Blogs : expression d`une passion, d`une citoyenneté ou nouveau

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Blogs : expression d`une passion, d`une citoyenneté ou nouveau
Blogs: expression d’une
passion, d’une citoyenneté
active ou nouveau métier ?
Partie 5 :
Des blogs citoyens engagés
Action et Recherche Culturelles
Analyse
2012
Des
blogs
engagés
Des blogs
citoyens citoyens
engagés
Parmi les domaines les plus prisés de la blogosphère, le politique occupe
une place en vue. Des blogs sur « la chose politique » ou autres débats
engagés, aux blogs des politiciens, les idées fusent. Le Web se marie
allègrement à « la chose politique ». Bienvenue dans la sphère des
blogueurs engagés !
Aujourd’hui, les blogs constituent souvent l’outil communicationnel privilégié de
l’engagement citoyen et de la défense d’opinions ou de causes. Celles-ci étant aussi
variées que nombreuses ! Les préoccupations environnementales occupent notamment
un bel espace sur la toile. Celles-ci sont par exemple partagées par des blogueurs sous
l’angle de l’expérience personnelle de conversion écologique1. Autre exemple de lutte
pour une cause : une journaliste associée aux ouvriers d’une usine en phase de
fermeture, pour la rédaction d’un blog relatant leur lutte2 contre l’exclusion du monde
du travail et les inégalités sociales. Lanceurs d’alertes3 et donneurs d’opinions
privilégient aussi cet outil pour essayer de sensibiliser le plus grand nombre à leur
cause. La « chose politique » trouvant dans la blogosphère un milieu propice à son
épanouissement et à la diffusion de ses idées.
Parmi les « success stories » de blogging politique à proprement parler, celui du
Huffinghton Post est devenu une référence Outre-Atlantique. De simple blog
commentant les frasques du monde politique américain, il a rapidement accédé au
statut de médiablog et est aujourd’hui lu à travers le monde, parfois même cité comme
source d’information par les médias traditionnels. De blog politique, il est devenu en
quelques années média influant. Economiquement très rentable, sa valeur était estimée
à quinze millions de dollars en novembre 2008. Aujourd’hui, l’Huffington Post se décline
en plusieurs éditions à travers le monde. Récemment, Anne Sinclair, ancienne
journaliste vedette de TF1, est entrée dans la danse en devenant la rédactrice en chef
de l’édition francophone4.
L’esprit critique relèvera néanmoins que les blogs politiques ne s’adressent souvent
qu’à une certaine catégorie de personnes. Tous les citoyens n’ayant pas les capacités, ni
l’envie de ‘chatter’ politique sur le Web. Cette remarque n’enlève rien au rôle qu’ils
peuvent jouer au sein de la société civile, mais il faut être conscient que ce type de
blogs n’est pas forcément l’expression du plus grand nombre, mais bien de citoyens
1
Par exemple le blog Ma vie en vert , http://ecocitoyen.blogs.liberation.fr/danjon/2011/05/index.html) ou
de manière informative (http://environnement.blogs.liberation.fr/noualhat/).
2
http://lejaby.blogs.liberation.fr/dessous/
Le mot « lanceur d’alertes » (traduction du mot anglais whistleblower) désigne une personne qui
souhaite dénoncer des éléments (des pratiques, des produits) qu’il estime menaçant pour l’être humain,
la société ou l’environnement.
4
http://www.huffingtonpost.fr
3
Action et Recherche Culturelles - Analyse 2012
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Des blogs citoyens engagés
éclairés et désireux de faire valoir leur point de vue dans la société civile. « Le
blogueur a vu son rôle renforcé dans le paysage socioculturel et médiatique. Dans un
monde complexe, il agit comme un prescripteur de tendances, de points de vue,
comme un relais d’opinions ou un amplificateur de phénomènes. Il agit comme une
force d’opposition ou comme le producteur de contenus alimentant la chaîne
éditoriale ou le débat politique 5».
Le blog du politique
Si le blogging sur les enjeux politiques de nos sociétés est démocratiquement
intéressant, l’instrumentalisation des blogs et réseaux sociaux par les hommes
politiques est aussi aisé à établir. Même si les tweets ont pour l’instant plus le vent en
poupe, certains alimentent encore régulièrement leur blog traditionnel de
considérations socio-politiques. Plusieurs politiciens ayant compris l’importance que
pouvait revêtir ce genre de médiums auprès du grand public, pour partager leurs idées
et éventuellement créer du lien avec leur électorat, tout en formatant l’image qu’ils
souhaitent donner d’eux-mêmes.
En se jouant (et non en se cachant ou réfutant) de son image propulsée sur Internet
sans son assentiment, Michel Daerden était passé maître dans l’e-communication
politique. Au lieu d’essayer de contrôler ou de censurer les vidéos parfois peu
flatteuses postées sur le Web6, il a réussi à détourner ce qui aurait pu lui nuire, pour
créer le buzz. Son sens de l’autodérision et une certaine exploitation intelligente de ses
défauts, lui ont valu la sympathie des internautes. C’est de la communication pure, sans
autre message qu’éventuellement celui de s’affirmer « être un homme comme tout le
monde ».
Dans la même veine, le Parti Pirate belge7 a récemment utilisé Twitter pour détourner
un mini-conflit d’intérêts qui l’opposait au ministre des Pouvoirs locaux et par la même
occasion, faire parler de lui, voire séduire de potentiels électeurs. Début de l’été 2012,
le Parti a demandé aux internautes d’envoyer un message avec le hastag « #hellopaul »
sur Twitter, pour demander au ministre Paul Furlan de lui octroyer le document lui
permettant de s’inscrire aux élections. L’esprit se voulant bon enfant, mais aussi
« favorisant la démocratie ». Résultat : le parti a obtenu son sésame. Mais au-delà des
faits anecdotiques, ce petit buzz démontre le pouvoir d’Internet sur les opinions
publiques. Le tout consiste à l’utiliser à bon escient !
Autre élément de réflexion intéressant : la blogosphère fonctionnerait par ailleurs
selon un système d’auto-régulation au sein duquel les blogs les moins pertinents ne
passeraient pas le filtre de survie octroyé par les internautes. En plus de favoriser la
5
Blogs, médias sociaux et politique, p60.
Il suffit de taper ‘Michel Daerden’ dans http://www.youtube.com
7
pirateparty.be
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Des blogs citoyens engagés
diversité des opinions, la blogosphère fonctionnerait de manière relativement
démocratique !
Blogs des engagés et autres lanceurs d’alerte
Face à une certaine oligarchie médiatique, les collectifs de blogueurs qui unissent leurs
actions au sein de plateformes communes, se multiplient. En France, l’un d’entre eux
s’est notamment constitué pour défendre la liberté d’expression des blogs citoyens et
unir leurs forces face aux pressions et aux tentatives de censure ou d’intimidations 8.
Devant l’uniformisation des médias et de la pensée ou la pression du ‘politically
correct’, les blogs peuvent jouer un rôle de pluralisation des opinions classiques. Une
perspective positiviste pour l’expressivité sociétale ! Une enquête d’Edelma, pour la
Fondation Concorde sur la confiance des leaders d’opinion européens en 2006,
indiquait d’ailleurs que la confiance vis-à-vis des entreprises avait chuté depuis 2004,
« passant de 47% à 28%, au profit de la société civile. Les blogs et la combinaison des
différents outils du Web 2.0 donnent plus de pouvoir aux acteurs non institutionnels,
ONGs, médias citoyens, collectifs, think thanks : leur « maîtrise » devenant un enjeu
pour des puissances économiques et politiques qui s’opposent 9».
Dans différents pays, le blogging10 sert aussi à dénoncer certaines pratiques,
notamment celles du harcèlement sexuel au sein de l’espace public. En Egypte, le
phénomène est devenu si écrasant, qu’un collectif s’est constitué pour dénoncer ces
comportements impunis et dresser une carte des lieux où ces agressions sévissent plus
particulièrement. Une initiative similaire est née en Inde sous le nom de Blank Noise11.
Ce projet, lancé sur la toile à l’initiative d’un groupe de femmes, invite les victimes à
témoigner sous forme de textes écrits et de vidéos dénonçant les faits. Mais les
porteurs de ce projet vont plus loin, décriant aussi le discours ambiant culpabilisant,
qui fait systématiquement porter la faute sur les épaules des femmes, toujours
accusées d’avoir provoqué le harcèlement par leur tenue, par le fait d’être au mauvais
endroit, au mauvais moment, etc. Blank Noise a lancé une campagne pour dénoncer
haut et fort cette pression sociale déplacée. L’initiative ayant attiré près de 300
bloggers en 10 jours et suscité un tel débat que cela s’apparente un peu à une catharsis
collective. « Le blog, soutenu par un nombre croissant d’hommes et de femmes, a mis
en lumière cette pratique sous un angle qui n’avait jamais été abordée par les médias
traditionnels. (…) Si le journalisme citoyen en Inde a principalement un impact réel
durant les situations de crise (tsunami, tremblement de terre, inondations), il
commence néanmoins à exercer une influence sur la politique, en dénonçant la
corruption, et dans la société, en épinglant des problèmes comme celui du
8
www.webcitoyen.com
Blogs, médias sociaux et politique, p51.
10
http://harassmap.org
11
http://blog.blanknoise.org
9
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Des blogs citoyens engagés
harcèlement sexuel envers les femmes et ceux rencontrés par les personnes situées en
marge de la société »12.
La problématique du harcèlement en rue semble d’ailleurs plus universelle qu’elle n’y
paraît de premier abord. En septembre 2012, le documentaire diffusé par une
étudiante flamande, Sofie Peeters, sur le harcèlement qu’elle a subi durant son court
séjour à Bruxelles, a défrayé la chronique médiatique, tant dans les médias traditionnels
que sur la toile. Le Web est ici saisi comme outil privilégié de dénonciation de
pratiques inciviques et permet à une communauté de personnes concernées par une
problématique commune, de faire valoir leur point de vue. Fondée en 2005 à New
York, l’association Hollaback s’est donnée comme mission de lutter contre le
harcèlement en rue dans le monde, notamment au travers du partage d’expériences via
leur site Internet, mais aussi en incitant les citoyens à ne pas demeurer dans la passivité
lorsqu’ils assistent à une scène de harcèlement et leur donner des pistes pour réagir
adéquatement. Récemment, un Hollaback bruxellois13 a vu le jour et suite à la
diffusion du documentaire de Sofie Peteers et l’ampleur des réactions qui se sont
propagées sur Internet, le magazine Elle Belgique a lancé une campagne « Touche pas à
ma pote », en référence à celle contre le racisme « Touche pas à mon pote », lancée
dans les années 80. L’utilisation du blog, comme outil diffuseur des messages de
lanceurs d’alerte a ici fonctionné à merveille.
Conclusion
Le blog possède un potentiel communicationnel que les politiciens ou autres porteurs
de pensées politique ne peuvent ignorer. C’est aussi le lieu par excellence pour
exprimer les enjeux locaux et susciter le débat public. Bien utilisé, le blog peut devenir
un outil intéressant pour favoriser la démocratie participative, grâce à sa transparence
et sa rapidité de diffusion massive.
Plus encore que par le passé, l’information n’existe cependant qu’au travers de son
pouvoir de diffusion. Si créer un blog ne présente pas de difficulté technique
particulière, lui donner une visibilité, l’indexer et le référencer dans les moteurs de
recherche afin qu’il soit identifié par le plus grand nombre, est nettement plus
complexe. Le degré d’influence d’un blog dépendant de son niveau de viralité, c’est-àdire de son degré de pénétration dans la communauté, il s’agit d’une question
importante, mais également compliquée pour le blogueur lambda.
Sandra Evrard
12
13
Citizen journalism. Global perspective, Stuart Allan and Einar Thorsen, p83.
http://brussels.ihollaback.org
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Des blogs citoyens engagés
Parlez-vous Web ?
Followers : les personnes qui suivent une idée, un concept, dans ce cas-ci un blog.
Viralité : le taux de viralité exprime le pouvoir de diffusion d’une idée, d’un blog, sur
la toile
Buzz : ce terme anglo-saxon désigne le bruit fait par une information diffusée sur le
web.
Microblogging : Dérivé du mot blog, le microblog fait référence à des plates-formes
(comme Tweeter) qui permettent de publier des textes relativement courts.
Egoboo : Terme provenant de l’anglais (ego + boost) qui désigne un sentiment de
satisfaction lié à la reconnaissance d’un public, suite à une publication.
Web 2.0. : Désigne l’ensemble des techniques et fonctionnalités du web
contemporain, aux interfaces interactives et intuitives. Le web 2.0. favorise des
échanges plus fluide et collaboratifs d’informations entre les internautes, par exemple
via les réseaux sociaux.
Like : Bouton employé sur Facebook pour exprimer que l’on aime un message/une
photo publiés.
Share : De l’anglais “partagé”. Désigne le fait de partager des infos, photos, videos via
une plate-forme sociale comme Facebook.
Post : Désigne le ‘postage’ de commentaires, photos, videos, sur les réseaux sociaux
ou blogs.
Tutoriel : Désigne un guide d’apprentissage de style ‘tutorat’. En réalité, il s’agit
généralement de petites vidéos postées sur Internet pour apprendre quelque chose
aux Internautes.
Hashtag : Désigne un mot précédé d’un # publié sur Twitter, dans le but de
regrouper un message autour d’un thème ou d’un événement.
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Publié avec le soutien du service
de l’Éducation permanente de la
Fédération Wallonie-Bruxelles
Editeur responsable : Jean-Michel DEFAWE
© ARC a.s.b.l. - rue de l’Association 20 à 1000 Bruxelles
www.arc-culture.be
[email protected]
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Analyse
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