Prédication du 5 mai 2013 Exode 20.14" Les Dix Commandements"

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Prédication du 5 mai 2013 Exode 20.14" Les Dix Commandements"
Église É vangéliq ue Libre d'Aix en Provence
BP 510 3 Avenue du Deffens
13 091 Aix en Provence Cedex 02
Pasteur Frédéric Baudin
Prédication du 5 mai 2013
Les Dix Commandements (7)
Exode 20.14
Frédéric Baudin
[Lire les précédentes prédications de la série]
Lecture
Exode 20.14
« Tu ne commettras pas d'adultère. »
Ce commandement est très simple, il repose sur la définition même du mariage d’après la
Bible (hétérosexuel et monogame !), mais aussi dans notre Code civil (article 212) :
« Le mariage est l’union d’un homme et d’une femme qui se doivent mutuellement respect, fidélité,
secours et assistance »
L’adultère est donc une infraction à cet engagement, lorsque l’un des époux a une relation
sexuelle avec un autre partenaire.
La définition de l’adultère peut varier selon les pays et les cultures.
Dans certains cas, l’adultère désigne toute relation sexuelle (ou simplement sentimentale)
en dehors du mariage.
En français on distingue cette relation de l’adultère proprement dit et on la nomme, dans le
langage religieux, « fornication ».
Les codes de lois les plus anciens, comme le Code d’Hammourabi (18e siècle avant JC au
Moyen Orient) condamnent très sévèrement l’adultère, en général par la peine de mort
(noyade).
C’est aussi le cas dans la Bible :
Lévitique 20:10
« Si un homme commet un adultère avec une femme mariée, s’il commet un adultère avec la
femme de son prochain, l’homme et la femme adultères seront punis de mort. »
On note que l’accent est mis ici sur l’homme qui se rend coupable de cette faute, et sur la
peine qui touche aussi bien l’homme que la femme adultères.
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Frédéric Baudin
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Prédication du 5 mai 2013
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Exode 20.14 Les Dix Commandements (7)
En France, le Code napoléonien (1810) sanctionnait l’adultère (de la femme surtout !) par
une peine d’emprisonnement ; mais depuis 1975, l’adultère n’est plus considéré comme une
faute pénale, il n’entraîne pas de sanction précise. Mais il est toujours considéré comme
une faute civile et il peut être reconnu comme une cause justifiée de divorce :
Article 242 du Code civil (modifié par la loi N°2004-439 du 26 mai 2004) :
« Le divorce peut être demandé par l'un des époux lorsque des faits constitutifs d'une violation
grave ou renouvelée des devoirs et obligations du mariage sont imputables à son conjoint et rendent
intolérable le maintien de la vie commune. »
La loi française (mariage civil) pose donc toujours le principe de fidélité dans le mariage,
mais hélas l'adultère s’est considérablement banalisé, comme semblent le prouver
certaines statistiques (fiables ?) :
En France, entre 20 et 40 % des hommes mariés (presque 1/2) auraient reconnu avoir déjà
commis l’adultère avoir eu en moyenne une dizaine de partenaires sexuels !
C’est aussi le cas pour 15 à 25 % (1/4) des femmes qui auraient eu au moins (toujours en
moyenne) environ 3 partenaires différents…
Une enquête aux Etats-Unis révèle que 70% des femmes et 72% des hommes auraient
trompé au moins une fois leur conjoint au cours des cinq premières années de leur
mariage…
Mais la définition de l’adultère est parfois différente et peut concerner une simple
infidélité sentimentale, en pensée…
Il n’est en tout cas pas inutile, pour nous chrétiens du XXIe siècle, de rappeler les
fondements bibliques du mariage entre un homme et une femme :
Genèse 2.24 :
« L’homme quittera ses parents pour s’attacher à sa femme et les deux deviendront comme un
seul être. »
C'est une alliance exclusive pour la vie, et donc aussi l’interdiction formelle de l’adultère.
Ce commandement est d’ailleurs mentionné à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament,
soit par Jésus lui-même, soit par les apôtres.
Jésus, en particulier, souligne que l’adultère physique commence par un seul regard chargé
de désirs, et il prononce alors, dans son Sermon sur la montagne, cette phrase qui
condamne à peu près tous les hommes de ce monde :
Matthieu 5.27-28 :
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Exode 20.14 Les Dix Commandements (7)
« Vous avez entendu qu’il a été dit : “Tu ne commettras pas d’adultère.”
Eh bien, moi je vous déclare :
Tout homme qui regarde la femme d’un autre en la désirant a déjà commis l’adultère
avec elle en lui-même. »
Dans ce Sermon, Jésus s’attache particulièrement à montrer que le péché commence dans
le cœur, au plus profond de nous-mêmes, dans l’intimité de nos pensées. C’est une façon de
dire que personne n’y échappe, même lorsqu’on se vante de ne pas avoir transgressé les
commandements de Dieu de façon explicite, visible, physique pour ainsi dire.
Se mettre en colère, c’est déjà faire un pas vers le meurtre ; regarder une femme avec
insistance en laissant le désir s’emparer de notre être, c’est déjà faire un pas vers
l’adultère…
Comme l’expliquera l’apôtre Jacques dans sa lettre, c’est un peu comme la conception d’un
enfant : une fois l’embryon formé, il ne demande plus qu’à se développer jusqu’à la
naissance…
Ces phrases de Jésus sont aussi une réponse à ceux qui prétendent un peu rapidement
qu’ils n’ont jamais fait de mal, qu’ils n’ont jamais tué personne, ni trompé leur femme – ou
leur mari, car il faut bien avouer que les femmes ont aussi leurs torts dans ce domaine !
Parmi les causes mentionnées avec les statistiques sur l’adultère, j’ai noté que l’adultère
commence souvent dans le milieu professionnel, au bureau, lors d’un déplacement ou d’une
circonstance particulière…
J’ai aussi noté que la progression récente et rapide de l’infidélité dans le couple était en
grande partie due à l’essor des moyens de communication, d’abord la littérature, surtout au
XIXe siècle, puis le téléphone, le cinéma, la télévision, le téléphone portable, et surtout,
désormais, le réseau Internet.
Les sites de rencontre se multiplient et même se « spécialisent », on trouve aujourd’hui des
sites aux noms tout à fait évocateurs (que j’ai découverts en préparant cette prédication !)
comme « rencontre extra-conjugale » et « infidèle.com » : l’adultère se banalise, se
généralise, et même on l’encourage, on en vante les bienfaits pour les amants et ... pour les
couples !
Certains scientifiques ont cru pouvoir affirmer que l’amour véritable ne dure que 30 mois
(ou trois ans, selon d’autres, comme l’écrivain F. Beigbeder !), le temps de tomber
amoureux, de concevoir un enfant, de le mettre au monde, de l’allaiter et de le sevrer !
En fait il ne s’agit pas vraiment d’amour, dans ce cas, mais plutôt de passion.
La littérature a souvent évoqué cette passion éphémère, et en particulier l’adultère au sein
de l’aristocratie ou de la bourgeoisie (Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos ;
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Exode 20.14 Les Dix Commandements (7)
Anna Karénine de Tolstoï ; Madame Bovary de Flaubert, etc.). De nombreux auteurs ont
ainsi plus ou moins justifié l’adultère d’une femme mariée à un homme sans éclat, ennuyeux,
avec lequel aucune communication ni réelle communion n’étaient possibles ; ou celui d’un
homme épris de liberté et plein de vie…
Parmi les raisons avancées par les adultères eux-mêmes, toujours mentionnées en marge
des statistiques, il y en a une qui revient souvent : « On ne vit qu’une fois ! » (donc il faut
en profiter).
Comme si le mariage ne suffisait pas, et qu’il fallait par conséquent multiplier les
expériences, et surtout ne pas se laisser enfermer dans la « prison » du mariage, quitte à
rester mariés tout en se permettant l’infidélité, ce qui semble le plus souvent le cas…
Il faut sans aucun doute redire à nos jeunes que le mariage est une belle aventure, qui vaut
le coup d’être vécue, un bon risque à prendre ; mais aussi une aventure parfois difficile,
avec ses tempêtes, ses tentations, ses blessures.
Il faut surtout leur redire qu’ils ne doivent pas se décourager devant la moindre difficulté,
dès que survient un désaccord, une dispute, une tentation : ils doivent apprendre à
surmonter ces difficultés autant qu’il est possible, par la grâce et avec l’aide du Seigneur
qui renouvelle notre amour…
Car c’est Dieu lui-même qui donne un sens véritable au mariage.
On oublie souvent cette raison beaucoup plus fondamentale, et sans doute moins évidente,
moins visible, qui justifie pleinement la fidélité : c’est une raison spirituelle, qui concerne
notre relation avec Dieu, ou plutôt la relation de Dieu avec son peuple…
En effet, il y a une raison précise à l’interdiction de l’adultère, en dehors des raisons
purement humaines (lois sur la filiation et l’héritage) : le mariage d’un homme et d’une
femme est l’image de l’union entre Dieu, le « mari », et son peuple, sa « femme ».
Cette image est très fréquente dans la Bible, surtout chez les prophètes : nous avons eu
l’occasion de le voir à plusieurs reprises dans notre étude sur Esaïe (54.5-8) et dans le
Nouveau Testament ( 2 Corinthiens 11.2 ; Apocalypse 21.2-3 , etc.).
L’intention de Dieu est d’être uni à son peuple et cette union est un reflet de l’union entre
le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
De même, l’union entre un homme et une femme est un reflet de l’union entre Dieu et son
peuple.
On pense bien évidemment à la prière de Jésus juste avant son procès et sa mort sur la
croix :
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Exode 20.14 Les Dix Commandements (7)
Jean 17.21
« Je prie pour que tous soient un.
Père, qu’ils soient unis à nous, comme toi tu es uni à moi et moi à toi.
Qu’ils soient un pour que le monde croie que tu m’as envoyé… »
L’unité est le fruit authentique de la vérité et l’union est le fruit de l’amour, et c’est donc
vers l’unité ou l’union avec Dieu que nous tendons tous.
Le mariage est une image visible de cette réalité invisible, de l’amour de Dieu. C’est
pourquoi il a une telle importance.
Or, plus on obscurcit cette image qui est donnée à tous les hommes et femmes de ce monde
et qui en font en quelque sorte l’expérience dans le mariage (entre un homme et une
femme), plus on s’éloigne de cette « révélation ‘naturelle’ de Dieu ».
C’est aussi pour cette raison que la Loi de Moïse vise essentiellement à interdire le culte
rendu à d’autres dieux, à des idoles, des représentations de choses ou d’êtres vivants qui
ne sont pas des dieux, qui n’ont aucun pouvoir sur le monde et sur les êtres humains (ils
sont « néants » écrit Paul).
L’idolâtrie se traduit fatalement par la désunion, la dispersion.
Dans la liste des « fruits de la chair », c’est à dire de la nature humaine séparée de Dieu,
l’idolâtrie est mise au même rang que les disputes et les divisions entre les êtres humains :
Galates 5.19-20 :
« On sait bien comment se manifeste l’activité de notre propre nature : dans l’immoralité,
l’impureté et le vice, le culte des idoles et la magie.
Les gens se haïssent les uns les autres, se querellent et sont jaloux, ils sont dominés par la
colère et les rivalités.
Ils se divisent en partis et en groupes opposés… »
Paul met donc les chrétiens en garde contre cette tentation toujours présente de nous
disputer, de nous séparer, de nous diviser au moindre prétexte, que ce soit dans le couple
ou dans l’Eglise, car alors nous nous éloignons de la révélation du Dieu unique, nous ne
goûtons plus (ou moins) la communion qui est en Jésus-Christ…
Les prophètes de l’Ancien Testament et Jésus lui-même ou ses disciples parlent souvent de
l’adultère spirituel, qui est le fait de rendre un culte à d’autres dieux qu'au Dieu unique qui
s’est révélé à Abraham, Isaac et Jacob.
Ils traitent le peuple d’Israël d’adultère, et on peut lire plusieurs mises en garde
identiques dans le Nouveau Testament, cette fois adressées à tous ceux qui ont reconnu en
Jésus le Fils unique de Dieu.
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Exode 20.14 Les Dix Commandements (7)
L’infidélité à Dieu est une forme « d’adultère spirituel ».
C’est sans doute pour cette raison que l’adultère humain a souvent été considéré comme
une faute très grave, car plus que tout autre, cette faute révèle le manque d’amour, la
rupture de l’alliance entre les conjoints, la désunion et la division, et c’est exactement le
contraire de la volonté de Dieu ; c’est en fait l’objectif du diviseur, de Satan qui cherche à
séparer et à détruire, à affaiblir les êtres humains et les perdre…
Jésus, au contraire, veut nous faire goûter le bon fruit de l’union retrouvée avec lui, dans
le cadre de la Nouvelle Alliance qu’il a inaugurée en donnant sa vie pour nous, pour le pardon
de nos fautes, de nos infidélités : il veut changer nos « cœurs de pierre » et les remplacer
par des « cœurs de chair » (Jérémie 31.31-34 ), afin de nous donner la possibilité d’aimer
notre Dieu, notre conjoint, et nos semblables…
Lectures
Jean 17.19-26
Père, Je m’offre entièrement à toi pour eux, afin qu’eux aussi soient vraiment à toi.
"Je ne prie pas seulement pour eux, mais aussi pour ceux qui croiront en moi grâce à
leur message.
Je prie pour que tous soient un. Père, qu’ils soient unis à nous, comme toi tu es uni à
moi et moi à toi. Qu’ils soient un pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme toi et moi
nous sommes un.
Je vis en eux, tu vis en moi ; c’est ainsi qu’ils pourront être parfaitement un, afin que le
monde reconnaisse que tu m’as envoyé et que tu les aimes comme tu m’aimes.
Père, tu me les as donnés, et je désire qu’ils soient avec moi là où je suis, afin qu’ils
voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la création
du monde.
Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu et ceux-ci ont reconnu que
tu m’as envoyé.
Je t’ai fait connaître à eux et te ferai encore connaître, afin que l’amour que tu as pour
moi soit en eux et que je sois moi-même en eux."
1 Corinthiens 10.14-17
…mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie.
Je parle comme à des hommes intelligents ; jugez vous-mêmes de ce que je dis.
La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion au sang du Christ ?
Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion au corps du Christ ?
Puisqu’il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous sommes un seul corps ; car nous
participons tous à un même pain.
2 Corinthiens 11.2
Je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter au Christ comme une vierge pure…
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