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Les affections articulaires (2) : les affections traumatiques
Tous les chevaux, et plus particulièrement les chevaux de sport, dont on exige des efforts intenses et répétés, soumettent leur structure
ostéo‐articulaire à des contraintes importantes. Les articulations subissent de nombreux chocs et mouvements forcés. Les affections
articulaires traumatiques (fractures, entorses) font l’objet de la deuxième fiche pratique sur les pathologies articulaires.
L’articulation, une structure complexe très vulnérable
Anatomiquement, les articulations sont des structures complexes (cf. schéma), constituées par :
Au moins deux os dont les surfaces articulaires sont recouvertes d’une fine couche de cartilage. Ce cartilage doit être à la fois
rigide et déformable, pour assurer une répartition équilibrée des forces qui s’exercent sur l’articulation.
La capsule fibreuse articulaire, tapissée à l’intérieur par la membrane synoviale qui sécrète la synovie ou liquide synovial dont le
rôle est de lubrifier l’articulation.
La capsule, parcourue de structures fibreuses de collagène inextensible, les ligaments, qui peuvent être intra‐ ou extra‐articulaires.
Les affections traumatiques articulaires : fracture ou entorse
Pour se tenir debout et se déplacer, le cheval développe au niveau des articulations deux systèmes de forces opposés : les forces de compression (rapprochement des pièces
osseuses) transitent par les cartilages articulaires et la synovie, et les forces de traction (éloignement des pièces osseuses) sont transmises par les ligaments.
Une compression excessive peut entraîner une dislocation (fracture) des cartilages et/ou de l’os sous‐jacent. Ce type d’accident s’observe fréquemment au niveau du
boulet. Des fragments de cartilages ou d’os (ostéophytes* ou fragment osseux de l’articulation) peuvent alors être libérés dans l’articulation, on les appelle des « souris
articulaires ».
Les boiteries causées par les souris articulaires apparaissent et disparaissent brusquement : le cheval est normal jusqu’au moment où la souris se coince entre les cartilages
articulaires, provoquant une boiterie aiguë qui disparaît aussi subitement qu’elle est apparue.
Si, à la suite de mouvements excédant les limites physiologiques de l’articulation (en hyperflexion, hyperextension et/ou en hyper‐rotation), les ligaments sont surchargés,
ils peuvent s’étirer, voire se rompre, totalement ou partiellement, provoquant une entorse. Les boulets sont particulièrement exposés à ce genre d’accident, qui survient
généralement de manière aiguë lors d’un exercice intense aux allures vives. Les articulations inter‐phalangiennes et sésamoïdo‐phalangiennes du pied peuvent également
subir des entorses qui évoluent fréquemment en lésions chroniques.
L’entorse est « légère » si seulement quelques fibres du ligament sont déchirées, « modérée » si une partie du ligament est déchirée et « grave » si l’une des insertions du
ligament est arrachée ou si le ligament est distendu sur une bonne partie de sa longueur. L’entorse peut s’accompagner d’une fracture d’avulsion si le ligament arraché
emporte avec lui une portion de l’os sur lequel il est inséré, d’une synovite* et d’une capsulite*.
La boiterie est d’apparition brutale, plus ou moins prononcée selon la gravité de l’entorse. En cas d’entorse légère, il se forme un hématome localisé. Si l’entorse est plus
sévère, l’hématome sera plus important, avec oedème et tuméfaction de l’articulation.
Le diagnostic des affections articulaires traumatiques s’effectue en plusieurs étapes
La première de ces étapes est bien sûr un bilan orthopédique complet : observation de l’attitude du cheval au repos, inspection et palpation de chaque membre, mobilisation en
flexion et en extension de chaque membre… Il est possible ensuite de pratiquer certains tests plus spécifiques comme la pince exploratrice et la planche.
L’examen dynamique permet d’observer le cheval en mouvement dans des conditions variées (à froid/à chaud, sol dur/sol souple, monté/en main…) afin de déterminer le membre «
boiteux » et la structure ou la région du membre concernée.
La synthèse des examens précédents permet de s’orienter, si nécessaire, vers des examens complémentaires :
L’examen radiographique révèle les modifications de la densité et de la structure osseuse.
L’échographie est un complément indispensable de la radiographie. Elle permet de contrôler l’intégrité des tissus mous (tendons, ligaments, cartilages et synoviale), dont on
peut évaluer la forme, l’épaisseur et la structure.
L'arthroscopie permet une visualisation directe des modifications du cartilage, de la membrane synoviale, des ligaments intra‐articulaires voire des ménisques.
Différents traitements sont possibles
Le but du traitement est de permettre un retour rapide de l’articulation à un état normal, non seulement pour soulager le patient et autoriser éventuellement sa remise à
l’entraînement, mais surtout pour éviter une aggravation de la dégradation des surfaces articulaires.
Selon les cas, le traitement sera conservateur, médical et/ou chirurgical. Le choix thérapeutique est guidé par de nombreux paramètres (possibilité de réduction chirurgicale,
utilisation
du cheval,
articulation
atteinte,
lésions
associées…). Il est établi par un vétérinaire selon le diagnostic porté.
Les affections
articulaires
(2) : les
affections
traumatiques
Traitement conservateur
Il consiste essentiellement en un temps de repos au box, parfois sur plusieurs mois. Selon les cas, l’immobilité sera plus ou moins totale. Il est parfois nécessaire d’utiliser une
ferrure orthopédique transitoire ; elle doit être amortissante, surtout pour les lésions ostéo‐articulaires, et légère, surtout pour les lésions ligamentaires ou capsulaires. Le repos
Le but du traitement est de permettre un retour rapide de l’articulation à un état normal, non seulement pour soulager le patient et autoriser éventuellement sa remise à
l’entraînement, mais surtout pour éviter une aggravation de la dégradation des surfaces articulaires.
Selon les cas, le traitement sera conservateur, médical et/ou chirurgical. Le choix thérapeutique est guidé par de nombreux paramètres (possibilité de réduction chirurgicale,
utilisation du cheval, articulation atteinte, lésions associées…). Il est établi par un vétérinaire selon le diagnostic porté.
Traitement conservateur
Il consiste essentiellement en un temps de repos au box, parfois sur plusieurs mois. Selon les cas, l’immobilité sera plus ou moins totale. Il est parfois nécessaire d’utiliser une
ferrure orthopédique transitoire ; elle doit être amortissante, surtout pour les lésions ostéo‐articulaires, et légère, surtout pour les lésions ligamentaires ou capsulaires. Le repos
n’est pas à proprement parler un traitement des affections articulaires car il ne stimule pas la réparation des structures lésées et ne permet pas l’adaptation fonctionnelle. Il est
nécessaire, avec immobilisation, en cas de fracture ou d’entorse grave.
Traitement médical interne ou externe par voie cutanée
Les traitements anti‐inflammatoires non stéroïdiens (AINS) qui restaurent la mobilité articulaire, ne doivent être utilisés que si l’état de l’articulation en cause le permet. En effet,
le cheval, ne ressentant plus de douleur grâce à l’effet antalgique des AINS, risque de se déplacer de façon excessive et d’aggraver les lésions.
Traitement chirurgical
Le traitement chirurgical vise à rétablir l’intégrité des différentes structures de l’articulation :
suture des ligaments déchirés,
stabilisation des fractures osseuses,
lavage (ou drainage) articulaire afin d’éliminer les fragments cartilagineux de l’articulation. Le lavage est réalisé seul ou en complément d’une chirurgie. Le curetage
chirurgical de l’os et du cartilage vise à enlever une portion de cartilage abîmé et à favoriser la formation d’un néocartilage. Cette technique est généralement pratiquée
sous arthroscopie. La convalescence est d’environ 4 mois.
De nouvelles techniques chirurgicales sont également en étude ; elles consistent, lorsque les lésions cartilagineuses articulaires sont très importantes, à greffer des morceaux de
cartilage (prélevés sur le sternum) afin de recréer une nouvelle surface articulaire fonctionnelle. Les résultats sont en cours d’évaluation.
Le pronostic est variable
Le pronostic des entorses et des fractures est extrêmement variable selon leur localisation, leur gravité et l’utilisation du cheval.
Les affections articulaires traumatiques sont spécialement coûteuses car elles sont à l’origine de baisses de performance, de réformes prématurées ou de retraits temporaires durant
les saisons de course ou de compétition. La meilleure prévention pour lutter contre les traumatismes reste une bonne préparation de l’effort (entraînement spécifique, progressif et
raisonné), sur des terrains de bonne qualité (souples, réguliers et peu profonds). Tout effort doit être précédé d’un échauffement. La prévention des affections traumatiques passe
par une surveillance attentive des pieds et des aplombs : parages réguliers et ferrure adaptée sont indispensables. L’alimentation sera ajustée, qualitativement et quantitativement,
au travail demandé. On veillera particulièrement à lutter contre l’embonpoint, voire l’obésité, qui affecte de nombreux chevaux et fatigue inutilement les articulations.
Définitions
Ostéophyte : production osseuse exubérante développée dans le voisinage d’une articulation malade.
Capsulite : inflammation de la capsule articulaire.
Synovite : inflammation de la synovie.
Les affections articulaires (2) : les affections traumatiques