Noms nus vides et pro Yves Roberge, Université de Toronto Lors de
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Noms nus vides et pro Yves Roberge, Université de Toronto Lors de
Atelier sur les noms nus / Workshop on Bare Nouns, UWO, Mai 2005 Noms nus vides et pro Yves Roberge, Université de Toronto Lors de l’atelier, nous travaillerons surtout, mais pas exclusivement, sur les noms nus vides (NNV) en établissant leur place dans une typologie des objets nuls, surtout dans leur contraste avec pro. Il sera donc démontré que la distinction entre pro et NNV est nécessaire dans le contexte des objets nuls; Cummins & Roberge (2005), basé en partie sur Hale & Keyser (2002). Un NNV correspond à une interprétation non individuée de l’objet (1) tandis que pro représente un objet individué (2). (1) Coupe du Monde, les Français impressionnent N. (2) «Tu as lu les pages?» Il avait lu pro. (Larjavaara 2000: 55) L’existence de NNV n’est pas surprenante dans la mesure où des contreparties avec contenu phonologique existent en français : locutions verbales (avoir faim, prendre part), objets internes; voir aussi Mathieu (2004). Le but principal de mon intervention sera de poser (et de tenter de répondre) à certaines questions d’ordre conceptuel posées par cette approche. À quoi correspond la distinction NNV-pro? Pourquoi cette distinction devrait-elle exister dans une grammaire? Je propose que cette distinction peut s’interpréter comme le reflet de la façon dont les arguments sont projetés dans les structures syntaxiques et qu’elle peut donc contribuer au débat actuel entre les visions exo-squelettiques et endo-squelettiques des représentations syntaxiques; voir Borer (2003) pour une description de ce débat. Pour ce faire, j’établirai un rapprochement entre l’incorporation nominale (Baker 1988, entre autres) dans laquelle le N incorporé est un argument qui reçoit une interprétation non référentielle et non individuée. Il sera par la suite démontré que la distinction NNV-pro est reflet de deux points d’association distincts dans la structure syntaxique : le NNV est associé à V ou une de ses projections très « bas » dans la structure tandis que pro en tant que DP s’associe à une projection plus élevée au dessus du complexe verbal. Le NNV est donc relié aux propriétés sémantique/thématique du verbe alors que le DP est actif dans la structure d’événement. Cette analyse se rapproche ainsi de celle de Sportiche (1997) sur le « split-DP » et Basilico (1998) sur deux positions d’objet. À ce point-ci de notre argumentation, mon implantation de la distinction NNV-pro va à l’encontre d’une approche purement exosquelettique comme celle développée dans Borer (2005) puisque seules les positions de DP plus élevées sont prédites. Nos NNV seraient exclus suivant cette approche. Mais je démontrerai qu’une analyse purement endo-squelettique voulant que les positions de NNV correspondent à des projections de la structure d’argument du verbe impliqué est aussi incompatible. Certains faits empiriques semblent démontrer que la ou les positions occupées par le NNV ne sont pas nécessairement pleinement thématiques mais si elles sont de nature sémantique. Les constructions étudiées ici sont les objets internes, les objets explétifs (avec extraposition ou non), l’incorporation d’adjoint et les facteurs structuraux qui favorisent les NNV. La structure d’argument n’est donc pas responsable de l’existence des NNV. J’en conclurai par conséquent qu’une approche néo-projectionniste combinant l’exo-squelettique (DP externe à VP) et l’endosquelettique (NNV interne à VP) se conforme plus facilement à mes analyses. Références: Baker, Mark C. (1988) Incorporation. The University of Chicago Press: Chicago Basilico, David (1998) “Object Position and Predication Forms”, Natural Language and Linguistic Theory 16: 541-595. Borer, Hagit (2003) “Exo-skeletal vs. Endo-skeletal Explanations: Syntactic Projections and the Lexicon”, in M. Polinsky & J. Moore (eds.) Explanation in Linguistic Theory. Stanford: CSLI. Borer, Hagit (2005) Structuring Sense. Oxford University Press Cummins, Sarah & Yves Roberge (2005) “A Modular Account of Null Objects in French”, Syntax 8.1: 44-64. Hale, Ken & S. Jay Keyser (2002) Prolegomenon to a Theory of Argument Structure. Cambridge, MIT press. Larjavaara, Meri (2000) Présence ou absence de l’objet. Limites du possible en français contemporain. Helsinki, Academia Scientiarum Fennica. Mathieu, Éric (2004) “Bare Nouns and Morpho-syntactic Reflexes of Semantic Incorporation: Some New Facts”, paper delivered at NELS 35, University of Connecticut. Sportiche, Dominique (1997) “Reconstruction and constituent structure”, Linguistics Colloquium Series talk, October 1997, MIT.