La géographie de l`emploi industriel en Ile-de

Transcription

La géographie de l`emploi industriel en Ile-de
La géographie de l’emploi industriel
en Ile-de-France
Si, aujourd’hui, 1 Francilien sur
7 travaille dans l’industrie, ils
étaient 1 sur 4 au début des
années 80. La désindustrialisation, ajoutée à l’extension du
secteur des services, fait de la
région une des moins industrialisées de France. Elle s’est
accompagnée d’une recomposition, mais aussi d’une relocalisation des activités sur le territoire régional, façonnant un
nouveau paysage économique.
Cette désindustrialisation est
néanmoins moins importante
que celle observée dans plusieurs
autres régions-métropoles de
l’Europe. Seules trois régions,
celles de Bruxelles, Rome et
Francfort, connaissent une
diminution du poids de
l’industrie plus faible qu’en Ilede-France.
A
vec aujourd’hui plus de
Plusieurs facteurs expliquent cette
650 000 personnes, soit 16 %
situation, qu’ils soient historiques ou
des emplois industriels français
traditionnels, mais deux facteurs essenen 1998, l’Ile-de-France est la première
tiels doivent être soulignés. Le premier
région industrielle de France loin
est l’existence d’un très vaste marché
devant la seconde, Rhône-Alpes, qui
de consommateurs, l’un des tous preconcentre 200 000 emplois industriels
miers d’Europe. Le second tient à l’imde moins que l’Ile-de-France.
pact sur le tissu économique de la
Néanmoins, la région présente le pararégion des activités liées directement
doxe d’être une des moins industrialiou indirectement au complexe militasée des régions dans la mesure où les
ro-industriel, c’est-à-dire aux activités
activités tertiaires représentent plus de
de recherche et de production liées à la
80 % des emplois salariés.
Défense nationale. Grand nombre des
L’industrie francilienne se caractérise
entreprises implantées dans notre
par la forte diversité de son tissu indusrégion, en particulier dans le secteur
triel : quasiment toutes les activités
des biens d’équipement en sont direcsont présentes et significativement prétement issues. Ce sont elles qui, historisentes. Mais elle se caractérise aussi
quement, ont façonné le paysage
par une sur-représentation des indusindustriel de la région (Matra,
tries de consommation : 31 % des
Thomson, SNECMA, Schlumberger,
salariés en Ile-de-France travaillent
Alcatel, Dassault).
dans ce secteur contre 18 % en France
métropolitaine. Les industries de biens
d’équipement sont également bien
implantées dans la région.
Les trois activités industrielles majeures
Les entreprises franciliennes sont très
de la région sont l’imprimerie-presse«autonomes» en ce sens que 93 % des
édition (13 % des effectifs régionaux et
effectifs industriels franciliens sont
39 % des effectifs nationaux du secemployés dans des entreprises dont le
teur), l’automobile (9 % de l’industrie
siège social est
régionale et 21 %
Il existe une forte concentration dans la région.
des effectifs natiodes sièges sociaux à Paris Cette autonomie
naux du secteur) et
et dans les Hauts-de-Seine se maintient au
la fabrication des
cours de la période
biens électriques
récente, de 1988 à 1994. Les petits étaet électroniques (9 % de l’industrie
blissements le sont moins que les
régionale et 27 % des emplois natiogrands : 85 % des effectifs des établisnaux du secteur). Mais l’Ile-de-France,
sements de 10 à 50 salariés ont leur
c’est aussi 33 % de l’industrie pharmasiège dans la région, 100 % pour les
ceutique de la France et 25 % de la
établissements de plus de 1 000 salaconstruction navale et aéronautique
riés. A l’inverse, seulement 16 % des
française.
établissements franciliens ont leur siège
En terme de valeur ajoutée, la construcimplanté en province, le plus souvent
tion électrique et électronique est le
dans la région Rhône-Alpes (500 sièges
secteur qui se place au premier rang
d’établissements franciliens d’entrerégional (22 %), suivi du secteur de
prises industrielles) ou dans le Nordl’édition-imprimerie avec 13 % de la
Pas-de-Calais (320 sièges).
valeur ajoutée régionale.
Une région « autonome,
rayonnante et attractive »
par Nicole Cadenel
Responsable de la Division
entreprises
et Christian Calzada
Responsable de la Division
économie, entreprises, emploi
Direction régionale de l’INSEE
Ile-de-France
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23
L’Ile-de-France est aussi la région la
plus « rayonnante » puisque 61 % des
effectifs d’entreprises industrielles dont
le siège social est en Ile-de-France travaillent dans une autre région.
L’Ile-de-France est une région attractive
pour les investisseurs étrangers : c’est la
première région d’accueil, avec 10 700
établissements de groupes étrangers. En
1993, 25 % des établissements industriels français à participation étrangère
étaient installés en Ile-de-France,
employant 175 000 salariés (soit 22 %
des effectifs des établissements français à
participation étrangère). Ces entreprises
sont présentes principalement par l’intermédiaire de sièges sociaux ou de
locaux commerciaux et dans les secteurs
à haute valeur ajoutée, comme la parachimie-pharmacie, le matériel électronique et électrique ou l’informatique.
Mais l’Ile-de-France n’est pas la seule
région européenne attractive. La concurrence est forte : entre 1984 et 1989, la
région capitale n’a attiré que 14 sièges
sociaux américains et japonais sur 136
qui se sont installés en Europe.
riés sont rattachés à un siège social
situé en Ile-de-France. Elle est très
importante aussi (autour de 75 %) dans
la pharmacie, parfumerie et entretien,
la construction navale, aéronautique et
ferroviaire ainsi que dans les industries
des équipements électriques et électroniques.
On recense 250 000 salariés dans les
sièges franciliens d’entreprises industrielles ; pour autant, ceux-ci n’ont pas
tous une activité industrielle. On estime
à près d’un dixième le nombre de salariés de sièges sociaux d’entreprises
industrielles qui exercent des activités
autres qu’industrielles. Outre des
tâches de production, elles couvrent
souvent aussi la gestion des ressources
humaines, la conception, la commercialisation, les services après-vente,
etc.. La spécialisation vers les fonctions
tertiaires peut expliquer la forte proportion de cadres (hors employés) au sein
de l’industrie francilienne : 54 % des
salariés industriels contre 30 % en
moyenne en France métropolitaine.
Près des deux tiers des sièges sociaux
franciliens d’entreprises industrielles
sont situés dans les départements de
Paris et des Hauts-de-Seine. Cette
concentration est particulièrement forte
dans le secteur des biens de consommation (80 % des sièges dans ces deux
départements). Les Yvelines et la SeineSaint-Denis apparaissent alors comme
des sites importants d’implantation des
La concentration
des sièges sociaux
La concentration francilienne des
sièges sociaux varie selon le secteur
d’activité de l’entreprise. Elle est la plus
forte dans l’automobile : 80 % des sala-
industries des biens d’équipement et
des biens intermédiaires.
En fait, les sièges sociaux se répartissent
en Ile-de-France selon le schéma suivant :
- Paris se caractérise par une présence
plus importante qu’ailleurs de sièges
sociaux appartenant à l’industrie des
biens de consommation (l’habillement
et le cuir, l’édition, l’imprimerie et la
reproduction sont notamment des activités très parisiennes ; respectivement
86 % et 67 % de leurs sièges sont à
Paris) ;
- en petite couronne, l’industrie des
biens intermédiaires est bien représentée dans les Hauts-de-Seine et la SeineSaint-Denis (environ 41 % de leurs
sièges relèvent de ce secteur contre
28 % en moyenne en Ile-de-France) ;
dans le Val-de-Marne, cette proportion
est moins élevée (35 %) ; cette forte
implantation est plus particulièrement
le fait des activités de la métallurgie et
de la transformation des métaux, mais
la chimie, le caoutchouc et les plastiques sont aussi beaucoup implantés
dans les Hauts-de-Seine où l’on trouve
une proportion deux fois plus importante de sièges de ce secteur que dans
le reste de l’Ile-de-France ;
- en grande couronne, les Yvelines,
l’Essonne et le Val-d’Oise se caractérisent par une proportion importante de
sièges dans l’industrie des biens
d’équipement (plus d’un siège sur
TABLEAU I
L’industrie en Ile-de-France au 31/12/1998
Ile-de-France
(salariés)
Poids dans l’industrie franciliennes
en termes de salariés (%)
France
(salariés)
653 406
100
4 059 556
Edition, imprimerie, reproduction
84 415
13
215 080
39
52
Industrie automobile
61 057
9
285 696
21
26
Total industrie
Poids IDF/France par secteur
en termes
en termes de
salariés (%)
de VA (%)
16
21
dont :
Ind. équipements électriques, électroniques
59 810
9
223 767
27
35
Industrie des équipements mécaniques
49 281
8
423 517
12
15
Pharmacie, parfumerie et entretien
49 183
8
149 789
33
39
Industries agricoles et alimentaires
48 944
7
536 378
9
12
Eau, gaz, électricité
47 041
7
203 019
23
28
Métallurgie et transformation des métaux
46 304
7
444 454
10
12
Const. navale, aéronautique et ferroviaire
39 063
6
155 176
25
31
Habillement, cuir
36 388
6
161 409
23
32
32 559
5
Chimie, caoutchouc, plastiques
351 008
9
12
Conseils et assistance
475 198
1 042 060
46
51
Services opérationnels
237 221
893 452
27
32
Source : Insee, estimations d’emplois
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Les très grands établissements industriels (+ 1500 salariés) en 1961.
Les très grands établissements industriels (+ 1500 salariés) en 1998.
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TABLEAU II
L’évolution de l’emploi en Ile-de-France entre 1974 et 1997
(Taux de variation annuels moyens en %)
quatre dans ces départements relève
de ce secteur contre 15 % en moyenne en Ile-de-France) ; l’industrie des
équipements mécaniques y est la
mieux représentée (entre 12 % et
17 % des sièges de ces départements
appartiennent à ce secteur contre 8 %
en moyenne en Ile-de-France) ; les
Yvelines et l’Essonne bénéficient en
outre de la présence importante de
sièges des industries des équipements
électriques et électroniques ; la Seineet-Marne se distingue des autres
départements de la grande couronne
par une proportion importante de
sièges des industries agricoles et alimentaires (environ un siège sur cinq
relève de ce secteur contre un siège
sur dix en moyenne en Ile-de-France).
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e
1989-1997
1974-1997
- 2,1
+ 1,8
- 1,5
+ 1,2
- 4,1
+ 1,0
- 3,3
+ 1,9
- 1,3
+ 2,7
- 1,5
+ 1,4
- 1,7
+ 1,8
- 1,8
+ 3,0
dans trois départements, les Hauts-deLe secteur automobile est en effet,
Seine, les Yvelines et l’Essonne. Paris
depuis les années 80, en pleine réorganisation. Dans un contexte de concurreste le centre de décisions, les PME
rence internationale forte, les construcsous-traitantes se regroupant en Seineteurs rationalisent leur production et
Saint-Denis, dans le Val-de-Marne et en
cherchent à augmenter la productivité,
Seine-et-Marne, le Val-d’Oise mêlant,
en réduisant notamment le nombre de
quant à lui, hautes technologies et actisous-traitants, et à diminuer les prix de
vités traditionnelles. La baisse des actirevient. Entre 1989 et 1998, ce secteur
vités militaires est ressentie depuis plua perdu en Ile-de-France plus de 18 000
sieurs années et le début de la «crise»
salariés, soit une
Sur les 1 200 000 emplois est bien antérieur à
chute de 23 %.
industriels que comptaient la région 1990. Toutefois,
Cette
évolution
en 1975, 650 000 ont été détruits jusqu’à cette date,
pèse beaucoup sur
la croissance des
ou délocalisés, à raison de 20 à
le mouvement géactivités, notam25 000 par an en moyenne
néral des emplois
ment
aéronauen Ile-de-France. L’automobile était, en
tiques et spatiales, a pu compenser un
1997, le deuxième employeur industriel
temps la dégradation des marchés milide la région, elle n’accueille désormais
taires. La chute des commandes civiles
plus que 21 % des emplois nationaux
a, depuis, aggravé la situation. La
du secteur.
restructuration des activités françaises
L’Ile-de-France est la première région
de défense et son impact sur les indusfrançaise pour les industries liées à l’artries liées à l’armement constituent ainsi
mement et elle regroupe une grande
des facteurs majeurs de déséquilibres
partie de la recherche et des activités de
généraux de l’agglomération francilienhaute technologie. Au 1er janvier 1995,
ne. Avec un emploi industriel indirect
la région comptabilisait environ 900
pour deux emplois directs, on peut évaétablissements et plus de 110 000
luer à environ 30 000 dans les Hautsemployés, soit plus du tiers des effectifs
de-Seine, 23 500 dans les Yvelines et
de l’industrie nationale de défense. Les
16 000 dans l’Essonne, les emplois
grands groupes sont particulièrement
directs et indirects concernés par les
bien représentés. Au niveau géograopérations de restructuration des indusphique, l’ossature des activités industries de défense dans ces trois zones.
trielles franciliennes forme un vaste
croissant en forme de « S » partant du
nord des Hauts-de-Seine et glissant jusqu’aux limites du Val-de-Marne, avant
de s’orienter vers Fontenay-aux-Roses,
le Plessis-Robinson pour atteindre
La désindustrialisation de la région
Vélizy. Ce réseau est structuré par les
ayant été beaucoup plus rapide que
établissements des grandes firmes
celle de la moyenne des autres régions,
Aérospatiale,
Matra,
(Thomson,
et bien que l’Ile-de-France reste largeDassault, Snecma, etc.). Compte tenu
ment en tête de par son volume d’emplois industriels, elle ne représente plus
du poids des grands groupes, prés de
que 16 % de l’industrie française contre
70 % des emplois directs sont regroupés
Si, aujourd’hui, 1 Francilien sur 7 travaille dans l’industrie, ils étaient 1 sur 4
au début des années 80. Ceci est le
résultat, bien évidemment, du développement des activités tertiaires, mais
aussi d’une très forte diminution des
emplois industriels dans la région. Au
cours des 25 dernières années (19751998), l’Ile-de-France a perdu la moitié
de ses emplois industriels. Sur les
1 200 000 emplois industriels que
comptaient la région en 1975, 650 000
ont été détruits ou délocalisés, à raison
de 20 à 25 000 par an en moyenne.
Cette désindustrialisation, ajoutée à
l’extension du secteur des services, fait
de la région une des moins industrialisées de France avec la PACA, le
Languedoc-Roussillon et la Corse : l’industrie n’y pèse plus que pour 14 %
des emplois. A l’opposé, l’industrie
pèse pour 25 % des emplois en RhôneAlpes, 28 % en Alsace, 33 % en
Franche-Comté.
Cette baisse a concerné quasiment tous
les secteurs industriels, y compris les
secteurs de pointe. Son ampleur varie
toutefois selon la position concurrentielle des secteurs et l’évolution de leurs
débouchés. Parmi ceux d’importance
pour la région, les secteurs où la régression des effectifs a été forte, citons ceux
de l’automobile et de l’armement.
A
1982-1988
Source : Insee, estimations d’emplois
L’Ile-de-France a perdu
la moitié de ses emplois
industriels
26
1974-1982
Ile-de-France
Industrie, construction
Tertiaire
Province
Industrie, construction
Tertiaire
Une désindustrialisation
plus forte qu’en province
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s
(voir les cartes ci-avant sur la localisadeuxième département, derrière les
tion des trés grands établissements
Hauts-de-Seine, en terme de volume
industriels en 1961 et en 1998).
d’emplois, mais son activité industrielle
Le paysage industriel de la région était
ne représente plus que 8 % des emplois
composé à la fois de gros sites de prode la capitale.
duction (industrie automobile, aéroToutefois, contrairement à celui de la
nautique, biens d’équipement) et d’un
population, le desserrement industriel a
tissu très dense de PMI aux activités
été limité. L’attrait de Paris, internatiovariées et traditionnelles (métallurgie,
nalement très porteur, et la nécessité de
imprimerie, fonderie…). Schémadisposer d’infrastructures logistiques
tiquement, les principales zones indusont limité ses effets. Les activités ont,
trielles étaient centrées sur Paris (PMI
certes, quitté Paris, mais sont restées le
traditionnelle, imprimerie, textile) et la
plus proche possible de la capitale.
très proche banLe recours à l’intérim concourt Faut-il également
lieue : la boucle
que,
artificiellement à la désindustriali- souligner
nord de la Seine
bien souvent, ces
sation apparente de l’économie
(gros sites de biens
relocalisations se
d’équipement, biens intermédiaires...),
sont réalisées à l’occasion d’opérations
la Seine-Saint-Denis et Seine amont
de restructurations d’entreprises sur
(PMI traditionnelles), la Seine aval
fond de suppression d’emplois
(cette dernière plus spécialisée dans
(Thomson) ?
l’industrie automobile) et le croissant
Néanmoins, cette désindustrialisation
sud de Paris, depuis Boulogne
de l’Ile-de-France apparaît de moindre
Billancourt (Renault) jusqu’à Antony
importance par rapport à celle obser(Rhône-Poulenc) en passant par
vée dans plusieurs autres régionsClamart,
Montrouge,
Bagneux,
métropoles de l’Europe. Le poids de
Fontenay (Schlumberger, Thomson...).
l’industrie dans l’emploi total s’est
réduit d’environ 9 points entre 1975 et
1992 en Ile-de-France, contre 13 points
en Lombardie, 12 points dans la région
de Madrid ou 10 points dans le sud-est
anglais. Seules trois régions, celles de
Toutes ces zones ont été particulièreBruxelles, Rome et Francfort, connaisment touchées, à la fois par le déclin
sent une diminution du poids de l’indes activités industrielles, mais aussi
dustrie plus faible qu’en Ile-de-France.
par le besoin de desserrement lié à
l’exiguïté et à la vétusté des anciens
locaux.
Le déclin des activités traditionnelles
industrielles laisse d’importantes friches
industrielles dans tout le nord de Paris
(boucle nord de la Seine et Seine-SaintDenis) avec sa kyrielle de difficultés
Les secteurs industriels qui ne connaisliées, en particulier, au chômage.
sent pas un affaiblissement de leur posiCette zone constitue une des préoccution en terme d’emploi sont rares. La
pations majeures pour l’aménagement
fabrication de composants électriques
de la région. Elle concentre une part
et électroniques en fait partie. Elle a
importante des crédits de la politique
enregistré, entre 1993 et 1996, une
de la ville et retient l’attention de
forte expansion de ses effectifs.
l’Union européenne. Pour la première
fois, et pour cette
La désindustrialisation du centre, La désindustrialisazone,
l’Ile-deen particulier, a permis l’émergen- tion du centre, en
France bénéficie
ce de nouvelles zones industrielles particulier, a permis l’émergence
d’aides apportées
de nouvelles zones industrielles. Le
par les fonds structures européens.
secteur de la Défense est devenu le preCette période s’est donc caractérisée
mier pôle employeur de la région et
par le déclin industriel du centre au
poursuit sa croissance sur un rythme
profit de la périphérie. Paris reste le
19 % en 1989 et plus de 20 % en
1980. Sur les seules 10 dernières
années (1989-1998), l’industrie francilienne a encore perdu près de 240 000
emplois, soit une baisse sur la période
de 27 % contre 13 % pour le reste de la
France métropolitaine.
Cette désindustrialisation s’explique,
bien entendu, par le déclin de l’industrie traditionnelle, amorcé avant même
le choc pétrolier et qui s’est accéléré
depuis. Mais la tertiarisation rapide de
notre économie tient aussi pour partie à
l’externalisation, voire à la filialisation
d’activités tertiaires des entreprises
industrielles.
Ainsi s’explique le formidable essor des
services aux entreprises, en particulier
des secteurs «conseils et assistance»
qui inclut les activités de services informatiques, les entreprises de nettoyage
et de gardiennage. Ces activités, autrefois internalisées, étaient donc comptabilisées dans l’industrie. Elles sont
aujourd’hui dans le secteur tertiaire. Ce
simple phénomène lié à l’organisation
de la production explique mécaniquement une baisse des emplois industriels, alors même que les activités ne
sont pas touchées.
Le recours à l’intérim concourt aussi
artificiellement à la désindustrialisation
apparente de l’économie. En effet, pour
des raisons d’ordre comptable, l’intérim est recensé en services opérationnels. Plus l’industrie fait appel à l’intérim et plus le rapport industrie / tertiaire
se déplace en faveur du tertiaire. Or si
la région francilienne est traditionnellement une région qui utilise peu le travail intérimaire, on a pu constater ces
dernières années que le taux de recours
à l’intérim s’est accru plus rapidement
en Ile-de-France que dans les autres
régions françaises, accentuant ainsi, de
façon apparente, la tertiarisation de
l’économie de la région.
... s’accompagne d’un
desserrement territorial
Des territoires
et des secteurs industriels
qui émergent ou résistent
au déclin
Le déclin des industries
traditionnelles ...
Cette désindustrialisation s’est accompagnée d’une recomposition, mais
aussi d’une relocalisation des activités
sur le territoire régional, façonnant un
nouveau paysage économique et enterrant l’image de l’usine traditionnelle
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très élevé, entraînant dans son dynamisme des communes limitrophes
comme Neuilly et Nanterre. De nombreux sièges sociaux de grandes entreprises industrielles s’y sont implantées
en quittant Paris (Rhône-Poulenc).
Le croissant Boulogne / Velizy /
Guyancourt / Saint-Quentin-en-Yvelines
a connu, ces dernières années, un très
fort développement, en particulier
d’activités industrielles liées aux nouvelles technologies.
Il s’agit là d’un exemple d’une zone
autrefois très liée à la défense nationale
- donc très touchée par la crise qu’ont
connue ces activités - qui a réussi sa
reconversion. La zone de Velizy représente, à elle seule, une exception tout à
fait intéressante, caractérisée par le plus
fort développement de son potentiel
industriel, indépendamment de tout
effet de délocalisation de sièges, dont a
bénéficié, par exemple, la Défense. Se
sont installées sur la zone de Vélizy une
multitude de nouvelles entreprises dans
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A
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n
a
l
e
de nouvelles activités, et ce, alors
même que la zone n’est desservie par
aucun mode de transport en commun.
Le plateau de Saclay / Palaiseau est
aujourd’hui reconnu comme un des
plus grands centres mondiaux de
recherche. Les synergies crées ou à
créer entre recherche fondamentale
(Ecole polytechnique, Faculté d’Orsay,
OEA...) et l’industrie commencent à
porter leurs fruits et laissent entrevoir
des perspectives très intéressantes pour
le développement industriel de la
région. L’implantation de centres de
recherche de grands groupes industriels
(Danone, Peugeot, Motorola) devraient
accélérer cette dynamique.
Enfin, le génopole d’Evry, spécialisé
dans les biotechnologies, se développe
à un rythme tout à fait satisfaisant.
Autour de quelques centres de
recherche, se sont implantés des entreprises et des laboratoires, liés à ces
nouvelles activités. La ville de Paris qui
souhaite s’associer au génopole d’Evry
s
d
e
s
met en place des incubateurs d’entreprises et étudie actuellement une modification de son POS pour accueillir ce
type d’activités. Ce qui constituerait
alors un des plus importants pôles de
biotechnologies au monde.
•
BIBLIOGRAPHIE
ET RÉFÉRENCES
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région Ile-de-France-Insee, Etudes et développement, Contrats d’objectifs, septembre 2000.
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- L’industrie en Ile-de-France, tome I, Insee - Ccip Crci - Préfecture d’Ile-de-France - Drire, Mars 1997.
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STRATES, Université Paris I, novembre 1997.
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- Direction régionale de l’Industrie, de la Recherche
et de l’Environnement d’Ile-de-France :
http://www.drire-ile-de-france.fr
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