Johnny Hallyday

Transcription

Johnny Hallyday
À Salem en particulier,
à tous les fans
de Johnny en général.
© City Editions 2010
ISBN : 978-2-35288-591-7
Code Hachette : 50 8334 0
Rayon : Biographie / Musique
Catalogues et manuscrits : www.city-editions.com
Conformément au Code de la Propriété Intellectuelle, il
est interdit de reproduire intégralement ou partiellement
le présent ouvrage, et ce, par quelque moyen que ce soit,
sans l’autorisation préalable de l’éditeur.
Dépôt légal : deuxième semestre 2010
Imprimé dans la C.E.E.
Introduction
“
Je ferai toujours des disques, des pubs,
peut-être un peu plus de cinéma, mais je
ne vais pas me mettre à planter des fleurs
ou des légumes. Pas mon truc...
I
”
l n’est pas exagéré de dire que chaque
Français a dans son entourage un fan
de Johnny Hallyday, s’il ne l’est pas luimême. Bien plus que notre équipe de France
de football, Johnny rassemble. Car parfois les
Bleus nous déçoivent, Johnny jamais. Il reste ce
monument indéboulonnable, solide et sûr.
Aucun scandale, aucune rumeur, aucun remariage, aucune maladie n’écaille le mythe.
L’amour du public est la plus puissante des
armures et Johnny la revêt depuis des décennies. Elle le rend immortel de son vivant, ce qui
est quand même un avantage.
La baguette, le fromage, le béret… ce sont
des emblèmes de notre patrimoine français.
Johnny se place parmi eux.
Dans la sphère privée, Johnny devient un
membre de la famille. Feuilleter l’album de sa
vie, comme cet ouvrage de photos le propose,
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c’est d’une certaine manière parcourir près de soixante-dix ans de notre
histoire personnelle, de celle de nos
parents.
Retracer l’existence de Johnny
Hallyday en photos n’a pas été aisé
tant le choix était inépuisable. Le
chanteur est notre people le plus en
vue depuis cinquante ans. Aucun
artiste français n’a fait vendre autant
de journaux, n’a fait couler autant
d’encre. De Salut les copains à Closer,
la presse et le système médiatique ont
évolué en même temps qu’a grandi le
sujet Hallyday. Les magazines en ont
fait une icône, il leur a assuré leurs
ventes.
Loin des affaires de gros sous, le fan
ne retient que rêve, évasion, émoi.
Souvenirs, souvenirs
Il nous reste nos chansons
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D’OÙ VIENS-TU
JOHNNY ?
““
Si j’étais né de parents
riches, si je n’avais jamais
mangé de la vache enragée,
je n’aurais sans doute
jamais réussi.
J
”
ean-Philippe Smet naît le mardi 15 juin
1943 de l’union d’une future gravure de
mode et d’un saltimbanque.
Léon, le père, est né le 3 mai 1908, à Schaerbeek
en Belgique (région de Bruxelles). Ses parents
sont wallons. Il ne connaîtra pas son père,
mort quelques jours après sa naissance dans
un accident de chemin de fer. Sa mère l’élève.
Sa sœur, Hélène Mar, actrice de cinéma muet,
lui apprend le spectacle vivant. Léon chante,
danse, joue les acrobates et la comédie.
Sur scène, Léon se fait appeler Jean-Michel.
Après avoir obtenu un engagement au théâtre
de la Monnaie, il monte son propre cabaret, le
Trou vert et ouvre une classe d’art dramatique.
Serge Reggiani compte parmi les élèves.
Léon est un aventurier. Il entreprend un tour du
monde, mais le bateau s’échoue. Il devient journaliste en plein cœur de la guerre d’Espagne et
est emprisonné dans les geôles franquistes.
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”
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“
Petit, tu soignes ton entrée et ta sortie
de scène. Entre les deux, tu chantes !
Libre, il repart à la conquête des femmes et du
public. Il monte une compagnie qui se produit
à l’Esprit Saint-Germain-des-Prés.
Pendant l’Occupation, alors qu’il fait ses
courses rue Lepic, il rencontre une charmante
crémière du nom d’Huguette Clerc. Bien que
plus âgé qu’elle, il la courtise.
Huguette-Eugénie Clerc est née le 19 mars
1920 à Belleville. Jeanne, sa mère, a eu une
aventure sans lendemain avec un soldat américain en garnison en France. Ne se voyant pas
élever un enfant toute seule, elle confie sa fille
à une nourrice. Devenue adulte, Huguette, qui
n’a pas fait d’études, subvient à ses besoins en
travaillant à la crémerie de la rue Lepic. Elle
attend que sa carrière de modèle décolle.
Elle tombe tout de suite amoureuse de Léon
malgré son âge et son manque d’argent. Elle
aurait plutôt dû craindre son inconstance. Sa
dépendance à l’alcool aussi.
Sous le signe des Gémeaux
Jean-Philippe, Léo Smet naît le mardi 15 juin
1943, à 13 heures, sous le signe des Gémeaux
ascendant Vierge, au 3, cité Malesherbes,
Clinique Marie-Louise. La maternité est
complètement prise d’assaut ce jour-là. Le
personnel n’a pas d’autre choix que de faire
accoucher Huguette sur un lit de camp.
Lorsqu’Huguette rentre de l’hôpital avec leur
fils dans les bras, elle constate avec horreur que
tous les meubles de l’appartement ont disparu.
Léon a profité de l’absence d’Huguette pour
les vendre contre de la boisson. Hélène Mar
oblige son frère à épouser Huguette et reconnaître Jean-Philippe. Pas plus tôt ces formalités
administratives terminées, Léon met les voiles.
Restée seule, Huguette peine à s’occuper du
petit. D’autant que ses ambitions de manne-
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”
quin commencent à se réaliser. Sa beauté est
réclamée par des maisons comme Lanvin, Dior
ou Rochas. Pour le bien de son bébé, elle le
confie toujours plus à Hélène. La tante paternelle accueille l’enfant comme si elle en était la
mère. Elle devient rapidement telle et élève le
garçon, comme ses filles, Desta et Menen.
En 1946, Hélène décide de conduire ses
danseuses de filles à Londres car elle leur a
obtenu une place à l’International Ballet. Elle
insiste auprès de son ex-belle-sœur pour que
Jean-Philippe les accompagne.
Le temps de la danse classique ne dure pas, les
jeunes femmes se tournent vers le music-hall.
Avec leur voisin de palier, un Américain du
nom de Lee Ketcham, ils montent un numéro en
trio : « Desta, Menen et Lee ». Avec Lee, JeanPhilippe a enfin trouvé un modèle de figure
masculine. Lee participe à l’éducation – notamment artistique – de Jean-Philippe. Il le pousse
à prendre des cours de violon, danse, guitare,
comédie… d’accord qu’il est avec Hélène Mar
qu’ils tiennent là un artiste prometteur, mais
qui doit travailler dur, car rien n’arrive par
miracle. La persévérance et le courage, c’est
aussi Lee qui les lui inculque. Jean-Philippe est
monté, à Londres, pour la première fois sur une
scène. Il n’y a pas chanté, mais joué la comédie. Enfin compté parmi les figurants dans
Caligula, la pièce d’Albert Camus (déjà un
Camus, bien avant Jean-Claude). Il interprète
un petit esclave noir qui présente à l’empereur
romain des bijoux sur un plateau en or. Il n’obtient pas de cachet pour cette prestation, mais
attrape le virus du spectacle.
À l’été 1949, la troupe s’en retourne à Paris.
Menen quitte bientôt le trio, mais le show continue en duo pour les époux Ketcham (Desta a
succombé). Ils choisissent un nom de scène : les
Hallidays. « Holidays » (vacances en anglais)
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pour le côté récréatif de leur activité, mêlé à
« Halladay », le merveilleux médecin qui a mis
Lee au monde. Jean-Philippe prend des cours
de guitare classique, il appartient six mois à
la chorale des Petits Chanteurs à la Croix de
Bois, fait de la danse à l’école russe Egorova et
prend des cours de comédie au Grand-Guignol
de Marie Marquet. Il y est remarqué pour un
rôle de figuration dans le film Les Diaboliques
d’Henri-Georges Clouzot. Le réalisateur
a besoin de jeunes garçons pour remplir le
pensionnat de son prochain long-métrage, Les
Veuves, avec Simone Signoret, Paul Meurisse,
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Véra Clouzot… Pour trente-cinq enfants,
le réalisateur en rencontre trois cents. JeanPhilippe est parmi la sélection finale. En cet été
1954, il file donc sur son premier tournage de
cinéma, à l’Étang-la-Ville.
Le film, finalement titré Les Diaboliques, sort
en janvier 1955. Il devait, paraît-il, avoir une
réplique. Coupée au montage.
L’étape est importante et conforte Hélène dans
l’idée d’avenir qu’elle se fait pour son protégé.
Pensant que les conseils d’une figure emblématique du métier aideront, elle obtient un rendezvous auprès de Maurice Chevalier. Il les reçoit
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Elvis Presley, j’ai jamais vu
un chanteur qui bouge comme ça.
dans sa maison de Marnes-la-Coquette. JeanPhilippe chante deux, trois airs devant lui.
Chevalier se montre assez encourageant. Il lui
trouve une belle voix. Son verdict est qu’il doit
se démener, puis il lui transmet ce secret, désormais célèbre : « Petit, tu soignes ton entrée et ta
sortie de scène. Entre les deux, tu chantes ! »
Lors de la tournée suivante dans les pays
nordiques, Jean-Philippe se voit confier une
nouvelle tâche : entre deux numéros de ses
cousin-cousine, il assure des intermèdes. Il joue
à la guitare « Jeux interdits ».
Déjà l’Olympia
À Paris, les Hallidays sont attendus à l’Olympia, ouvrant la marche à Francis Blanche et
Charles Trenet. Jean-Philippe est là, tapi dans
les coulisses.
L’impératif des engagements de 1956 conduit
la famille en Suisse. Le jeune guitariste fait
toujours partie du spectacle. Sur ses « loisirs »,
il se doit de perfectionner sa pratique de l’instrument à cordes en intégrant le conservatoire
de musique de Genève. Ça se passe très mal
avec son professeur qui finit par le renvoyer à
un de ses collègues. Le temps de repartir dans
la direction du nord.
Un petit remaniement dans le spectacle est
fait à Copenhague, à l’Atlantic Palace : JeanPhilippe ouvre la représentation avec ses chansons. Déguisé en cow-boy, il interprète « Le
Petit Cheval blanc » de Brassens, « L’Abeille et
le papillon » d’Henri Salvador, « Les Cavaliers
du ciel », « La Ballade de Davy Crockett ». De
passage en Allemagne, il fait une des connais-
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”
sances importantes de sa vie artistique, celle de
James Dean, sur le grand écran d’un cinéma
de Hambourg. La projection de La Fureur de
vivre est un choc. Il a trouvé son idole, un dieu
en qui croire. Il voit ses films suivants. Il revoit
les trois et les revoit depuis lors. Il trouve tellement extra sa manière de sortir ses cigarettes
de leur paquet souple, qu’il se met à fumer
pour l’imiter.
Elvis, le modèle
En assistant à la projection de Loving You,
avec Elvis Presley, en 1957, il découvre un
second modèle. Il raconte cette rencontre : « À
l’époque, dans les cinémas, il y avait toujours
des photos à l’entrée. Des photos du film. Et
donc, je vois les photos d’acteurs habillés en
cow-boys, et je me dis "tiens, c’est un western !
J’y vais." J’étais fan de westerns à cette époquelà. Donc, je rentre et je vois un gars brun en
train de chanter dans un style de musique que
j’avais jamais entendu. C’était Elvis Presley.
J’étais un petit peu dérouté quand j’ai vu
le film. Mais je suis pas resté insensible. Et
en sortant du cinéma, je me suis dit : "C’est
quand même bien. J’ai jamais vu un chanteur
qui bouge comme ça." J’y suis retourné, et je
suis devenu un fan. Et c’est comme ça que mon
destin s’est un petit peu dirigé dans cette direction. »
Néanmoins, pour l’heure, les quelques petits
galas qu’il réalise restent fidèles au répertoire
classique de la chanson française : il entonne
toujours Brassens, Aznavour et Bécaud. Ce
temps est bientôt révolu.
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