destroy all monsters

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destroy all monsters
De Détroit à...
Niagara
DESTROY ALL MONSTERS
La scène de Détroit,
face à la sophistication
des disques Tamla Motown, a toujours
développé, du côté des rockers blancs,
une attitude débridée depuis Mitch Ryder
et Bob Seger, magnifiée par le MC5 et
les Stooges d’Iggy Pop. C’est dans cette
mouvance que se situe l’épopée de
Destroy All Monsters avec sa chanteuse
emblématique et sexy Niagara.
a création de Destroy All Monsters remonte au
début de 1973 quand Niagara (chant, ex-mannequin) et son ami Cary Loren (guitare, chant),
s’associent avec Jim Shaw (guitare) et Mike Kelley
(claviers, batterie), à Ann Arbor, Michigan. Le nom
est inspiré d’une séquelle du film fantastique japonais « Godzilla » tandis que celui de sa vocaliste
évoque un célèbre long-métrage avec Marilyn Monroe. Originaire de Détroit, cette fan des Stooges,
Doors, Janis Joplin, T-Rex, Velvet Underground
avec Nico, Frank Zappa, Captain Beefheart, a étudié la peinture à l’université du Michigan avant de
se consacrer à la musique. Orientée vers la
recherche sonore (la déconstruction du son) plus
que sur la mélodie, l’approche anti-commerciale de
Destroy All Monsters s’apparente à celle de Faust,
en tout cas à un certain mouvement expérimental
allemand du début des années 70, et préfigure le
courant noisy popularisé aux USA par Sonic Youth.
Les racines rock’n’roll sont sous-jacentes puisqu’on y entend la fameuse intro de « Shakin’ All
Over » du regretté Johnny Kidd. Le triple CD
« 1974/1976 » (Ecstatic Peace, 1994) résume à
merveille cette première incarnation de Destroy All
Monsters. Le 1er janvier 1975 a lieu leur premier
L
Deniz Tek,
Ron Asheton,
Michael Davis.
58
concert dans une boutique de bandes dessinées
d’Ann Arbor. Dans la foulée est publié « Grow Live
Monsters », une cassette en public. Le groupe
multiplie alors les approches artistiques : le cinéma,
la peinture, la photographie, l’édition de magazines
comptent parmi ses activités. Niagara a une voix
unique, parfaite pour chanter l’ennui, presque hypnotique comme celle de Lou Reed. Une tonalité
étrange proche de Marilyn Monroe interprétant
« Happy Birthday To You Mr. President ». Niagara est également une parolière capable d’écrire
un morceau sur un coin de table en quelques
minutes.
rent sur une cassette amateur. Niagara et ses complices font connaître leur rock révolutionnaire grâce
à des premières parties pour de nouveaux venus
comme Père Ubu et les Ramones. Destroy All
Monsters devient partie prenante d’une nouvelle
scène influencée par le punk et les sonorités électroniques. L’effet résultant du saxophone et de la
guitare traitée de cette manière par Ben et Larry Miller associé à celui plus incisif sortant des amplis de
Ron Asheton, propulsé par la basse inventive de
Michael Davis et la frappe implacable de Rob King,
contribuent à créer une sorte de rock spatial avec
de fréquentes embardées vers le free-jazz.
STOOGES-MC5-MONSTERS
BORED
Début 1976 les événements se précipitent quand
Destroy All Monsters propose à Larry Miller (guitare, chant) et à son frère jumeau Ben (saxo, chant)
de remplacer Jim Shaw et Mike Kelley. Le 19 avril
ils jouent à l’université du Michigan à Ann Arbor.
Après une désastreuse tentative avec New Order à
Los Angeles, le guitariste des Stooges Ron Asheton est sans emploi. De retour à Ann Arbor, invité à
une fête, il rencontre Niagara. Bien qu’intimidée, elle
est si persuasive, qu’après avoir accepté de participer à une répétition, il décide de rester. L’intégration de Ron Asheton est suivie par celle de Michael
Davis (basse, chant, ancien MC5 et Ascension).
Leur idée est de confronter l’expérimentation de
Destroy All Monsters avec l’énergie de ces musiciens provenant des deux plus prestigieux groupes
du Michigan. Michael Davis : « Cary Loren est venu
me voir avec Ron Asheton. Ils m’ont dit qu’ils formaient un orchestre pour jouer un rock expérimental mélangeant pop et high energy. Ils avaient une
magnifique jeune artiste comme chanteuse. J’allais
passer les sept années suivantes avec eux. » Avec
l’arrivée de Rob King (batterie), qui vient de la scène
blues, l’aventure peut commencer. Cette tentative
échoue et provoque le départ de Cary Loren l’été
suivant, suite à des divergences musicales. La
renommée de Destroy All Monsters, jusqu’alors
obscure formation artistiquement motivée, grandit,
d’abord localement. Des traces d’un show au club
Second Chance d’Ann Arbor, le 12 juin 1977, avec
« You’re Gonna Die » et « Teenage Dream », figu-
Deux morceaux interprétés par Niagara sont retenus pour le premier simple, « Bored » et « You’re
Gonna Die », publié en 1978 par IDBI. Le 45 tours
anglais sur Cherry Red est gratifié d’une pochette
différente (dessinée elle aussi par Niagara) et pressé en vinyle rouge. Son succès est limité mais le
disque, disponible en import en Europe grâce à
Cherry Red, permet de faire connaître Destroy All
Monsters aux nombreux fans des Stooges. Cary
Premier simple américain en 1978.

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