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cnes cnesmag L E M A G A Z I N E D ’ I N FO R M AT I O N D U C E N T R E N AT I O N A L D ’ É T U D E S S PAT I A L E S 39 N° 11/2008 Happy end pour l’ATV Jules-Vernes Jules Verne ATV: mission accomplished GMES DES SATELLITES AU SERVICE DE LA TERRE Satellites working for Earth JULIETTE Son espace musical The sounds of space ERATJ 04 / 17 sommaire contents N°39 - 11/2008 actualité news 04 04 - Strasbourg, édition spatiale Boris Pahor Space in Strasbourg 10 - Brevet, des barrières contre les arcs électriques Patent - Arc-proof architectures for space 17 - Solo met les astronautes au menu sans sel 11 SOLO puts astronauts on salt-free diet 18 / 29 écopolitique business & politics 18 - Interview de Pierre Sellal, ambassadeur de France auprès de l’UE et président du Coreper Interview with Pierre Sellal, France’s EU ambassador and Coreper chair 18 26 - Université, un plan spatial pour la région Midi-Pyrénées ERATJ Space at university and a regional space plan for Midi-Pyrénées dossier special report u Dossier réalisé par/ Special Report by BRIGITTE THOMAS Lille A key step forward for GMES services 30 / 45 Seven years after the first GMES forum in Lille, the programme’s backers met in the same city on 16-17 September to launch the first service phase. While the programme has key assets, including 10 operational satellites, much work still remains to agree on governance structures, funding beyond 2013, a legal framework, pooling of resources and much more besides, even though stakeholders’ visions are converging. This is where a European space policy really proves its worth, as the forum’s 850 attendees and exhibition confirmed, highlighting six key themes geared toward the same objective: planet Earth. dossier special report GMES : Un grand service public européen GMES: A broad-based European public service 46 / 53 The 2008 GMES Forum s definitely marked a major milestone in the Global Monitoring for Environment and Security programme (GMES), with the EC Vice President and Commissioner for Enterprise & Industry Günter Verheugen putting Earth firmly on the agenda. GMES services are now gathering pace and set to reach full operational capacity in 2014. GMES société society Un grand service public ic européen 46 - Sinnamary, ciment des relations franco-russes Ten years in the making GMES: A broadd- based European public service 30 Sinnamary seals French-Russian relations © AFP PHOTO/F. LO PRESTI 50 - Les technologies spatiales partenaires des ONG Space technologies bring vital support for NGOs 54 / 57 Hautmont, près de Maubeuge, a été frappée le 3 août dernier par une tornade d’une violence extrême: 1100 habitations endommagées, 500 blessés, 3 morts. « Il faut que « GMES » puisse permettre la prévision de tels phénomènes et mettre en œuvre un plan climat pour nous aider dans nos prises de décision », précise en ouverture du forum Catherine de Paris, conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais. Hautmont, near Maubeuge in northern France, was hit on 3 August by a devastating tornado that ripped through 1,100 homes, leaving 500 injured and 3 dead. “GMES must enable us to forecast such phenomena and implement a climate plan to support decision-making,” said Nord-Pas-de-Calais regional councillor Catherine de Paris in her opening speech at the GMES forum in Lille. The objective of the GMES initiative, as originally formulated in 1998 in the Baveno Manifesto, is to develop broadly available services for Europe capable of delivering information on the environment and to enhance the security of people and property. These services are based on Earthobservation data acquired from space or in situ. GMES is therefore not a space programme as such but rather will benefit from space-based remotesensing technologies, much as weather forecasting already does. In the last ten years, the European Union and participating states from the European Space Agency (ESA) have deployed a major R&D effort to better define the scope of services, identify implementation priorities and develop the requisite space infrastructures through ESA. The priority sustainable development themes set out in 2006 by the cnes mag u NOVEMBRE 2008 EUROPE EUROPE NOVEMBRE 2008 u 54 - 5e Conseil Espace, adoption de la résolution à l’unanimité 5th Space Council - Resolution adopted on all sides 58 / 65 INTERNATIONAL world 58 - États-Unis, le spatial s’invite dans la campagne présidentielle 46 United States - Space on the campaign trail 63 - Asie-Pacifique, consensus autour de Sentinel Asia Asia-Pacific - Consensus on Sentinel Asia 2 66 / 71 culture arts & living 66 - Enseignement, un lycée pilote sur l’espace Education - A space school for Toulouse 70 - Argonautica, jeunes et skippers une histoire de courants Argonautica - Skippers and students contend with currents 58 CNESMAG journal trimestriel de communication externe du Centre national d’études spatiales. 2 place Maurice-Quentin. 75039 Paris Cedex 01. Adresse postale pour abonnement: 18 avenue Édouard-Belin. 31404 Toulouse Cedex 9. Tél.: + 33 (0) 5 61273469. Internet: http://www.cnes.fr/Cette revue est réalisée par le Service de la communication institutionnelle. Elle est membre de l’Union des journaux et journalistes d’entreprises de France (UJJEF) Abonnement: [email protected]. CNESMAG quarterly review of the Centre National d’Etudes Spatiales – 2 place Maurice-Quentin 75039 Paris cedex 01 – France – Postal address for subscriptions: 18 avenue Edouard Belin 31401 Toulouse cedex 4 – France. Phone: +33 (0) 561273469. Website: http://www.cnes.fr. This review is produced by the CNES Corporate Communications Office, a member of the French union of corporate publications and journalists (UJJEF). Subscriptions: [email protected]. Directeur de la publication/Publication director: Yannick d’Escatha. Responsables éditoriaux/Editorial directors: Pierre Tréfouret, Joëlle Brami. Rédactrice en chef/Editor-in-chief: Brigitte Thomas. Rubrique Actualité/News: Liliane Feuillerac. Rubrique Écopolitique/Business & Politics: Aline Chabreuil. Rubrique Société/Society: Joëlle Brami. Dossier/Special Report: Brigitte Thomas. Rubrique Europe/Europe: Geneviève Gargir. Rubrique International/World: Philippe Collot. Rubrique Culture/Arts & Living: Marie-Jo Vaissière. Avec l’aide de/Contributors: J. Gérard Azoulay, Lional Baize, Karol Barthélémy, Cathy Baumerder, Carine Benard, Anne-Marie Bernard, Aline Chabreuil, Philippe Collot, Christine Correcher, Chantal Delabarre, Carole Deniel, Daniele DeStaerke, Dominique Fourny-Delloye, Geneviève Gargir, Anita Gonzalez, Vincent Guidard, Isabelle Guidolin, Steven Hosford, André Husson, Marie-Pierre Joseph-Alberton, Séverine Klein, Anne-Marie Laborde, Jérome Legenne, Alain Maillet, Éliane Gauthier Mignot, Éliane Moreaux, Stéphane Ourevitch, Denis Payan, Chantal Raynaud, Didier Renaut, Nathalie Ribeiro, Francis Rocard, Michel Savignac, Anne Serfass-Denis, Éric Thouvenot, Pascale Ultre-Guerard, Gwenaëlle Verpeaux, Fanny Zmaric Traduction/English text: Boyd Vincent. Conseil iconographique/Artwork and picture consultant: Serge Delmas. Photothèque/Photos: Marie-Claire Fontebasso. Création/Réalisation maquette/Design and pre-press: Véronique Nouailhetas. Impression/Printing: SIA. ISSN 1283-9817. Couverture/Cover: © Eumetsat cnes mag u NOVEMBRE 2008 de l’espace pour la terre cnes mag 31 c L a présidence française de l’Union européenne peut s’enorgueillir d’un bilan très positif en matière d’espace. L’enjeu était de taille: convaincre les 27 États membres de l’Union, plus la Suisse et la Norvège (membres de l’Esa), de la nécessité d’une politique spatiale européenne ambitieuse. C’est chose faite depuis le 26 septembre 2008! Mais pour en arriver là, les rendez-vous spatiaux ont émaillé, ces derniers mois, les agendas des ministres à un rythme soutenu. La prise de conscience a démarré lors de la réunion informelle des ministres européens en charge de l’espace à Kourou en juillet, qui a fait émerger quatre points essentiels: optimiser l’utilisation des données spatiales pour la compréhension du changement climatique en renforçant la coopération entre les centres de recherche européens et en développant les moyens de calcul (une étude a été demandée à la Commission européenne); faire bénéficier le secteur spatial d’un marché plus ouvert dans le cadre de l’initiative « marché porteur » de l’UE; contribuer à la sécurisation des services offerts par l’espace en mettant en place au niveau de l’UE un système de surveillance de l’espace; enfin organiser une conférence politique de haut niveau sur une vision mondiale à long terme en matière d’exploration du système solaire, à partir des différents scénarios préparés par l’Agence spatiale européenne. En filigrane, les priorités actuelles de l’Europe en faveur des programmes Galiléo et GMES ont été réaffirmées. Ces points ont été largement débattus dans différentes instances pour converger, lors du 5e Conseil Espace, par l’adoption d’une résolution qui fera date dans l’histoire de la politique spatiale européenne, même si le Conseil Espace du 27 mai 2007 en est le père fondateur. La rubrique Europe lui est d’ailleurs entièrement consacrée. Le colloque de Lille en septembre a marqué un autre temps fort, plus sociétal, de la PFUE en lançant officiellement la première phase de services GMES, programme européen de surveillance de la Terre, très attendus des services gouvernementaux. Le dossier met en exergue des exemples concrets sur l’impact des connaissances spatiales. Enfin, Pierre Sellal, ambassadeur de France auprès de l’Union européenne, revient en ouverture de la rubrique Politique sur le rôle du Coreper (Comité des représentants permanents), composé des 27 ambassadeurs auprès de l’UE, transformés depuis leur réunion à Kourou en véritables lobbyistes de l’espace! 30 éditorial Director of External Communications, Education and Public Relations, CNES © REA/L. MARIN,2008 PIERRE TRÉFOURET Directeur de la Communication externe, de l’Éducation et des Affaires publiques, CNES Enfin, la manifestation de grande ampleur labellisée PFUE « Strasbourg, édition spatiale », fin octobre, a eu pour ambition de montrer à un large public l’apport de l’espace pour les citoyens européens en utilisant des dispositifs interactifs totalement innovants et en présentant « Fictions européennes », un ouvrage comportant des nouvelles inédites sur l’espace et l’Europe, écrites par un auteur de chacun des 29 pays dans sa langue, traduits en français, pour montrer que l’espace contribue à l’émergence d’une culture européenne. En parallèle à cette importante actualité sur la PFUE, Yannick d’Escatha, président du CNES et Jacques Erschler, président du PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) font un point sur la filière spatiale universitaire en Midi-Pyrénées à l’occasion du « Plan Campus ». Vous lirez également le témoignage sur la vie que mènent les premiers Russes venus en Guyane pour le chantier Soyouz, la fin de mission réussie de l’ATV Jules-Verne dont la rentrée atmosphérique a été pilotée depuis le Centre spatial de Toulouse… et bien d’autres choses encore. Bonne lecture à tous. s France’s term as European Union president has been very positive for space. It can take pride in having met the challenge of convincing the 27 EU member states plus European Space Agency members Switzerland and Norway of the need to adopt an ambitious European Space Policy. On 26 September, it accomplished this aim. To get to this point, ministers have maintained a busy schedule of meetings on space in recent months, starting with the informal gathering of European space ministers in Kourou in July. Four key needs emerged from this meeting: optimize use of satellite data in efforts to understand climate change, by forging closer ties between European research centres and by developing computing resources (the European Commission was asked to conduct a study on this issue); provide a more open market for the space sector through the EU’s Lead Market Initiative; help to enhance the security of space services by implementing an EU space surveillance system; and organize a high-level political conference to establish a long-term global vision of solar system exploration, on the basis of scenarios planned by ESA. At the same time, Europe’s current focus on the Galileo and GMES programmes was reaffirmed. These points have been broadly debated, converging at the 5th Space Council meeting toward the adoption of a resolution that marks a major milestone in the European Space Policy, founded on the previous Space Council resolution of 27 May 2007. We devote our Europe section in this issue of CNESMAG to the implications of this new resolution. The GMES forum in Lille in September was another high point of France’s EU presidency, albeit a more socially oriented one, officially launching the first space for earth GMES services phase eagerly awaited by government agencies. In our Special Report, we highlight real-world examples of how space technology and expertise are impacting our lives. And Pierre Sellal, France’s EU ambassador, opens the Business & Politics section with an interview in which he talks about the role of the Coreper (Committee of Permanent Representatives) of 27 EU ambassadors, now firm advocates of space since their meeting in Kourou. The large-scale space event in Strasbourg at the end of October set out to show the public how space is serving Europe’s citizens. It achieved this with innovative exhibits and through European fictions, a collection of short stories about space and Europe by authors from each of the 29 EU and ESA member states, in their native language and in French, underscoring how space is helping to shape an emerging European culture. Alongside all these items of news during France’s rotation of the EU presidency, CNES President Yannick d’Escatha and Jacques Erschler, chair of the Toulouse University higher education and research cluster (PRES), take time to discuss space’s place in the curricula of Midi-Pyrénées’ universities as Higher Education and Research Minister Valérie Pécresse rolls out her Campus plan to rejuvenate the nation’s universities. You will also read about how Russian teams working on the future Soyuz launch site in French Guiana are adjusting to their new environment, the successful end to the mission of the Jules Verne ATV and its atmospheric re-entry controlled from the Toulouse Space Centre, and much more besides. I hope you enjoy reading this issue of CNESMAG. NOVEMBRE 2008 u cnes mag 3 ERATJ actualité news ’est à l’abri de la pluie, sous un chapiteau dressé en plein centre-ville que le CNES a lancé, le 22 octobre, l’opération « Strasbourg, édition spatiale » consacrée par trois expositions place Kléber, une rencontre au musée et deux cafés scientifiques. Lors de l’inauguration officielle, Yannick d’Escatha est revenu sur le choix de Strasbourg, comme une évidence pour cette manifestation d’envergure labellisée PFUE. « Le CNES a souhaité aller à la rencontre des citoyens européens afin de leur permettre de mieux appréhender les enjeux de l’espace pour notre société. » Alors, place à la découverte: les visiteurs ont voyagé dans le système solaire grâce à un globe géant en lévitation au-dessus de leur tête. Une boule stupéfiante, ô combien magique, qui tour à tour s’est transformée en Terre, Mars, Lune, Soleil! Au sol, sur des écrans tactiles, 30 auteurs européens réunis pour ils ont continué leur voyage à travers un panorama une lecture au musée. 30 European authors gather for a d’applications spatiales dans une ambiance high-tech reading in the museum. tamisée. À l’extérieur, les vues des capitales européennes prises par le satellite Spot 5 les attendaient, posées sur un planisphère géant de 860 m2, plébiscité par les enfants qui glissaient d’un continent à l’autre grâce à la pluie… Plus tard dans l’après-midi au musée d’Art moderne et contemporain, le public a découvert « Fictions européennes » un recueil de nouvelles écrites sur l’espace par trente auteurs européens de nationalités différentes, édité par l’Observatoire de l’espace du CNES. Boris Pahor, 95 ans, a évoqué pour sa part un aspect sombre de la conquête spatiale: la construction de fusée V2 dans les camps de concentration. Il s’ensuivit un débat sur le rôle fédérateur de l’espace dans la culture autour de trois députés européens Catherine Trautmann, Jacques Toubon, Philippe Busquin, et du secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet. © J-L. HESS C De gauche à droite (assis): Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, Catherine Trautmann, députée européenne et ancienne ministre de la Culture (1997-2000), Yannick d’Escatha, président du CNES, Jacques Toubon, député européen et ancien ministre de la Culture (1993-1995), Philippe Busquin, député européen et ancien commissaire chargé de la Recherche. Débat animé par le journaliste Antoine Spire (debout). From left (seated): Jean-Pierre Jouyet, Junior Minister for European Affairs; Catherine Trautmann, MEP and former Minister for Culture (1997-2000); Yannick d’Escatha, CNES President; Jacques Toubon, MEP and former Minister for Culture (1993-1995); Philippe Busquin, MEP and former EC Commissioner for Research. The debate was mediated by the journalist Antoine Spire (standing). cnes mag u NOVEMBRE 2008 © J-L. HESS 4 A vast marquee in Strasbourg city centre was the venue for the launch of CNES’s Space in Strasbourg operation on 22 October, with three exhibitions in Place Kléber, a museum conference and two science cafés. At the official opening, Yannick d’Escatha said Strasbourg had been the clear choice to host a large-scale space event as part of France’s rotation of the EU presidency: “CNES wanted to meet Europe’s citizens and show them how space is contributing to our society.” And discovery topped the agenda: visitors travelled through the solar system, thanks to a large video sphere above their heads, projecting breathtaking images of Earth, Mars, Moon and Sun. They continued their voyage on the touch screens below, which displayed a range of high-tech space applications. Outside, Place Kléber was decked out with a giant 860-square-metre planisphere with superimposed images of EU capitals from the SPOT 5 satellite. This was particularly popular with youngsters, who skated from one continent to another in the rain. Later in the afternoon, the museum of modern and contemporary art hosted a public reading of European fictions, a series of new space-related pieces published by the CNES Space Observatory, by 30 authors of different European nationalities. Boris Pahor, 95, talked about a more sombre aspect of the space race: construction of the V2 rocket in the concentration camps. This was followed by a debate on space’s unifying role in European culture, with MEPs Catherine Trautmann, Jacques Toubon and Philippe Busquin, and Junior Minister for European Affairs, Jean-Pierre Jouyet. u FLORENCE DANNER, GUY ANDRES, pour le/ for CNES STRASBOURG TRÈS SPACE Space in Strasbourg © CNES/CH. URBAIN, 2008 5 NOVEMBRE 2008 u cnes mag © CNES/H. PIRAUD, 2008 J actualité news Un happy end pour conclure un scénario parfait 6 ’est une véritable success story qu’a connu, tout au long de sa courte existence, l’ATV Jules-Verne, premier véhicule de transfert automatique européen. Après un lancement unanimement salué comme une totale réussite, l’ATV a confirmé ses performances et l’expertise des équipes qui ont travaillé sur la mission. Sept mois après le lancement, la désorbitation dans le plus pur respect du mode nominal en attestait. Entre les deux, le Jules-Verne a réalisé toutes les opérations inscrites à son programme sans jamais se trouver en situation aléatoire. Le 3 avril 2008, après quelques jours en position d’attente et des manœuvres d’approche progressive, l’amarrage piloté automatiquement a été réalisé avec une C cnes mag u NOVEMBRE 2008 Rentrée dans l’atmosphère photographiée au-dessus du Pacifique Sud par un DC8. ATV pictured re-entering the atmosphere over the South Pacific from a DC 8. précision extrême, à trois secondes seulement des données théoriques. Les opérations furent menées pendant sept mois, 24 heures sur 24 par le centre de contrôle installé au CNES Toulouse. L’ATV s’est acquitté du plan de charges qui lui avait été assigné. Il a notamment mis son système propulsif au service de la station spatiale internationale, en rehaussant son altitude de 20 km environ. Le 1er septembre, le cargo a également manœuvré la station orbitale afin de lui éviter une collision avec des débris spatiaux en orbite. Le 5 septembre, le désamarrage automatique du Jules-Verne, qui ramenait dans ses soutes 1100 kg de déchets, s’est déroulé sans aucun incident. Le véhicule a ensuite été placé en orbite de parking où il a attendu les conditions idéales pour sa rentrée atmosphérique. Celle-ci a été filmée de bout en bout pour recueillir un maximum d’observations sur la phase de désintégration. Même à l’ultime fin de son parcours, le Jules-Verne n’a pas dérogé à l’excellence: comme prévu, les débris sont retombés en mer dans une zone ciblée, située dans une région inhabitée du Pacifique Sud, à 2500 km à l’est de la Nouvelle-Zélande, 10000 km à l’ouest du Chili et 1 500 km au sud de l’île de Pâques. « Plus qu’une aventure technologique, c’est une belle histoire humaine qu’on a construite », disaient, en happy end, les équipes de l’ATV. La prochaine aventure se prépare déjà, avec pour objectif la construction de l’ATV2 à l’horizon 2010. ■ © ESA/NASA, 2008 ATV Jules-Verne J actualité news Solspec Jules Verne ATV En tête de pont pour les mesures de l’éclairement solaire absolu Mission accomplished s From beginning to end, the short e conception franco-belge, l’instrument Solspec (SOLar SPECtrum) est l’une des trois composantes de la charge Solar embarquée sur Columbus, le laboratoire européen de la station spatiale internationale. Composé de trois spectromètres, l’instrument a pour mission de mesurer l’éclairement solaire absolu et sa variabilité dans le temps, avec une précision jamais atteinte, estimée à 1,5 %. Le modèle Solspec est une nouvelle génération dont le premier modèle a volé en 1983. Actuellement, il mesure un spectre plus étendu que ses prédécesseurs. Financée par le CNES, le CNRS, le BelSpo (Belgique), le DLR (Allemagne), l’expérience a été conçue et réalisée au service d’Aéronomie du CNRS en collaboration avec l’Institut belge d’aéronomie spatiale et le Landessternwarte. Il est associé à Sovim et Sol-Aces, deux autres instruments solaires. Après l’installation de Columbus à l’ISS, les spationautes américains Stanley Love et Rex Walheim ont fixé Solar sur son emplacement définitif lors de la troisième sortie extra-véhiculaire le 15 février 2008. Les premières mesures ont été acquises en avril. ■ D Absolute measurement of solar irradiance s The French-Belgian SOLSPEC instrument (SOLar SPECtrum) is one of the three components of the SOLAR payload, part of Europe’s Columbus laboratory on the International Space Station. The instrument uses three spectrometers to measure absolute solar irradiance and its variability over time with unprecedented precision, estimated at 1.5%. This new SOLSPEC instrument records data across a broader spectrum than its predecessors in the series, the first of which flew in 1983. Funded by CNES, CNRS (France), BelSpo (Belgium) and DLR (Germany), the experiment was designed and built by the CNRS aeronomy laboratory in partnership with the Belgian Institute for Space Aeronomy and the Landessternwarte. It operates in conjunction with two other solar instruments: SOVIM and SOL-ACES. With Columbus installed on the ISS, American astronauts Stanley Love and Rex Walheim fixed SOLAR in its permanent position on their third spacewalk on 15 February 2008. First measurements were acquired in April. ■ 7 © NASA life of the Jules Verne ATV—Europe’s first automated transfer vehicle— was a true success story. After a launch hailed on all sides as a total success, the ATV confirmed its capabilities and mission teams’ expertise. Seven months later, de-orbit manoeuvres went like clockwork. During the mission, the Jules Verne completed all scheduled operations with flying colours. On 3 April 2008, after several days in a holding position followed by progressive approach manoeuvres, automated docking was performed with extreme precision, just three seconds out from theoretical data. Operated 24/7 from the ATV Control Centre at CNES in Toulouse, the Jules Verne’s tasks included using its propulsion system to boost the orbit of the International Space Station by around 20 km. On 1 September, it also manoeuvred the station to avoid a collision with orbital debris. On 5 September, the Jules Verne automatically undocked from the station without a hitch, carrying 1,100 kg of waste. It was then placed in a parking orbit, awaiting ideal conditions for its destructive atmospheric re-entry. The entire re-entry sequence was recorded for analysis. The Jules Verne performed flawlessly to the end of its brief existence: as planned, the remaining debris fell into the target area in an uninhabited part of the Pacific, 2,500 km east of New Zealand, 10,000 km west of Chile and 1,500 km south of Easter Island. Credit goes to the ATV teams for this remarkable technological and human achievement. The next chapter is already underway, with ATV-002 under construction and scheduled to launch in 2010. ■ SOLSPEC NOVEMBRE 2008 u cnes mag J actualité news Météo Les modèles de prévision intègrent des données Iasi epuis le 1er juillet 2008, l’utilisation des données issues du sondeur Iasi sur Metop-A est opérationnelle dans les modèles de prévision numérique de Météo France. Elles ont été assimilées sur le modèle Arpège (qui couvre le globe), et sur des modèles à domaine limité (comme la France métropolitaine et la Réunion). L’intégration de ces données a apporté une amélioration des prévisions, en particulier sur l’Europe, ce qui n’est qu’un début. Une nouvelle version des modèles opérationnels est en préparation. Elle aura recours à un nombre plus important de canaux de Iasi et étendra leurs utilisations aux surfaces terrestres et de glaces de mer. De plus, des profils de température et d’humidité vont être élaborés à partir des données Iasi, qui apporteront une visualisation en temps réel aux prévisionnistes. Enfin, les outils sont en place pour permettre une assimilation de la colonne d’ozone issue de Iasi dans le modèle Mocage. ■ D Meteorology IASI data in operational use s From 1 July 2008, Météo France’s digital forecasting models have incorporated data from the IASI infrared atmospheric sounding interferometer on MetOp-A. Fifty channels are now assimilated in the Arpège model (global coverage) and region-specific models (mainland France, Réunion, etc.). IASI data have improved forecasting accuracy, particularly for Europe, and further enhancements are planned. A new version of these operational models is in preparation, designed to utilize more IASI channels and extend them to land surface and sea ice applications. Temperature and humidity profiles will also be derived from IASI data to give forecasters a real-time picture. In addition, tools are in place to assimilate IASI-derived ozone columns with the Mocage model. ■ Assimilation des données Iasi sur l’analyse de température dans le modèle Arpège de Météo France. Les croix noires montrent la localisation des données utilisées. IASI data assimilated for temperature analysis in Meteo-France’s Arpege model. Black crosses indicate where data were acquired. Megha-Tropiques Une conférence internationale avant le lancement atellite franco-indien CNES-Isro, Megha-Tropiques est dédié à la recherche atmosphérique. Cette mission vise à étudier les échanges d’énergie et d’eau du système terre-atmosphère dans les tropiques. Ces échanges conditionnent en effet le climat des régions tropicales et sont à l’origine des phénomènes météorologiques les plus dévastateurs (cyclones, moussons). Les données recueillies, notamment grâce à la performance de trois instruments, Madras, un imageur microondes, Saphir et Scarab, deux radiomètres, permettront de mieux cerner la contribution du cycle de l’eau à la dynamique du climat dans l’atmosphère tropicale. Le minisatellite doit être lancé fin 2009. Auparavant aura lieu à Ahmedabad, en Inde, du 21 au 23 janvier 2009, une conférence internationale consacrée aux questions scientifiques auxquelles les observations de Megha-Tropiques apporteront des éléments de réponse. Le principal objectif de cette conférence est de faire émerger les meilleures conditions d’utilisation des données du satellite afin de mieux comprendre les variations constatées au niveau de la vapeur d’eau, des nuages, des précipitations… Ces travaux bénéficieront des contributions de scientifiques de renom. ■ S © MÉTÉO FRANCE 8 cnes mag u NOVEMBRE 2008 © CNES/J. LACOGNE, 2008 J actualité news Aéroclipper flottant sur le palais des congrès de Pau. Aeroclipper floats above the Palais des Congrés in Pau. Intégration chez Intespace de Madras, imageur micro-onde autocalibré, instrument principal de la mission Megha-Tropiques. The MADRAS self-calibrating microwave imager, the main instrument on the Megha-Tropiques mission, during integration at Intespace. Megha-Tropiques International pre-launch conference s The French-Indian MeghaTropiques satellite is dedicated to atmosphere research. This joint mission with the Indian Space Research Organization (ISRO) will study energy and water exchanges in the Earth-atmosphere system in the tropics. These exchanges affect the climate in these regions and also cause more devastating weather phenomena, such as hurricanes and monsoons. The minisatellite’s three high-performance instruments—the MADRAS microwave imager and SAPHIR and SCARAB radiometers— will provide valuable data about the water cycle and how it contributes to climate dynamics in the tropical environment. Launch is scheduled for late 2009. From 21 to 23 January 2009, an international conference will be held in Ahmedabad to discuss the scientific applications of the Megha-Tropiques mission, as well as the best way to utilize the data to enhance our understanding of water vapour, cloud, rainfall and other variations. Distinguished scientists are contributing to these preparations. ■ © CNES/H. PIRAUD, 2008 Workshop Ballons Les orientations scientifiques confirmées pour une décennie oyens expérimentaux uniques pour sonder certaines parties de l’atmosphère, par exemple la stratosphère entre 15 et 25 km d’altitude, les ballons complètent d’une part les observations satellitaires, d’autre part les mesures au sol et les mesures aéroportées. Comme ces dernières, ils peuvent également être utilisés pour la calibration et la validation des données satellitaires. Ouvert aux scientifiques français et européens ainsi qu’aux opérateurs ballons européens, l’atelier « Ballons-2008 » s’est déroulé à Pau du 22 au 24 septembre avec pour objectif de confirmer les orientations scientifiques dans les domaines pour lesquels les expériences en ballons sont pertinentes (sciences de l’atmosphère, astrophysique et recherche fondamentale, missions planétaires). Il s’agissait aussi d’identifier les besoins de la communauté scientifique en Europe au cours de la prochaine décennie. À cette occasion, des thématiques originales ont été présentées, comme certains phénomènes des hautes énergies ou la météo de l’espace. Cet atelier a permis de dégager des axes de développement d’activités s’appuyant sur la forte synergie entre le CNES et le CNRS-Insu, une large ouverture vers l’Europe, le renforcement des coopérations, notamment avec le Brésil. ■ M Balloon workshop Science objectives for the next decade s Balloons are a unique tool for experiments in certain parts of the atmosphere, particularly the stratosphere at altitudes of 15 to 25 km, complementing observation by satellites, aircraft and instruments on the ground. Like aircraft, they can also be used to calibrate and validate satellite data. The Ballons-2008 workshop in Pau, 22 to 24 September, was an opportunity for French and European researchers and Europe’s balloon operators to discuss scientific objectives in areas where balloon-borne experiments make a key contribution, primarily astrophysics and fundamental research, atmosphere sciences and planetary missions. The aim was to identify the EU research community’s requirements for the next decade. Some highly original themes were presented, like space weather and certain highenergy phenomena. Outcomes included the need to develop activities exploiting the close ties between CNES and CNRS/INSU (French national institute for universe sciences), as well as a broader EUwide approach and closer cooperation, particularly with Brazil. ■ NOVEMBRE 2008 u cnes mag 9 J actualité news Patent Arc-proof architectures for space Effet d’un arc secondaire sur des cellules solaires du satellite Eureka. Effect of a secondary arc on solar cells on the Eureka satellite. Brevet Artis Des barrières contre les arcs électriques dans l’espace Étude sur la viabilité économique de la télé-échographie ’ils naviguent dans le vide spatial, les équipements à bord des satellites n’échappent pas aux aléas de l’électricité statique et aux risques inhérents aux arcs électriques qui peuvent se former entre câblages à proximité. L’incident peut être d’autant plus crucial qu’il peut se produire en des points stratégiques, tels les câbles d’alimentation délivrant au satellite l’énergie des panneaux solaires, et induire des dégâts irréversibles. Expert en décharges électrostatiques à la sous-direction des Techniques véhicules au CNES, Denis Payan s’est attaqué au problème à partir d’un postulat simple: on ne peut jamais garantir qu’il n’y aura aucune décharge électrostatique, mieux vaut donc chercher a priori à en minimiser les effets. La finalité de ses travaux était donc d’éviter la formation de ces arcs électriques. Concrètement, il a conçu des agencements architecturaux incluant des « murs », des chicanes, des barrières infranchissables aux arcs, chaque fois que des éléments polarisés peuvent se trouver en vis-à-vis. Le principe peut s’appliquer aux mécanismes d’entraînement des générateurs solaires en particulier, mais aussi à tous les connecteurs et tous les systèmes sensibles où la puissance disponible est suffisante pour entretenir ces arcs. Ce concept a fait l’objet d’un dépôt de brevet en mars 2008. ■ P S 10 cnes mag u NOVEMBRE 2008 artenaire du projet Artis (Advanced Robotic Tele-echography Integrated Service) financé par l’Esa, le CNES est chargé de démontrer la viabilité économique du service de télé-échographie robotisée. Ce service pourrait pallier l’absence d’échographistes auprès de patients dans certaines circonstances. Il intéresse tout particulièrement les CHU européens et leurs hôpitaux périphériques qui ne disposent pas d’échographiste en permanence. Depuis 1996, le concept a été testé dans différents contextes. Sur un site expert, un échographiste expérimenté manipule un joystick dont les mouvements sont reproduits sur le patient par un support robotisé d’une sonde d’échographie. Il suit en temps réel les images de l’examen sur son écran (via des moyens de communication terrestres et satellitaires). Le patient, de son côté, est accompagné par un auxiliaire médical qui déplace le support de sonde. Deux robots, en cours de fabrication, seront livrés en décembre prochain et installés sur des sites pilotes chargés d’utiliser le service en situation réelle pendant plusieurs mois. Parallèlement aux retours d’expérience de ces utilisateurs, une étude de marché sera réalisée afin de valider la chaîne de valeur du service complet de télé-échographie. ■ © ESA s Even in the vacuum of space, satellite equipment is subject to the inherent risks of static electricity and electric arcs, which can form between cables. This phenomenon can be particularly damaging if it occurs at strategic points, such as along the power cables from the solar arrays to other systems, causing irreversible harm. Denis Payan, an expert in electrostatics at CNES’s vehicle engineering subdirectorate, approached this problem from a simple premise: the risk of discharge can never be ruled out, so efforts must focus on minimizing its effects. His ultimate aim was to stop electrical arcs forming. To do this, he devised new layouts with non-linear cable routes and arc-proof partitions between polarized elements. His solutions are designed in particular for solar array drive mechanisms, but also apply to any sensitive systems and links where power levels are high enough to generate arcs. A patent application was filed in March 2008. ■ ARTIS Tele-ultrasound viability study s As a partner in the ESA-funded ARTIS project (Advanced Robotic Teleechography Integrated Service), CNES has been asked to demonstrate the economic viability of the service. ARTIS intends to overcome the lack of access to ultrasound scans for patients in certain locations. It is designed in particular for Europe’s university hospitals and smaller associated units with no permanent sonographers. Since 1996, the concept has been tested in various contexts. An experienced sonographer at the main hospital performs ultrasound scans on the patient remotely using a joystick to teleoperate a robotic device with an ultrasound probe. The operator monitors the image in real time via a terrestrial or satellite link. At the remote unit, a paramedic preps the patient and manipulates the robotic device. Two machines currently being built will be installed in December at two pilot sites and provide the service in actual patient situations over several months. CNES will collate feedback from these users while conducting a broader market survey to validate the value of the complete tele-ultrasound service. ■ u Propos recueillis par/ Interview by BRIGITTE THOMAS, CNES JULIETTE “ guest column © CNES/E. GRIMAULT, 2008 Loin de la world music et de l’éthno-émission, Juliette aux deux Victoires a présenté de 2004 à 2007, aux auditeurs de France Musique, sa bande-son préférée tous les samedis en fin d’après-midi. Composée de chants pygmées mêlés d’invocations araboandalouses, de variétés improbables empreintes de bel canto… cette petite heure offrait une panoplie de morceaux intempérants et non tempérés où l’espace a occupé une place de choix. La chanteuse revient, pour nous, sur ses choix. The sounds of space l’invité La clef des sons Comment le thème de l’espace est-il devenu récurrent dans l’émission? Il a fallu alimenté l’émission durant trois ans. Donc tous les thèmes y sont passés. On a tout exploré depuis les compositeurs anglophones jusqu’aux jingles télé ou radio. Il fallait que la source d’inspiration puisse se nourrir de musique. Le principe reposait sur la programmation de musiques très diverses, provenant de mondes musicaux soi-disant incompatibles. Avec l’espace, c’était finalement assez facile car il y avait pléthore de possibilités, de Gustav Holst, les Planètes, à David Bowie, Ziggy Stardust, en passant par les Pink Floyd, Eclipse, ou Police, Walking the Moon, Nougaro, Marcia martienne… Au regard des titres proposés, la chanson française semble plus déconnectée des rêves et des réalisations spatiales que l’anglosaxonne? Pas forcément la chanson anglo-saxonne, mais celle d’Amérique du Nord oui. La chanson française est plus terre à terre. Les Américains ont une vision hégémonique du monde. Ils ne leur restent plus aujourd’hui qu’à conquérir l’espace. Ils ont donc un imaginaire débordant, inspiré de leur toute-puissance. c 2004 to 2007, French artist Juliette hosted a s From Saturday late afternoon show on France Musique radio, presenting a weekly selection of her favourite tracks. Far from the world music or ethnic trend, her one-hour slot offered an eclectic mix of indulgent and immoderate pieces, from Pygmy vocals and Arab-Andalusian invocations to obscure popular music with elements of bel canto—and with space as a recurring theme. The award-winning singer talked to CNES Mag about her choices. 11 Why did space become such a regular theme on your show? We covered a whole range of themes in the show’s three-year run. We explored a bit of everything, from English-language composers to TV and radio jingles. Whatever the source of inspiration, we needed the music to match. We basically tried to include the widest variety of genres, with tracks and extracts from seemingly incompatible musical worlds. Space was an easy one because there are so many possibilities: Holst’s The Planets, Bowie’s Ziggy Stardust, Pink Floyd’s Eclipse, The Police’s Walking on the Moon, Claude Nougaro’s Marcia Martienne and so on. In the titles you chose, do the English-language artists seem more connected with space aspirations and exploits than their French counterparts? Not necessarily the English-language tracks as a whole, but NOVEMBRE 2008 u c cnes mag J actualité news C’est fascinant. D’abord les progrès constants de l’observation spatiale font que le très loin, l’infini sont de plus en plus près (si tenté que l’on puisse toucher l’infini!). Ensuite les constellations, ellesmêmes, l’influence qu’exercent les étoiles sur nos comportements: les peuples primitifs étaient très attentifs à la cosmogonie et à sa répercussion sur la nature… Le fait aussi que les étoiles portent un nom qui a traversé le temps et leur a donné une existence. C’est extraordinaire ! Enfin, il y a la beauté abstraite de leurs représentations, ces explosions de couleur et de forme proche de l’art abstrait. Les photos de l’espace prises à partir de grands télescopes sont littéralement subjuguantes. © CNES/E. GRIMAULT, 2008 Quelle est votre perception de l’espace? certainly the American ones. French music is very down-toearth. The Americans have a more hegemonic world view. The only thing they haven’t conquered yet is space. So that fires their imagination, inspired by their power and influence. What is your own view of space? I find it fascinating. First, constant progress in space observation has brought the far-distant much closer, almost like we can touch the infinite. Then the constellations themselves and the influence of the stars on our behaviour, not to mention our birth signs: primitive peoples were very aware of cosmogony and its repercussions on Mother Nature. Also, that the stars have names that have transcended time and give substance to their existence. And third, the sheer beauty of space, particularly the explosions of colour and shapes, like abstract art. The photos taken by the big telescopes are literally spellbinding. Could space be a source of inspiration for you as a singer-songwriter? Pourquoi pas. Mais il me faudrait une immersion totale car le sujet renvoie à l’immensité: entre la fantaisie, la science-fiction, la métaphysique, la légende, la divinité, le spirituel… car si on suppose que Dieu existe, il vient bien de quelque part par là! Ce n’est pas mon propos, mais je conçois que cela fasse partie de l’humanité, de la philosophie, de la pensée. Que pensez-vous de l’envoi d’une chanson des Beatles dans l’espace par la Nasa au début de l’année? Ma réaction est dubitative sur la chanson des Beatles qui fait un peu gadget par rapport à la pensée fondamentale de la musique à laquelle le message renvoie. J’aurais plus tôt pensé à de la musique pour la musique, par exemple la 40e symphonie de Mozart ou La Passion selon Matthieu de Bach, s’il fallait une voix. Malgré tout, je ne pense pas qu’il y ait une universalité de la musique. Je ne crois pas que ce soit la première chose à faire quand on va rencontrer d’autres formes de vie! À ce propos, j’adore une des premières scènes de Mars Attacks de Tim Burton quand les Terriens, en lâchant une colombe en signe de paix et de bienvenue, énervent les Martiens et déclenchent les hostilités. 12 Est-ce que, pour vous, une musique fait référence à l’espace? Pour moi, c’est le silence absolu. Sinon je serais tenté de dire Gustav Holst, mais sa musique est très liée à la mythologie. Il a pris les planètes du système solaire qu’il a associé au caractère de personnages mythologiques, Mars, le guerrier, Vénus, la paix, Mercure, le messager ailé, Saturne, la vieillesse… On reste là dans une vision littéraire, très humaine. Pour moi la musique des étoiles, ce n’est aucune transmission de sons! Quelle aventure spatiale vous inspire le plus? Le bruit que l’homme n’aurait pas marché sur la Lune. C’est même plus fascinant qu’il l’ait réellement fait! La rumeur remet en question un fait historique et du coup sème le doute. Finalement, on se dit mais pourquoi ils n’y sont pas retournés. C’est insensé! ■ cnes mag u NOVEMBRE 2008 Why not? But I’d need to get fully immersed because the subject matter points to such immensity—somewhere between fantasy, sci-fi, metaphysics, legend, divinity and spirituality (because if God exists, He comes from somewhere up there…). It’s not my intention, but it’s clearly part of our humanity and philosophy on life. What do you think about the Beatles song that NASA beamed into space early this year? I have doubts about the track. It seems a bit gimmicky compared with the fundamental idea about music, which is the point of the message. I’d have chosen a piece that stands in its own right, like Mozart’s Symphony No. 40 or Bach’s St. Matthew Passion. But I don’t think there’s anything really universal about music anyway. If we ever make contact with other lifeforms, it’s hardly going to be top of the agenda. It reminds me of the scene in Tim Burton’s Mars Attacks! when the Earthlings release a dove as a sign of peace to welcome the Martians, but it irritates them and they launch hostilities. Is there a type of music that makes you think about space? For me, it would be absolute silence. Otherwise, I’d be tempted to say Gustav Holst, but his work is closely tied to mythology. He associates each planet in the solar system with the personality of mythological characters: Mars the bringer of war, Venus the bringer of peace, Mercury the winged messenger, Saturn the bringer of old age, and so on. It’s a very literary and human view of space. For me, the music of the stars is where no sounds can be heard. What space adventure inspires you the most? The rumour that mankind never actually set foot on the Moon. It’s even more fascinating than the events themselves. It questions a historical fact and sows the seeds of doubt. You end up asking yourself why we haven’t been back there since. It all seems a bit crazy. ■ © CNES/E. GRIMAULT, 2008 Est-ce que l’espace pourrait nourrir votre inspiration de compositrice ou d’interprète? © ESA/AOES MEDIALAB J actualité news Goce Pour cartographier le champ de gravité terrestre près trois reports en mai, septembre et octobre 2008, la date de lancement de Goce (Gravity field and steady-state Ocean Circulation Explorer) a été à nouveau repoussée en février 2009 à cause d’une anomalie sur le système de navigation du lanceur Rockot. Une fois en orbite, Goce, véritable concentré de technologie, viendra compléter les connaissances du champ de gravité terrestre. Il va fournir aux océanographes la surface de référence (géoïde) nécessaire pour déduire le niveau moyen des océans et des courants. À ce jour, cette surface est établie avec t A une précision de deux à trois centimètres avec une résolution de 100 km. Le satellite doit améliorer ces performances grâce au gradiomètre d’une extrême précision, au récepteur GPS et au réflecteur d’orbite précise. Des senseurs d’étoiles vont mesurer l’attitude inertielle du satellite. Cette première mission-cadre du programme Earth Explorer de l’Esa a généré la création d’un consortium européen, EGGC (European Goce Gravity Consortium) – soit dix équipes de divers instituts européens qui mettent à disposition leur personnel expert pour le calcul d’un modèle final de champ de gravité. Le CNES, via son équipe de Géodésie spatiale à Toulouse, intervient au niveau des traitements, du transfert des données, des calculs et des transferts réguliers de résultats. ■ Une exoplanète « exotique » découverte par Corot - Début octobre, le satellite français Corot a découvert une nouvelle exoplanète massive étrange qui se trouve très proche de l’étoile autour de laquelle elle est en orbite. Baptisé Corot-Exo-3b, il s’agit d’un objet unique. Trouver un compagnon aussi massif et aussi proche de son étoile a été une véritable surprise pour les astrophysiciens qui se demandent s’il s’agit d’une planète ou d’une « étoile ratée ». De la taille de Jupiter, elle fait plus de vingt fois sa masse et met seulement quatre jours et six heures à parcourir une orbite autour de son étoile, à peine plus grande que notre Soleil. COROT discovers exotic exoplanet - In early October, France’s space telescope discovered a massive object orbiting close to its parent star. Named COROT-Exo-3b, the oddity is unique. Finding such a massive object so close to its star was a real surprise for astrophysicists, raising questions about whether it is a planet or a failed star. The object is about the size of Jupiter, only 20 times more massive, and orbits its parent star (slightly larger than our Sun) in just four days and six hours. GOCE Mapping Earth’s gravity field s After delays in May, September and October 2008, the launch of Europe’s GOCE satellite (Gravity field and steadystate Ocean Circulation Explorer) has been postponed again to February 2009, due to an anomaly with the Rockot launch vehicle’s navigation system. Once in orbit, GOCE will use cutting-edge technologies to further our understanding of Earth’s gravity field, providing oceanographers with an accurate model of the geoid—the reference surface used to determine mean sea level and current patterns. Today’s models offer a spatial resolution of 100 km and an accuracy of 2 to 3 cm. GOCE will deliver even higher levels of accuracy, thanks to its extremely precise gradiometer, GPS receiver and laser retroreflector. Star trackers will measure the satellite’s inertial attitude. GOCE is the first core mission of ESA’s Earth Explorer programme. Teams of experts at 10 institutes working together within the European GOCE Gravity Consortium (EGGc), established especially for the mission, will calculate the final gravity field model. Through its space geodesy team in Toulouse, CNES is responsible for data processing and transfer, calculations and regular transfer of results. ■ NOVEMBRE 2008 u cnes mag 13 J actualité news Comets Steins, un diamant sur la route de Rosetta A diamond in the sky s The 11-year-long Rosetta science mission will provide valuable new insight into the early evolution of our solar system. Devoted to the study of asteroids and other small bodies, Rosetta’s ultimate aim is to explore the icy core of Comet 67P/ChuryumovGerasimenko, which it will reach in 2014. Its long trek also includes other science missions. On 5 September 2008, having travelled almost 4 billion km, the probe flew by Steins— an extremely rare E-type asteroid. Only about 20 such objects are known to exist, and none have been observed at close quarters. Closing to within ission scientifique de très longue durée (onze ans), Rosetta devrait apporter un nouveau regard sur les premiers temps de l’histoire du système solaire. Dédiée à l’étude des petits corps, tels que les astéroïdes, Rosetta vise principalement à explorer, en fin de course, en 2014, le noyau de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. En cours de route, Rosetta est investie d’autres missions scientifiques. Après avoir parcouru près de 4 milliards de km, la sonde a survolé, le 5 septembre 2008, Steins, un astéroïde de type E extrêmement rare. À ce jour, une vingtaine à peine ont été répertoriés; aucun n’a fait l’objet d’observations rapprochées. S’en approchant à 800 km, Rosetta a permis l’acquisition de données de qualité; celles-ci ont confirmé les performances de la caméra grand-angle Osiris-Wac. Excessivement brillant du fait de son albédo élevé, Steins a été qualifié de « diamant dans le ciel », comme s’il avait été taillé dans une pierre précieuse. Les données recueillies par Virtis, un spectroimageur infrarouge sous responsabilité franco-italienne qui combine résolution spatiale et spectrale, sont en exploitation et devraient livrer des informations importantes sur sa composition minéralogique. Rosetta survolera la Terre pour la 3e fois, le 13 novembre 2009 à 2500 km de distance, avant d’étudier l’astéroïde Lutetia qu’elle « croisera », le 10 juillet 2010, à 3000 km de distance. ■ 14 ©ESA 2008 MPS FOR OSIRIS TEAM MPS/UPM/LAM/IAA M cnes mag u NOVEMBRE 2008 800 km, Rosetta acquired high-quality data, confirming the performance of the OSIRIS wide-angle camera. Particularly bright due to its high albedo, Steins looks like a diamond in the sky, cut from a precious stone. Data gathered by the French-Italian VIRTIS infrared imaging spectrometer, which combines high spatial and spectral resolution, is now under analysis and expected to yield vital information about the asteroid’s mineral composition. Rosetta will perform its third Earth flyby at a distance of 2,500 km on 13 November 2009, putting it on course to study asteroid 21-Lutetia at a distance of 3,000 km on 10 July 2010. ■ Illustration de la sonde Rosetta survolant Steins. Artist’s impression of Rosetta’s encounter with Steins. © L MOSSAY, 2008 Comète J actualité news Colloque martien à la BNF Scénario d’atterrissage de la future mission de retour d’échantillons martiens. Landing scenario for the future Mars sample return mission. Premier point d’étape fructueux mbitieuse, la mission Mars Sample Return (retour d’échantillons martiens), qui pourrait être lancée vers 20202025 en coopération avec la Nasa et l’Esa, tentera de répondre à une question récurrente: y a-t-il eu de la vie sur Mars? D’envergure internationale, cette mission impose, en amont, une mobilisation intensive. Les 9 et 10 juillet 2008, un colloque co-organisé par l’Esa et le CNES à la Bibliothèque nationale de France constituait un premier point d’étape. Près de 200 scientifiques, industriels et politiques ont entendu le groupe i-Mars (International Mars Architecture for the Return of Sample) présenter les différents scénarios envisagés pour le retour des quelques précieux grammes de sol martien. Le premier objectif était d’approfondir leurs conséquences pour dégager, in fine, la stratégie la plus pertinente. L’autre objectif du colloque était de « promouvoir la mission », précise Francis Rocard, responsable des Programmes d’exploration du système solaire au CNES. Objectif atteint: « les représentants des grandes agences étaient présents à Paris », constate-t-il, « mais la porte reste ouverte aux autres agences tentées par l’aventure ». De nouveaux rendez-vous sont prévus avant les premières études de faisabilité, vers 2013, soit une dizaine d’années avant la date prévue pour le retour des échantillons sur Terre. Le prochain rapport, en 2009, fera le point sur la répartition des rôles entre les agences spatiales. ■ t © NASA A Mars Sample Return Fruitful first planning meeting s Provisionally planned for 202025, the ambitious Mars Sample Return mission led by NASA and ESA will attempt to answer the eternal question: Has there been life on Mars? This large-scale international mission involves intensive planning and preparation. On 9 and 10 July 2008, a symposium organized by ESA and CNES at the French national library in Paris was a first step in this direction. The iMARS working group (International Mars Architecture for the Return of Samples) outlined the possible scenarios to return several hundred grams of Martian soil. Around 200 representatives from research, industry and government attended. The main objective was to discuss the pros and cons of each scenario in order to decide on the best strategy. The second was to promote the mission. “We achieved what we set out to do,” said Francis Rocard, head of solar system exploration at CNES. “The major space agencies were present in Paris, but the door is also open to other agencies tempted by this exciting adventure.” Further meetings will be held before the first feasibility studies in 2013, 10 years before the mission’s scheduled return from Mars. The next report in 2009 will review the respective roles of participating agencies. ■ Feu vert pour le lancement d'Argos-4 - Le CNES et ses partenaires viennent de prendre la décision d’améliorer le système mondial de localisation et de collecte de données par satellites Argos. Environ 18000 balises sont à ce jour actives à travers la planète. Avec ce système, le CNES assure une mission mondiale de localisation de balises et de collecte de données pour l’étude et la protection de l’environnement en coopération avec la Noaa et plus récemment, avec Eumetsat ainsi que l’agence spatiale indienne (Isro). L’objectif d’Argos-4 est d’assurer la continuité des missions Argos-2 et Argos-3, mais aussi d’améliorer significativement la capacité de télécommunication du système et la souplesse d’utilisation des balises. Il devrait être embarqué sur les satellites américains NPoess C1 et C2. Go-ahead for Argos-4 - CNES and its partners recently decided to upgrade the Argos global satellite-based location and data collection system, which currently serves some 18,000 transmitters operating around the world. CNES operates the Argos global location and data collection system, dedicated to studying and protecting the environment, in partnership with NOAA1 and more recently with Eumetsat2 and ISRO3. The objective of Argos-4 is to ensure continuity of service after the Argos-2 and Argos-3 missions while significantly increasing the system’s telecommunications capabilities and giving transmitters more flexibility. Argos-4 is scheduled to fly on NOAA’s NPOESS C1 and C2 satellites. 1 National Oceanic and Atmospheric Administration / 2European Organisation for the Exploitation of Meteorological Satellites/ 3Indian Space Research Organization NOVEMBRE 2008 u cnes mag 15 N’hésitez pas à nous poser des questions, nous faire part de vos interrogations, de vos réactions sur l’actualité spatiale ou sur vos sujets d’étude. Nos spécialistes vous répondront. Drop us a line with your questions, opinions on space news or requests for information on subjects you’re studying, and we’ll put our experts on the case… Yanis, collégien, Toulouse Luc, ingénieur, Arles À la création de la Terre, est-ce que l’eau était salée ? ’eau que l’on trouve en grande quantité sur notre planète provient essentiellement de deux sources. Les météorites et comètes qui bombardaient la Terre au tout début de son histoire, voilà 4,5 milliards d’années et le dégazage, grâce au volcanisme, de l’eau contenue dans les roches. Lorsque la jeune Terre s’est refroidie, l’eau est passée de sa forme vapeur à sa forme liquide. En clair, il se mit à pleuvoir. Et cette pluie a lessivé les continents emportant sédiments et sels minéraux. Voilà comment débute l’histoire du sel dans les océans, et dans le cas de la Terre, du chlorure de sodium. Mais la Terre ne serait pas seule dans le système solaire à abriter un océan salé. Les satellites de Jupiter Ganymède, Callisto et Europe pourraient aussi abriter une couche d’eau salée sous leur croûte, qui serais responsable de phénomènes magnétiques découverts par la sonde Galiléo à la fin des années 1990. À partir de quelle altitude une protection thermique est indispensable pour toute rentrée atmosphérique après une ascension verticale ? n réalité, on ne peut pas donner une altitude absolue. En effet, les conditions d’échauffement dépendent de nombreux paramètres. Le plus important d’entre eux est la vitesse de pénétration de l’engin. Associé à cela, la densité de l’atmosphère, donc l’altitude à laquelle il vole. L’échauffement d’un véhicule standard est négligeable sur Terre, malgré la densité de l’air, mais pour un avion de chasse, cela devient important au-delà de la vitesse du son. Pour un engin spatial, il faut ajouter à ces paramètres ses matériaux, sa forme et l’angle de pénétration dans l’atmosphère. En supposant qu’un objet tombe verticalement de 850 km d’altitude, sans frottement avant d’être freiné dans l’atmosphère (en dessous de 200 km), la vitesse maximale atteinte après 25 secondes de chute serait seulement de 250 m/s (900 km/h). En revanche, les capsules russes Photon sont récupérées après un séjour sur orbite où elles circulent à près de 28 000 km/h, soit environ 7,8 km/s. Cette fois-ci, quelle que soit l’altitude initiale, la protection thermique est nécessaire. Mais l’entrée atmosphérique ne doit pas se faire n’importe comment. Il faut un bon équilibre entre la décélération et l’échauffement. Il y a conversion de l’énergie cinétique en énergie thermique. C’est le freinage. Si l’on freine fort, on échauffe beaucoup. Une pénétration trop abrupte causera donc un freinage très fort, mais dépassera la capacité d’absorption de chaleur du revêtement, qui sera détruit. Il est donc nécessaire d’ajuster l’angle d’entrée. Enfin, la forme du bolide a bien sûr son importance. Une forme aérody- L François, postier, Brest Pourquoi une étoile filante bouge alors que les autres sont immobiles ? ne étoile filante, c’est une étoile mou« rante qui se décroche de la voûte céleste et qui tombe sur Terre avant de s’éteindre ». Voilà ce que pensaient les hommes il y a bien longtemps. Bien sûr, notre vision de l’Univers a considérablement changé depuis l’Antiquité et l’on sait aujourd’hui que les étoiles filantes sont en fait pour la plupart des poussières de comètes qui pénètrent et brûlent dans l’atmosphère en raison de leur grande vitesse. On peut en observer chaque nuit, mais des périodes privilégiées permettent d’en voir un plus grand nombre. C’est le cas lorsque la Terre traverse le sillage d’une comète, comme par exemple au mois d’août. De 20000 à 40000 tonnes de matière extraterrestre viennent ainsi alourdir la Terre chaque année. Mais comme les croyances ont la vie dure, ces phénomènes ont gardé leur nom, qui, il faut bien l’avouer, est très poétique. U (Sébastien Rouquette) François, postal worker, Brest Why do shooting stars move, whereas the others are stationary? ur ancient ancestors thought shooting stars were dying stars that became detached from the heavens and fell to Earth, where they expired. Of course, our understanding of the cosmos has come a long way since then. We now know that most ‘shooting stars’ are comet debris burning up in the atmosphere, due to their high velocity. You can observe this phenomenon on most nights and in vivid displays at certain periods. The best time is when Earth passes through the trail of a comet, as it did in August. Some 20,000 to 40,000 tonnes of extraterrestrial matter fall to Earth in this way each year. But as old beliefs die hard, ‘shooting stars’ have kept their old name— which we admit is rather poetic. O (Sébastien Rouquette) cnes mag u NOVEMBRE 2008 E (Sébastien Rouquette) Yanis, high-school pupil, Toulouse When Earth formed, was its surface water salty? he large quantities of water on Earth’s surface come from two main sources: meteorites and comets that bombarded our planet in its early history, 4.5 billion years ago, and vapour released from rocks due to volcanic activity. As the young Earth cooled, this water vapour turned to liquid and fell as rain. The rainwater ‘washed’ the continents, picking up sediment and mineral salts on its way to the oceans. That’s how they got their salt, or sodium chloride to be specific. But Earth is not the only body in our solar system with salty seas. Three of Jupiter’s moons—Ganymede, Callisto and Europa— are also believed to have a briny layer under their crusts, which could explain the magnetic phenomena observed by the Galileo probe in the late 1990s. (Sébastien T Rouquette) VOS QUESTIONS ET VOTRE DEMANDE D’ABONNEMENT PAR MAIL : SEND IN YOUR QUESTIONS AND SUBSCRIBE TO CNESMAG BY E-MAIL TO: [email protected] © DR © DR COURRIER DES LECTEURS READERs’ LETTERS 16 CETTE RUBRIQUE EST LA VÔTRE THIS IS YOUR COLUMN J actualité news I q POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT www.cnes.fr/web/4387-pre-xvehicule-spatialexperimental.php www.onera.fr/ coupdezoom/03-rentreeatmospherique-enginsspatiaux.php Solo met les astronautes au menu sans sel olo (Sodium Retention in Microgravity), expérience scientifique sélectionnée par l’Esa, a été menée à bord de l’ISS sur un astronaute américain, du 3 octobre au 14 octobre, sous la responsabilité de l’agence spatiale allemande (DLR). Son objectif: étudier les mécanismes de rétention de sodium et de fluides durant les missions spatiales de longue durée. L’expérience s’est déroulée en deux périodes de six jours consécutifs pendant lesquelles l’astronaute a suivi un programme de menus imposés. Au cours de la première session, l’alimentation était riche en sel; au cours de la deuxième, au contraire, les aliments étaient pauvres en sel. Durant ces deux périodes, l’astronaute a réalisé lui-même ses prélèvements sanguins et urinaires. Il a pu faire son analyse de sang grâce à l’analyseur développé dans le cadre du projet Cardiolab (CNES-DLR), installé dans la baie thématique de physiologie European Physiology Modules de Columbus. L’équipe du Cadmos (Centre d’aide au développement des activités en micropesanteur et des opérations spatiales) a suivi en permanence depuis Toulouse, le déroulement de l’expérience afin de répondre à toute question pendant le déroulement du protocole. ■ S Portable Clinical Blood Analyzer, l’instrument utilisé pour exécuter l’expérience Solo. SOLO puts astronauts on salt-free diet s The SOLO experiment (SOdium LOading in Microgravity) selected by ESA was performed with the participation of an American astronaut on the ISS from 3 to 14 October, under the responsibility of DLR, the German aerospace centre. The objective was to study the mechanisms that govern sodium and fluid retention on long-duration space missions. The experiment comprised two consecutive six-day periods, during which the astronaut followed a set diet. In the first session, meals were rich in salt. In the second, they were relatively low in salt. Throughout the two sessions, the astronaut took regular blood and urine samples. He ran the blood samples on the analyser developed through the CNES-DLR Cardiolab project, part of the European Physiology Module (EPM) facility on the Columbus laboratory. The CADMOS centre for the development of microgravity applications and space operations in Toulouse monitored the experiment and was on hand to answer questions about the protocol. ■ Portable Clinical Blood Analyzer instrument used for the SOLO experiment. 17 LR After a vertical climb, at what altitude does thermal protection become necessary to ensure a safe atmospheric re-entry? t’s difficult to give an absolute value because heating conditions depend on various parameters. The most important is the vehicle’s velocity as it enters the atmosphere. The second is atmospheric density, determined by the vehicle’s altitude. Temperature rise due to air friction, or drag, is negligible for vehicles on the ground, despite the high air density. But it becomes significant for fighter jets above the speed of sound. For spacecraft, other factors include materials, shape and angle of descent into the atmosphere. If an object fell vertically from an altitude of 850 km, with no friction before it slows down in the atmosphere below 200 km, it would reach a maximum freefall velocity of just 250 m/s (or 900 km/h) after about 25 seconds. Compare this with Russia’s Foton capsules, which are recovered after missions in orbit where they travel at approximately 7.8 km/s (28,000 km/h). Irrespective of their initial altitude, they need thermal protection. Atmospheric re-entry is a science in itself. The key is to get the right balance between deceleration and heating. Braking is achieved by converting kinetic energy (forward motion) into thermal energy (heat). Rapid braking generates a huge amount of heat. If the descent is too steep, the rapid braking will generate more heat than the vehicle’s protective shield can absorb and dissipate, causing it to disintegrate. The re-entry angle must therefore be adjusted. The vehicle’s shape is also important. An aerodynamic craft will take longer to slow down, whereas a flat frontal area will offer resistance to re-entry, resulting in better braking. The other main parameter is the surface area exposed to the air flow. A bigger area will dissipate more heat, allowing better braking. The outside temperature of a capsule or shuttle on reentry can exceed 1,000°C. Physiology S/ESA /D Luc, engineer, Arles Physiologie © CNE namique demandera plus de temps de freinage alors qu’une forme plate opposera une forte résistance à la pénétration, donc un bon freinage. Et l’on peut encore ajouter à ce dernier paramètre la surface échauffée. Plus elle sera grande, meilleurs seront le freinage et la dissipation de la chaleur. Pour information, la température atteinte par les capsules en rentrée atmosphérique ou la navette spatiale peut dépasser 1000 °C. NOVEMBRE 2008 u cnes mag ERATVJ Écopolitique business & politics COREPER Réunion à Kourou des ambassadeurs auprès de l’UE Du 18 au 20 septembre s’est tenu, au Centre spatial guyanais, le Coreper* à l’initiative de son président, Pierre Sellal, ambassadeur de France auprès de l’UE. Dans la continuité de la réunion informelle des ministres de juillet, cette initiative a permis aux vingt-sept ambassadeurs des États membres d’appréhender concrètement les capacités de l’Europe dans le domaine spatial. À l’heure de poser les bases de la politique spatiale européenne, il était important que ces émissaires prennent toute la mesure des enjeux spatiaux. E n quoi consiste la fonction d’ambassadeur auprès de l’Union ? Pierre Sellal.: Chaque État membre 18 dispose à Bruxelles d’une représentation permanente (RP) auprès de l’Union européenne, avec à sa tête un ambassadeur. La nôtre regroupe plus de deux cents fonctionnaires de tous les ministères. Au-delà d’un rôle de courroie de transmission entre la capitale et les institutions européennes (Parlement européen et Commission surtout), la RP est chargée de représenter la France dans plus de deux cents comités et groupes de travail qui préparent les décisions des ministres au sein du Conseil de l’Union européenne. Ce rôle est d’autant plus important dans la période actuelle que nous présidons cette institution pour six mois : la RP dirige la plupart de ces enceintes et c *Le Comité des représentants permanents ou Coreper (article 207 du traité instituant la Communauté européenne) est chargé de préparer les travaux du Conseil de l’Union européenne. Il est composé des ambassadeurs des États membres auprès de l'Union européenne (« Représentants permanents ») et présidé par l'État membre qui assure la présidence du Conseil. Coreper EU ambassadors gather in Kourou From 18 to 20 September, the Coreper* met at the Guiana Space Centre at the initiative of its current chair, France’s EU Ambassador Pierre Sellal. Following on from the informal meeting of space ministers in July, this summit gave the EU’s 27 ambassadors the opportunity to learn more about capabilities and address space issues at a time when Europe is seeking to shape its space policy. s What is the role of an ambassador to the European Union? Pierre Sellal: Each EU member state has a Permanent Representation (PR) at the European Union, headed by an ambassador. France’s PR is staffed by more than 200 civil servants from all ministries. Besides acting as a conduit between Paris and EU institutions, especially the European Parliament and Commission, the PR represents France in more than cnes mag u NOVEMBRE 2008 200 committees and working groups preparing ministers’ decisions at the EU Council. This role is currently of prime importance during France’s six-month rotation of the EU presidency, as the PR is * The Permanent Representatives Committee or "Coreper" (Article 207 of the Treaty establishing the European Community) is responsible for preparing the work of the Council of the European Union. It consists of the member states' ambassadors to the European Union ("Permanent Representatives") and is chaired by the member state that holds the Council presidency. c u Propos recueillis par/ Interview by BRIGITTE THOMAS, CNES “ IL EST IMPORTANT QUE NOUS PRENIONS TOUS LA MESURE DE LA CAPACITÉ EUROPÉENNE DANS LE DOMAINE SPATIAL. IL S’AGIT D’UN SECTEUR OÙ L’EUROPE EST AU TOUT PREMIER RANG DANS PLUSIEURS BRANCHES, MAIS OÙ LE RISQUE DE DÉCROCHAGE EST RÉEL. NOUS AVONS LE DEVOIR DE FAIRE FRUCTIFIER LES INVESTISSEMENTS PUBLICS CONSENTIS. “ It’s important that we all realize Europe’s top-flight space capability. It’s a domain where Europe is right up with the very best in a number of areas, but there is a real danger of getting left behind. We have a duty to draw maximum benefit from public funds invested. © THE COUNCIL OF THE EUROPEAN UNION 19 NOVEMBRE 2008 u cnes mag anime leurs travaux pour atteindre les objectifs fixés par le président de la République et le gouvernement dans tous les domaines d’action de l’Union. Valérie Pécresse concluait la réunion informelle des ministres européens en charge du spatial à Kourou, en juillet dernier, par « nous nous sommes rejoints pour affirmer le caractère très politique des questions spatiales ». Quels sont pour vous les enjeux stratégiques qui justifient l’avènement d’une politique spatiale européenne? P. S.: Pour des raisons historiques (la conquête spatiale et la Communauté européenne sont nés la même année, en 1957), la Communauté puis l’Union n’avaient pas participé à l’aventure spatiale européenne. Cette relative absence de pilotage politique a abouti au développement d’un modèle spatial unique au monde, fondé exclusivement sur la science et la technologie. Ce modèle a fait ses preuves tant qu’il s’agissait de rechercher la meilleure technologie. Aujourd’hui, l’économie du secteur spatial est en pleine mutation. Ce qui était à la fin du siècle dernier une grande aventure est en train de devenir non seulement une activité économique à part entière, mais aussi un secteur stratégique de l’économie du XXIe siècle et un vecteur de puissance ou d’influence très important. En effet, 20 Pierre Sellal ouvre le Coreper depuis la salle Jupiter du Centre spatial guyanais. Pierre Sellal opens Coreper proceedings in the Jupiter control room at the Guiana Space Centre. les services spatiaux sont devenus des éléments critiques pour le bien-être des citoyens et la compétitivité de nos entreprises, bien au-delà de l’industrie spatiale proprement dite. Les experts prédisent l’émergence dans les dix prochaines années d’une sphère de services nouveaux issus du domaine de l’espace. Il s’agit d’une opportunité de croissance susceptible de créer de nombreux emplois, comparable à ce que représentait l’avènement d’Internet. L’Europe doit y prendre toute sa part. C’est dans sa capacité d’accompagnement et d’orientation que s’exprimera la valeur ajoutée de l’Union. Il est clair que le rôle de l’Union ne viendra pas concurrencer l’excellence technique des agences spatiales, de l’Agence spatiale leading the work of most of these bodies in line with the objectives set by French President Nicolas Sarkozy and the government. In conclusion to the informal meeting of space ministers in Kourou last July, France’s minister Valérie Pécresse stated that “this gathering has affirmed that space is an eminently political matter.” What do you see as the strategic issues driving European space policy? P.S: For historical reasons (the space era and the European Community both came into being in 1957), the EEC and then the EU have not been involved in the European space adventure. This relative absence of political leadership led to the development of a space model unlike any other, based exclusively on science and technology. This model worked well for technology research, but today the economics driving the space sector are undergoing a seismic shift. What was a great adventure at the end of the last century is becoming not only an economic activity in its own right, but also a strategic sector of the 21st-century economy and a vital lever of power and influence. Space-based services are today critical to citizens’ well-being and to business competitiveness, cnes mag u NOVEMBRE 2008 européenne en particulier. Il s’agit au contraire de compléter la capacité technique par une vision politique, en inscrivant les objectifs spatiaux dans le schéma de croissance de l’Union, afin de tirer pleinement profit des investissements consentis depuis quarante ans. Quelles sont les principales raisons de cette prise de conscience? P. S.: À l’heure actuelle, la mise en œuvre de la plupart des politiques communautaires passe à un moment ou à un autre par des données spatiales. Notre politique européenne de sécurité et de défense ne peut se passer des données spatiales. Les citoyens européens que nous sommes sont devenus dépendants de l’espace. reaching far beyond the space industry itself. Experts predict that new space-based services are set to emerge over the next decade, offering an opportunity to spur growth likely to create many jobs, much as the Internet revolution has done. Europe must be a part of that. The EU will add value to the project by providing support and guidance. Clearly, it is not going to attempt to rival the technical excellence of Europe’s space agencies, ESA in particular. On the contrary, its role is to provide a political vision to match this technical prowess, by integrating space objectives into the EU’s growth plans to fully exploit the investments of the last 40 years. What are the main reasons for this new focus on space? P.S: Today, most EU policies rely at some point on space data. For example, our European Security and Defence Policy cannot do without space data. Europe’s citizens are increasingly reliant on space. A day without satellites would be like a day without electricity. And that’s just the start of it. Tomorrow, demand for global connectivity delivering information in real time to mobile users will make space the nervous system of our societies. But firms outside the space sector can also develop applications: each © CNES/ESA/ARIANESPACE/CSG SERVICE OPTIQUE, P. BAUDON, 2008 J Écopolitique business & politics J Écopolitique business & politics Imaginer une journée sans satellites équivaut désormais à imaginer une journée sans électricité. Et ce n’est que le début. Demain, le besoin de connectivité globale et la soif d’information, en temps réel et en mobilité, feront de l’espace le système nerveux de nos sociétés. Mais le développement des applications par une entreprise ne nécessite pas d’investissement préalable dans le secteur spatial: chacune de nos PME, chacune de nos universités, peut avoir la bonne idée qui propulse l’Europe au premier rang. spatial. Il est important que nous prenions tous la mesure de cette capacité européenne de premier plan. Il s’agit d’un domaine où l’Europe est au tout premier rang dans plusieurs branches, mais où le risque de décrochage est réel. Nous avons le devoir de faire fructifier les investissements publics consentis. Un conseil conjoint réunissant les ministres de l’Union et ceux de l’Agence spatiale européenne s’est réuni fin septembre pour adopter une résolution ambitieuse pour la politique spatiale européenne (cf. rubrique Europe p 54). Ce document affirme la nécessité de développer des instruments et des schémas financiers adaptés et entérine quatre initiatives concrètes: est proche de son terme, et l’espace a déjà été beaucoup mis à l’honneur. Dès juillet, l’ensemble des ministres européens concernés se sont rendus en Guyane afin de tenir un conseil informel au sein du port spatial européen. Cela a permis aux ministres de voir « leur » centre spatial, de se rendre compte de la réalité concrète de cet indéniable symbole de succès européen. J’ai moi-même fait le voyage avec l’ensemble du comité des représentants permanents, parce que l’espace est en train de devenir de facto une compétence de l’Union et que certains de nos collègues d’autres États membres connaissent mal les capacités de l’Europe dans le domaine and every one of our SMEs and universities can come up with a good idea that will take Europe to the top in their domain. © CNES/ESA/ARIANESPACE/CSG SERVICE OPTIQUE, P. BAUDON, 2008 Quelles sont les prochaines grandes étapes impliquant les instances communautaires? P. S.: La présidence française de l’Union le renforcement de l’utilisation de l’espace pour la compréhension du changement climatique; l’espace en tant que marché porteur susceptible de donner de l’élan à une nouvelle industrie des applications spatiales; le lancement d’un système de surveillance des débris spatiaux pour assurer la sécurité de nos satellites; et enfin une volonté de l’Europe de participer à sa juste mesure à un projet mondial dans le domaine de l’exploration de l’espace. Enfin, pour donner l’impulsion politique nécessaire à la définition d’une vision politique partagée pour l’Europe spatiale, l’espace devrait figurer parmi les thématiques des conclusions du Conseil européen de décembre. ■ 21 Visite par l’ensemble des ambassadeurs des installations de la base de lancement. What are the next major milestones The ambassadors visit the launch base facilities. involving EU institutions? P.S: France is approaching the end of its term as EU president and space has already September to adopt an ambitious European space policy received a lot of attention. In July, EU ministers in charge of space resolution (see Europe section p. 54). This document affirms the held an informal meeting at Europe’s spaceport in French Guiana. need to develop appropriate financing schemes and instruments, This gave them a chance to see “their” space centre and an and identifies four concrete initiatives: greater use of space to learn undisputed symbol of European success up close. I made the trip more about climate change; developing space to spur a new space with all of the members of the Coreper, because space is becoming applications industry; launching a space surveillance system to a de facto competency of the EU and some of our colleagues from monitor space assets and space debris; and affirming Europe’s other member states are unaware of Europe’s space capabilities. desire to play a commensurate role in an international space It’s important that we all realize this top-flight capability that we exploration programme. have. It’s a domain where Europe is right up with the very best in a Lastly, to provide the political momentum needed to define a number of areas, but there is a real danger of getting left behind. shared space policy vision for Europe, space is expected to feature We have a duty to draw maximum benefit from public funds among the conclusions of the EU Council meeting in December. ■ invested. A joint council of EU and ESA ministers met end NOVEMBRE 2008 u cnes mag J Écopolitique business & politics u ALINE CHABREUIL, CNES « Bienvenue chez vous » ’est par ces mots que Yannick d’Escatha a accueilli au Centre spatial guyanais les membres du Coreper le 19 septembre 2008. Invités par Pierre Sellal, ils ont pu découvrir le port spatial de l’Europe. Des exposés du président du CNES sur les enjeux d’une politique spatiale européenne, de Daniel Sacotte sur le rôle et les missions de l’Esa, et de Françoise Bouzitat sur l’importance d’Arianespace pour que l’Europe dispose d’un accès à l’espace autonome et performant, ont permis à tous de situer le rôle des différents acteurs et des enjeux politiques, économiques, scientifiques et industriels de l’Europe spatiale. En concluant la séance de ques- C tions-réponses, l’ambassadeur de France a souligné l’importance pour l’Union de jouer pleinement son rôle afin de mettre au service du citoyen tous les services offerts par les techniques spatiales et permettre aux différents acteurs de développer les compétences nécessaires afin que l’Europe reste une puissance spatiale mondiale de premier rang. Cette dimension européenne, les ambassadeurs ont pu aussi en prendre conscience en visitant les installations: l’ensemble de lancement Ariane 5 et de préparation des satellites et les installations Soyouz et Vega qui seront opérationnelles en 2009. “Welcome home” With these words, CNES President Yannick d’Escatha greeted Coreper members to the Guiana Space Centre on 19 September. At the invitation of Pierre Sellal, they were able to discover Europe’s spaceport first hand. Talks from Yannick d’Escatha on CNES and European space policy issues, Daniel Sacotte on the role and missions of ESA, and Françoise Bouzitat on the importance of Arianespace in sustaining an effective and independent launch capability for Europe gave all present a clear picture of the key stakeholders and political, economic, scientific and industrial issues driving Europe’s space effort. At the end of the Q&A session, France’s ambassador underlined how important it is for the EU to play a full role delivering spacebased services to citizens and helping stakeholders to develop the skills necessary for Europe to remain a topranking world space power. The ambassadors also visited the Ariane 5 launch complex, satellite preparation facilities and the Soyuz and Vega launch infrastructures that will be coming on stream in 2009. Rendez-vous à Saint-Cyr-sur-Loire - Forte affluence vendredi 26 septembre à Saint-Cyr-sur-Loire, où l’espace fait escale jusqu’au 2 novembre. Un événement qui se place dans la tradition des Enjeux de l’espace où, autour d’une exposition d’envergure, le CNES organise des animations pour les jeunes, des conférences grand public, des rendez-vous spatiaux dans plusieurs lieux de la ville pour sensibiliser l’ensemble de la population aux retombées de l’espace. L’objectif est également d’attirer les jeunes vers les métiers du spatial de réhabiliter l’envie de se tourner vers les filières scientifiques. À l’occasion du vernissage de l’exposition, le maire Philippe Briand, ancien ministre et questeur de l’Assemblée nationale qui en profitait pour célébrer les trente ans de coopération entre le CNES et l’université de Tours, a rendu hommage, avec humour, au rôle moteur de l’espace dans les applications médicales. « C’est un petit pays comme la France qui est à l’origine de la construction d’Ariane 5, numéro 1 mondial des lancements de satellites commerciaux, et c’est une petite ville comme Tours qui, grâce au laboratoire de biophysique de son université, a vu naître l’échographe réalisé par les équipes des professeurs Arbeille et Pourcelot (cf. CNES Mag n° 35) ! Des équipes qui assistent, à cet instant précis, les täikonautes chinois. » © CNES 22 t Photo souvenir de l’ensemble des membres permanents du Coreper en présence du président du CNES. Photo call for the Coreper members with the CNES President. © CNES/ESA/ARIANESPACE/CSG SERVICE OPTIQUE, P. BAUDON, 2008 s Space in Saint-Cyr-sur-Loire - A large gathering was present on Friday 26 September in Saint-Cyr-sur-Loire, Central France, for a space event that runs until 2 November. Continuing in the tradition of the Challenges of Space, CNES is organizing a large-scale exhibition and youth activities, public seminars and other space-related attractions around the town to show the public how space is contributing to our daily lives. The objective is also to inspire young people to pursue careers in space and to rekindle interest in science subjects. At the opening of the exhibition, the mayor and former minister Philippe Briand—also one of the three quaestors in the French National Assembly—took the opportunity to celebrate 30 years of cooperation between CNES and Tours University and paid a humorous tribute to the key role of space in developing medical applications. “A small nation like France was the prime mover behind the construction of Ariane 5, the world’s leading launcher of commercial satellites, and it is in a small city like Tours that teams led by Professor Arbeille and Professor Pourcelot have developed teleoperable ultrasound scanning at the hospital’s biophysics laboratory (see CNES Mag n°35). These teams are now assisting Chinese taikonauts as I speak.” cnes mag u NOVEMBRE 2008 u DIDIER JAMET pour le/ for CNES Sur le pavé des cités, l’espace Succès retentissant pour la quatrième édition de l’opération « L’Espace dans ma ville » ! Cette année, vingt et une villes ont accueilli sur leur territoire les ateliers très spatiaux du CNES et de Planète Sciences destinés aux jeunes des quartiers sensibles. © MAIRIE DE BELFORT S ur les vingt-sept communes ou communautés urbaines qui s’étaient portées candidates pour accueillir l’opération « l’Espace dans ma ville » cette année, vingt et une ont été finalement retenues. Une sélection qui est au cœur même de ce projet pédagogique itinérant du CNES, avec un critère primant tous les autres: que les villes accueillantes acceptent de pousser très loin l’intégration de l’opération dans le tissu associatif des cités. « Nous insistons auprès des élus sur la nécessité d’associer les structures de quartier au projet, allant jusqu’à former leurs animateurs pour que cette opération devienne vraiment la leur. L’expérience prouve que c’est le meilleur moyen d’assurer son succès », précise Aline Chabreuil, chef du service Communication publique du CNES, dont dépend ce projet. L’AGGLOMÉRATION DE MULHOUSE, PREMIÈRE DE LA CLASSE CETTE ANNÉE Le plus bel exemple d’un partenariat réussi fut cette année donné par la ville de Mulhouse, qui a accueilli « L’espace dans ma ville » dans un quartier qui fait l’objet d’un vaste projet de rénovation urbaine, et pour lequel l’espace était une occasion rêvée d’évoquer l’avenir et ses promesses. Les associations de quartier représentant cinq communes de l’agglomération mulhousienne ont très fortement adhéré au projet. Moyennant quoi, ce ne sont pas moins de quatre cents jeunes qui ont pu profiter des différents ateliers en une c Animations à Belfort. Activities in Belfort. Space on the streets The fourth Space in my City operation was a resounding success, with a record 21 cities taking part this year to host space workshops organized by CNES and Planète Sciences for youngsters in underprivileged areas. s Out of the 27 candidates who applied to be part of this year’s Space in my City operation, 21 cities made the final cut. For this travelling educational event conceived by CNES, one factor in the selection process counts above all others: host cities must be ready to work very closely with local associations in council estates. “We stress to elected representatives the need to work with local structures on the project, even going as far as training activity leaders so that they really appropriate it. Experience has shown this is the surest way to guarantee success,” says Aline Chabreuil, head of CNES’s outreach office, which is overseeing the project. Mulhouse tops the class The finest example of a successful partnership came this year from the city of Mulhouse in northeast France, which hosted Space in my City in a district undergoing large-scale urban renovation, where space was a wonderful opportunity to envision what the future might hold. Local associations from five boroughs in Mulhouse embraced the project enthusiastically. In all, no less than 400 youngsters attended workshops during the week-long event, launching water rockets, releasing balloons and building Mars rovers, as well as taking time out to see the planetarium. Mulhouse now intends to build on this success, as the Vice-President of the inter-borough council and Deputy Mayor Lara Million explains: “Next year, we hope to extend the success of this year’s event to 16 boroughs, with a tented space village to give the operation the visibility it deserves and cater to even more children.” Unlike northern and eastern France, where many cities have come forward, like Strasbourg which has been involved from the outset in 2005, the south and west of the country are still relatively uncharted territories for Space in my City. This year’s event reached as far south as Bastia and Alès. ■ NOVEMBRE 2008 u cnes mag 23 J Écopolitique business & politics PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ seule semaine, du lancement de fusées à eau au lâcher de ballons en passant par la construction de robots martiens, sans oublier le planétarium. Forte de ce succès, l’agglomération mulhousienne souhaite ne pas s’arrêter en si bon chemin, comme le confie Lara Million, vice-présidente de la communauté d’agglomération et adjointe au maire de Mulhouse: « L’année prochaine, nous espérons amplifier la très belle réussite de cette année en associant les seize communes de l’agglomération, et non plus seulement cinq. Cela nous permettra de créer un véritable “village de l’espace” formé d’une dizaine de tentes, de façon à donner à l’opération la visibilité qu’elle mérite et accueillir encore plus d’enfants. » À l’inverse du Nord et de l’Est, régions où de nombreuses villes se sont portées candidates, à l’image de Strasbourg, qui n’a jamais manqué une seule édition depuis la première en 2005, le Sud et l’Ouest du territoire métropolitain sont encore des terres de mission pour « l’Espace dans ma ville ». Cette année, la descente vers le sud a percé jusqu’à Bastia et Alès! ■ Le label «mondial » reconduit pour Aerospace Valley En juillet 2005, à la suite d’un appel à projets gouvernemental, le pôle de compétitivité Aerospace Valley, dédié à l’aéronautique, au spatial et aux systèmes embarqués, était créé et recevait un label « mondial ». Le 18 juin 2008, Hubert Falco, secrétaire d’État à l’Aménagement du territoire, et Luc Chatel, secrétaire d’État chargé de l’Industrie et de la Consommation rendaient publics les résultats de la mission d’évaluation des pôles de compétitivité. Aerospace Valley a vu son label reconduit pour trois ans. C es conclusions témoignent de l’influence stimulante du pôle de compétitivité sur un territoire. Vécue comme une chance pour la région Midi-Pyrénées et pour l’activité aéronautique et spatiale, Aerospace Valley est à la base d’une dynamique renforcée qui a permis le rapprochement entre les acteurs de l’industrie, de la recherche, de la formation et sous-tendu le développement économique et social. Une complémentarité fructueuse s’est même installée entre territoires impliqués dans les mêmes thématiques : depuis septembre 2007 Aerospace Valley coordonne une alliance mise en place entre les pôles aéronautiques et spatiaux que sont Aerospace Valley en régions Midi-Pyrénées et Aquitaine, ASTech en Île-de-France, dont le CNES est aussi un membre fondateur, et Pegase en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. La coordination de ces trois pôles favorise incontestablement le développement de la R&D et facilite l’émergence de nouvelles applications spatiales. RECONDUCTION DU CA Clôture à Mulhouse de la semaine festive en présence du maire de la ville, également secrétaire d’État à la Défense et aux anciens combattants, Jean-Marie Bockel et de Lara Million, adjointe déléguée à l'animation et à la démocratie locale. The week of festivities is closed in the presence of Jean-Marie Bockel, Mayor of Mulhouse and Junior Minister for Defence and War Veterans, and Lara Million, Deputy Mayor with responsibility for events and local democracy. cnes mag u NOVEMBRE 2008 © MAIRIE DE MULHOUSE 24 Le bilan présenté lors de l’assemblée générale d’Aerospace Valley le 25 septembre a mis en exergue le rôle positif de ce pôle dans lequel le spatial a un positionnement fort. Très concrètement, depuis le début 2006, une vingtaine de nouveaux projets en lien avec l’espace ont été labellisés. Le Centre spatial de Toulouse a, logiquement, pris une part active dans certains de ces projets ainsi que dans la mise en place de plateformes mutualisées, de sites d’expérimentations et de modules de formation pour les futurs utilisateurs. Enfin, des acteurs majeurs de l’innovation, comme les PME ou les laboratoires, ont trouvé la place qui leur revient. L’assemblée générale a également conforté le principe d’un conseil d’administration représentatif de u LILIANE FEUILLERAC, pour/ for,CNES s The review’s findings confirm that the competitiveness cluster has been effective in spurring activities in the Midi-Pyrénées region of southwest France. Aerospace Valley is viewed as an opportunity for the region and its aerospace sector, underpinning a concerted drive to bring stakeholders in industry, research and training closer together and to fuel economic and social development. Regions working in the same fields are also complementing one another well: since September 2007, Aerospace Valley has been coordinating an alliance with ASTech in the Paris region—of which CNES is a founding member—and Pegase in Provence-Alpes-Côte d'Azur, southeast France. Coordination between these three clusters is clearly encouraging R&D and nurturing new space applications. © CNES/DIST. /SPOT IMAGE, 2005 Board of directors retained Toulouse vue par le satellite d’observation de la Terre, Spot 5. Toulouse viewed by the SPOT 5 Earth-observation satellite. l’ensemble des acteurs au travers de sept collèges: grandes entreprises PME-PMI formation recherche structures de développement économique collectivités publiques et territoriales. En toute logique, le CST est partie prenante et siège au sein du CA du pôle. Marc Pircher, son directeur, y représente le collège recherche. Il est aussi secrétaire général du bureau. Enfin, il préside le comité de labellisation d’Aerospace Valley et le comité de cohérence et de consolidation de l’alliance tripartite des trois pôles. Le Centre spatial Toulouse est également représenté dans l’équipe permanente de direction. Enfin, il est intéressant de noter que, lors de cette dernière assemblée générale, Magellium, une PME du spatial, a rejoint le conseil d’administration. Son manager Jean-Pierre Madier a été élu représentant au collège des PME. ■ Competitiveness cluster Aerospace Valley’s global label of approval renewed In July 2005, following the French government’s call for projects, the new Aerospace Valley competitiveness cluster dedicated to aerospace and embedded systems received its “global” label of approval. On 18 June 2008, Hubert Falco, Junior Minister for Land Planning, and Luc Chatel, Junior Minister for Industry and Consumer Affairs, published the results of the first competitiveness cluster review. Aerospace Valley’s approval has been renewed for another three years. Aerospace Valley’s annual general meeting on 25 September highlighted the positive role played by the cluster, in which space occupies a strong position. Since early 2006, 20 new projects related to space have received the cluster’s seal of approval. The Toulouse Space Centre (CST) is actively involved in a number of these projects and is helping to set up pooled platforms, trial sites and training modules for future users. Key players in innovation, like SMEs and research laboratories, have found their rightful place in this scheme. The AGM also retained the principle of a board of directors representing the membership through seven electoral colleges: large manufacturing groups, SMEs, training, research, economic development structures, and local and regional authorities. The CST logically sits on the cluster’s board where the centre’s director, Marc Pircher, represents the research college and is Secretary General. He also chairs the Aerospace Valley label review board and the board charged with consolidating the tripartite alliance between the three clusters and ensuring that they work coherently together. The CST is also on the cluster’s permanent management team. A new SME member from the space sector, Magellium, joined the board of directors at the latest AGM and its managing director Jean-Pierre Madier was elected to represent the SMEs college. ■ NOVEMBRE 2008 u cnes mag 25 J Écopolitique business & politics UNIVERSITÉ Un plan spatial pour la région Midi-Pyrénées Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a décidé en février 2008 de mettre en place un « plan Campus » destiné à rénover et redynamiser les campus existants, afin de les rendre plus attractifs. Les acteurs du spatial de la région Midi-Pyrénées ont élaboré un « plan spatial régional » que le CNES et le PRES de l’université de Toulouse ont signé. Deux événements récents qui nous donnent l’occasion de faire un point sur la filière spatiale universitaire en Midi-Pyrénées avec Yannick d’Escatha, président du CNES et Jacques Erschler, président du PRES. L cnes mag u NOVEMBRE 2008 © DR 26 spatiale Midi-Pyrénées montre indéniablement par la signature de ce plan une ambition et une volonté de développement de la région. Le spatial constitue une force économique, industrielle, scientifique et technologique de premier plan de la région Midi-Pyrénées, même s’il existe encore de réelles possibilités d’expansion, notamment dans le domaine des applications ou de l’utilisation pratique des systèmes. En concentrant leurs forces sur des axes clairs soutenus par tous, les acteurs régionaux vont gagner en efficacité et en rayonnement, particulièrement à l’international. Le développement de nouveaux produits et services, la conquête de nouveaux clients et marchés, l’implantation de nouvelles entreprises, la création de © REA/L. MARIN a communauté spatiale de MidiPyrénées a élaboré un plan spatial régional signé par le CNES et le le PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur). Un tel plan est une grande première. Quel est selon vous l’apport d’une telle démarche? Que peut-on en attendre? Yannick d’Escatha : La communauté Jacques Erschler Yannick d’Escatha nouveaux emplois, voire de nouveaux métiers, pourraient bien être au bout du chemin. C’est dans tous les cas l’ambition collective affichée. Nul doute que ce plan fera école et fera des émules dans d’autres régions ou pays. Jacques Erschler : Cette démarche a le grand mérite d’associer pour la première fois explicitement, autour d’un projet de développement de l’activité spatiale, tous les acteurs concernés de la région MidiPyrénées. L’université de Toulouse, pôle de recherche et d’enseignement supérieur, qui regroupe l’ensemble des universités et grandes écoles de la région, vise en particulier à accroître la visibilité et l’attractivité internationale de notre site universitaire. Elle ne peut donc que se féliciter de cette initiative de la communauté spatiale dans un domaine qui est mis en avant dans le projet Toulouse Campus comme l’un des deux thèmes d’excellence à renforcer. Ce plan spatial avec ses objectifs, ses axes stratégiques et ses actions concrètes, constitue un appui déterminant pour le développement de l’Aerospace Campus et de son complexe scientifique et technologique de Montaudran associant étroitement recherche, formation et innovation pour le secteur spatial et aéronautique. Nous savons tous l’intérêt qu’il y a à soutenir la recherche de base pour la croissance mais nous pouvons aussi noter une grande pression pour des résultats tangibles à court terme. Comment s’inscrit le PRES dans la recherche utile au secteur spatial? Yannick d’Escatha: Le PRES est, comme l’étaient la plupart de ses composantes avant sa constitution, partenaire du CNES aussi bien pour l’enseignement et les formations aux métiers du spatial que pour la recherche technique sur les systèmes spatiaux du futur ou pour la recherche scientifique liée à l’utilisation des systèmes orbitaux (satellites). Nous savons bien que les projets spatiaux nécessitent de longues années d’étude et de développement avant de pouvoir être mis en service. Nous savons aussi qu’en amont de toute étude de projet, il y a un important travail de recherche de base sur les nouvelles technologies et les besoins spécifiques de la mission. Certains de ces travaux sont clairement du ressort des acteurs du spatial et associent naturellement le CNES, le PRES ainsi que d’autres acteurs comme les industriels ou les laboratoires d’autres organismes publics. D’autres travaux ne le sont pas, même si l’espace peut en retirer des bénéfices. Là, la coopération est alors plus ténue. Dans ces domaines, il faut inciter à une utilisation aussi large que possible, dans le domaine spatial notamment mais pas seulement, des résultats issus de la recherche de base. Enfin, il y a l’exploitation des données fournies par les satellites par les communautés scientifiques de recherche des sciences de la Terre et de l’Univers. Jacques Erschler: L’université de Toulouse rassemble des établissements dont les laboratoires de recherche sont très engagés dans la valorisation et le transfert technologique. Ainsi parmi ces laboratoires, trois sont labellisés « Institut Carnot » (Cirimat, Laas, Mines) et effectuent des recherches pour le secteur spatial. De nombreux autres laboratoires s’inscrivent dans cette démarche et développent des activités en relation directe avec le secteur spatial. Pour renforcer la chaîne entre la recherche de base et ses retombées socio économiques, le PRES vient de créer un département valorisation destiné à mutualiser des ressources et des compétences au service de la valorisation des recherches de l’ensemble de nos laboratoires, en fédérant les différents acteurs actuels (Saic, Avamip, etc.). Enfin l’École doctorale aéronautique et astronautique, récemment créée, permet de faciliter la c © CNES/M. PEDOUSSAUT, 2007 u Propos recueillis par/ Interview by CATHERINE LAMBERT et/ and DANIEL HERNANDEZ, CNES Préparation au lancement de la fusée expérimentale Perseus à La Courtine. Preparing to rocket the Perseus experimental rocket at La Courtine. Universities A regional space plan for Midi-Pyrénées Valérie Pécresse, France’s Minister for Higher Education and Research, decided in February this year to introduce a “Campus plan” designed to refurbish and breathe new life into university campuses and make them more attractive. Space players in the Midi-Pyrénées region of southwest France have established their own regional space plan, to which CNES and the Toulouse University higher education and research cluster (PRES) have signed up. These two recent events prompted us to look at how space is doing in France’s universities with CNES President Yannick d’Escatha and PRES chairman Jacques Erschler. s The Midi-Pyrénées space community has established a regional space plan signed by CNES and the PRES higher education and research cluster. This plan is a major first. What do you see as its likely benefits? Yannick d’Escatha: The Midi-Pyrénées space community is undeniably affirming its ambition to pursue the region’s development. Space is a key economic, industrial, scientific and technological asset for the region, but there is still room for expansion, especially in the practical applications of space systems. By focusing their efforts on clear objectives shared by all, the region’s stakeholders will boost their efficiency and broaden their reach, particularly in international markets. This in turn could help to develop new products and services, break into new markets, create new companies and jobs, and even new career opportunities. The plan is underpinned by a shared ambition and I think it will inspire similar initiatives in other regions and countries. Jacques Erschler: The merit of this initiative is to have brought together all stakeholders in the region on a development project for the first time. The PRES cluster in Toulouse, encompassing all of the region’s universities and top schools, is looking in particular to boost the visibility and international appeal of our universities. So we are delighted to see this initiative being driven by the space community in a domain that the Toulouse Campus project has singled out as one of two areas of excellence to be consolidated. The objectives, strategic focus and concrete actions outlined in this space plan are a great springboard for the development of Aerospace Campus and its science and technology complex at the Montaudran site in Toulouse, which closely combines aerospace research, training and innovation. NOVEMBRE 2008 u cnes mag 27 c J Écopolitique business & politics préparation de thèses en relation avec le secteur spatial, dans le cadre de contrats Cifre par exemple. classes de BTS; les projets universitaires « Expresso »; un picosatellite cubique pour valider des composants électroniques soumis aux radiations solaires ; ou « Perseus », prototype d’une fusée équipée d’un moteur hybride testant des nouvelles technologies spatiales. Par ailleurs, les ingénieurs du CNES participent à l’enseignement de l’espace dans les cursus en dispensant des cours dans les grandes écoles et universités. De nombreux stagiaires sont accueillis dans nos centres chaque année et le CNES cofinance nombre de thèses de doctorat. Chaque promotion compte une centaine de doctorants et post-doctorants. L’importance de la science et de la technologie pour l’activité économique de nos régions n’est plus à démontrer. C’est pourquoi le plan spatial régional de Midi-Pyrénées inclut un volet tourné vers les jeunes, visant plus particulièrement la culture scientifique, l’enseignement et la formation, ainsi que la recherche. De plus en plus de signaux semblent montrer une moindre motivation des jeunes vis-à-vis des études et des carrières scientifiques. Est-ce vrai dans le domaine spatial? Que peut-on faire pour redresser la situation? Yannick d’Escatha: Même si ce moindre attrait pour les carrières techniques et scientifiques chez les jeunes est général dans le monde, le CNES ne le ressent pas dans ses activités ni dans ses recrutements. Le CNES a mis en place d’importants moyens d’animation et de communication tournés vers les élèves du primaire et du secondaire ainsi que vers les étudiants du supérieur. Les réalisations foisonnent, comme par exemple le rendez-vous annuel à La Courtine pour les campagnes d’été des fusées-sondes avec les jeunes des clubs; la réplique du Rover martien de la mission MSL09 menée par douze Jacques Erschler: S’il est vrai que la motivation Robusta, le picosatellite conçu et fabriqué par les étudiants de l’université de Montpellier, dans le cadre de l’appel à projets Expresso du CNES. The Robusta picosatellite designed and built by students at Montpellier University for CNES’s Expresso call for projects. cnes mag u NOVEMBRE 2008 © CNES/E. GRIMAULT, 2008 28 des jeunes pour les études et les carrières scientifiques en général semble en diminution, je pense que le domaine spatial est plutôt moins touché que les autres secteurs. En effet, l’aventure spatiale fait toujours rêver les jeunes (et les moins jeunes) et les domaines d’application (environnement, communications, etc.) correspondent à des thèmes qui ont une image très positive chez les jeunes. Pour améliorer la situation, il faut à la fois lutter contre la désaffection des jeunes pour les sciences et la technologie en général et continuer à les sensibiliser aux attraits des activités et des carrières propres au domaine spatial, en faisant bien ressortir ses enjeux et son caractère passionnant. Le PRES souhaite agir dans le domaine de l’orientation et de la diffusion de la culture scientifique et technique, à destination notamment des jeunes en amont de l’enseignement supérieur (collèges et lycées). Un partenariat avec le CNES dans ce domaine serait intéressant. Les projets étudiants « Expresso » constituent, par ailleurs, un type d’action à développer. ■ We all understand the value of supporting basic research to drive growth, but there is also a lot of shortterm pressure to obtain tangible results. What is the role of PRES in sustaining useful research for the space sector? Yannick d’Escatha: PRES, like most of its components before the cluster was formed, is working alongside CNES on teaching and training for space careers, as well as on engineering research on future space systems and scientific research using satellites. We are well aware that space projects require years of research and development before they are operational. We also know that a lot of basic research has to be done upstream on new technologies and specific mission requirements. Some of this work is clearly the task of space stakeholders and naturally brings together CNES, PRES and other players in industry or at public research laboratories. Other kinds of work fall outside the scope of the space sector, even if space benefits from it. Here, cooperation is more arms-length. In such areas, we need to encourage the widest possible use—notably but not only in the space sector—of basic research. Lastly, the Earth and Universe science communities also make extensive use of satellite data. Jacques Erschler: Toulouse University’s research laboratories are closely involved in technology transfer and exploitation. Three of them—the Cirimat1 materials research and engineering centre, the LAAS2 systems analysis and architecture laboratory and the MINES3 innovation methods laboratory—do work for the space sector. Many other labs are pursuing the same approach and developing activities connected directly to space. To facilitate the transition of basic research into the economy and society, PRES recently created a research exploitation office designed to pool resources and skills in support of all our labs. This office federates all the players involved, such as universities’ industry and commerce departments and AVAMIP4, the regional research support agency. Lastly, the recently opened doctoral school of aeronautics and astronautics is encouraging theses in relation with the space sector, for example through research training contracts with industry. J Écopolitique business & politics Yannick d’Escatha: While young people’s enthusiasm for science and engineering careers appears to be waning worldwide, this isn’t impacting CNES’s activities or its ability to recruit. The agency is pursuing a major outreach effort toward primary and secondary schools, as well as students in higher education. For example, we organize a gathering every summer in La Courtine, Central France, where youth club members launch sounding rockets; we helped 12 students build a full-scale replica of the MSL09 Mars rover and are supporting university projects like Expresso5; a cube satellite to test electronic components exposed to solar radiation; and the Perseus prototype of a rocket with a hybrid engine to test new space technologies. CNES engineers are also involved in teaching space courses at top engineering schools and universities. We take on many interns at our field centres every year and we’re funding numerous doctoral theses, with 100 doctoral and post-doctoral graduates every year. Science and technology’s importance to the economy in the regions is obvious. That’s why the Midi-Pyrénées regional space plan also covers young people, focusing especially on science, teaching, training and research. Jacques Erschler: While it’s true that young people seem to be less motivated by careers in science, I think space is suffering less from this deficit than other sectors. The space adventure still inspires wonderment for young and old alike, and youngsters view the applications of space—environment and communications are two cases in point—in a very positive light. To remedy the situation, we need to halt declining interest in science and technology while continuing to stress the attractions of careers in space, by underlining the sense of excitement and the challenges it offers. PRES intends to work on providing careers advice and on disseminating science and engineering culture, especially toward junior-high and high-school pupils. It would be useful to do this in partnership with CNES. Expresso student projects are another type of action to be developed. ■ 1 © CNES, 2008 There are increasing signs suggesting that youngsters are losing interest in science studies and careers. Is this true in the space sector? What can we do to remedy the situation? Young researchers Two-day forum provides a platform for exchange s Through mentoring and cofunding for young researchers, CNES is making a very significant contribution to science and space technology research. The annual young researchers’ forum (JC2) aims to present the results of doctoral and post-doctoral students starting their last grant year, and to provide a platform for exchange between young researchers, industry, research and regional institutions. The eighth JC2 forum held in early October at the IAS aerospace institute attracted a wide audience, as CNES decided to open it this year to second-year doctoral students. This approach has fostered real synergies between young scientists, who were able to see the rich diversity of work undertaken by their elders and attend the lectures at the opening of each of the forum’s four sessions. The event brought together some 200 participants to peer into the future of space. ■ Centre Inter-universitaire de Recherche et d’Ingénierie des Matériaux Laboratoire d'Analyse et d'Architecture des Systèmes. 3 Méthodes INnovantes pour l’Entreprise et la Société Agence Régionale de Valorisation de la Recherche en Midi-Pyrénées 5 EXpérimentations et PRojets Etudiants dans le domaine des SystèmeS Orbitaux et ballons stratosphériques 2 4 JEUNES CHERCHEURS Deux jours sur une plateforme d’échanges ar le tutorat et le cofinancement qu’il offre aux jeunes chercheurs, le CNES contribue de façon très significative à l’effort de recherche dans le domaine des sciences et techniques spatiales. Les journées JC2, organisées chaque année, ont pour objectif de présenter les résultats des travaux menés par les doctorants et post-doctorants au début de leur dernière année de bourse et de favoriser des échanges fructueux entre les jeunes chercheurs et les participants (industriels, chercheurs et institutions régionales). Début octobre, la huitième édition de cette manifestation se déroulait dans les locaux de l’IAS (Institut aéronautique et spatial) avec une audience élargie. Le CNES avait souhaité ouvrir ces journées aux doctorants de deuxième année. Cette approche a permis de créer une véritable synergie entre les jeunes scientifiques. Outre la richesse des travaux de leurs aînés, ces jeunes chercheurs ont pu bénéficier de l’apport des conférenciers qui, à chacune des quatre sessions, ouvraient la séance. Ces journées ont réuni près de deux cents participants qui ont profité de moments d’échanges pour se projeter dans le futur du spatial. ■ P NOVEMBRE 2008 u cnes mag 29 ERATJ dossier special report GMES Un grand service public GMES: A broad- 30 cnes mag u NOVEMBRE 2008 u Dossier réalisé par/ Special Report by BRIGITTE THOMAS Lille A key step forward for GMES services Seven years after the first GMES forum in Lille, the programme’s backers met in the same city on 16-17 September to launch the first service phase. While the programme has key assets, including 10 operational satellites, much work still remains to agree on governance structures, funding beyond 2013, a legal framework, pooling of resources and much more besides, even though stakeholders’ visions are converging. This is where a European space policy really proves its worth, as the forum’s 850 attendees and exhibition confirmed, highlighting six key themes geared toward the same objective: planet Earth. s The 2008 GMES Forum definitely marked a major milestone in the Global Monitoring for Environment and Security programme (GMES), with the EC Vice President and Commissioner for Enterprise & Industry Günter Verheugen putting Earth firmly on the agenda. GMES services are now gathering pace and set to reach full operational capacity in 2014. européen Ten years in the making © AFP PHOTO/F. LO PRESTI based European public service Hautmont, près de Maubeuge, a été frappée le 3 août dernier par une tornade d’une violence extrême: 1100 habitations endommagées, 500 blessés, 3 morts. « Il faut que « GMES » puisse permettre la prévision de tels phénomènes et mettre en œuvre un plan climat pour nous aider dans nos prises de décision », précise en ouverture du forum Catherine de Paris, conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais. Hautmont, near Maubeuge in northern France, was hit on 3 August by a devastating tornado that ripped through 1,100 homes, leaving 500 injured and 3 dead. “GMES must enable us to forecast such phenomena and implement a climate plan to support decision-making,” said Nord-Pas-de-Calais regional councillor Catherine de Paris in her opening speech at the GMES forum in Lille. The objective of the GMES initiative, as originally formulated in 1998 in the Baveno Manifesto, is to develop broadly available services for Europe capable of delivering information on the environment and to enhance the security of people and property. These services are based on Earthobservation data acquired from space or in situ. GMES is therefore not a space programme as such but rather will benefit from space-based remotesensing technologies, much as weather forecasting already does. In the last ten years, the European Union and participating states from the European Space Agency (ESA) have deployed a major R&D effort to better define the scope of services, identify implementation priorities and develop the requisite space infrastructures through ESA. The priority sustainable development themes set out in 2006 by the NOVEMBRE 2008 u cnes mag 31 c J dossier special report LILLE Une étape clé pour les services « GMES » Sept ans après le premier forum GMES (Global Monitoring for Environment and Security) à Lille, les promoteurs du programme se sont retrouvés dans cette ville, les 16 et 17 septembre, pour lancer la première phase de services. Capitalisant de sérieux acquis dont plus d’une dizaine de satellites en service, il reste malgré tout du chemin à parcourir (gouvernance, financement au-delà de 2013, cadre juridique, mutualisation des moyens), même si les volontés de tous les acteurs convergent. L’utilité d’une politique spatiale européenne revêt ici tout son sens. 850 participants, une exposition organisée autour des six thèmes leaders en ont témoigné avec pour seul objectif : la planète Terre ! L es lumières viennent de s’éteindre sur le forum GMES 2008 qui a, incontestablement, marqué une étape clé dans la construction du programme. Le vice-président de la Commission européenne Günter Verheugen, également commissaire chargé des Entreprises et de l’Industrie, a remis la Terre au centre des préoccupations européennes. À partir d’aujourd’hui, les services « GMES » sont disponibles pour une utilisation pré opérationnelle, en attendant leur pleine utilisation en 2014. DIX ANS DE MATURATION L’objectif de l’initiative GMES, dont l’origine remonte à 1998 et au manifeste dit de Baveno, est de doter l’Europe d’un grand service d’intérêt général de fourniture d’informations sur l’environnement et pour la sécurité des personnes et des biens. Ces informations sont dérivées de données d’observation de la Terre, acquises à partir de l’espace aussi bien que sur le terrain. « GMES » n’est donc pas un programme spatial, mais il use et abuse des technologies d’observation à partir de l’espace, suivant en cela l’exemple de la météorologie, autre grande application de l’espace. Les dix années de travail depuis 1998 ont permis, grâce à un effort considérable de recherche et développement de la part de l’Union européenne et des États participants (ceux de l’UE et ceux de l’Esa), de mieux cerner les périmètres des services, d’identifier les priorités de mise en œuvre, et enfin de développer les infrastructures © CNES/F. PLOEGAERTS, 2008 32 cnes mag u NOVEMBRE 2008 spatiales manquantes via l’Agence spatiale européenne. Les thématiques prioritaires, formalisées dès 2006 par la Commission européenne, concernent tous les domaines de notre environnement pour un développement durable: l’océan, les territoires, l’air, la gestion des urgences humanitaires et la sécurité. Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux Transports, représentant Jean-Louis Borloo, ministre du Développement durable, l’a rappelé en guise de conclusion du Forum. Ces services, aujourd’hui dans un état de maturité suffisant pour être utilisés, ont fait l’objet à Lille de présentations à la fois didactiques en séance plénière, mettant en scène des utilisateurs ayant contribué à leur construction, et détaillées dans un espace spécialement conçu pour cela. On a pu ainsi mesurer le chemin parcouru depuis 2001, année d’une première manifestation GMES à Lille. La réunion de 2001 avait permis de mobiliser les politiques autour du concept qui commençait à peine à prendre forme. Elle avait servi de déclencheur des financements massifs de ces dernières années. La réunion de 2008 a elle permis de montrer, aux politiques, mais surtout aux utilisateurs, que l’argent de la recherche et développement n’avait pas été dépensé en vain. PASSAGE À LA PHASE OPÉRATIONNELLE Il reste à présent à assurer le passage d’un programme de recherche et développement à un programme « opérationnel » capable de fournir sans interruption les services qu’on attend de lui. Ce seront les défis des quelques années à venir. Günter Verheugen et Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’ont tous les deux rappelé. « GMES » doit être fondé sur un partenariat fort entre l’Union européenne et les États participants, qui permettra de mutualiser les infrastructures existantes et de faire profiter à tous des compétences de chacun, tant aux niveaux régional et national qu’au niveau européen, et d’assurer que rien ne sera développé si ce n’est pas nécessaire. Il doit également pouvoir être porté par des financements dédiés de l’Union dans sa phase opérationnelle, à c © CNES/F. PLOEGAERTS, 2008 u DANIEL VIDAL-MADJAR, coordinateur français du projet GMES/ French GMES project coordinator De gauche à droite: Philippe Busquin, député européen, Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Günter Verheugen, vice-président de la Commission européenne. From left: Philippe Busquin, MEP, Valérie Pécresse, Minister for Higher Education and Research, and Günter Verheugen, EC Vice-President. European Commission—oceans, land, atmosphere, emergency response and security—were reiterated in his concluding speech by Dominique Bussereau, France’s Junior Minister for Transport, representing Jean-Louis Borloo, Minister for Ecology, Energy, Sustainable Development and Land Planning. Service providers and users involved in developing services that have now reached operational maturity gave presentations at plenary sessions and exhibits were on display in a specially allocated space. Forum attendees were thus able to see how far the programme has come since the first GMES forum in Lille, in 2001, which focused the attention of policymakers on a concept that was then only just beginning to take shape. That gathering provided the initial impetus to secure the massive R&D funding agreed in recent years, while this year’s forum showed both policymakers and users that R&D money has been well spent. Transitioning to operations The challenge in the next few years will be to make the transition from the R&D phase to a fully operational programme capable of providing uninterrupted services, as Günter Verheugen and Valérie Pécresse, France’s Minister for Higher Education and Research, both stressed. GMES must be founded on a strong partnership between the EU and participating states to pool existing infrastructures and skills at regional, national and European level, and to avoid unnecessary duplication of development effort. Specific EU funding also must be committed to the operational phase, starting in 2014. Negotiations on the EU’s next budget cycle are set to begin in the months ahead, with a great deal of work to be done to estimate operating costs in order to build a convincing case and secure funding. A system like no other Once Europe has achieved this it will be able to take pride in what it has accomplished. The space component is a good case in point. All existing spacebased Earth-observation assets will be coordinated to give Europe a system like no other in the world. National missions—in France, Germany, Italy, Spain and the UK—as well as European programmes and missions from ESA’s Earth Observation Envelope Programme (EOEP), plus those initiated within the framework of Eumetsat, will give Europe a full environment and security service. Any remaining gaps will soon be filled by ESA’s Sentinel satellites, for which the EU is also contributing funding. The final challenge will be to quickly make GMES a vital development policy tool to spur economic growth. In this respect, all the programme’s backers will be focusing on product-driven sectors of the economy. In the years ahead, the European Commission and participating states should be putting in place institutional and other instruments to take the programme forward in this direction. ■ NOVEMBRE 2008 u cnes mag 33 J dossier special report partir de 2014. Nous entrons dans les mois qui viennent dans les négociations sur le prochain cycle budgétaire de l’UE. Un travail très lourd d’estimation des coûts de fonctionnement doit être entrepris pour être convaincant et remporter cette bataille budgétaire. C’est à cette condition que l’Europe pourra être fière de ce qu’elle a su mettre en place. Dans ce contexte, le chantier de la composante spatiale de « GMES » est exemplaire. En effet, l’ensemble des moyens existants d’observation de la Terre à partir de l’espace sera coordonné pour doter l’Europe d’un système unique au monde. Ce sont les missions nationales, en particulier françaises, allemandes, italiennes, britanniques et espagnoles, ainsi que les programmes européens, celles du programme de recherche de l’Esa, l’EOEP, comme celles mises en place dans le cadre d’Eumetsat, qui doteront l’Europe d’un système complet au service de © CNES/F. PLOEGAERTS, 2008 UN SYSTÈME UNIQUE AU MONDE Dominique Bussereau, secrétaire d’État chargé des Transports, devant une application de localisation présentée sur l’espace « Exposition ». Dominique Bussereau, Junior Minister for Transport, looks at a location application in the forum exhibition. l’environnement et de la sécurité. Les quelques manques dans le dispositif seront bientôt comblés par le programme « Sentinelles » de l’Esa, en partie financée par l’Union. Un dernier défi sera à relever: faire que « GMES » devienne rapidement un des outils incontournables des politiques de développement et qu’il contribue ainsi à la croissance de nos économies. © ES A/P. CARR IL, Économie « Un marché porteur » pour stimuler la compétitivité ’innovation principale de « GMES » est de mettre à disposition de tous les utilisateurs des informations génériques sur l’environnement et la sécurité et de qualité reconnue (« certifiée »). En s’efforçant de supprimer les freins à l’utilisation de ces informations, en particulier en adoptant une politique de distribution large et au coût minimal, l’Union européenne et les États participants au programme espèrent dynamiser tout un secteur économique qui consacre son activité à des services environnementaux, à destination des institutionnels pour évaluer les impacts de leurs politiques ou de compagnies du secteur privé dont l’activité est liée à l’environnement, par exemple les producteurs d’énergie, le secteur pétrolier, les travaux publics, les fournisseurs d’eau potable.Pour ce secteur d’activité, l’existence de « GMES » et de ses services doit permettre de proposer une panoplie plus large de services sur mesure. En effet, d’une part, toute une série de traitements et d’interprétations standard seront mutualisés (ce qui devrait économiser un travail que chacun faisait de son côté) et d’autre part, il mettra à disposition des services nouveaux, grâce à la mise en commun des moyens d’observation et des compétences de tous les acteurs en Europe. La pérennisation des infrastructures d’observation, en particulier les infrastructures spatiales, permettra une consolidation des produits et des services proposés, ce qui devrait encourager le développement du secteur. Les ministres chargés de l’espace, réunis à Kourou en juillet dernier, ont encouragé l’Union européenne à faire usage de tous les instruments, institutionnels ou non, à sa disposition pour soutenir le développement des services en aval. En particulier, Günter Verheugen s’est dit prêt à proposer que les applications de l’espace en général, et les services « GMES » en particulier, soient considérés comme un «marché porteur » ce qui devrait faciliter la mise en œuvre des instruments communautaires. L 34 2007 cnes mag u NOVEMBRE 2008 Sur ce dernier point, tous les promoteurs du programme seront particulièrement attentifs à favoriser le secteur économique des activités liées à l’utilisation des produits. La Commission européenne et les États participants devraient dans les années qui viennent mettre en place les instruments, institutionnels ou non, pour aider à aller dans ce sens. ■ Sentinelle 1, premier satellite environnemental de GMES. Sentinel 1, the first GMES environmental monitoring satellite. Business Lead market initiative to boost competitiveness s The main innovation of GMES is that it offers users generic, certified environment and security data. By striving to remove obstacles to uptake of such data, in particular by ensuring broad accessibility at minimal cost, the European Union and the programme’s participating states are looking to impart new momentum to an entire sector of the economy fuelled by environmental services. This kind of information will be valuable to institutional users for assessing policy impacts and to private firms working in areas related to the environment, such as power generators, oil companies, construction firms and water utilities. For this sector of activity, GMES will enable providers to offer a wider panoply of tailored services. It will pool a whole series of standard processing and interpretation operations, thereby avoiding duplication of effort, and support new services by federating Earth-observation assets and competencies from across Europe. These assets, in particular space infrastructures, will be sustained in the long term to consolidate products and services, which should give a boost to this sector. At their meeting in Kourou in July, space ministers encouraged the EU to use all institutional and other instruments at its disposal to support downstream services. Notably, Günter Verheugen signalled his willingness to propose that space in general, and GMES services in particular, be included in the EU’s Lead Market Initiative to make it easier to implement community instruments. u DIDIER JAMET pour/ for CNES LE CNES ET GMES CNES and GMES Une histoire naturelle Offrant à l’humanité le changement de perspective qui allait lui permettre de se choisir un avenir, les satellites d’observation de la Terre ont favorisé l’éclosion du concept de développement durable. C’est pourquoi le CNES entend prendre toute sa part de l’effort scientifique et technique à fournir pour atteindre les objectifs aussi ambitieux que nécessaires de « GMES ». yant acquis la capacité de lancer des satellites par ses propres moyens dès 1965, le CNES a, de concert avec d’autres agences spatiales nationales, joué un rôle déterminant dans la prise de conscience qui est à la base même du concept de développement durable: notre Terre est une petite oasis de vie perdue dans l’espace dont les ressources ne sont pas illimitées, et nous n’avons aucune planète de rechange. Placé, grâce à ses satellites, aux premières loges des changements brutaux qui affectent la planète, le CNES a très tôt proposé aux instances politiques nationales de mettre l’accent sur les missions d’observation de la Terre. A DIX MISSIONS PRÊTES À SERVIR « GMES » Tant et si bien qu’aujourd’hui, le CNES opère, prépare ou contribue à une dizaine de missions qui trouveront naturellement leur place dans le segment satellite de « GMES » : Spot, bientôt rejoint par Pléiades, pour la cartographie et l’aménagement du territoire; Topex et Jason 1 et 2 pour l’océanographie ; Parasol et Calipso pour la compréhension de l’impact des nuages et des aérosols dans le bilan thermique de la planète; Megha Tropiques pour le suivi des épisodes de mousson; Venµs pour le suivi de la végétation ou encore l’instrument Iasi, sur le satellite Metop, pour la température et l’humidité de l’atmosphère. Il faut d’ailleurs noter que les séries temporelles de données acquises par ces filières de satellites, pour certaines depuis plusieurs décennies (Spot), forment déjà une contribution très significative à l’étude du changement climatique. SUR TERRE COMME AU CIEL Cependant ce riche segment satellite n’est pas le seul sur lequel l’expertise du CNES s’avérera déterminante pour le succès de « GMES ». Ainsi ses savoir-faire acquis dans les domaines de l’imagerie, de l’altimétrie, ou du traitement des énormes quantités de données (que devra ingérer le système pour fournir des services pertinents), s’avéreront cruciaux pour l’efficacité du programme et la continuité de ses services. LE CNES EN POINTE SUR LES SERVICES DE BASE Ce socle de compétences et d’expertises développées par le CNES est si solide qu’il constitue déjà la base des premiers services, dits de base de « GMES », pour la plupart déjà disponibles et qui deviendront bientôt pleinement opérationnels. Le CNES offre ainsi une forte contribution au groupement d’intérêt public Mercator, lequel fournit à ses utilisateurs, c Eyes on Earth Earth-observation satellites have given us a new perspective on our future and helped to foster the concepts underlying sustainable development. Now, CNES intends to play a central role in the science and engineering effort required to reach the ambitious and necessary objectives set by GMES. s CNES acquired the capability to launch satellites in 1965. It has since been instrumental, in collaboration with other national space agencies, in opening our eyes to the fact that Earth is a small oasis of life in the vastness of space, with finite resources, and it is our only home. This is the key tenet of sustainable development. With its satellites providing a close-up view of the abrupt changes affecting our planet, CNES has encouraged national policymakers from the outset to focus on Earth-observation missions. Ten missions ready to serve GMES Today, CNES is operating, planning or contributing to ten missions that will naturally form a part of the space component of GMES: SPOT, soon to be joined by Pleiades, for mapping and land planning; Topex/Poseidon, Jason-1 and Jason-2 for oceanography; Parasol and Calipso for understanding the impact of clouds and aerosols on Earth’s heat balance; Megha Tropiques to monitor monsoon episodes; Venµs for monitoring vegetation; and the IASI instrument on the MetOp-A satellite for measuring atmospheric temperature humidity and trace gases. These satellites have acquired long time-series of data over the years—some, like c © EADS ASTRIUM GROUPE MASTE R IMA GE, © CNES /ILL./D. Jason 2. DUCROS, 2005 Pléiades. Pleiades. NOVEMBRE 2008 u cnes mag 35 2007 J dossier special report qui vont des opérateurs de plateformes pétrolières aux garde-côtes en passant par tous les gens de mer, des données cruciales sur la prévision de l’état de l’océan, qu’il s’agisse des courants, de la température de l’eau aussi bien en surface qu’en profondeur, de la hauteur des vagues ou de la salinité. Pour les gestions de crises, le CNES participe avec neuf autres agences spatiales à la charte internationale « Espace et catastrophes majeures », dans le cadre de laquelle il a développé des chaînes de logiciels de traitement d’images semi-automatiques. Celles-ci permettent par exemple de mesurer l’étendue des dévastations qu’a connues une région grâce à des cartes de changement par comparaison d’images (voir encadré). L’Agence spatiale française contribue au développement du pôle de compétence thématique Postel, dont le but est de fournir une cartographie de suivi de la biosphère à travers certains indicateurs décrivant la végétation, les rayonnements et l’eau. Il participe également aux pôles thématiques Ether et Icare, qui fournissent aux utilisateurs des produits sur la composition atmosphérique et le bilan radiatif de la planète, données cruciales pour la compréhension du changement climatique. UNE LONGUE TRADITION DE COOPÉRATION INTERNATIONALE Enfin, projet réunissant les efforts conjugués de toutes les nations européennes, « GMES » trouvera avec le CNES un partenaire rompu à une longue tradition de coopération internationale, tout particulièrement dans le domaine du développement durable. Rappelons que le CNES est membre du CEOS (Commitee on Earth Observation Satellites), organisme dont la mission est de coordonner les moyens spatiaux notamment vis-à-vis du GEO (Group on Earth Observation). « GMES » représentant la contribution européenne à GEO, le CNES veille tout particulièrement à la cohérence des activités qu’il entreprend dans les différents cadres où il se trouve impliqué, et apporte par là même de précieuses et pertinentes préconisations sur les pistes de coopération qui le concernent. De manière générale, le CNES, en tant qu’agence de recherche et développement, se positionne dans la première phase du programme qui prépare les futurs systèmes opérationnels. Ces systèmes seront progressivement pris en charge par les utilisateurs dans les phases ultérieures, à condition qu’ils répondent à leurs besoins et rentrent dans leurs priorités en observation spatiale. ■ The SMOS satellite will measure global soil moisture in land surfaces and ocean surface salinity. 36 cnes mag u NOVEMBRE 2008 ctivée en cas de catastrophe de grande ampleur, la charte internationale « Espace et catastrophes majeures », conclue en 2000 entre neuf pays, a pour objectif de fournir aux autorités locales et aux services de secours une évaluation aussi rapide que possible de la situation dans les zones sinistrées. La superficie généralement étendue des zones touchées par des événements tels que tremblement de terre ou cyclones fait que seuls les satellites permettent d’offrir une vue d’ensemble de la situation. Depuis sa création en 2002, la charte a malheureusement eu l’occasion de faire preuve de son efficacité à plus de deux cents reprises. L’exemple le plus parlant de son utilité reste sans doute la couverture globale du théâtre des opérations qu’elle a permis d’assurer lors du terrible tsunami de décembre 2004 dans l’océan Indien. Plus récemment, la charte a été activée coup sur coup lors du cyclone Nargis qui a frappé le sud de la Birmanie le 3 mai dernier, et après le séisme au Sichuan (centre de la Chine) le 12 mai dernier. Les images recueillies par les satellites lors ou immédiatement après l’événement permettent de dresser un premier bilan de situation, d’évaluer quelles voies d’accès les moyens de secours lourds vont pouvoir emprunter, ainsi que le nombre de sinistrés auxquels il faudra venir en aide. Outre les images des satellites qu’il contrôle, le CNES met à disposition dans le cadre de la charte un chef de projet spécialiste de l’interprétation d’images et au fait des spécificités de chaque type de sinistre. Il peut fournir à la demande des cartes croisant plusieurs informations telles que corrélation entre zone touchée par l’événement et densité de population dans cette zone. Ces prestations sont fournies gratuitement et démontrent s’il en était besoin l’irremplaçable apport du spatial à la gestion de crises affectant de vastes portions de territoire. 06 CROS, 20 A DU SA/ILL. D. © CNES/E © ES A/ P. C AR RI L ,2 00 6 Le satellite Smos observera, à l’échelle globale, l’humidité superficielle des terres émergées et la salinité de surface des océans. La charte internationale « Espace et catastrophes majeures » Le satellite européen Metop équipé de l’instrument Iasi. The European MetOp-A satellite carrying the IASI instrument. J dossier special report Image Spot 5 en 2, 5 m et couleurs naturelles acquise le 9 septembre 2008. Localisation: Gonaives, Haiti. Echelle: 1/25 000 SPOT 2.5-m natural-colour image acquired 9 September 2008. Location: Gonaives, Haiti. Scale: 1:25 000. Sous eau Under water Impactée Affected Zone urbaine Urban zone Zone rurale Rural zone Routes principales/ Main roads © NASA Tronçons principaux potentiellement affectés Main sections potentially affected Tronçons secondaires potentiellement affectés Secondary sections potentially affected International Charter on Space and Major Disasters s The International Charter on Space and Major Disasters, instituted in 2000 and currently federating nine nations, activated to provide local authorities and emergency services the quickest possible assessment of the situation on the ground in the event of a disaster. Only satellites can view the big picture of disasters like earthquakes or hurricanes, whose impacts are generally felt across vast areas. Since its inception, the charter has unfortunately had to spring into action more than 200 times. The most striking example of its utility to date is undoubtedly the coverage it provided in the wake of the terrible tsunami of December 2004 in the Indian Ocean. More recently, the charter was activated when Cyclone Nargis slammed into southern Myanmar on 3 May and after the Sichuan earthquake in central China on 12 May. Satellite imagery collected during or immediately after the event provides an initial picture of the situation for first responder teams to work out how to get heavy relief equipment to the area and gauge the number of disaster victims. Besides the imaging satellites it controls, CNES allocates the charter a project leader who is an image interpretation specialist familiar with the specific features of each kind of disaster. The agency can deliver maps on demand with several layers of information, combining for example disaster extent and population density. These services are supplied free and prove once more that space technologies are irreplaceable when dealing with a crisis affecting vast areas. © ES A/P. CA Sentinelle 2. Sentinel 2. RRIL , 200 7 SPOT, have been operating for decades—and are already making a big contribution to climate change research. On Earth as in heaven But the satellite component is not the only aspect in which CNES’s expertise is vital to the success of GMES. The agency’s know-how in imaging, altimetry and processing of the huge volumes of data that the system will have to ingest to deliver useful services is crucial to the programme’s effectiveness and to assure continuity of its services. CNES leads the way for core services This solid foundation of skills and expertise developed by CNES is the foundation for GMES core services, most of which are already available and will soon be fully operational. For example, CNES is a leading member of the Mercator consortium, which provides offshore oil rig operators, coastguards and seafarers vital sea-state forecasting data such as currents and temperature at the ocean surface and subsurface, wave heights and salinity. It is a member with nine other space agencies of the International Charter on Space and Major Disasters, for which it has developed semi-automatic image-processing software to aid disaster response, for example providing the ability to assess damage by comparing imagery acquired before and after the event (see box). The agency is also helping to develop the Postel national research cluster, which aims to map the biosphere at global scale and monitor a range of indicators describing vegetation, radiation and water. And it is involved in the ETHER and ICARE data centres, which deliver data products detailing atmospheric composition and the planet’s heat balance, both crucial parameters for understanding climate change. Long record of international cooperation As a joint effort uniting all European nations, GMES will benefit from CNES’s long track record in international cooperation, especially on sustainable development. CNES is a member of the Committee on Earth Observation Satellites (CEOS), which coordinates space assets for the Group on Earth Observation (GEO). GMES is Europe’s contribution to GEO, so CNES takes great care to ensure that all the efforts it is pursuing mesh together, and in this sense it provides precious and useful recommendations on possible areas of cooperation. In its role as a national research and development agency, CNES is working on the first phase of the programme to prepare future operational systems. These systems will progressively be handed over to users, provided they meet their needs and match their space-based remote-sensing priorities. ■ NOVEMBRE 2008 u cnes mag 37 © ADMINISTRATION MARITIME SUÉDOISE J dossier special report Brise-glace suédois en opérations dans la baie de Bothnie. Swedish icebreaker operating in the Gulf of Bothnia. Carte de l’épaisseur des glaces réalisée à partir d’une image radar. Ice thickness map generated from a radar image. À TITRE D’EXEMPLES… Hautmont, près de Maubeuge, a été frappée le 3 août dernier par une tornade d’une violence extrême : 1 100 habitations endommagées, 500 blessés, 3 morts. « Il faut que “GMES” puisse permettre la prévision de tels phénomènes et mettre en œuvre un plan climat pour nous aider dans nos prises de décision », précise en ouverture du forum Catherine de Paris, conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais. Le ton est donné, et les attentes réelles dans les services gouvernementaux, organismes publics de surveillance, de prévision, de sécurité et de protection civile. Détecter des nappes de pétrole, suivre les mouvements des réfugiés au Darfour ou mesurer les dégâts des feux de forêts… Aujourd’hui, il est temps d’aller plus avant dans la synergie des données et les moyens induits. Terres, mers, glaces, atmosphère : tout s’imbrique dans une machine complexe à l’équilibre de plus en plus fragile. Tour d’horizon rapide des premiers services opérationnels présentés à Lille. Carte de température de surface, en date du 14 octobre 2008, produite par Mercator Ocean. Surface temperature map for 14 October 2008, generated by Mercator Ocean. cnes mag u NOVEMBRE 2008 © MERCATOR OCEAN 38 © ADMINISTRATION MARITIME SUÉDOISE APPLICATIONS u BRIGITTE THOMAS, CNES Environnement marin Bulletin océan: À l’instar de la météo, Sauvetage: Au Canada, « GMES » aide © PÊCHES ET OCÉAN CANADA POUR LE TRAITEMENT, MERCATOR OCÉAN POUR LES DONNÉES les garde-côtes à accroître leur efficacité Route maritime : De même dans les zones arctiques, les vaisseaux briseurs de glace sont équipés d’un système de c © GARDE CÔTIÈRE CANADIENNE l’océan a aujourd’hui son bulletin grâce au Marine Core service de « GMES ». Il donne le pouls de l’océan en temps réel (en profondeur et en surface) sur n’importe quel point du globe. Que ce soit Shell ou Total pour la sécurité des personnels des plateformes ou le choix des forages, la nécessité de ce type de service ne fait aucun doute. Les cartes de prévisions quotidiennes sont élaborées aussi bien sur la Méditerranée traversée par 80 000 bateaux par an que sur le canal du Mozambique très fréquenté par les trasporteurs pétroliers ; sur le golfe du Mexique, berceau de cyclones violents, que sur la glace de mer de l’océan Arctique qui a perdu 1,5 million de kilomètres carrés de superficie. Ce bulletin est émis à partir des données satellitaires intégrées à des modèles numériques. Pour l’émettre, il ne faut pas moins de douze centres de productions! lors des sauvetages en mer en réduisant leur temps de recherche. Confrontés chaque année à d’importantes pertes humaines liées à des conditions maritimes difficiles (courants, icebergs), ils ont besoin de données précises en temps réel. D’ores et déjà des services sont fournis par « GMES » et par les prévisions météorologiques marines de Mercator Océan. Applications A wealth of services Hautmont, near Maubeuge in northern France, was hit on 3 August by a devastating tornado that ripped through 1,100 homes, leaving 500 injured and 3 dead. “GMES must enable us to forecast such phenomena and implement a climate plan to support decision-making,” said NordPas-de-Calais regional councillor Catherine de Paris in her opening speech at the recent GMES forum in Lille. Her remarks set the tone for the event and mirrored expectations at government departments and monitoring, forecasting, security and civil protection agencies. Whether for detecting oil slicks, tracking refugee movements in Darfur or assessing forest fire damage, today it is time to foster data synergies and resources. Land and ice surfaces, oceans and the atmosphere are all interlinked within Earth’s complex and increasingly fragile balances. We take a quick tour of the first operational GMES services presented in Lille. Oceans Des survivants dans un radeau de sauvetage sont récupérés par les garde-côtes canadiens. Survivors are rescued from a life raft by the Canadian coastguard. Sur la base de données « GMES », des informations telles que cette prévision à 12 heures des courants de surface sont produites quotidiennement par le département Pêches et Océans canadien. Elles fournissent des paramètres d’environnement essentiels pour assurer le succès des opérations de sauvetage en mer des garde-côtes. The GMES database generates daily data such as 12-hour surface current forecasts for the Canadian Fisheries and Oceans department. These data provide crucial environmental parameters for coastguard sea rescue operations. Ocean bulletins: Like the familiar weather forecast, ocean bulletins today provide vital information for seafarers thanks to the GMES Marine Core Service. These bulletins take the pulse of the oceans from the surface to the sea floor, in real time, anywhere in the world. For petroleum companies like Shell or Total assuring the safety of personnel on offshore rigs or deciding where to drill, this kind of service is absolutely vital. Daily forecast charts are compiled for the Mediterranean, crossed by 80,000 ships every year; for the Mozambique Channel, a major producer of oil; for the Gulf of Mexico, where huge hurricanes form; and for sea ice in the Arctic Ocean, which has shrunk by 1.5 million sq.km. These ocean bulletins are generated using satellite data integrated into numerical prediction models at no fewer than 12 production centres. Search and rescue: In Canada, GMES is helping the coastguard to respond more quickly to emergencies. Tough ocean conditions with strong currents and icebergs lead to loss of life every year, so the coastguard need accurate data in real time. Such services are provided by NOVEMBRE 2008 u cnes mag 39 c © MARINE NATIONALE J dossier special report Marée noire du Prestige. Oil slick from the Prestige. Environnement atmosphérique surveillance capable de déterminer avec précision la position des glaces afin de les guider vers des zones sans danger. « GMES » fournit automatiquement des algorithmes de détection des icebergs. Il procure une vision globale de l’état des glaces sur la mer Baltique. L’absence de prévision dans cette zone rendrait la navigation très périlleuse alors que plus de 1000 pavillons l’empruntent pour le commerce. Lors de l’hiver 2003, une centaine de navires s’étaient laissés prendre dans les glaces! cnes mag u NOVEMBRE 2008 tions de traitement à la clé. À ce jour, il existe des normes européennes d’expositions radioactives de sources artificielles mais aucune de sources naturelles. Ce service s’étend aux particuliers, qui sont de plus en plus sensibles au problème. Les informations peuvent leur arriver directement sur leur mobile. © DR une source nuisible, le ministère italien de la Santé n’hésite pas à lancer, sur son site officiel, une campagne de prévention contre les cancers de la peau chez les travailleurs de plein air. Chaque entreprise peut localiser ses chantiers et obtenir des indications sur la densité des UV selon l’heure et le lieu d’exposition avec sugges- © AIRTEXT/CERC/GSE PROMOTE 40 Pollution : Dans un autre registre, l’Agence maritime européenne (MSA) a mis sur pied un système de détection des nappes de pollution (marée noire, dégazage), grâce au réseau satellite Clean Sea Net, pour protéger les côtes européennes longues et vulnérables. Trente minutes après le repérage d’une tache, les données analysées sont transmises aux gardecôtes. Sur 886 nappes identifiées, 300 pollutions ont été confirmées. L’agence émet des données toutes les six heures sur la totalité du globe et toutes les six minutes sur les abords des côtes européennes afin d’identifier immédiatement les pollueurs. Ce système sert également à la surveillance de l’immigration clandestine et du trafic de drogue par bateau. Nuisance solaire : Quand le Soleil devient Carte de pollution accessible sur le site d’airTEXT. Pollution map accessible on the airTEXT website. J dossier special report Qualité de l’air: Autre nuisance sanitaire importante: la qualité de l’air. Que ce soit à Paris ou à Londres, ce facteur est extrêmement surveillé par les pouvoirs publics. Avec quatre millions de personnes, l’agglomération parisienne respire un air pas toujours satisfaisant, en hiver (stagnation des particules due à l’absence de vent) comme en été (seuil critique d’ozone). Airparif est en mesure, grâce à la modélisation de nombreuses données, de prévoir hebdomadairement le degré de pollution. L’observation thermométrique n’est pas possible par satellites. Par contre, ces derniers servent au calcul de la pollution, indispensables aux mesures à prendre (réductions du trafic, limitation de vitesse, etc.). De l’autre côté de la Manche, un service est utilisé, depuis mars 2007, pour la protection des Londoniens confrontés à une recrudescence d’asthme, d’emphysème et de troubles cardiaques. Dorénavant, tout un chacun peut être informé sur la qualité de l’air de sa rue pour les deux jours à venir, en recevant des SMS personnalisés à l’issue d’un questionnaire. Airtext, programme développé par des scientifiques anglais, utilise les informations fournies par « GMES » sur la composition de l’atmosphère. c GMES and by Mercator Ocean marine forecasts. Maritime routing: Likewise, in Arctic areas icebreakers are equipped with a tracking system capable of precisely calculating the position of ice to guide them to safer waters. GMES supplies iceberg detection algorithms automatically, offering a synoptic picture of ice in the Baltic Sea. This zone would be extremely dangerous without reliable forecasts for the more than 1,000 commercial ships sailing through it. During the winter of 2003, 100 ships got trapped by ice. Pollution: In an altogether different role, the European Maritime Safety Agency (MSA) has set up an oil slick detection system using satellite imagery from the Clean Sea Net to protect Europe’s long and vulnerable coastlines. Just 30 minutes after a patch is located in an image, the data are analysed and transmitted to coastguards. Out of 886 slicks identified, the system has confirmed 300 pollution incidents. The agency sends out data from around the globe every six hours and from along Europe’s coastlines every six minutes to identify polluters immediately. The system is also used to keep track of boats involved in people and drug trafficking. Atmosphere Harmful solar rays: When the Sun’s rays become harmful, the Italian Ministry of Health launches a campaign on its official website to protect people working outdoors against skin cancer. Firms can locate their sites and obtain information about UV exposure according to the time and place, as well as recommended treatment. Today, European standards govern exposure to artificial sources of radiation but none apply to natural sources. This service is also extended to citizens, who are now increasingly aware of the issue and can consult information on their mobile phone. Air quality: Another major health hazard is poor air quality. In Paris and London, the authorities are keeping a very close eye on the cities’ air. The air breathed by the Paris conurbation’s population of four million is not always up to standard, whether in winter when particles persist due to a lack of wind, or summer when critical Ozone thresholds are reached. The Airparif monitoring service models a host of data to generate weekly air pollution forecasts. While satellites cannot gauge air temperature, they can be used to calculate pollution levels, which are vital when imposing measures like traffic restrictions and speed limits. Across the English Channel, a service has been operating since March 2007 to protect Londoners suffering from a rise in cases of asthma, emphysema and cardiac complications. Airtext, developed by UK scientists, uses data from GMES to send street-level information on air quality for the next two days to subscribers via text messages to their mobile phone. 41 Les Parisiens sont loin de respirer un air toujours satisfaisant! The air in Paris isn’t always very clean. © DR Environment Urban sprawl: The densification of the globe’s megalopolises means they are increasingly looking to expand. A good example is Madrid, which is spreading out over 250 hectares—that’s equivalent to 300 football pitches. GMES is helping the city to better manage its peripheral areas according to types of soil, for example to mitigate flood or landslide risks, using satellite Earth imagery. The city has defined a number of sustainable planning scenarios, preserving green spaces and leisure areas. Faced with the breakneck NOVEMBRE 2008 u cnes mag c Suisse: carte d’occupation des sols en 2002. Land-use/land cover map of Switzerland, 2002. © INTECS S.P.A J dossier special report Suisse: carte de la couverture forestière la même année. Forest cover map for the same year. Environnement terrestre Urbanisation: Face à la densification des d’inondation, d’effondrement de terrain, etc.) grâce aux satellites d’observation de la Terre. Il lui a fallu élaborer différents scénarios en préservant des espaces verts et de loisirs afin de planifier la ville de façon durable. Face à l’augmentation galopante de la population madrilène, l’administration s’appuie sur les indica- © FOTOLIA mégapoles, les villes sont de plus en plus amenées à grossir. Madrid en est un bon exemple. La ville s’étend sur 250 hectares, soit 300 terrains de football. Pour ses zones périphériques, « GMES » lui a permis une meilleure gestion de sa surface en fonction de la nature des sols (risques teurs fournis par le programme Geoland, lesquels sont reliés aux données d’environnement et d’urbanisation, pour surveiller et gérer son extension. Madrid vue par le satellite d’observation de la Terre, Spot 5. Madrid viewed by the SPOT 5 Earth-observation satellite. cnes mag u NOVEMBRE 2008 © CNES/DIST SPOT IMAGE 42 Forêts: Les services de « GMES » sont également des supports efficaces dans les domaines de l’agriculture, de la conservation de la nature et de la surveillance des zones forestières. Par exemple, la péninsule d’Eiderstedt en Allemagne, véritable sanctuaire pour les oiseaux, est rendue vulnérable par l’avancée des surfaces agricoles. La zone est sous haute surveillance grâce à « GMES ». Par ailleurs, dans la région du Schleswig-Holstein, des informations précieuses sur la nature des forêts sont fournies par le programme Land Information Services. Car chaque J dossier special report pays est contraint, depuis le protocole de Kyoto (réduction de CO2), à faire un inventaire de ses forêts (superficie, type, fragmentation, défrichement, reboisement, dommages, zone protégée). Des mosaïques d’images satellitaires sur toute l’Europe ont démontré que de 1990 à 2005 la superficie forestière européenne a grandi. Ces informations couplées à des données spatio-temporelles permettent une modélisation du taux de carbone produit. Nitrates: Le bassin de la Sarre et de la Moselle, partie intégrante du bassin du Rhin, est le deuxième bassin d’Europe centrale. Sous surveillance de quatre pays frontaliers (France, Allemagne, Luxembourg, Belgique), les pollutions diffuses par pesticides sont sans cesse évaluées. « GMES » fournit aux autorités concernées des informations, grâce à la télédétection, sur les nutriments et les polluants afin de prendre des mesures d’urgence au besoin. Les mêmes informations sont distribuées de chaque côté des frontières pour garantir la bonne qualité de l’eau. Deux nouveaux utilisateurs par minute s’inscrivent sur le serveur dédié à cet effet! c growth of its population, Madrid is relying on environmental and urban planning data combined with indicators supplied by the GMES to monitor and manage its expansion. Forests: GMES services are also an effective aid in agriculture, nature conservancy and forest monitoring. GMES is closely watching the Eiderstedt peninsula in Germany, a bird sanctuary under threat from encroaching croplands. And in the Schleswig-Holstein region, the GMES Land Information Services programme is providing vital information on forest characteristics. To keep to their Kyoto commitments on curbing CO2 emissions, nations are required to compile forest inventories recording acreages, types, fragmentation, clearances, replanting, damage and protected areas. Satellite mosaics showed that forest acreages in Europe increased from 1990 to 2005. Combined with spatial and temporal data, such information enables carbon emissions to be modelled. Nitrates: The Sarre and Moselle basin, part of the Rhine river basin, is the second largest in Central Europe. The four countries bordering the basin— Belgium France, Germany and Luxembourg—keep constant track of pesticide pollution. GMES is providing the authorities with remote-sensing data on nutrients and pollutants so they can take emergency action if required. The same data are distributed in all three countries to guarantee good water quality, with two new users signing up on the server every minute. Supporting emergency and humanitarian response Fires: Forest fires in Greece are a perfect example of how GMES is helping to deal with increasingly traumatic natural disasters. On 23 August 2007, firemen operating in the Peloponnese received a first satellite image in less than 10 minutes. Very-high-resolution satellite imagery made it possible to locate hospitals, protect roads and evacuate populations, despite the appalling weather conditions. On 27 August, the International Charter on Space and Major Disasters was activated, providing daily data over a 10-day period to map forest damage and plan replanting, indemnify homeowners, monitor historic sites such as Olympia and build up an archive to help combat future fires. Floods: Another example presented at the GMES forum in Lille was the Danube River floods in Germany in 2005, which killed 12 people and caused $800 million worth of damage. c © ST. OUREVITCH 43 Le bassin de la Sarre et de la Moselle s’étend sur le Luxembourg, l’Allemagne, la Belgique et la France. The Sarre and Moselle basin is bordered by Luxembourg, Germany, Belgium and France. NOVEMBRE 2008 u cnes mag © MINISTÈRE FRANÇAIS DE LA DÉFENSE © MINISTÈRE FRANÇAIS DE LA DÉFENSE J dossier special report Feux dévastateurs dans la région du Péloponnèse (Grèce) en août 2007. Devastating fires in the Peloponnese, Greece, August 2007. Soutien aux situations d’urgence et aide humanitaire Feux: Parmi les nombreuses catastrophes localiser les hôpitaux et les voies d’accès à protéger en priorité, après l’évacuation des populations. Le 27 août, la charte internationale « Espace et catastrophes majeures » était déclenchée. Pendant dix jours, elle a fourni des informations quotidiennes. Grâce à elle, il existe aujourd’hui une cartographie des forêts détruites (reboisement), des habitations (indemnisation), des sites historiques (Olympie) ainsi qu’une archive pour prévenir les incendies futurs. naturelles, de plus en plus traumatisantes, les incendies en Grèce représentent un parfait exemple de l’apport de « GMES ». Dans la région du Péloponnèse, les pompiers ont reçu le 23 août 2007, en moins de dix minutes, la première vue de l’espace. Les images satellitaires de très haute résolution ont permis, malgré les conditions climatiques déplorables, de 44 Tremblement de terre dans la région du Sichuan (sud-ouest de la Chine) en mai 2008. Earthquake in the Sichuan region of Southwest China, May 2008. cnes mag u NOVEMBRE 2008 © REUTERS/J. LEE Inondation: Autre exemple présenté à Lille, le débordement du Danube en Allemagne en 2005: 12 morts, 800 millions de dollars de dégâts. Les données sur l’occupation des sols, complétées par des statistiques, ont servi à élaborer des cartes pour évaluer les dédommagements. Depuis un serveur, destiné aux ONG et autres organismes de ce type, donne des informations régulières sur le cours du fleuve. Camps de réfugiés: « GMES » répond aussi aux besoins de l’Union européenne en matière de politique étrangère et de politique européenne de Défense. Les utilisateurs en charge de la sécurité (police, armée, autorités) peuvent y avoir accès comme n’importe quel utilisateur. Que ce soit pour le Darfour ou le Tchad, le Haut-commissariat aux réfugiés a d’ailleurs demandé des informations précises sur les camps et leur extension, sachant qu’un camp abrite en moyenne 200000 personnes. L’imagerie satellitaire et le GPS ont permis de contrôler l’organisation de services tels que le transport, l’éducation, les points de distribution en eau, l’installation d’un dispensaire, etc. Il faut savoir qu’il en existe aujourd’hui 300 sous la responsabilité du HCR, situés dans 125 pays. Par ailleurs, l’Afrique, plus que tout autre continent, a besoin de comprendre l’évolution de la planète pour anticiper les conséquences directes sur l’économie locale. Souvent une sécheresse se termine par une famine. C’est pourquoi, dans le cadre du sommet de Lisbonne, « GMES » envisage avec ce continent un partenariat pour la sécurité alimentaire. ■ J dossier special report © MARINE NATIONALE Land-use/land-cover data were combined with statistics to generate maps for evaluating compensation. A server now provides NGOs and similar bodies with regular information on the river. Refugee camps: GMES is also serving EU foreign and defence policy requirements. Police, the military and government personnel in charge of security can access services like any other user. In Darfur and Chad, the UN High Commission for Refugees (UNHCR) has requested precise information on refugee camp populations, given that a single camp houses 200,000 people on average. Satellite imagery and GPS data help to organize services like transport, education, water distribution and the setting up of dispensaries. Today, there are 300 camps under UNHCR’s responsibility in 125 countries. More than any other continent, Africa needs to understand our evolving planet to anticipate the direct impacts of climate change on local economies. Often, drought leads to famine, which is why GMES envisions a food security partnership with Africa under the Lisbon Agreement. ■ © CROIX ROUGE FRANÇAISE La Marine nationale portant secours à deux bateaux transportant des immigrés clandestins. The French Navy comes to the assistance of two boats carrying illegal immigrants. © UNOSAT, DLR, PROJET RESPOND 45 Carte du camp de Goz Amer (Tchad) réalisée dans le cadre de « GMES ». Map of the Goz Amer camp in Chad generated by GMES. NOVEMBRE 2008 u cnes mag J société society SINNAMARY Ciment des relations franco-russes Depuis le mois de juillet, une communauté de travailleurs russes, forte de quelque quatre-vingts personnes, s’est installée en Guyane, dans la petite commune de Sinnamary, pour les besoins du chantier Soyouz. Au-delà du « choc thermique » qu’a pu représenter ce déménagement de Samara ou de Moscou à Sinnamary, qu’en est-il du « choc culturel » ? Comment ces Européens du nord de l’Europe s’intègrent-ils dans cette France sud-américaine, et de quelle façon sont-ils perçus par les habitants de Sinnamary ? Éléments de réponse. I l est 17h00 ce dimanche et la petite bourgade de Sinnamary peine à sortir de la torpeur qu’occasionne la chaleur tropicale d’un mois d’octobre forcément sec et chaud. Sur le terrain de football du stade, pourtant, des silhouettes s’animent, courent, jouent, s’interpellent en russe, créole, français et tout autre langage permettant approximativement de se comprendre. Chaque dimanche en effet, des rencontres de football amicales se déroulent entre Russes et Sinnamariens pour la plus grande joie des deux partis. Des rencontres qui illustrent bien l’incroyable facilité avec laquelle nos partenaires russes se sont intégrés au sein de la population de Sinnamary en seulement quelques semaines. « Nous faisons progressivement connaissance avec les gens en nous rendant de plus en plus régulièrement au bourg depuis l’hôtel du Fleuve où nous sommes logés », explique l’interprète Katia Ivanova, « et on trouve que les gens que nous rencontrons sont vraiment très gentils. Sans doute grâce à la qualité de vie que nous percevons ici. Il n’y a pas de stress, pas de pollution, pas d’embouteillages… C’est très agréable ». Le directeur de l’hôtel du Fleuve, Sébastien Haddad, non content de déployer des trésors d’imagination et d’énergie pour s’assurer du bien-être de ses hôtes (cf. encadré), a passé avec les restaurateurs et commerçants de Sinnamary des conventions qui c 46 Sinnamary Sinnamary seals French-Russian relations Since July, an 80-strong Russian team working on the future Soyuz launch site in French Guiana has made the small town of Sinnamary its home. Moving from Samara or Moscow to Sinnamary was certainly a temperature shock for them, but what about the culture shock? How are these northern Europeans coping in France’s South American overseas territory, and how are they getting on with the locals? CNESMAG decided to find out. s It’s 5.00 o’clock on Sunday afternoon and Sinnamary is wilting in the tropical heat of a hot and dry October. But on the football pitch, silhouettes are running around excitedly and shouting to one another in Russian, Creole, French and any other language that allows them to communicate. Russians and Sinnamarians really look forward to these weekly kick-abouts, confirming just how easily our Russian partners have adapted to life in Sinnamary in the space of a few weeks. “We’re spending more time out and getting to know people on our way into town cnes mag u NOVEMBRE 2008 from the Hotel du Fleuve where we’re staying,” says the interpreter Katia Ivanova. “The people we’ve met are really friendly, no doubt because of the lifestyle. There’s no stress, no pollution, no traffic jams… We love it here.” Besides going out of his way to make his guests feel at home (see box), the hotel’s manager Sébastien Haddad persuaded Sinnamary’s restaurants, bars and shops to accept a voucher system so that the Russians can eat and drink wherever they want, making it easier for them to mingle with the locals. c © CNES/ESA/ARIANESPACE/CSG SERVICE OPTIQUE, JM. GUILLON, 2008 u ANNE BELLANOVA, pour le/ for CNES Une fois la semaine sur le chantier finie, les Russes peuvent visiter la Guyane grâce aux excursions ou activités concoctées par la société Free Lance Service. Once the week’s work on the construction site is over, the Russians get to see French Guiana with excursions and activities devised by Free Lance Service. © CNES/ESA/ARIANESPACE/CSG SERVICE OPTIQUE, JM. GUILLON, 2008 47 NOVEMBRE 2008 u cnes mag instaurent un système de tickets permettant aux Russes d’aller manger dans n’importe quel restaurant ou consommer dans les bars de la place de façon à favoriser les échanges et les rencontres. ET ON S’ÉCHANGE DÉJÀ DES RECETTES taurants du bourg et celui de l’hôtel, une grande cuisine, équipée de façon tout à fait professionnelle, a également été mise à la disposition des Russes pour qu’ils puissent se faire des plats de chez eux, bien qu’avec les produits locaux, évidemment. « La plupart du temps on mange la cuisine locale », souligne Dmitriy Baranov, chef du chantier Soyouz pour la partie russe, « et ce qui nous plaît le plus ce sont les fruits, qu’on ne trouve évidemment pas chez nous, les jus, le poisson et aussi le gibier. Les légumes, on aime moins, il faut bien le reconnaître. » La cuisine est d’ailleurs une excellente base pour nouer des relations entre les communautés. « Nous avons un collègue qui a vraiment bien sympathisé avec un restaurateur de Sinnamary, au point que celui-ci lui prête parfois sa cuisine et offre la matière première pour que notre collègue lui © R. LE GUEN © CNES/ESA/ARIANESPACE/CSG SERVICE OPTIQUE, JM. GUILLON, 2008 De fait, ce système remporte l’adhésion unanime des Russes et des Sinnamariens. « C’est une clientèle très gentille et très polie », nous indique Barbara, patronne du restaurant Au Thé Kafrine. « Cela fait à peine un mois que j’ai ouvert ce restaurant et déjà nos amis russes prennent leurs habitudes. Comme il y a un certain turn-over dans les équipes de chantier, ils organisent leurs pots de départ chez moi, ils m’apportent des petits cadeaux de leur pays, on discute, je leur fait découvrir la cuisine française, qu’ils apprécient de toute évidence, j’apprends des mots de russe, ils apprennent des mots de français et ça nous permet d’échanger. » Outre les res- © CNES/ESA/ARIANESPACE/ CSG SERVICE OPTIQUE, JM. GUILLON, 2008 J société society 48 Trading recipes The system suits Russians and Sinnamarians alike. “Everybody’s really friendly and very polite,” says restaurant owner Barbara, who runs the Au Thé Kafrine. “I only opened my restaurant a month ago and our Russian friends are already regulars. As there’s quite a lot of turnover in the construction teams, they organize their farewell dos in my restaurant and they bring me gifts from home. We chat, so I learn some Russian and they learn some French, and I show them the delights of French cuisine, which they seem to appreciate.” In addition to the restaurants in town and at the hotel, a large professional-standard kitchen has been fitted for the Russians to do some home cooking, albeit with local ingredients of course. “We mostly eat local cuisine,” says Dmitriy Baranov, the Russian team’s Soyuz site manager. “We like the fruit best, which we obviously can’t get back home, and the juices, fish and game. Although it’s true that we’re less keen on the vegetables.” And cooking is a great way to make friends. “One of our guys has got really friendly with a restaurant owner in Sinnamary, who even lends him his kitchen and cnes mag u NOVEMBRE 2008 provides the produce for him to prepare Russian dishes,” adds Katia. The contact between the communities has dispelled some of the myths heard on both sides before the Russians arrived in French Guiana. Katia has an anecdote that illustrates the point well: “One evening, I noticed three young women from the village smiling at us in a restaurant in Sinnamary. I started chatting to them and they explained that they were surprised they could talk to us so easily, because they thought we were afraid of them.” Once they had got over the initial surprise and preconceptions, and the newcomers had had time to adapt, the two communities brought together by the requirements of Europe’s space programme only needed a few months to get to know and like each other. Given the very positive feedback from both sides at this still early stage, exchanges between Russians and Guianians look set to extend beyond food and sport, and why not to culture, philosophy and traditions? Indeed, to anything that makes peoples what they are. ■ fasse découvrir des plats russes », ajoute Katia. Des échanges qui permettent aux uns comme aux autres de rétablir certaines vérités par rapport aux idées préconçues et autres réputations usurpées qui pouvaient circuler avant l’arrivée des Russes en Guyane. Ce qu’illustre bien une anecdote de Katia qui nous raconte qu’un soir, dans un restaurant de Sinnamary, elle s’aperçoit que trois jeunes femmes du village les observent en souriant: « J’ai fini par entamer une discussion avec elles et elles m’ont expliqué qu’elles étaient surprises de pouvoir parler si facilement avec nous parce qu’elles pensaient que nous avions peur d’elles. » On constate ainsi qu’une fois passés les premiers étonnements, les idées préconçues, les nécessaires adaptations de tous ordres, ces deux communautés que les exigences du développement spatial ont mis en présence n’ont eu besoin que de quelques mois pour se découvrir des raisons de se connaître et de s’apprécier. À l’écoute des premiers échos, tous très positifs, tant du côté russe que du côté guyanais, sur cette cohabitation, gageons que ces échanges dépasseront très vite les simples domaines du sport et de la gastronomie pour s’étendre, pourquoi pas, à la culture, à la philosophie, aux traditions… à tout ce qui peut composer l’essence même des peuples. ■ © CNES/ESA/ARIANESPACE/CSG SERVICE OPTIQUE, JM. GUILLON, 2008 J société society Hôtel du Fleuve : presque le « Club Med » epuis qu’il a relevé le défi d’héberger en permanence près d’une centaine de Russes, Sébastien Haddad, directeur de l’hôtel du Fleuve, multiplie les innovations et les investissements pour améliorer sans cesse le bien-être de ses clients. Après avoir installé une salle de cinéma pour projection de films russes, une buanderie avec machines à laver professionnelles, des billards, un baby-foot, une table de ping-pong, une cuisine professionnelle, des liaisons Internet avec Wi-Fi… et avoir acquis des canoës kayak, un jet-ski, une pirogue et une coque alu, Sébastien a décidé de parier sur l’avenir et sur la pérennité de la présence russe à Sinnamary pour engager des travaux conséquents autour de l’hôtel. Les habitants de Sinnamary ont constaté que le fleuve était maintenant aux pieds de l’hôtel, où un grand carbet de détente et un ponton accueillent les amateurs de pêche ou de baignade. Plus loin, une dizaine de bungalows sont en construction pour augmenter les capacités d’hébergement de l’hôtel et pouvoir proposer aux résidents russes, lors de la phase d’exploitation du lanceur Soyouz, une offre de logement pour les familles. Enfin, en parallèle à l’offre de loisirs proposée par l’hôtel, une société de services extérieure, Free Lance Service, facilite également chaque week-end les activités diverses de nos amis russes pour qu’ils découvrent la Guyane: pêche au gros, visite des îles du Salut, excursions sur les fleuves de Guyane, balade à Cayenne, nuit au carbet, observation des ibis rouges, etc. « Cette clientèle représente une vraie bouffée d’oxygène pour l’hôtel qui souffrait jusqu’à présent d’un manque chronique de fréquentation », indique Sébastien Haddad, « il est donc normal qu’on soigne particulièrement nos hôtes et que l’on fasse en sorte qu’ils se sentent au mieux chez nous ». D 49 © CNES/ESA/ARIANESPACE/CSG SERVICE OPTIQUE, JM. GUILLON, 2008 Home from home at the Hotel du Fleuve s Since taking up the challenge of looking after 100 Russians week in, week out, the Hotel du Fleuve’s manager Sébastien Haddad has been busily innovating and investing to keep his guests happy. After setting up a projection room to screen Russian films, providing a laundry with professional washing machines, a billiard table, table football, table tennis, a professional kitchen and Internet with WiFi; and after acquiring canoes, a jet ski, a dugout and an aluminium boat, Sébastien decided to bank on the Russians being in French Guiana to stay and is having a lot of work done in the vicinity of the hotel. It is now right at the water’s edge, with a large chalet for guests to relax and a pontoon for fishing and swimming. Further on, 10 bungalows are being built to increase the hotel’s capacity and to offer Russian residents somewhere to live with their families once the Soyuz launcher enters its operational phase. Alongside the comfort and entertainment on offer at the hotel, an external provider, Free Lance Service, organizes activities every weekend for our Russian friends to get out and about in French Guiana, including big game fishing, excursions to the Îles du Salut and trips along the country’s rivers, walks in Cayenne, nights in a carbet (a local type of hut) and bird watching. “This clientele is a real boost for the hotel, which had suffered from a chronic lack of bookings until now,” says Sébastien Haddad. “So it’s only natural that we should be doing everything to make sure they feel at home here.” NOVEMBRE 2008 u cnes mag Installation d’une parabole d’un diamètre de 1 m 80 au siège de l'association Fimba à Bogandé (Burkina Faso), en présence de Chiara Scaleggi, responsable du projet au CNES et des représentants de l’association. A 1-metre-80-cm satellite dish is installed at the headquarters of the Fimba association in Bogandé, Burkina Faso, in the presence of CNES’s project manager Chiara Scaleggi and association members. NET-ADDED Les technologies spatiales partenaires incontournables des ONG 50 Un sol poussiéreux et désertique à perte de vue, une chaleur étouffante, une végétation d’épineux… et pas une route. En Burkinabé, le mot « communiquer » a du mal à exister tant est grande la carence en voies et en réseaux de toute sorte. Le programme Net-Added, mis en place avec le soutien de la Commission européenne, répond aux besoins d’accès au réseau mondial des populations et des ONG locales. D ans les zones subsahariennes du Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres au monde, dont le taux d’analphabétisme avoisine les 70 %, les taux de mortalité infantile et maternelle sont parmi les plus élevés du monde et le sida atteint 40 % de la population… il faut aller vite, très vite pour la cnes mag u NOVEMBRE 2008 survie des populations. Les ONG ont deux priorités: l’éducation et l’assistance sanitaire. Net-Added (New Technologies to Avoid Digital Division in E-Divided Areas), apporte le secours précieux des technologies spatiales: deux expériences sont en cours dans les villages déshérités de Bogandé et Ouahigouya. « L’idée était d’établir une connexion haut débit partagée par tous les utilisateurs et de reproduire des microvillages communicants », dit Chiara Scaleggi, qui, au CNES, coordonne le projet. « Via le satellite, l’accès à Internet a été fourni aux associations humanitaires sur le site. » Pour protéger les équipements des fréquentes coupures électriques, onduleurs © CNES J société society u LILIANE FEUILLERAC pour le/ for CNES spécifiques, groupes électrogènes et climatisation des salles ont été nécessaires. En parallèle, un terminal transportable – la valise ABCs@t – sera utilisée par les ONG dans les zones les plus isolées. Le haut débit permet ainsi à la télémédecine de se frayer un chemin jusque dans les villages de brousse et les centres de formation ont fait entrer le multimédia dans les cours d’alphabétisation pour une meilleure efficacité de leur action. Net-Added Space technologies bring vital support for NGOs The heat is stifling, the dusty desert soil stretches as far as the eye can see, thorn bushes grow all around… and not a road in sight. In Burkina Faso, the lack of networks and infrastructure makes communicating a daily struggle. The Net-Added programme, supported by the European Commission, is seeking to connect local populations and NGOs to the global network. UN FRÉMISSEMENT ENCOURAGEANT s In the sub-Saharan regions of Burkina Faso, one of the poorest countries on the planet with illiteracy running at near 70%, infant and maternal mortality among the highest in the world and 40% of people afflicted by AIDS, NGOs are in a race against time to ensure the survival of local populations. Their two priorities are education and health. To support them, the Net-Added programme (New Technologies to Avoid Digital Division in E-Divided areas) is testing solutions based on space technologies in the disinherited villages of Bogandé and Ouahigouya. “The idea was to establish a shared broadband connection and reproduce communicating villages at a micro scale,” explains Chiara Scaleggi, who is coordinating the project at CNES. “Humanitarian aid associations have satellite access to the Internet at the site.” Uninterrupted power supplies, generators and utility room air conditioning had to be installed to protect equipment from frequent power outages. NGOs will also use © C. SCALEGGI La mise en œuvre a dû tenir compte des freins inhérents à la culture et aux traditions, mais les premiers signes tangibles d’une bonne pratique des technologies se font sentir. « Chaque jour, nous avons accès au relevé des connexions et des utilisations. Indéniablement, ce service est utilisé de manière assidue et le retour que font les usagers est très positif. Le fait de pouvoir rechercher des informations sur Internet, d’envoyer des e-mails, d’avoir recours à des visioconférences ne résout pas tous les problèmes, mais cela participe à la lutte contre l’analphabétisme numérique », constate Chiara Scaleggi. Le soutien des ONG à la formation des utilisateurs est très actif: la période d’expérimentation initialement prévue jusqu’en avril 2009 va se poursuivre jusqu’en septembre 2009. Le programme va être également mis en œuvre au Bénin. Dans ce pays qui compte un médecin pour 15000 habitants, NetAdded a centré sa mission sur le soutien à la formation des médecins béninois spécialisés. Le CNES travaille avec l’Université médicale virtuelle francophone (UMVF) au développement du site universitaire de Parakou en partenariat avec l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), l’institut régional de santé publique à Ouidah, et avec l’OMS. Outre le bénéfice de cours en ligne, d’un accès à une base de données alimentée par des praticiens du monde entier et des services de télédiagnostic ou de télémédecine, le programme NetAdded permettra à ces centres d’être acteurs en créant des contenus mieux adaptés aux populations africaines. ■ the ABCs@t portable terminal in the most remote areas. In this way, broadband is taking telemedicine into the bush and training centres can use multimedia technologies to improve literacy teaching. Encouraging first signs Inherent cultural practices and traditions have not made it easy to implement this solution, but the first signs that the new technologies are being taken up are encouraging. “We consult connection and usage figures every day. The service is definitely being well used and the feedback from users is very positive. Being able to search information on the Internet, send e-mails and use videoconferencing doesn’t solve all the problems, but it’s helping to combat digital illiteracy,” notes Chiara Scaleggi. NGOs are providing very active support for user training and the initial trial period scheduled to run until April 2009 has been extended to September 2009. The Net-Added programme is also going to be deployed in Benin. In a country with one doctor to 15,000 inhabitants, Net-Added will be focusing on supporting training for its specialists. CNES is working with the UMVF francophone virtual school of medicine to develop the Parakou university campus in partnership with the AUF francophone university agency and the regional public health institute in Ouidah, in partnership with the World Health Organization (WHO). Besides the advantages of on-line teaching, access to a database with input from practitioners all over the world and telediagnosis and telemedicine services, Net-Added will enable these centres to play an active role in tailoring content to the needs of Africa’s populations. ■ Cours de formation médicale sur le paludisme dispensé, à l’institut régional de santé publique à Ouidah (Bénin), grâce à un point d’accès sans fils qui permet la liaison. Medical training course on malaria at the regional public health institute in Ouidah, Benin, using a wireless link. NOVEMBRE 2008 u cnes mag 51 J société society Une constellation en bande Ka pour alimenter les pays émergents O s New Jersey start-up O3b Networks (Other 3 billion) is clearly announcing its ambition to bring broadband connectivity to three billion people in Africa and emerging nations. To achieve its aims, it has put together financing with key equity sponsors Google, HSBC and Liberty Global. An agreement was signed in September. The company plans to supply Internet backhaul services via a constellation of 16 Ka-band satellites in low-Earth equatorial orbit at an altitude of 8,000 km, covering latitudes from 45 deg. North to 45 deg. South. O3b Networks’ system will avoid GEO interference issues by using techniques similar to those originally developed for the Teledesic and Skybridge systems. O3b Networks has signed a preliminary contract with Thales Alenia Space for 16 700-kg satellites with a design of life of 10 years. Eight of the satellites could be delivered by 2010-2011. ■ ’utilisation du géopositionnement par satellites ne cesse de s’étendre à de nouvelles applications, toujours pratiques parfois inattendues. Quel photographe, amateur ou professionnel, aurait pensé un jour pouvoir disposer d’une fonction de positionnement automatique sur son appareil pour lui indiquer son itinéraire? De nombreux fabricants proposent désormais un équipement à fixer sur la griffe du flash. Les données brutes sont stockées dans la mémoire interne de l’appareil. Un outil logiciel simple permet de visualiser la photo avec l’information de localisation précise, à quelques mètres près, et de datation. Avec cette dernière option, la recherche de photos peut s’effectuer non seulement par chronologie mais également en fonction des lieux où elles ont été prises. ■ L © DR Geotagging for cameras q s Satellite geolocation technologies are increasingly finding their way into new, practical and sometimes surprising applications. Professional or amateur photographers would never have thought a few years back that one day they would have an automatic geotagging function built into their camera to guide them to a shoot location. Many manufacturers now offer just such an accessory that connects to the camera’s hot-shoe. The raw data are captured in the camera’s internal memory. Simple software lets the user display photos with position and timing information accurate to a few metres. With this feature, photographers can now search their photos according to time and location. ■ POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT www.geotate.com/en/products www.alta4.com/eng/geoimaging/camera/features.php www.clubic.com/actualite-71011-sony-gps-cs1ka.html © DR 52 3b Networks, une nouvelle startup du New Jersey affiche ses ambitions : desservir en haut débit trois milliards de personnes qui, à ce jour, n’y ont pas accès, en Afrique et dans des pays émergents. Pour réaliser ses objectifs, elle a étudié un plan de financement adossé à des partenaires majeurs tels que Google, HSBC et Liberty Global. Un accord a été signé en septembre 2008. Concrètement, la société prévoit de fournir une infrastructure de réseau Internet via une constellation de seize satellites en bande Ka qui évolueraient sur une orbite équatoriale basse (8000 km d’altitude), et couvrirait un espace de latitudes comprises entre 45° nord et 45° sud. Le système d’O3b Networks éviterait les problèmes d’interférence avec les satellites géostationnaires en utilisant des techniques de noninterférence similaires à celles qui étaient envisagées par les systèmes Teledesic et Skybridge. O3b Networks a signé un contrat préliminaire avec Thales Alenia Space pour la fabrication des seize satellites de 700 kg dont la durée d’exploitation est estimée à dix ans, mais qui pourrait aller au-delà. Huit d’entre eux pourraient être livrés dès 2010-2011. ■ Appareil photo, option localisation Ka-band constellation for developing world cnes mag u NOVEMBRE 2008 J société society Cospas-Sarsat fête ses 20 ans à Biarritz e Conseil du programme international d’aide aux opérations de recherche et de sauvetage par satellite s’est réunit cette année en France, un des quatre pays fondateurs (aux côtés des États-Unis, du Canada et de la Russie). Aujourd’hui, ils sont 40 pays membres de l'accord intergouvernemental signé en 1988. En plus de 20 ans de bons et loyaux services, les satellites du programme Cospas-Sarsat auront sauvé pas moins de 24700 vies à travers le monde (fin 2007). Car ce sont plus d’un million de balises de détresse qui sont dispersées à la surface de la planète pour permettre de recueillir des informations d'alerte et de localisation terrestres, maritimes et aériennes. Aujourd’hui les quatre satellites américains Poes et le satellite européen Metop-A, qui composent Sarsat, emportent en orbite basse polaire des répéteurs, instruments canadiens, et des instrumentsprocesseurs français. La France qui préside le conseil Cospas-Sarsat tous les quatre ans, a accueilli fin octobre, pour la première fois, les 40 délégations à Biarritz. ■ © FOTOLIA L Golfeur, la casquette révolutionnaire ous les joueurs de golf se sont un jour demandé à quelle distance se trouvait le prochain trou ou quel club choisir pour être le plus performant? La technologie a trouvé la réponse: les casquettes et visières équipées de récepteurs GPS « Advisor » de la Société SkyKap. Le système est commandé par reconnaissance vocale qui transmet au golfeur à tout moment la distance exacte à parcourir, les scores du parcours, etc. Un produit qui assiste de manière pratique le joueur sans qu’il ait à lâcher son club! L’information de positionnement est en permanence suivie sur une carte détaillée du parcours qui calcule les distances vers le green, les bunkers et les limites du fairway, etc. Un microphone de haute qualité est installé dans la partie en contact avec la tête. Différents parcours peuvent être téléchargés dans la casquette par connexion USB. ■ T Revolutionary cap for golfers s All golfers have one day wished they had something in their bag to help with yardages and club selection. The technology they’ve been waiting for is here: Advisor GPS-enabled golf caps and visors from SkyKap. The voice-activated system gives golfers yardage data, lets them enter and track scores and much more besides. Real-time positioning information is continually tracked against a detailed map of the user’s selected golf course, and distances to green, bunkers and fairway boundaries are calculated. The cap/visor features a high-quality microphone and a USB port for downloading different courses. ■ q POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT www.skykapllc.com Cospas-Sarsat turns 20 in Biarritz s The council of the CospasSarsat international satellite searchand-rescue programme met this year in France, one of the four founding nations alongside Canada, Russia and the United States. In all, 40 member countries have joined the intergovernmental agreement signed in 1988. In over 20 years of loyal service, the satellites in the CospasSarsat programme have saved no fewer than 24,700 lives around the world (at end 2007). More than one million locator beacons are operating somewhere on the surface of the globe, transmitting distress calls and positions from on land, at sea and in the air. Today, the four US POES satellites and the European MetOp-A satellite that form the Sarsat system are carrying Canadian repeaters and French processors in low-Earth polar orbit. France, which chairs the Cospas-Sarsat Council every four years, hosted the council meeting in Biarritz at the end of October. ■ NOVEMBRE 2008 u cnes mag 53 ERATJ europe europe 5e CONSEIL ESPACE Adoption de la résolution à l’unanimité Le 5e Conseil Espace, du 26 septembre à Bruxelles, s’est conclu par l’adoption d’une résolution qui fera date dans l’histoire de la politique spatiale européenne. Réaffirmant les priorités actuelles de l’Europe en faveur des programmes Galiléo et « GMES », elle ouvre de nouvelles perspectives dans les domaines clés de l’environnement et du changement climatique, de l’exploration du système solaire, de la sécurité et de la surveillance de l’espace, ainsi que du développement économique et des marchés porteurs. Au-delà de ces importantes avancées, la résolution marque une nouvelle impulsion dans l’ambition spatiale de l’Union, portée par l’adhésion et le dynamisme de tous les États membres. L e vice-président de la Commission européenne Günter Verheugen, en charge de l’espace, et le directeur général de l’Esa, Jean-Jacques Dordain, ont présenté un rapport sur l’état d’avancement de la politique spatiale européenne (PSE), dressant un panorama des principaux progrès achevés 54 dans sa mise en œuvre depuis mai 2007, ainsi que les actions prioritaires pour l’année à venir. CONTENU PRÉPARATOIRE DE LA RÉSOLUTION Cette résolution se nourrit des discussions politiques qui ont eu lieu à Kourou en juillet dernier lors de la réunion des ministres européens en charge de l’espace, associant le Parlement européen et la Commission. Sur le fond, le texte « Faire progresser la politique spatiale européenne » vise à préciser la vision établie par la résolution de mai 2007 sur la place de l’Europe dans les activités spatiales. Rappelant en préambule que la PSE doit répondre aux besoins c 5 th Space Council Resolution adopted on all sides 26 September, the 5th Space Council in Brussels adopted a resolution that will mark a major step in establishing a European space policy. While reaffirming Europe’s current focus on the Galileo and GMES programmes, it opens new avenues in key domains such as the environment and climate change, solar system exploration, space surveillance and security, economic development and lead markets. Aside from these important advances, the resolution gives new momentum to the EU’s space ambitions, with the full and active backing of member states. s Günter Verheugen, European Commission Vice-President with responsibility for space, and ESA Director General Jean-Jacques Dordain presented a status report on the advancement of the European Space Policy (ESP) since its introduction in May 2007, and on priority actions for the year ahead. Preparing the resolution The resolution was inspired by policy discussions in Kourou in July at the informal meeting between EU ministers in charge of space, cnes mag u NOVEMBRE 2008 also attended by the European Parliament and Commission. The underlying purpose of the resolution, Taking forward the European Space Policy, is to flesh out the vision established by the resolution of May 2007 on Europe’s role in space. Its opening paragraphs reiterate that the ESP must respond to European policy needs and objectives, while relying on ESA, the EU and member states to make Europe a leading world space power. The resolution highlights the EU’s growing role in space, consistent with its status as a top player in the international arena. Consequently, it identifies c u GENEVIÈVE GARGIR, service Europe/ Europe Office, CNES “ LA PLUPART DES NOUVEAUX PAYS ENTRANTS DE L’UE ONT FAIT PREUVE DE BEAUCOUP D’ENTHOUSIASME CONCERNANT LA POLITIQUE SPATIALE EUROPÉENNE ET ONT CONFIRMÉ LEUR VOLONTÉ DE PARTICIPER PLEINEMENT AUX ACTIVITÉS DU SECTEUR SPATIAL, NOTAMMENT À LA MISE EN PLACE DES SERVICES. “ Most new EU entrants were very enthusiastic about the ESP and confirmed their desire to play a full part in space activities, notably in setting up services. © COMMISSION EUROPÉENNE /C. LAMBIOTTE, 2007 55 NOVEMBRE 2008 u cnes mag J europe europe des politiques et des objectifs européens tout en reposant sur les acteurs majeurs que sont l’Esa, l’UE et leurs États membres respectifs, qui feront de l’Europe l’une des principales puissances spatiales sur la scène internationale! Cet écrit met en exergue les responsabilités accrues de l’Union dans le domaine spatial, correspondant à celles qui incombent à un acteur mondial. De ce fait, une liste de sujets nécessitant une attention particulière a été établie: amélioration de la gouvernance et des mécanismes de financement de l’Union; garantie d’un accès autonome de l’Europe à l’espace; possibilité pour tous les États membres de participer aux activités spatiales; développement d’un cadre réglementaire propice à l’émergence rapide de services avals novateurs et compétitifs; promotion d’une approche cohérente à l’égard de la coopération internationale; ou encore renforcement de la coopération avec les pays en développement. Ce projet de résolution rappelle la priorité actuelle donnée à la mise en œuvre des programmes Galiléo et «GMES». Se félicitant des progrès réalisés depuis 2007, il demande notamment à la Commission européenne d’analyser les implications juridiques au titre de propriétaire des infrastructures spatiales qu’elle finance dans le cadre de Galiléo. Pour « GMES », le texte met l’accent sur la nature d’un bien public européen des don- 56 nées produites par de nombreux services d’information. Enfin, il établit de nouvelles priorités thématiques pour la PSE autour du changement climatique, de la stratégie de Lisbonne, de la sécurité et de l’exploration spatiale. ■ Espace et changement climatique : Le texte accueille favorablement l’intention de la Commission européenne de conduire une étude sur les besoins de la communauté scientifique travaillant sur le climat, en termes d’accès à des données normalisées et d’accroissement de la puissance de calcul disponible. Cette étude devra analyser les moyens de répondre à ces besoins, notamment par le biais d’un renforcement de la coopération entre les centres européens de recherche sur le climat. ■ Contribution des activités spatiales à la stratégie de Lisbonne: Le texte reconnaît que le secteur des services spatiaux est porteur de croissance et d’emploi pour l’Europe, notamment au sein des PME. Pour exploiter ce potentiel, un cadre réglementaire et des normes appropriées sont nécessaires. Inclure les activités spatiales dans l’initiative sur les « marchés porteurs » pourrait donc être envisagé. ■ Espace et sécurité: Le texte reconnaît que les systèmes spatiaux sont devenus indispensables à notre économie et donc que leur sécurité doit être garantie. En ce sens, l’Union, en concertation avec l’Esa et leurs États membres respectifs, devra jouer un a number of issues to be addressed: improving EU governance and funding mechanisms; guaranteeing Europe’s independent access to space; giving all member states the opportunity to get involved in space activities; developing an appropriate regulatory framework to facilitate the swift emergence of innovative and competitive downstream services; promoting a coherent approach to international cooperation in space programmes; and strengthening cooperation with developing countries. The resolution reaffirms the current focus on implementing the Galileo and GMES programmes. While welcoming advances made since 2007, it invites the Commission to address the legal implications of owning the assets it has funded for Galileo. Concerning GMES, the text emphasizes the role of GMES information services as a public good for Europe. Lastly, it sets out new thematic priorities for the ESP focusing on climate change, the Lisbon strategy, security and space exploration. ■ Space and climate change: the resolution welcomes the Commission’s intention to conduct a study to assess the needs of the scientific community for full access to standardized data and for increased computing power. This study must analyse the means cnes mag u NOVEMBRE 2008 rôle actif dans la mise en place progressive d’un dispositif européen pour assurer le suivi et la surveillance de son infrastructure spatiale et des débris spatiaux. ■ Exploration spatiale : Enfin le texte estime que l’exploration spatiale est une entreprise politique et planétaire dans laquelle l’Europe se devra d’agir. Elle doit donc élaborer une vision commune et une planification stratégique à long terme lui garantissant des positions essentielles et reposant sur ses domaines d’excellence. Dès lors il convient que l’Union, l’Esa et leurs États membres respectifs approfondissent le dialogue politique nécessaire avec les autres États et le promeuvent sur la scène internationale. La Commission européenne a, d’ailleurs, l’intention d’organiser une conférence politique sur une vision mondiale à long terme en matière d’exploration spatiale, ouvrant ainsi un débat public sur le rôle de l’Europe dans cette entreprise mondiale. DISCUSSIONS FRUCTUEUSES Cette résolution a été adoptée à l’unanimité par tous les États membres. La plupart des délégations ont félicité la présidence française pour la réunion informelle de Kourou. Ils ont mis en exergue les points suivants: le fondement même de la PSE repose sur la résolution adoptée en mai 2007; l’importance de la nouvelle résolution apporte une vision de l’espace required to fulfil these objectives, especially through closer cooperation between climate research centres in Europe. ■ Contribution of space to the Lisbon strategy: the text recognizes that space applications are expected to drive growth and jobs in Europe, especially for SMEs. An appropriate regulatory framework and standards are needed to exploit this potential. Space activities could thus be considered for inclusion in the Lead Market Initiative. ■ Space and security: the resolution recalls that space assets have become vital to our economy and that their security must thus be ensured. Consequently, the EU, working closely with ESA and member states, must play an active role in developing a European capability for monitoring and surveillance of its space infrastructure and space debris. ■ Space exploration: lastly, the resolution affirms that space exploration is a political and global endeavour in which Europe should play an active role. It must therefore develop a common vision and long-term strategic planning to ensure key positions based on its domains of excellence. This means the EU, ESA and their respective member states must further pursue the necessary political dialogue with other states involved and promote it on the © ESA/ S. CORVAJA, 2008 J europe europe Le 5e Conseil Espace, coprésidé par Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, pour la présidence française de l’UE, et par Maria Van der Hoeven, ministre néerlandaise des Affaires économiques, pour la présidence de l’Esa, s’est conclu par l’adoption à l’unanimité de la résolution par les 29 ministres européens en charge de l’espace (soit les 27 pays de l’Union, plus Norvège et Suisse). At the 5th Space Council, co-chaired by Valérie Pécresse, Minister for Higher Education and Research, for the French EU presidency, and Maria Van der Hoeven, Dutch Minister of Economic Affairs, for the ESA presidency, the 29 European space ministers (from the 27 EU member states plus Norway and Sweden) unanimously adopted the resolution. au service des citoyens européens et fait reconnaître l’Europe comme une puissance spatiale majeure sur la scène internationale; les priorités actuelles sont bien la mise en œuvre de Galiléo et de « GMES » (dont il est essentiel de bâtir un programme opérationnel, d’assurer la pérennité de son fonctionnement et de mettre en place les budgets supplémentaires nécessaires à son financement) ainsi que la continuité des données; l’Europe doit faire face à de grands défis comme le changement climatique ou la sécurité; l’accès des PME au secteur spatial doit être encouragé et facilité; enfin l’Union, avec le soutien de l’Esa, doit s’impliquer dans la stratégie mondiale d’exploration spatiale. La plupart des nouveaux pays entrants de l’UE ont fait preuve de beaucoup d’enthousiasme concernant la PSE et ont confirmé leur volonté de participer pleinement aux activités du secteur du spatial, notamment à la mise en place des services. Enfin des propositions ont été reçues, venant de la Grèce pour la création d’un « Centre de recherche européen sur le climat » dit « Grec », et de la Slovénie pour le siége de « GMES ». PROCHAINES ÉTAPES DE LA PFUE Lors du conseil compétitivité de début décembre, les ministres seront invités, à partir d’une communication de la Commission européenne sur « GMES », à adopter des conclusions sur ce programme, notamment sur sa gouvernance et son financement. Le Conseil européen de décembre pourrait reprendre à son compte certains éléments issus de la résolution du Conseil Espace de septembre. Ce serait la première fois qu’un Conseil européen traiterait de politique spatiale. Enfin mentionnons le Conseil de l’Esa au niveau ministériel qui se déroulera les 25 et 26 novembre à La Haye, dont l’enjeu sera de décider de nouveaux programmes mettant en application les principes discutés lors du Conseil Espace. Sans oublier l’événement grand public à Strasbourg, du 22 octobre au 5 novembre, dont le but est de faire découvrir l’Europe de l’espace à un large public à travers ses bénéfices pour la Terre et les citoyens, ainsi que l’exploration de l’Univers. ■ international scene. The Commission intends to organize a highlevel political conference on a long-term global vision for space exploration, to open a public debate on Europe’s role in this endeavour. confirmed their desire to play a full part in space activities, notably in setting up services. Lastly, proposals were tabled by Greece to create a European climate research centre (GREC) and by Slovenia to host GMES headquarters. Fruitful discussions Next stages of the French EU presidency Member states adopted this resolution unanimously and delegations congratulated the French EU presidency for organizing the informal meeting in Kourou. Points highlighted by the Space Council included: the ESP is founded on the resolution of May 2007; the new resolution establishes a vision for space serving European citizens and recognizes Europe as a major world space power; the current priorities are implementing Galileo and GMES— for which it is vital to build an operational programme, assure longterm continuity and agree on additional budgets to fund it—and assuring data continuity; Europe must meet major challenges such as climate change and security; involvement of SMEs in space must be nurtured and facilitated; and the EU, with support from ESA, must get involved in the global space exploration strategy. Most new EU entrants were very enthusiastic about the ESP and At the EU Competitiveness Council meeting early in December, ministers will be invited on the basis of a communication from the European Commission on GMES to adopt conclusions on this programme, in particular with respect to governance and funding. The December EU Council meeting could also take up some of the issues raised in the September Space Council resolution. This would be the first time an EU Council has discussed space policy. Finally, the ESA Ministerial Council meeting at The Hague on 25-26 November will be called on to reach decisions on new programmes applying the principles discussed by the Space Council. Not forgetting the special space event in Strasbourg, France, open to the public from 22 October to 5 November, which will be showcasing Europe’s space programme and how it is serving Earth, citizens and space exploration. ■ NOVEMBRE 2008 u cnes mag 57 ERATJ international world ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES AMÉRICAINES Le spatial s’invite dans la campagne Sur fond de crise monétaire et de difficultés à assurer la transition entre les navettes et les systèmes Ares/Orion, les enjeux de politique spatiale ont fait une entrée éclatante dans la course à la Maison Blanche ces dernières semaines. La publication par chaque staff de documents relativement précis explicitant les engagements des candidats en est la meilleure illustration. Barack Obama et John McCain, qui se sont tous deux rendus sur la « Space Coast » de Floride récemment, ont affirmé leur intention de soutenir vigoureusement la Nasa dans ses objectifs d’exploration spatiale. L 58 ors de son discours du 2 août à Titusville, le candidat démocrate Barack Obama avait surpris par son revirement en faveur de la Nasa et de l’industrie spatiale. En effet, ses précédentes déclarations en la matière, de novembre 2007, évoquaient un report du programme « Constellation1 » afin de débloquer des fonds en faveur de projets éducatifs. Le staff de John McCain avait réagi, une semaine plus tard, en mettant à jour une page dédiée à la politique spatiale sur le site officiel du candidat. Son adversaire a surenchéri avec la publication d’un document officiel de campagne particulièrement pointu, abordant la plupart des futurs grands défis auxquels la Nasa et la communauté spatiale américaine seront confrontées dans les années à venir. Barack Obama a manifestement été sensibilisé aux problèmes actuels du secteur spatial et à la situation délicate de l’agence spatiale américaine, si bien que les recommandations tirées du mouvement bipartisan du c 1 Programme d’exploration, « Constellation » a des objectifs ambitieux: construction rapide des systèmes Ares (lanceur) et Orion (capsule) pour remplacer la flotte des navettes, retour d’un équipage sur la Lune avant 2020, et installation d’une base lunaire vers 2024 pour préparer des futures expéditions vers Mars. Il est une des priorités de la Nasa. US presidential elections Space on the campaign trail With the economic crisis and problems in assuring an orderly transition from the space shuttle to the future Ares and Orion systems, space policy has become a prominent issue in the race for the White House in recent weeks. Both candidates have published detailed policy statements. Barack Obama and John McCain, who both visited Florida’s Space Coast recently, have voiced strong support for NASA’s space exploration objectives. s At his speech in Titusville on 2 August, the Democrat candidate Barack Obama surprised many with his newly expressed support for NASA and the space industry. In previous statements, notably in November 2007, he had talked about delaying the Constellation1 programme to release funds for education. John McCain’s staff reacted a week later with a page devoted to space policy on the Republican candidate’s official website. Not to be outdone, his opponent issued a very detailed campaign document cnes mag u NOVEMBRE 2008 addressing most of the major challenges facing NASA and the US space community in the years ahead. The current issues facing the space sector and the precarious position of the US space agency 1 The Constellation exploration programme has set ambitious aims: rapid construction of the Ares launch system and Orion crew return vehicle to replace the space shuttle; crewed mission to the Moon before 2020; and installation of a lunar base around 2024 as a stepping stone to Mars. It is one of NASA’s chief priorities. c u EMMANUEL DE LIPKOWSKI nos correspondants à Washington/ Washington correspondents États-Unis USA u FRANÇOIS DIDELOT aidés par/ with SARAH GUILLOU 59 © G.WOHLFORD/E.TIMES-NEWS/T.SLOAN/AFP “ CHAQUE CANDIDAT REVENDIQUE SON ATTACHEMENT ET SA DÉTERMINATION À DÉFENDRE LES INTÉRÊTS SPATIAUX DU PAYS À UN MOMENT OÙ LA NASA, QUI DOIT FAIRE FACE À DE MULTIPLES DIFFICULTÉS, CHERCHE UN NOUVEL ÉLAN. “ Both candidates are underlining their determination to defend the nation’s space interests at a time when NASA is facing many obstacles and looking to renew its momentum. NOVEMBRE 2008 u cnes mag world J international worldrld Congrès de juin dernier (« Nasa Authorization Bill 2008 », H.R. 6063), ont été largement reprises par le candidat démocrate. Le candidat républicain s’est récemment impliqué plus directement dans la politique spatiale du pays en demandant expressément au président Bush de suspendre le processus d’arrêt des navettes spatiales il y a quelques semaines. Celui-ci s’était préalablement frotté aux réalités de l’industrie spatiale de Floride lors d’une table ronde à Cocoa Beach en compagnie de décideurs, durant laquelle les restructurations et l’avenir de la région étaient à l’ordre du jour. POINTS DE CONVERGENCE Les débats concernant l’avenir du spatial ont donc pris une ampleur assez inédite dans la campagne, ce qui est probablement dû au contexte difficile de ces derniers mois. Le sous-financement chronique de la Nasa par rapport à ses objectifs ambitieux d’exploration, le renouvellement des compétences pour le moins incertain ou encore la montée de nouvelles puissances spatiales telle que la Chine sont autant de problèmes immuables auxquels l’agence devra faire face. Plus préoccupant encore, la dégradation des relations russo-américaines a brusquement remis en question l’accès à la station spatiale internationale (ISS), et par là même toute la stratégie spatiale américaine. En effet, la confiance accordée à Moscou pour accéder à la station orbitale après la retraite des navettes a été quelque peu ébranlée par les conséquences de la crise géorgienne. Chaque candidat revendique donc son attachement et sa détermination à défendre les intérêts spatiaux du pays à un moment où la Nasa, qui doit faire face à de multiples difficultés, cherche un nouvel élan. En définitive, les deux candidats sont en phase sur les grandes lignes de la politique spatiale à mener puisqu’ils préconisent tous deux un soutien financier au développement du programme « Constellation », et la réduction du « gap » dans les capacités de vols habités pour préserver l’indépendance spatiale américaine. Ils se montrent également préoccupés par le sort de la main-d’œuvre qualifiée qui travaillait sur les navettes et qui devra se reconvertir. DANS L’OMBRE DES CANDIDATS Le sénateur Bill Nelson (démocrate, de Floride) – chairman du sous-comité à l’Espace au Sénat – qui est un des parlementaires les plus engagés dans l’avenir du secteur spatial, fait également partie des conseillers les plus influents de Barack Obama sur ces sujets et n’est évidemment pas étranger à la publication de son document de campagne. Une des grandes figures de l’histoire spatiale américaine, John Glenn, a lui aussi apporté sa confiance. Lori Garver, ex-administratrice adjointe de la Nasa, a par ailleurs représenté le candidat dans un débat face à 60 Walt Cunningham, ancien astronaute (Apollo 7), proche de McCain. Il convient enfin de préciser que l’État de Floride représente un objectif stratégique dans la campagne présidentielle. Ceci n’est sûrement pas étranger à l’arrivée du spatial sur le devant de la scène, d’autant que les répercussions socioéconomiques des décisions prises dans ce secteur seront colossales pour la Floride. Les électeurs de la Space Coast pourraient même faire pencher le résultat d’un côté ou de l’autre début novembre. De plus, les tensions vis-à-vis de la Russie ont exacerbé le caractère critique de la situation de dépendance de la Nasa pendant le « gap » des vols spatiaux. Le spatial est plus que jamais un enjeu stratégique avec des conséquences dans la diplomatie internationale, d’où sans doute un intérêt croissant pour ce sujet de la part des politiques. L’engagement assez inédit et profond des candidats en faveur du spatial se concrétisera sûrement après les élections, mais plusieurs sujets devront être réglés avant, comme la négociation éventuelle du nouveau contrat d’achat de Soyouz avec les Russes si le Congrès donne son feu vert très prochainement. À suivre également la suite du processus de promulgation du « Nasa Autorisation Act of 2008 », qui pourrait constituer un guide pour la politique spatiale du prochain président. ■ have clearly been drawn to Barack Obama’s attention. Indeed, the Democrat candidate has adopted many of the recommendations of the bipartisan NASA Authorization Bill 2008 tabled in Congress last June, which is still going through Congress and Senate. The Republican candidate recently weighed into the national space policy debate, urging President Bush a few weeks ago to reconsider the retirement of the space shuttle. He had previously come to grips with the hard realities of Florida’s space industry at a round table with decision-makers in Cocoa Beach, where restructuring and the region’s future were on the agenda. Le lanceur Ares 1 et la capsule Orion devront être opérationnels en mars 2015. The Ares 1 launcher and the Orion capsule are scheduled to enter service in March 2015. cnes mag u NOVEMBRE 2008 © LOCKHEED MARTIN CORP Points of convergence The debate on the future of the nation’s space programme is therefore getting more attention than usual in this campaign, probably due to the turmoil of recent months. NASA will have to deal with the chronic under-funding of its ambitious exploration objectives, uncertainty over retention of skills and the emergence of new space powers like China. Worse still, recent strains on USRussian relations have suddenly called future access to the J international world LES POSITIONS DES CANDIDATS Where they stand BARACK OBAMA B. OBAMA/J. McCAIN JOHN McCAIN Programmer au moins un vol de navette supplémentaire vers l’ISS après 2010 Priorité à l’exploration et retour d’un équipage sur la Lune avant 2020 Arrêt immédiat du processus de démantèlement des infrastructures de navettes et vol(s) supplémentaire(s) envisagé(s) après 2010 Prolonger l’exemption à la loi interdisant de négocier l’achat de capsules Soyouz Accélérer le développement d’Ares et Orion en débloquant deux milliards de dollars Éviter des subventions superflues au détriment de missions scientifiques essentielles Exploiter éventuellement l’ISS après 2016 Terminer la construction de l’ISS et l’exploiter au mieux Développer les possibilités de commercialisation à bord de l’ISS National Laboratory Instaurer un « National Aeronautics and Space Council » pour coordonner les activités spatiales civiles, militaires, commerciales et en informer le président Appuyer les programmes liés à la surveillance de l’environnement S’assurer que la force de travail du secteur spatial est conservée et pleinement utilisée Améliorer les réglementations d’exportation ITAR Encourager les initiatives spatiales privées et les collaborations entre gouvernement et industrie Promouvoir la coopération internationale et la paix dans l’espace Add at least one additional Space Shuttle flight to the ISS after 2010 Priority to space exploration and returning a crew to the Moon before 2020 Immediately halt the shutdown of space shuttle facilities and consider adding shuttle flights after 2010 Extend exemption authorizing purchase of Soyuz flights Accelerate development of Ares and Orion by releasing $2 billion in funding Prevent wasteful earmarks from diverting precious resources from critical scientific research Consider options to extend ISS operations beyond 2016 Complete construction of the ISS and use it to the fullest extent possible Seek to maximize the commercialization possibilities of the ISS National Laboratory Re-establish a National Aeronautics and Space Council to oversee civil, military and commercial space, reporting to the president Support environmental monitoring programmes Ensure the national space workforce is maintained and fully utilized Improve ITAR export controls Encourage private space initiatives and collaboration between government and industry Promote international cooperation and keep space secure International Space Station (ISS) and the entire US space strategy into question. Confidence in Moscow’s readiness to assure continued access to the ISS after the retirement of the space shuttle has been somewhat shaken in the aftermath of the Georgian crisis. Both candidates are therefore underlining their determination to defend the nation’s space interests at a time when NASA is facing many obstacles and looking to renew its momentum. In the final analysis, the outlines of the two candidates’ space policies are closely matched, since they both recommend funding the development of the Constellation programme and reducing the manned spaceflight capability gap to preserve US independence in space. They have also expressed concern regarding the reconversion of the qualified space shuttle workforce. In the wings of the campaign Senator Bill Nelson (D-Fl.), the chair of the Space Sub-committee in the Senate and a steadfast supporter of the space sector, is one of Barack Obama’s most influential advisors on space and obviously had a hand in the publication of his campaign document. John Glenn, a historical figure of the US space programme, has also backed Obama’s position. And Lori Garver, ex-NASA Assistant Administrator, represented the Democrat candidate in a debate with former Apollo 7 astronaut Walt Cunningham, who supports McCain. Florida is a strategic state in the presidential race, so it is not surprising that space has become a factor in the campaign as the socio-economic impacts of decisions in this sector will be colossal in Florida. The Space Coast’s voters could even swing the election in November. Moreover, tensions with Russia have highlighted NASA’s critical reliance on Soyuz flights to the ISS during the manned spaceflight capability gap. More than ever, space is a strategic sector that impacts international diplomacy, which no doubt explains policymakers’ increasing interest in the issue. The candidates’ strong support for space will surely be translated into action after the elections, but in the meantime a number of issues must be settled, such as renewed authorization from Congress to purchase Soyuz flights from Russia. Eyes will also be on the process of promulgating the NASA Authorization Act of 2008, which could form the space policy blueprint for the incoming president. ■ NOVEMBRE 2008 u cnes mag 61 J international world La Nasa fête ses 50 ans e 1er octobre 1958 était créée la National Aeronautics and Space Administration sous l’impulsion du président Eisenhower en réponse au succès russe du Spoutnik. Les mois suivants, l’agence absorba les infrastructures et laboratoires existants aux quatre coins du pays – de Pasadena (Californie) à Cap Canaveral (Floride) en passant par Greenbelt (Maryland) et Huntsville (Alabama), entre autres – dans la volonté d’être rapidement opérationnelle dans la course à l’espace. En ces temps de guerre froide, le programme spatial américain a connu un formidable essor sous l’impulsion de quelques grandes figures techniques ou politiques telles que Werner Von Braun ou John F. Kennedy. Les vols d’Alan Shepard, de John Glenn et les premiers pas sur la Lune de Neil Armstrong et d’Edwin Aldrin ont construit la légende de l’agence qui vient de célébrer ses cinquante premières L u FRANÇOIS DIDELOT années à l’occasion d’une soirée de prestige le 24 septembre dernier au musée de l’Air et de l’Espace à Washington. Neil Armstrong, dont les apparitions publiques sont extrêmement rares, a marqué la soirée de sa présence en encourageant la Nasa à aller de l’avant, à inspirer le public pour participer encore au progrès de l’humanité. John Glenn, autre figure mythique de la conquête spatiale, a critiqué le sous-financement courant de l’agence qui la freine dans ses objectifs ambitieux, tout comme Michael Griffin, l’actuel administrateur. Ce dernier a déclaré, non sans ironie, qu’il regrettait que l’agence ne soit plus capable de réaliser des engins tels que les véhicules mythiques exposés au musée, soulignant ainsi les difficultés dans sa transition entre les navettes et les futures capsules Orion qui rappellent l’époque Apollo. Michael Griffin a tout de même insisté sur le succès sans précédent que représentera la construction de l’ISS, avant d’évoquer des missions vers Mars d’ici aux trente prochaines années compte tenu des budgets actuels. ■ NASA reaches 50 s On 1 October 1958, President Eisenhower created the National Aeronautics and Space Administration (NASA) in response to the Soviet Sputnik mission. In the months that followed, the new agency absorbed facilities and laboratories around the United States—in Pasadena (California), Cape Canaveral (Florida), Greenbelt (Maryland) and Huntsville (Alabama) to name a few—with the goal of catching up in the space race. During the Cold War era, the US space programme was driven by key figures such as Wernher Von Braun and President John F. Kennedy. The flights of Alan Shepard and John Glenn, and the first steps on the Moon by Neil Armstrong and Edwin (Buzz) Aldrin have built the legend of the agency that celebrated its 50th anniversary at a gala evening on 24 September at the Air and Space Museum in Washington D.C. Neil Armstrong, whose public appearances are very rare, marked the evening with a call to NASA to keep moving forward and engage people to advance its contribution to the future of humankind. John Glenn criticized the funding deficit preventing the agency from achieving its ambitious objectives. He was echoed by the current NASA Administrator Michael Griffin, who noted with a certain irony that he was sorry the agency was no longer capable of creating things like the mythical vehicles on display in the museum, underlining the difficulties encountered in transitioning from the space shuttle to the future Orion capsules reminiscent of the Apollo era. Michael Griffin nevertheless stressed the unprecedented success of the ISS construction programme and talked about future missions to Mars, currently scheduled for the next 30 years given current budget realities. ■ © NASA/P. ALERS 62 cnes mag u NOVEMBRE 2008 Japon u MATHIEU GRIALOU notre correspondant de Tokyo Tokyo correspondent © FOTOLIA Japan Le volcan du mont Fuji (Japon). Mount Fuji, Japan. ZONE ASIE-PACIFIQUE Consensus autour de Sentinel Asia La zone asiatique aspire, depuis quelques années, à un nouvel élan coopératif axé sur les applications spatiales. Dans cette optique, le Japon privilégie la collaboration avec les pays de l’Asie du Sud-Est. Pour ce faire, la Jaxa a créé récemment une cellule chargée de les promouvoir. Au programme Sentinel Asia, au service de la lutte contre les catastrophes naturelles. E n 1993, la création du Forum des agences spatiales de la zone AsiePacifique (APRSAF) concrétisait la première tentative de coopération entre les pays asiatiques sur le développement spatial. Ce forum, lancé à l’initiative du ministère de la Recherche japonais, est toujours d’actualité puisque sa prochaine rencontre est programmée à Hanoi (Viêt-nam) en décembre. Ce rendez-vous annuel est largement ouvert à tous les pays et aux organisations régionales et internationales. En 2007, 51 agences gouvernementales provenant de 20 pays différents y ont participé. Quatre groupes de travail thématiques coexistent: observation de la Terre; utilisation de la station spatiale internationale; applications pour 63 les satellites de télécommunication (essentiellement); et éducation. Le système Sentinel Asia représente le projet phare de cette organisation. Il a été conçu pour répondre aux catastrophes naturelles, et amorce un premier pas vers la réalisation d’un programme, Disaster Management Support System in AsiaPacific Region (DMSS), plus élaboré. c NOVEMBRE 2008 u cnes mag La première étape s’est achevée fin 2007 par un projet pilote pour mettre en ligne une plateforme d’échange de données sur les catastrophes naturelles. La communauté scientifique peut ainsi consulter sur Internet les données relatives à plusieurs événements, comme les séismes ou les inondations. Pour l’instant, l’essentiel des données sont fournies par le satellite japonais Alos. Mais la deuxième étape (de 2008 à 2012) verra le nombre des fournisseurs de données s’accroître. L’Agence spatiale indienne (Isro) a, d’ores et déjà, mis à disposition son satellite IRS, et les agences coréenne et thaïlandaise devraient y adjoindre leurs satellites respectifs Kompsat et Theos. Cette étape bénéficiera aussi des données du satellite de télécommunication japonais Winds, lancé en février 2008. TÉLÉMÉDECINE, TÉLÉ-ÉDUCATION, UTILISATION DE L’ISS… À L’ÉTUDE 64 Excepté l’observation de la Terre, l’APRSAF fait aussi l’objet de collaborations dans des thématiques différentes. Le Japon propose, par exemple, l’utilisation de Winds pour des expériences pilotes en matière de télémédecine ou de télé-éducation. Plus récemment, à l’occasion de la dernière rencontre APRSAF (Bangalore, 2007), le Japon a proposé de développer collectivement un minisatellite pour permettre à ces pays émergents de maîtriser les outils de développement spatial. Une meilleure implication des pays asiatiques dans l’utilisation de l’environnement spatial à l’intérieur du module japonais Kibo (opérationnel depuis cet été) est également à l’étude. Car le Japon demeure le seul partenaire asiatique de la station. Avec ces différentes initiatives régionales, l’archipel cherche à s’imposer comme une nation motrice parmi les jeunes nations spatiales de la zone AsiePacifique. Des initiatives qui s’avèrent cependant parfois difficiles à réaliser, eu égards aux fortes disparités budgétaires et technologiques qui subsistent entre les agences spatiales asiatiques! ■ cnes mag u NOVEMBRE 2008 © JAXA J international world Kibo, le module japonais de la station spatiale internationale. The Japanese Kibo module on the International Space Station. Asia-Pacific Consensus on Sentinel Asia In recent years, Asia has sought to establish new partnerships focused on space applications. With this aim in mind, Japan is cooperating with Southeast Asian nations and JAXA recently created a unit dedicated to promoting such applications, among them the Sentinel Asia natural disaster response initiative. s In 1993, the creation of the Asia-Pacific Regional Space Agency Forum (APRSAF) marked the first attempt to establish cooperation in space between Asian countries. An initiative of the Japanese Ministry of Education, Culture, Sports, Science and Technology (MEXT), the forum is still going strong and its next meeting is scheduled in Hanoi, Vietnam, in December. This annual rendezvous is open to all nations and regional or international organizations. Last year, 51 government agencies from 20 countries took part. The forum has four thematic working groups focusing on Earth observation, ISS utilization, telecommunication satellite applications and education. Sentinel Asia is APRSAF’s flagship programme, a natural disaster response undertaking that is a first step towards a broader programme called Disaster Management Support System in Asia-Pacific Region (DMSS). The first phase was completed late in 2007 with a pilot project to provide a Web platform for scientists to exchange data on natural disasters such as earthquakes and floods. For the moment, most of the data are coming from Japan’s ALOS satellite, but other data providers will be joining the second phase of the programme covering 2008-2012. The Indian Space Research Organization (ISRO) has already committed its IRS satellite to the project, and the Korean and Thai space agencies are expected to provide data from their KOMPSAT and THEOS satellites. The Japanese WINDS telecommunications satellite launched in February this year is also supporting the initiative. Telemedicine, distance learning and ISS utilization APRSAF is also supporting cooperation in other areas. For example, Japan is proposing to use WINDS for pilot telemedicine and distance-learning trials. More recently, at the 2007 APRSAF meeting in Bangalore, India, Japan suggested jointly developing a minisatellite to enable emerging nations to mature their space development technologies. Greater use by Asian countries of the microgravity environment inside the Japanese Kibo module (operational since this summer) aboard the ISS is also envisaged. Japan remains the only Asian ISS partner. Through these regional initiatives, it is looking to assume a lead role among the emerging space nations of the AsiaPacific zone—although such initiatives may prove hard to accomplish given the widely varying budgets and technologies available to Asian space agencies. ■ u SYLVAIN GUEDRON direction des lanceurs/ Launch Vehicles Directorate, CNES OURAL Oural Précurseur des lanceurs du futur Initié en 2005, Oural, programme de coopération franco-russe, planche sur la préparation des technologies nécessaires aux lanceurs de nouvelles générations, au-delà de 2025. Un projet de démonstrateur « système » préparant un premier étage réutilisable pour des microsatellites semble se dessiner. L es fondements de cette coopération reposent sur l’apprentissage et l’acquisition en commun de technologies innovantes pour déboucher sur des réalisations de démonstrateurs, voire ultérieurement de lanceurs. Dans cette démarche, les agences spatiales Roscosmos et le CNES sont des éclaireurs qui pourraient être rejoints par d’autres agences européennes. À titre d’exemple, le dernier séminaire sur « Les lanceurs futurs », qui s’est tenu à Miass dans l’Oural en septembre, était coorganisé pour la partie occidentale par l’agence spatiale espagnole (CDTI), le CNES et des instituts de l’agence spatiale allemande (DLR). DES PROJETS CENTRÉS SUR DES TECHNOLOGIES INNOVANTES t Depuis 2005, Roscosmos et le CNES, avec leurs industries respectives, ont prospecté et échangé en suivant plusieurs axes de recherches parmi lesquels: la rentrée atmosphérique ; la propulsion oxygène liquide (LOX) méthane liquide (LCH4); les technologies pour étage cryogénique réutilisable; et les études de concepts de démonstrateurs volants. Cette coopération a conduit à une première en Europe: la réalisation d’un essai à feu d’un moteur fonctionnant avec du gaz naturel liquéfié et de l’oxygène liquide. Ces activités ont servi de socle pour répondre au mieux aux intérêts des deux parties. Ainsi, fin août 2008 à l’issue d’un groupe de travail commun, un accord a débouché sur un projet plus ciblé: réaliser ensemble un démonstrateur système préparant un futur premier étage réutilisable, avec une capacité de mise en orbite de microsatellites. Ce thème était déjà présent dans l’accord initial. Ce démonstrateur, dont l’objectif premier est la mise en œuvre de technologies innovantes dans un environnement représentatif, testera également une propulsion LOX/LCH4. Il permettra aussi d’appréhender les aspects opérationnels, une des clés de l’économie des futurs systèmes de lancement. Le séminaire de Miass a donc permis de renforcer la vision à court et moyen terme du projet et de préparer l’engagement des phases d’études. Le contenu du programme Oural a fait l’objet d’une déclaration commune des Premiers ministres français et russes, à l’issue de leur entrevue de Sotchi fin septembre. Cet événement est un autre signe important et encourageant à mentionner. ■ Accord franco-indien - La France et l’Inde ont signé mardi 30 septembre un accord de coopération dans le domaine spatial à des fins pacifiques à l’occasion de la visite à Paris du Premier ministre indien, Manmohan Singh. Astrium, filiale d’EADS, a confirmé également la signature d’un accord avec Antrix Corporation, branche commerciale de l’Agence spatiale indienne Isro, sur l’utilisation des services du lanceur indien PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle). Par ailleurs, les deux pays ont également signé un accord de sécurité sociale qui permettra aux salariés français et indiens de travailler plus facilement dans l’un ou l’autre pays. French-Indian framework agreement - France and India signed a framework agreement 30 September on peaceful cooperation in space during Indian Prime Minister Manmohan Singh’s visit to Paris. EADS subsidiary Astrium also confirmed the signature of an agreement with Antrix Corporation, the commercial arm of the Indian Space Research Organization (ISRO), to use India’s Polar Satellite Launch Vehicle (PSLV). At the same time, the two countries signed a social security agreement making it easier for French employees to work in India and vice versa. Preparing the launchers of the future Initiated in 2005, the joint FrenchRussian Oural programme is working on technologies needed to build next-generation launchers beyond 2025. A system-level demonstration project to prepare a reusable first stage for microsatellite launches appears to be taking shape. s This cooperation initiative is founded on jointly studying and developing innovative technologies for demonstrators, and perhaps ultimately for actual launchers. In this respect, the Russian space agency Roscosmos and CNES are blazing a trail that could be followed by other European agencies. For example, the last seminar on future launchers held in Miass in the Urals in September was co-organized on the Western European side by the Spanish space agency CDTI, CNES and research institutes at the German aerospace agency DLR. Focus on innovative technologies Since 2005, Roscosmos and CNES, working with industry, have exchanged and explored several avenues of research. These include atmospheric re-entry, liquid oxygen/liquid methane (LOX/LCH4) propulsion, reusable cryogenic stage technologies and flight demonstrator conceptual studies. This cooperation has led to a first in Europe with the test firing of an engine running on liquid natural gas and liquid oxygen. These activities have served both parties’ interests. End August 2008, the findings of a joint working group gave rise to an agreement to build together a system demonstrator for a future reusable first stage with the capacity to orbit microsatellites, a theme already covered by the initial agreement. The demonstrator, which aims chiefly to apply innovative technologies in a representative environment, will also test LOX/LCH4 propulsion and enable engineers to learn more about operating such a system, a key factor in the economics of future launch systems. The Miass seminar therefore firmed up the short- and medium-term vision of the project and paved the way for study phases. The French and Russian prime ministers made a joint statement on the Oural programme at the end of their meeting in Sochi end September, another important and encouraging sign. ■ NOVEMBRE 2008 u cnes mag 65 ERATJ culture arts & living u LILIANE FEUILLERAC, pour le/ for CNES Education 66 The biggest science university hub outside Paris, the Toulouse education authority is breaking new ground this year: the Lycée PierrePaul Riquet in Saint-Orens is writing the first chapter in its history as a space high school. © CNES/E. GRIMAULT, 2008 événement centre stage A space school for Toulouse Enseignement Pierre Donnadieu UN LYCÉE DE L’ESPACE DANS L’ACADÉMIE DE TOULOUSE Deuxième pôle universitaire scientifique après Paris, l’académie de Toulouse innove depuis la rentrée: le lycée Pierre-Paul Riquet, à Saint-Orens, écrit la première page d’un nouveau programme, celui d’un label « lycée de l’espace ». ans une région fortement influencée par l’aéronautique et le spatial, dans un environnement marqué par le CNES, Astrium, Aerospace Valley, il y avait matière à formation dans le domaine des technologies scientifiques et spatiales », explique Pierre Donnadieu, proviseur de l’établissement. D’où le travail qui a été mené en profondeur de concert avec le CNES pour déterminer les cinq axes forts de ce projet. Dans ses priorités, le lycée PierrePaul Riquet va développer des pratiques pédagogiques en lien avec l’espace, approfondir la culture spatiale et se positionner comme plateforme ressources pour des missions pédagogiques liées aux thématiques spatiales. Si, administrativement, le label doit encore passer par différentes étapes avant son officialisation, pédagogiquement le contenu, lui, était déjà bien arrêté à la rentrée. Dès la seconde, les champs du savoir seront élargis au secteur spatial. D « cnes mag u NOVEMBRE 2008 Argonautica* sera au programme d’un atelier scientifique et technique, en soutien de l’enseignement de la physique. Pendant la semaine de l’orientation, un temps fort sera créé autour du spatial. Dans le cadre d’un BTS, les stages pratiques seront réalisés en lien étroit avec les entreprises de ce secteur. L’établissement envisage aussi la possibilité de formation en alternance pour des bacs pros et assure également, au niveau académique, la coordination du projet de maquette Rover MSL09 réplique du Rover martien américain (cf. CNES Mag n° 36). « Cette mission pédagogique espace a été prise en main par l’équipe d’enseignants qui y a trouvé matière à mobilisation. La proximité des scientifiques et des industriels est une richesse incontestable. Elle offre à nos élèves une vision plus concrète des métiers », précise Pierre Donnadieu. Et pour l’accompagner dans cette aventure, le lycée va signer très prochainement une convention avec le CNES. ■ s “In a region so strongly influenced by aviation and space, home to CNES, Astrium and Aerospace Valley, there’s a clear need for training in space science and technology,” says Pierre Donnadieu, Headmaster of Pierre-Paul Riquet. The school embarked on an extensive consultation with CNES to determine its five key priorities for the initiative. Its ultimate aim is to develop teaching practices in relation to space, pursue space culture and establish itself as a resource platform for educational projects and assignments on space topics. While Pierre-Paul Riquet still has to go through various administrative procedures before being officially designated as a space school, the course content was finalized and ready for September. From the first year at the school (ages 15 to 16), learning will be extended to the space sector. Argonautica* will be part of a science and engineering workshop, supporting the physics syllabus. The school’s careers week will include a strong focus on space. And as part of the BTS vocational training course, practical internships will be offered in partnership with space companies. The school plans to offer Bac Pro (vocational baccalaureate) courses combined with work experience and will also coordinate the academic side of the MSL-09 project to build a replica of the NASA Mars rover (see CNES Mag 36). “Our teaching staff have really got behind this new venture,” adds Pierre Donnadieu. “Having so many industrial companies and research centres on the doorstep is a huge asset and will give pupils a very practical outlook for their studies and career choices.” To support this venture, CNES will sign an agreement with the school in the near future. ■ * Argonautica est un programme proposé par le CNES qui permet aux classes de comprendre les océans et d’étudier les variations climatiques grâce aux données satellites. *CNES’s Argonautica programme helps classes to learn about the oceans and use real satellite data to study climate variation. J culture arts & living Lectures / Books Le général Robert Aubinière – Entretiens R. Aubinière et A. Lebeau. ed. L’Harmattan – 21 € Un empire très céleste, la Chine à la conquête de l’espace – I. SourbèsVerger, D. Borel. ed. Dunod – 16 € Atmosphère, atmosphère – D. Hauglustaine, J. Jouzel, V. MassonDelmotte. ed. Le Pommier – 39 € Satellites, aux frontières de la connaissance – collectif. co-ed. CNES/CNRS-Insu/Cherche-Midi – 32 € “Le général Robert Aubinière” by R. Aubinière and A. Lebeau – Published by L’Harmattan – €21 “Un empire très céleste, la Chine à la conquête de l’espace” by I. Sourbès-Verger and D. Borel – Published by Dunod – €16 “Atmosphère, atmosphère” by D. Hauglustaine, J. Jouzel and V. MassonDelmotte – Published by Le Pommier – €39 “Satellites, aux frontières de la connaissance” – Various contributors – Published by CNES, CNRS/INSU and Cherche-Midi – €32 Hommage à l’un des fondateurs du CNES Histoire: la voie spatiale chinoise Atmosphère, atmosphère… Satellites, à l’écoute des Terriens L e général Aubinière est l’un de ceux qui ont su mobiliser énergies et compétences pour développer un programme spatial français ambitieux et donner à la France et à l’Europe une place prépondérante dans la conquête de l’espace. Il fut, de 1962 à 1972, le premier directeur général du CNES, période au cours de laquelle André Lebeau a été son collaborateur pendant sept ans. Ce dernier a accepté, dans une démarche de mémoire organisée par l’Institut français d’histoire de l’espace, de rédiger et retranscrire cinq entretiens qui ont eu lieu en 2001, dans les mois précédant la disparition du général Aubinière. L’ouvrage est préfacé par Yannick d’Escatha, président du CNES. L ’histoire spatiale des grandes puissances est fortement empreinte de culture et de géopolitique, et la conquête spatiale a, pour chacune d’entre elles, une résonance particulière. Avec des vols de taïkonautes et trois bases de lancement en activité, l’empire céleste s’impose aujourd’hui comme un acteur incontournable de la communauté spatiale internationale. L’aventure commence en 1956 sous la présidence de Mao Zedong, avec la mise en œuvre d’un programme de missile balistique, précurseur des futurs programmes spatiaux. L’ouvrage retrace la « longue marche » de la conquête spatiale chinoise de ses débuts au XXIe siècle. L es pôles terrestres sont considérés comme des terrains d’observation privilégiés pour les recherches interdisciplinaires, en particulier dans le domaine de l’étude du climat et de l’atmosphère. Les trois auteurs de cet ouvrage sont des scientifiques passionnés et spécialistes des questions climatiques et atmosphériques, très impliqués dans cette aventure formidable commencée au début du XXe siècle, et loin d’être terminée. De beaux textes, de belles images pour cet ouvrage dont la sortie coïncide avec l’exposition « Atmosphère… Le climat révélé par les glaces » présentée au musée des Arts et Métiers de Paris. D Tribute to CNES creator China’s long road to space Atmosphere, atmosphere… Keeping an eye on us s General Robert Aubinière was one of the prime movers who directed efforts and expertise to develop France’s ambitious space programme and confer France and Europe a leading role in space exploration. From 1962 to 1972 he was the first Director General of CNES, working with André Lebeau for seven years. As part of a project by France’s IFHE space history institute to commemorate Aubinière’s life and work, Lebeau agreed to write and transcribe five interviews that took place in the months before he died in 2001. The book is prefaced by CNES President Yannick d’Escatha. epuis une cinquantaine d’année, les satellites ont investi l’espace au-dessus de nos têtes. Ils observent notre planète, révèlent les mystères de l’Univers, relient les hommes entre eux, et contribuent à accroître notre savoir. Défis technologiques, performances spectaculaires, derrière ces objets très sophistiqués des hommes et des femmes, techniciens, ingénieurs ou chercheurs imaginent, conçoivent et exploitent les systèmes spatiaux qui permettront des avancées majeures. Cet ouvrage présente quelques-uns de ces curieux engins et les avancées majeures qu’ils ont induites, et aussi les métiers, les équipes, les coopérations. 67 s The spacefaring history of the major powers is heavily imprinted with culture and geopolitics, and the space race has a particular resonance for each. With three operational launch facilities and a series of manned missions to date, China is emerging as a key player in the international space community. The adventure began in 1956 under Mao Zedong with the launch of a ballistic missile programme, paving the way for subsequent space programmes. This book traces the long road to China’s status as a space power in the early 21st century. s Earth’s geographic poles are the best place to conduct observations in many areas of research, particularly climate and atmosphere studies. This book’s three authors are passionate specialists in climate and atmosphere science, each closely involved in this exciting adventure, which began in the early 20th century and is far from over yet. With evocative texts and stunning images, its release coincides with an exhibition at the Musée des Arts et Métiers in Paris about the atmosphere and the role of the ice caps as indicators of climate change. s Satellites have been silently gliding through the sky above us for 50 years. They monitor our planet, provide communication links and help us unravel the mysteries of the cosmos. Behind their technological sophistication and spectacular performance, a host of technicians, engineers, researchers and others are working to design, build and operate the space systems that will take us into the future. This book presents some of these curious craft and the major advances they have spawned, as well as the specialist expertise, teams and partnerships associated with them. NOVEMBRE 2008 u cnes mag J culture arts & living Les pôles au musée des Arts et Métiers e musée des Arts et Métiers (Paris) perce les secrets de l’atmosphère et des pôles dans sa nouvelle exposition temporaire présentée jusqu’au 30 avril 2009. « Atmosphère… Le climat révélé par les glaces » invite le visiteur à voyager dans les régions polaires, au sein des différentes strates de l’atmosphère, et dans le temps, dévoilant les climats passés et à venir… Depuis plusieurs décennies, l’atmosphère étant fragilisée et modifiée par les activités humaines, les pôles se révèlent être les meilleurs lieux d’observation de ce phénomène. Partenaire de cet événement, l’Observatoire de l’espace contribue en L prêtant des documents audiovisuels, des modélisations informatiques, des instruments d’étude des pôles, de l’environnement terrestre et de l’atmosphère. Éléments incontournables de l’exploration de l’atmosphère, les ballons stratosphériques sont notamment à l’honneur avec la présentation d’une maquette de montgolfière infrarouge et d’un ballon pressurisé BPCL. En complément, l’Hydronaute, dispositif interactif et virtuel, donne au visiteur l’opportunité de visualiser les océans, les abysses ou encore la fonte des glaces. ■ q POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT www.arts-et-metiers.net Paris museum points to the poles s The Musée des Arts et Métiers in Paris unveils the secrets of Earth’s poles and atmosphere in a new temporary exhibition, open until 30 April. Atmosphère… Le climat révélé par les glaces invites visitors to cross the polar regions in different layers of the atmosphere, and cross time to look at climates past and future. In recent decades, the atmosphere has been altered and deteriorated by the effects of human activity— and the poles are the best place to observe these phenomena. As exhibition partner, CNES’s Space Observatory has lent audiovisual materials, computer models and examples of the instruments used to study the surface environment and atmosphere at the poles. Stratospheric balloons take pride of place as a valuable aid in atmosphere exploration, with scale models of an infrared Montgolfiere and a superpressure boundary layer balloon. Also on loan is Hydronaute—an interactive virtual reality system for exploring the oceans, abyssal zones and ice melt. ■ cnes mag u NOVEMBRE 2008 Concours « Un canard sur l’océan » avec Milan Presse Les sciences spatiales ont prouvé tout l’intérêt qu’elles représentaient pour la compréhension du climat et l’étude du changement climatique. Pour sensibiliser les jeunes à l’utilisation des satellites dans ce domaine, le CNES en partenariat avec Milan Presse lance un concours ouvert aux écoles primaires, collèges et lycées. Encadrés par leurs enseignants, les élèves vont devoir réaliser un journal à partir d’un logiciel dédié. Le thème central portera sur l’apport des satellites dans le changement climatique, notamment grâce à Jason 2, récemment lancé. Un journal qui deviendra, comme l’affiche sa manchette, un « canard sur l’océan »! Labellisé Année internationale de la planète Terre, ce concours est également ouvert aux jeunes âgés de 18 à 25 ans. Les journaux doivent être déposés avant le 19 décembre. Competition Ocean logbooks with Milan Presse Space sciences are a vital ally in our attempts to understand the climate and study climate change. To help schoolchildren learn more about the role of satellites, CNES has teamed with Milan Presse to run a competition for all age groups. Guided by their teachers, pupils will use a special software application to compile a journal. The central theme is the contribution of satellites to climate change research, particularly the recently launched Jason-2. The contest is part of International Year of Planet Earth and is also open to young people aged 18 to 25. Closing date for submission of journals is 19 December. q POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT www.cnes-educ.fr J culture arts & living Exposition EDF Electropolis © CNES/PLANÈTE SCIENCES, 2008 Les énergies renouvelables et le climat « Nouveau souffle sur l’énergie : climat et énergies renouvelables » est la nouvelle exposition temporaire que propose le musée EDF Electropolis à Mulhouse du 15 novembre 2008 au 30 avril 2009. S’inscrivant dans les préoccupations actuelles, cette exposition s’articule autour de trois thématiques: la consommation énergétique croissante et ses diverses conséquences sur le climat et le développement économique; l’histoire comparée de la production d’électricité en France et en Allemagne; enfin la nécessité et les moyens mis en œuvre pour produire de l’énergie renouvelable. Partenaire du musée, l’Observatoire de l’espace donne l’occasion au visiteur d’appréhender pleinement le fonctionnement de notre planète ainsi que la place de l’énergie solaire au sein des technologies spatiales. EDF Electropolis exhibition Renewable energy and climate The EDF Electropolis Museum in Mulhouse has put on a new temporary exhibition on renewable energy and the climate, open from 15 November to 30 April. Addressing key topical concerns, it focuses on three specific themes: rising energy consumption and its impacts on economic development and the climate; a comparative history of electric power generation in France and Germany; and the need and resources in place to produce renewable power. As a museum partner, the Space Observatory invites visitors to learn about how our planet works and the role of solar energy in space systems. Démonstration d’un Cansat aux Rendez-vous espace-étudiants 2008 (R2E). Demonstration of a cansat at the 2008 R2E space-student event. Avant-première Premiere Tous à votre Cansat ! Cansats at the ready roposés par le CNES et l’association Planète Sciences, les Rendez-vous espace étudiants (R2E) sont des moments forts dédiés aux étudiants et aux clubs de jeunes passionnés d’espace. Pour l’édition 2009, le CNES va lancer, à son tour, un concours de petit véhicule: le Cansat, sorte de drone miniature, largué en vol et devant se poser sur un site donné! L’exercice suppose la réalisation d’un certain nombre d’objectifs techniques et scientifiques. Ce petit véhicule fait déjà l’objet d’un concours annuel entre les universités américaines organisé par la Nasa et dans d’autres pays européens, comme l’Espagne ou les Pays-Bas. À l’horizon 2010, le CNES envisage même d’en proposer une déclinaison européenne. Cette manifestation est un excellent support pour associer diverses technologies en lien avec le spatial: navigation GPS, imagerie, météo, liaisons sol/bord, contrôle d’attitude avec centrale inertielle… À ce stade, le règlement est en cours d’élaboration. ■ P s Run by CNES and Planète Sciences, the R2E space-student event is one of the highpoints of the year for young space enthusiasts and clubs. For the 2009 edition, CNES will launch a competition based on miniature autonomous craft called ‘cansats’, which are released at altitude and must be guided back to a specific location. The exercise includes a number of technical and scientific objectives. Coordinated by NASA, American universities have been competing in the annual cansat contests for several years, as have groups in the Netherlands and Spain. CNES plans to organize a European equivalent for 2010. The competition is an excellent way to combine spacerelated technologies, including GPS navigation, imaging, meteorology, downlink telemetry and inertial attitude control. Rules and regulations are in preparation. ■ 69 q POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT www.edf.electropolis.mulhouse.museum NOVEMBRE 2008 u cnes mag J culture arts & living Films ICSO 2046 – Retour vers le futur a 7e édition de l’International Conference on Space Optics (ICSO) se déroulait début octobre à Toulouse. Tous les trois ans, cette manifestation portée par le CNES et l’Esa dresse l’état des lieux des plus récentes avancées en instrumentation optique spatiale et technologies associées. À cette occasion, le CNES a produit un court-métrage présenté en ouverture du colloque. Délibérément situé dans le futur, « 2046 » retrace l’évolution de l’instrumentation optique dans les activités spatiales françaises. Ces travaux de recherche et la réalisation des instruments qui en découlèrent ont conduit à de véritables avancées scientifiques dans le domaine de l’observation de notre planète, et par la suite de l’Univers. Tourné dans des intérieurs de nuit, le film rappelle les étapes qui ont marqué de manière forte l’évolution de l’optique spatiale. Un film disponible en version française et anglaise sur demande auprès de la direction de la Communication externe. ■ © CNES, 2008 L Argonautica Argonautica Jeunes et skippers… une histoire de courants Skippers and students contend with currents ans l’histoire du Vendée-Globe, l’édition 2008-2009 bat le record de participation. Venus de sept pays différents, pas moins de trente skippers sont engagés dans la compétition. Parmi eux, Arnaud Boissières a accepté d’emporter, sur son monocoque 60’Akena, une bouée dérivante dont le parcours va être suivi par de nombreux élèves. Comme lui, Dominique Wavre, porté par les classes de Haute-Savoie, et Mike Golding, par des classes européennes, auront la même mission: larguer une bouée lors de leur passage en Antarctique, à hauteur des îles Kerguelen. En plein courant circumpolaire, le plus grand au monde, les balises enregistreront des données qui seront étudiées avec soin par les élèves et comparées avec celles prises par Jason. À suivre sur le site. ■ D 70 q s The 2008-09 Vendée Globe yacht race has broken all previous participation records, with 30 skippers from 7 countries competing. Among them, Arnaud Boissières has agreed to carry a drifting buoy on his 60-foot monohull Akena Verandas. Once released, the buoy will be tracked by students. Fellow skippers Dominique Wavre (partnered by classes in Haute-Savoie) and Mike Golding (by EU classes) will also release buoys near the Kerguelen Islands. As they drift with the Antarctic Circumpolar Current—the world’s largest—the buoys will record data for class analysis and comparison with Jason satellite plots. Regular updates on the website. ■ Films ICSO 2046: back to the future s The 7th International Conference on Space Optics (ICSO) was held in Toulouse in mid-October. Organized by CNES and ESA every three years, ICSO reviews latest advances in optical instruments and associated technologies for space applications. This year, CNES produced a short film, screened at the event opening. Set in the future, 2046 traces the evolution of optical instrumentation within French space programmes. R&D work and the instruments themselves lead to significant scientific advances in Earth and deep-space observation. Filmed in night-time interiors, the film looks at the key milestones in the ongoing evolution of space optics. Copies are available on request in English and French from CNES External Communications. ■ POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT www.cnes-edu.org q POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT www.cnes.fr cnes mag u NOVEMBRE 2008 J culture arts & living AGENDA Jusqu’au/Until © DR 07/12/ 2008 Jusqu’au/Until Animation 22/02/ 2009 Courtrai (Kortrijk) Belgique Kortrijk, Belgium Exposition Cosmomania Cosmomania exhibition Cap sciences Bordeaux Mouches spatiales en route vers la Lune Douze humains ont marché sur la lune. Et trois mouches auraient volé dans l’atmosphère lunaire. L’histoire raconte que ces petits passagers se seraient embarqués clandestinement à bord de la mission Apollo 11 et auraient accompagné Armstrong, Aldrin et Collins dans leur voyage historique vers la Lune. Ce film d’animation amusant est un prétexte cinématographique pour explorer les espaces lunaires. « Fly me to the Moon »; La Géode: du 1er novembre 2008 au 30 juin 2009. Animated film Houseflies in space Twelve humans set foot on the Moon. And three houseflies take to the wing in the lunar atmosphere. The story tells how these young flies were stowaways on the Apollo 11 flight and accompany Armstrong, Aldrin and Collins on their historic mission. This fun animated film is a perfect excuse for exploring the lunar environment. www.cap-sciences.net 28/10/ 2008 18/01/ 2009 t CNES propose aux établissements scolaires et universitaires de concevoir et réaliser des expériences (dans des conditions proches de l’impesanteur) au cours de vols dans l’Airbus A 300 Zéro-G. En septembre, trois projets étudiants ont été retenus pour être expérimentés au titre de la campagne 2008 : Spacewalk de l’École polytechnique de Palaiseau pour faciliter les déplacements et la stabilité des spationautes en micropesanteur; le Club des Supaéronautes-Isae de Toulouse pour étudier le comportement de l’oreille interne; et le club Eso de l’Escata de Levallois-Perret avec Caos pour tester l’efficacité du système d’orientation d’un spationaute. La campagne 2009 se prépare (10 au 12 mars) à Bordeaux. Les informations concertant le dépôt des candidatures sont disponibles sur le site. Exposition « Retour sur Terre » Retour sur Terre exhibition Stade de France, Paris www.stadefrance.com 08/11/ 2008 09/11/ 2008 10/11/ 2008 6e rencontres Ciel et Espace 6th Ciel & Espace forum 10/11/ 2008 15/11/ 2008 Colloque Voir et prévoir l’Océan Nice Symposium: Voir et prévoir l’océan Cité des Sciences et de l’Industrie Paris www.nice-acropolis.com/agenda.php 13/11/ 2008 23/11/ 2008 Partout en France Throughout France Fête de la science National science week www.fetedelascience.fr 24/11/ 2008 31/03/ 2009 “Fly me to the Moon” – Now showing at La Géode in Paris – Until 30 June. Vols paraboliques Appels à projets pour la campagne 2009 - Chaque année, le DIARY Exposition Futurotextile Futurotextile exhibition Exposition à voir et à manipuler « Lumières sur le ciel » Lumières sur le ciel exhibition Maison des sciences Hubert-Curien – Sainte Savine (Troyes – Aube) http://maisondelascience10.free.fr 05/12/ 2008 14/12/ 2008 Salon nautique de Paris Nautic Paris boat show Paris porte de Versailles Paris Expo – Porte de Versailles www.nice-acropolis.com/agenda.php 15/01/ 2009 16/01/ 2009 Inauguration de l’Année mondiale de l’astronomie Launch of International Year of Astronomy Unesco Paris 71 http://ama09.obspm.fr/ama09/open.php Parabolic flights 2009 campaign: call for projects - Each year, CNES gives schools and universities the chance to design and conduct microgravity experiments on the Airbus A300 Zero-G. In September, three student projects were selected for the 2008 campaign: École Polytechnique in Palaiseau with Spacewalk, with an experiment to facilitate astronaut movement and stability in microgravity conditions; ISAE Supaéronautes club in Toulouse, with a project to study inner ear behaviour; and Eso de l’Escata club in Levallois-Perret, with CAOS to test an astronaut orientation system. The 2009 campaign will take place in POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT http://www.cnes.fr/web/725-parabole.php Bordeaux from 10 to 12 March. Details about how to apply on the website. q NOVEMBRE 2008 u cnes mag