Robert Desnos (1900

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Robert Desnos (1900
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Robert Desnos (1900-1945)
Par Marie-Claire Dumas
1900
Robert
Desnos
naît
le
4 juillet
1900,
à
Paris,
32
boulevard
Richard-Lenoir
(11e arrondissement), second et dernier enfant de M. Lucien Desnos, mandataire aux Halles
et Mme, née Claire Guillais.
1902
La famille Desnos s’installe 11 rue Saint-Martin (4e arrondissement), dans le quartier SaintMerri, au cœur du quartier des Halles.
L’enfant fréquente l’école maternelle de la rue Sainte-Croix-de-la Bretonnerie, puis l’école
communale, 36 rue des Archives, et enfin l’école municipale supérieure Turgot.
1911
Robert Desnos fait sa première communion en l’église Saint-Merri, le 1er juin.
1913-1916
En 1913, la famille Desnos s’installe 9 rue de Rivoli, 4e arrondissement.
Robert obtient le certificat d’études en 1913, le brevet élémentaire en 1916. Déçu par ces
études mais pourvu de rudiments d’espagnol et d’anglais, il décide de ne pas entreprendre la
formation commerciale souhaitée par son père et se lance dans la carrière littéraire. Pour
assurer sa subsistance, il doit faire divers petits métiers. Il s’adonne avec passion à la lecture
et commence à écrire.
1918
Échappant de peu à l’appel sous les drapeaux lors de la guerre de 14-18, il se lie d’amitié avec
des jeunes gens de tendance anarchiste, Henri Jeanson, Armand Salacrou, Georges Gautré,
Rirette Maitrejean.
1919
Devenu secrétaire de Jean de Bonnefon, écrivain et journaliste, il écrit les poèmes de
Prospectus. Grâce au poète Louis de Gonzague Frick, il publie en revue Le Fard des
Argonautes et entre en relation avec Roger Vitrac et Benjamin Péret. Il découvre Dada.
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1920-1921
Il accomplit son service militaire à Chaumont en Haute-Marne, puis au Maroc.
1922-1923
Dès son retour à la vie civile, il s’intègre au groupe de la revue Littérature (Breton, Soupault,
Aragon, Eluard, Péret, Crevel). Il participe aux expériences d’écriture automatique, de
sommeils hypnotiques. Les poèmes de Rrose Sélavy, L’Aumonyme, Langage cuit, les récits
de Nouvelles Hébrides témoignent de cette activité fiévreuse. Il dessine et il peint.
1924-1925
Son rôle dans le mouvement surréaliste est salué par André Breton : « Le surréalisme est à
l’ordre du jour et Desnos est son prophète (Journal littéraire, 5 juillet 1924) », « Robert
Desnos parle surréaliste à volonté (Manifeste du surréalisme, 1924). » Il participe avec
fougue aux diverses manifestations organisées par le groupe, il prend part à la rédaction des
tracts et déclarations collectives, il écrit régulièrement dans la revue La Révolution
surréaliste. Il publie Deuil pour deuil en 1924.
À partir de 1925, il est journaliste à Paris-Soir, Le Soir, Paris-Matinal et fournit des échos au
journal satirique Le Merle. Outre des reportages d’actualité menés de façon alerte et
pittoresque, il publie des chroniques sur la peinture, le cinéma, les disques, la littérature.
1926-1927
En avril 1926, Desnos s’installe dans l’ancien atelier d’André Masson, 45 rue Blomet, dans le
quartier de Montparnasse. Il est à deux pas du Bal nègre et proche également de la rue du
Château où se réunissent Marcel Duhamel, les frères Prévert, Raymond Queneau, le peintre
Malkine.
Il publie le recueil de poèmes C’est les bottes de 7 lieues cette phrase « je me vois », illustré de
quatre eaux-fortes d’André Masson.
Sa passion non partagée pour l’étoile de music-hall Yvonne George lui inspire les poèmes À la
mystérieuse, Les Ténèbres, le Journal d’une apparition.
En 1927, il publie La Liberté ou l’amour !, roman jugé licencieux et amputé d’un chapitre par
décision de justice.
Il refuse de s’associer aux surréalistes qui ont décidé d’adhérer au parti communiste (Breton,
Aragon, Eluard, Péret, Unik).
1928-1929
La présence de Desnos dans le groupe surréaliste devient irrégulière. Devenu un
professionnel du journalisme, il est requis par les obligations de son métier. Son voyage à
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Cuba, en mars-avril 1928, comme représentant du journal La Razon au Congrès de la presse
latine, fait quelque bruit. Il ramène avec lui, Alejo Carpentier.
Lorsqu’au début de 1929, Breton et Aragon organisent une réunion rue du Château pour
relancer l’activité collective, Desnos ne s’y rend pas.
En décembre, dans le Second manifeste du surréalisme, Breton signifie à Desnos son
exclusion du groupe.
1930
Avec d’autres exclus – Bataille, Masson, Limbour, Leiris – Desnos publie un pamphlet contre
Breton, Un cadavre, titre repris au pamphlet de 1924 contre Anatole France, et revient à la
charge avec le Troisième manifeste du surréalisme, où il oppose à « l’occultation du
surréalisme » prônée par Breton, un « surréalisme tombé dans le domaine public ».
Il publie Corps et biens, bilan poétique des années 1919-1929, ainsi que The Night of loveless
nights, avec des illustrations de Georges Malkine.
1931-1933
La crise de 1929 rend ces années matériellement difficiles.
Desnos vit avec Youki Foujita, que le peintre a confiée au poète. Pour elle, il compose l’album
enluminé de sa main Le Livre secret, écrit des poèmes Youki poésie 1930, Les Nuits blanches.
En novembre 1933, son premier succès à la radio « La Grande complainte de Fantômas »,
émission produite par Paul Deharme, dont Desnos a écrit les sketches à partir des romans de
Souvestre et Allain ainsi que la fameuse « Complainte » sur une musique de Kurt Weil, lui
met le pied à l’étrier pour une carrière de journaliste radiophonique.
1934-1939
Desnos et Youki emménagent au 19 rue Mazarine, dans le 6e arrondissement de Paris. Ils y
tiennent table ouverte tous les samedis et reçoivent des artistes et des écrivains venus du
monde entier.
Desnos anime une équipe de journalistes à l’agence Information et Publicité, son ami Alejo
Carpentier étant chargé des programmes musicaux.
Outre des slogans publicitaires, il crée des émissions culturelles destinées à un public large,
privilégiant l’intervention des auditeurs dans l’élaboration des thèmes traités. « La Clef des
songes », inaugurée en 1938, prend ainsi comme trame les récits de rêves envoyés par les
auditeurs, qui sont mis en onde et interprétés par Desnos et des membres de son équipe.
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En 1935, lors d’un séjour en Espagne, Desnos rencontre à Madrid Garcia Lorca. En
novembre 1937, il écrit un chant en l’honneur des Républicains espagnols No pasaran ainsi
qu’une cantate pour la mort de Garcia Lorca, fusillé par les Franquistes le 18 août 1936.
Il collabore avec Darius Milhaud, pour lequel il écrit la Cantate pour l’inauguration du
Musée de l’homme, en 1937, et la Cantate des quatre éléments.
Il participe à des manifestations des Maisons de la Culture, écrit des articles de critique de
disques dans Commune, Europe, Ce Soir.
Tôt alerté par la montée du nazisme et de l’antisémitisme, Desnos est de ceux qui croient
qu’un conflit avec l’Allemagne est inévitable, si l’on veut sauver la liberté. Le 3 septembre, la
guerre est déclarée et le sergent fourrier Desnos rejoint le 436e régiment de pionniers à
Nantes, qui est envoyé en Lorraine.
1940-22 février 1944
Après la débâcle de juin 1940, il rejoint Paris fin août et entre comme rédacteur littéraire et
d’information au journal Aujourd’hui que crée Henri Jeanson avec l’espoir d’y maintenir une
certaine liberté d’opinion. Illusion vite dissipée. Dès novembre, le journal tombe sous la
coupe de l’Occupant.
Desnos s’y maintient, d’abord pour des raisons économiques et bientôt pour recueillir des
informations qu’il transmet au réseau de Michel Hollard, « Agir ».
Il reprend des activités littéraires, publiant de façon officielle chez Gallimard (Fortunes et Le
vin est tiré…), semi-clandestine chez Robert-J. Godet (État de veille, Contrée) ou aux
Éditions de Flore (Le Bain avec Andromède). Il écrit sous pseudonymes dans diverses revues
clandestines.
Il participe aux dialogues du film de Roland Tual Bonsoir, mesdames, bonsoir messieurs,
comédie légère évoquant la vie à la radio. Le film sort quelques jours avant le 22 février 1944,
date de l’arrestation du poète.
1944-1945
Interné au camp de Royallieu, à Compiègne, il fait partie du convoi de 1770 déportés du
27 avril 1944, dit « convoi des tatoués », car les victimes seront marquées d’un numéro sur
l’avant-bras à Auschwitz. Renvoyé à Buchenwald, le convoi, réduit à un millier d’hommes, est
orienté vers Flossenbürg. Début juin, 185 d’entre eux sont affectés au camp de Flöha, où l’on
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fabrique des carlingues d’avions Messerschmitt. Selon les témoignages, Desnos ne cède ni à
l’épuisement ni au découragement. Il trouve un soutien dans la poésie.
Le 14 avril 1945, le camp est évacué et une meurtrière « marche de la mort » décime le convoi
des survivants qui parvient le 8 mai à Terezin, en Tchécoslovaquie. Épuisé, Robert Desnos y
meurt du typhus, le 8 juin 1945.
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