Les études thématiques Le vitrail

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Les études thématiques Le vitrail
Les études thématiques
Le vitrail
rurales – Norrey-en-Auge, Parfouru-l’Éclin, Genêts, Anctoville-surBoscq, Aunou-sur-Orne, Chandai… –
abritent également de précieux témoignages. Le
dynamisme des ateliers de peinture sur verre est confirmé
par l’accueil précoce réservé aux techniques nouvelles,
parfois complexes : mis en œuvre vers 1300 en région
parisienne, l’usage du jaune d’argent – teinture à base
de sels d’argent posés sur la face externe ou interne de
verres le plus souvent incolores – est ainsi attesté dès
1313 au Mesnil-Villeman.
Saint-Hymer, ancien prieuré, baie 1, milieu xiv e siècle.
© Photo Pascal Corbierre 1994.
I
nitié en France en 1972, le recensement des
vitraux anciens a pour objectif de dresser
un inventaire le plus exhaustif possible des
verrières antérieures à 1789 conservées dans
les édifices religieux et les collections publiques, voire dans les collections privées. Depuis
quelques années, ce programme national tend
également à prendre en compte les éléments
les plus significatifs des vitraux des xix e et xx e
siècles.
L’étude consacrée au patrimoine verrier bas-normand
a révélé un corpus de 380 verrières, les plus anciennes datant du xiii e siècle. Les plus riches ensembles de
cette époque sont conservés dans les cathédrales de
Coutances et de Sées, mais plusieurs petites églises
[ Réf. 24 ]
Le Mesnil-Villeman, église Saint-Pierre, baie 3, détail : grisaille décorative, 1313.
© Photo Pascal Corbierre, 1999.
Saint-Sever, ancienne abbatiale,
baie 1, Arbre de Jessé, vers 1260.
© Photo Pascal Corbierre 1998.
Le vitrail
celui de Duhamel-Marette, installé à Évreux, à qui l’on
doit notamment la vitrerie de l’église de Villers-surMer, mais aussi celui de Didron à Paris. Au xx e siècle,
l’Entre-deux-guerres puis la Reconstruction donnent
lieu à de nouvelles
interprétations artistiques, influencées par
les peintres parisiens
comme Maurice Denis
ou faisant appel à des
techniques inédites ou
originales, comme celle
du verre moulé pressé,
appliquée par René
Lalique à Douvres-laDélivrande (chapelle de
la congrégation NotreDame-de-Fidélité), ou
de la dalle de verre,
dans les années 1960.
Saint-Lô, église Notre-Dame, baie 8,
Assomption de la Vierge et Trinité, par Arnoult de Nimègue, 1513.
© Photo Pascal Corbierre, 1998.
Saint-Denis-sur-Sarthon, église Saint-Denis, baie 2,
détail : portrait de Marguerite de Valois, vers 1540.
© Photo Pascal Corbierre, 2000.
Le vitrail bas-normand, dont la production est à
peine suspendue lors de la guerre de Cent Ans, connaît
son âge d’or aux xv e et xvi e siècles. Les besoins en verre
sont alors importants et les artistes ont désormais
accès plus couramment à des matériaux de qualité,
que livrent notamment les verreries implantées autour
de la forêt d’Écouves. Les vitraux des églises du Vast,
de Saint-Lô, de Céaux, de Notre-Dame d’Alençon, de
Saint-Germain d’Argentan, de Saint-Pierre de Coutances, de Saint-Michel de Pont-l’Évêque, de Notre-Dame
de Mortagne, de Champs… révèlent un art bien maîtrisé. Les productions sont issues d’ateliers locaux mais
trahissent également l’apport d’artistes ou d’emprunts
extérieurs à la région (Rouen, Évreux, Bretagne, Maine,
milieu parisien…) et au royaume. Le Flamand Arnoult
de Nimègue est ainsi l’auteur de la verrière du Couronnement de la Vierge, à Notre-Dame de Saint-Lô.
Après deux siècles d’absence de création, le vitrail
bas-normand connaît un renouveau entre 1820 et 1920.
Un regain de ferveur religieuse et la construction de
nouvelles églises (160 dans l’Orne après 1850) contribuent à relancer l’activité verrière. De nombreux ateliers
se créent, qui diffusent largement leurs productions :
Mazuet à Bayeux, dont les œuvres se retrouvent dans
les trois départements, Biberon au Mont-Saint-Michel,
les frères Ledien à Argentan… Les ateliers des régions
voisines sont également toujours sollicités, notamment
Graignes, église Saint-Michel, baie 12, verrière abstraite par François Chapuis, 1958.
© Photo Pascal Corbierre, 2002.
Guerquesalles,
église Saint-Germain-l’Auxerrois,
Vierge à l’Enfant
par Joseph Vigné, 1847.
© Photo Pascal Corbierre, 1992.
[ Réf. 25 ]