hommage JC Lemoine (1

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hommage JC Lemoine (1
Monsieur le Président du Tribunal de Commerce de Grenoble,
Monsieur le bâtonnier, Cher Jean-Luc Médina,
Monsieur le Directeur de Grenoble Ecole de Management, cher Loïk Roche
Cher Jean-Claude Lemoine,
Mesdames, Messieurs,
Je veux tout d’abord remercier Jean-Claude Lemoine de m’avoir associée à la
reconnaissance républicaine qui l’honore à juste titre aujourd’hui et lui dire,
ainsi qu’à Jean-Luc Médina, tout mon plaisir d’être parmi vous à cette occasion.
C’est la reconnaissance d’un parcours aussi brillant qu’atypique. Mais c’est
aussi un parcours, quand on y regarde de plus près, très cohérent, avec un fil
rouge.
Passer en effet d’un CAP en électromécanique puis bancaire à un poste de
professeur à GEM, après avoir créé ou repris des entreprises dans des secteurs
totalement différents, avec le même succès, suivi une formation à l’Institut
d’Administration des Entreprises jusqu’à l’obtention d’un DESS, présidé une
banque régionale, assuré des responsabilités si nombreuses qu’on ne peut pas
toutes les citer, un tel parcours, aussi diversifié, n’est pas très courant.
C’est peut-être ce qui explique le retard avec lequel intervient cette juste
reconnaissance. Trop de ministères pouvaient se prévaloir de leur parrainage :
économie, budget, industrie, innovation, ESR, justice, enseignement supérieur
et recherche. Et c’est bien le ministère de l’Enseignement supérieur et de la
recherche, dont on méconnaît trop souvent le discernement et la réactivité, qui
a gagné, ce dont, naturellement, je me réjouis.
Cher Jean-Claude Lemoine, je laisserai à Maître Jean-Luc Médina le soin de
décliner votre parcours, avec le talent et la précision que chacun lui reconnaît
et je me contenterai de revenir sur quelques points qui vous distinguent
particulièrement.
Vous attribuez votre parcours de réussite à vos qualités relationnelles (« l’effet
cafétaria » dites-vous) et à votre audace. Ces deux qualités y ont sûrement
contribué. Ce que vous ne dites pas, par modestie, c’est la somme de travail, la
constance, la détermination que tout cela a représenté. Si vous ne le dites pas,
c’est aussi parce que vous aimez travailler, cela vous paraît donc naturel.
Pour avoir présidé l’IAE pendant dix ans, je sais ce que signifie, non seulement
pour l’étudiant mais aussi pour toute sa famille, la reprise d’études en
formation continue. J’ai toujours regardé avec beaucoup d’attention ce cursus
exigeant, qui implique des cours le soir, le samedi, du travail personnel, le tout
en assumant par ailleurs une activité professionnelle. Vous êtes d’ailleurs
reconnaissant à votre entourage, particulièrement à votre épouse, du soutien
constant qu’elle vous a prodigué, et je sais que vous aurez à cœur de le lui
redire dans quelques instants.
On l’aura compris, vous êtes un homme aux si nombreuses facettes qu’on ne
sait pas bien par quel aspect de votre vie professionnelle vous définir au plus
près. Vous travaillez d’abord dans une banque, avec une progression rapide,
créez une entreprise à 32 ans, spécialisée dans l’ingénierie financière,
aujourd’hui on dirait une « fintech ». Vous reprenez ensuite Karting, une
société spécialisée dans le prêt à porter adulte, un secteur d’activités à haut
risque, le textile, mais vous vous en sortez très bien avec une vente à un fonds
d’investissement,. De 2005 à 2014, vous êtes administrateur puis vicePrésident de la Banque Populaire, que l’on connaît mieux ici sous le nom de
Banque Pop, que ses représentants me pardonnent cette familiarité : je dois
dire que je suis très reconnaissante à cette banque d’avoir mis en place la
première une ligne de trésorerie pour les entreprises adhérentes du pôle de
compétitivité Minalogic, c’était audacieux et cela a permis d’entraîner
l’ensemble des banques ensuite. Vous présidez aujourd’hui la Banque de
Savoie. En parallèle, vous avez intégré GEM en 2003, d’abord comme vacataire
puis dès 2008 comme enseignant et directeur de l’Institut de l’Entreprenariat.
Vous avez aussi exercé la responsabilité d’expert judiciaire à la Cour d’appel, de
juge commissaire au Tribunal de Commerce de Grenoble, d’expert pour le pôle
de compétitivité Minalogic et la liste est loin d’être exhaustive.
Un conseil au passage à tous les directeurs, Présidents, responsables présents
ce soir : méfiez-vous de cette homme quand il approche votre entreprise ou
votre organisme. Avec la gentillesse et l’urbanité qui le caractérisent, tout son
parcours le démontre, au bout de quelques années, voire de quelques mois, il
risque de prendre votre place, pas par un quelconque calcul ou une stratégie
d’accès au pouvoir, mais simplement grâce à sa force de travail, sa compétence
et sa détermination toujours courtoise et respectueuse des autres.
A GEM, Jean-Claude Lemoine a su porter au plus haut le master
d’entreprenariat. Dans le cadre de ma mission ministérielle, j‘ai mis en place,
en 2013, un statut d’étudiant-entrepreneur dont les projets sont accueillis dans
de pôles d’innovation, de transfert et d’accompagnement à la création
d’entreprises, les Pépites. Cela avait suscité quelques réactions négatives, le
mot est faible, de la part de certains académiques très (trop ?) conventionnels.
Si je l’avais fait, c’était d’abord pour répondre à un besoin exprimé par les
étudiants, nombreux à vouloir créer leur activité ou leur entreprise pendant
leurs études, avec une formation et un mentoring adaptés, à la fois par des
enseignants-chercheurs et des responsables d’entreprises. Vous aviez
largement anticipé ce dispositif inscrit dans la loi de 2013, en développant à
GEM un master d’entreprenariat, classé numéro 1 national depuis 3 années
consécutives pour la qualité de sa pédagogie, neuvième au niveau
international. Je vous félicite ainsi que votre équipe pour cette reconnaissance
au plus haut niveau, la prochaine étape étant d’être le premier au classement
européen. Plus d’un étudiant sur deux passé par cette formation et par
l’incubateur IncubaGEM que vous avez mis en place est encore aujourd’hui
chef d’entreprise : un seul mot, bravo !
Et puis, vous avez le goût des défis. Il en est un pourtant qui me paraît
impossible à tenir : celui de « mentorer », comme vous vous y êtes engagé,
Frédéric Serre dans sa nouvelle aventure d’entrepreneur. Frédéric, que je
connais bien est ce qu’on pourrait appeler un « serial start-upper » : d’abord
Supertec, puis Delta Drones et, aujourd’hui, Motion recall. Il s’agit toujours de
projets créatifs, fondé sur les usages et particulièrement innovants tant sur le
plan technologique que commercial. Mais, je le dis devant lui car il est avec
nous ce soir, il est impossible de mentorer Frédéric Serre, dont le talent n’a
d’égal que l’indépendance d’esprit et d’action et je vois, à votre expression,
que vous en êtes tout à fait conscient. J’aurais dû m’en douter…
Pour résumer votre parcours assez formidable et il est loin d’être terminé, j’ai
essayé, un exercice forcément réducteur, de le résumer en trois grands
principes qui l’ont fondé et guidé. Le premier, c’est votre foi dans le progrès,
vous n’êtes pas partisan du déclinisme ou de la décroissance et vous croyez
dans la force du progrès. Je partage cette philosophie. Le second, c’est votre
confiance dans l’humain : votre parcours de progression sociale et
professionnelle a d’ailleurs sûrement contribué à l’empathie et au respect qui
caractérisent votre relation aux autres. Le troisième, c’est votre exceptionnelle
capacité de travail alliée à un engagement aussi bien professionnel que citoyen,
toujours au service de l’intérêt général.
Ce sont toutes ces qualités, et bien d’autres encore, comme nous allons le
découvrir dans les propos qui vont suivre, qui vous valent aujourd’hui cette
reconnaissance de la République et votre distinction comme chevalier dans
l’ordre national du mérite. Permettez-moi en conclusion de vous féliciter
encore une fois bien amicalement et de vous remercier de tout coeur de votre
engagement.

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