L`étrange médecine du Dr B.
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L`étrange médecine du Dr B.
Le Soir Mardi 22 avril 2008 HANDICAP 137 des 238 bâtiments judiciaires belges (57 %) sont totalement accessibles aux personnes à mobilité réduite. 4 labelgique Emploi Reg. flam. cherche travailleurs P.7 Le communautaire revient Reynders invite les présidents francophones, Di Rupo exhorte la Flandre à la réserve sur BHV. Santé / La «Biologie totale» prétend tout guérir en chassant le stress L’étrange médecine du D B. r a Région flamande n’a jamais connu autant de diffiL DES THÉRAPEUTES controversés attirent les foules. cultés à recruter du personnel. C’est ce qui ressort d’une étude publiée ce lundi par le VDAB, l’office flamand de l’emploi. « C’est la première fois que le marché de l’emploi flamand compte aussi peu de demandeurs d’emploi par rapport aux postes de travail vacants », indique le service d’étude du VDAB. La pénurie ne présente pas la même intensité dans toutes les sous-régions. Les plus touchées sont Courtrai, Roselaere, Bruges et Vilvorde. Mais même des régions dont le marché ne présentait, à ce jour, aucun signe de tension, commencent à souffrir des mêmes maux. C’est notamment le cas du Limbourg, une région qui a longtemps souffert du chômage. Plus préoccupant, la Ville d’Anvers connaît, elle aussi, des difficultés de recrutement, alors que son taux de chômage est le plus élevé de Flandre. « La raison en est que les groupes-cibles (les femmes, les étrangers, les travailleurs âgés et les peu qualifiés, NDLR) ne peuvent pas suffisamment profiter des offres d’emploi disponibles. » Voilà qui est de nature à relancer quelques gros dossiers délicats au sein du gouvernement fédéral, comme la prime de mobilité en faveur des travailleurs wallons qui trouvent du travail en Flandre, la régularisation de sans-papiers susceptibles de trouver un emploi, voire la réouverture des frontières à une immigration économique. ■ B.Dy (avec b) BREF ENFANTS DÉTENUS Turtelboom fâche les ONG Des victimes témoignent. La justice est saisie. hemise blanche, large croix en bois sur le torse, le docteur B., médecin et homéopathe, a une façon un peu originale de soigner. Son credo : « Toute maladie résulte d’un conflit psychologique. » Pour guérir, il est donc utile de « passer par la prise de conscience du conflit et par sa résolution psychologique qui fera disparaître les symptômes ». Depuis une vingtaine d’années, l’homme remplit les salles dans lesquelles il enseigne cette « thérapie » aux âmes en quête de guérison. Mercredi dernier, la commune de Woluwe-Saint-Pierre, qui l’accueillait depuis quinze ans, a brusquement annulé ses prochaines conférences, après s’être aperçue que des associations de lutte contre les dérives sectaires s’inquiétaient des activités de ce mouvement thérapeutique, plus connu sous le nom de « Biologie totale ». Ce courant alternatif né des travaux de Claude Sabbah, médecin français qui s’est lui-même radié de l’Ordre des médecins, prétend guérir quasi toutes les maladies grâce à la résolution de nos conflits psychologiques. Une doctrine qui poursuit les travaux de Ryke Hamer, médecin allemand interdit d’exercice depuis 1986, et condamné pour exercice illégal de la médecine, après avoir poussé des patients cancéreux à arrêter leurs traitements. Et ils sont nombreux à proposer des conférences en Belgique, en C France et au Canada. Claude Sabbah aurait même déjà formé 600 thérapeutes en Belgique, dans ses séminaires. Officiellement, les tenants de la Biologie totale affirment travailler de concert avec la médecine classique. Pourtant, Jacques de Tœuf, ancien membre de l’Ordre des médecins, affirme que plusieurs d’entre eux ont déjà été radiés de l’Ordre. Aujourd’hui, le docteur B. nous a indiqué avoir été menacé de radiation. « On m’a jugé injustement coupable d’avoir poussé une de mes patientes décédée d’un cancer du sein à Le docteur B. nous affirme qu’on « ne meurt pas du cancer, mais de l’épuisement physiologique qu’il provoque » refuser les traitements allopathiques (NDLR : conventionnels). Pourtant, j’ai simplement accepté de l’accompagner, alors qu’elle refusait de subir une opération et voulait se suicider. Après une première radiation, j’ai fait appel, et suis désormais suspendu jusqu’en juin prochain. » En attendant, s’il n’exerce plus, ce médecin continue de multiplier les conférences, dans toute la Belgique. Lui se défend de propager l’ensemble de l’enseignement de Claude Sabbah et Ryke Hamer, ce que lui reproche pourtant le Conseil de l’Ordre. « Je ne retiens d’eux que ce que j’ai pu vérifier moi-même et travaille toujours avec la médecine classique. » Reste qu’une partie de son discours inquiète de nombreux médecins. Entre autres postulats, le docteur B. nous affirme qu’« on ne meurt pas du cancer, mais de l’épuisement physiologique qu’il provoque ». Pour le professeur Koen Demyttenaere, directeur du service psychiatrique à la KUL, « c’est de la foutaise. Dire qu’on ne meurt pas du cancer est aussi ridicule que de dire qu’on ne meurt pas d’un infarctus mais du manque d’oxygène qui en découle. Cela tient du discours pervers, qui induit que le cancer ne serait pas mauvais en soi ». Le docteur B. nous a également confirmé qu’il considérait que des « causes psychologiques permettent à un individu d’être récepteur ou non du virus du sida ». Là encore, pour le professeur de la KUL, « ce genre d’ineptie n’a aucune valeur scientifique ». Charles Berliner, médecin, fondateur de l’Association des victimes de pratiques illégales de la médecine (AVPIM), se bat depuis des années pour dénoncer un courant qu’il estime dangereux. « Derrière leur discours officiel de respect de la médecine classique, leurs écrits et leurs pratiques ne trompent personne. On est dans une pensée magique. » Le médecin a même reçu plusieurs témoignages accablants. Comme celui de ce responsable d’une maison de repos, qui accueillait une personne âgée soi- gnée par un disciple de Hamer. « Elle souffrait d’une infection bronchique, mais son médecin traitant ne voyait pas l’intérêt de se déplacer vu le traitement par ondes qu’il lui envoyait. Il avait une carte abstraite et colorée où figuraient son nom et celui de sa patiente, censée lui donner le courage de décéder ou de guérir. Il lui prescrivait des inhalations de thym et de cannelle. Elle s’est éteinte dans un état d’encombre- n juin 2004, Louis V., psychothérapeute de la région E de Liège, formé à la Biologie totale, était inculpé pour exercice illégal de la médecine, après la mort d’une de ses patientes atteinte d’un cancer de l’estomac. L’instruction est désormais achevée et le premier substitut du procureur du Roi à Liège, Philippe Dulieu, qui prépare son réquisitoire, indique qu’il pourrait demander le renvoi en correctionnelle du thérapeute pour exercice illégal de la médecine et homicide involontaire. Selon la famille de la victime, le thérapeute aurait promis à sa patiente la guérison, sans aucun recours à la médecine classique. « Il lui avait trouvé un conflit avec sa belle-mère, décédée en 1979. Si elle la priait, alors elle La princesse Eléonore est rentrée à la maison pourrait “accoucher” de son cancer », explique la fille de la défunte. La patiente, Mme S., est donc restée cinq mois chez elle, sans être suivie par un médecin, mais uniquement par Louis V., assistant social. « Lorsque ses selles n’étaient plus que du sang, il lui disait que c’était le symbole de “l’accouchement”. La rétention d’eau était le signe de “l’eau de guérison”. Quant aux champignons buccaux, ils étaient synonymes de “renaissance” », poursuit la fille. Diagnostiqué en février 2002, le cancer de Mme S. se développe rapidement. En juillet de la même année, à bout de forces, la patiente décide enfin d’entrer à l’hôpital. Elle décédera une semaine plus tard. ■ C. A BREF BRUXELLES L’audition du préfet de Jacqmain reportée au 5 mai Le conseil communal de la Ville de Bruxelles a accédé à la demande du préfet du lycée Emile Jacqmain de reporter son audition à une séance ultérieure. L’avocat d’Eric Deguide, qui est sous le coup d’une sanction de son pouvoir organisateur pour avoir enfreint le décret Arena, estime n’avoir pas eu suffisamment de temps pour examiner les pièces du dossier. Son audition aura lieu, en public, comme il le souhaitait, le 5 mai prochain. (F. V.) LOGEMENT Les gestionnaires du Foyer namurois auditionnés EN DEUX MOTS 1NL CHLOÉ ANDRIES La Biologie totale en justice : renvoi en correctionnelle en vue La ministre de l’Immigration, Annemie Turtelboom (VLD), a heurté les associations de défense des droits de l’Homme en affirmant, au Sénat, que la détention des enfants en centres fermés ne violait pas la Convention internationale des droits de l’enfant. La ministre a cité un arrêt de la chambre des mises en accusation de Bruxelles de 2005, qui concluait en ce sens à condition que la mesure soit prise en dernier ressort et que l’enfermement soit le plus bref possible. Deux conditions qui ne sont pas remplies en cas d’enfermement des enfants. Une instruction est d’ailleurs en cours pour détention abusive des enfants au 127 bis. Les ONG demandent de « mettre fin à cette situation ». (M. Vdm.) FN. Le tribunal correctionnel de Namur a poursuivi lundi l’examen du dossier à charge de Daniel Féret, ex-président du FN, et de sa compagne, Audrey Rorive. On leur reproche d’avoir utilisé de fausses signatures pour le dépôt de leur liste européenne de 2004. Le substitut a requis 18 mois de prison pour Féret, qui n’a plus droit au sursis, et un an avec sursis pour sa compagne. (S. Do.) ment bronchique incroyable. » Pour l’heure, aucun disciple de la Biologie totale n’a encore été condamné devant la justice pénale (lire ci-dessous). Les associations de victimes dénoncent, au cas par cas, mais n’ont pas de pouvoir réel face une nébuleuse composite. Il est difficile, pour les salles qui reçoivent ces thérapeutes, d’évaluer le sérieux des propositions qu’elles reçoivent. Lundi 14 avril, un conférencier est même venu présenter un film à la gloire du Dr Hamer aux Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur. ■ LA PRINCESSE ELÉONORE, sa maman, la princesse Mathilde, et son papa, le prince Philippe, ont quitté l’hôpital Erasme d’Anderlecht lundi après-midi. Plusieurs dizaines de personnes ont assisté à ce départ. « Avec Eléonore, nous avons à présent deux filles et deux garçons, c’était notre rêve », ont déclaré les pa- rents. Pourquoi Eléonore ? « C’est simple, ce prénom a fait l’unanimité entre nous. » Selon Philippe et Mathilde, la princesse Elisabeth, 6 ans, est très fière de sa petite sœur : « Elle se comporte comme une vraie maman. Elle l’aide même à s’habiller ! » La princesse Mathilde a aussi donné des nouvelles de son pè- re, le comte d’Udekem d’Acoz, hospitalisé il y a quelques semaines et qui est resté 15 jours dans le coma : « La situation neurologique est stable. Il y a un très très lent progrès. Dans le sens positif. » En matinée, le prince Philippe était allé déclarer sa fille à la commune d’Anderlecht. (D. H.) © DIRK WAEM/BELGA. Saisi des conclusions de l’audit réalisé au Foyer namurois qui a souligné des problèmes relatifs à l’attribution de logements aux citoyens non européens – ce que Jacques Etienne (CDH), président réfute avec force –, le conseil d’administration de la Société wallonne du logement a décidé, lundi, de suivre la procédure classique. Autrement dit, l’application pure et simple de l’article 174 du Code wallon du logement, prévoyant, notamment, l’audition contradictoire des gestionnaires de la société de logement de service public namuroise. (H. Dz.) www.lesoir.be