 € brut /mois. D’une façon générale, pour le salaire de base, nous n’avons pas entendu de différences significatives : ce qui semble logique si la convention collective est globalement la même… aussi la mobilité inter-­‐entreprises ne se fait pas au regard de ce critère (salaire de base)… mais peut se faire au regard des conditions de travail et d’emploi. Dans un secteur alimenté principalement aujourd’hui par le bouche à M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 9 Document de travail -­‐ 14 février 2013 oreille et où le « débauchage » de compétences est pratique courante, une des société interrogée semble ainsi apparaître particulièrement « attractive » nous dit-­‐on, de par la qualité des machines à entretenir, la rémunération proposée et les avantages sociaux existants,…. o Les techniciens rencontrés, avec une expérience professionnelle antérieure déjà conséquente, semblent trouver ses conditions salariales insatisfaisantes. o Certains évoquent des insatisfactions autour des questions de rémunération des astreintes et heures supplémentaires. Certains ont le sentiment de « se faire avoir » lorsqu’il leur est demandé de récupérer plutôt que de payer des heures supplémentaires ou des astreintes. Dans ce contexte, les techniciens qui ont un statut ETAM préfèrent ne pas devenir cadre, dans la mesure où ce statut relève du forfait jour. o D’autres indiquent connaitre également une baisse de leur rémunération globale depuis 3 ans, en lien avec la mise en œuvre progressive d’une politique de réduction et/ou récupération des heures supplémentaires. o Question -­‐ Reste à savoir si une concurrence inter-­‐entreprises existe généralement sur des avantages sociaux, des primes, CE… Dans l’une des entreprises interrogées, on nous précise l’existence de primes de déplacement, de paniers de déplacement pour la semaine, l’existence d’un 13ème mois, des primes d’ancienneté, la participation aux bénéfices, l’existence d’avantage du CE (chèques cadeau, primes nouveaux nés…)… Pour l’instant, nos investigations sur ce point sont insuffisantes pour permettre l’extrapolation. Toutefois la question de la « reconnaissance » salariale semble se poser. Les perspectives de carrière o Les perspectives de carrière sont plus rapides dans un secteur en développement avec parallèlement une offre de travail adapté non pléthorique. Par exemple, un salarié rencontré a accédé au poste d’encadrant à l’âge de 24 ans, après 3 ans en tant que technicien de maintenance. Il encadre 3 ans après, une 30ène de techniciens ! o Mais déjà aujourd’hui ces perspectives s’amenuisent car les postes d’encadrants sont pourvus souvent par d’anciens techniciens (très jeunes comparativement à d’autres secteurs matures) qui ont évolué très rapidement… Conclusion sur ce point : des perspectives de carrière qui tendanciellement vont se réduire à l’intérieur du secteur, et des conditions salariales déjà ressenties comme insatisfaisantes, peuvent être des éléments de non fidélisation d’une offre de travail spécialisée (au sens de compétences spécifiques et étendues). Mais, une évolution contradictoire nous est décrite : il faut du temps pour devenir « expert » de son métier (3-­‐4 ans), mais des entreprises encourageraient des « anciens » (au bout de 5 ans d’ancienneté dans une même structure) à faire autre chose, au profit d’une main d’œuvre plus jeune, malléable et moins chère. Cette perception mérite bien sûr d’être confirmée sur un échantillon plus large. M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 10 Document de travail -­‐ 14 février 2013 3. Les choix d’organisation – une question de taille d’entreprise, et une dimension structurante à la Française ? L’activité est très variable selon l’entreprise, sa taille, son positionnement sur le marché, ses choix d’organisation. Toutefois, une constante est observable : l’activité de chantier. L’activité de chantier est une constante o Il y a ici de fortes similitudes avec le secteur du BTP. On ne raisonne pas tâches, mais mission/chantier… Cela signifie qu’on prévoit d’intervenir sur une éolienne sur divers points ; un temps est planifié à cet effet, mais il peut être dépassé si lors de l’intervention d’autres problèmes sont décelés. Dans la mesure où une intervention nécessite dans tous les cas un arrêt de la machine coûteux (perte de production d’électricité), l’intervention se poursuit jusqu’à réparation. … ce qui peut aussi induire de fortes variabilités des horaires de travail. o Le chantier est préparé et exécuté par une équipe autonome (binôme voire trinôme). En amont bien sûr le responsable, ou de manière plus centralisée le service planification de l’entreprise, prescrit un planning sur une semaine, qui est aussi fonction de la contractualisation avec les clients. o Ce planning sera parfois ajusté en fonction des conditions météorologiques favorables ou pas puisque les entreprises de maintenance s’engagent en moyenne à garantir 97% de taux de disponibilité de la machine. Mais aussi en fonction de la connaissance par le chef d’exploitation du parc à entretenir (il pourra regrouper ou différer des interventions sur des périmètres précis). o
Nota : on nous précise une évolution positive pour les techniciens de maintenance dans certains nouveaux contrats négociés avec les clients, le « temps de disponibilité » étant remplacé par une « puissance moyenne à fournir », ce qui laisserait plus de souplesse pour la programmation des temps d’intervention. Le choix d’organisation du travail et de l’activité semble dépendre de la taille de l’entreprise, mais il y a aussi une dimension structurante en France Nous avons rencontré trois entreprises de maintenance éolienne et trois choix d’organisation o La spécialisation pour l’entreprise A -­‐ le choix de la spécialisation de ses effectifs par nature technique de l’intervention, au regard de la taille de l’entreprise (grosse structure) -
On retrouve des équipes mécaniques, des équipes d’électricien, des équipes d’électro-­‐mécanicien (mixte), des équipes rotor-­‐blade (pour les palles), des équipes échelles, des équipes dépannages qui n’interviennent que sur des pannes M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 11 Document de travail -­‐ 14 février 2013 électriques. Bien que fortement implanté sur le territoire national, cette spécialisation peut conduire les techniciens a des grands déplacements (au delà d’1h30). -
A terme, l’entreprise A souhaiterait tendre vers une spécialisation supplémentaire : celle par parc. C’est-­‐à dire avoir des équipes spécialisées, dédiées au parc éolien. Ceci serait un plus pour la traçabilité des interventions, l’anticipation et la réactivité (meilleure connaissance de l’état du parc). Pour cela, il faudrait construire des parcs de plus grandes tailles. Or jusqu’à 2005, les plus gros parcs étaient de 12 MegaW : ce qui a induit de fait des parcs de petites tailles, avec 5-­‐6 éoliennes maximum (contrairement à d’autres pays d’Europe, tels que l’Espagne et l’Ecosse en GB)… Donc, l’incapacité d’avoir des équipes dédiées par parc. o Le technicien généraliste selon l’entreprise B -­‐ Une entreprise comme B, plus petite ne peut pas faire le choix de la spécialisation de ses équipes. De fait, les équipes d’intervention sont généralistes, pour la maintenance de 1er voire de 2ème niveau. Pour la maintenance de 3ème niveau, l’entreprise B a des équipes dédiées centralisées qui interviennent sur tout le territoire. Dans certains cas, cette maintenance se fait par le fournisseur, durant une période déterminée par contrat. o La spécialisation par processus de l’entreprise C -­‐ Une 3ème organisation a été identifiée dans l’entreprise C : la répartition des effectifs est faite selon le type de maintenance : une équipe de maintenance préventive, une équipe de maintenance curative, mais cette répartition est tournante. Ensuite, comme l’entreprise B, ils font appel à de la sous-­‐traitance pour les grandes maintenances, très techniques ou difficiles à réaliser (voire pénalisantes) en l’état du matériel et des compétences disponibles. La taille des parcs une dimension structurante de l’organisation du travail, au delà de la taille : une possible spécificité française o Il semble y avoir une dimension structurante en France, à la nature des organisations du travail et de l’activité, à savoir la taille des parcs qui ne permet pas d’avoir des équipes complètes avec des salariés spécialisés par type de prévention ou expertise technique. Il n’y a pas une grande concentration d’éoliennes qui permettrait cette organisation industrielle et humaine à l’échelle d’un territoire donné. En effet, la législation française a imposé des parcs de 12 Mégawatt maximum jusqu’à 2005. o Ceci a une incidence sur la nature du métier exercée, sur les déplacements et sur les astreintes… Les salariés spécialisés à l’échelle d’un territoire assez grand (et non d’un parc) sont souvent en déplacement impliquant au delà de la route, de dormir hors de leur domicile : ce qui leur paraît coûteux pour leur vie de famille, eu égard les conditions de rémunérations. De même, les astreintes sont fréquentes, dans de petites entreprises avec les mêmes ressentis et conséquences. o Remarque -­‐ Cette dimension structurante du secteur en France a donc des incidences sur les conditions de travail et d’emploi, qui peuvent conduire à un turn over de personnes expérimentées (puisque cette « usure » se fait sentir dans le temps). Ce M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 12 Document de travail -­‐ 14 février 2013 qui peut être préjudiciable à la qualité du travail et des prestations dans le secteur… donc poser un problème au développement économique de ce secteur et surtout à son ROI. 4. Des facteurs de variabilité de l’activité – avec des effets sur la santé Nous avons demandé à nos interlocuteurs de décrire leur activité, les conditions de réalisation de leur activité, les éléments de variabilité de leur activité et les points positifs et négatifs perçus ou réels de leur activité. Ils ont évoqué le cahier des charges avec le client, les conditions imposées par le fournisseur de matériel, le type de machine, les conditions météorologiques, les zones d’intervention dans l’éolienne, le type de panne, les circuits d’approvisionnement, et d’autres points qui ne peuvent avoir valeur de généralité. Tous ces éléments ont des conséquences sur la santé des salariés, leurs trajectoires et devraient être travaillés pour éviter que le secteur se retrouve en difficulté de recrutement, ce qui serait un risque économique. Le cahier des charges imposé, mais aussi (re)négocié avec le client o Le cahier des charges avec le fournisseur est très précis et le service planification permet a priori d’anticiper les interventions. Mais pour tendre vers 97% de taux d’utilisation machine, l’intervention peut-­‐être variée et être reportée/devancée/rallongée en fonction des prévisions météo à court terme. Ex pour l’intervention rallongée – si une intervention en cours n’est pas finie à l’heure de fin de poste prévue, et que la météo prévoit du gros vent dans les heures qui suivent, on termine l’opération de maintenance en cours pour que la machine soit opérationnelle en temps voulue… Cet élément induit une variabilité horaire récurrente. Ex pour l’intervention devancée – l’exploitant peut profiter des temps d’arrêts machine prévus pour contacter la société de maintenance et faire intervenir les techniciens à ce moment. o Certains clients sont décrits comme plus exigeants que d’autres (sur le niveau de propreté, sur le repérage de défauts à corriger, sur les délais laissés pour corriger)  de fait, en fonction des exigences et des marges de manœuvre laissées, les contraintes sont plus ou moins fortes. Les exigences des divers acteurs en présence : fournisseur, client, exploitant, entreprises de maintenance o Certains fournisseurs de machine réalisent eux-­‐mêmes des actions de maintenance durant les 1eres années d’exploitation… Il faut alors conjuguer les divers M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 13 Document de travail -­‐ 14 février 2013 calendriers : celui du client, de l’exploitant potentiel (intermédiaire), de la société de maintenance et celui du fournisseur… o Les sociétés de maintenance sont contraintes d’utiliser les pièces proposées par le fournisseur durant l’engagement commercial. Or certaines des pièces fournies peuvent être défectueuses/fragiles (ex. problème de conception pièces avec joints qui se détériorent par la friction), et perturber la réalisation des tâches (ex filtre sans poignée). Le type de machine : variabilité dans la conception des éoliennes Comme le disent tous nos interlocuteurs : « les éoliennes n’ont pas été conçues pour les gens qui y travaillent dedans ! » Malheur au grand dans certains cas, sens interdit pour les personnes souffrant de rhumatismes dans d’autres. Voici la constante. Mais ensuite, « toutes les éoliennes ne se valent pas » … et il est plus facile de travailler dans l’une que dans l’autre, en fonction de ses caractéristiques. o L’existence ou non d’un ascenseur dans l’éolienne est un critère décisif. L’ascenseur est toujours présent dans une VESTAS, mais optionnel dans d’autres cas. Quand il n’y a pas d’ascenseur, c’est une ascension difficile, qui prend du temps… Aussi cela demande plus de rigueur pour préparer le chantier et ne rien oublier. Les techniciens ont de ce fait tendance à monter plus de matériel qu’il n’en faut pour parer diverses éventualités : mais ceci alourdit la charge… o L’existence d’aide à l’élévation (ou pas) : « C’est mieux s’il y en a. Mais quand on doit porter beaucoup de matériel en prévision, l’aide à l’élévation ne nous allège pas vraiment… ». Ce propos est à nuancer pour les machines General Electric, seules machines où il y a un palan intérieur permettant de monter le matériel : les 35kg apportés par le dispositif d’aide à l’ascension sont alors bien utilisés pour alléger le poids du technicien. o Les espaces plus ou moins contraignants : la General Electric est plus spacieuse, l’Ecotecnia impose une posture pénible « à quatre pattes » ; une évacuation d’urgence excellente chez Genéral Electric… Nordex et Siemens une « horreur » de ce point de vue là… o Sur les éoliennes Enercon, il y a plus de problèmes de nature électrique et sur les machines Vestas, il y a plus de problème de nature mécanique-­‐hydraulique (en lien avec le système de multiplicateur de vitesse) o Existence ou non d’une boite de vitesse. Il n’y en a pas dans les Enercon, ce qui permet de garder une machine propre et de démarrer la machine avec un vent plus faible. Cette caractéristique technique des éoliennes Enercon réduit de fait les créneaux d’intervention possibles… et peut expliquer la nécessité d’une planification et d’une organisation de la maintenance plus formalisée… et peut-­‐être codifiée… et peut-­‐être contraignantes… Mais en même temps prévisible… M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 14 Document de travail -­‐ 14 février 2013 L’existence d’un encadrement sur site : o La présence d’un encadrant sur site, ou à proximité, des techniciens de maintenance n’est pas une constante retrouvée sur les divers sites visités. Lorsqu’il est présent, il semble qu’un encadrement sur le site remplisse un rôle de soutien, d’intermédiaire, d’orientation… Rôle utile face au service planification, ou aux contraintes du client…. La mise en place d’un encadrant sur l’un des site a été perçue très positivement par les techniciens de maintenance pour les soulager de cette relation directe au client, parfois compliquée. Globalement l’encadrement joue un rôle important dans un travail finalement isolé. o Si la fonction peut être utile notamment pour réguler les diverses exigences en présence, toutefois, les techniciens semblent apprécier l’autonomie caractéristique de l’activité de maintenance dont ils bénéficient pour réaliser leur travail. A ce titre, certains des techniciens qui ont déjà occupé divers emplois dans diverses entreprises éoliennes, évoquent une perte d’autonomie, d’intérêt dans le travail, lorsque la programmation vient du siège, à distance : « Cela enlève beaucoup d’intérêt à notre métier… Quand on est technicien, on aime bien être autonome et pouvoir définir ses priorités. En plus, à distance, ils ne parviennent pas à apprécier les situations réelles et les vraies priorités ». o Remarque : l’organisation hiérarchique avec les divers niveaux (technique, commercial, planification, fournisseur) est une dimension importante de l’organisation du travail, qui doit plus être explorée. Aujourd’hui, on manque de visibilité sur les rôles de l’encadrement (contrôle et/ou soutien) et les difficultés potentielles à tenir ce rôle. Les conditions météorologiques o Il semble y avoir un lien entre météo et panne. De fait, nos interlocuteurs nous ont décrits des symptômes selon les saisons, mais leur étude n’a pas été systématisée par les entreprises. L’été quand il fait chaud, il a des pannes de ventilateurs ; l’automne en période de grands vents, il y a des surtensions sur les cartes électroniques ; et l’hiver avec la neige, les palles peuvent ralentir, voire s’arrêter : il n’y a alors plus de chaleur qui se dégage et cela induit des pannes diverses… donc des résistances chauffantes ont été installées pour éviter ce problème. o Le vent : par vent constant, il n’y a pas de problème particulier. Par contre, le vent faible induit beaucoup de changements, de ruptures, d’orientations de la nacelle, très sollicitant pour les composants électroniques (le mode nominal, c’est 10-­‐12 mètres/seconde)… Ce qui induit des pannes,… des interventions imprévues… une modification du planning. -
Les vents forts ont lieu en automne, donc les clients demandent à ce que les interventions n’aient pas lieu sur cette saison… et que les interventions curatives se fassent dans de brefs délais. -
A noter que lorsque les conditions météo sont trop dégradées (vent trop fort), les techniciens ne sortent pas et restent sur le stock pour faire de l’entretien. M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 15 Document de travail -­‐ 14 février 2013 Les zones de l’éolienne à entretenir Ici toutes les zones ne se valent pas. Et les binômes ont tendance à réguler la répartition de l’activité, en fonction des caractéristiques physiques de chacun. Mais quand cette régulation n’est pas possible, le travail peut être très pénible. Voici diverses situations relatées par les techniciens rencontrés : o le Hub présente une accessibilité réduite, obligeant à ramper, se glisser, se hisser. L’intervention est donc exigeante physiquement, et est plus facile pour les moins grands. o Le Hub est glissant du fait de la forte présence de graisse au niveau du moyeu. o L’intérieur de la nacelle est aussi réduit, et présente de multiple petits obstacles (boulon, levier…) sur lesquels on peut se cogner ou rester accrocher. Sur certaines zones, très étroites, il faut aussi ramper…. Ces espaces n’ont pas été conçus pour faciliter l’intervention humaine. o L’extérieur de la nacelle peut être glissant par temps de pluie, par verglas. Les interventions sont alors évitées, si possible. o Compte tenu des contraintes des divers espaces de travail, des arrangements entre techniciens ont lieu en fonction de leur corpulence, de leurs conditions physiques… Les personnes de petite corpulence seront un peu plus à l’aise dans les espaces exigus, mais peuvent aussi se retrouver en difficulté lors des travaux sur des pièces en hauteur (nécessitant pour eux de travailler sur la pointe des pieds). Le type de panne (taille, poids, accessibilité) o Certaines pannes sont plus pénibles à réparer que d’autres. Par exemple les grosses pièces dans le spiener (moteur électrique / collecteur tournant) à changer sont lourdes et imposent des postures pénibles. La pénibilité renvoie au poids des pièces (80 Kg) et à l’espace disponible pour effectuer l’opération. o Selon la localisation et la nature de la panne, des EPI contraignent le travail. Par exemple, pour se hisser dans le hub, les longes du harnais se coincent dans les boulons), le casque se cogne aux parois de l’éolienne. Pour le travail à genoux, les protège-­‐genoux trop rigides contraignent les gestes et l’activité. Lorsqu’ils se relèvent après avoir réalisé un travail agenouillé, les pieds peuvent se prendre dans les longes… entrainant des risques de chute. -
Et d’une manière générale, quel que soit le lieu dans l’éolienne, les longes peuvent s’y accrocher. -
Il existe des dispositifs accordéon pour les longes, mais ils sont plus coûteux (cf. le point sur les économies de coûts et la voie de la rationalisation). o Remarque : la faible place accordée au travail et à ses conditions de réalisation dans les politiques HSE mises en œuvre par certaines entreprises conduit un renforcement des procédures sécurité qui parfois sont inapplicables sur le terrain, en condition réelle (perte de temps, réduction de l’accessibilité à certaines zones, M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 16 Document de travail -­‐ 14 février 2013 accentuation du risque de chute, etc.) ou entraine d’autres pénibilités (harnais lourd, qui tient chaud, surtout en été, système anti chute balan qui cogne dans les testicules, etc.). Le stockage et l’approvisionnement en pièces détachées et les logiques d’organisation industrielles o Certaines entreprises, du fait de leur taille, ont des lieux de stockages qui permettent un réapprovisionnement rapide. D’autres non, et ceci modifie les plannings de façon conséquente ; Pour l’une des entreprises, sont évoqués les problèmes des flux tendus et d’une capacité de stockage insuffisante des pièces. -
Certaines pièces ont des délais d’approvisionnement extrêmement long (entre 6 mois et 1 an). Mais les salariés n’ont pas d’information sur les raisons de ces délais : flux tendus ? rupture de stock ? disparition d’un fournisseur ??? -
La conséquence est parfois forte dans l’activité : ceci nécessite de « bricoler » une réparation de fortune en attendant la pièce, avec la possible multiplication des interventions curatives. o Il y a parfois aussi des erreurs de livraison par rapport aux commandes effectuées. Pourquoi ? est-­‐ce que cela renvoie à un problème de traçabilité ? o A noter toutefois, sur chaque centre, il y a un nombre réduit de pièces détachées… Et il n’est exceptionnel de devoir faire un déplacement de 2 ou 3 heures pour aller chercher la pièce sur un stock ou un autre centre qui pourrait dépanner… Ceci peut engendrer des problèmes d’approvisionnement pour le 2ème centre et des problèmes de traçabilité, en cascade. o Une des personne rencontrée nous précise que la maintenance étant clairement considérée comme un « centre de coût », la politique de l’entreprise est d’essayer de limiter le stockage (d’où promotion du flux tendu) pour diminuer le plus possible ces coûts (diminuer les stocks de pièces qu’on utilise très peu et garder simplement à disposition des pièces qui entrent et sortent quasi aussitôt). Par ailleurs, la réduction des coûts passe aussi par une politique de contrôle et diminution du temps de travail en intervention dans certaines entreprises : « c’est en train de changer… on demande de faire aussi bien, en moins de temps, le contrôle sur les temps de maintenance se renforce ». o Divers exemples révélateurs d’une politique de contraction des coûts à tous les niveaux de la filière qui ont été évoqués, abondent dans ce sens. o
L’absence d’un escabeau dans la nacelle qui permettrait de se hisser à l’extérieur de la machine ; o
du matériel d’un faible niveau de qualité, les techniciens évoqueront « les tournevis et maillets bas de gamme qui cassent à la 1ere utilisation » ; o
« l’exploitant qui résiste à l’achat d’un produit antioxydant pourtant nécessaire à l’entretien d’une pièce, par crainte de créer un précédent au niveau mondial qui augmenterait le coût de la maintenance » ; o
«l’utilisation de produits 1er prix de la ménagère (savon, et essuie-­‐tout) pour nettoyer le plan de travail pour réaliser un joint en silicone sur la nacelle »…. M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 17 Document de travail -­‐ 14 février 2013 o Remarque : des investigations devraient être réalisées pour mieux explorer les logiques d’organisation industrielle à l’oeuvre. Ceci permettrait de mieux mettre en évidence les liens entre organisation industrielle  activité  contraintes de travail  santé… Une hypothèse semble se confirmer : la voie de la rationalisation industrielle émerge dans la filière éolienne Française o Les évolutions évoquées (renégociation des contrats, flux tendus, planification de l’activité formalisée…) manifestent l’orientation de la filière vers la voie de la rationalisation industrielle. Ce processus est à l’œuvre lorsque la technologie et son organisation tendent vers la maturité. o Un point de vigilance est à noter à l’intention des acteurs qui conduisent à la structuration de la filière et ceci pour éviter que le développement économique de court terme ne prenne le pas sur la santé des salariés, l’efficacité et la performance d’une technologie à long terme. Une logique d’investissement dans les parcs éoliens prioritairement financière pourrait conduire ces propriétaires à « négliger » dans les premières années d’exploitation la maintenance au profit de la production (les impasses dans l’entretien faites dans les premières années étant surtout payées en fin de vie de machine… induisant probablement des déclenchement d’opérations de maintenance plus fréquentes et difficiles pour les techniciens). Diverses logiques d’investissement (financière, industrielle, écologique,…) sont à l’oeuvre et n’ont pas les mêmes conséquences sur l’activité de travail des techniciens de maintenance (entre autres). o A ce titre, il est aussi important de mettre l’accent sur les points forts dans les conditions de travail et l’activité qui ont été évoquées par nos interlocuteurs et qui sont autant de facteurs participant à la construction de la santé au travail. 5. Les points positifs de l’activité dans la filière, évoqués par nos interlocuteurs o L’autonomie dans le travail - Ce point semble se retrouver sur plusieurs aspects du métier : sur la gestion des pauses, sur l’organisation du planning de maintenance, dans le mode opératoire mis en oeuvre, etc. o Le travail en équipe -
Les équipes rencontrées semblent relativement stables dans leur composition. Plusieurs salariés ont évoqué des stratégies de coopération. Ces dernières visent notamment l’économie physique dans une activité par ailleurs sollicitante ainsi M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 18 Document de travail -­‐ 14 février 2013 que la recherche d’efficacité dans la réalisation du travail. Elles prennent la forme de répartition de l’activité en fonction : 
de l’expérience des salariés « selon le type de panne, on a des codes, les personnes qui ont déjà été confrontées aux pannes montent et interviennent » ; du maintien de l’équité dans le binôme sur l’exposition à la pénibilité, notamment vis-­‐à-­‐vis de l’ascension « un qui monte voir ce qu’il y a à faire et suivant le travail, l’autre charge la nacelle en bas. Pour la maintenance suivante, on tourne » ;  de l’accessibilité et des particularités morphologiques des opérateurs : « par exemple, pour le réglage de frein de service, le plus petit se faufile, cela permet de gagner du temps en évitant de démonter le ventilo qui fait 40-­‐50kg. Au final, cela permet de récupérer et de gérer la pénibilité physique (port de charge, exiguité, température, etc.) ». o L’apprentissage régulier, la créativité au quotidien 
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C’est parfois une nécessité d’innover dans une activité non routinière et un secteur confronté à de fortes évolutions technologiques : « selon les cas rencontrés, il n’y pas toujours d’instruction établie. Cela oblige parfois à improviser, à développer sa créativité pour dépanner. Lorsque cela fonctionne, on se sent reconnu » Des structures qui pour certaines offrent la possibilité de changer d’équipe pour apprendre de nouvelles choses : dans une entreprise, « si on souhaite aller avec un électricien sur 3-­‐4 mois par exemple, c’est possible, on apprend plein de choses, c’est enrichissant ». o Des ressources mobilisables en cas de difficulté technique rencontrée -
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Dans certains cas, il y a des services techniques existants en appui aux techniciens : « Si cela ne marche pas, des ressources sont mobilisables au service engineering pour donner des tuyaux. Si on ne trouve toujours pas, en dernier recours, il y a aussi le siège du groupe qui a de l’avance, qui peut faire du retour d’expérience ». De même, dans certains cas, les protocoles (informatisés) sont mis à jour régulièrement et sont à disposition des techniciens. Ceci constitue un référentiel utile aux techniciens en cas de doute, de panne pas encore rencontrée … : « « tout est détaillé dedans, beaucoup d’informations sont mises à disposition en cas de souci ». o Des perspectives d’évolution perçues comme plus importantes que dans d’autres secteurs, du fait de la jeunesse du secteur. o Une relation à l’encadrement sur certains centres perçue de façon favorable : « on sent qu’il y a une écoute, on se sent respecté et reconnu dans son expertise ». o Un rythme de travail perçu comme « plus sain » que dans des entreprises industrielles avec du travail posté, et ceci malgré les astreintes. Ceci est évoqué par des salariés qui ont une expérience professionnelle dans ce secteur. Ce rythme de travail est plus respectueux du rythme biologique, du rythme social. -
M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 19 Document de travail -­‐ 14 février 2013 o Un impératif d’urgence perçu comme beaucoup moins présent que dans d’autres industries - « Il y a une meilleure planification avec des phases prévues de préventif, on n’est pas toujours dans des pannes à résoudre au plus vite » ; -
« On est moins stressé, moins fatigué que quand on fait de la maintenance dans une entreprise industrielle classique » ; -
« On ressent moins la pression par rapport à la notion de chronomètre, même si une tâche de maintenance est associée à un temps. Cela se fait bien globalement. Il y a en plus la possibilité de gérer les aléas en allouant la gestion des imprévus à des temps spécifiques. Par exemple pour la casse d’un joint de palle et une diffusion de graisse dans la machine, il est possible de demander un temps pour une opération supplémentaire pour pouvoir faire le nettoyage. Ainsi, le temps pour la gestion de l’imprévu est visible, cette dernière peut être traitée sur un temps spécifique, pas la peine de se précipiter pour faire tout rentrer dans le temps initialement imparti ». HYPOTHES DE TRAVAIL De ces derniers propos, plusieurs hypothèses et questions émergent : •
Ces propos peuvent mettre en avant l’intérêt d’une organisation par chantier, qui privilégie la mission, l’œuvre, par rapport à la tâche ; ce qui nécessite aussi de laisser de la souplesse dans l’organisation du travail et du temps ; •
On peut aussi se demander si cette souplesse n’est pas aussi une spécificité sectorielle induite par les caractéristiques de l’activité … Eole fixe les arbitrages : la maintenance est réalisée en fonction de la météo, en DERNIER RESSORT ! •
Toutefois, on peut se demander si cette latitude n’est pas aussi induite par le phénomène d’apprentissage (avec des phases de tâtonnements : essai-­‐erreur-­‐
correction) propre aux processus d’innovation qui fait qu’on ne sait pas encore prendre en compte tous les éléments qui organisent l’activité… Une connaissance plus précise des divers éléments de variabilité pourrait conduire à rationnaliser l’activité et son organisation, dans une recherche de profitabilité… en supposant bien sûr, qu’on n’imagine qu’un chemin de croissance (économique) ! Arrivé à maturité, le secteur en France laissera-­‐t-­‐il encore cette latitude ? M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 20 Document de travail -­‐ 14 février 2013 CONCLUSION PROVISOIRE Nous avons demandé à nos interlocuteurs de nous dire ce qu’étaient une bonne et une mauvaise journée de travail… Voici quelques premières pistes de réflexion, utiles pour la suite. Bonne journée de travail Mauvaise journée de travail « Faire une maintenance de qualité » qui se définit comme suit : 1. Tous les points du protocole sont suivis 2. La base de données est vide 3. Le niveau de propreté est ok 4. La maintenance est réalisée dans les temps. « Pas d’intervention dans une éolienne sans ascenseur » « Une relative autonomie pour organiser sa journée de travail» « Une journée sans préventif » = jugé par certains comme trop répétitif « Tomber sur un imprévu et le résoudre, on sent qu’on a été utile, on a apporté un plus, on en a profité pour rendre nickel ce qu’il y avait autour » « Des conditions météo favorables : du soleil, du vent en quantité suffisante » (pas trop sinon sollicitation des machines, voire impossibilité de dépanner ; ni trop peu, car pour réaliser certaines opérations de maintenance (les palles), la machine doit être dans une certaine configuration. Et s’il n’y a pas assez de vent, il faut attendre  d’où perte de temps) Des difficultés en lien avec les autorisations de démarrage des chantiers : o « Quand on arrive sur site et qu’on n’arrive pas à joindre le client… On commence, le client appelle finalement au bout d’une heure, il faut tout arrêter et ranger » o « Quand on appelle le client, que ce dernier n’est pas derrière son écran, il faut alors se déplacer sur site pour donner l’information, au risque de se déplacer pour rien ». Soucis rencontrés dans la planification : o Parfois des ratés dans la planification et le déclenchement des activités de maintenance : « on envoie des techniciens sur site alors que la maintenance a déjà été réalisée » (soit rapport pas fait, soit pas de mise à jour des logiciels / rapports de maintenance) Ne pas réussir à dépanner : « on a envie du travail bien fait. » Des conditions d’intervention parfois problématiques : o Intervention dans une machine pleine de graisse, fuite huile : oblige à nettoyer (activité non valorisante), se salir et évoluer dans un milieu qui sent mauvais, prendre du temps pour le nettoyage non prévu) Des activités perçues comme monotones par certains o « Ce qu’on n’aime pas, c’est une journée avec que du préventif » Des coopérations avec les divers acteurs de la filière parfois difficiles à gérer. M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 21 Document de travail -­‐ 14 février 2013 5. Les suites à donner à ce travail : sur quoi poursuivre ? et selon quelles modalités ? Approfondir la connaissance du secteur, en poursuivant les investigations sur les points suivants o Mieux appréhender l’organisation de la filière et les liens entre fournisseur / exploitant / client / Société de maintenance, qui semblent être déterminants dans la définition de l’activité de maintenance, de ses besoins en formation, de ses contraintes … o Il s’agit aussi d’approfondir la diversité de l’organisation du travail et de l’activité selon la taille de l’entreprise, son antériorité (expérience), sa position, dans le secteur, mais aussi la taille des parcs éoliens Creuser certaines questions qui restent un peu en suspend dans ce document, par exemple : o la question autour des temps prévus pour la maintenance : fonctionne comment ? défini comment ? Suffisant ou pas ? géré comment par les opérateurs ? quel impact des aléas potentiellement rencontrés / ces temps ? Est-­‐ce toujours possible pour toutes les entreprises de demander un temps supplémentaire ? etc. o les questions de planification : tient on compte du nombre de montée nécessaires pour les opérateurs ? (y a t il un max, un min ?...) o la relation avec les fournisseurs (de quelle nature, quelle fréquence, quel degré de prescription, quels filtres, quels degré d’autonomie par rapport à leurs prescriptions, etc.). o La question de l’activité des managers éventuellement (ce qui est attendu de leur part, les exigences, les dilemmes éventuels qu’ils rencontrent, la façon de gérer, etc.). Investiguer davantage le secteur de l’exploitation o En effet, il y a des similitudes dans l’activité, ses contraintes et ses risques entre la maintenance et l’exploitation. … ceci dans le droit fil de la logique d’investigation dans la filière o Intéressant, on ne l’avait pas perçu avant… Et ca étend le questionnement de la problématique à divers métiers « a priori » de la filière. Peut-­‐être étendre aux activités de montage et de construction d’éolienne Benchmarking à l’étranger / Voyage d’étude M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 22 Document de travail -­‐ 14 février 2013 Ce qui est nouveau en France, ne l’est pas ailleurs : dans les pays nordiques, au Canada et en Espagne. Il serait souhaitable de faire un « Benchmarking » sur des pays étrangers. Les questions à se poser dans la comparaison sont les suivantes : o Comment recrute-­‐t-­‐on et forme-­‐t-­‐on ? (Comment se construit le back ground ?) o A-­‐t-­‐on une logique prévention, ou seulement une logique sécurité ? o Vieillit-­‐on dans le secteur ? -
Cette dernière question est CRUCIALE, car si les personnes rencontrées disent apprécier leur travail, elles disent toutes qu’elles ne pourront « pas finir leur carrière dans l’éolienne, car les conditions de travail physiques sont trop dures » !!! -
Si oui, comment vieillit-­‐on dans le secteur ? existence de postes doux ? Lesquels ?… -
Et si on ne vieillit pas, quel est l’avenir professionnel ? Autres secteur et lesquels ? Chômage… ? dans tous les cas, comment se construit cette mobilité ? Accompagnement à la mobilité externe par l’entreprise d’éolienne ?... o Comment organise-­‐t-­‐on l’activité de travail dans d’autres pays ? - qu’est-­‐ce qui conditionne la taille des parcs ? La règlementation ? les conditions géographiques et de vent ? - Quel est l’impact de la taille des parcs sur l’organisation du travail, les conditions de réalisation du travail, la GRH ? Il semble y avoir des petits parcs en Allemagne, mais la filière en Espagne semble se développer différemment, autour d’une organisation en grands parcs Eoliens… Il faut donc étendre le champ de la comparaison internationale. Veille sur le sujet o Un premier niveau de veille a été réalisé par le CESPT-­‐ARACT. Les sources sont aujourd’hui assez réduites. Une rapide recherche bibliographique laisse entrevoir qu’à ce jour, peu d’études semblent faire état des risques professionnels et plus généralement conditions de travail du secteur. Le développement de l’éolien en France est en effet relativement récent, le retour d’expérience est dont faible, qui plus est sur l’activité de maintenance. Par ailleurs, les estimations chiffrées du nombre d’accidents, de lésions et de maladies dans ce secteur sont approximatives, en raison du manque de données statistiques disponibles et de la diversité des techniques de production utilisées par les différents fabricants d’éoliennes. Au regard de ces constats et des perspectives de développement de la filière, il n’est donc pas surprenant d’observer que certaines institutions de prévention commencent à lancer des programmes de recherches sur les conditions de travail dans ce secteur, et cela dans diverses zones du globe : citons à titre d’exemple l’OSHA pour l’industrie éolienne nord américaine, l’IRRST pour le Québec ou encore pour la France les travaux de L’INRS M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 23 Document de travail -­‐ 14 février 2013 o Mais des similitudes avec certaines situations déjà rencontrées et décrites dans d’autres secteurs sont repérables. Ce métier en construction, bien qu’atypique, se rapproche d’activités plus traditionnellement décrites dans la littérature. Ainsi, le BIT rappelle que les types de dangers et de risques présents dans la fabrication des éoliennes sont comparables à ceux rencontrés dans les industries automobile et aérospatiale, tandis que les dangers et les risques concernant leur installation et leur entretien sont similaires à ceux de la construction. Durant les opérations de maintenance, les opérateurs sont donc confrontés à différentes contraintes retrouvées dans le BTP, avec par exemple des expositions : 
à des produits/substances physico-­‐chimiques (résines époxydes, styrènes, solvants, vapeurs, poussières, aérosols, colles…) 
aux risques physiques tels que les chutes, troubles musculo-­‐
squelettiques liés à la manutention, positions inconfortables lors de travaux effectués dans des espaces confinés, électrocution, lésions provoquées par le fonctionnement de machines tournantes et les chutes d’objets, effort physique pour monter sur les tours… Rappelons sur ce dernier point une étude menée par un service de santé au travail de Carcassonne qui pointait que la dépense cardiaque et métabolique engendrée par l’ascension des opérateurs sur une échelle de 50m et plus (dans des conditions de confort thermique variable et sans disposer d’une liberté de mouvement idéal) était importante, nécessitant une vigilance particulière du point de vue de leur aptitude médicale (test d’efforts, récupération, etc.). o Est-­‐ce que Windindustry peut créer une cellule veille sur le sujet, afin de compléter ses premiers éléments de connaissance ? Ces pistes pour le travail futur sont à partager avec les acteurs de la filière. Et elles ne pourront être poursuivies qu’avec eux. L’enjeu reste l’attractivité du secteur, et donc son développement économique, via la prise en compte des conditions de réalisation du travail. M. Coppi & A. Vasselin – CESTP-­‐ARACT 24