Du 3 mai 2016 - Ambassade de France en Espagne

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Du 3 mai 2016 - Ambassade de France en Espagne
Nouvelles d’Espagne
N°16 – du 26 avril au 3 mai 2016
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L’activité économique se maintient au premier trimestre 2016 (+0,8 % t/t).
Résultats trimestriels en baisse pour le secteur bancaire : les banques soulignent l’impact de la dégradation
des marchés extérieurs (principalement via le canal du taux de change) ainsi que celui de la politique de bas
taux de la BCE.
De nouvelles élections générales auront lieu le 26 juin prochain.
Indicateurs macro
Marchés financiers
Croissance PIB (t/t)
Croissance PIB (g.a)
+0,8 %
+3,4 %
T1 2016
Indice de Production Industrielle (g.a)
+2,2%
02/16
Dette (% du PIB)
99,0%
T4 2015
Déficit public annuel (% du PIB)
-5,2%
2015
Exportations (g.a)
+2,4%
02/16
Importations (g.a)
+1,0%
02/16
Inflation sous-jacente (g.a)
+1,1%
03/16
Cette semaine
Semaine précédente
IBEX 35
8741
9228
Rendement bon à 10 ans (%)
1,586
1,602
Prime de risque (pp)
1,365
1,370
Emploi
Taux de chômage
Création d’emplois
trimestrielle (en milliers)
20,4%
T1 2016
174 200
T1 2016
Actualité Economique
MACROECONOMIE
L’activité économique se maintient au premier trimestre 2016 (+0,8 % t/t et +3,4 % g.a). Selon les données avancées de
l’INE, le rythme de croissance trimestrielle du PIB se maintient au premier trimestre 2016 (+0,8% t/t tout comme aux troisième
et quatrième trimestres 2015) alors que le gouvernement espagnol et la Banque d’Espagne prévoyaient un léger ralentissement
de l’activité (prévisions de+0,7 % t/t). La croissance interannuelle atteint ainsi 3,4 % sur ce trimestre. Néanmoins, au vu des
indicateurs de conjoncture, la Banque d’Espagne prévoit un ralentissement de la croissance pour les trimestres à venir (+0,6 %
t/t pour le second trimestre et +0,5 % t/t pour le troisième trimestre).
FINANCES PUBLIQUES
L’AIReF exprime ses doutes sur les prévisions macroéconomiques et budgétaires de moyen terme du gouvernement.
L’autorité indépendante de contrôle budgétaire (AIReF) a rendu un avis sur le programme de stabilité 2016-2019 que le
gouvernement doit remettre à la Commission européenne. A court terme, et malgré la révision à la hausse de l’objectif de déficit
des administrations publiques en 2016 (- 3,6 % au lieu de - 2,8 %), la cible ne serait atteinte qu’au prix d’un effort supplémentaire
de 4 Md€ au-delà des propositions actuelles du gouvernement. A moyen terme, l’exercice de prévisions du gouvernement ne
convainc pas l’autorité qui reste dubitative sur une sortie en 2017 de la Procédure pour déficit excessif. L’AIReF invite le
gouvernement en fonction à crédibiliser ses annonces de non-disponibilité des crédits et adapter la cible budgétaire pour chaque
communauté autonome1. L’AIReF plaide pour la rédaction d’un nouveau programme « crédible » par le futur gouvernement qui
sera formé à la suite de la tenue de nouvelles élections générales fin juin.
Le Conseil de politique budgétaire (CPFF) approuve la nouvelle cible de déficit des communautés autonomes.
L’organisme bilatéral qui rassemble le Ministre des finances et les Conseillers financiers des communautés autonomes a entériné
le jeudi 28 avril la révision à la hausse de l’objectif de déficit régional pour 2016, qui passe de 0,3 % du PIB à 0,7 % (soit une
L’Etat central a déjà annoncé un accord de non-disponibilité pour un montant de 2 Md€ qui reste pour l’instant opaque quant à la ventilation exacte du gel et
des postes de dépenses concernés. Par ailleurs, l’AIReF suggère au gouvernement d’adopter des objectifs de déficit différenciés pour chacune des communautés
autonomes.
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marge de manœuvre supplémentaire de 4,3 Md€). Cette révision doit toutefois faire l’objet de négociations avec Bruxelles qui
n’a pas encore donné son feu vert. Les régions de Valence et Castille-La Manche, dont l’opposition aux efforts budgétaires requis
par l’Etat central suite à la notification du déficit 2015 avait été la plus virulente, se sont finalement rangées aux côtés des autres
communautés. Ont également été approuvés les objectifs de déficit régional pour les trois années à venir, à savoir -0,5 % pour
2017, -0,3 % pour 2018 et un retour à l’équilibre prévu pour 2019.
La fédération espagnole des municipalités et provinces (FEMP) plaide en faveur d’une plus grande flexibilité dans
l’exécution budgétaire des entités locales. La règlementation budgétaire interdit d’utiliser les excédents budgétaires constatés
en exécution. La fédération des municipalités déplore l’absence d’assouplissement des règles par l’Etat Central en faveur d’un
ensemble de collectivités qui dégage un excédent budgétaire depuis 4 ans (pour un montant total de 19,7 Md€) et respecte ses
objectifs d’endettement public. Lors de la réunion de la Commission nationale de l’administration locale, le Ministre des finances
C. Montoro s’est défaussé en indiquant qu’un gouvernement en charge des affaires courantes ne disposait pas des prérogatives
pour assouplir les dispositifs légaux et ne pouvait donc pas donner suite aux demandes de la FEMP.
Risque de non-soutenabilité du budget de la Sécurité sociale. Selon les chiffres du Ministère de l’emploi et de la Sécurité
sociale rapportés par la presse, la pension moyenne (toutes prestations confondues2) en Espagne a dépassé les 900 €/mois pour
la première fois au mois de mars. Malgré les réformes entreprises en 2011 et 2013, notamment pour limiter l’augmentation des
dépenses de retraites, le montant de la pension moyenne versée continue de croître à un rythme soutenu. Cette hausse continue
s’explique par un effet de substitution (les nouveaux bénéficiaires de pension ont davantage cotisé que les anciens et perçoivent
donc une pension supérieure), l’effet de revalorisation n’ayant joué qu’à la marge depuis 2014.
IMMOBILIER
La croissance du nombre de crédits immobiliers octroyés au mois de février illustre la reprise du marché de l’immobilier.
Selon les données de l’INE, près de 25 000 crédits immobiliers ont été octroyés en février 2016, soit une hausse de 16 % par
rapport à février 2015. Néanmoins, le montant moyen de ces crédits immobiliers reste relativement stable (-1,3 % g.a) aux
alentours de 110 000€. Le taux d’intérêt moyen pour les crédits immobiliers s’établit à 3,31 % (contre 3,35 % en février 2015)
et la maturité moyenne est de 22 ans. Pour rappel, la grande majorité des prêts sont accordés à taux variable (89 % des prêts en
février 2016) et le taux de référence utilisé dans plus de 90 % des cas est l’Euribor.
Actualité Financière
SECTEUR BANCAIRE
Nouvelle épisode dans la saga clausulas suelo, la justice européenne s’en mêle. La Cour de Justice de l’Union Européenne
(CJUE) devrait prochainement décider si elle va plus loin que le jugement du Tribunal Suprême (TS) espagnol s’agissant des
« clauses planchers » protégeant les banques conter le risque de remboursement en cas de baisse des taux d’intérêts sur lesquels
sont indexés les crédits hypothécaires. Le tribunal suprême a condamné une première fois en mai 2013 ces dispositions. Plus
récemment, le Tribunal commercial de Madrid a exigé que les 41 banques incriminées remboursent les sommes indûment perçues
(et les intérêts correspondants) depuis la décision du TS du 9 mai 2013. Cette fois-ci, la CJUE devrait statuer sur la possible
rétroactivité de cette décision qui entraînerait le remboursement des indemnités perçues avant mai 2013. Selon un rapport de la
Banque d’Espagne, cela coûterait entre 5 Md€ et 7,6 Md€ au secteur bancaire espagnol. L’avocat général de la CJUE devrait
rendre un avis préliminaire en juillet prochain.
RESULTATS TRIMESTRIELS
Bénéfices en légère baisse pour Banco Santander, principalement affectée par ses opérations sur les marchés extérieurs.
Au premier trimestre 2016, Santander enregistre une baisse de 4,9 % de ses bénéfices. Les principaux facteurs explicatifs de
cette baisse sont d’une part la forte dépréciation du real brésilien dans un pays en forte récession (- 3,8 % du PIB en 2015) ;
d’autre part la dépréciation de la livre sterling affaiblie par le risque de Brexit. Sans l’effet devise, les bénéfices du groupe
auraient augmenté de 8 %. Sur le marché espagnol, Banco Santander enregistre également une baisse de ses bénéfices (-10 %) en
raison d’une marge d’intérêt particulièrement faible dans l’environnement européen de taux bas ; cela a été en partie compensé
par une hausse de 8 % des commissions avec la captation de nouveaux clients grâce à l’offre Cuenta 1,2,3. En parallèle, sur cette
même période, Santander a renforcé son capital (CET1 fully loaded de 10,3 % contre 10,1 % au T4 2016) illustrant la bonne
gestion de ses actifs risqués. Cela a été récompensé le jour même par les marchés financiers avec une action à la hausse (+1,57 %).
Forte baisse de la rentabilité et du profit dégagée par BBVA. A l’inverse de Banco Santander, les marchés financiers ont
réagi négativement à l’annonce des résultats trimestriels de BBVA, son action ayant chuté de 6,28 % le jour même.
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Retraite, invalidité, veuvage, pensions pour les orphelins et prestations familiales.
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L’amélioration du ratio CET 1 fully loaded (10,5 % contre 10,3 % au T4 2015) n’a pas suffi à contrebalancer les mauvaises
performances globales de la banque. En effet, ses ratios de rentabilité se sont fortement dégradés au premier trimestre 20163
tandis que ses bénéfices étaient divisés par deux. Lors de la conférence de presse, la banque a justifié ses mauvaises performances
par : (i) l’absence de résultats extraordinaires (qui atteignaient 600 M€ sur la même période l’année dernière) ; (ii) l’effet devise
avec la dépréciation du peso mexicain ; (iii) les revenus plus modestes des opérations financières ; (iv) et la pression à la baisse
des marges d’intérêt résultant de la politique de la BCE.
CaixaBank développe son activité non bancaire pour faire face à l’érosion des taux de marge. La semaine dernière,
CaixaBank a annoncé une baisse de 26,9 % g.a de ses bénéfices par rapport au premier trimestre 2015, rappelant toutefois que
les performances particulièrement bonnes du premier trimestre 2015 résultaient de la plus-value faite lors de l’absorption de
Barclays (plus-value de 602 M€). Par ailleurs, face à la politique à taux zéro de la BCE et à l’érosion des marges d’intérêt en
découlant, Caixa Bank a réussi à limiter la dégradation de ses bénéfices en centrant une partie de son activité sur l’assurance, le
crédit à la consommation, les moyens de paiement et la gestion d’actifs. Ses activités non bancaires représentent 52 % des
bénéfices trimestriels de CaixaBank. Néanmoins, l’action a perdu 3 % de sa valeur le jour de l’annonce des résultats, la baisse
des bénéfices étant supérieure aux prévisions du marché.
Tableau : Principaux indicateurs des résultats des banques pour le premier trimestre 2016 (source : résultats des banques)
Bénéfices (M€)
Var 15/14
Marge intérêt
(M€)
Var 15/14
Ratio CET 1
fully loaded
Taux créances
douteuses
ROE
Bankinter
105
+ 10,1 %
220
+ 3,9 %
11,6 %
3,9 %
10,7 %
BBVA
709
- 53,8 %
4 152
+ 13,3 %
10,5 %
5,3 %
5,6 %
CaixaBank
275
-26,9 %
1 020
+10,4 %
11,6 %
7,6 %
3,0 %
Sabadell
252
+44,3 %
974
+ 51,4 %
11,8 %
7,5 %
6,7 %
1 633
-4,9 %
7 624
+3,3 %
10,3 %
4,3 %
7,5 %
Santander
N.B : en gras, les résultats publiés entre le 26 avril et le 3 mai.
En bref
L’indice des prix industriels orienté à la baisse au mois de mars. Selon les dernières données de l’INE, l’indice général des
prix industriels enregistre une baisse de 5,4 % g.a au mois de mars (après - 5,7 % en février et - 4,2 % en janvier). Sans surprise,
ce sont les prix de l’énergie qui expliquent cette tendance. Hors énergie, l’évolution de l’indice des prix industriels reste
néanmoins en territoire négatif et affiche une légère détérioration (- 0,9 % g.a après - 0,6 % en février et - 0,4 % en janvier).
A l’inverse, l’indice des prix du commerce de détail est orienté à la hausse (+4,3 % g.a). Cette hausse se concentre davantage
sur les biens d’équipement pour le foyer (+5,1 %) que sur les biens alimentaires (+1,4 %).
Le chiffre d’affaires des entreprises espagnoles orienté à la hausse. Selon les dernières données de l’INE, l’indice du chiffre
d’affaires corrigé des effets saisonniers et de calendrier enregistre une hausse de 1,1 % g.a en février (après +2,1 % en janvier et
+3,5 % en décembre). Ce sont les entreprises du secteur des services financiers qui tirent à la hausse la croissance du chiffre
d’affaires, alors que celles du secteur industriel et du commerce y contribuent négativement (cf. Nouvelles d’Espagne n°15).
De nouvelles élections générales auront lieu le 26 juin prochain. Le Roi Felipe VI, prenant acte du blocage politique qui n’a
pas permis aux Cortes issues des élections du 21 décembre 2015 d’investir un gouvernement, a signé le décret de dissolution du
parlement. De nouvelles élections auront lieu le 26 juin prochain.
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Le return on equity ainsi que le return on tangible equity enregistrent une perte de plus de 3 points. Le RoE atteint 5,6 % au premier trimestre 2016 (contre
8,8 % au premier trimestre 2015) alors que le RoTE s’établit à 7 % contre 10,8 % au T1 2015.
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Auteur :
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Rédigé par : SER Madrid
Revu par : J-F. Collin
Version du 3 mai 2016
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