Automatisation des pharmacies: Ces hôpitaux
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Automatisation des pharmacies: Ces hôpitaux
Dossier Hôpital Automatisation des pharmacies Ces hôpitaux qui se robotisent Les hôpitaux d’Annecy, de Valenciennes, de Toulouse et la prison de Meaux, testent l’utilisation d’un automate pour gérer la prescription et la dispensation nominative des médicaments. À Lyon, l’expérimentation débutée en juillet dernier donne entière satisfaction. L DR LE ROBOT CHOISIT D’ABORD LES MÉDICAMENTS AUX DATES LES PLUS PROCHES, CE QUI PERMET AINSI D’ÉVITER LE STOCKAGE DES MÉDICAMENTS PÉRIMÉS. es Hospices civils de Lyon se sont donnés les moyens de répondre aux engagements de leur Contrat de bon usage des médicaments (CBUM). Le Groupement hospitalier Est (GHE), qui réunit l’hôpital neurologique et neurochirurgicale Pierre-Wertheimer, l’hôpital cardiovasculaire et pneumologique Louis-Pradel et l’hôpital Mère-enfant sur la commune de Bron, a été choisi comme site pilote pour accueillir le robot Pillpick de la société Swisslog. Si l’expérimentation porte ses fruits, c’est l’ensemble des hôpitaux des Hospices civils de Lyon (HCL) qui devrait s’équiper. Installé au cours de l’été 2008, cet investissement de 1,3 million d’euros doit permettre d’automatiser le conditionnement médicaments en doses individuelles. Couplé aux prescriptions informatisées, il permet de réduire le nombre d’interventions humaines pour des actions dont la répétition est génératrice d’erreurs. « Nous sommes encore en phase de montée en charge, précise le Pr. 46 PHARMACEUTIQUES - AVRIL 2009 Gilles Aulagner, chef du service pharmaceutique. Les suites logicielles de Cristal Net, Opium pour la prescription, Opidin pour la dispensation et D-Plan pour l’administration, doivent être progressivement adaptées. » En mars, 180 lits bénéficiaient déjà du système, chiffre qui augmente selon un rythme de 60 à 80 lits par mois. Actuellement, 80 % des lits sont informatisés. D’ici la fin de l’année 2010, l’objectif de 1 000 lits devrait être atteint. « Au niveau du GHE, cela représente actuellement 17 000 prescriptions par mois et nous en validons 6 000, la différence étant due aux possibles prescriptions successives des chefs de services, de l’assistant puis de l’interne pour le même patient. » Une automatisation des tâches Les ordonnances électroniques aboutissent à un PC de réception et sont visées par un pharmacien pour leur validation. Environ 20 % d’entre elles nécessitent des demandes d’informations complémentaires ou des remarques. Sur cette fraction, 56 % des recommandations des pharmaciens sont prises en compte, tandis que 17 % ne sont pas suivies. Faute de retour d’information des services, il est difficile de savoir dans quelle catégorie se répartissent les 27 % restant, à ce stade de la montée en charge. Une fois validées, le circuit des ordonnances se poursuit. L’automate a été préalablement approvisionné avec des médicaments placés dans des boîtiers hermétiquement clos. Ils sont ouverts à l’intérieur du robot qui découpe ensuite les doses des blisters et les répartit dans des sachets individuels. Le robot gèrent toutes les formes galéniques : comprimé, gélule, sachet, ampoule, seringue, flacon injectable, patch, etc. Sur ceux-ci figurent sous forme de code-barres et d’étiquette le nom du produit, le dosage, le numéro de lot et la date de péremption. Une fois « appelés », les médicaments sont choisis toutes les 24 heures selon l’ordre de prise prévu par la prescription et regroupés ensemble pour chaque patient. Au bout de la chaîne, l’ensemble des sachets individuels sortent attachés ensemble par un anneau et un pharmacien effectue un dernier contrôle à l’aide de la prescription qui a été imprimée. Pour chaque service clinique, deux livraisons par jour sont assurées, afin de prendre en compte les modifications de traitement et les patients nouvellement admis. Dans le service, l’infirmière dispense les médicaments aux patients en suivant le plan d’administration des médicaments en lisant le code-barres de chaque sachet. « De cette façon, nous savons précisément qui a reçu quoi et à quel moment », résume le Pr. Gilles Aulagner. La dispensation journalière à délivrance robotisée (DJDR) des médicaments permet de supprimer les bons de commande et le temps de manutention pour le rangement dans les armoires de soins et la préparation des piluliers « représente en moyenne deux heures de temps infirmier par jour et par service. Ce temps dégagé permet une meilleure prise en charge du patient et contribue à améliorer l’image de l’hôpital. » ■ Mathieu Ozanam Annecy Cap sur la dispensation nominative Depuis juillet 2008, le nouvel hôpital d’Annecy fonctionne avec une pharmacie entièrement automatisée qui permet une dispensation unitaire et nominative pour 80 % des médicaments. L e système est, à l’hôpital d’Annecy, encore en validation et déployé sur 200 lits (sur les 800 à terme). La prescription informatisée est réalisée par le médecin sur des postes multimédias au lit du patient. A la pharmacie centrale, le pharmacien effectue une validation « technique » de cette prescription qui est préparée automatiquement par un robot. Antérieurement, elle était préparée manuellement par les infirmières dans les services. En amont de la dispensation, l’automate réalise le sur-conditionnement unitaire des médicaments. Toulouse remplace son automate Un appel d’offres a été lancé par le CHU de Toulouse pour remplacer son automate Homerus, avec l’objectif d’assurer une dispensation nominative de doses unitaires pour 1000 lits. Il s’agit de faire du surconditionnement et non du déconditionnement qui romprait la chaîne de fabrication et pose de problèmes de péremption ou d’atmosphère contrôlée. La machine doit conserver le conditionnement primaire et reconditionner en doses unitaires. Ces doses sont ensuite disposées dans des casiers nominatifs utilisés par le personnel infirmier. En complément, l’infirmière peut accéder à des armoires dites d’urgence qui seront elles aussi alimentées en doses unitaires. Dans les deux cas, la dose est entièrement traçable grâce à un code-barres. Il découpe ainsi les blisters et dépose les éléments unitaires dans un sachet soudé sur lequel sont imprimés le nom du médicament, la DCI, le dosage, la forme, l’appartenance à la liste, le numéro de lot, la date de péremption. De plus, chaque sachet a son code-barres unique qui intègre le numéro de lot et la date de péremption. Ces sachets à l’unité sont ensuite stockés dans des armoires dédiées. A réception, le pharmacien vérifie la prescription et envoie informatiquement l’ordre de préparation à l’automate. Le logiciel analyse les prescriptions et, en cas d’incompatibilité, envoie des alertes aux pharmaciens. Le robot déstocke les sachets unitaires et les assemble selon la prescription médicale. « Pour un patient, nous préparons quatre anneaux par jour (matin, midi, soir, nuit), explique Ghislaine Dervieux, pharmacien responsable. Chaque ligne d’ordonnance donne lieu à un sachet et les différents sachets correspondant à un patient sont assemblés avec un anneau scellé. » Un investissement négligeable Le coût de ce système italien (Sinteco) est de l’ordre de 1,5 million d’euros. Un coût négligeable compte tenu du risque lié aux iatrogénies d’origine médicamenteuse. « Le grand gagnant est le patient, avertit Ghislaine Dervieux. Et aussi, les soignants, dont les infirmières pour qui on libère du temps infirmier dans les services de soins, ré- gulièrement en pénurie de personnel. » Un gain estimé entre deux et trois heures par jour et par service, soit pour 36 services de 760 à 900 heures par jour, qui vont pouvoir être réaffectées à des patients. Les infirmières n’ont plus à commander les médicaments, ni à les ranger et ni à préparer les piluliers à partir d’armoires à pharmacie, souvent source d’erreurs. Elles disposent d’une prescription lisible, complète, et accessible très rapidement. L’administration des médicaments est également plus sécurisée, car l’infirmière est en mesure de vérifier directement à l’écran multimédia la prescription ou toute modification ordonnée par le médecin. En outre, de nombreux protocoles d’aide à la prescription en fonction des situations cliniques ont été créés (400 à ce jour) pour faciliter et sécuriser la prescription médicale en simplifiant la saisie et en permettant le « juste prescrire ». L’automate d’Annecy gère aussi les retours de sachets unitaires non utilisées dans les services. Après vérification, ils sont tout simplement mis en vrac et l’automate les réintègre en lisant le code-barres et en tenant compte de la date de péremption. Ce recyclage devrait permettre des économies substantielles. Et la sécurisation du circuit du médicament s’en trouve grandement améliorée. ■ Brigitte Postel 47 AVRIL 2009 - PHARMACEUTIQUES