Arbustes en port libre : moins de travail, plus de

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Arbustes en port libre : moins de travail, plus de
© Ville de Saint-Egrève
Fleurs et plantes
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1/ Au moment de la plantation d’une haie d’arbustes en port libre, il est indispensable d’espacer la plantation en fonction du développement adulte
des variétés, même si comme ici, pour quelques années, une bordure engazonnée est à tondre régulièrement. 2/ Abelia x grandiflora – C’est quand
il est en port libre, sans limitation de hauteur ni de largeur, qu’il est le plus intéressant. De plus, son coût d’entretien est extrêmement limité. Mais pour
cela, mieux vaut connaître au préalable son développement.
Arbustes en port libre :
moins de travail, plus de résultats !
La taille des arbustes occupe souvent un temps considérable dans le calendrier des espaces
verts. Or, à la plantation, un choix judicieux d’arbustes permet de réduire, voire supprimer,
le travail de taille tout en retrouvant des ports spécifiques et des floraisons importantes.
C
haque arbuste possède des qualités
propres : feuillage, floraison, vitesse de croissance… L’une des spécificités souvent négligée correspond à son
port, sa silhouette. En taillant les arbustes “au cordeau”, cette caractéristique disparaît alors qu’en leur
laissant un port libre, “on redonne
une identité aux arbustes et un
geste plus naturel aux jardiniers”
explique Xavier Damboradjian,
responsable des espaces verts de
Saint-Egrève (Isère). Dans le cadre
d’une gestion différenciée, les arbustes en port libre conviennent
particulièrement aux zones “naturelles” : peu de main-d’œuvre et
de moyens sont nécessaires à un
rendu agréable. Mais ils peuvent
être utilisés ailleurs. Dans les parcs,
des arbustes isolés à grand développement peuvent atteindre 3
à 4 m de hauteur et de circonférence, donnant de magnifiques
floraisons.
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Un choix illimité
Tous les arbustes se prêtent au
port libre mais il est essentiel,
selon l’espace disponible à la
plantation, de choisir précisément
l’espèce et la variété en fonction
de son développement et de sa
taille adulte (hauteur et circonférence). Ainsi, dans des espaces
contraints tels que des terre-pleins
centraux ou des bordures de voiries, il est impératif de s’orienter
vers des espèces au développement naturellement limité (Genista lydia, Forsythia courtalyn,
spirées, romarins…). Pour obtenir
un port libre esthétique à partir
d’un arbuste antérieurement et
fréquemment taillé, deux choix
se présentent. Si son développement est inadapté au lieu de
plantation, il faudra l’arracher
pour planter une essence plus
adéquate. Par contre, quand l’arbuste dispose de suffisamment
d’espace, il suffit de le tailler au
niveau de la base, soit par éclaircie sur souche, soit par recépage :
Juin-Juillet 2014 Les cahiers du fleurissement
il repartira dans la majorité des
cas et aura récupéré son port
naturel 3 à 4 ans après un recépage. Avant de réaliser cette taille
sévère, il faut se renseigner sur
l'aptitude de l'arbuste à repercer
de la souche et sur sa vitesse de
croissance : il n’est pas pertinent
de la réaliser sur des arbustes à
croissance lente (azalées, Physocarpus…) et certaines plantes
ne repercent presque jamais
de souche ou sur les vieux bois
(lavandes, cistes, romarin…).
Mise en place
Concrètement, il est indispensable
de s’interroger avant toute plantation d’arbustes :
• quel espace sera à disposition
de l’arbuste adulte (usages et
contraintes de sécurité, d’accès…) ?
• quel temps d’entretien sera affecté à cet espace (haies à la française, port contraint, port libre…) ?
• quels arbustes sont adaptés au
climat local ?
• quelle esthétique est souhaitée
(persistant/caduc, floraison…) ?
“Dans les espaces mal conçus, le
développement trop important
du végétal contraint les agents
à de nombreuses inter ventions. Il faut choisir les arbustes
en fonction de leur futur entretien.” insiste Xavier Damboradjian. Lors de la plantation, le
service des espaces verts de
Saint-Egrève installe des petits
plants (60/80 cm), moins chers.
Les jardiniers évitent les conteneurs et privilégient les racines
nues (ou en motte pour les plus
gros). Cultivés en pleine terre,
ces arbustes sont plus denses,
plus endurcis et résistent mieux
à la sècheresse. La distance de
plantation est là aussi à évaluer
en fonction du développement
adulte des arbustes. Une même
plante acceptera mieux une
taille peu fréquente, voire pas
de taille, si elle est installée à
distance raisonnable de ses voisines plutôt que dans un espace
densément planté.
Fleurs et plantes
Quatre bonnes raisons de ne pas tailler
les arbustes !
Au delà de l’aspect esthétique du port libre, subjectif, il y a plusieurs
avantages à ne pas tailler les arbustes :
• gain de temps car le temps de taille d’un arbuste en port libre
est largement réduit ;
• gain d’argent lié à la main-d’œuvre dégagée par l’absence
de taille mais aussi par l’ensemble des déchets verts qui ne sont
plus à évacuer ;
• floraison (et parfois fructification) plus importante ;
• économie d’énergie fossile, diminution des émissions de CO2,
réduction des nuisances sonores…
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3/ Au centre d’un terre-plein ou en bordure de bâtiment, il est impératif
de s’orienter vers des espèces au développement naturellement limité,
sinon des tailles fréquentes seront obligatoires. Ces Spiraea thunbergii
peuvent facilement, selon les codes de gestion différenciée, être entretenues par éclaircie sur souche ou par recépage tous les 7 ans environ.
Un entretien restreint
Lorsque la conception d’un massif ou d’une haie privilégie les
arbustes en port libre, seule une
taille légère est nécessaire (enlever le bois mort, une branche
particulièrement dangereuse ou
gênante…). A Saint-Egrève, le coût
annuel de main-d’œuvre s’élevait
à 200/300 m TTC pour un arbuste de haie (taillé 5 à 6 fois par
an). Aujourd’hui, quand ces haies
ont été converties en port libre, les
taille-haies ne sont plus utilisés et
le nombre d’heures consacrées
à leur taille a été divisé par trois.
Les haies sont plus originales (car
on respecte les ports spécifiques)
avec des fleurissements plus longs
et plus importants. Tous les 3 à 7
ans, selon les essences, il peut être
utile de réaliser un recépage des
arbustes, c’est-à-dire une taille au
ras du sol, à la base des branches
ou des rameaux. Cette taille évite
un épaississement trop important
des bois et donne une nouvelle
vigueur à l’arbuste. Elle convient
à tous les arbustes basitones, qui
favorisent la croissance des bourgeons de la base des branches
(spirées, rosiers paysagers, cornouillers, weigelias…). Effectuées
de façon exceptionnelle, elle peut
convenir à bon nombre d'arbustes acrotones.
Saint-Egrève :
les jardiniers au cœur du choix
Depuis 4 ans, le responsable des espaces verts de Saint-Egrève
a impulsé un véritable “retour au naturel” et, aujourd’hui, les 3/4
des arbustes de Saint-Egrève sont en port libre. Il y a cinq ans, après
avoir suivi une série de formations pilotées par Pascal Prieur, Xavier
Damboradjian propose un programme ambitieux sur deux ZAC
d’habitations. Tout d’abord, les grand arbustes installés dans des
espaces inadaptés à leur développement sont arrachés et remplacés
par de plus petits sujets : 10 000 arbustes ont ainsi été replantés
en quatre ans. Le choix des arbustes revient aux agents qui auront la
charge de les entretenir. Leur seule consigne est de choisir des arbustes
ne nécessitant pas (ou peu) de taille, ayant un port esthétique et une
floraison remarquable. Ces jardiniers se sont réellement investis, avec
sérieux et bonne volonté, dans le choix des variétés en fonction
de l’évolution du végétal, de sa taille adulte et de la qualité de son port.
Il est important de noter que les jardiniers n’ont pas été dirigés.
Ils se sont renseignés avec, comme le dit Xavier Damboradjian,
“des livres et un accès à Internet”. Une certaine émulation interne, avec
des échanges de conseils et de retours d’expérience, s’est développée
au sein du service. Cette méthodologie est aujourd’hui appliquée
pour tous les nouveaux aménagements de la ville.
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4/ Cornus alba – Ce jeune sujet a été éclairci sur souche pour lancer sa
basitonie. Dorénavant, il pourra être laissé en port libre, en effectuant
régulièrement cette opération tous les 3 à 7 ans.