Approches critiques à l`idée de baroque littéraire: Europe Slave.

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Approches critiques à l`idée de baroque littéraire: Europe Slave.
Approches critiques à l’idée de baroque littéraire: Europe Slave.
Histoire des idées
Tatiana Pepe
Università di Bologna
Depuis sa parution dans le domaine des études esthétiques, la notion de Baroque n’a
point cessé de susciter de débats passionnés. Mais si le baroque occidental a fait l’objet
de nombreuses études, le baroque des terres slaves reste encore en bonne partie à
découvrir. Le but de cet exposé est de chercher à formuler un bref parcours à travers des
contributions publiées au cours des cinquante dernières années consacrées à l’idée de
Baroque littéraire dans les Pays slaves. Disons tout de suite que la partie la plus
détaillée sera celle dédiée à la Russie et à la Pologne, en étant ces cultures et littératures
l’objet de nos études depuis quelques temps.
Le Baroque Russe
“Была ли так называемая «литература барокко» в славянских странах?”
(Est-ce qu’ on peut parler d'une littérature baroque dans les Pays slaves?) c'est la
question autour de laquelle ont travaillé
les spécialistes au cour du IV Colloque
international des slavistes en 1958. Dès ce moment là de nombreux travaux ont apparu
qui soulignent la présence du Baroque – bien sûre, dans leurs variantes – dans les Pays
Slaves.
En vérité, dans les années ’20 et ’30 du XXe siècle, les slavistes V. N. Perets, N. K.
Gudzij e M. N. Speranskij avaient déjà travaillé sur un grand nombre de textes du
XVIIe siècle. Mais la période de la terreur staliniste avait étouffée ce courant critique et
pendant presque trente ans le terme «baroque», identifié avec les idées de absolutisme
réactionnaire, perte du goût, interprétation négative de la contre-réforme, fut interdit1.
On doit cependant remarquer deux exceptions : I. P. Eremin et D. Čiževskij. Le premier
avait publié en 1953 pour la premier fois un recueil de vers de S. Polockij, Izbrannye
Sočinenija; à D. Čiževskij on doit le mérite d’avoir cherché à étudier comparativement
la littérature baroque dans la Slavia entière.2 C’est donc à partir des années ‘60 que les
chercheurs se sont remis à travailler sur l’idée de Baroque littéraire.
Personne n’a nié la comparse dans la littérature russe de la seconde moitié du XVIIpremière moitié du XVIII siècle de nouveaux traits, de caractéristiques qu’indiquaient le
1
Pour une bibliographie complète renvoyons à L. I. Sazonova, Poezija russkogo barokko, Moskva, 1991
et à G. Brogi Bercoff (a cura di), Il Barocco letterario nei paesi slavi, 1996, p. 18-19;
2
D. Čiževskij, Outline of comparative slavic literature, Boston, 1952
2
passage du Moyen Age à la Modernité. Néanmoins, il y avait plusieurs façons de les
nommer.
Les travaux P.N. Berkov (1958), V.D. Kuz’min (1968) et O.A. Deržavina (1968)
représentent trois approches critiques à l’idée de baroque russe. Ils préfèrent parler de
«pre-classicisme», en niant la présence du courant littéraire baroque en Russie, Pologne,
Ukraine et Biélorussie.
P. N. Berkov écrit :
О “литературном барокко” можно говорить с полным основанием применительно к
далматинской и хоорватской литературам. […] Значительно осторожнее должны быть
суждения о “барокко” в польской и чешкой литературах[…] То в чем предлагают видеть
“русское барокко“ правильнее всего понимать как переход от старинных средневековых
стилей русской литературы к классицисму ХVIIIв, вместо неопределонное по своему
содержанию термина “барокко” проще называть это направление “предклассицизмом”.3
O. A. Deržavina définit l’œuvre de S. Polockij comme une rencontre de la tradition
médiévale avec le classicisme qui à l’époque est en train de se former. V.D. Kuz’min
tout simplement nie la présence du baroque dans la littérature russe. 4
A partir des années ’60 il semble que le problème le plus pressant des études
slaves sur le XVII siècle soit celui de démontrer que les Pays slaves aussi avaient vécu
une période baroque. I. P. Eremin déjà au Colloque de 1958 avait parlé du Baroque
comme
Важный и несомненно прогрессивный етап литературного развития. Направление это
ускорило здесь процесс стоновления новой литературы обогатило литературы новыми
темами, сюжетами, способами художественного изображения, привило ей новые, ранее
неизвестные жанрыи и виды художественного творчество - поэзию и драматургию 5
Et encore, il nous donne une très claire périodisation, en ajoutant que ce courant s’est
répandu en Ukraine et Biélorussie depuis la fin du XVI siècle et à partir des années ’60
du XVII siècle même en Russie.
Beaucoup d’autres spécialistes ont donné leurs contributions à cette question, D.
S. Lichačev, S. Matchauserova, A. M. Pančenko, A. N. Robinson, L. A. Sofronova. Si
on peut généraliser, toutes les contributions se développent symboliquement autour de
3
Cf. L. Sazonova, op. cit., p. 4: “On peut parler de “baroque littéraire” seulement pour les littératures
croate et dalmate. […] Ce qu’on suggère de définir comme “baroque russe”, on devrait plutôt le
comprendre comme passage du Moyen Age au classicisme du XVIII siècle. Au lieu d’utiliser un terme si
peu clair dans son contenu, il serait mieux de parler de “pre-classicisme”.
4
Ibidem;
5
Ibidem, “période importante et étape fondamental dans le développement littéraire. Courant qui enrichi
la littérature par de nouveaux thèmes, moyens expressifs, genres – la poésie et la dramaturgie”.
3
la polémique entre D. S. Lichačev et A. A. Morozov. Tandis que Morozov défend l’idée
d’un Baroque russe “de Polockij jusqu’à Lomonosov”, Lichačev reconnaît la présence
de formes baroques dans la littérature russe, mais il en souligne la «fonction de la
Renaissance». Il écrit
Отсутствие ренессанса поставило русское барокко в иное отношение к средневековью, чем
в европейских странах, где барокко явилось на смену ренессанса […] Русское барокко не
возвратилось к среденевековым традициям, а подхватило их, укрепилось на этих
традициях.6
C’est seulement à partir des années ‘90 du XX siècle qu’on registre un renouveau
critique dans l’attitude à l’égard du Baroque littéraire en Russie.
“Chi si accinga allo stato attuale ad affrontare uno scrittore secentesco non ha più
necessità di dimostrare che il proprio autore è, o potrebbe essere, barocco” écrit P.
Cotta Ramusino dans sa monographie dédiée à Karion Istomin et publiée il y a 4 ans.7
Donc on est en face de l’affirmation de l’existence irréfutable du Baroque russe.
Pour ce qui concerne les années ’90 du XX siècle, on a choisi de présenter les
contributions de L. Sazonova, spécialiste qui a publié en 1990 un livre fondamental
pour la connaissance du Baroque russe, et de G. Brogi Bercoff, specialiste italienne, qui
en 1996 a redigé Il Barocco letterario nei paesi slavi, tentative de présenter ce courant
littéraire dan ses différents expressions chez les slaves. L. Sazonova dans la conclusion
à son Poezija Russkogo Barokko (pp. 222-226) définit le Baroque un courant d’origine
européenne qui apparaît en Russie au moment où on a le passage du Moyen Age à la
Modernité, ou commence à se former un état russe et en même temps une littérature
russe. Elle y retrouve beaucoup de la vision du monde et des moyens artistiques du
baroque européen en générale : les antinomies et les métaphores, construites à l’aide de
l’ingenium (ostroumie), la poétique de l’étonnant et en même temps le rappel à l’ordre,
la mythologie classique à côté des images bibliques, le mélange des genres etc, mais
aussi des caractéristiques, des traits qui sont proprement russes.
G. Brogi Bercoff définit le Baroque «ultima espressione della cultura dotta ecclesiastica,
[…] fu anche la prima manifestazione della cultura russa moderna».
6
Ibid, p. 5: “Du moment qu’ on n’a pas eu de Renaissance, il y a une relation différente entre le baroque
et le Moyen Age par rapport à ce qu’il s’est passé à l’Occident. Là le baroque fait sa parution après et à la
place de la Renaissance, en Russie le baroque est enraciné dans le Moyen Age”;
7
P. Cotta Ramusino, Un poeta alla corte degli zar. Karion Istomin e il panegirico imperiale, Alessandria,
Edizioni dell’Orso, 2002;
4
La spécialiste italienne cherche à mettre en lumière les analogies avec le Baroque
européen en général, mais souligne aussi quels sont les traits qu’on peut définir comme
proprement russes.
Parmi les thématiques et les outils communs elle souligne: la Vanitas, le thème
de la Mort, la brièveté du temps, l’utilisation de
métaphores et allégories, les
emblèmes, le goût pour une versification complexe et variée, pour la poésie figurative,
non plus divertissement mais manifestation très riche de significations allégoriques,
pour le syncrétisme entre les arts, un goût pour les associations bizarres, pour la
théâtralité et l’expression visuelle, la poétique de l’étonnant et de la merveille.
Et encore elle met en évidence ce qu’il y a de caractéristique dans la culture
baroque slave par rapport au baroque européen :
- un rappel aux thématiques du folklore, surtout dans la poésie dalmate et cheque
et dans l’œuvre de certaines poètes polonais, moins dans la poésie russe qui s’inspire
des sujets religieux et étatiques.
- un profond sentiment patriotique, qui s’exprime dans ses variantes : défense de
la langue chez les cheques, sarmatisme en Pologne, «messianisme» pour les croates et
les dalmates ;
- intérêt pour l’Orient ;
-culture multilingue. Le XVII siècle se caractérise par une culture
particulièrement hybride. Soit dans la poésie soit dans la prose on a un mélange des
langues grecque, latine, polonaise, allemande, slavon d’église, russe.
- lien étroit avec la culture du Moyen Age. Dans la Slavia Orthodoxa la culture
baroque s’enracina directement sur celle médiévale, s’acquittant des fonctions de la
Renaissance, surtout pour ce qui est de l’assimilation des notions de poétique et
rhétorique, de la mythologie, du système des genres littéraire et de l’art poétique.
5
Le Baroque polonais.
Les études polonais sur le baroque littéraire commencèrent avec Edward
Porębowicz qui en 1893 publia une dissertation: Andrzej Morsztyn przedstawiciel
baroku w poezji Polskiej (Andrzej Morsztyn, représentant du baroque dans la poésie
polonaise). Pour la première fois, le terme “baroque” fut appliqué à une période de
l’histoire littéraire polonaise. Jusqu’à ce moment là, les synthèses d’histoire de la
littérature polonaise n’existaient pas encore. Mais seulement quelques années plus tard
de nouvelles synthèses ont consacré des pages à la littérature du XVII siècle sans
employer le terme “baroque”. Au contraire, on avait souvent employé des termes
péjoratifs.
“Période ou la sagesse et la beauté commencèrent à disparaître”,
“abrutissement de la littérature”, “littératures des Jésuites” (comme suite à un préjugé
attribuant à la crasse ignorance qui régnait en Pologne à cette époque) et d’autres
définitions
péjoratives
témoignent
l’attitude
critique
envers
cette
époque.
Heureusement, ces attitudes critiques ont été abandonnées et surmontées.
En 1988, Claude Backvis participe au Colloque « Le Baroque en Pologne et en
Europe” organisé par l’Institut Nationale des Langues et Civilisations Orientales avec
une communication consacrée à la poésie polonaise.8 Le chercheur démarre de
l’affirmation que «l’age baroque s’est déroulé de bout en bout sous le signe de
l’instabilité».
Il prend des exemple de la poésie de J. J. Wadowski et de J. A. Morsztyn pour aboutir à
la conclusion que à cette époque là on était face à une morale fondée sur la foi, invitante
à la contrition et aux renoncements en vue du salut, mais en même temps on était attiré
par le ravissement qui procure le monde et se joies. Selon le chercheur, c’est une aporie
qui engage a des attitudes diverses. On fait, par exemple succéder dans le temps les
termes du contraste (Kasper Twardowski), autrement les deux conception de la vie
restent juxtaposées même dans leur contradiction (Samuel Twardowski), ou encore – et
c’est l’attitude que C. Backvis considère «la plus sensée et la plus heureuse»- en
reconnaissant haut et clair que les valeurs de la vie sont caduques, il faut pas les renier;
au contraire puisqu’elles sont tellement fugaces, on doit se laisser enchanter de leur
8
Les communications présentées lors du Colloque sont rassemblées dans le volume Le Baroque en
Pologne et en Europe, red. M. Delaperrière, Paris, Inalco, 1990;
6
beauté. Il conclue ses réflexions sur cette thématique en déclarant que «qu’ils l’aient
voulu ou non –et la plupart ont été reluctants en dépit de leur nature et de leur
sensibilité- c’est à cette ordonnance que les poètes baroques polonais qui comptent ont
obéi dans leurs œuvres».9
On cherchera maintenant de faire le point des réflexions de C. Backvis en
ramassant ses considérations sur la poésie polonaise de l’âge baroque. Selon le critique
on est face à une poésie qui :
-pratique un mélange de mots tirés de registres hétérogènes. Le critique nous donne
l’image d’un cocktail où l’ensemble acquiert un saveur inattendue qu’aucun des
éléments n’eût pu susciter séparément;
-aime le mouvement et nourrit un goût prononcé pour l’étrange; l’étrangeté extrême
cependant découle d’une façon alambiquée de s’exprimer ;
-se caractérise pour une prolifération de l’ornementation, un trait qui, bien connu dans
les arts plastiques, vaut aussi pour les créations littéraires ; il va sans dire que ce goût
procède de celui pour le paroxysme ;
-pour ce qui est du lexique, cette poésie recoure à des provincialisme, à des archaïsmes,
à des mots empruntés aux langues étrangères –latin, italien français, allemand.
Pour conclure, disons qu’ après avoir fait un excursus très intéressant le long duquel a
cherché à mettre en lumière les traits saillants de la poésie polonaise à l’âge baroque,
pour nous laisser son impression le critique nous laisse avec cette phrase : “Fraîcheur,
vigueur, une certaine allégresse, une sorte de sauvagerie”.10 Aucun notre commentaire
n’est nécessaire.
Maintenant on cherchera à résumer la pensée et les recherches de L. Marinelli,
spécialiste italien qui a consacré à la littérature de l’âge baroque un chapitre de la Storia
della Letteratura Polacca (Histoire de la Littérature Polonaise) publiée en 2004 pour
Einaudi.
Marinelli commence par nommer Edward Porębowicz en nous disant qu’il met fin à la
période des jugements négatifs sur la littérature du XVII siècle. Une des caractéristiques
du «siècle des manuscrits» est un changement dans la mentalité des écrivains qui
conduit à une sorte de «syndrome du privée»11, au désir d’écrire seulement pour soi9
C. Backvis, op. cit., p 80
10
Ibid, p. 114.
11
L. Marinelli, «Letteratura dell’età Barocca», in Storia della Letteratura Polacca, Torino, Einaudi,
2004, p. 93
7
même et pour les Muses. Cependant, pour le baroque polonais il s’agit d’un phénomène
démocratique, du moment que les nobles représentaient le dix pour cent de la
population et que ces œuvres s’adressaient aussi à la bourgeoisie et au clergé. Il y avait
donc cette contradiction entre un sentiment élitaire et un sentiment démocratique.
Un trait de la culture polonaise du XVII siècle est sans doute le sarmatisme, expression
de culture renfermée sur elle-même, imperméable à toute influence étrangère. Selon
certaines chercheurs le sarmatisme est une variante nationale du baroque, qui
constituerait une des branches du baroque slave. Les partisans de ses théories indiquent
l’identité des goûts artistiques entre le baroque et le sarmatisme ainsi que l’influence du
baroque se manifeste dans le style de vie de la noblesse. Marinelli affirme que les liens
entre sarmatisme et baroque sont des sujets de recherche depuis longtemps. Il semble
que ces deux catégories prennent part, même si à différents niveaux, à la même culture.
Apres il souligne l’importance des actes spirituels, culturels et artistiques des jésuites et
il donne beaucoup d’exemple tirés des œuvres littéraires ; d’un «italianisme» littéraire
qui est de tous les poètes du baroque polonais et qui découle de l’énorme succès de la
traduction de la Gerusalemme Liberata ; l’entrée en littérature de formes, genres et
thématiques de la culture populaire. La conclusion du critique est que le baroque
polonais est un courant littéraire qui après avoir embrassé deux siècles de la littérature
polonaise est resté avec ses propre phénomènes littéraires et culturels dans l’héritage
poétique et rhétorique d’un cote et thématique et idéologique de l’autre des époques
suivantes.
Quelques mots à propos du Baroque dans la littérature ukrainienne.
En Ukraine le Baroque apparaît dans la première moitié du XVII siècle et se
prolonge jusqu’au milieu du XVIII. Il est donc beaucoup plus tardif que le Baroque en
Europe occidentale. Le Baroque ukrainien est déterminé par la lutte religieuse qui
oppose la Pologne à l’Ukraine, se développe au contact et à travers la Pologne, par
l’intermédiaire d’une Contre-réforme et de sa politique d’expansion religieuse.12 C’est
surtout les jésuites qui contribuent à la polonisation et latinisation du territoire ukrainien
(on compte 23 collèges jésuites à l’époque). Le développement du baroque ukrainien est
indissociable de l’activité du Collège Mohyla de Kiev, (en 1701 deviendra Académie)
12
E. Kruba, «Le Baroque dans la Litterature Ukrainienne», Le Baroque en Pologne.. op. cit., p.115
8
qui était organisé sur le modèle des écoles occidentales. On avait des courses de
poétique e t rhétorique, de philosophie, de théologie, et à la place du vieux slave la
langue d’enseignement était devenue le latin. Grâce à ses ouvertures sur l’Occident, le
baroque ukrainien a véhiculé la science et des idées complètement nouvelles pour cette
culture. Si l’on considère les traités théoriques de l’époque –Наука, албо способ
зложения казанийа (La Science ou le moyen die composer un sermon) de Galjatovskyj,
1659 ou De Retorica de T. Prokopovič 1706-1707- on s'aperçoit que l'importance de
tous ces traités réside dans le fait qu'ils font connaître au monde slave oriental des
modèles de pensées et de théories littéraires, un nouveau système de genres et styles
issus en Europe des XV XVI et XVII siècles.
Le genre le plus représentatif du baroque ukrainien est la poésie et le meilleur
représentant est Ivan Velyčkovskyj (…-1701). Chez lui on trouve des exemples de
poesie macaronique, des epigrammes. On doit neammoin nommer D. Tuptalo, L.
Baranovič
Conclusions.
On conclut en disant que les tendances que l’on observe dans les dernières
années démontrent qu’il est nécessaire d’ écarter une fois pour toutes les jugements
péjoratifs selon lesquels le baroque est une période d’obscurité entre deux époques
d’éclat (Renaissance et siècle des Lumières).
Le Baroque a accéléré dans les Pays slaves orientaux la genèse d’une littérature
“moderne”, a enrichi la littérature de nouveaux thèmes, sujets, moyens de représentation
artistique, a implanté en elle des genres et des aspects nouveaux de création artistique :
la poésie et le théâtre. Jusqu’à la fin du XVI siècle, par exemple, l’évolution de la
littérature russe médiévale apparaît un continuum di sujets idéologiques et formels assez
homogènes, tandis que déjà au début du XVII la Russie soudainement sort du Moyen
Âge pour faire partie du mouvement européen du Baroque. On s’est aperçu que le
Baroque slave apparaît à la fois comme différent et semblable au Baroque occidental.
Semblable dans la découverte du monde traversé de contradictions, dans la manière de
privilégier le mouvement et le fugitif, l’exubérance, l’excès, le paradoxe. Les
différences surgissent des qu’on touche aux structures sociopolitiques, aux traductions
ethniques. Cependant, on doit reconnaître que le Baroque est un phénomène de
civilisation, le premier courant artistique qui ‘parcourt’ l’Europe entière.
9
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11